Le blog de Pierre M. Thivolet, journaliste

Catégorie : uber

En France en Mai fais ce qu’il te plaît : Pont, re-pont, pompon, pin-pon !

Et après Mai, il y aura Juin, l’avant grandes vacances…
En Mai, le mois est joli, et malgré les possibles saints de glace, on a envie de ne rien faire, de lézarder, de musarder. Et ça marche grâce à notre système assez unique de jours fériés qui ajoutés aux RTT nous permettent de faire des ponts, voire même des viaducs. Qui travaille ? Qui ne travaille pas ? On s’y perd. 
Remarquons que dans notre France si laïque on fait feu de toutes les fêtes religieuses chrétiennes pour déclencher un jour férié. Et c’est vraiment un prétexte parce que dans les très catholiques Italie ou Espagne, l’Ascension par exemple n’est pas férié. Le 8 mai non plus, mais il est vrai que le 8 mai 1945 il n’y avait pas grand-chose à fêter dans l’Espagne de Franco ou l’Italie post-Mussolini. Sur ce plan on pourrait peut-être remettre sur le tapis la question d’unifier les dates du souvenir de nos morts dans les conflits du passé. Giscard l’avait tenté en supprimant le 8 mai, rétabli en 1981 par Mitterrand. Il est vrai que cette date marque la victoire sur le nazisme. Sans doute, est-ce le 11 novembre qu’il faudrait remettre en question, après la célébration du centenaire de la fin de la Première guerre mondiale dans quelques mois. 
Dans ce domaine il y a deux France. Celles des salariés, des CDI, surtout dans les grandes entreprises, les banques ou la fonction publique bien sûr. Cette France profite à plein des ponts et viaducs. 
Pour les autres, les indépendants, les autoentrepreneurs, les uber, Mai est plutôt synonyme de comptabilité, d’impôts, d’URSAFF, de clients absents, de conseillers clientèles sur répondeur. Officiellement, selon l’INSEE, ces non-salariés seraient 10 % d’entre nous. En fait selon le Cabinet McKinsey, nous serions 5 fois plus, 13 millions de personnes pour lesquels il n’y a pas de congés payés d’avance, ni de RTT en retard. Et quant aux ponts se rajoutent les grèves, c’est le pompon et alors là : Pin-pon : Au secours !

Allo, Taxi ? Ne m’appelez pas Uber !

“French Anti-Uber Protest Turns to Guerrilla Warfare”:Un des titres de la presse anglo-saxone.
Avez-vous vu le spectacle que nous offrons aux touristes qui débarquent chez nous ? Des scènes hallucinantes de guérillas urbaines. Il ne s’agit pas de cailleras du 9-3 , mais de chauffeurs de taxis, des « René » comme dirait Canteloup sur Europe 1, caricaturant les auditeurs de RMC, chauffeurs de taxi à Marseille, fans de Bourdin, et qui va «  te les enculer ces pédés de chauffeurs d’Uber ».
Mais comment a-t-on pu en arriver là ?
Bien sûr, les chauffeurs de taxis sont des beaufs (LOL !).  Et les actes de violence sont injustifiables.
Mais – désolé pour ce mais – quand ils doivent payer 150 000 à 200 000 euros pour obtenir une plaque, plus tous les examens et contrôles, comment voulez-vous qu’ils réagissent quand on vient leur manger la laine sur le dos ?  C’est l’Etat qui a fixé les règles, qui a réglementé ce métier, ses coûts, ses contraintes, c’est donc l’Etat qui doit en organiser l’évolution. Voilà d’ailleurs, un secteur où il y du travail. Tout le monde se plaint qu’il n’y ait pas assez de taxi. Il faudrait donc ouvrir, libéraliser ce secteur, mais en faisant évoluer le réglementation, pas en fermant les yeux sur des pratiques de travail au noir.
La guerre d’Uber était prévisible. Ne pas l’avoir anticipée est inexcusable.
Plutôt que de libéraliser les lignes de bus et 3 ou 5 dimanches de plus par an d’ouverture des magasins, où est Emmanuel Macron dans ce conflit ? Où est Christiane Taubira, qui rêve des 32 heures, mais ne répond pas par la loi aux demandes des chauffeurs de taxi ? C’est vrai, elle roule en vélo, avec un casque… Tu parles ! Elle parle d’or, lorsqu’elle dit qu’il faudrait encadrer l’évolution des professions réglementées. Elle parle, mais que FAIT-elle ?
Où est Bernard Cazeneuve, qui vient seulement hier de demander au Préfet de Police de Paris de sévir contre Uber ? Ce qui ne sera qu’un cautère sur une jambe de bois. Uber, une start-up, une jeune pousse de moins que rien provoque une révolution. On se pince .
Le e-business est un tsunami contre lequel nous ne pourrons résister. La web-economie est en train de tout bouleverser, non seulement les taxis, mais la location de voitures, d’appartements, d’hôtels, de services. Le rôle d’un gouvernement est de prévoir, , d’encadrer, d’accompagner, d‘anticiper, surtout d’ANTICIPER.
Emmanuel Macron n’a pas 40 ans. Normalement il fait partie de la e-génération. Et il ne serait pas capable d’avoir l’adaptabilité d’un geek ? On n’ose y croire. Peut-être que l’ENA, l’Inspection des Finances, la Banque Rothschild l’ont coupé des e-réalités. Il est vrai qu’une grande banque d’affaires, ce n’est pas vraiment les mains dans le cambouis du business d’un petit commerce, d’une P.M.E, ou de petits artisans, comme les taxis.
L’enfer est pavé de bonnes intentions, et notre gouvernement se conduit comme des bizounours.
Nous vivons une e-poque formidable.

© 2025 BLOGODO

Theme by Anders NorenUp ↑