BLOGODO

Le blog de Pierre M. Thivolet, journaliste

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Mais de quoi Eric (Zemmour) est-il le prénom ?

Eric Zemmour: Plus il dit d’énormités, plus il vend de livres
Il est malin Zemmour. Plus il raconte d’énormités, plus on l’invite dans les media. C’est pas « Pas pipi à Paris » la fameuse vidéo de la Mairie de Paris contre une des formes d’incivilités, c’est « caca dans les media ». Et de jouer à la victime, et de se plaindre d’être un pestiféré, et de prétendre que, lui au moins, il nomme les choses, que, lui au moins, ne participe pas à la pensée unique. « Moi Môssieur, je défends la France, la vraie ». Et ça marche, Zemmour fait le buzz.
Ainsi, cette histoire de prénom qui l’agite et agite les réseaux sociaux. Il prétend que ne pas choisir un prénom du « calendrier », c’est un signe de refus de l’intégration. Mais alors, quid de Yves Montand, qui s’est appelé toute sa vie Ivo Livi, un mauvais français ? Ou de Lino Ventura, qui, lui en plus, a toujours conservé sa nationalité italienne, tout en étant une des icônes du cinéma français, et des films aux répliques cultes de Georges Lautner. Et Gao Xingjian, Vous ne le connaissez pas ? Dommage, c’est un de nos prix Nobel, Prix Nobel de littérature en l’an 2000. Naturalisé français, il n’a pas jugé bon de se choisir un prénom français. Mais il est vrai qu’il a un prénom chinois, pas arabe, et c’est bien cela l’obsession de Zemmour. Et il est vrai qu’il n’est que Prix Nobel, alors que Zemmour, lui, se prend pour un écrivain voire un historien. 
Ainsi quand il ressort l’histoire de Pétain et de De Gaulle: Comme si cela était nouveau et original de rappeler leurs proximités idéologiques, sociales, familiales même, puisque Pétain était le parrain d’un des fils De Gaulle. Or ce qui est admirable chez De Gaulle et minable chez Pétain, c’est que, issu de la bourgeoisie conservatrice, catholique, militaire, De Gaulle s’était inscrit dans la modernité, qu’il avait su dans des moments décisifs s’affranchir de son milieu, de sa hiérarchie pour défendre les vraies valeurs de la France. 
Nous sommes décidément un bien curieux pays. Tous à nous revendiquer de l’héritage gaulliste, même l’extrême-droite – quand on pense à la haine que l’extrême-droite vouait à De Gaulle, Le Pen en tête, qui avait surnommé le général « la Grande Zohra » pour lui reprocher « l’abandon » de l’Algérie, on se pince – et en même temps tous à acheter le dernier pamphlet de Zemmour. 
De quoi Zemmour est-il le prénom ? Du pétainisme rampant contre lequel même De Gaulle n’a pas réussi à nous vacciner. 
Et pour paraphraser l’italien Lino Ventura dans les Tontons flingueurs : ” Les cons ça ose tout ! C’est même à ça qu’on les reconnaît.” 

Emmanuel Macron : ATD Quart Monde et en même temps Richard Ferrand.

Le Président chez AtD: On verra dans 3 jours si cette visite a servi à quelque chose.
En cette rentrée de septembre, le Président envoie des signaux contradictoires qui empêchent de savoir si l’on est en marche et si oui, vers quoi.
Prenez la nomination – élection de Richard Ferrand comme Président de l’Assemblée Nationale. Bon, sur le papier c’est un poste important. En fait, ce poste est plus prestigieux qu’important, et l’Hôtel de Lassay, la résidence du Président de l’Assemblée, c’est beaucoup mieux qu’un appart de fonction Quai Branly ou un immeuble de bureaux au Mans. On dit que cette élection était souhaitée par Emmanuel Macron pour récompenser un fidèle. Mais ce ne sont que des on dit, parce que ce qui agace beaucoup de journalistes, c’est que pour l’instant, le petit cercle ayant accès aux confidences présidentielles, c’est terminé, comme d’ailleurs les « fuites » émanant de tels ou tels collaborateurs. 
Mais admettons. Est-ce si choquant ? Vous vouliez quoi ? Que le Président ne s’entoure que de personnes qu’il ne connaîtrait pas, avec lesquelles il n’aurait jamais travaillé ? Qu’il évite soigneusement de faire appel à des fidèles ? 
Donc Richard Ferrand. Mais en même temps espérons qu’Emmanuel Macron est sûr de son coup. Parce que si au moment où l’Assemblée se prépare à débattre de réformes compliquées, Richard Ferrand devait trainer l’histoire de l’immeuble des Mutuelles de Bretagne, comme des boulets, ce serait vraiment une bêtise. 
Bien sûr le parquet de Brest a classé l’affaire sans suite. Mais Anticor ayant déposé une nouvelle plainte, une nouvelle instruction a été ouverte. On appelle ça, une épée de Damoclès. C’est sans doute injuste, tout le monde devant être présumé innocent, mais cela n’empêche pas les commentaires, genre : Ah ! c’est beau ce nouveau monde qui ressemble tant à l’ancien. Et on récompense les copains, voir les coquins. Président des riches, va !
Et puis on apprend qu’au même moment, Emmanuel Macron passait l’après-midi dans un centre d’hébergement d’ATD Quart-Monde. Auprès des plus pauvres. Histoire de s’afficher ? Pas du tout. Sans prévenir les media, pas de petites phrases, ni d’éléments de langage. Il est allé rencontrer, discuter. Dans 3 jours, doit être annoncé un plan de lutte contre la pauvreté. On verra bien alors si cette visite a été d’une quelconque utilité. 
Macron-Ferrand, Macron-AtD Quart Monde : Lequel est le bon ? 

Élections en Suède : Schack och pat ! Échec et pat !

La partie d’échecs mortelle du “Sceptième sceau”, d’Ingmar Bergman
Aux échecs, on appelle cette situation le « pat ». En suédois, schack och pat :  Echec et pat.
Même si l’un des joueurs a dominé la partie, le jeu est bloqué, aucun coup n’est encore possible, mais personne n’est « mat », il n’y a ni vaincu, ni vainqueur. 
En Suède, l’extrême-droite annonçait un raz-de marée historique. « Entre 20 et 30 %, je serai satisfait », claironnait son leader. Et un peu partout en Europe, de Salvini à Le Pen, on se préparait à emboucher les trompettes de la renommée. 
Caramba, encore raté. 
Même s’ils progressent les S.D, démocrates suédois, qui n’ont de démocrates que le nom, obtiendraient 17 %. Les démocrates, les vrais, respirent mieux. A gauche, au centre, à droite, ils ont répété qu’ils maintiendraient un cordon sanitaire. Un peu comme en France – pour l’instant – à l’égard du Front, pardon, du Rassemblement national. Jusqu’à preuve du contraire, il n’y aura donc aucune alliance avec l’extrême-droite, et la Suède se retrouve donc … sans majorité. 
Là, elle démontre qu’elle n’est pas l’Italie. En Italie, le mouvement 5 étoiles, plutôt extrême-gauche, anar, écolo s’est allié avec les fascistes. 3 mois plus tard, il se fait manger la laine sur le dos par un Matteo Salvini, ministre de l’intérieur, tellement présent qu’on le croit Président, et qui la joue comme Trump, tweets et provocs à tous les étages, avec le même résultat, une majorité d’italiens adorent.
Mais si l’on y regarde de plus près, le résultat de l’extrême-droite en Suède n’est pas si mauvais que ça : Meilleur que la ligue de Salvini aux dernières élections en Italie. Et son pouvoir de nuisance va être grand. Un peu comme en Allemagne, ou l’AfD a fait baisser les partis traditionnels, et a empêché Angela Merkel de former autre chose qu’une Xième grande coalition. L’Allemagne justement, montre que les grandes coalitions qui sur le court terme, peuvent apparaître comme inspirées par l’esprit de compromis et de concertation, sont en fait des mortes lentes. 
Dans le film d’Ingmar Bergman ( tant qu’à faire de parler de la Suède, évoquons les plus grands !) Le Septième sceau, un chevalier revenant de la guerre rencontre sur son chemin La mort. Avec laquelle il entame une partie d’échecs. Au début, il pense lui tenir tête, mais à la fin : Schack och tråkigt ! Échec et mat ! la mort l’emporte. 

Allemagne-manifs racistes: Et si Matteo Salvini balayait devant sa porte.

 

Angela Merkel, tête de turc du ministre italien de l’intérieur.

Matteo Salvini, le Président italien – non pardon, le ministre de l’intérieur, il n’est que ministre de l’intérieur, mais on a l’impression que c’est lui qui dirige l’Italie–  accuse donc en direct live sur la télé allemande la chancelière Merkel d’être responsable des violences anti-étrangers de Chemnitz. 
Selon Salvini, Chemnitz, une ville industrielle, un peu paumée dans le sud-est de l’Allemagne, se réveillerait brusquement raciste, à cause de Merkel et des migrants … Allons donc ! 
Il y a 30 ans, quand la ville s’appelait encore Karl-Marx Stadt, il ne faisait déjà pas bon se promener dans les rues sinistres du centre-ville entre la Tour de l’Interhotel Kongress et le restaurant Sputnik, quand on était quelque peu bronzé ou basané…  A l’époque, les allemands excusaient : Karl-Marx Stadt, c’est la « Tal der Ahnungslosen », la vallée de ceux qui sont ignorants. Parce que la région était un des rares coins de l’ancienne RDA où il n’était pas possible de capter la télévision de l’Ouest. Et qui donc n’était pas au courant de ce qui se passait dans le vaste monde. 
Et puis il y eut Rostock, toujours à l’Est, en 1992. Un foyer de travailleurs vietnamiens ( oui, ni syriens, ni somaliens)attaqué pendant 2 nuits par des casseurs d’extrême-droite, la police dépassée, et des familles vietnamiennes qui n’échappèrent à l’incendie de leur bâtiment que par la présence d’esprit d’une équipe de télévision qui arriva à les exfiltrer. 
Et puis il y eut Solingen en 1993, l’incendie d’un foyer d’immigrés par des extrémistes de droite : 6 morts donc 5 enfants. Quelques jours plus tard, des millions d’allemands étaient dans les rues, souvent en larmes, scandant « Plus jamais ça », et s’inquiétant : Mais qu’est-ce qui ne va pas avec nous les allemands, pourquoi cette violence chez nous ?
Le racisme en Allemagne n’est donc pas un phénomène récent, plus à l’Est d’ailleurs qu’à l’Ouest, et l’accueil d’un million et de demi de migrants en 2 ou 3 ans, n’a pas amélioré la situation. Et aujourd’hui beaucoup ne croient plus dans le « wir schaffen das » » on va y arriver » d’Angela Merkel à propos de leur intégration. 
Mais ce qui différencie les allemands, des autrichiens à coup sûr, des français sans doute, des italiens également, c’est qu’ils ont une conscience historique, une mémoire enseignée depuis les premières classes à l’école, ce que l’on appelle la « Vergangenheitsbewältigung » la confrontation avec l’Histoire. Dans leur grande majorité, ils restent très vigilants et méfiants à l’égard des démagogues et des populistes. Il faut dire aussi qu’avec Hitler et le nazisme, l’Histoire allemande a de quoi faire réfléchir. 
Apparemment en Italie, Matteo Salvini ne tire pas les mêmes leçons à propos du passé fasciste et de Mussolini. 
Or ce qui attend son pays dans les mois qui viennent, est inquiétant.
Pas les migrants – cela fait deux ans que l’Italie n’est plus la porte d’entrée de l’Europe -, ni les « diktats » de Merkel – pauvre Angela, elle vit son mandat de chancelière de trop -, mais l’asphyxie de son économie, la troisième d’Europe. Le poids des dettes, le risque d’effondrement des banques, la baisse de la population : moins 100 000 habitants l’an dernier, le manque de main d’œuvre pour payer retraites et protection sociale. Avec tous ces problèmes à venir, on comprend mieux pourquoi Matteo Salvini attaque les migrants ou l’Allemagne ou la France ou Bruxelles. Il se cherche des têtes de turcs. 

Moi quand je serai grand, je voudrais être rappeur millionnaire.

A quand une punchline de Booba ou Kaaris au sujet de la justice qui a condamné Raef Badaoui à 1000 coups de fouet ou Oleg Sentsov à 30 ans de prison .
Trop fort ce Booba ! Vous avez vu sa dernière punchline depuis la prison où il était en détention provisoire : « moi quand je serai grand, je voudrais être Benalla ou moine pédophile ». 
Et toc, la France, prend ça dans les gencives. 
Une provocation bien sûr, un peu comme le « Hara-kiri » d’autrefois qui au moment de la mort de De Gaulle et d’un incendie meurtrier dans une discothèque, avait titré : « Bal tragique à Colombey : 1 mort », ce qui avait valu à l’hebdomadaire satirique d’être interdit.
Aujourd’hui Booba ne risque aucune interdiction, seulement peut-être se mettre les juges à dos. Et encore ce n’est même pas sûr ! 
S’il est condamné, il nous la jouera : je suis d’un peuple qui a beaucoup souffert. Et il aura avec lui tous ceux très nombreux qui trouveront excessif une condamnation pour une « bagarre un peu virile » (Entendu à la télé dans la bouche d’un « expert » du rap).
S’il n’est pas condamné, les juges auront contre eux, tous ceux et ils sont également très nombreux, qui diront : « Bel exemple du laxisme de notre justice alors qu’un honnête bijoutier qui défend sa boutique, est condamné à une peine de prison pour avoir tué son voleur ». 
Une provocation gratuite donc, mais qui lui rapporte déjà gros. Comme pour Kaaris, ses ventes de vêtements augmentent en flèche, comme les écoutes de ses titres. Leurs admirateurs adorent et approuvent. 
Ils approuvent ce que Booba sous-entend avec son scud de 12 mots, qui télescope des thèmes d’actu qui n’ont rien à voir les uns avec les autres. Ce qu’il sous-entend, c’est : la société française discrimine les non-chrétiens, et la justice française est pourrie.
Si l’on creuse la provoc’, c’est très nul. Surtout venant d’un Booba, « Duc de Boulogne », qui réside apparemment aux Etats-Unis où en revanche, la justice est … géniale ?
Là-bas, un jeune noir qui sort les poubelles peut être descendu par un blanc parano. Comprenez-moi votre honneur, je me suis cru menacé ! Et hop, acquitté ! 
Là-bas, un policier, blanc, peut descendre un noir suspect, suspect parce que noir. Il résistait, votre Honneur, et hop ! pas de poursuite ! 
Formidable ce pays, où quand t’es millionnaire tu te paies les meilleurs avocats et c’est même plus toi qui est accusé, mais les victimes qui t’accusaient. Balance ton Weinstein ! 
Alors, moi quand je serai grand, je ne serais pas blogueur saoudien comme Raef Badaoui condamné à 10 ans de prison et 1000 coups de fouet.
Je ne serais pas cinéaste ukrainien, comme Oleg Sentsov condamné à 30 ans de prison et au 103 ème jour de grève de la faim.
Moi quand je serai grand, je voudrais être rappeur et millionnaire, ou alors producteur de cinéma et millionnaire, ou alors Président et millionnaire. Et aux Etats-Unis.

Malheur aux barbus ! De Furax à Matteo Salvini.

Quelle est la signification de la barbe de Matteo Salvini ?
C’est dingue mais en quelques années la barbe a envahi les visages de la plupart des mâles de nos pays. Prenez une terrasse de café, un wagon de train, une équipe de foot, un clip de rappeurs, les glabres se comptent sur les doigts d’une seule main !
Encore tout récemment la barbe se portait plus chez les hidalgos (Pas Anne, bien sûr ! D’ailleurs les femmes n’ont pas de barbe ou alors si ma tante en avait ce serait mon oncle, enfin, non, aujourd’hui on ne peut plus blaguer comme ça, et d’ailleurs n’est-ce pas pour affirmer leur virilité à une époque où beaucoup d’hommes se demandent ce que cela veut encore dire, que de tant de mâles se barbent ?).
Mais la barbe hispanique n’est pas non plus la barbe des barbus, entendez des barbus islami (qu) stes. Qui elle aussi semble s’être multipliée. L’extension du domaine de la barbe est-elle pour autant un signe de l’expansion du salafisme ou de la religiosité ? Pas sûr : N’golo Kanté est musulman pratiquant tout en étant glabre alors qu’Olivier Giroud cultive une barbe qui fait la fortune des barbiers à la mode. 
Bien sûr, se mettre à porter la barbe n’est pas une décision neutre et il faudrait remonter au moins à la petite enfance voire même avant (?) pour en comprendre les origines, mais il y a des cas qui sont évidents, pour lesquels il n’est pas besoin d’avoir recours aux cellules d’aide psychologique.
En politique, par exemple, est-ce un hasard si début 2016 Emmanuel Macron avait essayé la barbe, enfin celle de 3 jours, la plus difficile à entretenir ? Quelques semaines plus tard, il se mettait En Marche. Eh ! oui, Hollande aurait dû se méfier de ce barbu d’un jour. D’ailleurs dans sa stratégie pour tenter de redevenir un candidat providentiel, l’ancien Président ne devrait-il pas tenter la barbe ? C’est ce qu’a fait son ancien Premier Ministre, Manuel Valls, mais pas sûr que cela lui attire les votes des catalans pour une éventuelle candidature à la mairie de Barcelone. 
En revanche il y en a un auquel la barbe a réussi, c’est Matteo Salvini, le leader de l’extrême-droite italienne, nouvel homme fort du gouvernement de nos amis, forcément amis, italiens. On ne peut pas le soupçonner de salafisme, ou alors il pratique la taqîya, cet art de la dissimulation préconisée par les mouvements terroristes, avec un tel talent que l’on pourrait le prendre pour un …fasciste. A méditer quand même car en matière de dissimulation et d’hypocrisie, il vient d’être pris la main dans le gâteau, faisant la fête le soir même de la catastrophe du viaduc de Gênes au milieu d’amis de son parti en Sicile. 
Et puis les modes passent aussi vite qu’elles sont arrivées. Ainsi les barbes, dans les années 50 (1950), avaient déjà eu leur moment de gloire avec « Malheur aux barbus » du génial feuilleton radiophonique « Signé Furax », de Pierre Dac et Francis Blanche. Une série que l’on peut (re) découvrir – beaucoup d’entre nous n’ayant pas eu la chance de l’avoir suivie à l’époque – grâce aux podcasts de France Culture (*). Le pitch : un horrible criminel nommé Furax s’en prend aux barbus qu’ils enlèvent par centaines. Les inspecteurs Black et White mènent l’enquête. Et puis les poils ont disparu pour laisser la place aux glabres épilés.
Malheur aux barbus. Les démagos devraient aussi y réfléchir, car après le flux viendra le reflux lorsque nous serons confrontés aux réalités des lendemains où l’on ne rase pas gratuit. 
En Grande-Bretagne où le Brexit paraît tellement mal emmanché que ses plus grands défenseurs comme le milliardaire Jim Ratcliffe, prennent la poudre d’escampette jusqu’à Monaco. 
En Pologne ou en Hongrie, qui vont rapidement devoir se souvenir que leur formidable modernisation en 30 ans est due avant tout aux transferts européens.
En Italie qui perd 200 000 habitants chaque année, et où la population en âge de travailler baisse dangereusement. Dans 20 ans, il risque de ne plus y avoir suffisamment de barbieri pour raser la barbe des barbus italiens. 
Sarà finita la commedia!
(*) Signé Furax sur France Culture :
  

Catastrophe de Gênes : L’Europe est responsable de tous nos malheurs

“Chacals sans dignité !” : Salvini et les populistes italiens accusés de récupération politique 
C’est évident : Si le viaduc de Gênes s’est effondré, c’est la faute à l’Europe ! C’est ce que répète Matteo Salvini, le ministre de l’intérieur italien, une sorte de Gérard Collomb italien, quoique on se demande si alors que son parti n’a obtenu que 17 % des suffrages , ce n’est pas lui qui est le vrai Président en Italie. Il occupe tout l’espace médiatique, une sorte de Macron + Philippe (Edouard) + Le Drian + Collomb + Parly (Florence Parly, la Ministre de la Défense pour ceux qui ne l’aurait pas su …). 
Matteo Salvini n’a même pas attendu une journée pour rejeter sur Bruxelles la responsabilité de la catastrophe :  Ce sont les diktats de Bruxelles, la politique d’austérité imposée par Bruxelles, l’insupportable contrainte budgétaire qui a empêché les italiens d’entretenir leurs ponts et viaducs
Qu’importe si dès sa construction à une époque où l’encre du Traité de Rome qui créait la Communauté européenne n’était pas encore sèche, nombreux sont ceux qui en Italie dénonçaient des erreurs de conception, 
Qu’importe si depuis 3 ans, le plan « Juncker » d’investissements a mobilisé 315 milliards d’euros, destinés justement aux infrastructures. Dont l’Italie a largement bénéficié. 
Qu’importe si depuis des années en Italie, d’autres ponts, des écoles se sont écroulés. 
Qu’importe si une partie de l’argent destiné à la reconstruction de l’Aquila après le tremblement de terre de 2009 n’est jamais arrivée aux victimes.
Qu’importe si le Mouvement 5 Etoiles allié de Salvini a fait capoter il y a quelques années, la construction du nouveau contournement autoroutier à Gênes justement, parce que « c’était trop cher », parce que de toute façon ce mouvement arrivé en tête des dernières élections italiennes est contre toutes nouvelles infrastructures, pour eux de l’argent gaspillé, comme le Lyon-Turin, qui va sans doute être enterré. 
Qu’importe : Si le viaduc est tombé par terre c’est la faute à Juncker, le nez dans le ruisseau c’est la faute à l’Euro
Franchement, si Bruxelles n’existait pas – pas Bruxelles la sympathique capitale de la sympathique Belgique, non Bruxelles la capitale de l’Eurocratie, de ces technocrates de l’ombre qui nous sucent le sang– il faudrait l’inventer. C’est le bouc-émissaire idéal : car Bruxelles ne peut pas répondre, Bruxelles ne peut pas tweeter, Bruxelles n’a pas de visage, pas de chair, d’humanité, et c’est peut-être là d’ailleurs une partie du problème. Bruxelles ne peut pas envoyer chier toutes celles et ceux qui à longueur de journée la prenne comme tête de turc.
Les déclarations du gouvernement italien sont comme le syllogisme du cheval pas cher. Vous ne connaissez pas l’histoire ?  
Un bon cheval, c’est cher. Un bon cheval pas cher, c’est rare. Et tout ce qui est rare est cher. Donc un bon cheval pas cher, c’est cher. 
En fait il ne s’agit pas d’un syllogisme mais d’un paralogisme, un raisonnement faux et même d’un sophisme qui est un argument fallacieux, c’est-à-dire destiné à tromper. 
Nous tromper, c’est exactement cela. Et ça marche. Et pas seulement en Italie. 
Tout cela va mal se terminer. 

Joël Robuchon : les étoiles ne meurent jamais !

C’était il y a quelques mois dans Topchef, la dégustation de Chef Robuchon !
Le vrai tombeau des morts c’est le cœur des vivants. Cette phrase tellement citée qu’elle en a perdu de sa force est souvent attribuée à Cocteau. Elle est en fait de Tacite, 2000 ans plus tôt. Et elle reste très juste pour un Pape de la cuisine comme Joël Robuchon, mais pour lequel on pourrait ajouter : Le vrai tombeau des morts c’est le palais des vivants. 
Bien sûr il est difficile de s’y retrouver parmi tous les hommages qui se bousculent lorsqu’une telle personnalité disparaît. A l’heure des tweets et des chaînes toutinfo, comment faire la part des choses ? 
Il y a les réactions officielles où tous les éléments de langage ont tellement été soupesés que l’on ne sait même pas si l’Elysée a vraiment du palais. Twitter, c’est difficile: Comment arriver en quelques mots à faire passer une émotion, du sentiment, le plaisir que procure un plat exceptionnel ?
Il y aussi le rappel du nombre d’étoiles obtenues par Joël Robuchon, ces étoiles Michelin qui sont à la cuisine ce que les Prix Nobel sont à la science, ou les Emmy Awards à la musique. Il en avait 24, 32 au sommet de son art, C’est impressionnant, mais cela reste abstrait pour la plupart d’entre nous.
Sur son empire, le soleil ne se couchait pas, avec des restaurants de Monaco à Tokyo en passant par Las Vegas et Paris. Là aussi cela reste abstrait, même si l’on a conscience que des chefs comme lui, comme, Bocuse disparu en janvier, comme Ducasse aussi, font partie de ce luxe que le monde entier nous envie, et pour lequel il est prêt à payer, et cher. Cette marque France qui a à voir avec notre culture, notre histoire, nos terroirs, notre savoir-faire: Hermès, Vuitton, Saint-Laurent, Mouton-Rothschild, Clos-Vougeot, Versailles et la Tour-Eiffel, et donc aussi Bocuse ou Robuchon. Si on y ajoute … Kylian Mbappé (!), le Mozart de la planète foot, on a fait là le tour de l’excellence française, une des seules choses qui semblent encore nous rester dans un monde dont le centre de gravité s’est déplacé vers l’Asie. 
Notre quotidien est très éloigné de ces marques qui font notre image, et les éloges de la part de journalistes qui répètent en boucle des hommages désincarnés, nous passent un peu au-dessus de la tête. 
Aussi quand on tombe par hasard, sur une émission télé où l’on revoit Joël Robuchon goûter un plat, on comprend ce qui faisait son art et son génie. C’était sur M6 qui a eu la bonne idée de rediffuser une épreuve du dernier Top Chef. 
Les candidats présentent une recette de pomme de terre. Il y en a 4, toutes plus sublimes les unes que les autres et le chef doit les départager. Et là, même sans l’odeur et le goût, il nous fait partager sa dégustation. On est dans son palais, et l’on découvre avec lui l’importance de la cuisson juste, le sens du moelleux, le contraste des textures, l’équilibre des saveurs, la gourmandise d’un plat, la touche de folie qui fait toute la différence, et l’on devient d’un coup génialement gastronome. Et infiniment reconnaissant d’être ressorti moins bête, plus riche de cette transmission d’expérience. 
Joël Robuchon n’est pas mort, puisqu’il vit pour toujours dans notre mémoire gustative.

Paris : Imaginons les Places de demain. Et si on s’occupait des rues d’aujourd’hui ?

A gauche, Barbès. A droite, la nouvelle Place du Panthéon. Aux mêmes heures !
C’est une vaste opération lancée depuis 2015 par la Mairie de Paris. «Donner plus de place à celles et ceux qui ont envie de vivre dans une ville plus pacifiée, avec moins de voitures et moins de stress» selon les mots d’Anne Hidalgo. Sept grandes places parisiennes vont être « réinventées » : Bastille, Fêtes, Gambetta, Italie, Madeleine, Nation et Panthéon. Justement cette dernière vient d’être achevée. Achevée est bien le mot, car à la surprise générale, et après 3 ans de concertation populaire, le nouvel aménagement laisse rêveur : Certes les voitures qui squattaient les pieds du monument ont été enlevées, mais ça en moins d’une heure les camions fourrières de la Préfecture de police le font très bien. Sinon on se dit : tout ça pour ça ? Est-ce provisoire, dans le style aire d’autoroute, revisitée bois des Landes pour faire « green » ? Bien sûr les voisins, les Grands Hommes (hommes et femmes maintenant) auxquels la Patrie est reconnaissante, et qui reposent dans les cryptes du Panthéon ne vont pas protester, mais on pourrait s’occuper des vivants, des places, rues et avenues qui concentrent le plus de population : Bastille, Nation, République, ok, mais ne l’a-t-on pas déjà fait 36 fois ? Prenons – au hasard (?) – le boulevard Barbès. C’est populaire à souhait, une des plus fortes concentrations d’habitants de Paris, mais aussi de visiteurs qui viennent y faire leurs courses, et de touristes… Eh ! oui, car au pied de la Butte Montmartre, ils sont des dizaines de milliers chaque année qui après avoir réservé leurs chambres « with view on Le Sacré-Cœur » errent comme des âmes en peine, au milieu des papiers gras, des poubelles qui débordent, des pistes cyclables qui servent plutôt de voie de dégagement à une circulation embouteillée dès les premières heures du matin : « Plz, where is Montmartre », Le Sacré-Cœur, deuxième monument le plus visité après Notre-Dame, et avant Le Louvre et la Tour-Eiffel. 
Là il n’est même pas besoin de faire une concertation, tout a déjà été demandé, réclamé, pétitionné, discuté par les habitants, les commerçants, les associations du quartier, des quartiers : Barbès, Goutte d’Or, Château-Rouge. Aujourd’hui, rien qu’à l’énoncé de ces noms, beaucoup prennent peur, alors que… 
La piétonisation du quartier de la rue Déjean et du Marché du même nom : il y a les panneaux mais on l’attend toujours. Il faudrait doubler les trottoirs de l’avenue Barbès, aux heures de pointe beaucoup de piétons sont obligés de marcher sur la chaussée, quant aux pistes cyclables, mieux vaut avoir le cœur bien accroché et la sonnette impérative ! Le même je m’en foutisme (?) semblent se retrouver à la RATP. Le métro Château-Rouge vient de rouvrir après un an et demi de travaux. Avec un mini escalator qui a été calibré pour 3 pelés et 1 tondu. Pour les personnes handicapées, les personnes avec poussettes, les escaliers vertigineux sont un vrai défi. On devrait y tourner un prochain épisode de Wild ou de Mike Horn. Et personne n’a pensé à un ascenseur ? 
A Barbès aussi et dans bien des quartiers de Paris, on a déjà « envie de vivre dans une ville plus pacifiée ». Nul n’est besoin de « donner envie ». Alors la République (la Place) peut bien attendre, les citoyens eux, c’est moins sûr.

Eclipse : Jupiter n’a pas eu rendez-vous avec la Lune #metoo #balancetonbenalla.

 

“Affaire” Benalla: Aussi claire que l’éclipse de Lune l’autre soir à Paris !

L’autre soir, le monde entier avait rendez-vous avec la Lune ou plus exactement avec l’éclipse de Lune. Le monde entier ? Non, pas à Paris, pas à Montmartre où nous étions des milliers à guetter le phénomène que quelques-uns parmi nous pourront revoir dans 125 ans. 
La faute à, aux… seuls nuages de la semaine, quel manque de pot quand même. Pourtant tout était prêt, jusqu’aux reporters de CNews et les bénévoles de La Nuit des étoiles, qui à défaut de nous montrer la Lune, nous conseillèrent d’admirer Jupiter particulièrement brillant ces temps-ci paraît-il. A croire que même les astres sont pour Macron, d’ailleurs n’a-t-on pas dit que s’il avait été élu Président, c’est parce que les astres étaient alignés. 
Mais là, était-ce un signe ? alors que nous commencions à nous perdre dans la contemplation de Jupiter, des nuages voilèrent brusquement son éclat. Il y eut comme un frémissement dans la foule, un peu comme lors de la mort du Christ, lorsque le ciel s’obscurcit sur Jérusalem, en plein milieu de la journée, enfin c’est ce que disent les évangiles, et ce que décrivent très bien certaines peintures destinées à frapper l’imagination des foules. « Tiens, c’est Benalla » lança quelqu’un et beaucoup se mirent à rire. C’est vrai que cette affaire Benalla, franchement, on n’y comprend plus rien. Comme avec cette nouvelle vidéo où l’on verrait le conseiller à l’Elysée agresser des manifestants. On y voit autant que pour l’éclipse de Lune à Montmartre. C’est-à-dire on n’y voit goutte. 
Affaire d’Etat ? Watergate ? Police parallèle ? On a l’impression que des chemises brunes, genre SA d’Hitler, défilent dans nos rues, que Malik Oussékine a été à nouveau tué par des voltigeurs casqués comme en 1986, ou que des manifestants ont été écrasés par des charges des police, comme au métro Charonne, en février 62… Au lieu de cela, Place de la Contrescarpe, le soir du 1ermai, franchement, les « gentils badauds » qui passaient par là, par hasard, se révèlent être moins gentils qu’il n’y paraît – jeter des chaises et des bouteilles sur la police, c’est pas forcément un geste amical – le « nervis » de l’Elysée qui va faire le coup de main pour le compte de Macron, se révèle être plutôt un jeune homme aux dents tellement longues qu’elle rayent le parquet, un Rastignac d’Evreux, plutôt qu’une racaille de banlieue. Ceci dit, rasé de frais, en interview lyophilisé TF1, il était assez surprenant : Qui lui avait coaché ses éléments de langage ? Car son argumentaire est un peu lèj ! « Je n’ai fait que mon devoir de citoyen, je ne fais que donner un coup de main à la police quand je la vois en difficulté » Euh ! ben, peut-être qu’on est lâches, mais beaucoup d’entre nous en cas de manif et de charges de la police, on fait plutôt 2 pas en arrière plutôt que 3 prises de krav-manga. 
Mais bon, comme dit l’autre, y’a pas mort d’homme, pas de quoi casser 2 pattes à 3 canards, à moins que ce ne soit 3 pattes à 2 canards. C’est sans doute pour cela qu’Emmanuel Macron a reçu Brigitte Bardot à l’Elysée, pour parler de la violence contre les animaux. 
Mais on s’égare. Revenons à nos moutons, et là bien sûr on revient aux parlementaires, pour lesquels cette affaire a été une nouvelle jeunesse. 
Il n’y a là aucune ironie, en 2 temps 3 mouvements ils ont constitué pas une mais deux commissions d’enquête, quand pour Cahuzac il avait fallu des mois. Il est vrai que Cahuzac c’était moins grave, juste un Ministre des Finances qui les yeux dans les yeux avait juré à la France entière qu’il n’avait pas de comptes dans des paradis fiscaux. Bref, ces commissions nous ont permis de découvrir des élus dont nous ignorions jusque-là jusqu’à l’existence ! Et ça c’est formidable, cela justifie que l’on ne réduise pas le nombre de parlementaires. Parions qu’on en reparlera en Septembre lorsque le gouvernement représentera son projet de réforme constitutionnelle. 
Quant à Jupiter, non pardon à Macron, on se demande là aussi qui le coache, sans doute personne, car il est tellement intelligent, tellement brillant aussi brillant que ce jeune député Les Républicains, Guillaume Larrivé qui dans les premières auditions de la Commission d’enquête de l’Assemblée, jouait le procureur, genre Saint-Just réincarné (Il y en a beaucoup qui en perdirent la tête, en 1793). Technocrate(s) brillant(s). Mais agressif(s). 
Ainsi quelle mouche avait donc piqué le Président l’autre soir : après avoir été brillant en répétant, « si vous cherchez un responsable, c’est moi, parce que c’est moi le patron », s’il s’était arrêté là, il aurait eu tout bon, et puis, vlan d’un coup, c’est la catastrophe, la phrase de trop : « Qu’ils viennent me chercher ». Franchement, ça fait teigneux, certains ont même dit, ça fait Sarkozy, mais ça c’est vraiment méchant. 
Pour en revenir à l’autre technocrate, brillant mais agressif, Guillaume Larrivé, il a un autre point commun avec Macron, il est énarque -tiens comme c’est surprenant- mais promotion « Copernic », tout s’explique : Les astres. 
Dans cette confusion qui agite les media et remplace avantageusement les marronniers habituels de la presse estivale, ajoutons cette saillie de la députée La République en Marche, Claire O’Petit, qui a trouvé que Benalla était « un manipulateur, un peu comme ces hommes qui battent leur femme, et viennent ensuite déclarer la main sur le cœur que pas du tout, c’est que de l’amour ». D’ici qu’on découvre qu’en plus d’être l’amant de Macron, Benalla bat son ex-future femme… Il n’y a qu’un pas que nous allons franchir allègrement en lançant le mouvement @metoo @balancetonbenalla. 
Vivement la fin de la vague de chaleur !
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