BLOGODO

Le blog de Pierre M. Thivolet, journaliste

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Pour la défense de la quenelle ?

Ceci sont de vraies quenelles !
C’est très choquant : la quenelle est aujourd’hui assimilée à un geste raciste, négationniste, d’une grossièreté sans nom, puisqu’apparemment, elle signifie : « je vous le mets bien profond » encore une démonstration de l’obsession de la sodomie (voire plus) chez une partie des mâles. 
Mais comment en est-on arrivé là ? Entre Dombes et Saône, Bresse et Rhône, on sait bien que la quenelle, la vraie, est un plat d’une exquise finesse, volailles de Bresse, écrevisses des étangs de la Dombes, sauce Nantua, des soufflets d’une légèreté sans pareil, dont la cuisson ne supporte aucun à peu près, au four juste à la bonne température, juste la durée qu’il faut, et alors lorsque ce mets que la terre entière nous envie, se met à gonfler, à doubler de taille, il faut vite le servir pour qu’il soit dégusté encore gonflé. On sait cela à Lyon depuis les mères Brazier ou Charles ( à Mionnay), depuis le Paul ( Bocuse) et puis un peu partout dans la région où la seule vraie noblesse, est celle des petits pois, celle des charcutiers, des traiteurs, des pâtissiers, des cuisiniers. 
Déjà qu’ils nous avaient fait un mauvais coup avec l’obligation de manger des « quenelles » en conserve dans les cantines scolaires. Je mets le terme entre guillemets, car ces plats ont autant à voir avec les quenelles, que les choucroutes servies également dans ces mêmes cantines avec les vraies choucroutes. Du coup, ce sont des générations de français qui ont été écoeurés par les quenelles, les assimilant à un plat dégueulasse. 
Et maintenant ça, ce geste ? Et ça fait rire certains ? Ça donne plutôt envie de pleurer. Comment se fait-il qu’à l’heure de balance ton porc il n’existe pas #balancetaquenelle ? Les quenelles ne sont-elles pas une recette déposée ? Il faudrait qu’elles soient inscrites au patrimoine mondial de l’Unesco. Pour éviter ces détournements et ces contrefaçons. 
Allez vite une pétition, ou même un référendum. Pour la défense et l’illustration des vraies quenelles, exemple culinaire du vrai savoir-faire lyonnais et de la tradition française.

Booba- Kaaris : Et pourquoi pas organiser le combat de qui pisse le plus loin ?

Et quand on pense que tout cela leur rapportera encore plus de fric !
Dans une période où tout n’est qu’amour entre nous – on l’a bien vu ces derniers jours, entre policiers et manifestants, sur tous les ronds-points de toutes les routes de France, jusqu’aux Champs-Elysées – les nouvelles péripéties du clash Booba-Kaaris sont une preuve que l’esprit de Noël souffle sur notre pays. 
Ainsi la dernière idée lancée par le Duc de Boulogne ( Elie Yaffa, alias Booba) : un combat de boxe pour régler son contentieux avec son ex poto ( pote, ami) Kaaris.  On ne se défonce plus la gueule à coups de bouteilles ou de flacons de parfum, on se défie sur un ring. Les parieurs sont déjà sur les rangs. 
Moi je trouve ça un peu inconvenant : On pense à Mohammed Ali… The « greatest » doit se retourner dans sa tombe. Car la boxe c’est le « noble art », une discipline qui fait partie de tous ces sports qui ont été codifiés par les anglais, dans le but de canaliser les montées d’hormones de leurs adolescents enfermés dans des collèges de garçons. 
Comme le rugby, un « sport de voyous joué par des gentlemen ». 
Ou le cricket. Un « sport »( ?) qui fait courir des ados, aux quatre coins de l’ancien empire britannique, dans les bidonvilles en Inde, sur les plages des petites îles des Antilles, alors qu’honnêtement pour en comprendre les règles, il faut vraiment être anglais, manger du rôti de porc avec de la sauce à la menthe suivi d’une jelly en dessert tout en conduisant à gauche. 
Mais revenons à nos moutons, à nos rappeurs, gonflés aux anabolisants 
Plutôt qu’un combat de boxe, ne devrait-on pas préférer le concours de celui qui a la plus grosse (bite…) . Ou encore de celui qui pissera le plus loin. 
C’est ce que font les gosses dans les cours de récré. Et cela correspond bien au niveau de leurs échanges qui font plus de buzz sur les réseaux sociaux que les pétitions de n’importe quelles campagnes pour sauver la planète.  
Cela serait bien dans l’air du temps, On insulte, on clash, on fake… 

Conseils en com’ (suite) à Emmanuel Macron : Président encore un effort !

C’est vrai que le côté “premier de la classe”, ça peut énerver.
Vous avez vu ? Ou entendu, hier soir ? Apparemment oui, puisque nous étions 23 millions suspendus aux lèvres du Président de la République. Plus que pour la finale du Mondial ! 
Et alors ? Vous n’avez rien remarqué : Il a suivi mes conseils. Il avait –sans nul doute – lu mon blog d’hier, et mes 3 conseils en com’. Le Président a fait plus court, plus simple, et plus concret avec juste ce qu’il faut de storytelling.
Résultat: Pour une fois, il a été plutôt écouté.  Bien sûr, il y aura toujours les frustrés du Grand Soir, qui appellent encore à l’insurrection populaire, mais il semblerait bien que l’on puisse entrevoir le début du commencement d’un bout d’amorce de discussions. Ouf ! Noël approchant…
Mais s’il y a du mieux, la prestation du Président est encore loin d’être parfaite. Et là encore nous ne parlons que de la forme. 
Sauf votre respect, Président, qu’est-ce que vous jouez mal ! Si vous voulez toucher notre cœur en nous confiant que vous êtes sincèrement désolé que certaines de vos paroles aient pu blesser, il faut y mettre plus de cœur, justement. Un peu comme Gérard Philippe dans les stances du Cid. – Pour celles et ceux qui comme moi n’ont pas eu la chance de voir jouer ce sommet du théâtre français, vite un petit coup d’internet. Youtube pour ne pas citer un GAFA (!). Et là on est transportés, on y croit : « Je demeure immobile et mon âme abattue cède au coup qui me tue ». On sait bien que Gérard Philippe n’est pas un chevalier espagnol du Moyen-Age écartelé entre son devoir et son amour. Mais on y croit. Sans atteindre de tel sommet, vous avez encore des progrès à faire. 
Et là on ne comprend pas. On nous avait raconté que le jeune Emmanuel avait suivi des cours de théâtre donnés par une professeure prénommée Brigitte ? On nous aurait menti ? Même par rapport à d’autre politiques, vous êtes encore très, très loin des performances, d’un Le Pen quand il appelle Jeanne (d’Arc) à bouter les arabes hors de France ou d’un Mélenchon quand il fait rempart de son corps pour bouter un juge hors de son bureau. Ces deux-là, c’est du niveau César ou Oscar. 
Alors un nouveau conseil : Reprenez les cours de théâtre. Par exemple, avec un coach choisi parmi les nombreux talents que comptent les scènes françaises. Il y a des monstres comme Depardieu, capable de tout jouer depuis Jean Valjean jusqu’à Christophe Colomb, ou alors Clavier, c’est un peu comparable, entre les bronzés, Astérix et Napoléon. Mais pourquoi pas Line Renaud ? Elle est formidable, elle plaît à toutes les générations, elle vient du Nord, mais est passée par Vegas et en plus elle faisait partie de votre fanclub de la première heure. 
Je plaisante, je plaisante, mais mine de rien, être capable de montrer un peu plus d’empathie, de se déboutonner pour prouver que l’on n’est pas seulement un technocrate froid comme un algorithme boursier, cela devrait se révéler utile dans les semaines qui viennent. 

2 ou 3 conseils à Emmanuel Macron avant son discours du soir.

Ce soir, surtout pas faire prof !
Il paraît que nous attendons tous le discours du Président de la République ce soir. Personnellement je n’en attends pas grand-chose. Face à tant de demandes qui partent un peu dans tous les sens que peut-il proposer ? Et puis cristallisant sur sa personne tant de haines peut-il être entendu ? 
Alors comme je ne fais pas partie des « yaka » « fokon » qui ont la chance d’avoir la recette qui nous permettra demain de vivre plus heureux dans un monde plus juste, je me contenterai de donner quelques conseils non sur le fond, mais sur la forme. 
D’abord Manu, non pardon, Monsieur le Président, fais court
On sait que vous êtes intelligent, brillant, cultivé. Vous avez fréquenté Paul Ricoeur et ça, pour tous ceux qui pensent que vous n’avez pas de cœur, c’est un formidable démenti, car Ricoeur quel philosophe ! Vous avez fait l’ENA, et ça c’est formidable, réussir le grand oral, tout savoir sur le droit administratif, la géopolitique du Caucase, Méthode et Cyril, cela force le respect. La grande école de la République qui forme les meilleurs d’entre nous, Giscard d’Estaing, Juppé, Chirac, Wauquiez, Hollande, Philippot, (là je m’égare un peu), l’ENA c’est quand même du lourd. Mais attention, quand tu nous parles, ne fais pas une conférence comme à Sciences Po. Nous, on décroche au bout de 10 mn. Et pourtant on n’est pas bêtes, même si on n’a pas fait l’ENA, mais c’est chiant. Il faut apprendre à faire plus court. 
Deuxième conseil. Fais simple. Pas simpliste. A l’heure de la start-up nation, des tweets et des réseaux sociaux, au-delà de 150 signes, c’est mort. Alors on trie, on sélectionne, on va à l’essentiel, on délivre tout de suite son message, sans faire de périphrases ou des ronds de jambe interminables. Je sais : C’est pas facile. Surtout quand on est habitué à s’écouter parler ou à se répandre en longues logorrhées. Logorrhée. Là encore attention aux choix des mots, plus le message est court, plus chaque mot compte. Encore une fois, on élimine le superflu, pour prendre de la hauteur, c’est comme pour les montgolfières, il faut jeter du lest. 
Troisième conseil. Le medium c’est le message. On adapte le contenu aux media(s). et les médias aujourd’hui au-delà de la télé c’est internet sur lequel la moindre petite phrase devient une punchline. Pas d’envolées lyriques. Tout le monde n’est pas André Malraux devant le Panthéon. Ni le général De Gaulle en 68. Et sans faire son banquier d’affaires ou son inspecteur des finances. Oui, ça peut impressionner quand on négocie des fusions acquisitions mais pas quand on parle à ses concitoyens. Fais-nous du storytelling. Raconte-nous une histoire. Attention : Story-telling, ce n’est pas raconter des histoires. Ne nous raconte pas d’histoires. Oui la nuance est peut-être subtile mais nul doute qu’à L’Elysée il y a suffisamment d’experts en communication pour te prodiguer ces conseils. 
Sinon ? sinon, c’est la merde. 

Entre Johnny et Mélenchon, nous sommes coincés…

No comment…
Nous sommes coincés : web, radio, télé, nous sommes abreuvés jusqu’à plus soif, par les spéciales, les exclusifs, les directs, consacrés à 2 infos : À ma droite Johnny, à ma gauche Mélenchon. Comme s’il ne se passait que cela dans notre vaste monde.
Attention, il ne s’agit ni de kc le souvenir de Johnny l’artiste, ni de négliger la sortie de son album posthume. Pour ceux qui sont fans et apparemment ils sont nombreux, c’est bien. Mais pour ceux et apparemment ils sont encore plus nombreux qui trouvent que Johnny c’est bien, mais qu’il n’est pas non plus ni Michael Jackson, ni Aretha Franklin, ni même peut-être non plus Charles Aznavour, l’air est devenu étouffant. Matraquage ? Vous avez dit matraquage ? En tout cas, impossible de passer à côté à moins de franchir une de nos frontières et de prendre pour quelque temps refuge en Espagne ou en Allemagne. On nous dit que son disque est déjà disque d’or, mais c’est l’inverse qui aurait été une info, avec une telle saturation de l’espace, bravo la maison de disques, bravo les producteurs, chapeau Laetitia. 
Et quand on cherche autre chose, on tombe sur … Mélenchon. E là ce n’est pas pour kc ni la France Insoumise, ni les idées de gauche (? c’est quoi au fait des idées de gauche ?) mais là aussi brusquement on étouffe. On hésite entre le fou rire et la consternation. Et d’ailleurs en matière de consternation, on hésite aussi. Qu’est-ce qui est le plus consternant : Mélenchon hurlant sur ce juge, sur ces policiers stoïques sous les injures, éructant : « Ne me touchez pas, JE suis la République ». Et l’on parle de cailleras dans des banlieues qui seraient perdues pour la République ? Et l’on s’inquiète des violences contre la police, de la montée des incivilités ? Mais l’exemple ne vient-il pas de haut ? On attend avec impatience les prochains contrôles policiers où des jeunes hurleront « Nous sommes tous des Mélenchon ». 
Ou plus consternant encore peut-être, cette manière d’humilier avec un mépris qu’autrefois on aurait qualifié de classe, telle journaliste pour son accent, tel autre pour sa question. Là Mélenchon, c’est Trump en français dans le texte, comme lorsque le Président américain ironise sur un journaliste handicapé, ou répète à longueur de tweets : « Fake news et Presse pourrie ». 
On cherche d’autres nouvelles et l’on tombe sur … l’affaire Khashoggi, ce journaliste saoudien « disparu », en fait torturé puis découpé à la scie dans le consulat de son pays à Istanbul. Et là on se pince : Et ce pays est notre meilleur allié ? le meilleur allié des Etats-Unis, d’Israël au Proche-Orient ?
Du coup on étouffe. On éteint tout. Give me a break. Heureusement qu’il fait beau (enfin, du moins là où le ciel semble ne pas avoir voulu déverser toutes les larmes du monde, on pense à l’Aude), on peut sortir respirer. Et l’on se dit : Pourtant que la montagne est belle. Comment peut-on s’imaginer. En voyant un vol d’hirondelles. Que l’automne vient d’arriver ?
Enfin jusqu’à quand ? Avec le changement climatique, la sécheresse ou les inondations, la fonte des glaciers ou les tornades… Nous sommes coincés…

La chancelière Angela Merkel passera-t-elle la fête de la bière ?

 

A boire avec modération… Merkel prête à tout pour sauver la Bavière ?

Oui, Angela Merkel va survivre à la fête de la bière. Tout simplement parce que celle-ci est déjà terminée. 
L’Oktober Fest est à Munich un peu ce que le carnaval est à Rio de Janeiro, 6 millions de visiteurs, 7 millions de litres de bière, avec une nuance quand même, le « Schuhplattler » bavarois n’est pas une danse aussi – comment écrire – légère ? élégante ? sensuelle ? que le samba brésilien . 
En revanche côté politique, les prochaines élections en Bavière risquent de ressembler au récent premier tour des Présidentielles au Brésil. Avec notamment une poussée de l’extrême-droite. Non que les nazis soient de retour en Allemagne. S’il y a bien un pays au monde où la « confrontation avec l’Histoire » vaccine contre ce genre de danger, c’est bien l’Allemagne. Contrairement à la France, par exemple, où tout récemment des graffitis anti sémites ont tagué des salles de cours de la grande école HEC ou au Brésil pays de tous les métissages mais également de tous les préjugés racistes. Ainsi, Jair Bolsonaro peut déclarer que ses fils ne sortiraient jamais avec des femmes noires « parce qu’ils avaient été bien éduqués » et obtenir 46 % des votes au premier tour des élections, être soutenu par des stars – noires- du football comme Ronaldinho, dans un pays où la moitié de la population est noire ou métisse. 
Non, en Allemagne arborer des symboles nazis ou se revendiquer du nazisme peut- fort heureusement – vous envoyer en prison. En revanche l’AfD, l’Alliance pour l’Allemagne bouleverse effectivement le jeu politique traditionnel, grignotant sur la droite et même la gauche, les grands partis. Eurosceptique, et aujourd’hui migrants sceptique, il attire 13 % ? 15 ? 19 % ? des électeurs. Trop peu pour arriver au pouvoir, mais avec la proportionnelle, suffisant pour empêcher par exemple Angela Merkel de gouverner de manière stable. Gagnante des dernières élections de 2017 avec 33 % des suffrages, elle a dû batailler pour former une coalition gouvernementale, bien fragile et à la merci du raidissement de son allié bavarois la CSU. Et c’est là où interviennent les élections du 14 octobre en Bavière. 
Si les chrétiens bavarois qui depuis 70 ans dirigent ce Land, le plus riche d’Allemagne, se prennent une raclée à cause de l’extrême-droite, alors Merkel ne passera pas l’automne. Mais d’autres scenarii sont possibles, comme une poussée des Verts, et une coalition entre conservateurs bavarois et écolos. Du jamais vu ! Décidément il n’y a pas que la bière qui fait tourner les têtes en Allemagne…

Elections au Brésil : Samba, futebol et eleições

Le candidat d’extrême-droite enlève de la devise du Brésil le mot progrès pour ne garder que ordre ( ©-Romée-de-Saint-Céran-pour-LIncorrect)
Samba ! foot ! Rio ! Copacabana ! Sur le Brésil nous n’avons le plus souvent que des clichés. Pas forcément négatifs, mais complètement folkloriques. Comme ceux selon lesquels au Brésil, la misère serait moins triste parce qu’au soleil ! Ou qu’il suffirait d’un match de futebol, un air de samba ou les courbes d’une moça au corpo dorado pour qu’ils oublient leurs soucis. Un peuple joyeux et futile, quoi !
Mais, bidon, bidon, bidonville, vivre là-dedans c’est coton, comme chantait Nougaro. Après avoir eu l’illusion qu’ils allaient tourner la page du sous-développement, les brésiliens sont allés de désillusions en désillusions. La pauvreté est toujours là ; Les favelas sont tout sauf des destinations touristiques ; Et la violence fait plus de 54 000 morts par an, c’est le record du monde. Tous les facteurs sont réunis pour arriver à cette violence qui pourrit la vie quotidienne. Les mafias et les narcos, bien sûr, les inégalités criantes, le racisme encore – Au fait combien de noirs au gouvernement dans un pays où la moitié de la population est noire : zéro ! – mais aussi la corruption généralisée dans la police, l’administration, les affaires. C’est un des principaux freins au développement du pays. Mis en évidence par les chantiers de la Coupe du monde et des JO qui ont été l’occasion de détournements colossaux. 
Mais c’est ce que n’accepte plus la population. Et c’est cela le grand changement. Le Brésil a plus changé en 30 ans qu’en un siècle. Bien sûr la démocratie brésilienne est imparfaite, clientéliste, corrompue, contestée, mais elle a apporté les libertés, de la presse, de la Justice. Et les juges ne s’en sont pas privés pour mener l’opération « lava jato », nettoyage express, et tenter de nettoyer la classe politique et les milieux d’affaires. Même l’ancien Président Lula dort en prison, et combien d’anciens ministres ou députés … Et puis, même si beaucoup ont le sentiment de perdre à nouveau pied socialement, il y a eu quand même l’émergence des classes moyennes, l’espoir nouveau pour des dizaines de millions de brésiliens que leurs enfants fassent des études, sortent de la pauvreté : Les brésiliens d’aujourd’hui ne sont plus prêts à tout accepter sans broncher. 
Cela les conduira-t-il à choisir un candidat caricatural comme Jair Bolsonaro, le Trump tropical ? Ce n’est pas sûr, même si Fernando Haddad l’autre candidat qui devrait également arriver au second tour dans 3 semaines, n’a ni le charisme, ni la popularité de l’ancien Président Lula – empêché car en prison – dont il est l’ersatz, la marionnette diront certains. 
En fait, les brésiliens sont plutôt desafinados, désenchantés. Déjà il y a 50 ans, Antônio Carlos Jobim chantait à propos du carnaval : La tristesse n’a pas de fin, le bonheur si ! Le bonheur du pauvre est la grande illusion du carnaval(…). 
L’hymne national brésilien proclame : Géant par ta propre nature,(…)  ton avenir reflète cette grandeur
Beaucoup de brésiliens trouvent qu’il serait temps que le présent, leur présent reflète la grandeur de leur pays. 

Pour en finir avec …les clashs

Têtes à clash ou têtes à claques ? 
C’était quoi, c’étai(en)t qui le dernier clash ? Charles Consigny ? Yann Moix ? Qui déclarait que les policiers n’ont pas de couilles ? Eric Zemmour ? Qui rebaptisait Hapsatou, Corinne ? Laurent Wauquiez qui clashait le Premier Ministre Edouard Philippe : « Vous avez un problème avec les chiffres » et l’autre de lui retourner : « Et vous, vous avez un problème avec la réalité ». T’as vu la punchline ? KC ! Dans ta gueule !
Bon, pour être honnête, entre Wauquiez et Philippe le clash reste soft. Rappelons-le : il y a moins de deux ans, ils étaient encore camarades de parti. Aujourd‘hui ils veulent nous faire croire qu’ils sont Booba et Kaaris, alors qu’on ne les a pas vu se frapper à coups de flacons de parfum, juste nous endormir en 3 heures d’émission, dont on a retenu que quelques petites phrases, ce clash. Repris en extrait, en boucle. 
Voilà ce que devient l’information: Pour exister, il faut qu’il y ait de la reprise. Terminées les grand-messes où tout le monde suivait la même émission au même moment. Aujourd’hui, nous regardons à la carte, en replay, et en tranches, souvent sur Facebook, Twitter ou Instagram. Et pour capter notre attention au milieu du tsunami de sollicitations que nous recevons, les media se sentent obligés d’être racoleurs. 
Autrefois les titres courts qui claquaient, qui provoquaient étaient l’panage de la seule presse, dont les journaux « sérieux » disaient autrefois qu’elle était de caniveau, anglaise ou allemande, comme le Sun ou Bild. Aujourd’hui, tous les media s’y sont mis. C’est la dictature, l’envers de la médaille de l’info en continu. Tout est mis sur le même niveau. Tout devient «énorme», «historique». Un clash chasse l’autre. Et comme les clashs doivent claquer, pour exister, les politiques, journalistes, artistes se transforment en têtes à claques. 
Tout cela n’ayant qu’une seule et même finalité. Faire du buzz. Et faire vendre. Et ça marche. Qui connaissait le rappeur qui chante « Massacrez les bébés blancs » ? En dehors de sa mère et de sa voisine ? Personne. Et aujourd’hui il est le sujet de débats sur BFM ou LCI. 
Et ça marche. Le dernier livre de Zemmour est classé n°1 des ventes devant « Les prénoms épicennes » d’Amélie Nothomb, pourtant beau titre, belle plume. Stupeur et tremblements ! 
Demain : Pour en finir avec le buzz ( le bad buzz)

Pour en finir avec …la disruption !

Karl Marx était-il disruptif sans le savoir ? 

Ah ! si Karl Marx avait connu le mot disruptif… il aurait été « content manager » ou professeur de marketing ou publicitaire ou même Président de la République. 

Ainsi pendant sa campagne, Emmanuel Macron avait présenté son programme comme disruptif. Et il a été élu. L’aurait-il été s’il s’était présenté comme révolutionnaire ou simplement réformateur ? 
Aujourd’hui les PDG des grandes entreprises expliquent qu’ils vont disrupter leurs secteurs. Les media lancent des « concepts » d’émissions disruptifs. Des invités ou des chroniqueurs comme Charles Consigny ou Eric Zemmour sont présentés comme disruptifs
Si l’on regarde dans le dico, on lit que le premier sens de disruption signifie “rupture” ou “fracture”. Très utilisée en géologie. Et c’est là que les gourous du marketing interviennent et notamment le Président d’une des plus grandes agences mondiales de pub. Il est le premier à avoir publié un livre définitif sur la disruption. Et en 1992, de manière très classique et peu disruptive, il a même pris la précaution de déposer la marque. 
Même si l’on ne comprend pas trop ce que veut dire disrupter, c’est-à-dire  “fracasser » la grande distribution ou la vente de pizza, tout le monde emploie le terme. Bien sûr, on va vous expliquer que la « disruption » est un concept novateur, qui décrit une « stratégie d’innovation par la remise en question des formes généralement pratiquées sur un marché, pour accoucher d’une « vision », créatrice de produits ou de services radicalement innovants » (cf Jean-Marie Dru, le publicitaire mentionné plus haut). C’est un peu du charabia pour simplement expliquer que tout bouleversement technologique – et internet, le web, le numérique, la réalité virtuelle, l’intelligence artificielle etc… en sont – , modifie en profondeur les habitudes de pensée, les relations aux autres, les modes de production. C’est aussi bête que la découverte du feu, de l’imprimerie, ou du chemin de fer.
Mais soyez crédibles, dîtes disruption, et non bouleversement ou révolution. Car force est de constater que le marketing et les médias ont imposé ce mot qui peut être désormais utilisé dans n’importe quel contexte au lieu de “changer” ou “transformer”.
Comme toute mode, celle de la disruption passera, et l’on en reviendra aux fondamentaux. Et l’on redécouvrira qu’avant d’être « disruptif », de « penser différemment », il faudrait commencer par penser.

Pour en finir avec …le storytelling

Le Petit Chaperon Rouge: Quel storytelling !
Faute d’avoir de nouvelles idées, nous avons des concepts. « C’est quoi ton concept, coco ? ». En cherchant dans le dico, à concept on trouve « idée générale ». Mais essayez donc de vendre en annonçant : « L’idée générale, c’est… ». Alors qu’avec « concept » vous faîtes a priori sérieux. Et si en plus votre concept s’habille derrière une expression en anglais, ou plutôt en américain business, alors là, vous devenez crédible. Le but, c’est de faire croire que vous avez inventé l’eau tiède ou le fil à couper le beurre. Bien sûr que c’est faux : vous proposez simplement d’utiliser une vieille recette qui a fait ses preuves, et que vous rhabillez au goût du jour. Mais ce ne serait pas vendeur. Alors annoncez un concept, en anglais. 
Ainsi pour « storytelling ». En matière de communication, de communication par la vidéo, c’est incontournable. Pas besoin d’avoir étudié à Oxford, ou à Harvard, pour traduire ce que cela veut dire. Raconter une histoire. Dit en français, c’est moins « impactant ». Raconter une histoire, cela fait professeur des écoles. Raconter des histoires, cela aussi peut prêter à confusion : « Raconte pas d’histoires ! ».
Alors que storytelling, cela fait 3.0, jeune, innovant, adapté aux réseaux sociaux et aux nouveaux media. 
Et ne dîtes pas que c’est vieux comme l’humanité, comme les récits de déluge et d’Arche de Noé, comme Platon et la caverne. Les grecs anciens, quels formidables conteurs, quels storytellers
Et les contes et légendes ? Le Petit Chaperon Rouge, pour mettre en garde contre la pédophilie, Cendrillon, contre la maltraitance ?  Les frères Grimm ou Charles Perrault aujourd’hui, seraient les rois du digital marketing.
Le storytelling, c’est vieux comme le fait de savoir raconter une histoire pour expliquer quelque chose, pour faire passer un message. Mais surtout ne l’avouez jamais. Vous ne racontez pas d’histoires, vous faîtes du storytelling.

Demain : Pour en finir avec … la disruption.
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