Froid ? Comme les sanctions, Poutine connaît pas !
Quel temps de chien ! Il pleut, il neige ; Les cochers transis sur leur siège, Ont le nez bleu. (En cette semaine de la langue française, ceci est un hommage au poète Théophile Gautier… culture !). On avait cru que c’était le printemps avant l’heure et bim ! Le Paris-Moscou a débarqué sans crier gare (du nord). Dommage que la grève de 2 jours tous les 3 jours n’ait pas encore commencé.
Trop fort Poutine ! Car c’est lui, Конечно, qui est derrière tout ça pour fêter sa réélection. Theresa May le menace depuis Westminster, avec son air de nurse anglaise, pas marrante, et autour d’elle, tous les députés font « yeah ! yeah ! » quand elle annonce les sanctions à l’égard de la Russie. 2 jours après, toute l’Europe de l’Ouest grelotte. Et la nature qui commençait à pointer son nez risque d’en perdre ses bourgeons : Pénurie de fruits et légumes ce printemps ? Ils auront l’air malin les anglais cet été s’ils n’ont plus de petits pois pour accompagner leurs rosbifs.
Décidément le maître du Kremlin n’en a rien à faire de nos sanctions, d’autant que même si ce n’est pas forcément pour 2018, en tout cas en 2019 ou 2020, les prix du pétrole et du gaz vont remonter. Et puis, s’il lui prenait l’envie de nous couper notre approvisionnement, là, nous serions mal.
On le sait, la France a exprimé sa totale solidarité avec la Grande-Bretagne et pour bien montrer qu’il n’était pas content, le Président Macron a snobé le stand Russie au salon du Livre. Alors que la Russie était l’invitée d’honneur du salon cette année. Il paraît que cela a fait pleurer Poutine. Non, on plaisante, car ce dernier ne lit pas beaucoup de littérature en dehors des rapports de ses services secrets. En revanche, cela a consterné les écrivains russes dont beaucoup n’ont vraiment rien à voir avec Poutine. La prochaine étape c’est quoi ? Theresa May gèle les avoirs des oligarques russes installés à Londres ? En cette période de Brexit, cela serait hasardeux et parions qu’alors, en toute solidarité européenne, il se trouverait quelques métropoles pour leur faire la danse du ventre. Venez donc acheter un hôtel particulier à l’ombre des bulbes dorées de notre nouvel cathédrale orthodoxe de Paris. C’est bien triste mais encore une fois cela démontre que si tous les européens continuent à croire que séparés ils pèsent encore dans le concert des nations, il se trompent. « L’Union fait la force » dit-on souvent depuis le poète latin Esope. Mais apparemment un peu partout en Europe nous avons tendance à oublier cette loi de la géopolitique.
Emmanuel Macron et le nouveau député de la Guyane: Si pas le père Noël, qui et quoi alors ?
Le candidat En Marche a donc remporté les élections partielles en Guyane. Lénaïck Adam confirme sa victoire de juin dernier invalidée pour cause de listes électorales non signées.
Jean-Luc Mélenchon qui avait beaucoup mouillé la chemise en venant soutenir Davy Rimane, apparenté France Insoumise, dénonce une élection à la « Corée du Nord ».Dans les communes du « fleuve », le vainqueur, Lénaïck Adam a en effet obtenu jusqu’à 98 % des suffrages.
Cette comparaison est insultante pour la Guyane et montre qu’il ne suffit pas de faire un Paris Cayenne en business class pour comprendre les particularités électorales, sociales, culturelles de ce département vaste comme un sixième de la France. Et qui n’est ni Marseille, ni le Venezuela. Il faut faire un peu d’histoire.
La deuxième circonscription de la Guyane, l’Ouest guyanais, est en fait constituée de deux régions bien distinctes.
Le fleuve, le Maroni, où vivent les descendants des esclaves échappés des plantations, il y a 300 ans. A l’époque ils réussirent à former des tribus pratiquement indépendantes. Leur pays était avant tout le fleuve, partagée entre la France d’un côté et la Guyane Hollandaise, aujourd’hui Suriname de l’autre. Leurs tribus conservèrent beaucoup d’éléments de leur culture africaine d’origine. Ils créèrent une langue nouvelle, parlée aujourd’hui par beaucoup au Suriname, le sranan tongo, une langue très différente du créole guyanais ou antillais. On les appelle les bushinengés, les « noirs de la forêt » ou « noirs réfugiés ». Depuis vingt ans, leur poids a considérablement augmenté dans la société guyanaise: Emergence de nouvelles élites par le système éducatif, et en ce sens l’élection d’un « N’djuka », Lénaïck Adam, en est le symbole. Mais surtout, arrivée massive de nombreux bushinengés fuyant la guerre civile et la pauvreté au Suriname. Il leur suffit souvent de simplement traverser le fleuve. A la maternité de Saint-Laurent du Maroni, l’immense majorité des femmes qui viennent accoucher sont surinamiennes et leurs enfants peuvent souvent bénéficier du « droit du sol », même si, contrairement à ce que pensent beaucoup, il n’est pas automatique.
En dehors de toutes considérations politiques, il n’est donc pas étonnant que Lénaïck Adam, premier candidat originaire de ces tribus, fasse le plein des voix chez lui.
Mais l’autre partie de la circonscription, qui commence aux portes de Cayenne, et regroupe les communes de la côte, les communes des « savanes », avec notamment Kourou, est socialement et culturellement bien différente. C’est la Guyane créole. Mais ce terme doit être compris non pas dans le sens antillais, c’est-à-dire blanc colon, comme la martiniquaise Joséphine, la première épouse de Napoléon, mais noir et métis. Toute la classe politique guyanaise en fait partie : De Christiane Taubiraà l’actuel Président de région Rodolphe Alexandre, mais aussi Gaston Monnerville, président du Sénat, Félix Eboué, premier compagnon de la libération, du poète Léon-Gontran Damas ou de de l’écrivain René Maran, premier noir à obtenir le Prix Goncourt en …1921, pour « Batouala » ou « Roman nègre » !
Davy Rimane, le candidat France Insoumise, qui vient d’être battu, est lui-même un créole de Kourou. Et l’histoire de sa famille est celle d’une Guyane qui a été bouleversée par les 4O dernières années.
Jusque dans les années 60, les habitants des communes côtières pratiquaient une agriculture et un élevage extensifs, sur des terres sans vraie propriété, car la Guyane est immense. A l’abolition de l’esclavage, en 1848, les esclaves libérés ne furent pas contraints de rester travailler sur les plantations des békés, contrairement à ce qui se passa en Guadeloupe ou Martinique. Ils prirent leurs canots, remontèrent quelques kilomètres pour défricher un demi hectare ou un hectare pour y faire leur « abattis » et vivre ainsi entre cultures vivrières, chasse et pêche. Ensuite sont venus l’or, exploités surtout par des immigrés des Antilles, et le bagne, avec pour un certain nombre de « créoles », des boulots de commerçants ou de fonctionnaires à Cayenne ou à Saint-Laurent.
Dans les années 60, l’arrivée du Centre spatial de Kourou a été un premier choc. En expropriant et achetant à bas prix des terres qui effectivement ne valaient pas grand-chose à l’époque, pour y implanter la base de lancement d’Ariane, le gouvernement français a suscité un ressentiment, un sentiment d’injustice qui perdure jusqu’à aujourd’hui.
Et puis il y a l’immigration d’une ampleur que l’on ne peut pas imaginer en métropole. En 30 ans la Guyane est passée de 50 000 à 200 000 habitants, C’est comme si la France de 50 millions d’habitants en avait aujourd’hui… 200 millions. Les communes sont dépassées, les écoles submergées, le système de santé a explosé, et les infrastructures sont totalement sous dimensionnées. Il n’y a qu’un autre « département » dans la même situation catastrophique : Mayotte…
Tout un symbole d’ailleurs : Pour faire remonter les résultats électoraux, le gouvernement a été obligé de mettre en place en urgence un système de téléphone par satellite. Depuis plusieurs jours en effet la Guyane est coupée du web, internet et téléphone ne fonctionnent que par intermittence, le câble sous-marin qui la relie au reste du monde, ayant été accidentellement coupé. Il faudra plusieurs semaines pour le réparer.
Au pays d’Ariane, on croit rêver ou plutôt cauchemarder.
A la fin de l’année dernière, Emmanuel Macron avait prévenu qu’il n’était pas le Père Noël. Certes. Mais à défaut de cadeaux, il faudra un miracle, ou en tout cas, beaucoup, beaucoup, beaucoup de volonté et de financements pour que la Guyane ne soit plus française entièrement à part, mais à part entière.
« Désastre parlez-moi du désastre, parlez-m’en. » écrivait le poète Léon-Gontran Damas, un des pères de la négritude avec Césaire et Senghor. Il parlait de son éducation. Aujourd’hui cela s’applique à sa Guyane natale.
On est tous (toutes) fan de T’Challa, Nakia et Okoye , les héro(ine)s de Black Panther, la dernière super production des studios Marvel, c’est-à-dire de Disney. Le film cartonne au box-office américain. Et même en France où il explose le nombre d’entrées devant les Tuche, mais derrière la Chtite Famille.
Mais si l’on parle de ce film comme d’une première, c’est d’abord parce que son casting n’est pratiquement que « afro-américain », et que tous ses héros et même super héros, sont noirs. Voilà donc des millions de spectateurs qui s’identifient à des noir(e)s musclés, belles, beaux, intelligents, courageux.
On mesure le chemin parcouru depuis « Autant en emporte le vent » (1939) où les héros noirs sont surtout des bonnes, comme « Mamma » qui ne cesse de répéter à Vivian Leigh « C’est pas bien Mam’ Scarlett ». En roulant des yeux.
Pour ce rôle, Hattie Mc Daniel fût la première noire à recevoir un Oscar, de meilleur second rôle. Mais elle dût faire table à part au moment de recevoir son prix, ségrégation oblige. Et Hollywood la cantonna jusqu’à sa mort dans des rôles de bonnes. Critiquée par les mouvements des droits civiques pour les noirs, cette fille de parents nés esclaves répondit : « Je préfère jouer les bonnes, plutôt qu’être une bonne ».
Depuis bien sûr, l’eau a coulé dans le Mississipi. Avec par exemple des acteurs emblématiques comme Sidney Poitier, premier noir à remporter un oscar en 1964, et des rôles marquants dans « Devine qui vient dîner ? » ou « Dans la chaleur de la nuit ». Et puis bien sûr toute la génération Spike Lee, et des acteurs qui font la jonction avec le rap comme Will Smith, sans oublier l’inoubliable Whitney Houston. Qui n’a pas rêvé être son « bodyguard » ?
Il manquait donc un « blockbuster » noir. C’est fait. Attirant des spectateurs bien au-delà de la communauté afro-américaine, on peut donc imaginer que des millions de blancs y compris parmi ceux qui ont voté Trump, qui trouvent qu’il y a trop d’immigrés aux Etats-Unis, et que la place des blancs y est menacée, adorent ce film; Et qu’avant d’aller vider leur chargeur d’armes automatiques dans des églises « noires », des doux dingues racistes vont admirer les scènes d’action et de guerre de « Black Panther ».
Et puis, ce film aide-t-il vraiment à une meilleure connaissance de l’Afrique ? Même si vous ne l’avez pas encore vu, vous n’avez pas pu passer à côté de ces affiches où les superhéros noirs sont habillés en costumes de super héros mais avec une touche « ethnique » genre : Un collier en dents de tigres, car c’est bien connu tous les africains portent des colliers en dents de tigres ou en poils d’éléphants. L’Afrique revue et corrigée par Hollywood, dans la lignée d’Hakuna Matata ( Le roi Lion), ou de la France vue par Ratatouille ou de Kuzco, dessin animé supposé se dérouler chez les Incas et qui, apparemment, a structuré l’imaginaire de Donald Trump sur les Indiens d’Amérique.
Des micro-trottoirs ont été réalisés à la sortie des salles de cinéma, aux Etats-Unis. Et beaucoup de spectateurs, noirs, se sont émus de la situation du royaume du Wakanda réclamant une intervention de l’armée américaine. Hélas, ce n’est pas ce royaume fictif pour lequel il faudrait s’inquiéter, mais pour la situation au Sahel, les enlèvements de Boko Haram au Nigeria ou Nord Cameroun, la situation au Congo, la chute sans fond de l’Erythrée ou de la Somalie.
Mais pas sûr que cette réalité-là fasse exploser le box-office.
Ouf ! c’est passé. Mal peut-être, mais c’est fait. Nous allons pouvoir passer à autre chose, parler d’autres choses, entendre autre chose que : Le PSG peut-il battre le Real ?Paris pourra-t-elle réussir sa remontada ? Résultat : Ce fût la remonta-nada, Waterloo-morne plaine, et même pas parce qu’il paraît qu’à Waterloo, sommé de se rendre Cambronne répondit aux anglais : Merde, ce qui fait que deux siècles plus tard on parle encore de lui. Alors que là on ne souvient plus déjà de personne.
Sauf de l’absent : – un seul être vous manque et tout est dépeuplé- Neymar, bien sûr, qui est convalescence. Enfin précisons : Le pied en l’air peut-être mais dans sa villa de Mangatariba. Un cadre – comment dire – digne d’un milliardaire comme Bernard Arnault, dont on est content d’apprendre qu’il est plus riche que l’an dernier de 18 % : Une villa hollywoodienne, saint-tropézienne, mais à la mode brésilienne. Une résidence généreuse : 1600 m2 (On se demande ce qu’il peut en faire, pense le jaloux dans son studio, et puis heureusement que c’est au Brésil, sinon bonjour le chauffage !), au milieu d’un domaine privé de 2500 hectares, avec forêt « vierge » privée, plages privées, on peut y accoster en bateau ou y atterrir en hélico, et surtout, gardes, barbelés, hypersécurisée ! Car on est au Brésil où l’on assassine dix fois plus que dans le 9-2 ou 9-3 ou 1-3, autant qu’en Afrique du sud, mais comme c’est sur fond de samba et de carnaval, on en parle moins à l’étranger.
Il paraît que Neymar s’est achetée une machine à produire 300 kilos de glaçons par heure, mais on ne sait pas si c’est pour sa rééducation ou pour ses fêtes. Et l’on ne sait pas trop si la défaite du PSG ne lui donnera pas l’envie d’aller voir ailleurs.
Mais revenons à Paris et à sa défaite. Ce n’est pas le fait d’être marseillais ou lyonnais ou strasbourgeois, que de se dire : Ouf ! on va pouvoir souffler. Car ces derniers jours, ces injonctions de « tous être derrière Paris » reprises par les médias en boucle, venant même des politiques, commençaient à être insupportables. Et relevant de la pensée magique.
Car en dehors des supporters dans le stade, hurler devant son poste de télé en partageant des pizzas et des bières, peut-il vraiment changer la physionomie d’un match ? Répéter « Ensemble on peut le faire » peut-il changer les faits ? Et les faits, c’est que, devenir un club de niveau mondial, ne se décrète pas, cela se construit. A moins de payer les arbitres (Et là le regard descend jusqu’au stade vélodrome), les clubs français ne sont pas encore à la hauteur des italiens, espagnols, allemands, anglais… Il va falloir encore beaucoup de centaines de millions pour que Paris devienne vraiment magique !
Effrayant ce spectacle de villes, routes, autoroutes bloquées par la neige, de ces « naufragés » de l’autoroute A9. Terribles, ces heures de froid et détresse pour quelques 2000 automobilistes, ces centaines de chauffeurs de poids lourds. On peut comprendre qu’ils soient vénères, qu’ils « haient » la rage, et d’ailleurs on les a entendus à longueur de breaking news, sur toutes les chaînes, tous les media, tous les réseaux sociaux sous le titre dramatique « Le Moscou-Paris s’abat sur la France ».
On met en cause le nombre de chasse-neiges. Mais Montpellier n’est pas Montréal, et dans la région on a sans doute plus besoin d’avions canadairs que de saleuses.
On tente de mettre en cause la météo. Mais leurs prévisions étaient claires, et répétées en boucle, peut-être trop. A force de crier au loup (Aucune allusion au Président récitant Pierre et le loup lire le blog précédent https://pierrethivolet.blogspot.fr/2018/02/emmanuel-macron-et-les-loups-un-conte.html), on n’y croit plus. Trop d’info tue l’info.
On cherche un coupable et notre premier réflexe, est d’accuser le gouvernement. Et hop ! on fait un sondage express sur twitter : Vous avez une heure, répondez à la question : « Pensez-vous que le gouvernement ait bien géré la neige ». Et le verdict : « Non » à 70 %. Il aurait dû interdire la neige en hiver.
Mais si l’on prend un peu de hauteur, juste à l’échelle européenne, on se rend compte que tous les européens ont été saisis par le froid, et que partout, de l’Irlande, Grande-Bretagne à l’Italie, l’on a vu les mêmes scènes et l’on a entendu les mêmes critiques : Mais que fait le gouvernement ? Partout sauf à Moscou. Pas seulement parce qu’il y fait toujours froid en hiver, mais surtout parce que Poutine est forcément génial, forcément à la hauteur de toutes situations même de catastrophe naturelle. A 15 jours des élections qui le rééliront Président, il vaut mieux ne pas dire le contraire. Sinon c’est la Sibérie, la vraie.
Mais les naufragés de la neige se sont également plaints du manque d’information ; Comme d’ailleurs, il y a quelque temps, les naufragés du rail, en rade de TGV en Gare Montparnasse ; Comme pratiquement tous les jours, les usagers (usagés ?) du RER B qui se retrouvent abandonnés en Gare du Nord à Paris. A l’heure du tout info, des tweets, de la géolocalisation, des alertes, des messageries instantanées, c’est le grand silence sur nos smartphones.
S’il y a une faillite des autorités, c’est peut-être dans ce domaine. Il ne suffit pas d’aller inaugurer dans une ancienne gare la plus grande pépinière de start-ups. Ou de répéter « La France est une nation de start-upers ». Encore faudrait-il que le web serve vraiment à tous les citoyens et que ce ne soit pas uniquement l’administration fiscale qui se mette au numérique. Et vite.
Le Président dans Pierre et le loup à l’Elysée: Un message pour les éleveurs ?
Parmi ses nombreux talents, notre Président, a notamment celui du théâtre. Et c’est ce goût pour le jeu d’acteur et la littérature qu’il va mettre en avant en acceptant d’endosser le rôle du récitant dans Pierre et le Loup. Un conte musical composé par Prokofiev.
Mais Emmanuel Macron met la barre très haut.
D’abord parce que le nombre et la qualité des comédiens qui l’ont précédé dans ce rôle, sont assez impressionnants. Galabru, Rochefort, jusqu’à Gérard Philippe. Gérard Philippe… La plupart d’entre nous ne l’ont pas connu, mais il suffit de revoir ou d’écouter une captation du « Prince de Hombourg », de « Lorenzaccio », ou du « Petit Prince » de Saint-Exupéry pour être immédiatement envouté par cette voix, ce charisme. Et puis, il a été Rodrigue, dans « le Cid » bien sûr… Pas de mauvais esprit : La célèbre tirade « Nous partîmes cinq cents ; mais par un prompt renfort nous nous vîmes trois mille en arrivant au port » n’évoque pas le succès de « En Marche ». Mais plus la reconquista des espagnols se regroupant pour bouter les arabes hors d’Espagne.
Mais revenons à nos moutons. Et justement, quand on est Président, toute décision, même le choix d’un conte pour enfants, a une signification. Emmanuel Macron veut-il donc faire passer un message aux éleveurs de mouton ?
Dans Pierre et le loup, Pierre ne tue pas le loup qui terrorise le village. Il l’attrape par la queue. Est-ce ce que suggère le Président par exemple à cet éleveur qui au salon de l’agriculture tenta de lui expliquer, des sanglots dans la voix, son immense peine de retrouver au petit matin ses brebis dévorées par les loups ? Le Président le renvoya au préfet et au Plan Loup. Un Plan Loup qui tente de trouver un terrain d’entente entre les défenseurs des lupidés et en même temps les éleveurs.
Le Ministère de la transition écologique va autoriser 40 prélèvements – c’est-à-dire abattage – de loups. Cela fait hurler les écolos. Mais c’est insuffisant pour les éleveurs qui se sentent désarmés face à la rapide expansion des meutes de loups. L’an dernier 42 meutes recensées, plus de 360 individus. Disparus dans les années 30, les loups sont revenus d’Italie par le Mercantour, ils sont aujourd’hui dans le Vercors, en Savoie, en Lozère, on en aurait vus en Aveyron. Et les attaques se multiplient : 1000 moutons ou brebis dévorés en l’an 2000, plus de 10 000 l’an dernier. On a bien essayé d’utiliser des chiens formés pour la protection des troupeaux, comme les patous, mais cela ne suffit pas. En fait, il faudrait enfermer tous les troupeaux la nuit ce qui est évidemment totalement antinomique avec l’estive et les alpages.
Bien sûr, les loups ne mangent pas les enfants ni les adultes. Comme on le voit dans « L’Homme à l’envers », le passionnant polar de Fred Vargas, qui se déroule justement dans le Mercantour, on met parfois sur le dos des loups des crimes commis par des hommes ou des attaques commises par des chiens errants.
Bien sûr pour chaque bête, l’Etat paie une indemnité. Cela commence d’ailleurs à chiffrer. De 80 à 520 euros par tête, encore faut-il que la carcasse de la bête soit retrouvée
Et l’économie pastorale, indispensable pour l’entretien des montagnes, et le maintien des hommes et notamment des jeunes dans des régions où il n’y a pas beaucoup d’autres ressources, est déstabilisée par cette nouvelle donne écologique. Beaucoup d’éleveurs sont découragés.
Le plan Loup du gouvernement arrivera-t-il à ménager la chèvre et le loup ( le choux ?).
Toute le semaine TF1 a fêté les 30 ans du journal de 13 heures présenté par Jean-Pierre Pernault. Après avoir été moqué comme un journal un peu plouc, le succès et la longévité de la formule ont fait taire les critiques. Et beaucoup ont reconnu le mérite de parler de la France de partout et non pas uniquement de Paris.
Mais Jean-Pierre Pernault ne s’intéresse pas uniquement à l’actualité franco-française. Et cela a été rappelé dans une rétrospective diffusée jeudi soir dans le journal de Gilles Bouleau. Les moments forts des 30 ans du journal de 13 heures avec notamment l’ouverture du mur de Berlin.
Et c’est vrai, qu’en raison de la chronologie, le mur ouvrant dans la nuit du jeudi 9 novembre 1989, c’est bien le 13 heures du Vendredi 10 novembre qui a diffusé notre premier reportage réalisé à Berlin-Est où je me trouvais avec mon équipe depuis plusieurs jours.
Mais Jean-Pierre Pernault a fait mieux. A l’époque, la rédaction de TF1 avait peut-être un peu sous-estimé l’importance de ce qui était en train de se passer. Même si Patrick Poivre d’Arvor a toujours été intéressé et prompt à réagir à l’actualité internationale, et aux propositions remontées par les correspondants à l’étranger, ce week-end là TF1 était passée à côté de l’Histoire. En raison de l’encombrement des liaisons satellites traditionnelles, aucun sujet envoyé par les équipes dépêchées à Berlin-Ouest n’arrivait à temps à Paris. Les seuls reportages qui parvenaient à être transmis régulièrement étaient les nôtres diffusés depuis la télévision est-allemande à Adlershof.
Le samedi soir, alors que nous nous trouvions dans la régie de la télévision de Berlin-Est, la technique à Paris me fait partager l’ambiance à la rédaction : « Patrick Lelay vient d’arriver. Il hurle. Il veut tous nous virer. Certains pleurent ». « Mais qu’est-ce qui se passe ? » « Le ratage depuis Berlin-Ouest. L’émission spéciale programmée pour le samedi 13 heures annulée ».J’explique que nous pourrions peut-être tenter un coup depuis Berlin-Est. On me passe Patrick Lelay. Il m’écoute en silence. Je lui explique que nous avons de bonnes relations avec les dirigeants et les équipes de la télévision est-allemande et qu’ils ont les moyens d’organiser un direct depuis le mur, côté Est. Mais que ça va coûter de l’argent et en devises de l’Ouest. Réponse immédiate « Carte blanche ». Dans la nuit nous négocions avec la télévision est-allemande. Et le Lundi 13 novembre dans le journal de Jean-Pierre Pernault, nous réalisons le premier direct debout sur le mur côté Est, donc inaccessible aux journalistes de l’Ouest, devant la Porte de Brandebourg. Il m’avait semblé à l’époque que Jean-Pierre était ravi que ce premier direct se déroule dans son journal. Pour toute notre équipe à Berlin ce fût également un moment inoubliable. Et en ce qui me concerne je me souviens qu’à quelques secondes près, j’ai évité une chute spectaculaire. Pas celle du mur, mais la mienne, du mur. En effet, pendant le direct je me déplaçais en reculant sur le mur qui était très étroit. Juste après avoir rendu l’antenne, en baissant les yeux, j’ai découvert que deux de mes collaborateurs étaient accroupis, près à m’attraper les pieds, je n’étais qu’à quelques millimètres du vide. Une question de plus de Jean-Pierre et je basculais !
Barrot-Wauquiez: C’était avant “le meurtre” du père ?
Il est indécent de faire parler les disparus. Comme toutes celles et ceux qui citent à tout bout de champ le Général De Gaulle. « Comme disait le Général » ou «Imaginerait-on De Gaulle faire cela ? ».
Mais l’on peut quand même avoir un peu de mémoire et à Yssingeaux, dont Jacques Barrot a été le député maire, en Haute-Loire, qui a été la première marche dans l’ascension de Laurent Wauquiez, on se souvient même si personne ne moufte.
C’est Jacques Barrot qui avait repéré le jeune normalien et énarque Laurent Wauquiez. C’est lui qui en 2004, lui avait servi comme sur un plateau sa circonscription. Sur le point d’entamer une carrière européenne, comme commissaire à Bruxelles, il était tombé sous le charme de ce jeune homme brillantissime qui connaissait mieux la rue de Sèvres du très chic 7 ème arrondissement de Paris, que le foirail ( la Place du marché) à Yssingeaux.
Un ancrage local quasi-inexistant(1) – les Wauquiez étant une famille d’industriels du nord de la France – mais avec le parrainage de Jacques Barrot, l’élection était gagnée d’avance.
A 29 ans, Wauquiez est donc élu député, benjamin de l’Assemblée nationale. Ensuite sa conquête du pouvoir passe par celle du Puy-enVelay, jusque là une belle endormie gouvernée par la gauche.
Gestionnaire dynamique, bull-dozer politique, il commence par éliminer systématiquement toutes celles et ceux qui pourraient rappeler son ancien mentor. Même le fils de Jacques Barrot a dû aller se présenter en région parisienne. Il a été tout récemment élu député La République en Marche, à Vélizy.
Wauquiez est sans pitié pour toute opposition, il coupe toutes les têtes qui dépassent, une tactique qu’il applique également à la tête de la régionAuvergne-Rhône-Alpes. Gaël Perdriau, le maire de Saint-Etienne pourtant Les Républicains lui aussi, se heurte régulièrement au Président de la région, qui en représailles bloque ou diffère des financements promis. Et en octobre 2017, il avait très peu apprécié les déclarations de Wauquiez sur «les quartiers perdus de la République à Saint-Etienne et Firminy ». Des déclarations pas du tout « off ».
Pour ceux qui le suivent et le connaissent depuis longtemps comme le journalisteFabrice Veysseyre-Redon, originaire de la Haute-Loire qui doit publier en mai un livre : Laurent Wauquiez, la conquête du pouvoir, les déclarations du Président des Républicains sont tout sauf un dérapage : « je ne peux pas imaginer qu’il n’ait pas intégré le fait que cela pouvait sortir… Laurent Wauquiez a longtemps été quelqu’un qui montait sur le ring, et qui tapait très fort. Ça fait partie de sa personnalité : il aime quand ça castagne ».
On est fort loin de Jacques Barrot, un homme politique mal connu hors de la Haute-Loire et pourtant une des personnalités marquantes de ce courant politique un peu oublié aujourd’hui que fût la démocratie chrétienne. Courageux, par exemple quand il dût appliquer la réforme de la carte sanitaire à sa propre ville d’Yssingeaux, avec la fermeture de la maternité, mais homme de concertation, européen convaincu, très, très loin des positions défendues aujourd’hui par son ancien poulain.
Jacques Barrot était à l’image de cette Haute-Loire, pays des justes pendant la seconde guerre mondiale – et il n’y en eut pas tant que ça en France – héritier politique et moral de son père, Noël Barrot, pharmacien à Yssingeaux, lui aussi député centriste jusqu’à sa mort en 1966.
La morale de ce bullshit est peut-être à trouver chez l’écrivain Jules Romain, alias Louis Farigoule, qui – lui – est un vrai enfant de la Haute-Loire, né à Saint-Julien-Chapteuil : “La politique est l’art d’arriver par n’importe quel moyen à une fin dont on ne se vante pas.”. Mais il est vrai qu’à l’heure de twitter, peu de personnes ont encore le temps de lire les 27 tomes de sa saga « Les hommes de bonne volonté ». Surtout pas quand on est un homme politique pressé. ———————— (1) La mère de Laurent Wauquiez possédait une résidence secondaire au Chambon-sur- Lignon, commune dont elle est aujourd’hui la maire
Couvrez ce sein que je ne saurais voir. C’est vieux comme Molière et son Tartuffe. Eh! bien les Tartuffes, faux dévots, vrais pudibonds ne se sont jamais aussi bien portés qu’aujourd’hui.
On pense bien sûr tout de suite à cette peur obsessionnelle du corps des femmes que l’on retrouve chez tous les partisans du voile, niqab, hidjab, ou burqa. Leur port est justifié par le signe de respect vis-à-vis de Dieu. Mais comme par hasard c’est toujours les femmes qu’il faut voiler, couvrir, cacher, parce qu’elles susciteraient le désir des hommes. Même le bruit de leur démarche pourrait exciter.
Les hommes peuvent bien porter des jeans moule bites, des T-shirt serrés, faire de la muscu, se faire beaux, sexy, pas de problèmes. Mais pour les femmes, il ne faut pas qu’un bout de cheveu dépasse. Les robes doivent être amples avec des blouses, pour qu’on ne devine pas leurs formes. Résultat des sociétés schizophrènesobsédés par le sexe interdit. A ce sujet le livre de Leila Slimani « Sexes et mensonge »: La vie sexuelle au Maroc, est atterrant.
Cette obsession du corps des femmes se retrouve aussi dans les autres grandes religions monothéistes. Perruques, collants et manches longues chez les juifs orthodoxes, voiles chez les religieuses catholiques ou orthodoxes : Que les 3 grandes religions soient nées dans la même région où régnait une culture patriarcale qui soumettait les femmes au pouvoir des hommes, y est sans doute pour beaucoup.
Mais aujourd’hui, la pudibonderie nous vient des Etats-Unis. Les GAFA: Google, Apple, Facebook, Amazon, toutes américaines, font la pluie et le beau temps sur notre manière de voir le monde, plus rapides à cacher un sexe ou un sein qu’à interdire des propos racistes.
Et cela s’étend: Il y ainsi l’affaire des nus décharnés du peintre Egon Schiele, peints en …1910. Les affiches de sa rétrospective à Vienne en 2018 ont été censurés sur les murs de Londres ou de Cologne. Certains voudraient cacher les nus des fresques de la chapelle Sixtine peintes par Michel-Ange (1512 ) qui, comme on sait, s’y connaissait en matière d’anatomie masculine. Faudra-t-il bientôt mettre un slip à son David à Florence, des robes aux nus de Maillol dans les jardins des Tuileries, rhabiller le Mannekenpis à Bruxelles ?
Et puis il y a Facebook qui au nom de sa lutte contre la pornographie censure des œuvres qui font partie du patrimoine mondial de l’humanité. Ainsi il ne faut pas prendre le risque de publier la photo du tableau « L’origine du monde »: Ce tableau de Gustave Courbet de 1866. Il représente – ce serait trop court de dire le sexe d’une femme – non :Un gros plan des cuisses et de l’entre jambes d’une femme. L’origine du monde puisque tout être humain passe par cet endroit.
En 2011, Facebook a supprimé le compte d’un enseignant français qui en avait publié une photo. Ce dernier a porté plainte. Au bout de 7 ans, il a réussi à ce que l’affaire soit jugée à Paris, ce qui a été le cas il y a quelques jours. Verdict début Mars.
On saura alors si les nouveaux ayatollahs se trouvent à Cupertino ou à Moutain View.
“Les syndromes s’aggravent”. La Groko (un crocodile dominée par la CDU) tente de calmer les soubresauts d’une queue socialiste.
Ce n’est pas la première fois qu’en Europe, un pays continue de fonctionner sans gouvernement.
En Italie, c’est assez récurrent. 50 jours en 2013, plus de 60 gouvernements depuis la fin de la guerre, et des élections de Mars prochain qui n’annoncent pas de majorité claire.
209 jours aux Pays-Bas, après les élections de Mars 2017, 315 jours en Espagne après les élections de décembre 2015, le record étant (évidemment ?) détenu par les belges : 541 jours sans gouvernement après les élections de 2010.
A chaque fois c’est le système électoral et le scrutin à la proportionnelle qui permettent à de plus en plus de partis de plus en plus petits de siéger au Parlement. Est-ce plus démocratique que notre système majoritaire, en France mais aussi en Grande-Bretagne ? C’est loin d’être sûr. Car pour arriver à former un gouvernement les partis arrivés en tête sont obligés de négocier dans la plus grande opacité avec des formations représentant parfois de tout petits intérêts particuliers ou défendant des positions extrémistes. L’actuelle coalition au pouvoir aux Pays-Bas associe ainsi 4 partis qui vont du parti libéral, centriste, à l’Union chrétienne, très conservatrice sur le plan sociétal.
En Espagne, il y a longtemps qu’il n’est plus possible d’avoir une majorité aux Cortès sans l’appui de partis régionaux nationalistes, basques, catalans, qui réclament à chaque fois, plus d’autonomie, plus de pouvoir local. La « crise » catalane – qui n’est toujours pas réglée, et la Catalogne est toujours sans vrai gouvernement – est sans doute en partie le résultat de ces reculades.
Et puis, il y a l’Allemagne. Sans gouvernement depuis les élections du 24 septembre! Une groko, grande coalition, entre droite et gauche semble enfin sur les rails. Quoique peut-être déjà morte avant d’être accouchée.
Le SPD est divisé. Ses 450 000 militants pourraient bien dire non à un accord qui serait le troisième avec le parti d’Angela Merkel, et dont à chaque fois ils ressortent encore plus affaiblis ! 20 % des voix pour le parti de Willy Brandt et Helmut Schmidt: On se pince.
Mais c’est à peine mieux du côté de Merkel, qui certes a gagné les élections, mais en une victoire à la Pyrrhus. La chancelière a imposé une partie de ses choix, notamment en ce qui concerne l’accueil massif de migrants, à son parti et ses alliés. Et elle l’a payé par une fuite d’une partie de son électorat vers l’extrême-droite. Sans doute était-ce le mandat de trop, son quatrième, mais Angela a tellement écrasé la vie politique allemande, et celle de son parti, qu’on ne lui voit pas de successeuse(eur).
Tout cela est très embêtant. Pour l’Allemagne, bien sûr. Même si elle continue de tourner. Et de très bien tourner, avec des excédents commerciaux records, pas d’endettement, pas de chômage, et enfin, une remontée des salaires et des investissements. S’il n’y a pas de gouvernement à Berlin, il y en a 16 qui continuent de fonctionner, c’est l’avantage de l’organisation très décentralisée en Länder.
Mais c’est sur le plan européen que cela commence à être inquiétant et notamment pour nous. Pas d’avancées européennes sans les allemands. Adieu les rêves européens d’Emmanuel Macron sur des sujets comme l’harmonisation des fiscalités, la gestion de l’euro, le financement des dépenses des opérations militaires extérieures, le renforcement d’une politique d’immigration commune, la France ne peut rien toute seule.
On l’a vu d’ailleurs au moment des négociations sur le glyphosate. Alors qu’Angela Merkel était proche de la position française, et avait demandé que l’Allemagne s’abstienne, son ministre de l’agriculture, sans prévenir personne, a voté en faveur du renouvellement pour 5 ans de cet herbicide produit notamment par l’industrie chimique … allemande.
Si les taux d’intérêts commencent à remonter, si les nuages s’accumulent sur l’économie mondiale, nous nous trouverons alors fort dépourvus sans notre amie la fourmi allemande, lorsque la bise sera venue.