BLOGODO

Le blog de Pierre M. Thivolet, journaliste

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On nous cache tout on nous dit rien on nous informe vraiment sur rien.

Médisez, médisez, il en restera toujours quelque chose…
Hulot aurait-il fait ce qu’on lui reprocherait d’avoir fait, peut-être mais c’est pas sûr et puis c’était il y a longtemps et puis y-a-t il eu plainte, pas plainte ? Et Darmanin ? Il a couché mais a-t-il violé ? Et Emmanuel Macron ? Avait-il une liaison avec Mathieu Galley ? Aurait-il eu un compte dans un paradis fiscal ? Bien sûr le Président a su à l’époque répondre avec humour, et se dégager de ces rumeurs mais il y en a encore qui pensent : Il n’y a pas de fumée sans feu.
Et Mennel, l’ex candidate à The Voice ? Cacherait-elle une âme de terroriste pour des tweets écrits il y a deux ans après les attentats et inspirés par les thèses complotistes ? Est-elle impardonnable, contrairement à un Mathieu Kassovitz ou un Jean-Marie Bigard ou une Marion Cotillard qui se lancent parfois dans des élucubrations géo-politiques douteuses. Comme: Le 11 septembre est un fake, un complot organisé au choix par la CIA ou les services secrets israéliens. Pourtant, apparemment, ils ne sont pas interdits de casting, contrairement à la jeune Mennel qui pourtant s’est confondue en excuses et en regrets. Le foulard dont elle s’était marrée la tête a dû sans doute peser dans la balance pour expliquer le déferlement sur les réseaux sociaux. Elle avait pourtant choisi d’interpréter de manière bouleversante Allelujah de Leonard Cohen. Un symbole de paix, non ?
On nous cache tout on nous dit rien. Ce n’est pas très nouveau : Jacques Dutronc le chantait déjà en … 1966. On nous informe vraiment sur rien.
Tous les corbeaux ne sont pas journalistes. Tous les journalistes ne sont pas des corbeaux. Creuser une info pour arriver à des faits et à des preuves, croiser ses sources, vérifier ses infos, c’est le boulot de journaliste. C’est ce qui fait la différence entre un « Ebdo » – qui titre sur l’affaire Hulot alors qu’à la lecture on voit que toute l’enquête reste à faire –  et « Le Canard Enchaîné » – qui depuis 103 ans sort régulièrement de vrais cadavres des placards de nos politiques – . Et quand ils se trompent, ils le reconnaissent dans la rubrique « pan sur le bec ».
On disait autrefois: Avant de parler, tourner sa langue sept fois dans sa bouche. Aujourd’hui à l’heure du tweet que faut-il faire ?

Emmanuel Macron au Sénégal. Pas de booty shake avec Rihanna

Rihanna, twerk endiablé ou suppôt de Satan ? 
Y’a quand même des bons côtés au boulot de Président. D’abord on peut devenir copain avec des people et par exemple claquer la bise à Rihanna. L’été dernier, la belle barbadienne aux yeux verts avait été reçue à l’Elysée pour parler éducation. Elle ne fait pas que chanter, danser, ou sortir avec d’autres people si possibles milliardaires, elle est aussi Ambassadrice de bonne volonté du Partenariat mondial pour l’éducation. Et depuis – elle l’écrit sur tous les réseaux sociaux- Riri ne jure plus que par Emmanuel et Brigitte.
Autre bon côté du boulot de Président: On peut se programmer des visites officielles dans des pays où il fait beau quand chez nous en France, on n’a pas vu le soleil depuis 3 mois, et qu’on déprime.
Cette semaine, après la Tunisie, le Sénégal.
Bien sûr, Emmanuel Macron n’y va pas pour faire de la bronzette. Il va enchaîner discours sur discours, rencontres officielles, lutte contre la montée des eaux, bain de foule à Saint-Louis, serrages de main, même quand on a 40 ans, c’est épuisant.
Mais cherry on the cake, savez-vous qui il va retrouver à Dakar ? Riri, Rihanna, celle qui danse le booty shake comme personne, à damner un saint, à déradicaliser un islamiste. Mais problème justement. Un collectif regroupant une trentaine d’associations religieuses sous la bannière « Non à la franc-maçonnerie et à l’homosexualité » l’a déclarée « persona non grata » et menace de provoquer des troubles. Pas parce qu’elle twerke de manière endiablée, mais parce qu’elle serait franc-maçon, membre des illuminati. Et sa visite au Sénégal pour la Conférence du Partenariat mondial pour l’éducation pour l’éducation ne serait qu’une couverture pour cacher un grand complot visant à faire des jeunes sénégalais des disciples de satan.
Vous pensez que c’est un fake, une info du Gorafi ? Non c’est une menace sérieuse, ces activistes viennent même de réussir à faire annuler les 26 èmes Rencontres franc-maçons africaines et malgaches qui devaient se tenir le 2 février à Dakar. Et les homos semblent obséder ces intégristes autant que les franc-macs : Le fils du chef des Tidianes, une des confréries religieuses les plus importantes du Sénégal, a même déclaré : « Si j’en avais le pouvoir, je financerais des jeunes pour traquer les homosexuels, les découper et les enterrer».
Bien sûr le Sénégal reste le pays de la « teranga », de l’hospitalité. Bien sûr, c’est un pays plutôt démocratique, où l’on préfère le débat et les discussions jusqu’au bout de la nuit à la violence et au coup de force, bien sûr l’Islam au Sénégal a la réputation d’être plus tolérant, mais… La pauvreté qui ne recule pas, le sentiment que la majorité ne profite pas d’une relative croissance, le chômage des jeunes, des étudiants, tous les ingrédients sont là pour favoriser la montée de l’intégrisme. La campagne « Rihanna suppôt de Satan » qui en d’autres temps et d’autres lieux aurait prêté à rire, en est une nouvelle démonstration. Et cela est d’autant plus inquiétant au moment où dans le dispositif de la lutte contre l’Etat islamique au Sahel, le Sénégal et son armée sont appelés à jouer un rôle de plus en plus important, faisant du pays une cible pour les terroristes.
Finalement la rencontre Manu-Riri risque d’être moins booty shake qu’imaginée.


Est-ce avouable? Ne pas avoir envie de voir « Les Tuche » 1, 2 ou 3.

Je pense donc je tuche, ou bien, je tuche donc je suis. N’importe quoi !
Tout le monde en parle. Il paraît que c’est génial, que c’est drôle, pas intello mais marrant, une comédie à la française avec un peu l’esprit des Deschiens – vous savez cette mini série quotidienne, un peu trash, totalement absurde, le comique décalé, mais ça c’était avant. C’était au temps de Canal +. La vraie. 
Revenons aux Tuche(s). Des français de base, venant d’une province qu’on situe entre les chtis et la soupe aux choux, d’une zone « grise », loin de la Macronie et des premiers de cordée, en fait la vraie France. Et qui se retrouvent à Monaco et aujourd’hui à l’Elysée.
Les Tuche, nous dit-on, sont un phénomène de société. Se reconnaître dans les Tuche, ça appartiendrait un peu à l’identité française, comme aimer le camembert, soutenir les bleus, ou même le PSG face au Real ( quoique là, c’est moins évident, parce que Parisiens, têtes de chien , et puis Madrid c’est Zizou…).
Si l’on ne rit pas aux éclats à une de ces répliques devenues cultes, paraît-il, comme « Tuche pour un, un pour Tuche », ou bien « Avec Jeff Tuche, personne ne reste sur la tuche », est-on un mauvais français ?
Et qu’en pense Zeymour ? Les Tuche, est-ce mieux que le rap ? Plus proche de Chateaubriand ? Si l’on ne se bidonne pas à « Je m’appelle Willfried, mais appelle-moi Tuche Daddy », est-on tout de suite classé parmi la pensée unique, l’élite, le microcosme, les germano-pratins, ceux qui ne connaissent que Saint-Germain des Prés, l’île de Ré ou le Lubéron ?
Et si l’on préfère Game of Thrones ou Breaking bad, est-ce grave Docteur Tuche ?
C’est pas pour dire, mais en matière de répliques on peut regretter par exemple les dialogues d’Audiard. « Les cons ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnaît ». Voilà qui s’appelle: Botter en Tuche. LOL !

Moi, quand je serai vieux, je ne veux pas mourir dans un EHPAD !

Mourir en EHPAD: Le sens de nos vies ?
Il paraît qu’on va tous y passer. Mourir.
Ça paraît tellement irréel, fou ; Pas pour moi ; Mais qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu pour que ça s’arrête ? Notre Vie. La vie ici, sur terre, avec toutes ces merdes, mais si belle quand même.
Vais-je finir ainsi en vieux corps décati, bavant et me pissant sur moi, avec une visite par mois ? Pépé va bien ? Mémé va bien ?
Ce n’est pas possible. Ce n’est pas pour moi. On nous aurait menti ?
Pourtant tout a été écrit: La vieillesse est un naufrage.
Mais sur le Titanic, il semble qu’il y ait eu plusieurs classes.
En première, avec accès à la chaloupe de sauvetage dans l’eau glacée, il y aura : Emmanuel Macron ? Dans 40 ans ? Allez Monsieur Manu , on mange sa compote. Vous vous êtes fait sur vous ? Pas de problèmes, on vous changera tout à l’heure.
Réduit à un vieillard qui se pisse sur lui ? Non, c’est un cauchemard. J’ai tellement de choses à transmettre, à échanger. Une génération chasse l’autre. Une seconde prend le pouvoir. La troisième enterre la première. Certains pensent qu’ils vont monter par un téléphérique céleste jusqu’au ciel, d’autres qu’ils baigneront ad vitam aeternam dans la lumière céleste, d’autres encore qu’ils boiront du miel et du lait de l’Hadramaout entouré de dizaines de vierges, d’autres encore qu’ils se réincarneront en coccinelles, d’autres encore que… rien du tout .
Avant tout ça, il y a nos dernières années. C’est comme pour les prisons. Dis-moi comment tu traites tes anciens, dis-moi comment tu traites tes prisonniers, et je te dirais comment tu es, qui tu es.
Eh ! bien, nous sommes mal. Parce que la société d’aujourd’hui est pire que celle de 1984 d’Orwell ;
A Station F de Xavier Niel, rien est prévu pour ceux qui sont un peu moins dynamiques, ceux qui s’apprêtent à passer l’arme à gauche. Il faut être jeune, dynamique, en forme. Sinon, out ! Aux oubliettes. Fini la transmission entre les ancêtres, l’expérience, et les nouvelles générations.
Quelle connerie ! Alors que c’est la transmission entre générations qui nous fait accéder à l’éternité. Le vrai tombeau des morts est le cœur des vivants.
Finir ses jours, chez soi, face à son jardin, sa rue, sa mer, sa montagne, son village ? Est-ce trop demander après une vie de travail, d’éducation, de transmission ?
Alors respect pour les personnels dévoués et débordés des asiles de vieux. Mais les EHPAD ne passeront pas par moi.

Arte, Onfray : La Guyane dans tous ses clichés !

ARTE: Moi avoir peur dans jungle !
Est-il besoin de dépénaliser le cannabis ? Quand on regarde la nouvelle série à succès d’Arte : « Maroni, les fantômes du fleuve » ou le dernier essai de Michel Onfray, « Nager avec les piranhas », on se dit que décidément l’abus de substances illicites ou même licites provoquent déjà des ravages. Ils ont dû forcer sur le tafia, les bouteilles de « tête marée », de rhum guyanais à 55°C, les auteurs de ces œuvres, dont la toile de fond est la Guyane et qui sont, comment dire…, hallucinantes ? Non consternantes.
Pauvre Guyane qui n’est que le prétexte, la toile de fond à tous les fantasmes des occidentaux, sur la « jungle », les « tribus », l’enfer vert, le vaudou…
Le feuilleton d’Arte, diffusé jeudi soir, qui a rencontré un franc succès, 4,9 % d’audience, 1million 400 000 spectateurs, est un polar dont l’action se situe en Guyane. Soit !
Deux héros, dont une policière envoyée de France qui accumule toutes les conneries, genre : Moi j’applique la procédure, même face au « capitaine », au chef d’un village de « noirs réfugiés ». Le témoin ne veut pas parler, je l’emmène au poste.
Là, on se pince: Ça se passerait en Alsace ou en Corse, elle ne procéderait pas comme ça.
Et puis il y a le vaudou, la sorcellerie, dont le personnage principal est le paresseux. Le paresseux ? C’est un singe, plutôt sympa, avec une drôle de bouille, et qui comme son nom l’indique semble paresser: Il ne se déplace que lentement et encore tous les 10 jours. Dans la série d’Arte, il devient un instrument maléfique, instrument de scènes de sado-masochisme exotique, mélangeant, vaudou, quimbois, sorcellerie : On a l’impression que les guyanais passent leur temps à boire du sang de singe et à pratiquer des rituels de sorcellerie ! Bien sûr en Guyane, il existe des croyances, des pratiques, on raconte des histoires de soukounyans, de maskililis. Mais sinon, c’est décevant, non ! Les guyanais ne passent par leur temps en rituels occultes.
C’est comme Michel Onfray, qui vient de publier « Nager avec les piranhas », un «carnet guyanais» publié après une brève visite en Guyane. Pour celui qui se veut anti-pensée unique, c’est un recueil d’âneries, dont le summum est : « Les étuis péniens des indiens guyanais ». Là, on se dit :  Le mec, il a dû passer son temps en Guyane à regarder des films X dans sa chambre d’hôtel. Ou alors, c’est un obsédé sexuel ! Parce qu’en Guyane, les indiens ne portent pas d’étuis péniens, ( ou alors, on l’espère, des capotes quand ils baisent) , ils portent le kalinbé, un pagne, souvent de couleur rouge, et dessous ils n’ont rien, comme on a rien sous un slip ou un bermuda.
Lui, il y a vu des étuis péniens. Peut-être a-t-il été fasciné par la bandaison des sexes des indiens. Mais il aurait pu se renseigner !
Ce n’est pas anecdotique. Comme pour les auteurs/réalisateurs de la série d’Arte.
Parce qu’en Guyane, tout, ou en tout cas presque tout, a été étudié. Par des sociologues, des ethnologues, des anthropologues, des géographes, des scientifiques ; Sur les indiens, on peut lire les travaux de Pierre et Françoise Grenand sur les Oyampis, et sur les Wayanas et les tribus « noirs réfugiés », les travaux de Jean Hurault, ou de Arthur Othily de l’ORSTOM. Et même, vous savez quoi, on peut écouter ce que disent ces indiens ou ces djukas, ou bonis qui ont fait des études, ont passé le bac, ou même fait Sciences Po’. C’est dingue, non ? Evidemment moins exotiques que les fantasmes des européens sur la jungle !
Comme on dit, en créole – guyanais – Tout’ jé a jé, mè fout roun bwa an tchou makak, a pa jé.
En gros, cela veut dire. C’est drôle un moment, mais ensuite, y’a des limites à l’enculage !
Les vrais problèmes de la Guyane, ce n’est pas la magie noire.
Hélas !

Mon déjeuner avec Monsieur Paul !

Monsieur Paul: No comment ! 
Jeune étudiant, j’avais choisi de rédiger un mémoire sur la gestion des PME de luxe, avec l’exemple des restaurants 3 étoiles. 
J’appelle le restaurant Paul Bocuse à Collonges, recommandé par des amis communs. C’était un samedi et on me donne rendez-vous vers 14 heures. J’arrive à Collonges. Il m’accueille. Un géant qui vous broie la main. Il me dit qu’il a encore à faire en cuisine et me demande « Tu as déjeuné ? ». Que peut-on répondre à Paul Bocuse qui vous demande si vous avez déjeuné ? J’avais déjeuné mais évidemment j’ai répondu non. Il appelle un garçon. «Installe le gamin à cette table, et tu lui fais goûter un peu de tout . Et sers le bien !». Ce fût… pas racontable, d’autant que vers 15 heures, le voilà, il s’installe, vérifie que je « casse bien la croûte », et nous commençons à discuter.
Et là – nous sommes en 1974 – il me déroule tous ses projets, toutes ses prémonitions. Ses brasseries, sa conquête du monde, Institut Paul Bocuse avec ses masters dans le monde d’entier, les Bocuse d’or, l’événement de la gastronomie mondiale tous les deux ans, les Halles de Lyon- Paul Bocuse.
Nous étions là, dans ce temple de la gastronomie, moi le petit étudiant, lui le pape de la cuisine, et “Monsieur Paul” accordait deux heures de son temps, un samedi, après le coup de feu, au gamin venu l’interroger !!!
Paul Bocuse est mort. C’est un empereur qui vient de s’éteindre. Un monstre sacré. Le père de tous les cuisiniers français d’aujourd’hui. Bocuse a permis, a incarné le passage entre la cuisine française traditionnelle, Fernand Point, la Mère Brazier, la mère Fillioud, la cuisine des mères lyonnaises, à la cuisine française mondialisée, des Ducasse, Gagnaire, Marcon, Anne-Sophie Pic. Bocuse est le premier à être sorti de ses cuisines pour conquérir le monde. Connu en Chine, au Japon ou aux Etats-Unis, mais toujours les pieds dans son auberge de Collonges-aux-Mont d’Or à Lyon.
Bien sûr, depuis quelques années, il était malade et diminué mais quel bonhomme, un monde disparaît avec lui.
C’est la Tour Eiffel qu’il faudrait mettre en berne, une minute de silence dans tous les restos. 
Et puis, puisque au fronton du Panthéon, il est écrit : « Aux grands hommes, la Patrie reconnaissante », rien ne conviendrait mieux que Bocuse au Panthéon national, lui qui y est déjà au Panthéon du génie gastronomique.
Mais bien sûr, ce n’est qu’une boutade, car jamais il ne voudra quitter Collonges, son Abbaye, ses limonaires et les rives de la Saône.
Adieu et merci Monsieur Paul !

Violences : Le poids des jeux, le choc des videos.

Une policière rouée de coup: C’est bon ça, coco, ça fait du viral !
Combien de vues a pu faire cette vidéo ? Un jeune homme mortellement poignardé dans la station Châtelet- Les Halles à Paris, son agonie filmée par x smartphones. Personne ou presque n’est intervenu, ce sont les services de sécurité qui ont coursé l’agresseur. Les « spectateurs » étaient trop occupés à immortaliser l’instant, à poster et partager leurs vidéos, à en faire des stories sur Instagram, peut-être même des selfies, pour snapchat avec des oreilles de lapin ou des nez de clowns (?).
Comme le 31 décembre dernier à Champigny, pour ces deux policiers roués de coups, alors qu’ils étaient appelés à la rescousse pour empêcher qu’une soirée mal organisée tourne au drame: Tout le monde condamne, tout le monde est choqué. Tout le monde est choqué, vraiment ? Les pti’mecs qui sortent leurs smartphones pour filmer la baston et la policière frappée à terre, en s’approchant pour qu’on voit mieux, en se pourléchant les babines d’excitation, en poussant des cris : « C’est chaud, c’est chaud ! » ne sont-ils pas coupables, au moins de non assistance à personne en danger ?
Si vous vous noyez, soyez sûrs que vos derniers instants seront diffusés en live, mais y aura-t-il quelqu’un pour vous lancer une bouée de sauvetage ?
Il existe aujourd’hui une complaisance à l’ignoble. Nous sortons notre smartphone et nous filmons en criant que c’est horrible. Nous nous croyons dans des jeux vidéos. Nous ne partageons plus avec le monde qui nous entoure mais avec nos réseaux, nos groupes, nos « amis » facebookiens, nos followers. Nous n’allons plus voir la Tour Eiffel, mais faire un selfie devant la Tour Eiffel, nous ne regardons plus la Joconde, mais nous la filmons avec une perche.
Tout est virtuel, la mort n’est qu’un jeu, tout est occasion à faire du buzz. Si possible viral. Une vidéo virale. Rien que l’appellation, cela fait froid dans le dos.
Remarquez, à partir où le Président des Etats-Unis annonce qu’il a vendu à la Norvège des avions F-52, qui n’existent que dans le jeu « Call of Duty », tout est possible !

Nous sommes tous des #paysdemerde

Les bobos contre le peuple ? Oprah Winfrey incarne l’Amérique q’on aime pas celle qui vote !
Non, Donald Trump n’est pas fou ! Il vient même de démontrer une nouvelle fois qu’il est malin et …cynique.  
En traitant tous les pays d’émigration sauf la Norvège – mais pas sûr que vue la richesse et la qualité de vie en Norvège, beaucoup de norvégiens embarquent sur des drakars pour émigrer clandestinement aux Etats-Unis – de pays de merde, le Président américain ne s’adresse pas à nous, il ne s’adresse même pas aux pays africains ou à Haïti, dont il n’a rien à faire, il s’adresse à son électorat. Disons les américains moyens, très moyens, l’Amérique profonde, qui a le sentiment de devenir minoritaire face non pas aux musulmans, non pas aux arabes, mais aux noirs bien sûr, mais surtout aux latinos. A chaque pays , ses obsessions. On le sait ce n’est plus qu’une question d’années, les « blancs » ne seront plus majoritaires aux Etats-Unis. 
Finalement Trump est peut-être le chant du cygne de cette Amérique-là. Elu de justesse avec 2 millions de voix de moins qu’Hillary Clinton, il continue de bénéficier d’un socle de followers, qui contre vents et marée –  déclarations atomiques contre la Corée du Nord, relance du charbon, forages pétroliers, et je m’en tape de la planète, et je me fous du réchauffement climatique, et je me brouille avec notre alliée historique, la Grande-Bretagne et s’il y a des massacres de masse aux Etats-Unis, c’est parce que les américains n’ont pas assez d’armes pour se défendre eux-mêmes, et je tweete plus vite que mon ombre,  – continuent à penser qu’avec Donald, America is back. Et finalement, cet électorat-là, que pense-t-il d’Haïti ou du Salvador ? Des pays de merde. Et chez nous, que pensent certains du Mali, du Niger ou de la Syrie ? Des pays de merde. Donald Trump dit tout haut ce que beaucoup d’américains ou d’européens pensent des migrants qu’ils soient demandeurs d’asile ou demandeurs de travail. 
Et ce ne sont pas les dénonciations de personnalités certes tout à fait respectables et brillantes, comme la présentatrice de télé américaine Oprah Winfrey, ou l’actrice Meryl Streep, qui pourront y changer quelque chose. Au contraire, elles confortent les «vrais gens» dans leur opinion que toutes ces protestations sont le fait d’une intelligentsia, de privilégiés, de bobos  qui ne connaissent rien des difficultés de la vraie vie. Et ce n’est pas parce que chez nous, un Omar Sy ou un Teddy Riner, dont les parents ont eu fort heureusement la bonne idée – enfin, ils n’avaient pas eu vraiment le choix de venir de “pays de merde” pour enrichir notre pays par le talent de leurs enfants, que nous éviterons qu’une bonne partie de nos concitoyens ne craigne, comme les électeurs de Trump, ou comme un Eric Zemmour, le « grand remplacement ».
AfD en Allemagne, ayatollahs chrétiens au pouvoir en Pologne, dérives fascisantes en Hongrie, Marine Le Pen au second tour des présidentielles françaises, le populisme qui n’est pas synonyme de peuple ou de populaire nous guette aux détours de prochaines élections.
On n’est pas dans merde.

Vœux d’Emmanuel Macron: Mieux vaut un message de 2 mn qu’un pensum de 18 mn

M’bappé pour inspirer les voeux présidentiels de 2019 ? 
Nous n’allons pas nous mentir : Emmanuel Macron est intelligent et cultivé. Il connaît ses conjugaisons, on sent qu’il a pris des cours de théâtre, on reconnaît la patte de plumes et de nègres de talent – C’est ainsi qu’on appelle ( qu’on appelait ? ) les personnes anonymes qui écrivent pour une personnalité –, bref on sait qu’un discours d’Emmanuel Macron ne sera jamais inintéressant. Une bonne conférence de Sciences Po.
Mais en même temps…
Il n’est pas Démosthène – ou plutôt pour ceux qui ne verraient pas en quoi évoquer Démosthène à propos de Jupiter est anachronique – vite un coup de Wikipedia pour se remettre à niveau – il n’est pas De Gaulle. Bien sûr on peut dire.  « Le moule est cassé ». « Des comme De Gaulle, il n’y en a qu’un par siècle ».
Mais prenez l’idée de « faire son Kennedy » en reprenant la formule célèbre du Président américain «Ne vous demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous, demandez-vous ce que vous pouvez faire pour votre pays.”, c’était une bonne idée. Mais mal jouée. Ça sonnait faux, surtout assis derrière un bureau à l’Elysée, alors que Kennedy était debout sur les marches du Capitole à Washington face à la foule. Ça avait de la gueule. Et son discours était très court: 13 mn, l’un des plus courts de tous ceux prononcés par les Présidents américains. Plus court que celui de Trump dont la pensée est pourtant formatée par tweeter. Plus court que celui de Macron.
La com’ de l’Elysée a dû avoir le sentiment que les vœux présidentiels allaient passer au-dessus de la tête de beaucoup d’entre nous, d’où une deuxième version, spécial tweeter. C’est un terrible aveu car finalement cela veut dire que la substantifique moelle du message tenait en 2 mn et que 16 mn de l’allocution télévisée étaient donc superfétatoires.  
Pour l’année prochaine, l’Elysée pourrait demander à …Kylian M’bappé. Le footballeur prodige de 18 ans a émaillé ses vœux de citations bien trouvées dont l’une de Churchill : « Là où se trouve une volonté, il se trouve un chemin ». Cela aurait bien convenu pour les vœux d’un Président « En Marche »…

En 2018, c’est promis, je plonge dans le darknet.

Plus le net étend ses possibilités, plus nous tournons en rond.
Où est passé le hasard de la découverte, d’une rencontre, un livre dont la couverture nous appelle sur un présentoir choisi par un libraire, une discussion à la terrasse d’un café inconnu avec des voisins de table inconnus, des informations qui ouvrent l’esprit, choisies et rapportées par des journalistes qui signent leurs articles, dont on peut suivre ou ne pas suivre la subjectivité, un journal que je peux acheter, ou pas, une radio que je peux écouter ou pas, une personne que je peux aborder ou pas.
En 2017, un clic, un effleurement d’un écran tactile, et le monde entier est à notre portée, la nouvelle du battement de l’aile d’un papillon à Hong Kong nous parvient comme celle du dernier menu de fête proposé au Mandarin Oriental Paris, un rappeur bodybuildé et millionnaire clash un autre rappeur millionnaire et bodybuildé, une star est morte, une autre star est appelée à régner, en Egypte des coptes sont tués par des terroristes islamistes, à Rome le Pape appelle à faire preuve d’humanité, à Paris le tweet d’un SDF qui proteste contre les grilles anti-clochard de la Ville de Paris fait le buzz, sur les murs de nos réseaux, les stories de nos amis, certains sont des poètes, d’autres des artistes, tiens l’un fait de la randonnée en Haute-montagne, lui, continue avec ses obsessions sociétales, d’autres encore étalent leurs vies comme leurs cadeaux.
Nous n’avons plus d’intimité,et tout est mélangé. Nous sommes traqués, espionnés, étudiés, partout et en permanence. Ah ! les cookies. Eux ne se mangent pas, mais ils nous bouffent ; ils enregistrent tout ce qui nous intéressent pour nous orienter vers ce qui nous intéresse. C’est un cercle vicieux. Des algorithmes sont là pour prévoir nos comportements, nos réactions, nos désirs. Donc nous ne lisons plus qu’une sélection d’informations fondées sur les informations que nous avons déjà consultées. Nous n’entendons plus que les opinions que de ceux qui partagent nos idées, nous n’écoutons plus que la musique que nous avons déjà écoutée. Sur Deezer, sur Apple, sur Vimeo, nos goûts sont anticipés, des playlists vous suggèrent : « Vous pourriez aimer aussi ça ». Mais il est où le grand programmateur musical ? A la maison de la radio ou à Cupertino ?
Nous tournons en rond. Plus de découverte, plus de hasard. Nous écoutons en boucle nos sélections. L’impression d’être enfermé dans un univers dont les murs se réduisent, un monde qui s’appauvrit et se referme sur son propre petit soi. Jamais les chèvres n’auront été aussi bien attachées à leur piquet.
En 2018, c’est juré,  je dézingue mes cookies, j’échappe à mon adresse IP, je plonge dans le darknet , Je vais le faire. Comme dans cet article que j’ai lu sur le net.

A chaque nouvelle année, nous faisons de vœux pieux, nous prenons de bonnes résolutions, mais combien sont tenues ?
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