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Le blog de Pierre M. Thivolet, journaliste

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2017 l’année Macron. Et 2027 ?

Et on fait quoi, quand on est ancien Président à 49 ans ?
L’heure est au bilan, aux « rétros » , aux « nécros ». Quel est l’événement le plus important de l’année qui vient de s’écouler ?
Au milieu de la liste des chers disparus – c’est dingue : Chaque année il y a de plus en plus de de gens connus qui meurent -, des catastrophes «  historiques » – Et l’élection de Trump n’en fait pas partie… parce qu’elle a eu lieu en 2016 ! – il y a quand même un événement qui fera date – quoique un événement qui ne fait pas date, est-ce toujours un événement ?– L’élection d’Emmanuel Macron.
Il ne s’agit pas là d’une appréciation politique. Qu’on l’aime ou qu’on le déteste, il restera le plus jeune Président élu.
39 ans ! C’est fou ! Transposé à la plupart de nos autres hommes politiques, ça voudrait dire commencer sa carrière politique à 9 ans ! Même Vauquiez qui avait pourtant commencé très jeune, plus jeune député de France à 29 ans – merci Jacques Barrot ! – ne pourra pas faire mieux. Il va avoir 43 ans et paraît déjà vieux.
Nous n’arrêtions pas de nous plaindre, la France pays jeune est gouvernée par des vieux – Est-ce un  critère ? La Tunisie pays très, très, très jeune est présidée par un très, très vieux ! – là d’un coup, nous avons sauté directement 2 générations. Les quinquas et les quadras sont restés sur le tapis.
La prochaine étape ce sera évidemment… une femme Présidente. D’ailleurs contrairement aux « jeunes » qui ne sont qu’un 1/3 de la population, bébés compris, les femmes elles, représentent 50 % des français. Mais cette exigence statistique est un peu vexante pour les femmes et la future élue. Finalement, cela sous-entend que ce ne serait pas pour ses qualités et ses mérites qu’elle serait choisie, mais pour son sexe, qui comme chacun sait est une qualité que l’on ne choisit pas.
Malgré tout : 2027 l’année de la femme, enfin !
Et pour Emmanuel Macron ? Le plus jeune ancien Président ? – Oui, parce que partie comme l’est partie l’opposition, il sera réélu dans 4 ans – . A même pas 50 ans. On fait quoi alors ? La retraite ? Conquérir l’Himalaya ? Le tour du monde à la voile en solitaire ? On quitte femme et enfants pour vivre une vie de patachon ?  On écrit ses mémoires Tome 1 puis 2 puis 3. Avec comme titre . « Si à 40 ans t’es pas Président, c’est que tu as raté ta vie ! ».

Bon, allez, il est encore temps d’aller s’acheter une Rollex. Une fausse bien sûr, puisque les vraies coûtent beaucoup, beaucoup  plus cher, plusieurs mois de retraites de français moyens.

Autant en emporte Griezmann !

Griezmann plus choquant que “Gone with the wind” diffusé sur ARTE ?
Il y a quelques jours –  mais ça paraît déjà si loin, une info, une émotion, une indignation chassant l’autre à la vitesse du très haut débit – le footballeur Griezmann défrayait la chronique, à cause d’un tweet. Il se montrait déguisé en joueur – noir – des Harlem Globe Trotters des années 80. Et le débat fit rage: C’était raciste, insultant à l’égard des afro-américains qui avaient été humiliés dans leur histoire par des « blackfaces », des blancs grimés en noirs, jouant de manière grotesque.
Pour les professionnels de l’indignation anti-raciste, Griezmann n’était peut-être pas raciste, mais au minimum maladroit et injurieux. Et ignorant de l’Histoire des noirs. Et cette ignorance montre bien que les blancs ne peuvent pas comprendre les discriminations et le racisme dont sont toujours victimes les noirs. Y compris de la part de l’Etat.
Et là, ensuite, on déroule:
Récemment, le syndicat SUD-Education 93 défendait l’organisation d’ateliers « en non-mixité raciale ».
L’été dernier, un festival afroféministe prévoyait des espaces non-mixtes, c’est-à-dire, blanc(he)s exclu(e)s.  Et certains traquent le racisme, partout, dans la langue, la culture. Nous sommes piégés jusque dans le nom de nos collèges – A bas, Colbert ! – de nos pâtisseries – Ne dites plus un « congolais », ni des « pets de nones »  Ah ! si, ça on peut. Mais ce n’est pas la même chose ?
Nous vivons au rythme d’indignations sélectives qui prennent l’importance que leur donnent les tam tams des réseaux sociaux. Très souvent d’ailleurs, copiant des modèles directement importés des Etats-Unis. Et qui ne concernent pas que le racisme. Mais tout ce qui peut être suspecté: Le machisme, le phallocratisme, l’homophobie. C’est épuisant.
Après Griezmann, c’est Lewis Hamilton qui a provoqué un scandale sur le twitter. On le voyait en train de gronder son neveu parce que le petit garçon s’amusait habillé avec une robe de fée, donc de fille… Quelques heures plus tard, Hamilton était obligé de se confondre en excuses. D’ailleurs, on se demande pourquoi les gens, y compris, ou même surtout célèbres, passent leur temps à publier leurs vies privées sur les réseaux sociaux !
Dans ce contexte, il est étonnant que personne n’ait encore demandé à ARTE de suspendre la rediffusion de « Autant en emporte le vent ». Parce que franchement revoir Mama parler en p’tit nègre à Miss Scarlett, « Ma’am Scarlett, les  no’distes sont des sauvages », ça vaut son pesant de cacahuètes. Personne ne trouve humiliant de voir tous ces acteurs noirs contraints de jouer les nègres banania ? Et cela pour la plus grande gloire de Vivian Leigh et Clark Gable, et des producteurs de ce film considéré comme le plus gros succès du cinéma américain. Huit oscars. Mais qui se souvient du nom des acteurs qui jouent Mama, ou Prissy ou encore Big Sam ? C’est quand même plus scandaleux que Griezmann, non ?
Comme l’écrit Claude Hagège dans le Monde ” La langue n’est pas sexiste ” (Merci à J.M Théodat de l’avoir mentionné).
Pour le professeur au Collège de France, « le débat sur l’écriture inclusive confond l’orthographe et la syntaxe. Surtout, il présuppose que le français reproduit la domination masculine. Or c’est le comportement des hommes qui est en cause. (…) C’est une illusion que de vouloir extirper de la langue les traces de la domination masculine. En revanche, c’est un combat sain et nécessaire que de s’en prendre au sexisme dans la société ».
On pourrait sans doute écrire la même chose pour le racisme.

Interview de Macron/ Secrets d’histoire à l’Elysée.

Interview ou exercice de péripatéticiens ? 
Il paraît que l’interview, non pardon l’entretien, non pardon encore, la promenade du Président avec le sémillant Laurent Delahousse, est une nouvelle manière de s’adresser aux français, qu’elle appartient au nouveau monde, l’interview appartenant à l’ancien.
C’est vrai qu’interviewer quelqu’un tout en marchant ( En marche-ant, vous saisissez? ) c’est rudement original. Du jamais vu à la télé. En tout cas pour ceux qui ont une mémoire de poisson rouge, parce que sinon ça a déjà été fait 36 fois. Par Michel Denizot par exemple.
Donc on se promène. Mais on avait plus l’impression d’être dans Vivement Dimanche de Drucker où sur le canapé rouge tout le monde il est beau tout le monde il est gentil, mais c’est la loi du genre. Ou plutôt dans Secrets d’Histoire, et l’on s’attendait à tout moment à ce que Stéphane Bern non pardon Delahousse, ouvre une porte dérobée en nous annonçant avec gourmandise. « Et pour la première fois, vous allez découvrir le PC secret , l’abri anti-atomique où aucune caméra n’a jamais pu entrer etc »…
Finalement qu’avons-nous appris ? Macron est un jeune homme intelligent, sympathique qui s’entretient avec un jeune homme sympathique, les deux faisant un concours de dents blanches, avec une mention sourire plus carnassier pour le Président.
Il paraît que cela fait partie de la nouvelle stratégie de communication du Président, afin de surfer sur une remontada de sa côte de popularité. Mais on peut se demander si cet exercice de péripatéticienne va pas plutôt le desservir.
Péripatéticien, c’est ainsi que s’appelaient les disciples d’Aristote qui philosophaient tout en se promenant.
Péripatéticienne. C’est autre chose, plus trivial, même s’il s’agit toujours de promenade, mais de jeunes femmes ou jeunes hommes rue Saint-Denis ou au Bois de Boulogne. Mais cela n’a rien à voir bien sûr avec l’émission d’hier soir. Ce serait injurieux pour le journalisme français qui, comme on le sait, n’est jamais courtisan.

Qu’est-ce que, ce que nous disons sur Johnny, dit sur nous.

De Johnny à Booba: Une simple question de générations ? 
C’est une conversation saisie au vol dans un supermarché, entre le rayon fromages et celui des yaourts à l’heure où se déroulait l’hommage à Johnny.
L’une : Quand je pense que je suis obligée de faire le réassortiment. Je préfèrerais être à la Madeleine.
L’autre : Et tu y aurais fait quoi ? Il est dans un cercueil.
Un troisième : Et tu aurais rien vu, c’est blindé de monde.
La première (vraiment fâchée) : C’est mon idole. J’ai vieilli avec lui.
L’autre : Moi je préfère Sardou.
Un autre : Pfuiittt, moi j’écoute pas ça, je préfère le hip hop. Et Booba
Toute la France rendait hommage à Johnny. Les scènes à la télé étaient impressionnantes. Des centaines de milliers, un million de personnes. L’hommage était plutôt bien. Pas de couacs. De vraies émotions, une belle cérémonie. Le Président a joué son rôle, discours à l’extérieur de l’église, pas de signe de croix avec l’eau bénite. Ses gestes étaient scrutés, la laïcité a été respectée.
Toute la France donc, était là. Même ceux qui n’auraient pas voulu. Parce qu’il était difficile d’y échapper. Tous les media diffusaient en direct la cérémonie, et en boucle des spéciales, des rétros, des témoignages. A moins d’être en voyage au fin fond du Rajahstan ( par exemple, mais on pouvait simplement aller en Allemagne ou en Espagne) , difficile d’échapper à Johnny. De résister à la tentation de cliquer sur un exclusif, sur les 5 choses que vous ignorez sur Johnny, sur « Et pourquoi il a choisi Saint-Barthélémy ? ».
Tiens voilà une décision qui divise.
D’un côté les fans qui auraient aimé pouvoir aller en pèlerinage sur sa tombe comme pour Dalida, Jim Morrison ou Claude François. Et Saint-Barthélémy, ça fait nettement plus cher que Dannemois dans le 91. De l’autre, il y a ceux qui trouvent ça très bien, c’est « comme Brel, enterré aux Marquises ». Ceux-là apparemment ne connaissent ni les Marquises, ni Saint-Barth, le seul point commun entre les deux, étant d’être des îles. Mais l’une naturelle et authentique et l’autre bétonnée et jet-setisée.
Toute la France était donc là . Sauf celle qui sur Deezer, Instagram, snapchat ou Booska se rue sur le dernier album de Booba, disque d’or en une semaine grâce au téléchargement.
Booba dont on vante le « flow » et les punchlines qui ne cessent de mettre sur un « Trône » un machisme bodybuildé, mysogine et homophobe.
De « J’mets la capote sur ma bite et sur ma Lamborghini » à
« J’vais bien t’baiser et t’auras pas à lâcher une thune
T’es témoin d’un mariage gay entre une Kalash’ et une plume
T’en as deux, une dans la bouche et l’autre dans le croissant de lune 
».
On est loin de Oh ! Marie…
On est loin de Johnny. Comme si ce n’était pas le même siècle, la même France.
Ces derniers jours, la France du XXI ème siècle semblait absente de ces moments d’émotion nationale. Comme elle l’était aussi en partie dans les manifestations après les attentats il y a deux ans.

Noir c’est noir. Mais trop, c’est trop !

Trop d’hommage(s) tuent-ils l’hommage ? 
Depuis 24 heures, impossible d’y échapper. 
Entre Oh! Marie, et On a tous quelque chose de Tennessee, en passant par les portes du pénitentier, ou ma gueule , etc…, etc… Avec 50 albums, plus de 500 titres, plus de 55 ans de carrière, les possibilités semblent infinies.
Et donc Johnny est partout. Non seulement lui, ses chansons, mais également , ses amis, ses connaissances, ses fans, et aussi des sociologues, des médecins, des économistes et bien sûr des hommes politiques.
Tous ces hommages, souvent redondants, tournent en boucle, comme un 45 tours sur un mange-disque et à force de les entendre on est comme hypnotisé. Et pris d’un doute. Si je ne fais pas partie de ce « mainstream », si je ne suis pas plus bouleversé que cela, suis-je normal ? Suis-je un mauvais français ? On a l’impression que plus on est intello, plus on est bourge, plus il faut se découvrir Johnny.  Comme si cela décernait un brevet de « peuple », de proche du peuple.
Et cela va continuer puisque la question qui nous agite maintenant est de savoir s’il y aura hommage national ou obsèques nationales. Et déjà une pétition circule pour que Johnny, déjà élevé au rang de « héros national » par le Président de la République lui-même, soit transféré au Panthéon.  
Franchement n’en fait-on pas un peu trop ? Tout mélanger, Simone Veil et Johnny sur le même plan.
Bien sûr, il y a l’exemple de Lady Di, dont le décès brutal avait provoqué une vague d’émotion chez tous les britanniques, allant bien au-delà des seuls addicts aux têtes couronnées. Une nation se rassemblait autour d’une personnalité positive.
Peut-être est-ce ce dont nous avons besoin nous aussi aujourd’hui. Et comme nous ne trouvons pas de personnalités charismatiques dans le champ politique, nous nous rabattons sur Johnny, qui serait donc un peu notre Lady Di.

Il faut supprimer France Ô: On y voit de temps en temps des reportages formidables.

 

FranceÔ sacrifiée sur l’autel de la rationalisation ? 


France Ô ? Vous avez dit quoi ? France zéro ? France Outre-mer ? C’est quoi ? Une survivance de la France coloniale ? Encore un truc qui coûte cher. Allez on supprime.
C’est ce que suggère le Ministère de la Culture et/ou Delphine Ernotte, PDG de France Télévisions.
Les 2 cherchent à rationaliser le service public de télévision. Les 2 ont raison. Mais les 2 n’ont aucune idée de ce qu’est la fabrique d’un reportage, d’un documentaire.
Ce n’est pas une tare. Après tout, tout le monde ne peut pas avoir eu la chance d’avoir passé 10 ans, 20 ans sur tous les terrains du monde, à « rapporter » ce qui se passe, à être reporter.
Donc, on taille, on brade, on exit. Et France Ô devrait passer à la trappe.
Et puis, tiens dimanche après-midi, on zappe, on cherche quelque chose de regardable. Et l’on tombe sur Caraïbes, une émission de documentaires sur France Ô.
Il y est question d’Haïti et de Saint-Domingue. Sur le fond, tout le monde s’en fout. Que des centaines de milliers d’haïtiens soient traités comme des esclaves par Saint-Domingue qui se croit blanche, on s’en fout, n’est-ce pas ?  Mais ce que l’on y voit et entend est à pleurer, et on se dit : Tiens, il y a une chaîne, un seule qui diffuse ce reportage. Bravo aux équipes qui l’ont réalisé, merci à cette chaîne de le diffuser entre le fromage et la poire, entre les accras et le punch.
Alors bien sûr, la programmation de France Ô est improbable. Entre des rediffs de séries de fond de tiroir et des talk-shows où l’on s’écoute beaucoup parler. Pas vraiment de rendez-vous.  C’est comme si la direction de France Télévisions ne voulait lui donner aucune chance.
N’empêche: FranceÔ est une fenêtre sur une autre France, un regard outre-mer sur le monde.

Rien que pour ça, ben, c’est pas si mal. Et n’est-ce pas le sens même du service public de télévision que de pouvoir nous ouvrir sur le monde, nous donner d’autres perspectives, permettre – allez, les grands mots –  à nos compatriotes d’outre-Mer, une fois de temps en temps de partager avec nous, leurs reportages sur le monde qui les entoure ? Ça nous rend moins cons, non ?

Crise politique en Allemagne. Une Merkel peut en cacher une autre.

Merkel a cristallisé contre elle beaucoup de haine, y compris dans son propre électorat. Mais en même temps…
On racontait que pour les allemands, Merkel, c’était Mutti( Maman) Angela. On croyait l’Allemagne raisonnable, pratiquant le consensus.
On découvre que c’est ein grosses Bordell, en allemand dans le texte.
L’Allemagne n’a presque jamais été gouvernée par un seul parti. La règle c’est la coalition. Non parce que les allemands auraient ça dans le sang, mais parce que le système électoral à la proportionnelle, l’impose.
Mais c’est évidemment la montée de l’AfD qui ajoute au bordel. Ce nouveau parti surfe sur le choc de l’accueil massif de migrants musulmans, que la chancelière a imposé au forceps par conviction morale, contre une partie de son électorat, et notamment la CSU, le très conservateur parti bavarois. Il engrange aussi les votes d’une partie des allemands de l’Est, qui ont le sentiment d’avoir été socialement déclassés par la réunification. Mais l’AfD n’a d’alternative que le nom. A peine élus, ses dirigeants se déchirent. Frauke Petry, la fondatrice du mouvement, mais aussi Anette Schultner, la présidente des chrétiens de l’AfD et des dizaines d’autres dirigeants, ont démissionné, protestant contre les dérives droitières de l’homme qui monte, Bjorn Höcke.
Quoiqu’il arrive, nouvelles élections ou pas, il n’y aura d’autres solutions qu’une nouvelle grande coalition entre chrétiens-démocrates et sociaux-démocrates. Pour ces derniers, le dilemme est cornélien ou plutôt faustien. En refusant la coalition, ils apparaissent comme ceux qui bloquent l’Allemagne, en acceptant, c’est le baiser qui tue. Ils aident Merkel à rester au pouvoir, et au bout du compte, ils ne peuvent plus apparaître comme les champions de l’opposition.
Pour Angela Merkel, au pouvoir depuis 12 ans, ces élections étaient sans doute le mandat de trop. Mais faute de nouveaux leaders, l’Allemagne n’a d’autres choix que Merkel. C’est sans doute cela le plus surprenant; Ou le plus inquiétant.

Qu’ont donc en commun le Pape François et Emmanuel Macron ?

Le “En même temps” jésuite se termine mal dans le film “Mission”.
Entre un pape plutôt âgé, pourfendeur des injustices sociales, défendeurs des migrants, et un Président, plutôt (très) jeune, accusé d’être le Président des riches, qu’y-a-t-il en commun ?
Tous les deux sont des « fils de jèzes », des fils de jésuites. C’est-à-dire qu’ils ont reçu la même formation intellectuelle. 
Emmanuel Macron étudia de la sixième à la première, au lycée jésuite d’Amiens, la Providence. Quant au cardinal Bergoglio, il a été le chef de la congrégation en Argentine.
Le fameux « en même temps » vient sans doute de là, plus que d’une hésitation entre la droite et la gauche, un balancement intellectuel, caractéristique du raisonnement jésuite, de la casuistique, du fait de tout traiter au cas par cas.
Archevêque de Buenos Aires, le pape François était hostile à la Théologie de la libération, sympathisante du marxisme. Mais « en même temps », il a été l’évêque des pauvres, refusant de loger dans la palais des archevêques de Buenos-Aires, pourfendant corruption et affairisme des dirigeants argentins.
Le « en même temps » a des vertus. A Rome, comme à Paris, il permet d’arriver au sommet de la hiérarchie, et de mener des réformes tambour battant.
Mais être jésuite veut aussi dire: Etre hypocrite. Et les jésuites sont parfois accusés d’être arrogants intellectuellement. Cela peut provoquer des réactions de rejet et même plus. Comme au XVII ème siècle, quand  les « réductions » indiennes développées par les Jésuites au Paraguay, avec une organisation sociale et économique très avancée firent de l’ombre aux empires coloniaux et esclavagistes de l’époque. Jusqu’à ce que portugais puis espagnols n’y mirent fin par la guerre.
Dans l’Histoire, comme dans le rappelle magnifiquement le film « Mission », le « en même temps » jésuite se termine fort mal. 
Or l’Histoire se répéte perpétuellement, dit-on. Mais en même temps …
.

Je tweete donc je pense.

Trump n’est pas Descartes, mais en même temps…
C’est formidable : 280 signes au lieu de 140. En doublant la longueur des publications possibles sur son réseau, Tweeter double la taille de nos cellules. Grises bien sûr. 
Finis, les tweets réducteurs d’intelligence. La pensée est de retour. Et à coup sûr, nous allons tous faire un bon usage de ce nouvel espace de liberté. Nos échanges vont faire un bon avant qualitatif. Lortograf ne sera plus massacrée. 2main, les abréviations vont reQlé.
A l’égard de Tweeter, de son usage, de ses conséquences néfastes, il y a deux écoles.
Les Trumpistes. Le Président américain a fait de Twitter son média de prédilection. Lorsqu’il est réveillé la nuit par une envie pressante – de réagir- et cela lui arrive souvent, il balance ses scuds. 140 signes et l’on raye la Corée du Nord de la carte, ou encore, l’on sort des accords sur le climat. .
De l’autre, il y a les Macroniens : Emmanuel Macron l’a même dit en anglais, au magazine Time, Tweeter n’est pas le bon media pour gouverner. Sa pensée politique est trop sophistiquée pour être réduite à 140 signes. En même temps, Macron tweete plus et mieux que son prédecesseur.
En nous obligeant à faire court, Tweeter nous oblige à faire simple ; à aller à l’essentiel. Or, faire simple, ce n’est pas forcément être simpliste. Chez les journalistes, on explique souvent: Je n’ai pas eu le temps de faire plus court. Et tous ceux qui travaillent leur écriture savent qu’il est plus difficile de ciseler 140 signes, espace compris, que de se lâcher dans des logorrhées incontrôlées.
Le célèbre « Je pense donc je suis » de René Descartes, n’est-il pas un formidable tweet, 400 ans avant Steve Jobs ou Zuckerberg ? Ou encore, et c’est de circonstance en cette période de commémorations gaulliennes,  cette citation de Nietzche, appréciée par le général De Gaulle : « Rien ne vaut rien. Il ne se passe rien. Et cependant tout arrive. Mais cela est indifférent ». 91 signes.
Je tweete donc je pense.

Mais c’est qui le type qui polémique avec Omar Sy ?

Zemmour qui polémique avec Omar Sy: C’est un fake ? 
Il paraît qu’une polémique oppose Omar Sy à Eric Zemmour. Rien qu’à l’énoncé de cette nouvelle, on hésite entre l’éclat de rire – genre bien sonore, bien franc, à la Omar Sy – Doudou dans le SAV sur Canal – et la consternation. Parce que les deux ne boxent pas du tout dans la même catégorie.
D’un côté on a un acteur, un bon, un vrai, capable d’incarner aussi bien le gars de banlieue qui apprivoise et se fait apprivoiser par un milliardaire tétraplégique mais bien vivant – c’est Intouchables, et ce film, tous les français l’ont vu, et c’est un succès planétaire – que Knock, le héros de la pièce de théâtre de Jules Romain, un classique de notre littérature, son dernier rôle, dans son dernier film. Il arrive même à jouer dans des blockbusters typiquement américains, Jurassic World, X-men, Transformers, et revient en France incarner « Chocolat ». Il n’a pas la grosse tête, il n’est pas con, il semble avoir une famille sympa, équilibrée et en toute discrétion. Omar Sy, trop beau pour être vrai.
Est-ce cela qui agace Eric Zemmour ? Parce que sinon il est incompréhensible qu’il cherche des noises à quelqu’un qui n’en cherche pas. Et d’ailleurs, vaudrait mieux pas, sinon « j’te casse la gueule à la récré ».
Et puis c’est qui Zemmour ? il a fait quoi ? Ecrit quoi ? Des livres que personne ne lit ? Des pamphlets qui ne donnent des érections qu’aux lecteurs de Valeurs actuelles et encore ? Il n’existe que parce que les medias souvent accusés d’être plutôt de gauche, ce qui n’est pas faux, cherchent des alibis de droite, sensés n’être politiquement pas corrects. Le pire c’est sans doute de vouloir se faire passer pour un défenseur de la culture française, des vraies valeurs de cette langue qui nous unit. Mais ses lectures se sont arrêtées à Chateaubriand, qui est certes un grand auteur, mais franchement chiant comme la pluie en Bretagne, qui comme chacun sait ne tombe qu’une fois par an.
Non, il y a encore pire que sa culture naphtalinée étalée comme de la confiture. Le pire, ce sont ses obsessions raciales qui le conduisent à des raisonnements grotesques jusqu’à ces fameux pronostics ethnico-sportifs  pour la dernière Coupe du Monde de foot: Vous vous souvenez?  Il avait annoncé que l’Allemagne serait battue par le Brésil car elle ne gagnait que lorsque son équipe ne comprenait que des » dolichocéphales blonds », ce qui n’était plus le cas avec des Özil, Boateng ou Khedira… Résultat : L’Allemagne avait écrasé le Brésil 7 à 1. Trop fort Zemmour !
Alors , comme on dit, la bave du crapaud n’atteint pas l’aile de la blanche colombe. Lâche l’affaire, Omar, il n’en vaut pas le coup.

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