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Le blog de Pierre M. Thivolet, journaliste

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Touche pas à mon euro. Hands off from our euro

L’euro : un atout, un rempart, pas une faiblesse, ni un handicap.
C’est une rengaine reprise par les politiques de tout bord et pas seulement par les extrêmes: La faute à l’Europe, à Bruxelles, à l’euro ! 
Vous n’arrivez pas à trouver du boulot ? C’est la faute à l’Europe.
Les charges salariales, le RSI, l’URSAFF, les normes sanitaires, les radars tatillons, c’est la faute à Bruxelles et à ses « diktats ».
Des migrants squattent à nouveau les trottoirs et les rues près de Stalingrad ou La Chapelle à Paris ? C’est la faute à Schengen.
Nous n’arrivons pas à terminer le mois ? C’est la faute à l’euro.
Bruxelles, l’Europe, l’euro :  C’est bien pratique pour nos dirigeants politiques qui se défaussent de leurs responsabilités et de leur incapacité à nous adapter au XXI ème siècle, comme le font tous nos voisins.
Si l’Europe pouvait parler, elle nous dirait que TOUS les autres pays (ou presque) connaissent croissance et baisse du chômage. Même l’Espagne.
Et que personne n’a imposé à la France d’avoir la fiscalité qu’elle a, qui plombe l’activité des PME et des TPE.
Que si le prix de la baguette a augmenté, c’est surtout parce qu’en France, les charges sur les salaires sont parmi les plus élevées d’Europe. 
Que si les loyers sont nettement plus chers à Paris qu’à Berlin ou Bruxelles, ce n’est pas l’euro, mais le manque de logements chez nous !
L’euro nous a apporté stabilité monétaire et stabilité des prix. Mais nous n’y croyons pas.
Oubliée l’époque – sous Giscard – où l’inflation était à 2 chiffres. On appelait ça, la valse des étiquettes. Oubliées les dévaluations du Franc, tous les étés, c’était le même cinéma, la Banque de France suppliant la Bundesbank de « sauver » le franc.
Et puis n’a-t-on pas fini par l’aimer cette monnaie, ces pièces dont une face commune représente notre Europe, ce petit bout de continent qui tente de tirer son épingle du jeu dans le concert des superpuissances qui s’annonce.
L’union fait la force, alors : Touche pas à mon euro.

Relire Félix Eboué, le premier à avoir rallié De Gaulle en 1940

Imaginerait-on De Gaulle ou Félix Eboué voter Le Pen ?
Il y aura bientôt 80 ans, le 1 juillet 1937, Félix Eboué, premier noir, gouverneur général de la Guadeloupe prononçait un discours à la jeunesse, intitulé « Jouer le jeu » et dont voici quelques extraits :
« A cette jeunesse que l’on sent inquiète, si incertaine devant les misères de ces temps qui sont les misères de tous les temps ; à cette jeunesse, devant les soucis matériels à conjuguer ; à cette jeunesse dont on veut de part et d’autre, exploiter les inquiétudes pour l’embrigader (…)N’ai-je pas pour obligation de lui dire ; ne te laisse pas embrigader… Jouez le jeu !
Jouer le jeu, c’est être désintéressé.
Jouer le jeu, c’est piétiner les préjugés, tous les préjugés, et apprendre à baser l’échelle des valeurs uniquement sur les critères de l’esprit. Et c’est se juger, soi et les autres, d’après cette gamme de valeurs. (…)
Jouer le jeu, c’est savoir tirer son chapeau devant les authentiques valeurs qui s’imposent par la qualité de l’esprit et faire un pied de nez aux pédants et aux attardés.
Jouer le jeu, c’est accepter la décision de l’arbitre que vous avez choisi ou que le libre jeu des institutions vous a imposé.
Jouer le jeu, c’est, par la répudiation totale des préjugés, aimer les hommes, tous les hommes, et se dire qu’ils sont tous bâtis selon la commune mesure humaine qui est faite de qualités et de défauts.
Jouer le jeu, c’est respecter nos valeurs nationales, les aimer, les servir avec passion, avec intelligence, vivre et mourir pour elles, tout en admettant qu’au delà de nos frontières, d’authentiques valeurs sont également dignes de notre estime, de notre respect. C’est se pénétrer de cette vérité profonde: “Tu sauras, autant qu’il est donné à l’homme, que la nature est partout la même..” et comprendre alors que tous les hommes sont frères et relèvent de notre amour et de notre pitié. (…)
En juin 1940, Félix Eboué a été le premier gouverneur à rallier De Gaulle, faisant basculer l’Afrique Equatoriale dans son camp. C’est lui qui recrutera les premiers soldats de la France Libre en Afrique. De Gaulle le nomma premier Compagnon de la Libération. En 1949, ses cendres furent transférées au Panthéon, le premier noir dont la mémoire a été ainsi honorée sous l’inscription: « Aux grands hommes la Patrie reconnaissante ». Imaginerait-on De Gaulle ou Félix Eboué voter Le Pen ?

Elections : On dégage. Et maintenant aussi dans les medias ?

René Coty, Président en 1953. On dégage, mais jusqu’où et qui ? 
Ça y est, fin du suspens (d’un premier suspens). Il y a des leçons à tirer, des leçons à donner.
Fillon n’avait pas d’électeurs cachés. Le Pen n’avait pas d’électeurs honteux. Mélenchon n’a pas renversé la table. Même s’il a confirmé qu’il avait la défaite mauvaise.
Et les français n’ont pas boudé les élections.
78 % de participation ? Cela ne se voit dans pratiquement aucune autre démocratie, même avec vote obligatoire.
Etats-Unis: À peine 55 % de participation aux Présidentielles. Et Trump y a obtenu 3 millions de voix de moins qu’Hillary Clinton. Royaume-Uni : 72 % de participation au référendum sur le Brexit avec un oui à 52 %…
Au fait, où sont-ils tous ces critiques des sondages – soit-disant manipulés, faussés etc...? Finalement, ces outils fonctionnent. Ils permettent d’avoir une idée des tendances de l’évolution de l’opinion. Mais ils n’ont jamais prétendu être paroles d’évangile.
Ces élections ont confirmé l’envie du dégagisme, de sortez les sortants. Ou du renouvellement, ce qui est une autre manière de le dire. Dés les primaires. Puis avec ce premier tour qui élimine les gagnants des deux primaires.
Mais qu’en est-il dans les medias: S’appliquent à eux-mêmes ce qu’ils analysent si bien: Allez on dégage ! Tous ces experts, ces journalistes gloseurs et commentateurs qui depuis 30, 40, certains même 50 ans analysent, soupèsent, et depuis l’explosion de l’info en continu, moulinent dans le vide des schémas et des références d’un autre siècle genre « Il n’est pas dans l’ADN de la V ème République « « C’est historique. » « C’est la première fois ! » Sauf qu’en 1958, internet n’existait pas. Et sauf qu’avoir couvert l’élection de Chirac en 2002 – ou celle de René Coty en 1953 – donne de l’expérience, peut-être, mais pas forcément l’ouverture intellectuelle pour comprendre les Présidentielles 2017.
Nous vivons une e-poque formidable !

Elections : Enfin !

Manifs au Venezuela: mieux vaut trop voter que pas assez
Ça y est, on y est: On va enfin pouvoir voter. Et on va enfin savoir :
Les instituts de sondages sont-ils tous à la solde de Macron ? Les électeurs cachés de Fillon vont-ils faire leur coming-out ? Le Pen a-t-elle des réserves d’électeurs honteux d’avouer leur vote FN ? Mélenchon va-t-il continuer sa chevauchée fantastique ? Que restera-t-il du Parti socialiste ? Etc, etc…
C’est la fin d’un suspens qui nous aura plus épuisés qu’un binge watching de toutes les saisons de House of cards, West Wing plus Game of Thrones.
Saoulés, nous l’avons été par les medias en continu, qui moulinent en direct live même quand il n’y a qu’un seul grain à moudre dans la cafetière. Saoulés nous le sommes encore par ces nouveaux medias, les réseaux sociaux, diffusant sans filtre toutes ces rumeurs, ces fake news, cette haine souvent.
Avant, nous partagions nos médisances au café du coin, entre voisins, en famille, bref en petits comités. Les corbeaux devaient écrire et poster leurs lettres anonymes. Tout cela prenait du temps. Maintenant un petit clic, et on fait un grand crac: Le battement de l’aile d’un papillon sur Google actualités peut faire s’écrouler une réputation.
Et puis avec les primaires, on a l’impression que cette campagne dure depuis des mois. Et de fait, elle dure depuis des mois. Quand on pense que certains voudraient nous consulter en permanence par référendum, est-ce vraiment une bonne idée ? Avec les deux tours des présidentielles, des législatives, et même les primaires, nous aurons voté 4, voire 6 ou même 8 fois.
Crevant. Hâte de savoir ce que sera la suite. 
Mais ne râlons pas trop. Quand on pense qu’au Venezuela – un exemple pris au hasard ( !) – les manifestations réclamant le retour à la démocratie et le départ du Président dictateur ont encore fait une dizaine de morts, on se dit que mieux vaut trop voter que pas assez.

Nous vivons une e-poque formidable !

Fatigués de cette campagne présidentielle ? Vite un coup de Grande Vadrouille

La Grande vadrouille: Même les allemands en rit !  
La France va mal, la politique va mal, les medias vont mal. La preuve : La re-re-re-diffusion de la Grande Vadrouille. Et une nouvelle fois Bourvil et De Funès ont battu des records d’audience. Plus forts que Fast and Furious qui pourtant en matière de muscles et de grosses cylindrées écrasent tout le monde…
Pour beaucoup d’entre nous, c’était la xième fois qu’on voyait ce film. On se dit: Allez juste 5 mn. Et puis on regarde jusqu’à la fin, et on rigole aux mêmes blagues, aux mêmes répliques.
Il faut dire que la Grande Vadrouille, ça fait du bien.
Bien sûr, c’est la défaite, l’occupation. Mais la France y est belle, sans hyper ni cité. Une France comme sur une affiche électorale de François Mitterrand, un petit village serré autour de son église. Et puis les allemands n’y sont pas ceux d‘aujourd’hui, ceux de Merkel, tellement agaçants parce qu’ils font tout bien, tout leur réussit. Même leur démocratie. Ras-le-bol de toujours nous les citer en exemple : « Les allemands eux engrangent des excédents commerciaux » « Les allemands eux ont réduit leur déficit budgétaire » « Les allemands eux pratiquent le consensus »
Au moins dans la Grande Vadrouille, nous prenons notre revanche, et en plus gentiment. A coups de citrouille ou pots de peinture contre la Wehrmacht. Les allemands y sont à leur place. Ridicules plus que méchants.
Et nous, bien sûr on s’engueule, on n’est pas des héros, mais in fine on fait le bon choix, le riche allié à l’ouvrier, même si c’est pour lui monter sur les épaules.
Et tout ce petit monde de se réconcilier autour de la France éternelle qui ne ment pas, celle de nos grands vins que le monde entier nous envie, anglais et allemands en tête.
A consommer avec modération.
Sauf que si Dimanche soir nous avons la gueule de bois, cela risque de ne pas être par excès de boisson.

Nous vivons une e-poque formidable !

Des anciens combattants sénégalais à l’Elysée. La reconnaissance tardive du sang versé par les troupes coloniales.

Un peu de terre d’Afrique au pied du Beaujolais
Pour prendre la mesure du sacrifice des troupes coloniales pour la France et de l’injustice qui leur a été faite, à eux et à leurs descendants pendant 70 ans, il faut aller visiter la nécropole nationale de Chasselay.
C’est un endroit paisible où les collines du Beaujolais viennent mourir sur la plaine de la Saône, où les vignes cèdent la place aux cerisiers et aux poiriers, aux portes de Lyon, une terre de beaux fruits et de bien manger. 
A la sortie du village, un panneau : Tata sénégalais, nécropole nationale. Et l’on arrive à des bâtiments de pisé rouge, qui, au milieu des champs de maïs, rappellent les constructions traditionnelles en terre que l’on trouve au Mali ou au Sénégal. C’est un cimetière. Si l’on pousse la grille, des rangées de tombes, en terre rouge, très simples, 194 exactement. Et si l’on se met à lire les inscriptions, beaucoup commencent par “inconnu” “sergent“, d’autres par « Né à Thiès » ou « né à Kaolack »,ou « né à Saint-Louis ». Toutes se terminent  par « Mort pour la France ».
C’est une page de notre Histoire, un peu oubliée, un peu chahutée aujourd’hui, que l’on (re)découvre. Celle du massacre des tirailleurs sénégalais lors de la défaite de juin 1940. Sur 65 000 tirailleurs engagés au combat entre mai et juin 1940, 29 000 ont été tués. Et à Chasselay, massacrés.
Le 19 juin 1940, alors que l’armée française est en déroute, alors que plus au sud, Lyon est déclarée ville ouverte, c’est-à-dire que l’on renonce à la défendre, la 3ème compagnie du 25 ème régiment de tirailleurs sénégalais se trouve à Chasselay. Elle n’a pas reçu l’ordre de retraite et les officiers vont donner l’ordre de résister à l’avance des troupes allemandes dont la tristement célèbre division SS « Totenkopf » « Tête de mort ». Les tirailleurs, qui n’ont aucune expérience de combat, résistent deux jours, jusqu’à n’avoir plus de munitions. Lorsqu’ils sont faits prisonniers, ils sont immédiatement séparés des soldats « blancs » et exécutés dans un champ, balles dans le dos ou écrasés par les chenilles des panzers. 2 officiers accusés d’avoir dirigé des « nègres » sont également exécutés. Pour les nazis, les noirs des troupes françaises, c’était le comble de la décadence.
A partir de 1942, avant l’occupation de la zone libre, est édifié un cimetière où sont inhumés les corps de 194 tirailleurs, de plusieurs nationalités, ainsi que de 2 légionnaires. Ceux qui commandaient le régiment et qui avaient voulu s’opposer au massacre. De la terre venue d’Afrique fut répandue sur les tombes.
Il a fallu attendre 1966 pour que ce tata – en wolof, c’est un mot qui signifie « fortin »« enceinte de terre sacrée » –  soit  reconnu « nécropole nationale ».
Dans la paix de cette campagne, il faut parcourir ce cimetière un peu oublié, lire tous ces noms, ces parcours de vies, fauchées au sortir de l‘adolescence, venues d’Afrique et tombées pour la France, notre pays qu’ils ne connaissait même pas, morts alors qu’au même moment tant de français préféraient la collaboration avec les nazis.
Le 20 décembre dernier, François Hollande a profité de la visite du Président sénégalais Macky Sall, pour annoncer que l’accession de leurs descendants à la nationalité française serait « facilitée ». Une mesure passée un peu inaperçue, éclipsée par l’attentat de Berlin. Cette décision n’est que justice. Mais une justice bien timide et tardive. D’ailleurs, il avait fallu attendre Jacques Chirac puis Nicolas Sarkozy en 2010 pour que les pensions versées aux anciens combattants africains soient mises à égalité avec celles des français. Pendant plus de 60 ans le prix du sang versé pour la France avait été de 5 à 10 fois moins important selon qu’on soit bourguignon, sénégalais ou algérien.
Nous vivons une e-poque formidable.

Vel’d’hiv, colonisation, Irak: Chirac, au secours , ils sont devenus fous.

CHIRAC: Fier d’être français, avec les zones d’ombre !
Mais à quel niveau sommes-nous tombés ? Pour qu’à 10 jours des élections on en soit à exhumer les cadavres du vel’d’hiv…
Et l’on pense à De Gaulle, à Chirac.
A Joseph Servant et Roger Soulier ? Vous ne connaissez pas ces deux derniers ? Normal. Ce sont deux jeunes d’Yssingeaux, de Retournac, du Velay, de la Haute-Loire, ni tout à fait l’Auvergne, ni tout à fait le Languedoc, un pays rude, la France éternelle, la France profonde, catholiques, marqués par l’esprit protestant, celui des Justes au Chambon-sur-Lignon, voisin.
Juin 1940, c’est la défaite. Ils vont voir leurs profs, leurs oncles, comme l’oncle curé Chanoine de la Chaise-Dieu : « De Gaulle ? «  Mais vous n’y pensez-pas ! Dans 6 mois, on n’en parlera plus. Pétain, voilà notre sauveur ! ».
Mais à à peine 18 ans, ils n’y croient pas. L’un entrera dans la résistance , le maquis, sera arrêté et déporté. A Dachau. L’autre gagnera l’Algérie, sera formé comme sous-officier à l ‘Académie militaire de Cherchel avec un des fils de Félix Eboué, ce guyanais gouverneur de l’Afrique Equatoriale Française, le premier à rallier De Gaulle le 18 juin 1940,. Il mènera tous les combats pour libérer la France avec les Forces Françaises Libres. La campagne d’Italie, le débarquement en Provence, la libération de l’Alsace . Pas 20 ans, sa mère veuve de guerre, et sa soeur,  seules et sans nouvelle pendant 4 ans à Yssingeaux…
Et puis plus tard, l’Indochine, l’Algérie, et chaque fois, la même fidélité à la France, au refus des injustices et des violences et des tortures de la colonisation.
Nous avons tous connu ces mêmes contradictions au sein de nos histoires, de nos histoires familiales.
Alors au moment de nous prononcer pour des élections, qui mine rien ont de l’importance – ALLEZ VOTER !- pensez à ces jeunes hommes qui, en 1940, n’étaient ni des privilégiés, ni des nantis, ni des bobos, ni des intellos, ni des microcosmes et qui pourtant ont su faire le BON choix, la Justice, le Bien contre le Mal, en laissant derrière eux, leurs mères, leurs soeurs orphelines.
Respectons la mémoire de ces aïeux qui ont fait ce que nous sommes.
De Cayenne à Yssingeaux, de Dakar  à Addis Abeba, de Prague à Brives-Charensac.

Nous vivons une e-poque formidable.

Débat télévisé présidentiel: Entre dîner de cons et 10 petits nègres.

Déjà un absent sur la photo de famille du Grand débat: 10 et non pas 11
On hésite : Un remake de dîner de cons ? Mais qui dans le rôle titre ? Et puis onze candidats et 2 journalistes, ça fait 13 à table : Mauvais présage. 
Ou alors les « 12 salopards », comme dans le film, où 11 condamnés sont graciés contre une mission suicide censée sauver le débarquement de 1944, donc la démocratie. Un peu simpliste, mais haletant. Alors que le grand débat, même avec Mélenchon en chauffeur de salle, c’était un peu … chiant.
Il faut dire que 3 heures 30 divisées entre 11 intervenants, il restait 15 minutes de temps de parole, tronçonnées en séquences d’1 mn 30. Pas le temps pour des débats, sauf peut-être pour des saillies, comme celle de Philippe Poutou : « Nous, quand on est convoqués, on n’a pas d’immunité ouvrière ».
A part ça, les lignes vont-elles bouger ? Les électeurs cachés vont-ils faire leurs coming-out ? Les indécis se décider ? Pas sûr.
Pas sûr non plus que le « grand débat » ait été un moment « historique », comme l’ont rabâché pendant plusieurs jours tous les medias. Aucune démocratie n’avait imaginé ou même osé imaginer un tel débat. Et l’on comprend pourquoi: La cacophonie n’est pas la démocratie. On veut nous faire croire que donner la parole à tout le monde, c’est la démocratie, la vraie, à l’ancienne, à la grecque, genre Ecclesiaqui se réunissait sur l’Agora. Sauf qu’on oublie de nous préciser que les débats entre citoyens dans l’Athènes antique, n’étaient réservés qu’à une élite, moins d’un dixième de la population, les femmes aux gynécées, les non grecs et les esclaves à la cave. Quant à l’absentéisme: 2000 votants sur 400 000 habitants…
Le grand débat, donc, pas de gagnant, mais beaucoup de morts. Un peu comme dans la chanson et le roman Les dix petits nègres.
Sauf qu’à la fin du roman, tous sont morts, le coupable s’étant suicidé.
Alors que là, le 7 mai, il en restera un :
Un petit nègre se retrouva tout esseulé
Se pendre il s’en est allé
N’en resta plus… du tout .
La corde pour nous pendre en l’occurrence, ce serait, ce sera l’abstention.

Nous vivons une e-poque formidable.

On pourrait pas voter plus vite ?

Y-a-t-il encore un pilote dans l’avion France ? 
Plus que 20 jours jusqu’aux élections. Quel supplice ! Le printemps affiche des températures d’été et pourtant nous sommes en plein brouillard. Qui seront les deux « heureux » élus qualifiés pour le second tour ? Les unes et les autres s’y voient déjà. Certains font appel aux comparaisons sportives, promettant une remontada et annonçant des votes cachés. D’autres comptent sur l’arbitrage vidéo et le ou les débats télévisés. A 11… Ça va pas nous aider à y voir plus clair.
Le suspens est donc insoutenable, d’autant plus que les problèmes eux paraissent s’accumuler.
Prenez la Guyane. Qui pouvait penser que cinquante ans d’incuries pourraient être amendés par 50 heures de discussions ? Donc les ministres rentrent à Paris – il faut bien qu’ils préparent leurs cartons de déménagement – et sur place c’est toujours la grève générale. Mais pas sûr que les prochains jours soient aussi fraternels et pacifiques que ces dernières semaines. Et puis qui à Paris a aujourd’hui la légitimité et la durée nécessaires pour décider quoi que ce soit de sérieux donc de couteux pour la Guyane ?
C’est la même chose avec les prisons. Qui à force d’être au bord de l’implosion, vont bien finir par exploser. Et puis il y a le terrorisme. Pourvu que nous soyons bien gardés. Il y a la création d’emplois. Baisse ou pas des charges ? Et quid de la fiscalité ? Et de nos retraites ? Et de l’assurance-maladie ? Et de l’hôpital public ? Et des prothèses dentaires ?
Et les canards du sud-ouest ? Et les fraises espagnoles. ? Et l’Europe dans tout ça ?
3 semaines encore à attendre. Puis voter une deuxième fois 15 jours après. Puis à nouveau voter deux fois pour les législatives. Et quand on pense que certain/e/s voudraient qu’en plus on revote pour des référendums.
Nous sommes bloqués jusqu’à la mi-juin. Ensuite les congés-payés partiront en congés.
Nous serions des ours en hiver, on appellerait cela hibernation. Ce printemps, en France, on appelle ça élections. Avec un réveil en septembre.  

Nous vivons une e-poque formidable.

Allo Paris, ici Cayenne. Nous avons un problème.

Ségolène Royal face aux 500 frères guyanais contre l’insécurité
Jusque là tout allait mal. Mais personne ou presque ne s’en souciait.
Il faut dire que si on vous dit Guyane, vous répondez : Euh … Le Bagne ? Euh…  Ariane, les fusées ? Euh…ah ! oui, Christiane Taubira. En oubliant que celle-ci a été battue deux fois aux élections pour la mairie de Cayenne, plus une dernière défaite aux régionales de 2011. Mais nul n’est prophète en son pays. Surtout en Guyane.
La Guyane était un bon pays, un bout de forêt amazonienne où contrairement aux clichés de l’île du diable et de Papillon, il faisait bon vivre, le long de ses fleuves et de ses rivages immenses.
Mais en 30 ans, elle a littéralement explosé. Pire qu’un lancement raté d’Ariane. Passant de 50 000 habitants à 200 000 habitants. C’est comme si la France avait dû intégrer 150 millions de personnes ! Les communes, les collectivités territoriales sont dépassées par des charges qu’elles ne peuvent financer. Ecoles où 90 % des enfants ne parlent pas français ni créole. Hôpitaux où 90 % des femmes qui viennent accoucher sont brésiliennes, surinamiennes ou de Guyana. Il suffit de traverser un fleuve au milieu de la forêt pour se retrouver en France. Alors…
Et puis il y a la violence, qui s’est développée en quelques années seulement, et qui atteint des niveaux inimaginables, insupportables, 13 fois plus élevés qu’en métropole. Police, gendarmerie, légion multiplient les opérations coups de poing, augmentent leurs effectifs, mais rien n’y fait. Les autorités paraissent dépassées face aux clandestins brésiliens ou surinamiens qui viennent exploiter illégalement l’or dans l’intérieur de la Guyane, bousculant les populations tribales, polluant au mercure les rivières. Les mafias de tout poil ont transformé Cayenne en plaque tournante du trafic de drogue, les habitants s’enferment aujourd’hui derrière des grilles et la vente de Doberman fait fureur. La liste des plaies qui se sont abattues sur la Guyane semble infinie et la situation sans solution. En tout cas, aucune – sérieuse, durable – n’a été proposée, tentée par Paris.
C’est pour cela que le mouvement qui paralyse la Guyane, est plus que sérieux. Il est désespéré. Il a commencé par des actions coups de main des « 500 frères », un collectif qui proteste contre la délinquance. Il s’est amplifié parce que les autorités françaises ont tapé la fuite. Comme Ségolène Royal venue présider une Conférence internationale sur … la protection du milieu marin de la région caraïbe. Des « frères » en cagoule ont fait irruption en pleine conférence sous les yeux médusés de délégués venus des Etats-Unis, des Bahamas ou du Brésil pour réclamer à la Ministre que le gouvernement intervienne contre la violence.
Mais la Ministre s’est dépêchée de rejoindre la Guadeloupe puis les Etats-Unis où elle se place pour devenir la future Directeur du P.N.U.D.
Paris a décidé d’envoyer une délégation interministérielle mais sans aucun ministre, même pas celle de l’Outre-Mer, qui depuis Paris, a lancé un appel au calme. La ministre de l’Outre-Mer ? Ericka Bareigts. Vous n’en avez jamais entendu parler ? C’est normal, c’est une illustre inconnue, dont le choix montre bien l’importance que la France accorde à l’Outre-Mer. En d’autres temps, on aurait dépêché un ministre, voire un Premier ministre. Mais là, l’envoi de cette sous-délégation a été vécu comme un affront par les guyanais qui se sentent totalement abandonnés par Paris. Aujourd’hui le mouvement s’est transformé en grève générale. Bravo, bien joué !
Oh ! bien sûr, une solution va être trouvée très vite. Car le blocage des routes, des ports, des commerces cloue au sol le lanceur Ariane. Et chaque lancement annulé, ce sont des centaines des millions d’euros qui partent en fumée.
Mais ce ne sera qu’un pansement sur un grand corps malade, le temps de tenir jusqu’aux élections et de repasser la patate chaude aux suivants. Qui feront quoi ? Que proposent les candidats aux Guyanais, si ce ne sont de belles paroles ? Quel projet pour la Guyane et ses 50 % de jeunes, dont beaucoup sont au chômage ? Même les politiques guyanais n’ont pas de réponse.
Et pourtant la Guyane était un bon pays. Mais ça, c’était avant…

Nous vivons une e-poque formidable.
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