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Le blog de Pierre M. Thivolet, journaliste

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Manifestations au Brésil et en Turquie : si semblables et si différentes à la fois

Au Brésil comme en Turquie, ce qui retient l’attention, c’est d’abord que les mouvements de contestation apparaissent dans deux pays émergents, importants, et en pleine croissance économique. C’est aussi que dans les deux pays, les gouvernements et les partis politiques n’avaient rien vu venir. La manière dont ces mouvements se sont développés est également très semblable. Ils ont eu largement recours aux médias sociaux, court cicuitant notamment au Brésil, les médias traditionnels. Le comportement des forces de police ou de maintien de l’ordre est également brutal. Ce n’est pas surprenant, ces deux pays sortent d’années de pouvoir autoritaire ou dictatorial, et former la police à un maintien de l’ordre ferme mais le moins violent possible fait partie de la démocratisation. Dans les deux pays, on voit qu’il y a encore des progrès à faire. 
Les manifestants eux-mêmes se ressemblent : Ils viennent essentiellement des classes moyennes qui se sont considérablement développées dans les deux pays depuis une dizaine d’années. Et dans les deux cas, les manifestants réclament un meilleur partage des fruits de la croissance et de leurs efforts, un meilleur accès à la santé, à l’éducation, à un ensemble de services comme les transports, le logement. Ils dénoncent aussi la corruption, notamment au Brésil où elle est un vrai frein au développement.
Mais il y aussi de profondes différences qui rendent d’ailleurs pessimistes sur l’évolution à court terme en Turquie.
En Turquie, le pouvoir est conservateur. Il refuse d’entendre les manifestants et ne leur oppose que la force. Il ne voit dans ce mouvement de revendications que la main de l’étranger, un vaste complot entre la finance et le lobby juif (!). On peut craindre un enfermement du pouvoir dans une fuite en avant nationaliste.
Rien de tout cela au Brésil. La Présidente Dilma Rousseff est de gauche, même si l’on voit à quel point même de gauche les élites politiques brésiliennes sont coupées des réalités sociales de leur pays. Dans ses discours, elle dit entendre et comprendre les revendications, et même si elle ne semble pas convaincre, annonce des réformes sociales et structurelles. Même si l’on ne voit pas encore comment elle va réellement faire, il est sûr, qu’elle cherchera à éviter violences et blocages.
Sur le long terme, les mouvements de contestation dans ces deux grands pays émergents doivent rendre optimiste. Ils signifient qu’il n’y a pas de développement économique sans développement des aspirations à plus de démocratie, à plus de justice sociale, à plus de redistribution. On l’avait déjà vu en Corée il y a 15 ans, après 30 années d’un formidable développement. On le verra peut-être, sans doute, sans nul doute en Chine, où là aussi les classes moyennes se sont considérablement développées. Mais quand on sait la dureté du pouvoir en Chine, cela risque de ne pas être un long fleuve tranquille.
Nous vivons une e-poque formidable

L’inconnu du lac : Couvrez cette bite que je ne saurais voir!

Y’en a qui ont l’esprit mal tourné. Notamment ceux qui ont créé une pseudo polémique au sujet de l’affiche de «l’Inconnu du lac » dont l’action se déroule au bord d’un lac, lieu de drague pour homosexuels. 
J’avoue: Mon attention avait été retenue par cette affiche, très belle, une peinture, une belle composition, avec des personnages représentés par des applats de couleurs, sans détail précis. Cette affiche m’avait donné envie d’en savoir plus. Et alors que je n’ai aucune appétance particulière pour des sujets se déroulant dans un milieu homo, j’avais trouvé l’histoire plutôt intéressante, plutôt universelle (quid de l’amour dans la surconsommation sexuelle ?) et l’interview du réalisateur, plutôt intelligente. 
Pourtant, cette affiche a fait scandale, en tout cas entre Versailles et Saint-Cloud, où la municipalité a décidé de la faire retirer… Au début, je n’ai pas bien compris : Où était le scandale ? … Bon, d’accord, les deux personnages du premier plan s’embrassent et ce sont deux hommes… Mais, franchement pas de quoi traumatiser ni des enfants des écoles maternelles, ni un groupe de moines trappistes. Certaines affiches sur les murs de nos villes pour des rappeurs bobybuildés et tatoués me paraissent nettement plus chaudes. Et je ne parle même pas de la statue de David de Michel-Ange à Florence ou Adam sur la voute de la chapelle Sixtine, à Rome: Tous deux, bites à l’air… 
Il m’a fallu du temps pour comprendre que l’objet du délit serait en fait un couple en train de se sucer, au cinquième ou sixième plan dans le fond. Je mets cela au conditionnel parce que j’ai essayé de vérifier, j’ai agrandi plein écran, j’ai même utilisé une loupe, j’ai pris rendez-vous chez l’ophtalmo, franchement, on ne voit rien. Il faut vraiment avoir l’esprit mal tourné, être particulièrement obsédé. 
Il faut être, comment disait Molière déjà? : Tartuffe
Couvrez ce sein que je ne saurais voir:
  
Par de pareils objets les âmes sont blessées,
 
Et cela fait venir de coupables pensées. 
Comme l’on sait ce n’est pas le dévôt, l’homme de foi que dénonçait Molière il y a 350 ans, mais le faux-dévôt, l’hypocrite, celui qui en faisant semblant d’être choqué par un sein découvert, révèle en fait ses fantasmes, ses frustrations, ses « coupables pensées ». 
 Saint-Cloud,Téhéran, les intégristes de tout bord : C’est du pareil au même : Tous des Tartuffes !

Nous vivons une e-poque formidable !

Christine Lagarde : Lachez lui les baskets (Adidas ?)

Même le Président est en Adidas…

Ca y est: Un nouveau scandale ! On dit merci qui ?
Merci Charles-Amédée de Courson. Sa dernière intervention en 2004 «pour des questions morales » a fait capoter un accord sur «seulement» 117 millions d’euros de dédommagements versés à Tapie.
Merci tous ceux qui comme Bayrou, ou le Parti socialiste avant qu’il ne soit au pouvoir, cultivent les « tous pourris, sauf ma mère et ma sœur ». Ceux qui voient des complots partout. Tiens, on se demande même s’il ne s’agit pas d’un coup du Qatar et / ou d’Al-Qaida ?
Merci aussi la Cour de Justice de République, qui ne sera pas celle qui paiera la note.
Car, même si, à la différence de mes consoeurs/frères, je n’y comprends pas grand-chose à toute cette histoire qui remonte à… 1994 ? [1], je retiens que cela nous coûte très cher…Et quand j’écris « nous », je dis bien « nous », les contribuables, condamnés à payer des indemnités à Bernard Tapie, escroqué au moment de la vente par le Crédit Lyonnais de sa société Adidas.
Tapie escroqué, cela fait « arroseur arrosé ». 
Mais les premiers responsables, ceux qui devraient continuer à rendre des comptes, ce sont ces hauts fonctionnaires, issus pour la plupart de l’Inspection des Finances, qui ont coûlé le Crédit Lyonnais, en nous laissant une ardoise de près de 8 milliards d’euros. Et laissant sur la table ce fameux contentieux avec Bernard Tapie.
L’affaire Tapie-Adidas est donc un dommage collatéral de cette idée géniale de 1981 : « Nationalisons les Banques ». Quand on pense qu’aujourd’hui il s’en trouve encore pour nous expliquer que ce serait LA solution pour sortir de la crise, on se pince.
On devrait décerner une médaille à Christine Lagarde pour avoir décidé de stopper les frais. Remettre en cause la décision de 2007 conduirait à alourdir encore plus la facture. Car chaque jour qui passe augmente les intérêts cumulés sur le dédommagement à verser depuis 15 ans.
 Amis juges de la Cour de Justice de la république, même si ça nous fend le cœur que tant d’argent soit versé à Tapie, s’il vous plaît : Arrêtez les frais ! Avec le sauvetage du Crédit Lyonnais, on en est déjà à près de 65 euros par français. Le prix d’une paire d’Adidas…
Nous vivons une e-poque formidable ! 


[1] Excellent article dans “Challenges”: http://www.challenges.fr/economie/20130522.CHA9820/affaire-tapie-christine-lagarde-doit-elle-vraiment-porter-le-chapeau.html

L’autruche française va-t-elle remplacer le coq gaulois ?

Il parait que nos « amis » européens aiment bien raconter la blague suivante : « Pourquoi le coq est-il l’animal symbole des français ? » 
Réponse: « Parce que c’est le seul animal qui continue à chanter même quand il a les pieds dans la merde. »  Qu’est-ce qu’on se marre… 
Comme si nous les français, étions prétentieux? Alors qu’en fait, nous sommes de grands incompris, victimes d’avoir raison avant tout le monde. C’est notre syndrome de Valmy… Vous savez lorsque notre jeune République était attaquée par les armées de tous les rois, ducs, et autres potentats qui voyaient d’un très mauvais œil, une Révolution qui appelait les peuples européens à se libérer. (Valmy…Je n’ai pas connu, j’étais pas né, mais c’est qu’on m’a enseigné dans les écoles de la République !)
Allez Mélenchon fait nous des tirades à la Danton ! : Comme en 1792, la France aujourd’hui montre la voie aux autres peuples asservis par les banquiers: L’avenir du travail passe par les 35 heures et la retraite à 60 ans. Notre service public « à la française » est le meilleur. Nos « acquis » sociaux sont intouchables, sinon c’est faire la part belle aux patrons
Et vas-y Marine, fais-nous du Pierre Poujade et Raymond Cartier, les pères du poujadisme et du cartiérisme, vous savez: Je préfère la Corrèze au Zambèze, et ma cousine à ma voisine: Les anglais sont perfides, les allemands égoistes, nos « cousins » du sud, sympas mais bordéliques… Oui à l’Europe mais à nos conditions et selon notre modèle qui de Pékin à Sao Paulo en passant par Berlin fait l’admiration du monde entier. Et 5 millions d’immigrés égalent cinq millions de chômeurs, c’est bien connu
Non mais ! On s’écoute parler, nous les français ? On se rend compte de notre suffisance, de notre arrogance ? Arriver à être en récession ou quasi, alors que, sauf peut-être dans une dizaine de pays du sud de l’Europe, l’heure est à la croissance, il faut le faire ! Même l’Afrique s’envole ! ( et comme diraient Le Pen, Père , fille et petite fille, l’Afrique, vous vous rendez compte ! )
Seuls au monde, seuls contre le reste du monde, nous enfouissons profondément notre tête dans le sable, en attendant que cela passe ; Et cela passera forcément, puisqu’après la pluie vient toujours le soleil, puisque après un cycle de baisse, vient la reprise. Et puis, continuons à freiner nos entreprises, qui pour l’essentiel sont des P.M.E, par des charges, impôts et prélèvements en tout genre, pour financer un secteur public trop important, et relancer l’économie par la consommation : Cela nous permettra de continuer à acheter écrans plats et tablettes- toutes importées-, cela mettra du beurre dans le riz quotidien des chinois et autres thailandais.
Continuons  à avoir peur de ce monde qui se transforme sans nous. La tête dans le sable de nos certitudes, comme le autruches face aux dangers … Après le coq gaulois, l’autruche française.
Nous vivons une e-poque formidable !

Moi j’aime le kebab, le burger, mais aussi le jambon beurre.


Il parait que c’est un slogan qui fait mouche: « Ni kebab, ni burger». Et le Front National prétend ainsi défendre notre identité nationale menacée selon lui par l’immigration et plus précisément par les arabes, par les musumans.
En quoi le fait d’aimer le couscous signifierait que le saucisson chaud à la pistache ou le tablier de sapeur à la lyonnaise seraient menacés ? Et si notre identité justement n’était pas d’aimer tous ces plats délicieux ?
L’immigration n’est pas en France un phénomène récent. C’est même une spécifité française au sein de l’Europe. Depuis la Révolution et ses lois sur l’héritage partageant de manière égale entre tous les enfants, poussant les paysans à n’avoir qu’un ou deux enfants, après les guerres napoléoniennes qui décimèrent plusieurs millions de français, notre taux de natalité s’était effondré. La France, pays le plus peuplé d’Europe au début du XIXème siècle, s’était retrouvée affaiblie 50 ans plus tard. La défaite de 1870, la très difficile et sanglante victoire en 14-18 ont été des signaux d’alarme qui ont poussé nos gouvernements à nous ouvrir à l’immigration. Avec peut-être beaucoup de cynisme, nous avions besoin de soldats, de « chair à canon”, et de bras dans nos usines et nos mines. Belges, polonais d’abord, italiens ensuite, puis portugais et espagnols, et enfin maghrébins ou africains.
Aujourd’hui, un tiers ou la moitié d’entre nous a au moins un parent d’origine étrangère. L’immigration est une de nos richesses, un des élements de notre identité nationale.
Certains pensent que «oui, bien sûr, mais les italiens par exemple, c’était plus facile, car ils étaient catholiques».
C’est oublier que cela n’a pas été évident.
C’est oublier qu’après l’assassinat à Lyon du Président Sadi Carnot par l’anarchiste italien Caserio, en 1894, il y eut des pogroms anti-italiens dans les rues de Lyon, sans parler des massacres , comme à Aigues-Morte en 1893.  Oui, des massacres, chez nous en France, contre des italiens…
Cependant ce que révèle le succès de ces petites phrases distillées par le Front national, ce sont nos peurs face aux changements rapides d’un monde où notre pays n’est plus au centre ; c’est aussi le silence de nos politiques qui ne savent pas où ils en sont avec nos valeurs communes, avec nos valeurs républicaines. Fier d’être français, fier de nos valeurs et en même temps ouvert sur le monde, c’est la seule ligne de conduite possible.
Nous vivons une e-poque formidable !

Wahnsinnig[ ! Pourquoi, finalement, j’adore les allemands !!!!

Wahnsinnig[1] ! Pourquoi, finalement, j’adore les allemands !

Ils sont incroyables ! Non, vous avez vu ça ? Après le Borussia Dortmund qui élimine le Real Madrid ( dommage, j’aimais bien  le Real), c’est le Bayern Munich qui corrige le Barça (dommage, la meilleure équipe d’Europe ?)
Alors on fait quoi ? On brûle Angela Merkel en place de grève ? On reconstruit la ligne Maginot ? Il y a dix ans, vingt ans, le football allemand fonctionnait comme un rouleau compresseur, mais, disions-nous, sans panache, sans « fun ». L’Allemagne, boum, boum, quoi ! Et voilà qu’aujourd’hui, à leur solidité , les allemands ajoutent la classe.
Eh ! oui, ils sont étonnants les allemands. Ils prennent leur temps, mais ils sont capables d’évoluer, de remettre en question leur manière de fonctionner tout en conservant leurs fondamentaux.
C’est comme en économie.
Il y a vingt ans, des tas de gens très intelligents chez nous – des énarques, c’est dire, si ce sont des gens intelligents (LOL !) – ne pariaient pas un deutschmark, pardon, un euro, sur la capacité des allemands à adapter leur société aux réalités contemporaines. On les croyait englués dans un système social protecteur mais archaique, embourbés dans une réunification coûteuse. Et voilà, qu’à l’allemande, c’est-à-dire , tranquillement, en mettant tout le monde autour de la table des négociations, ils sont arrivés à faire sauter des blocages pourtant centenaires. 
Prenez par exemple une loi sociale comme l’heure d’ouverture des magasins et des restaurants,  le « Ladenschlussgesetz », plus ancienne que nos lois sociales de 1945, puisqu’elle remontait aux années… 1870, au chancelier Bismarck, et qui transformait en désert les villes allemandes après 13 heures le Samedi. Eh ! bien, cette loi centenaire a été amendée, et aujourd’hui – demandez aux alsaciens – alors qu’il y a vingt ans les allemands se précipitaient à Strasbourg pour faire leurs courses, aujourd’hui, c’est le contraire : Les strasbourgeois se ruent à Kehl, de l’autre côté du Rhin, pour faire leurs courses ou aller au restaurant.
Ne nous y trompons pas: Si aujourd’hui tout semble réussir à l’Allemagne, cela n’a pas été une partie de plaisir.
Cela a signifié pour beaucoup outre-Rhin, et notamment pour les femmes, d’accepter des conditions de travail plus précaires, du temps partiel, l’âge de la retraite repoussé à 65, voire 67 ans. Mais tout en préservant leur système de protection sociale ou de santé. Rien à voir avec ce qu’avait pu faire une Margareth Thatcher en Grande-Bretagne.
Alors ?
Alors au lieu d’accuser les allemands d’être responsables de nos malheurs, nous ferions mieux de prendre de la graine. Et de nous dire que nous sommes chanceux d’avoir comme amis les allemands. Car même si leurs succès leur donnent une certaine fierté, voire un soupçon d’arrogance, la plupart des allemands savent bien qu’ils n’ont pas d’avenir sans l’Europe et sans la France.
Face à cette Allemagne à laquelle tout semble réussir, jusqu’au football, il n’y a qu’une seule politique : Montrer que nous aussi, nous sommes capables de nous réformer. Cela nous permettrait de mieux défendre nos couleurs.
Chiche !
Nous vivons une e-poque formidable !

[1]Wahnsinnig : Génial

Italie, Polynésie : La vie commence à 80 ans !

Gaston Flosse , 82 ans, toutes ses dents, qui est en train peut-être de conduire son parti, le Tahoeraa, de nouveau à la tête de la Polynésie française ; Giorgio Napolitano, 87 ans, réélu Président de la République italienne alors qu’il aurait préféré prendre une retraite bien méritée.  Mettons de côté les différences de parcours, d’institutions, de géographie, il y a des points communs ou en tout cas des leçons communes.
Alors que nous continuons à avoir des difficultés à sortir d’un sytème de retraites mise en place à une époque où à 60 ans, nous n’avions souvent qu’à peine 5 à 10 ans d’espérance de vie, le grand âge semble avoir des vertus aux yeux d’électeurs qui ne sont pas plus aveugles que nous. Et notamment la redécouverte dans un monde souvent dominé par le jeunisme, des vertus de l’expérience: Entre un chirurgien qui a 300 opérations à son actif, et un autre doué et talentueux mais qui n’en a que 10, que préférons-nous ? Le premier, bien sûr!
Et puis, beaucoup peuvent se dire: « Ce n’est pas à 80 ans qu’on devient dictateur». Gaston Flosse, par exemple, qui semble aujourd’hui en passe de revenir au pouvoir, ne sera pas le même Président tout puissant qu’il avait pu être il y a 20 ans. Sa volonté de pouvoir, éventuellement de revanche, le fait que son élection le mettra peut-être à l’abri de nouvelles condamnations par la justice, tout cela qui est sans doute vrai, ne peut masquer une autre ambition : Celle d’entrer dans l’histoire par le haut, en tentant de sortir son pays de l’impasse. Depuis 10 ans, 10 Présidents et gouvernements se sont succédés, rendant la Polynésie ingouvernable alors qu’elle s’enfonce dans une crise économique et sociale sans précédent.
Mais, sa possible élection, comme celle par les grands électeurs italiens de Giorgio Napolitano, est aussi le symbole d’un échec. Celui des politiques, des partis traditionnels, de sociétés où le renouvellement des élites semble bloqué. La faute à qui ? Dans les deux cas, les classes politiques n’ont pas su se renouveler, n’ont pas pu faire émerger de nouveaux leaders crédibles et efficaces. Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois.
Nous vivons une e-poque formidable

Et si après les « chocs », on essayait plus simplement le changement ?

Source:Videberg , Le Monde

Depuis près d’un an, nous vivons au rythme de « chocs » qu’on nous annonce à grand renfort de roulement de tambours médiatiques et qui se terminent en « pschitttt ». Une suggestion, comme ça, toute bête et toute naïve : Et si le gouvernement se contentait de travailler sur quelques réformes basiques. Une première liste ? Réforme de la justice, des retraites, de la protection sociale; Réforme de la fiscalité, du millefeuilles administratif; On peut continuer longtemps. Il y a fort affaire mais pourquoi attendre LA réforme fondamentale, définitive, qui à force d’être à l’étude, va rejoindre le cimetière déjà fort rempli des bonnes intentions qui restent lettre morte ?
Aujourd’hui nous sommes tous sous le choc de « l’affaire Cahuzac ». Cela rend-il vraiment plus impérieux qu’il y a un mois, la mise en place de mesures, de lois encadrant l’activité des élus, contrôlant leur honnêteté, empêchant les conflits d’intérêt ? Même si cette affaire n’avait pas éclaté, la « moralisation » aurait été tout autant nécessaire et elle devra continuer même après la loi la plus sophistiquée. C’est un combat et une vigilance qui ne peuvent cesser. Un peu comme pour les accidents de la route. Après les ceintures de sécurité obligatoires, puis les radars, le contrôle de l’alcoolémie, le nombre de morts sur les routes a été divisé par 3. Mais personne n’estime qu’il faut s’en contenter.
Le danger serait que la seule émotion soulevée par un fait, même grave, d’actualité détermine la politique du gouvernement. Aujourd’hui, la moralisation, demain la délinquance des jeunes, après-demain la canicule ? L’actualité qui nous tourmente tous au quotidien, celle de la crise, du chômage et de la déprime économique passe au second plan, en tout cas c’est l’impression que nous avons, et c’est pourtant là que se trouve le nerf de la guerre. N’est-il pas désespérant de nous entendre dire par le gouvernement qu’il est urgent d’attendre … 2014 pour espérer entrevoir, peut-être, enfin, ce n’est pas sûr, le début d’un commencement de lumière au bout du tunnel où nous avons l’impression de nous trouver. Tout cela est désespérant. Et le désespoir est mauvais conseiller.
Nous vivons une e-poque formidable.

Le retour de Gaston Flosse en Polynésie: Pourquoi tant de haine ?

Gaston Flosse face aux journalistes le 27 mars dernier

On peut prendre des tas d’images pour qualifier l’homme fort de la Polynésie: « Insubmersible»  « Incassable » « Le phénix qui renaît de ses cendres ». Ou « la tortue », qui serait selon le dossier à charge publié récemment par le Monde – Le diable de retour au paradis [1]– l’animal préféré de Gaston Flosse.
Toutes ces images fonctionnent car c’est effectivement incroyable, à 81 ans, il est de retour, plus combatif que jamais, le père de la Polynésie moderne, celui qui a pensé, conçu, mis en place, fait fonctionner ce pays, vaste comme l’Europe, mais éclaté en une centaine d’îles au cœur du Pacifique, celui qui a été élu, réélu, sans discontinuer depuis…1967, à l’Assemblée de Polynésie, celui qui a été également depuis 1978 député, député européen, secrétaire d’Etat ou aujourd’hui sénateur, celui qui s’est battu pour faire adopter par une France très centralisatrice le statut de très large autonomie qui  fait aujourd’hui de la Polynésie un P.O.M, un pays d’outre mer. Trois fois Président de la Polynésie, renversé il y a 5 ans, Gaston Flosse qui est un RPR à l’ancienne, un inconditionnel de Jacques Chirac était devenu un pestiféré, dans son propre camp politique. Nicolas Sarkozy avait décidé de faire passer l’ancien allié à la trappe au nom de la moralisation de la vie politique ultramarine. Avec sans doute des arrières-pensées. Comme Gaston Flosse l’expliquait à ses proches : « Avec Sarkozy, avant même que j’ouvre la bouche, il voit Chirac marqué sur mon front ». Ces dernières années, il a été poursuivi pour détournements de fonds, emplois fictifs, condamné, emprisonné, relaxé, en appel etc…, et il a réussi à revenir, et en force. Son parti a remporté les trois sièges de député aux dernières législatives et le rouleau compresseur s’est remis en marche, entrainant beaucoup de ceux qui, il y a quelques mois encore, le croyant à terre, l’avaient trahi et le vouaient aux gémonies.
Les 21 avril et 5 mai prochains, les polynésiens vont élire leur nouvelle Assemblée territoriale. Cette fois-ci le parti qui arrivera en tête, verra son avance confortée par une prime « majoritaire ». La Polynésie aura sans doute, une majorité, un gouvernement et un Président stables. Enfin ! Depuis 10 ans pas moins de 10 gouvernements se sont succédés !
On imagine bien qu’en 60 ans de vie politique et de pouvoir, Gaston Flosse traîne de nombreuses casseroles. Mais peut-être pas au point d’en faire un ignoble roitelet du Pacifique qui régnerait seulement par la terreur et le clientélisme. La Polynésie fait partie intégrante de la République, et même de manière imparfaite, la démocratie, la justice, la Cour des comptes, la presse, toutes ces institutions fonctionnent.
Et puis ce retour de Gaston Flosse n’est pas une simple fantaisie tropicale, due à une soit-disant indolence démocratique des polynésiens. Après avoir essayé toutes les autres combinaisons, beaucoup de polynésiens se disent qu’avec lui au moins, le pays a une chance de fonctionner. Il faut le voir débattre pendant près d’une heure et demi à la télévision en direct avec des journalistes pas forcément aux ordres – bien au contraire ! – en français et en tahitien, sans notes, connaissant tous les chiffres, tous les dossiers et ayant une vraie ambition, un projet pour son pays. Même ceux qui le détestent, lui reconnaissent ces qualités et admettent qu’il n’a pas d’équivalent, à la fois profondément tahitien et viscéralement République française.
J’ai travaillé brièvement avec Gaston Flosse à la Présidence de la Polynésie. Donc ces lignes pourraient paraître suspectes. Pourtant non. Parce que j’ai eu la chance de le cotoyer après qu’il ait été battu et ait fait une première traversée du désert, je ne l’ai pas reconnu dans le portrait qu’en vient de faire Le Monde. Il manque toute une dimension, celle d’un vrai homme d’Etat, travailleur acharné, avec une conscience sociale surprenante et une vraie vision de ce que peut être la Polynésie de demain. A une électrice européenne qui l’apostrophait un jour dans un bureau de vote à Pirae, sa commune dans la banlieue de Papeete, et qui lui reprochait très violemment de trahir la France qui lui avait tout donné, il répondit : « Madame, en Polynésie, il n’existe personne qui aime plus la France et la République que moi ». Paris a tort de voir en Flosse un ennemi. Et nous commettrions une erreur de ne pas voir la chance que constitue ce pays certes si loin de l’Europe mais auquel nous sommes liés depuis plus de 150 ans et qui se trouve au cœur du nouveau centre du monde, le Pacifique.
Alors, même si ce n’est sans doute pas éthique de faire passer en arrière plan les casseroles juridiques, un retour de Gaston Flosse à la tête de la Polynésie ne serait pas la pire nouvelle. Il paraît même être le seul capable de, peut-être, stopper la faillite dans laquelle s’enfonce la Polynésie depuis dix ans.

[1]« Barbouzes et argent sale, Gaston Flosse, le retour d’un roi » dans M le supplément du Monde du 23 mars 2013 

6ème République ? Et pourquoi pas 7ème ou 8ème?

Et c’est reparti. Chaque fois que notre pays traverse des difficultés, chaque fois qu’un scandale, une affaire, une crise politique éclatent, il FAUT changer de constitution. Comme s’il existait une constitution et des institutions parfaites. Et derrière cette vieille lune, l’on retrouve à la fois d’honnêtes constitutionnalistes, de doux rêveurs, mais aussi des cyniques manipulateurs, qui dans le fond n’ont jamais accepté la Constitution de 1958, le geste Constitutionnel initié par le Général De Gaulle, ce que François Mitterrand avait appelé le coup d’état permanent, avant de se fondre avec délectation pendant 14 ans, dans les institutions.
Qu’il soit nécessaire de réformer, de faire évoluer la Constitution, certes. Et tous les pays démocratiques le font à leur sauce, avec leur culture et leur histoire. Mais où voyez vous que dés qu’il y a un problème, crac on change de régime ?
Aux Etats-Unis, c’est la même République depuis 1787… mais la Constitution  a évidemment beaucoup évolué avec les fameux « amendements », entre autres. Ils n’ont jamais connu de crises ? Allons donc, ne serait-ce que le Watergate, et la démission du Président Nixon qui lui aussi, les yeux dans les yeux, avait juré qu’il n’avait pas menti !!! Quant à la Grande-Bretagne, sa Consitution n’en est pas une, puisque il s’agit d’un ensemble d’usages constitutionnels, dont le plus ancien remonte à …1215… ce qui n’a pas, là non plus, empêché de nombreux scandales où tout se mêlait, pouvoir, corruption, sexe, espionnage…
Au lieu d’amuser la galerie avec une hypothétique 6ème République, nous ferions mieux de régler nos vrais problèmes : 
Améliorer encore la « moralisation » et le contrôle démocratique de la vie politique; Remettre à plat des réformes dont on mesure les conséquences néfastes, comme le passage au quinquennat qui pose un vrai problème de coordination entre Président, Premier ministre, Assemblée; Et surtout, surtout, quelle poltique économique ?
Alors que nous nous enfonçons dans la crise, l’impression de flottement, d‘hésitations de la part du gouvernement est catastrophique. Et c’est cela le vrai problème. Pas une xième Constitution ou une 6ème République.
Nous vivons une e-poque formidable

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