Catégorie : Hollande (Page 3 of 5)
![]() |
“French Anti-Uber Protest Turns to Guerrilla Warfare”:Un des titres de la presse anglo-saxone.
|
![]() |
Fuite d’eau? |
![]() |
Hollande vante la grande maîtrise de Bouteflika! |
![]() |
William Navarrete: En fugue |
Le mythe Cuba est tellement bien ancré qu’il est difficile de le contrebalancer même par des livres ou des reportages bien documentés.
Pour beaucoup, finalement, Cuba est une dictature certes, mais … Et tout le scandale la tromperie est dans ce “mais”…
Mais la Révolution a fait beaucoup de choses, l’éducation , la santé gratuites, etc… Mais les cubaines et les cubains si gentils, Cuba est si belle. Mais la Révolution a renversé une dictature épouvantable. Mais avant la Révolution , Cuba était tenue par la mafia et la prostitution. Le tout en sirotant un mojito dans l’ancien bar fréquenté par Hemingway… C’est sûr, la Révolution, c’était quand même plus sympa à Cuba qu’à Berlin-Est!
Castro a réussi à ré-écrire l’Histoire. Ainsi, l’on oublie que Cuba, avant la Révolution, n’était pas Haïti, ou le Salvador, ou l’Equateur. C’était le pays le plus développé d’Amérique Latine, avec des taux de scolarisation, d’éducation qui dépassaient ceux de certains pays du sud de l’Europe de l’époque, avec des classes moyennes et des élites intellectuelles nombreuses. On oublie de rappeler que Batista avant d’être un dictateur avait surtout été le premier “non blanc” à être élu Président . Aujourd’hui, combien de noirs au gouvernement cubain ? On oublie de rappeler que dans le premier gouvernement Batista participaient … les communistes. Ce qui explique d’ailleurs que le Parti Communiste cubain n’ait rallié Castro qu’à la toute fin de la Révolution.
En cinquante ans, Cuba s’est vidée de ses élites et de ses classes moyennes, par vagues. Et ce ne furent pas seulement d’infects capitalistes, des “gusanos“, des “vers de terre” comme le prétend la terminologie révolutionnaire officielle. Cela a été des médecins, des infirmières, des techniciens, des ingénieurs, des commerçants, des journalistes, des artistes, et les plus grands. Comme l’icône de la musique cubaine, Celia Cruz, qui en quittant Cuba, s’était écriée: “Avec moi s’en va “el son”, la musique cubaine“.
Ce sont aussi des poètes, des écrivains.
Comme par exemple, William Navarrete, écrivain, critique d’art, exilé en France depuis 1991… Son dernier roman “En Fugue” est un contrepoint doux amer aux images idylliques de Cuba selon les Castro:
” Fuir, dans le sens de prendre un radeau de fortune et se tirer parce que de toute façon, ici, nous passions notre temps à tout fuir, surtout le pouvoir, ses ténébreux ministères, les lois absurdes, les interdictions, la surveillance. Même le voisin pour qu’il ne sache pas qu’on avait éternué. Et la chaleur, l’ennui, la pénurie, les souvenirs. “
A lire sans modération.
William Navarrete, “En Fugue”vient de paraître chez Stock
![]() |
En 2005, Bordeaux rappelait le souvenir de Toussaint Louverture |
Cinq ans auparavant, Toussaint Louverture avait pourtant été nommé par la République général en chef des armées françaises de Saint-Domingue (le nom colonial d’Haïti). A la tête de son peuple d’esclaves misérables, il avait réussi à défendre la souveraineté française sur cette île, à l’époque la plus riche colonie du monde, coupée de la métropole par le blocus de la flotte anglaise et attaquée par les armées espagnoles.
Les esclaves haïtiens et leur chef s’étaient identifiés à cette République française qui venait d’oser proclamer, la première, que tous les hommes étaient égaux, quelle que soit leur couleur, et qui, la première, venait d’abolir l’esclavage.
Alors quel fut donc le crime de Toussaint Louverture, le crime des esclaves haïtiens ? S’être opposés au rétablissement de l’esclavage décidé par Bonaparte, avoir cru en nos propres idéaux, ceux de liberté, d’égalité, de justice. Et c’est pour rétablir l’esclavage qu’il y a deux cents ans Napoléon avait envoyé en Haïti 20 000 soldats français et fait arrêter Toussaint Louverture.
Privés de leur chef, les esclaves haïtiens réussirent quand même à vaincre les troupes françaises ; le général Leclerc mourut de la fièvre jaune et, le 1er janvier 1804, Haïti devenait la première République noire.
Mais cet échec trop oublié de Napoléon Bonaparte en annonçait d’autres plus graves qui con- duisirent au naufrage de l’empire : les Français venaient ainsi de trahir les idéaux révolutionnaires. Ils perdaient leur crédibilité aux yeux des peuples opprimés, leurs armées n’étaient plus celles de libérateurs venus renverser les despotes, mais les instruments d’une volonté de puissance et de domination.
Et pourtant, nous Français, nous pourrions être fiers de cette Révolution haïtienne d’il y a deux siècles. Car cette révolution était comme l’écho nègre et américain de la nôtre. Devenue “première République noire”, Haïti était un aussi grand scandale pour l’ordre mondial de l’époque que la France révolutionnaire. Entourée de pays hostiles où l’esclavage des Noirs par les Blancs régnait encore en maître (aboli seulement en 1896 à Cuba, l’île voisine, par exemple), Haïti n’eut de cesse de gagner sa reconnaissance par le monde “civilisé”.
Simon Bolivar n’aurait sans doute pas réussi à libérer l’Amérique latine de la domination espagnole s’il n’avait trouvé refuge et aide militaire dans la toute jeune République haïtienne. Comme récompense, Haïti fut le seul Etat à ne pas être invité au premier Congrès des Etats indépendants d’Amérique organisé par Bolivar en 1826 à Panama. Haïti alla même jusqu’à acheter sa reconnaissance diplomatique par la France en acceptant le versement d’une indemnité colossale pendant un siècle, dont elle s’acquitta dignement jusqu’au dernier sou.
Aujourd’hui, ce pays exceptionnel parce qu’il a contribué au progrès de la conscience universelle, ce peuple courageux, qui n’a jamais pris personne en otage, posé aucune bombe, ni détourné aucun avion, qui n’a jamais menacé quiconque, Haïti crève la gueule ouverte et dans la plus grande indifférence.
Les mots sont impuissants à décrire tous les maux qui écrasent ces 8 (9 ? 10 ?) millions d’Haïtiens entassés sur un bout d’île grand comme à peine trois fois la Corse, peuplée elle de 260 000 habitants. Un des pays les plus pauvres du monde, soumis à l’arbitraire et à la violence, sans Etat, sans infrastructures, dominé par les mafias en tout genre. Qui s’en soucie ? Haïti n’a ni pétrole, ni richesses particulières, ni intérêt stratégique. Haïti est sans espoir.
Et pourtant ce n’est pas sans importance. C’est même très important de ne pas oublier ce que représente ce pays dans un monde qui se cherche de nouveaux idéaux, de nouveaux équilibres. C’est très important de prouver aux peuples non européens que les principes de liberté, d’égalité et de justice ne sont pas que des vains mots, qu’ils ne sont pas seulement des idées “occidentales” au seul usage des Occidentaux.
Deux siècles après le premier échec militaire, politique et moral de Bonaparte, il ne faut pas oublier Haïti. La France, si elle voulait être vraiment fidèle à elle-même, devrait se souvenir de ce pays de rien du tout qui lui est lié et envers lequel elle a au moins une immense dette morale.
Nous devrions redonner du sens à cette chanson haïtienne : “Ayiti sé manman libèté. Si l tombé la lévé” ( “Haïti est la mère de la liberté. Elle peut tomber, elle se relèvera !” ).
Publié dans LE MONDE | 26.12.2003
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/international/article/2003/12/26/haiti-la-face-noire-de-napoleon_347161_3210.html
![]() |
La victoire mais sans les russes ? |
![]() |
keep calm et voter quoi ? |