Le blog de Pierre M. Thivolet, journaliste

Catégorie : Manuel Valls

Les régions, c’est comme le sexe : Il vaut mieux en avoir une petite mais laborieuse, qu’une grande mais paresseuse !

Tant qu’à faire, pourquoi s’arrêter à 13 régions ?

Sur le papier, cela paraît cohérent:
En diminuant le nombre de régions, on diminue la suradministration territoriale. Et l’on crée des régions qui seront compétitives au niveau européen.
Ah! l’Europe ! C’est vraiment une brave fille qui a bon dos. On peut la mettre à toutes les sauces, elle ne peut pas se défendre. C’est pratique pour faire passer n’importe quelle réforme, y compris celle-là, qui partait peut-être d’une bonne intention mais qui va se terminer en usine à gaz technocratique.
Et nous répétons tous bêtement comme des moutons ce slogan lancé par nos dirigeants: « Il faut que la France ait des régions qui soient compétitives au niveau européen; Comme en Allemagne ou en Espagne ».
Or c’est faux ! Et on se pince de voir qu’aucun journaliste, qu’aucun homme politique de droite comme de gauche ne rétablisse la vérité.
Regardez donc une carte des 16 Länder en Allemagne. Ou des 15 communautés autonomes espagnoles. Regardez leurs dimensions : En Allemagne, la Sarre, le Schleswig-Holstein, la Thuringe, la Saxe sont plus petits que le Limousin ou  la Basse-Normandie, sans parler des villes–Etats comme Hambourg, Brême ou Berlin. C’est la même chose en Espagne, où les communautés autonomes comme les Asturies, Murcie, la Rioja et même le pays Basque sont toutes petites.
Que l’on regroupe Basse et Haute Normandie, cela paraît logique. On peut peut-être rationnaliser ici ou là. Mais créer des super régions comme Midi-Pyrénées Languedoc-Roussillon : Qui peut croire que cela sera plus « efficace ». Et puis la logique économique et géographique pour Montpellier est le dialogue avec Marseille et Lyon. S’il faut ramener Toulouse là-dedans, ça promet beaucoup d’allers-retours.
Quant à Toulouse, n’est-ce pas avec Bordeaux qu’elle devrait développer ses synergies ?  Et puis pourquoi casser ce qui marchait. Comme l’Alsace, une des régions les plus prospères de France, et qui en plus a une vraie identité. Et on la dilue dans un vaste ensemble, alors qu’un certain nombre de législations, héritées de l’époque allemande, ne sont pas les mêmes qu’en Champagne-Ardennes et même qu’en Lorraine
L’argument de la taille et de l’efficacité économique ne tient pas.
Sinon, faisons une une suggestion : Regroupons Aquitaine, Poitou charentes Limousin , Midi –Pyrénées, ça fait une. Et puis Auvergne-Rhône-Alpes, Paca, ça fait deux, et en continuant ainsi on pourrait arriver à 4 ou 5 régions. Et puis si l’on regroupait encore ces 5 régions, on  en arriverait à une seule, histoire d’être concurrentiel face aux chinois. On l’appellerait comment ? France ?
Ce n’est pas pas leur taille qui rend les Länder allemands ou les provinces espagnoles dynamiques mais plus simplement, leurs compétences, leurs pouvoirs, leurs organisations : Et sur ce plan, pour l’instant, rien n’a été décidé pour les futures régions. C’est ce qu’on appelle mettre la charrue avant les bœufs.
Découper la carte de France avec des ciseaux à bout rond, tient plus du rêve d’énarque que de l’aménagement du territoire !
Nous vivons une e-poque formidable.

Entre Grenoble et Briançon, la montagne s’écroule, suite et pas encore fin !

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Ainsi donc, la route qui relie la France à l’Italie, Grenoble à Briançon est coupée depuis plusieurs mois ( lire le blogodo du 25 juin (1). Les villages de cette partie de la Vallée de la Romanche sont coupés du monde, coupés des vallées voisines. Car les schistes dans lesquels ont été traçés il y a 80 ans la route et le Tunnel au-dessus d’un lac de barrage, sont en train de s’effondrer.Le maire de la Grave, la plus importante commune de la vallée, est en pleine dépression. C’est une formule: En fait, il est simplement désespéré de ne pas arriver à se faire entendre des plus hautes autorités, comme le sont tous ces montagnards regroupés dans une association , les naufragés du Chambon: http://www.collectif-du-chambon.org/
Mais que pèsent quelques centaines de familles au fin fond des Alpes ?
Pourtant les médias en ont quand même un peu parlé. C’était il y a 15 jours, les experts avaient annoncé comme imminent le glissement brutal de tout un pan de montagne. D’un coup sera déversé l’équivalent de 10 000 camions de roches dans le lac du Chambon, provoquant un tsunami dans le lac artificiel retenu par le barrage hydroélectrique le plus vieux de France. EdF rassure : il n’y a rien à craindre. A voir. Mais justement ce sera spectaculaire, à voir. Donc « coco, va vite faire un direct live depuis le Chambon » « Le champ, quoi ? » « Le Chambon, c’est un  trou perdu, pas très loin de Grenoble. Tu te mettras sur la rive opposée et tu attendras ». Mais,… mais rien. La montagne est capricieuse et moins ponctuelle que les soldats qui défilent sur les Champs-Elysées. Peut-être attend-elle la fin du Ramadan.
Plus sérieusement, elle attend peut-être la venue du premier Ministre, en personne, sur place en Haute-Romanche. Cette visite est enfin annoncée. Pour quand ? Prière de ne pas rire, ni de sourire: Le 24 juillet. Comme par hasard, c’est le 25 que passera le Tour de France pour monter à l’Alpe d’Huez. C’est un peu comme le voyage à Berlin, Manuel Valls fera d’une pierre (du Chambon – LOL !), deux coups !
Ce qui serait évidemment génial, ce serait que la montagne s’écroule le 24, devant toutes les caméras. On imagine la force des images, le poids des déclarations de solidarité nationale. Les services de l’équipement ne pourraient-ils pas donner un petit coup de pouce, explosif ? Et puis l’Oisans – c’est le nom de ce massif – en serait bien capable ! Encore une fois, la montagne est capricieuse.
Sinon, eh ! bien une fois la caravane du Tour repartie, ainsi que le Premier Ministre et ses conseillers et avec eux les déclarations d’intention, la Grave, Mizoën, le Chazelet, Le Freney, le Chambon, devront se préparer à l’hiver qui arrive très, très vite à 1800 mètres, et s’ils n’ont pas de route…
Nous vivons une e-poque formidable.

Radio France : Mais qu’a donc fait, ou pas, Mathieu Gallet pour mériter une telle grève ?

Mathieu Gallet en gravure de mode

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Pour être franc(s), et c’est le comble pour une entreprise qui est un des fleurons en matière de communication, on n’y comprend pas grand-chose dans la grève sans fin qui paralyse toutes les antennes de Radio France.
Depuis quelques semaines, son PDG est devenu la cible de toutes les attaques, l’objet de toutes les révélations. Et en dehors de Frédéric Mitterrand, qui l’avait en quelque sorte découvert quand il était ministre de la Culture, pas grand monde n’a pris sa défense.
Il y a l’histoire de la luxueuse voiture de fonction, celle de la rénovation du bureau, des bureaux, refaits pour 80-100 000 €. Bien sûr, ça fait tâche, surtout sur une moquette -LOL!-. Non je voulais dire: surtout lorsque l’heure est au serrage de ceintures et à 200, 300  « départs volontaires ».
Il y a également les conseillers en communication, contractés à l’extérieur pour 100 000 € ?  Là, c’est vrai qu’on se pince ; Mais qui a donc conseillé à Mathieu Gallet de se prendre des conseillers en com’, dans une maison qui regorge de spécialistes de la com’ ? En plus, quand on voit le cafouillis actuel, on espère que ces conseillers rembourseront Radio France.
Mais comment celui qui était paré de toutes les qualités et de toutes les vertus, est-il devenu un incompétent sans expérience, en quelques semaines seulement? 
Et certains de dire: C’est une erreur de casting du CSA (et tac, on tape sur l’indépendance très récente de cette autorité de l’audiovisuelle), c’est le fait du Prince (et tac, on tape sur l’ancien ministre de la Culture de Nicolas Sarkozy). Devant le CSA, il paraît qu’il a été brillantissime, plus que tous les autres candidats. Il aurait fait l’unanimité, pas une voix contre : Parmi les membres de ce conseil, des journalistes que je connais – Laborde, Kelly, Mémona Hintermann – dont j’imagine mal qu’elles auraient fermé leurs gueules si le candidat Gallet avait été pistonné ou pas à la hauteur.
Et puis, surtout le comble : « Il est trop jeune, il n’a pas d’expérience ». Ca veut dire quoi, trop jeune ? Matteo Renzi est devenu Président du Conseil italien à 39 ans, Tony Blair à 43. Et puis, combien de vieux routiers des medias, des cabinets ministériels ont été nommés ou dirigent encore des entreprises publiques où ils se sont révélés totalement incompétents ? Allez on cite Corneille : «  Je suis jeune, il est vrai, mais aux âmes bien nées, La valeur n’attend point le nombre des années ».
Je ne connais pas Mathieu Gallet, mais j’avais suivi son parcours après sa difficile nomination à la tête de l’INA, en 2010. On disait déjà: Il est trop jeune, c’est un parachuté à la tête d’une institution ingérable. Et puis. Et puis, ça a marché et bien marché. Apparemment, il a su établir le dialogue avec les syndicats et les salariés de l’INA. Il a modernisé cette société publique, conservatoire de notre mémoire audiovisuelle. Il a notamment largement ouvert ses formidables trésors au grand public, et à la consultation par internet. En moins de 4 ans : bravo, non ?
Alors, même brève, son expérience parlait en sa faveur.
Et depuis un an, c’était l’unanimité: Une directrice a été nommée à la tête de France Inter, une femme, c’est suffisamment rare pour être salué ; Un ancien confrère d’Europe 1, Laurent Guimier , connu pour son efficacité et son professionnalisme, a été nommé lui, à la tête de France Info. Et là aussi, bonne pioche puisque les premières campagnes d’audience montraient une remontée. Et en novembre dernier, tout le gratin de la culture et du gouvernement se pressait pour l’inauguration du nouvel auditorium de Radio France, où pouvaient enfin se produire après des années d’errance, les deux Orchestres maison; A l’époque, personne ne parlait du coût des boiseries ou des moquettes.
Et puis ? Et puis, du jour au lendemain, le petit génie est devenu le pire des cancres.
Parce qu’entretemps, a commencé à filtrer le plan d’austérité draconien imposé à Radio France. En clair, des centaines de personnes vont se retrouver à Pôle Emploi, ou en pré-retraite. Cela n’est pas une découverte. Et c’est là peut-être où Mathieu Gallet et son équipe de DRH ont sans doute été trop technocrates. Au lieu de cultiver son image de bogosse intelligent, dialoguant avec les plus grands patrons aux entretiens de l’Université d’été du MEDEF à HEC, Mathieu Gallet aurait sans doute mieux fait de virer la cravate, de tomber la veste afin de retrousser ses manches. Parce que négocier la fin de toute une vie professionnelle, avec des personnes qui ont consacré leur vie à une entreprise et une belle entreprise, comme Radio France, cela suppose de se montrer à l’écoute, de ne pas donner l’impression de n’être qu’un technocrate brillant mais insensible. Après tout n’est-ce pas ce genre de comportement, typique de la technocratie à la française – je suis le plus brillant d’entre tous – je suis le meilleur d’entre nous – qui avait mis la France dans les rues contre Alain Juppé en 1997 ? Et c’est sans doute ce qui explique que depuis trois semaines, il paraisse si difficile de renouer le dialogue entre direction et personnel de Radio France.
La grève finira bien par s’arrêter. Et Mathieu Gallet restera sans doute.
Mais quel dommage, et quel gâchis. Et si Mathieu Gallet a des torts (voire plus haut), toutes ces attaques contre lui, souvent personnelles, souvent pleines de sous-entendus et de non-dits sur de supposés pistonnages, sont tellement concentrées et soudaines qu’elles en sont suspectes : « Quand on veut noyer son chien, on dit qu’il a la rage ».
Toutes ces « révélations » ne servent-elles pas à faire oublier le principal responsable, le « Deus ex machina » de Radio France: Le gouvernement, la « tutelle », ceux qui tiennent les cordons de la bourse. Fleur Pellerin demande des économies, réduit les dotations budgétaires, mais ce n’est pas elle, ni Emmanuel Macron, ni Michel Sapin, ni Manuel Valls, qui vont l’expliquer au personnel de Radio-France : Quel courage !
Nous vivons un e-poque formidable.

Régions : Le mythe du nombre et de la taille !

Manuel Valls propose de réduire le nombre de régions de moitié. Et tous les commentateurs applaudissent, des commentateurs, qui pour la plupart sont dans leurs bureaux parisiens, et pour lesquels le grand reportage commence au périphérique.
C’est une vieille lune qui a l’apparence de la bonne idée et de la rationalité. Mais l’efficacité des régions est-elle vraiment une question de taille?  
Prenez les exemples de l’Espagne, de l’Allemagne, de l’Italie: Le Pays-Basque n’est pas très grand, ni la Galice. La Sarre, Hambourg, Brême, ou Berlin sont des micro “Länder”. Et d’ailleurs, il y a vingt ans, l’Etat de Berlin a refusé de fusionner avec le Brandebourg. En Italie existent des régions comme le Trentin Haut-Adige, le Val d’Aoste, la Vénétie, Trieste, créées pour des raisons historiques, culturelles, géographiques. Même petites en taille et en population , elles sont plus efficaces que des régions beaucoup plus grandes, comme la Sicile.
Redécouper les régions françaises, c’est prendre le risque de faire capoter la nécessaire simplification du “millefeuille” administratif, c’est perdre 40 ans de construction régionale, qui a mis en place des réseaux , des organisations régionales de transports, de gestions des lycées etc… C’est s’embarquer dans des débats sans fin. Comment regrouper Aquitaine et Midi-Pyrénées et avec quelle métropole: Toulouse ou Bordeaux ? Et faut-il fusionner Franche-Comté et Bourgogne ? Auvergne et Limousin ? Et Nantes ? Doit-elle retourner en Bretagne?  Mais quid des Pays de Loire ? 
La vraie simplification, ce sont l’émergence de métropoles et la disparition des départements. Avec par exemple, en 2015, la naissance de Lyon-métropole, deuxième métropole de France après la région parisienne. Le département du Rhône aura alors presque disparu. Et puis, il y a la question du Grand-Paris qui pose celle de l’ïle–de-France… Voilà de vrais changements en cours, qui vont apporter simplification et rationalité. Mais on comprend que Manuel Valls n’en ait pas parlé: Après les dernières élections, toutes ces futures métropoles risquent de tomber « à droite », y compris Lyon de Gérard Collomb, et Paris d’Anne Hidalgo. Gênant…
La vraie simplification, c’est d’ailleurs la suppression annoncée par le Premier Minsitre de cette fameuse clause de “compétence générale” pour les collectivités territoriales. Gênant également de rappeler que sa suppression avait été décidée sous Nicolas Sarkozy mais rétablie par … le précédent gouvernement: Nous avons donc perdu deux ans, au moins!
Dans le même temps, en Italie, en moins d’un mois, Matteo Renzi vient d’annoncer la disparition des 110 provinces, l’équivalent des départements. Cela lui a pris un mois, et c’est prévu pour le 1 janvier 2015.  L’Italie vient aussi d’annoncer su’elle tiendrait ses engagements en matière de réduction du déficit budgétaire, tout en annonçant de substantielles baisses d’impôts.
Alors, d’accord avec Manuel Valls : Fiers d’être français, mais pourquoi ce qui est possible au-delà des Alpes, doit attendre chez nous 2017, 2021 ou 2025 ?

Manuel Valls : Le Tony Blair français, avec quelques différences…!

Manuel Valls a beaucoup d’un Tony Blair. Et parions qu’il va très vite aussi bien réussir que son prédécesseur (modèle ?) britannique. L’impression de punch, de dynamisme, c’est ce que nous attendions tous. Finis  les grandes déclarations, les comités d’experts, les rapports sur ce qu’il faudrait faire. L’heure est à l’action.
Valls va réussir, parce qu’il n’y a pas d’autres possibilités. Il va réussir, pas seulement devant l’Assemblée. Ca, c’est une formalité, et il n’y a que les commentateurs pour créer un faux suspens autour de «  Obtiendra-t-il la confiance ? ».  Evidemment ! Pas fous les députés socialistes ou verts pour prendre le risque d’une dissolution, de nouvelles élections.
Parions aussi que Valls sera populaire, qu’il aura la confiance des sondages, surtout comparé au Premier Ministre sortant, ce qui, il est vrai, n’est pas difficile.
Et puis Valls n’a pas fait l’ENA, et ça, consciemment ou inconsciemment, c’est un bon point pour lui. Cela nous donne l’impression qu’il sera moins technocrate et plus homme de terrain. Moins microcosme et plus « Jean-Jacques Bourdin » (MDR)! Même ses origines jouent en sa faveur: Espagnol, catalan, c’est fun, branché, ça sent la playa et les ramblas, alors que les références prof d’allemand de Jean-Marc Ayrault faisaient un peu tristounet … Remarquons d’ailleurs que l’on insiste moins sur ses origines suisses. Lugano, ça fait plutôt paradis fiscal et comptes bancaires anonymes…
Un Tony Blair français donc, mais avec quelques différences, des différences notables.
Il ne succède pas à onze ans de Margaret Thatcher. Si Tony Blair a réussi, n’est-ce pas parce que avant lui, la dame de fer avait fait le ménage ? Personne ne souhaite à la France que les réformes indispensables ne soient menées avec la dureté qui avait été celle du Thatchérisme. Mais la droite au pouvoir, Sarkozy, Fillon, n’ont pas fait les réformes, ils les ont à peine esquissées. Résultat : Contrairement à Tony Blair, Manuel Valls va devoir sabrer dans les dépenses, et les dépenses sociales, et ce sera sans doute douloureux.
Et puis, contrairement à Tony Blair, Manuel Valls n’est pas soutenu par un parti socialiste qu’il aurait rénové à son image. Il avait bien essayé, il y trois ans, avec les primaires socialistes, mais n’avait entraîné que 6 % des militants. Comment pourra-t-il réformer à la fois la France et le parti ?
Enfin, le Président n’est pas la reine Elisabeth: Il gouverne. Et même si François Hollande  a tout intérêt, comme nous tous, à ce que Manuel Valls réussisse, pas trop quand même… Car 2017, c’est demain. Et l’on risque de voir très vite deux ambitions présidentielles entrer en concurrence.

Nous vivons une e-poque formidable.

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