Ça pourrait faire rire, mais dans le fond c’est consternant.
Sur une chaîne tout infos, on est en boucle depuis 48 heures sur l’incendie dans la Cathédrale de Nantes. On est averti qu’un homme sort du Commissariat de Police, où est entendu depuis 48 heures, un « présumé » innocent, innocent certes, mais si la police l’entend depuis 2 jours, il n’y a pas de fumée sans feu, hein ?
Il serait noir, donc hop ! nos confrères se jettent sur le premier noir qui passe, un peu éberlué, de voir autant de micros (Europe 1, LCI etc…) se tendre vers lui. Il en reste bouche bée, jusqu’au moment où les journalistes réalisent qu’il n’a rien à voir, et qu’il n’y a rien à voir, et qu’il n’est pas la personne interrogée pendant 2 jours. Retour en plateau – allez je balance c’était sur CNews – gêne du présentateur.
Voilà à quoi conduisent deux jours de parano médiatique.
L’incendie de Nantes ? « Pas d’amalgame », répètent en boucle les media. Sous-entendu, amalgame avec les intégristes musulmans, les barbus.
Personne ne les nomme nommément, mais tout le monde y pense. Comme Philippe de Villiers qui déclara : « La décivilisation est en marche. Pendant le confinement les églises étaient fermées. Maintenant elles brûlent. ». Et toutes ces chroniqueuses/eurs de dire : « S‘attaquer à notre patrimoine, c’est s’attaquer à l’identité de la France ». Attaquer ? Mais qui ? Des barbus ? Alors dîtes-le !
Et puis on parle d’un rwandais. Pas de chance, les rwandais sont cathos et très croyants. Cela ne cadre pas avec le grand complot : Après Sainte Sophie à Istanbul, reconvertie de musée en mosquée, l’incendie de nos cathédrales. Pour faire place à des mosquées sans doute. Le grand remplacement est en marche. Dommage que Zemmour soit en vacances, il aurait pu en rajouter une couche.
Aujourd’hui, le pauvre rwandais est innocenté. Il paraît qu’il est terrorisé par ce qui lui est tombé dessus. On évoque à nouveau la piste de l’accident, l’installation électrique… On verra.
Mais on attend les excuses de toutes ces chroniqueuse/eurs qui ont dit autant de conneries pendant 48 heures – et en plus elles/ils sont payé(e)s pour ça !
Quoique la police et la justice trouvent et prouvent, il en restera toujours quelque chose : « On » s’en prend à notre patrimoine. Et derrière le « on » il y aurait toutes celles/ceux qui ne s’appellent pas Corinne.
Ce n’est pas une « boulette » de la police, ni un « incroyable cafouillage » de la justice, mais bien la conséquence logique de la course au scoop des médias d’aujourd’hui. « On a arrêté Dupont de Ligonnès ».
L’info en continu, les infos qui coulent sur les réseaux à la vitesse d’un tweet, d’un snap, d’un insta, nous affolent. Internet va plus vite que nos neurones, ce qui est normal, nous ne sommes pas des robots ; mais nous ne prenons plus le temps de vérifier, d’aller chercher à la source, de remettre en perspective. Ce qui est la définition même du journalisme. Aujourd’hui, les médias sautent sur tout ce qui bouge. Or à l’heure d’internet, tout bouge en permanence : « Priorité au direct » ! Il faut meubler l’antenne, et c’est un défilé permanent de chroniqueurs, d’experts, auxquels l’on demande « à chaud » d’analyser, d’extrapoler. C’est la porte ouverte au grand n’importe quoi.
Ceci dit, dans l’emballement au sujet de Dupont de Ligonnès, les médias ont une excuse : L’AFP. Même si son « fil » n’est pas parole d’évangile, l’Agence France Presse reste une source d’infos plutôt fiable, qui pratique le « fact-checking », la vérification des faits. Ses centaines de journalistes travaillent dans l’ombre, à l’abri des lumières des plateaux de télé.
Mais jeudi ils ont fait une boulette. Leurs dépêches sur twitter ont donné du crédit aux infos tirées de « sources policières »(?). Très vite la Justice demandait de rester prudent. Mais trop tard, les chaîne infos étaient déjà parties en roue libre !
La morale de ce cafouillage ?
D’abord espérons que les mêmes qui se sont abattus comme des rapaces voraces sur le quartier de ce retraité interpellé par erreur, iront présenter leurs excuses.
Ensuite, nous devrions méditer cette maxime qu’on nous inculquait autrefois : Il faut apprendre à tourner sa langue 7 fois dans sa bouche. Surtout avant de se répandre sur internet !
C’était quoi, c’étai(en)t qui le dernier clash ? Charles Consigny ? Yann Moix ? Qui déclarait que les policiers n’ont pas de couilles ? Eric Zemmour ? Qui rebaptisait Hapsatou, Corinne ? Laurent Wauquiez qui clashait le Premier Ministre Edouard Philippe : « Vous avez un problème avec les chiffres » et l’autre de lui retourner : « Et vous, vous avez un problème avec la réalité ». T’as vu la punchline ? KC ! Dans ta gueule !
Bon, pour être honnête, entre Wauquiez et Philippe le clash reste soft. Rappelons-le : il y a moins de deux ans, ils étaient encore camarades de parti. Aujourd‘hui ils veulent nous faire croire qu’ils sont Booba et Kaaris, alors qu’on ne les a pas vu se frapper à coups de flacons de parfum, juste nous endormir en 3 heures d’émission, dont on a retenu que quelques petites phrases, ce clash. Repris en extrait, en boucle.
Voilà ce que devient l’information: Pour exister, il faut qu’il y ait de la reprise. Terminées les grand-messes où tout le monde suivait la même émission au même moment. Aujourd’hui, nous regardons à la carte, en replay, et en tranches, souvent sur Facebook, Twitter ou Instagram. Et pour capter notre attention au milieu du tsunami de sollicitations que nous recevons, les media se sentent obligés d’être racoleurs.
Autrefois les titres courts qui claquaient, qui provoquaient étaient l’panage de la seule presse, dont les journaux « sérieux » disaient autrefois qu’elle était de caniveau, anglaise ou allemande, comme le Sun ou Bild. Aujourd’hui, tous les media s’y sont mis. C’est la dictature, l’envers de la médaille de l’info en continu. Tout est mis sur le même niveau. Tout devient «énorme», «historique». Un clash chasse l’autre. Et comme les clashs doivent claquer, pour exister, les politiques, journalistes, artistes se transforment en têtes à claques.
Tout cela n’ayant qu’une seule et même finalité. Faire du buzz. Et faire vendre. Et ça marche. Qui connaissait le rappeur qui chante « Massacrez les bébés blancs » ? En dehors de sa mère et de sa voisine ? Personne. Et aujourd’hui il est le sujet de débats sur BFM ou LCI.
Et ça marche. Le dernier livre de Zemmour est classé n°1 des ventes devant « Les prénoms épicennes » d’Amélie Nothomb, pourtant beau titre, belle plume. Stupeur et tremblements !
Demain : Pour en finir avec le buzz ( le bad buzz)
Ah ! si Karl Marx avait connu le mot disruptif… il aurait été « content manager » ou professeur de marketing ou publicitaire ou même Président de la République.
Ainsi pendant sa campagne, Emmanuel Macron avait présenté son programme comme disruptif. Et il a été élu. L’aurait-il été s’il s’était présenté comme révolutionnaire ou simplement réformateur ?
Aujourd’hui les PDG des grandes entreprises expliquent qu’ils vont disrupter leurs secteurs. Les media lancent des « concepts » d’émissions disruptifs. Des invités ou des chroniqueurs comme Charles Consigny ou Eric Zemmour sont présentés comme disruptifs.
Si l’on regarde dans le dico, on lit que le premier sens de disruption signifie “rupture” ou “fracture”. Très utilisée en géologie. Et c’est là que les gourous du marketing interviennent et notamment le Président d’une des plus grandes agences mondiales de pub. Il est le premier à avoir publié un livre définitif sur la disruption. Et en 1992, de manière très classique et peu disruptive, il a même pris la précaution de déposer la marque.
Même si l’on ne comprend pas trop ce que veut dire disrupter, c’est-à-dire “fracasser » la grande distribution ou la vente de pizza, tout le monde emploie le terme. Bien sûr, on va vous expliquer que la « disruption » est un concept novateur, qui décrit une « stratégie d’innovation par la remise en question des formes généralement pratiquées sur un marché, pour accoucher d’une « vision », créatrice de produits ou de services radicalement innovants » (cf Jean-Marie Dru, le publicitaire mentionné plus haut). C’est un peu du charabia pour simplement expliquer que tout bouleversement technologique – et internet, le web, le numérique, la réalité virtuelle, l’intelligence artificielle etc… en sont – , modifie en profondeur les habitudes de pensée, les relations aux autres, les modes de production. C’est aussi bête que la découverte du feu, de l’imprimerie, ou du chemin de fer.
Mais soyez crédibles, dîtes disruption, et non bouleversement ou révolution. Car force est de constater que le marketing et les médias ont imposé ce mot qui peut être désormais utilisé dans n’importe quel contexte au lieu de “changer” ou “transformer”.
Comme toute mode, celle de la disruption passera, et l’on en reviendra aux fondamentaux. Et l’on redécouvrira qu’avant d’être « disruptif », de « penser différemment », il faudrait commencer par penser.
Faute d’avoir de nouvelles idées, nous avons des concepts. « C’est quoi ton concept, coco ? ». En cherchant dans le dico, à concept on trouve « idée générale ». Mais essayez donc de vendre en annonçant : « L’idée générale, c’est… ». Alors qu’avec « concept » vous faîtes a priori sérieux. Et si en plus votre concept s’habille derrière une expression en anglais, ou plutôt en américain business, alors là, vous devenez crédible. Le but, c’est de faire croire que vous avez inventé l’eau tiède ou le fil à couper le beurre. Bien sûr que c’est faux : vous proposez simplement d’utiliser une vieille recette qui a fait ses preuves, et que vous rhabillez au goût du jour. Mais ce ne serait pas vendeur. Alors annoncez un concept, en anglais.
Ainsi pour « storytelling ». En matière de communication, de communication par la vidéo, c’est incontournable. Pas besoin d’avoir étudié à Oxford, ou à Harvard, pour traduire ce que cela veut dire. Raconter une histoire. Dit en français, c’est moins « impactant ». Raconter une histoire, cela fait professeur des écoles. Raconter des histoires, cela aussi peut prêter à confusion : « Raconte pas d’histoires ! ».
Alors que storytelling, cela fait 3.0, jeune, innovant, adapté aux réseaux sociaux et aux nouveaux media.
Et ne dîtes pas que c’est vieux comme l’humanité, comme les récits de déluge et d’Arche de Noé, comme Platon et la caverne. Les grecs anciens, quels formidables conteurs, quels storytellers.
Et les contes et légendes ? Le Petit Chaperon Rouge, pour mettre en garde contre la pédophilie, Cendrillon, contre la maltraitance ? Les frères Grimm ou Charles Perrault aujourd’hui, seraient les rois du digital marketing.
Le storytelling, c’est vieux comme le fait de savoir raconter une histoire pour expliquer quelque chose, pour faire passer un message. Mais surtout ne l’avouez jamais. Vous ne racontez pas d’histoires, vous faîtes du storytelling.
Sur Cnews vers 17 heures, c’est la piste terroriste !
Décidément nos media n’apprennent pas de leurs erreurs. Mais le plus diabolique est qu’ils persistent dans l’erreur. Ils ne peuvent résister à l’attraction du « breaking news », à la joie malsainede l’attaque terroriste, à la répétition en boucle d’approximations, aux logorrhées d’experts auto-proclamés qui jouent avec nos peurs et cultivent nos angoisses. Et donc hier en milieu d’après-midi c’était parti : Nouvelle attaque terroriste en Allemagne. Et immédiatement le piège se refermait sur nous : Dans la demi-heure, nous avions droit à :
– La voiture-bélier est le modus operandi préconisé par Daesh.
– Si l’Allemagne est la cible c’est parce qu’elle a accueilli 1 million et demi de réfugiés.
– Que les loups solitaires ne sont pas si solitaires que ça.
– Que la taqqîya, la dissimulation rend de plus en plus difficile la prévention du passage à l’acte, etc….
Et puis, progressivement alors que la piste terroriste s’éloignait, que la police allemande appelait à la prudence, il fallait voir les mines déconfites des rédactions qui s’étaient préparées pour plusieurs heures de directs anxiogènes.
Finalement, le responsable est un amok, un déséquilibré lancé dans une dérive meurtrière et suicidaire, plus à rapprocher hélas du copilote du vol Germanwings qui en mars 2015 écrasa volontairement son avion avec 150 personnes à bord sur une montagne des Alpes de Haute-Provence.
Horrible à écrire, mais heureusement qu’il n’était pas d’origine étrangère, ou qu’il ne venait pas de manger un kebab car qu’est-ce qu’on n’aurait pas conclu !
Le plus triste, le plus inquiétant est que malheureusement le terrorisme islamique n’a fini de nous frapper ou de tenter de nous frapper. Et de tels dérapages de nos media n’arrangent pas les choses. Ils contribuent à entretenir chez certains, jeunes et moins jeunes et pas forcément « d’origine étrangère », une fascination morbide pour cette idéologie mortifère qui hait notre société et ses valeurs.
Alors hier soir, et dans l’attente du prochain édito de Zemmour qui nous expliquera que de toute façon c’est la faute à Merkel et que cela ne se serait pas passé au temps de Chateaubriand, il ne nous restait plus qu’à regarder la chaîne franco-allemande ARTE. Et d’être captivé par un improbable documentaire sur Confucius.
Et c’était passionnant, car l’on sait bien que mieux comprendre la Chine c’est comprendre l’avenir du monde, notre avenir. Et cela permettait de conclure cet après-midi calamiteux pour le métier de journaliste avec une des innombrables maximes du philosophe chinois dont on va fêter le 2569 ème anniversaire en septembre prochain : « L’homme sage apprend de ses erreurs, l’homme plus sage encore apprend des erreurs des autres. ». Du coup on se sentait plus sage.
Est-ce un poisson d’avril, malicieux ? Ou alors, alors le signe d’un laisser-aller éditorial ? Pendant toutes ses éditions de la mi-journée, BFM TV a rebaptisé le Pape François, souverain PONCIF ! Hello ! il n’y a pas de rédacteur en chef dans la régie de BFM ? Personne dans le cockpit de la rédaction ?
Il est de bon ton aujourd’hui de pointer du doigt le fonctionnement des réseaux sociaux, le buzz des fake news, le grand bordel des infos et du faux sur internet. Mais le web a une excuse, ce n’est qu’une technologie dont le développement a été encore plus rapide que celle du train ou de l’électricité aux siècles derniers.
Alors que les media n’ont aucune excuse. Ils sont faits par des journalistes, dont le cœur de métier est ou devrait être de vérifier, sourcer, recouper, mettre en perspective, hiérarchiser, mettre en forme, présenter, diffuser les informations. Bien sûr internet change ce métier. Quand, il y a encore 30 ans, il fallait plusieurs heures, plusieurs jours pour être au courant de ce qui se passait au fin fond de l’Asie ou même de la France, aujourd’hui la nouvelle du battement de l’aile d’un papillon à Hong Kong nous parvient en moins d’une seconde. Il y a 30 ans, il fallait une station satellite pour réaliser un direct télé. Aujourd’hui on est en direct à partir de son smartphone.
Certes, tout va vite, mais les rédactions confondent souvent vitesse et précipitation.
Alors, on utilise des expressions qu’on ne connaît pas, qu’on ne comprend pas, et ça fait con. Il faut occuper l’antenne même si l’on n’a rien à dire. A force de parler, de parler, on en arrive forcément à dire des bêtises. Cela conduit parfois à propager des informations partielles, voire fausses, par exemple comme lors du dernier attentat à Trèbes. Ou à écrire n’importe quoi pour présenter le Pape.
Les militaires sont devenus des cibles. C’est ce que l’on nous répète depuis qu’une voiture a foncé sur des soldats à Levallois-Perret. Quelle surprise ! Des militaires «ciblés», n’est-ce pas un pléonasme ? N’est-ce pas ce que cela veut dire, nous sommes en guerre contre le terrorisme ?
Il y a une certaine indécence à « meubler » pendant des heures à l’antenne quand on n’a rien ou presque, à dire si ce n’est l’évidence. Des experts se succèdent, compensant l’absence d’informations par une surenchère de lapalissades, de fausses précisions: « C’est à 8 heures 3 mn, et 15 secondes précisément que la voiture a foncé sur un groupe de militaires ».En quoi le fait que ce soit 15 secondes soit pertinent ? intéressant ? «C’est un acte délibéré»: Ah ! bon, ce ne sont pas les freins qui ont lâché ?
«C’est un acte honteux» déclare le maire de Levallois-Perret. Ça c’est sûr, qui peut dire le contraire ? « Levallois-Perret est une cible » répète-t-il en boucle ce qui lui permet d’occuper les media pendant 24 heures. Mais, il y a une semaine c’était la Tour Eiffel. Il y a deux semaines, c’était les Champs Elysées. Avant c’était Orly, Le Louvre, Notre-Dame. Il y a un an, c’était le père Hamel, égorgé dans son église de Saint-Etienne du Rouvray. Avant encore, Nice…
Evidemment il est plus rassurant d’expliquer qu’il y a une raison pour que tel groupe de personnes, tel bâtiment, telle ville, soit « ciblé ». Selon un plan articulé par un grand ordonnateur qui tirerait les ficelles depuis le désert irakien.
Hélas, il n’y aucune raison. En tout cas, aucune raison raisonnable, si ce n’est la haine de notre société, de nos valeurs. Sans devenir parano, nous sommes tous des cibles. Tout peut arriver, n’importe où, n’importe quand. Evidemment cela ne permet pas de tenir des heures à l’antenne.
Jeanne Moreau: Des hommages consternants de poncifs et manque de curiosité
Jeanne Moreau est morte.
La nouvelle vient de tomber et dans les rédactions on s’affole …mollement. C’est l’été quoi!
Mais bon comme il doit y avoir un ou deux red chef un peu vieux , un peu vieux cons, et qui semblent y tenir, on se plonge dans les news , la recherche Google, Wikipedia et là on trouve… les mêmes infos, pas fausses mais tellement aseptisées. Avec la même énumération ânonnante de la liste des Prix et récompenses qui lui ont été décerné. On s’en fout vraiment, mais qu’importe, ça meuble quand on ne sait quoi dire: César, Molière,ça pèse quoi face au génie ?Et on ressort les mêmes éléments de langage : “Une icône disparaît”.
Ça veut dire quoi ? Icône ? On voit une peinture de vierge, orthodoxe, avec de l’or partout… ce serait ça Jeanne Moreau ?
Et puis, plus icône que Grégory Lemarchal ? Faites un sondage à la sortie des infos: Qui connaît Grégory Lemarchal vs Jeanne Moreau ? Résultat: 85 -15 pour Grégory…Face à des Lemarchal, à des Louane ou Maitre Gims, Jeanne ne fait pas le poids.
Et c’est normal, même si cela est attristant.
Qui se souvient de Gérard Philippe et Maria Casarès ? “J’ai pas connu suis trop jeune”. Réponse à la con. Moi non plus Napoléon, j’ai pas connu, suis trop jeune.
Et alors? Il faut se repasser sur youtube – et c’est cela le formidable de notre époque, cette possibilité – les stances du Cid, et soudain au-delà du temps et des imperfections techniques on se rend compte de ce que ces acteurs ont d’exceptionnel. Comment peut-on exprimer ainsi de manière aussi sensible les affres, les tourments de Rodrigue et de Chimène ? ” Tu veux que je t’écoute et tu me fais mourir”
Cela transcende les générations et les techniques.
Avec Jeanne Moreau, c’est la même chose. Il n’est pas nécessaire d’avoir eu 20 ans avec elle.
On peut re/voir Jules et Jim en replay ou en VOD et brusquement on se dit: “Si loin et pourtant si proches, quel dommage que je l’ai ratée. Mais quelle chance, quel bonheur tout ce qu’elle nous a donnés”.
Un peu de culture ne ferait pas de mal à nos médias !
Au centre, Sibeth N’Diaye, maître des horloges des médias
Quel spectacle hier, cette attente devant Matignon pour la nomination du Premier Ministre ! Tous ces journalistes obligés de « meubler » des heures de direct, sans avoir rien à dire sauf que la nomination était « imminente »; une imminence qui a duré la journée. Cela était drôle, limite ridicule. Mais, un peu de compassion: Imaginez la solitude du journaliste de fond envoyé par sa rédaction pour faire le pied de grue sur les graviers de la cour de Matignon (ou de l’Elysée) ?
Au lieu de courir après l’info qui aujourd’hui se tweete et est disponible pour tout le monde instantanément, les medias feraient mieux de préparer leur futur: La mise en perspective, la traque aux « fake news », aux rumeurs et aux fausses infos, l’analyse. C’est le « plus » des journalistes. Mais cela demande plus de travail que de faire un plateau en direct pour ne rien dire devant Matignon.
En revanche, et c’est peut-être une des clefs de la réussite d’En marche, la com’ du nouveau Président semble avoir tout compris. C’est elle qui donne le tempo, elle est « maître des horloges ». Dans cette équipe, une découverte : Celle qui était la chargée des relations avec la presse d’En Marche, l’étonnante Sibeth N’Diaye. Professionnelle, toujours sur la brèche, sympa mais maniant le fouet s’il le faut avec les confrères qui passent les bornes, prête à les traiter de sagouins quand des propos sont, à son goût, mal rapportés, n’autorisant aucune fuite ou off mal contrôlés. Avec elle, c’est sûr, nous n’aurons pas le droit à une com’ à la Hollande.
Il parait qu’Emmanuel Macron aime bien citer Audiard ou les classiques du genre, alors comme disait Pierre Dac : En politique, parler pour ne rien dire et ne rien dire pour parler sont les deux principes majeurs de tous ceux qui feraient mieux de la fermer avant de l’ouvrir.
Il va falloir que les medias remettent leurs horloges à l’heure de 2017.