Le blog de Pierre M. Thivolet, journaliste

Catégorie : racisme (Page 1 of 2)

Football, negro : cachez ce racisme que je ne saurais voir !

 

Donc un arbitre adjoint – roumain – s’est laissé aller à des propos racistes : negro pour désigner un entraîneur adjoint noir. Scandale, décision des joueurs des deux équipes de rentrer aux vestiaires, tempête médiatique, parions que l’UEFA finira par rivaliser de déclarations martiales contre le racisme et que cet arbitre n’arbitrera plus jamais un match, en tout cas international. Et ensuite, quoi ? 

Que des instances officielles, que des gouvernements, condamnent fermement le racisme, c’est indispensable, mais est-ce suffisant ? Pensons-nous que cette condamnation fera réellement changer les sentiments de cet arbitre roumain ? Et de ces très nombreux anonymes qui dans le fond parlent de la même manière, utilisent les mêmes mots, pensent la même chose. Non. La prochaine fois, les préjugés ne seront plus exprimés à voix haute, mais mis sous le tapis. Mais soulevons le tapis, justement, et commençons par nous-mêmes, nos proches, notre entourage, nos voisins, nos compatriotes. 

Les lois, les déclarations de bonnes intentions ont-elles vraiment fait disparaître les préjugés, l’intolérance, la peur de l’Autre ? On ne le dit plus à voix haute, mais dans le fond, c’est toujours : « les noirs sont comme ceci », « les juifs sont comme cela », « les arabes comme ça »…

Dans l’(excellent) film « Get out” le héros noir va passer le week-end chez les parents de sa girl-friend, blanche, blonde. Un beau petit couple, qui démontre que, comme l’annonçait Senghor, l’avenir est au métissage. Mais le week-end se transforme en cauchemar, les parents se révélant être des sortes de vampires, mais en plus d’affreux racistes, sous des dehors ouverts et souriants : Le père adore Obama : « si il avait pu faire un troisième mandat, on aurait voté pour lui ». Un ami évalue d’un air gourmand le physique du héros, et lui demande : « Vous êtes golfeur comme Tiger Woods ? »

Alors ? 

Alors, il faudra du temps pour que si ce n’est nous, en tout cas les prochaines générations se dégagent de tous ces pré-jugés, de ces clichés. Cela passe par l’éducation bien sûr, l’école, mais Il faudrait aussi que les media, les journalistes commencent à réfléchir à la manière d’en parler, de parler. 

Le producteur de musique, Michel Zecler, tabassé par des policiers est-il noir avant d’être un producteur de musique ? « Noire n’est pas mon métier », revendique l’actrice Aïssa Maiga, un peu un écho du : « On ne naît pas femme, on le devient » de Simone de Beauvoir.

Pour inspirer nos rédactions, relisons Félix Éboué. Vous savez Éboué, qui fût le premier à rallier De Gaulle en juin 1940, qui a fait basculer le Tchad puis l’Afrique Équatoriale du côté de la France libre, le premier compagnon de la Libération. Ses cendres furent transférées au Panthéon le 20 mai 1949, le premier noir à y être honoré, bien avant Alexandre Dumas, en 2002.

D’ailleurs Éboué, le guyanais, fût souvent le premier partout. Premier gouverneur noir de la Guadeloupe, il prononça ce discours à la jeunesse guadeloupéenne en 1937, lui qui était un fan de sport et de foot : « Jouer le jeu ». « Jouer le jeu, c’est piétiner les préjugés, tous les préjugés, et apprendre à baser l’échelle des valeurs uniquement sur les critères de l’esprit. »« Jouer le jeu, c’est, par la répudiation totale des préjugés, se libérer de ce qu’une expression moderne appelle le complexe d’infériorité. C’est aimer les hommes, tous les hommes, et se dire qu’ils sont tous bâtis selon la commune mesure humaine qui est faite de qualités et de défauts. »

Jouons le jeu !

Tuerie terroriste en Allemagne : Le retour des nazis ?

L’Histoire n’est pas un éternel recommencement ? 
On a l’impression d’être revenu loin en arrière. 
Pas en 1930 (j’ai entendu parler, mais désolé suis encore trop jeune pour avoir connu…). mais en 1992. 
En août 1992, à Rostock. Deux ans à peine après la chute du mur, un an après l’unification des deux Allemagnes et la disparition de la RDA, l’Allemagne communiste, quelques mois après les premières élections municipales libres. 
À Rostock, principal port de l’Allemagne de l’Est, ville plutôt ouvrière, c’est une coalition gauche-Verts qui l’avait emporté. Rostock, autour d’un vieux centre, de son hôtel de ville rococo et du port de pêche, des alignements d’HLM en « Plattenbau », en plaques de béton, des rues longées par les tuyaux aériens des conduites de chauffage : la déprime. 
C’est dans une de ces HLM la résidence « Tournesol » que plusieurs familles de travailleurs immigrés … vietnamiens étaient hébergées (à l’époque les immigrés venaient surtout des pays « frères » communistes). Le 22 août, des petits groupes attaquent avec des projectiles, des cocktails molotovs, mettent le feu au bâtiment, les vietnamiens arrivent à se sauver de justesse. 3 jours et 3 nuits d’émeutes, la police locale dépassée, issue de l’ancienne RDA elle n’était pas habituée à ce type de guérilla urbaine menée par des groupes radicaux dont une partie venait visiblement de Berlin, Hambourg, des milieux de l’extrême-droite ouest-allemande. Nous-mêmes, l’équipe de TF1, prise à partie, violemment, le cameramen, agressé, obligés de nous abriter sous des voitures. 
Trois mois plus tard, 3 turques mourraient dans l’incendie de leur maison à Mölln dans le Schleswig-Holstein, puis un an plus tard, 5 personnes dans l’incendie leur foyer. Des actes terroristes revendiquées au nom de « Heil Hitler ». Et depuis les attentats ou agressions n’ont fait qu’augmenter. 
Comme aujourd’hui, des millions d’allemands s’étaient indignés, des millions avaient marché dans les rues, déposé des bougies, aux cris de « Nazis raus, les nazis dehors ». Et cette amie en pleurs au téléphone : « C’est affreux, cela ne changera jamais. Avons-nous ça dans le sang, nous allemands, cette haine, cette violence ? « 
Non, l’Allemagne de 2020 n’est pas celle de 1930. La grande différence c’est que l’immense majorité des allemands, quelque soient leurs difficultés, leurs préférences politiques, leurs égoïsmes, leurs craintes, savent ce que leurs pays a fait il y a 80 ans : une des plus grandes catastrophes morale et humaine de leur histoire, de notre histoire. 
La confrontation permanente avec l’Histoire – la Vergangenheitsbewältigung, structure les institutions de l’Allemagne moderne, la vie politique, l’éducation.
Nous qui votons pour 20 et 40 % pour l’extrême-droite, et cela depuis plus de 30 ans, nous ferions bien – nous aussi – de tirer les leçons de l’histoire allemande. Mais pour nous et notre avenir.

Parent 1, parent 2: C’est la deb et j’men bats les c…

Peut-on combattre le machisme par de simples lois sociétales ?
« Salut mec ! dis moi tu viens d’où ?
D’une autre tess, Abdel prends lui tout
Et je m’en bats les couilles 
C’est la deb, negro c’est la deb »
Il a 16 ans, il s’appelle ( nom de scène) Brvmsoo, et c’est la nouvelle révélation du rap de Nanterre, cité Picasso. 16 ans…
A 15 ans, Rimbaud Arthur écrivait : 
La chambre est pleine d’ombre ; on entend vaguement
De deux enfants le triste et doux chuchotement.
C’était juste avant de fuir Charleville-Mézières qui était une sorte de Cité Picasso-Nanterre de l’époque. 
Ceci dit, ce n’est pas parce qu’on vient de cité qu’on est un Rimbaud qu’on assassine. 
Rimbaud aurait sans doute pu écrire « j’men bats les couilles », lui qui écrivit le « Sonnet du trou du cul «  (Eh !oui ) : 
Obscur et froncé comme un oeillet violet
Il respire, humblement tapi parmi la mousse
Humide encor d’amour qui suit la fuite douce
Des Fesses blanches jusqu’au coeur de son ourlet.
N’empêche que cette obsession des « couilles qu’on bat » et autre « suce ma bite » chez les rappeurs d’aujourd’hui, « interpelle » à l’heure où les députés, pour tenir compte de l’évolution des couples, viennent de modifier la dénomination des parents dans les actes administratifs. Finis Père et Mère, changés pour Parent 1 et Parent 2.
Quand on lit les textes de ce jeune poète de la rue de Nanterre qui est au diapason de tant de rappeurs : Frérot , poto , gros , negro , je m’en bats les couilles. 

Et qui pourrait ajouter : La DGF, je m’en bats les couilles. Le RIC, j’m’en bats les couilles. Le grand débat national , je m’en bats les couilles. Les gilets jaunes , sapés comme jamais, je m’en bats les couilles. 

On se dit, que ce n’est pas un fossé mais un précipice qui sépare la jeunesse d’aujourd’hui des quadras des manifs du samedi, et qu’on ne change pas une société par décrets, ni une éducation machiste et phallocrate par des lois. Alors que nous gargarisons avec des « avancées sociétales » qui devraient assurer la parité, l’égalité femme-homme, le respect des femmes, la tolérance à l’égard des différences, beaucoup de jeunes vivent dans un monde de machos, où on est entre mecs à se comparer la taille des muscles en salle de muscu et à fantasmer sur les femmes dont on parle comme des taspé, des pétasses, toutes, sauf ma mère et mes sœurs.
La morale de cette histoire : C’est comme pour les préjugés, le racisme, l’antisémitisme, le complotisme, pour que les mecs arrêtent de tabasser leurs meufs, et qu’on arrête de tager Juden sur les vitrines de Bagelstein, il reste encore beaucoup à faire en matière d’éducation…Et tout se joue avant 16 ans!
Même problème, même combat.

Pour la défense de la quenelle ?

Ceci sont de vraies quenelles !
C’est très choquant : la quenelle est aujourd’hui assimilée à un geste raciste, négationniste, d’une grossièreté sans nom, puisqu’apparemment, elle signifie : « je vous le mets bien profond » encore une démonstration de l’obsession de la sodomie (voire plus) chez une partie des mâles. 
Mais comment en est-on arrivé là ? Entre Dombes et Saône, Bresse et Rhône, on sait bien que la quenelle, la vraie, est un plat d’une exquise finesse, volailles de Bresse, écrevisses des étangs de la Dombes, sauce Nantua, des soufflets d’une légèreté sans pareil, dont la cuisson ne supporte aucun à peu près, au four juste à la bonne température, juste la durée qu’il faut, et alors lorsque ce mets que la terre entière nous envie, se met à gonfler, à doubler de taille, il faut vite le servir pour qu’il soit dégusté encore gonflé. On sait cela à Lyon depuis les mères Brazier ou Charles ( à Mionnay), depuis le Paul ( Bocuse) et puis un peu partout dans la région où la seule vraie noblesse, est celle des petits pois, celle des charcutiers, des traiteurs, des pâtissiers, des cuisiniers. 
Déjà qu’ils nous avaient fait un mauvais coup avec l’obligation de manger des « quenelles » en conserve dans les cantines scolaires. Je mets le terme entre guillemets, car ces plats ont autant à voir avec les quenelles, que les choucroutes servies également dans ces mêmes cantines avec les vraies choucroutes. Du coup, ce sont des générations de français qui ont été écoeurés par les quenelles, les assimilant à un plat dégueulasse. 
Et maintenant ça, ce geste ? Et ça fait rire certains ? Ça donne plutôt envie de pleurer. Comment se fait-il qu’à l’heure de balance ton porc il n’existe pas #balancetaquenelle ? Les quenelles ne sont-elles pas une recette déposée ? Il faudrait qu’elles soient inscrites au patrimoine mondial de l’Unesco. Pour éviter ces détournements et ces contrefaçons. 
Allez vite une pétition, ou même un référendum. Pour la défense et l’illustration des vraies quenelles, exemple culinaire du vrai savoir-faire lyonnais et de la tradition française.

Autant en emporte Griezmann !

Griezmann plus choquant que “Gone with the wind” diffusé sur ARTE ?
Il y a quelques jours –  mais ça paraît déjà si loin, une info, une émotion, une indignation chassant l’autre à la vitesse du très haut débit – le footballeur Griezmann défrayait la chronique, à cause d’un tweet. Il se montrait déguisé en joueur – noir – des Harlem Globe Trotters des années 80. Et le débat fit rage: C’était raciste, insultant à l’égard des afro-américains qui avaient été humiliés dans leur histoire par des « blackfaces », des blancs grimés en noirs, jouant de manière grotesque.
Pour les professionnels de l’indignation anti-raciste, Griezmann n’était peut-être pas raciste, mais au minimum maladroit et injurieux. Et ignorant de l’Histoire des noirs. Et cette ignorance montre bien que les blancs ne peuvent pas comprendre les discriminations et le racisme dont sont toujours victimes les noirs. Y compris de la part de l’Etat.
Et là, ensuite, on déroule:
Récemment, le syndicat SUD-Education 93 défendait l’organisation d’ateliers « en non-mixité raciale ».
L’été dernier, un festival afroféministe prévoyait des espaces non-mixtes, c’est-à-dire, blanc(he)s exclu(e)s.  Et certains traquent le racisme, partout, dans la langue, la culture. Nous sommes piégés jusque dans le nom de nos collèges – A bas, Colbert ! – de nos pâtisseries – Ne dites plus un « congolais », ni des « pets de nones »  Ah ! si, ça on peut. Mais ce n’est pas la même chose ?
Nous vivons au rythme d’indignations sélectives qui prennent l’importance que leur donnent les tam tams des réseaux sociaux. Très souvent d’ailleurs, copiant des modèles directement importés des Etats-Unis. Et qui ne concernent pas que le racisme. Mais tout ce qui peut être suspecté: Le machisme, le phallocratisme, l’homophobie. C’est épuisant.
Après Griezmann, c’est Lewis Hamilton qui a provoqué un scandale sur le twitter. On le voyait en train de gronder son neveu parce que le petit garçon s’amusait habillé avec une robe de fée, donc de fille… Quelques heures plus tard, Hamilton était obligé de se confondre en excuses. D’ailleurs, on se demande pourquoi les gens, y compris, ou même surtout célèbres, passent leur temps à publier leurs vies privées sur les réseaux sociaux !
Dans ce contexte, il est étonnant que personne n’ait encore demandé à ARTE de suspendre la rediffusion de « Autant en emporte le vent ». Parce que franchement revoir Mama parler en p’tit nègre à Miss Scarlett, « Ma’am Scarlett, les  no’distes sont des sauvages », ça vaut son pesant de cacahuètes. Personne ne trouve humiliant de voir tous ces acteurs noirs contraints de jouer les nègres banania ? Et cela pour la plus grande gloire de Vivian Leigh et Clark Gable, et des producteurs de ce film considéré comme le plus gros succès du cinéma américain. Huit oscars. Mais qui se souvient du nom des acteurs qui jouent Mama, ou Prissy ou encore Big Sam ? C’est quand même plus scandaleux que Griezmann, non ?
Comme l’écrit Claude Hagège dans le Monde ” La langue n’est pas sexiste ” (Merci à J.M Théodat de l’avoir mentionné).
Pour le professeur au Collège de France, « le débat sur l’écriture inclusive confond l’orthographe et la syntaxe. Surtout, il présuppose que le français reproduit la domination masculine. Or c’est le comportement des hommes qui est en cause. (…) C’est une illusion que de vouloir extirper de la langue les traces de la domination masculine. En revanche, c’est un combat sain et nécessaire que de s’en prendre au sexisme dans la société ».
On pourrait sans doute écrire la même chose pour le racisme.

Déboulonner Colbert, esclavagiste. Et pourquoi pas Napoléon ?

Le “Tres de Mayo”, les massacres de Napoléon en Espagne
C’est une polémique qui certes n’empêche pas beaucoup de français de dormir, mais qui trouve un certain écho dans les media.
Colbert, Jean-Baptiste, 1619-1683, a été LE ministre des Finances de Louis XIV. Son job : Trouver des sous pour que le roi soleil brille. Et comme les français étaient un peu mou du genou pour créer des entreprises, Colbert eut cette idée géniale: L’Etat allait créer des manufactures avec monopole pour transformer les matières premières et les exporter avec une forte plus value. L’Etat entrepreneur cela ne remonte pas à Mélenchon mais à Colbert. Et il n’a pas fait que ça : Créer un marine puissante, introduire les droits de douane, fonder l’Académie des Sciences, etc… Et parmi les etc… le Code noir qui règlementait l’esclavage dans les colonies françaises. En gros, avant, on pouvait écorcher, mutiler, égorger un nègre rien que pour s’amuser – avec le Code noir, il y avait des règles: Les esclaves étant considérés comme des meubles – oui comme une armoire Ikéa – il ne fallait pas les abimer sinon sur le Bon coin de l’époque, ils perdaient de la valeur. Bref, une horreur qui ne prit fin qu’avec la Révolution française.
Alors, exit Colbert, les statues, les rues, les lycées qui portent son nom.
Mais, et Napoléon ? Qui rétablit l’esclavage en 1802. Qui envoya 20 000 soldats pour tenter de vaincre les esclaves haïtiens qui refusaient de redevenir esclaves, mauvais esprits, va ! Et qui en Europe, mena une guerre d’expansion qui provoqua des millions de morts. Demandez donc aux espagnols ce qu’ils pensent de notre grand homme !
Et Gallieni, responsable du massacre de centaines de milliers de malgaches ? Et Bugeaud, le grand conquérant de l’Algérie, qui y sema la terreur, multiplia les massacres et écrivait : « Je brûlerai vos villages et vos moissons » ?
Ce qui est un peu surprenant c’est que cette attaque contre Colbert soit (re)lancée un mois après les émeutes de Charlottesville aux Etats-Unis. Là-bas il s’agissait de déboulonner la une statue d’un général sudiste. Rappelons que les Etats-Unis ont été fondés avec et sur l’esclavage, que Washington était propriétaire d’esclaves et que dans le Sud des Etats-Unis l’apartheid ne prit vraiment fin que dans les années 60, 1960.
Dommage donc d’aller chercher nos modèles chez les américains. Dommage de ne pas s’inspirer de ceux parmi nos compatriotes qui n’ont pas attendu pour remettre « le Nègre debout ». Comme Aimé Césaire, poète, normalien, il y a 80 ans déjà, à une époque où les noirs américains n’avaient même pas le droit d’aller à l’Université. Député-Maire de Fort-de-France, il fit non pas enlever mais déplacer la statue de l’Impératrice Joséphine. Auparavant, elle était au centre de la Place de la Savane. Aujourd’hui elle se trouve dans une allée latérale. Se souvenir qu’une martiniquaise devint impératrice des français, oui. Mais honorer la mémoire de la fille de colons qui oeuvra pour le rétablissement de l’esclavage, non.
Aujourd’hui, nous connaissons mieux l’histoire de Martin Luther King, de Malcom X ou de Mandela – merci Hollywood – que celles de Toussaint-Louverture, de Louis Delgrès ou encore de Danton qui déclara au moment du vote de la première abolition de l’esclavage en 1794.
« Représentants du peuple français, jusqu’ici nous n’avions décrété la liberté qu’en égoïstes et pour nous seuls. Mais aujourd’hui nous proclamons à la face de l’univers, et les générations futures trouveront leur gloire dans ce décret, nous proclamons la liberté universelle ». 

Le zouave du Pont de l’Alma est-il politiquement correct ?

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Pour un Zizou du Pont de l’Alma

Nous avons tous les yeux et les objectifs pointés vers le zouave du pont de l’Alma, cette statue qui lorsqu’elle a les pieds dans l’eau nous indique que la Seine est en crue. Là, avec de l’eau à la taille, on sait que c’est grave, les caves du Louvre et du Musée d’Orsay menacées, les voies sur berge, le RER C fermés. Et puis que dans le reste de la région, nous avons vraiment la tête sous l’eau. Une sorte de grande saison des pluies, la chaleur en moins.
Mais les grèves en plus. Et là, chapeau pour les grévistes qui contre vents et marée, et galères climatiques, continuent vent debout leur grève, bloquant les TGV en Gare de Lyon, ou l’électricité à Saint-Nazaire. Les seuls qui semblent s’être noyés, ce sont les Nuit debout. Disparus de l’œil des médias. Il est vrai que sous tant d’eau la Place de République à Paris prend des allures de Place Saint-Marc à Venise en période d’acqua alta. Ces derniers jours à Paris, c’était Paris chaos ou KO, Paris bordel, Paris chienlit. Des passagers excédés qui descendent sur les voies de la ligne 4 du métro, des bus qui s’arrêtent au milieu du boulevard Magenta, un touriste japonais hagard qui comprend mal le mot « grève » « on strike » et qui tente de rallier la Gare du Nord, une passagère qui s’indigne de l’agressivité d’autres passagers : « on est tous dans le même bateau, ce n’est pas la peine de se mettre à se battre ». Y-a-t-il un pilote sur le bateau France ? On a l’impression que non. Dans ces dérèglements climatiques, sociaux, sociétaux, il ne manquait plus que Godzilla. Et nous avons eu Benzema et Cantona. Qui en ont profité pour enfoncer des portes ouvertes, en surfant sur une évidence: Il y a du racisme en France et des français racistes, pour régler des comptes personnels. C’est d’autant plus moche qu’au fond, c’est une réflexion qui est partagée par beaucoup : Si Benzema, comme Ben Arfa n’ont pas été sélectionnés, c’est parce qu’ils sont rebeus. Et l’on déplace les questions et les critiques sportives sur le plan sociétal, et là, on s’enfonce dans des débats aussi boueux que les eaux de la Seine autour du zouave du pont de l’Alma.
A ce propos, pourquoi un zouave ? Pourquoi un tel symbole ? Celui du colonialisme français, dans une de ses pires périodes, celui de la conquête de l’Algérie. Vite mobilisons-nous pour réclamer son remplacement. Christiane Taubira, vite, fais passer une loi à l’Assemblée ( Ah ! non, c’est vrai, elle n’est plus députée de la Guyane). Eric Cantona, vite, lance une souscription nationale, avec concert de Yannick Noah, vite mobilisons-nous pour remplacer le zouave par… , euh ! par quoi ? Par un footballeur black, blanc, beur. Troquons le zouave par Zizou, une statue en pied de celui qui in fine nous symbolise de la manière la plus positive qui soit, qui transcende nos divisions, Zinedine Zidane. Et quand tout ira mal, on ira jeter un coup d’œil au Zizou du Pont de l’Alma et l’on dira : Le Zizou a de l’eau jusqu’à la taille.Bon, allez vivement l’Euro qu’on puisse enfin se détourner de nos problèmes, avant le long tunnel politique qui nous attend, les primaires, les présidentielles.
Nous vivons une e-poque formidable

Mon père est blanc, ma mère est noire, et moi qui suis-je ?

Veja en 2007 – Brésil: La race n’existe pas !
Tout le monde, enfin tout le monde « officiel » est d’accord.
Robert Ménard a franchi la ligne jaune ( ?) en annonçant et assumant le fichage par nom des élèves des écoles de sa ville.
Mais quand on y regarde de près, sa provocation fait quand même apparaître deux positions.
Il y a celle défendue par certains, et notamment depuis des années, par des sociologues, des animateurs sociaux, des élus qui expliquent que pour savoir si un malade a de la température, il faut utiliser un thermomètre. Et que en matière de discrimination et d’intégration, le thermomètre serait le recensement « ethnique » des français.
Cela a l’apparence du bon sens. Il s’agit de pratiques inspirées par les pays anglo-saxons. Mais, malgré toutes les politiques de discrimination positive conduites aux Etats-Unis, où les minorités noires ou latinos sont en nombre et en pourcentage beaucoup plus importantes que les communautés d’origine maghrébine ou africaine en France, malgré l’élection de Barack Obama, on voit bien que les noirs continuent à y être discriminés.
Parions que cette position prendra de l’ampleur chez nous. Car elle sert aussi de fond de commerce à des ambitions qui n’ont rien de scientifiques, comme celles du CRAN, qui se veut le représentant des communautés noires en France(?). Ou d’autres qui caressent les électeurs dans le sens du poil.
Et puis, il y ceux et celles qui sont contre. Et qui veulent que nous conservions les principes fondateurs de la République, depuis au moins 1791. Et réaffirmés dans l’article 1 de la Consitution : « (La République) assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion ». C’est le cas de Christiane Taubira, et on ne peut soupconner l’actuelle Garde des Sceaux de ne pas avoir toute sa vie lutter contre les discriminations, contre l’ignorance par la majorité des français de ce qu’a été l’Histoire coloniale, l’histoire des « minorités visibles » (un terme qu’elle déteste).
Comme le dit Christiane Taubira, a-t-on besoin de faire des recensements ethniques, pour savoir que le racisme et la discrimation existent dans notre pays.
Et puis que veut dire la mise en place d’un tel recensement ? Père blanc, mère noire, l’enfant est quoi? Et dans le cas où sur les 4 grands parents , un est espagnol, l’autre guyanais, les deux autres velaves et ardéchois, les enfants doivent cocher quel case ? Afro-français ? Hispano ? Caucasien ?
Au Brésil où la moitié de la population est noire ou métisse, mais où il n’y a eu que deux ministres noirs au gouvernement, dans toute l’histoire du pays, où le racisme et les préjugés hérités de 400 ans d’esclavage sont toujours très forts, il a été essayé d’instaurer un système de quotas favorisant l’entrée des noirs dans les Universités. Un peu sur le modèle américain.
Mais dans ce pays beaucoup plus mélangé qu’aux Etats-Unis, s’est très vite posée la question de «qu’est-ce qu’une race ?, qu’est-ce qu’une ethnie ? ».
Avec en 2007, cet exemple de jumeaux, même père, même mère donc, mais l’un un peu plus noir que l’autre. Le plus foncé sur les photos a pu bénéficier de points supplémentaires pour l’entrée à l’Université. Mais pas son jumeau, classé blanc ! La famille a attaqué cette décision devant la Cour Suprême qui a reconnu l’absurdité de ce système.
Nous vivons une e-poque formidable.

Où vaut-il mieux être un jeune noir: A Paris ou à Baltimore ?

Des supporters anglais insultent un passager noir du métro à Paris
Depuis des mois, depuis des années, nous déplorons le délit de faciès, les préjugés racistes qui ont la vie dure. Nous déplorons le racisme au quotidien, le fait que lors d’un contrôle de police, il vaut mieux être un quinqua, tempes grises, barbour, attaché case, qu’un jeune black ou rebeu, casquette, jogging et sneakers : Je force peut-être un peu les clichés- LOL !: Le passager qui s’est fait insulté et repoussé par des supporters du club de foot de Chelsea le 17 février dernier, était bien habillé et cravaté…Mais justement, ceux qui l’ont insulté et refoulé du métro, étaient anglais !
Le fameux modèle anglo-saxon dit « communautariste » que l’on oppose à notre « modèle » républicain assimilationniste ne fonctionne pas si bien. Critiquer l’interdiction du voile dans les lieux publics en expliquant que c’est une exception française, et qu’à l’étranger à Londres, aux Etats-Unis, chaque communauté peut conserver ses coutumes, et que cela n’est pas un problème, cela laisse entendre qu’il nous faudrait adopter le « modèle » communautariste. Mais enfin ! Ce n’est pas parce que la burkha est acceptée à Londres que cela a empêché, il y a 2 ans, qu’un soldat anglais soit égorgé en pleine rue par 2 britanniques noirs convertis à l’islam radical. Cela n’a pas empêché en juillet 2005, que des britanniques musulmans commettent des attentats faisant 56 morts et 700 blessés.
Cela n’a pas empêché aux Etats-Unis, l’attentat du marathon de Boston, en avril 2013. Cela n’a pas empêché pas, les 3 morts dans une attaque d’un centre communautaire juif, le 13 avril 2014, ni les récentes agressions contre des juifs se rendant à la synagogue à Brooklyn. Ni l’assassinat de 3 étudiants musulmans sur un campus par un fanatique « antireligieux », en février dernier.
Que Barack Obama, dont on remarquera qu’il n’est pas un « afro-américain », au sens de descendants d’esclaves, mais d’origine kényane – soit Président des Etats-Unis, est évidemment formidable. Mais l’on voit hélas que cela n’empêche pas les violences racistes, et ces assassinats répétés par la police, souvent blanche, de jeunes noirs.
Les émeutes de Baltimore ces derniers jours après les obsèques d’un jeune noir tué par la police, en sont une nouvelle preuve.
Oui les Etats-Unis sont une société stimulante où des citoyens venus de toute la planète tentent leur chance et réussissent leurs vies. Et oui, chez nous, l’ascenseur social paraît bloqué, l’intégration a des hoquets, et beaucoup de jeunes, de jeunes diplômés, en tout cas, beaucoup trop, votent avec leurs pieds et préfèrent tenter leur chance à Londres, à Montréal ou à New York.
Mais n’oublions pas qu’à l’époque où la dépouille de Félix Eboué, noir guyanais, premier Gouverneur noir de l’Afrique Equatoriale, premier à avoir rejoint De Gaulle, premier compagnon de la Libération, co-fondateur de la Ligue des droits de l’Homme, était transférée au Panthéon en 1949, aux Etats-Unis, les noirs n’avaient même pas le droit de prendre le bus, de boire la même eau, d’utiliser les mêmes toilettes, ou d’aller dans les mêmes Universités que les blancs.
Tout cela veut peut-être tout simplement et malheureusement dire que le racisme, la peur de l’autre, la haine de l’autre, la connerie humaine, sont universellement répandus, et qu’il n’existe pas de recettes miracles. Seulement peut-être une vigilance permanente, qui commence dans nos familles et dans nos écoles par l’éducation et la connaissance des « autres ».
Nous vivons un e-poque formidable.

QUENELLES: RENDEZ A LYON CE QUI APPARTIENT AUX GONES !

C’est quoi cette histoire de quenelle ?
Pour tous les gones, ou pour tous ceux qui ont eu la chance, une fois au moins dans leur vie, d’en déguster de VRAIES, la quenelle est synonyme de sommet de la gastronomie.
Car les quenelles sont des produits d’une extrême sensibilité. Elles supportent mal l’éloignement du triangle magique Lyon, Bourg-en-Bresse, Nantua. La cuisson de ces soufflets, à base de farine soit nature, soit au poulet, au brochet, soit même avec des truffes, nappées, c’est l’idéal, d’une vraie sauce Nantua, aux écrevisses, doit se faire à la minute près. Pas de triche possible. Elles doivent cuire au four à chaleur constante jusqu’à ce qu’elles gonflent, qu’elles montent, montent : un vrai miracle, le miracle de la quenelle. Et elles se dégustent en quelques minutes sorties de four. Sinon, elles retombent comme ces horribles produits farineux en boîte qui ont ursupé le nom « quenelle » et qui sont le cauchemard des cantines scolaires.
La quenelle, c’est de la culture. La quenelle, c’est de l’art, de la légereté, de la subtilité, le monde entier nous l’envie, toujours imitée, jamais égalée. Bref, rien à voir avec toutes ces dérives « bourrin » et « beauf », avec ces gestes qui se veulent racistes ou anti sémites et qui salissent ce beau nom de « quenelle ».
J’espère que les gones vont porter plainte contre l’usurpation d’une appellation déposée depuis longtemps par les mère lyonnaises et par tous ces grands chefs qui font la fierté de la France, la vraie, pas celle qui crache dans la soupe…
Nous vivons une e-poque formidable !

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