Le blog de Pierre M. Thivolet, journaliste

Catégorie : Uncategorized (Page 12 of 29)

Jean Thivolet, un des pères de la dermatologie européenne moderne

Professeur Jean Thivolet 4 février 1926- 4 février 2011
Jean Thivolet, un des pères de la dermatologie moderne

Né à Lyon, il y a tout juste 85 ans, Jean Thivolet était à la fois un médecin clinicien, un chercheur et un enseignant.
Il est considéré comme l’un des pères de la dermatologie moderne.
Il a notamment introduit en France l’immunodermatologie faisant évoluer une discipline qui ne traitait jusque là que des “bobos” extérieurs vers la recherche des causes “intérieures”, sous les couches de la peau.
Dés les années 1970, les échanges avec les équipes médicales américaines et européennes, l’introduction de la microscopie électronique dans les recherches dermatologiques, la mise en évidence des liens entre immunologie, allergologie et dermatologie, lui ont permis de développer autour du service de dermatologie et de vénérologie qu’il dirigeait à l’hôpital Edouard-Herriot à Lyon et de l’Université Claude-Bernard où il était titulaire de la chaire de Dermatologie,  la première unité de recherche créée en France, commune à l’INSERM et au CNRS, consacrée à l’immunodermatologie.
Ses travaux ont permis d’importantes avancées dans la compréhension et les traitements de maladies comme le psoriasis, le lupus, le syndrome de Kaposi. Il fût un des premiers à mettre en évidence l’importance de la cellule de Langerhans, comme sentinelle du système immunitaire cutané.
En 1981, invité pour 6 mois à l’Université de Stanford, il participe au Congrès Mondial de Dermatologie à San Francisco. Il est un des premiers à comprendre le lien  existant entre le syndrome de Kaposi, une sorte de cancer de la peau, qui frappait particulièrement la communauté gay, et l’écroulement du système de défense immunitaire par un virus qui fût identifié en 1983 comme le virus HIV du SIDA par Luc Montagnié et ses équipes à l’Institut Pasteur.
En 1985, à Lyon, il réussit la première greffe de peau humaine à partir d’épiderme en culture. Ses recherches en collaboration avec une équipe américaine, lui ont permis de contourner le problème du rejet de la greffe, et de mettre au point des techniques de culture de peau. Ces techniques sont aujourd’hui largement utilisées, notamment pour les greffes de peau pour les grands brûlés.
Chercheur, clinicien, il fût également un enseignant qui a fait rayonner la dermatologie, la médecine et la recherche médicale françaises dans le monde entier.
En 1970, il fonde la S.R.D la Société de Recherche Dermatologique, dont le but est le développement de la recherche dermatologique en France et dans les pays francophones.
Dix ans plus tard, sur le même modèle il crée la E.S.D.R (European Society for Dermatological research), la société européenne de dermatologie et lance en 1991 l’European Journal of Dermatology, des revues et instances scientifiques qui ont favorisé et encadrent encore la recherche médicale dans ces domaines.
Son cours francophone de biologie de la peau, les “journées d’étude Jean Thivolet”organisées chaque année, fait encore aujourd’hui autorité.

Vidéo INA: La première greffe de peau 1985
http://www.ina.fr/sciences-et-techniques/medecine-sante/video/CAB8501200701/greffe-de-peau.fr.html

Tous les regards tournés vers l’Egypte… Et pendant ce temps-là, tiens, au fait, elle en est où la démocratie en Côte d’Ivoire ?

Journée test, journée cruciale, le tournant: Combien seront-ils dans les rues du Caire et d’Alexandrie ? 100 000 ? 1 000 000 ? Franchement, je ne sais pas trop comment nos envoyés spéciaux vont arriver à compter, vu qu’en temps normal, il y a déjà beaucoup de monde en Egypte en général (Egypte… général… C’est drôle, non ? parce que c’est bien l’armée qui est au pouvoir…), au Caire en particulier. Et puis ne leur jetons pas la pierre (ça, c’est drôle aussi pour un pays qui compte beaucoup plus de cailloux que de terres arables !), vu que chez nous, la Patrie des droits de l’homme et des comptages de manifestants, entre les chiffres de la police et ceux des syndicats, on n’arrive jamais à savoir combien de personnes manifestent…
Tous les regards sont donc tournés vers l’Egypte, parce que « on » a bien compris que même si « on » est tous pour la liberté, les droits de l’homme (et ceux des femmes ?), et l’égalité (pour les coptes aussi ?), « on » ne sait plus très bien où tout cela va nous mener. C’est un peu comme la situation de l’Europe, de l’Allemagne et de Berlin avant la chute du mur : « De quel côté du mur, la frontière nous rassure » chantait Patricia Kaas. Parce que le saut dans l’inconnu, ça fait peur. Aux places financières qui au moindre risque en profitent pour faire grimper le prix des matières premières. Aux stratèges qui doivent réviser en catastrophe leurs scenarii et ne savent plus qui sera l’allié de qui. A tous ceux qui, à défaut de randonnées au Sahara comptaient se rabattre sur les Pyramides, la vallée des rois ou la plongée en Mer rouge. Faudra-t-il arrêter de payer des clopinettes les chameliers qui nous promenaient sous le nez du Sphinx ou les serveurs des bateaux en croisière sur le Nil ? Et les islamistes là dedans ? Et, et, et… y penser toujours, n’en parler jamais, quid d‘Israël ? Décidément l’Orient est bien compliqué, comme aurait dit le Général (De Gaulle, of course !), comme l’est l’adéquation entre nos grands principes et le principe de réalité.
Dans cette confusion, et alors que les feux de l’actualité sont tournés vers l’Egypte, il y a des petits malins qui en profitent.
En Côte d’Ivoire, par exemple. Parce qu’au fait, on en est où, en Côte d’Ivoire? Eh ! bien, on en est nul part, ce qui veut dire qu’on recule. A Abidjan, le Président élu Alassane Ouattara ne peut toujours pas sortir de son hôtel entouré par les soldats de l’ONU, et les milices du Président qui ne veut pas sortir , Laurent Gbagbo, enlèvent, font disparaître et assassinent tranquillement, pendant que télévision et radio officielles continuent leur matraquage. Le front des pays africains contre Laurent Gbagbo se fissure chaque jour un peu plus. Des pays comme le Burkina-Fasso ou le Mali, tellement dépendants de l’économie ivoirienne et du port d’Abidjan, sont chaque jour un peu plus étranglés. Et il faudrait bien plus que le (beau) discours de Nicolas Sarkozy, en tant que Président du G-20 pour les rassurer.

Nous vivons une e-poque formidable !

Révolution “arabe”(?) : Suites… et fin ?

Omar Souleimane

C’est formidable ! En un mois, et plusieurs dizaines de morts, quand même, les tunisiens se sont débarrassés non seulement d’un dictateur, de son « clan», mais ils sont en plus, en train de démanteler ce qui fait une dictature, c’est-à-dire tous ces réseaux de flicage, d’encadrement, de police etc…
C’est formidable ! Dans la foulée, c’est au tour de l’Egypte. En quelques jours et, plusieurs centaines de morts, quand même, Moubarak nomme un vice-Président, change de gouvernement, et en gros, à 83 ans et malade, fait comprendre qu’il ne se représentera pas aux prochaines élections présidentielles.
Une victime collatérale au passage : Son fils en qui il voyait un futur Président, sauf qu’apparemment, cela fait plusieurs semaines, bien avant les révoltes, que cette succession paraissait compromise, notamment parce que le vrai pouvoir en Egypte, celui qui revient au premier plan, l’armée, n’était pas chaud bouillant pour Gamal Moubarak. On remarquera que, lui, n’a pas étudié chez les militaires, mais au St George college, puis à l’Université américaine du Caire. Business et Finances… Il a ensuite travaillé à la Bank of America à Londres, où d’ailleurs il vient de se réfugier avec femme et enfants…
Comme le remarque Pierre Haski de Rue 89, le nouvel homme fort de l’Egypte, sans doute le futur Président s’appelle Omar Souleimane. Et là on peut se demander si la comparaison entre ce qui se passe en Egypte, et en Tunisie ne va pas se finir là.
Omar Souleimane… Je ne le connais pas personnellement, mais son parcours « professionnel » permet d’avoir quelques doutes sur son sens de la démocratie et des droits de l’homme. Général (comme l’était Moubarak), chef des services de renseignement, et une de ses premières décisions: Couper la diffusion de la télé « Al-Jazeera »…  Tout ça évoque plutôt un scénario “à l’égyptienne“, depuis Nasser, c’est-à-dire l’armée au pouvoir.
Ce qui ne change pas non plus, c’est la surprise des dirigeants occidentaux… Mais à quoi servent tous ces centres de recherches stratégiques, tous ces experts chargés d’établir des tas de scénarii, tous ces « think tank » où les meilleurs de nos pays réfléchissent à l’avenir du monde ?  
Il y a quelques semaines, certains étaient tout feu, tout flamme, à juste titre, pour rallier la cécité des français en ce qui concerne la révolution tunisienne.
Aujourd’hui, ces critiques sont bien compréhensifs à l’égard du Président Barack Obama, qui donne pourtant l’impression devant la situation de son allié Moubarak en Egypte d’être devant une patate chaude. Il faut dire aussi que les enjeux ne sont pas les mêmes. Ils sont même considérables…
A la lumière des événements actuels, il faut relire le (très ) beau discours de Barack Obama le 4 juin 2009, devant l’Université Al-Ahzar :
« J’ai la ferme conviction que tous les peuples aspirent à certaines choses : la possibilité de s’exprimer et d’avoir une voix dans la façon dont ils sont gouvernés ; la confiance en l’État de droit et l’application équitable de la justice ; un gouvernement qui est transparent et qui ne vole pas ce qui appartient à son peuple ; la liberté de vivre selon leur choix. Il ne s’agit pas simplement d’idéaux américains, il s’agit des droits de l’homme et c’est pourquoi nous les encouragerons dans le monde entier. »
Inch’Allah !
Nous vivons une e-poque formidable !

Tunisie : Révolution arabe ? Non ! Révolution, tout court !

Quel mauvais titre !

Après avoir été sourds, aveugles, muets, en ce qui concerne la Tunisie, ça y est, nous tombons dans l’autre extrême.

L’ensemble de la presse aujourd’hui titre sur la « révolution arabe », imaginant que la « contagion démocratique » s’étendra au Maroc, à l’Algérie, à l’Egypte, à la Jordanie. Les différents articles ne vont pas jusqu’à imaginer la démocratie en Arabie Saoudite, mais presque …
Tout cela est très sympathique, mais hélas! totalement déconnecté des faits qui, comme l’on sait, sont têtus.
D’abord parce que, sous le terme de « monde arabe » se cachent des réalités de sociétés, de régimes, de cultures, de populations, de développements, extrêmement différentes. Il y a même un côté européocentrique voire raciste à croire que tous les «arabes» sont « arabes », et d’ailleurs que tous les “arabes” sont “musulmans”. Et qu’entre la Tunisie, laïque, marquée par l’héritage très « rad-soc » « III° République » d’un Bourguiba, et un Maroc féodal, ou une Arabie Saoudite, monarchie dictatoriale théocratique, la démocratie sera comme de l’eau circulant entre des vases communicants…
On peut même craindre que les principales menaces dans les prochaines semaines contre le processus démocratique en Tunisie, ne viennent de certains pays arabes dont les dictateurs ne peuvent voire d’un bon œil un pays « frère » devenir une critique vivante de leurs régimes. Avec ses barbouzes et son argent, pensez-vous vraiment que le colonel Khadafi, même s’il veut se donner depuis quelques années une nouvelle respectabilité, ne cherchera pas à influencer, dans son sens, qui n’est pas celui de la liberté, ce qui se passe en Tunisie ?
Il est facile, après coup, de mettre en avant les éléments qui ont permis la «Révolution du jasmin ». Mais il semble encore une fois que, quelque soient les limites de Bourguiba, le père de l’indépendance tunisienne avait eu au moins deux mérites, qui font la différence entre la Tunisie et les autres pays:
– Ancrer les idéaux démocratiques dans la réalité de son pays – les principes de « Liberté, égalité, fraternité” n’y apparaissent plus comme des idéaux importés d’Europe.
– Faire de l’éducation pour tous, et surtout pour toutes, un axe essentiel de l’action de l’Etat.
C’est pour cela que la révolution en Tunisie est une « révolution » tout court. Car il est toujours suspect d’accoler un adjectif au terme de « révolution » : 1917 en Russie, est une révolution « marxiste », mais l’on voit ce que cela a donné. Et l’Iran, et sa « Révolution islamique » ? Et la Lybie, avec sa «Révolution du petit livre vert» ? …
Et là, on retombe sur un  principe universel: On ne fait pas durablement avaler des couleuvres à un peuple éduqué.
C’est d’ailleurs ce qui frappait dans la Tunisie de Ben Ali, ce décalage entre un régime policier totalement fermé et le haut niveau d’éducation de la population et des jeunes.
On peut a contrario être inquiet de la marche à reculons de la société algérienne, avec développement de la corruption et faillite du système d’éducation, ou encore, au Maroc, du fossé qui se creuse entre une majorité de la population et notamment les femmes toujours exclues de l’éducation, et un réel enrichissement économique accompagné d’une certaine ouverture politique, mais qui ne concerne qu’une minorité.
Oui, l’exemple tunisien aura des conséquences, et même si les lendemains déchantent un peu.
Non pas parce qu’elle serait une révolution « arabe », mais parce qu’elle est une révolution tout court. Qui démontre que Liberté, Egalité, Démocratie, ne sont pas des aspirations réservées aux seuls occidentaux, mais sont communes à toutes les sociétés humaines. On peut se demander par exemple si ce n’est pas Cuba qui sera le prochain domino démocratique. Les indices y sont les mêmes qu’en Tunisie : Un fossé entre un régime dictatorial en bout de course, et un niveau très élevé d’éducation et de formation de la population.  
Nous vivons une e-poque vraiment formidable ! 

Le fabuleux destin de Cécile Corbel…

Sur une musique celtique de Cécile Corbel…

Connaissez-vous Cécile Corbel ? Moi, je l’avoue, non. En tout cas pas jusqu’à ces derniers jours, et la sortie du film manga japonais Arrietty, le petit monde des chapardeurs. 
Quel est donc le lien entre les studios japonais Ghibli et Cécile Corbel, chanteuse bretonne qui s’accompagne de la harpe celtique ? Eh ! bien, c’est justement ce qui est fabuleux : C’est elle qui a composé et interprété l’ensemble de la musique de ce film, qui a cartonné au Japon, et qui vient de sortir en France.
Cécile Corbel est-elle une sorte d’Amélie Nothomb qui aurait passé son enfance au Japon ? Aurait-elle un amour nippon ? Une passion secrète pour le pays du Soleil levant, cette native du Finistère ? Rien de tout ça. Et c’est là où son histoire devient un vrai conte de fées, de web fées, puisque tout est passé par internet.
Après avoir « flashé » sur un des derniers films d’animation japonais, elle a envoyé un de ces deux disques au studio Ghibli. Comme cadeau, sans mentionner son adresse, sans imaginer un seul instant ce qui allait suivre.
Quelques mois plus tard, Cécile Corbel reçoit un mail du Japon lui demandant tout simplement : « Etes-vous Cécile Corbel, la chanteuse à la harpe ? » Le producteur du studio était tombé amoureux de sa musique et l’avait retrouvée grâce à internet. S’en suivent des échanges de mail, une première commande pour une première chanson, puis une deuxième, toujours à distance, toujours par internet, puis une troisième, puis l’ensemble de la musique du film… La bande-son a d’ailleurs été enregistrée à Paris.
Cécile Corbel est aujourd’hui une vraie star au Japon, elle a vendu 250 000 CD de la musique originale du film, sa musique, en un été.
Comme quoi, on peut être tout petit, comme la petite Arrietty, être native de Pont-Croix, être très « locale », les pieds dans les artichauts et la terre de son pays natal et conquérir le monde. Et cela sans nul doute grâce au réseau mondial, et à internet. (Là, j’exagère un peu, quoique : ce sont bien les Princes de Bretagne, les artichauts, non ?)
C’est un fabuleux destin, individuel bien sûr, mais qui montre tout ce que peut apporter n’importe où sur la planète, le développement de la toile.
Tout peut arriver, il n’est pas forcément nécessaire d’être à Hollywood, Londres ou Tokyo, ni de “mondialiser et standardiser sa culture ou sa production, pour réussir. 
Cela devrait faire réfléchir tous les esprits chagrins qui chez nous face aux défis de la mondialisation, nous proposent le repli sur notre pré carré. Et qui nous disent : Fermons les frontières et nos chèvres seront bien gardées. Et revenons aux années heureuses « d’avant », car c’est bien connu, avant, c’était mieux !
Nous vivons une e-poque vraiment formidable !

Stéphane Guillon, Frédéric Mitterrand et les fraises tagadas…

Moi si j’étais Frédéric Mitterrand, ou si j’étais une association de défense des droits des homosexuels, j‘intenterai un procès à Stéphane Guillon.
Parce que la connerie a des limites, celle de la diffamation. Parce qu’il ne s’agit plus d’humour, mais d’acharnement glauquissime.
En effet, de chroniques en chroniques, l’humoriste ( ?) ne cesse d’essayer de faire rire avec des allusions à la sexualité du ministre de la Culture, des « blagues » aussi lourdes et nauséabondes que celles de Jean-Marie Le Pen à propos de l’holocauste, détail de l’histoire.
On sait que de manière très injuste, on a prétendu que Frédéric Mitterrand avait des penchants pédophiles, et qu’il en ferait même l’apologie. Le livre dont avaient été sorties des citations tronquées, s‘intitulait « La mauvaise vie » : Il y exprimait au contraire le danger des dérives conduisant des adultes à avoir des relations sexuelles avec des garçons très jeunes, notamment en Thaïlande. Rappelons que Frédéric Mitterrand s’est expliqué, qu’il n’y a jamais eu matière à de quelconques poursuites contre lui, tout simplement parce qu’il n’y avait pas de matière ! Rappelons aussi que la pédophilie est plus qu’un délit, un crime. Qu’elle soit pratiquée en France ou à l’étranger.
Tout le monde ou en tout cas beaucoup de monde avait violemment critiqué François Bayrou, pour des allusions de ce genre à propos de Daniel Cohn-Bendit. Mais bien peu s’insurge quand il s’agit de Frédéric Mitterrand? Pourquoi cette indignation sélective ? Peut-être, parce que dans le cas de Daniel Cohn-Bendit il est fait allusion à la sexualité d’adultes avec des jeunes filles. Alors que dans le cas des allusions de Guillon à propos de Mitterrand, ces plaisanteries flattent le vieux fond homophobe de notre société, en exploitant sciemment tous ceux qui jouent sur la proximité phonétique apparente entre pédéraste et pédophile, sauf que le « o » à la fin de « péd » fait  toute la différence éthymologique (oui : Pour un psychiatre pour enfants, on ne dit pas pédé psychiatre – même s’il y a des pédérastes qui sont psychiatres –  mais pédo psychiatre…: Je suis drôle, non ? En tout cas plus que Guillon) .
J’avoue: Je ne suis pas objectif. Car Guillon ne m’a jamais fait rire. Même en me forçant, je n’arrive pas à le trouver drôle. Je trouve qu’il joue mal, et que ce n’est pas parce qu’on hurle, qu’un texte est fort… Bon, les goûts et les couleurs, ça ne se discute pas.
Mais le pire est qu’il semble faire partie de ces gens qui pensent qu’ils sont irremplaçables, que donc France Inter allait s’écrouler après lui. Alors que bof, rien… Et si la terre a tremblé, c’est en Haïti pas à Radio France… Aujourd’hui, d’ailleurs, je préfère Sofia Aram.
Mais là… A chaque (rare) fois que je l’écoute sur Canal + dans l’émission d’Ardisson, je l’entends dégueuler sur Frédéric Mitterrand.
Comme Samedi dernier lorsqu’en annonçant le lancement d’un parfum Michael Jackson, il s’est mis à prendre une voix de grand folle efféminée pour faire une blague du style : « Frédéric Mitterrand en aurait commandé plusieurs flacons, c’est doux, c’est sucré, ça sent la fraise tagada, les enfants adorent »… Et c’est comme ça chaque semaine. Et dans le tas, il y aurait vraiment matière à porter plainte.
Parce que encore une fois, la seule limite de l’humour, c’est la diffamation. Même la connerie, hélas, n’est pas un crime.
Nous vivons une e-poque formidable.

Heureux comme Dieu en France ?

Inauguration de la Grande Mosquée de Paris en 1926. Au deuxième plan, Gaston Doumergue

« Glüklich wie Gott in Frankreich ». C’est une expression, flatteuse pour notre pays, qui a encore cours en Allemagne et dans beaucoup de pays européens. Elle met en avant ces qualités géographiques, climatiques, naturelles de la France, notre art de vivre, notre culture. Mais à l’origine cette expression était celle des juifs d’Europe centrale qui enviaient la situation de leurs coreligionnaires dans notre pays. Et évidemment la déclaration des droits de l’homme et du citoyen, la pleine citoyenneté reconnue aux juifs, qui est d’ailleurs allée de pair avec la première abolition de l’esclavage par la constituante de 1793, y sont pour beaucoup. Et l’on sait que l’un des déclics qui a poussé Théodore Herzl a s’engager sur la voie du sionisme et de l’idée de la création d’un foyer juif et fine de la création d’Israel, a été le procès Dreyfus, sa consternation devant la montée de l’antisémitisme en France, dans cette troisième République où les valeurs laïques semblaient prémunir contre de tels sentiments.
Face à l’Islam, nous nous trouvons dans la même situation, devant le même dilemme.
Ou bien nous considérons que notre modèle de société construit par nos ancêtres depuis plusieurs centaines d’années ne peut plus fonctionner. Et alors, la seule voie qui nous reste est celle du communautarisme.
Ou bien nous trouvons les mêmes réponses mais adaptées à notre temps, que nous avions su trouver en 1793, ou en 1905, avec la loi de séparation entre l’Eglise (catholique essentiellement) et l’Etat.
L’intégrisme musulman ne serait pas soluble dans la République ? Allons donc ! C’est vraiment manquer de foi, littéralement, dans ce qui nous a permis jusqu’à présent de construire un modèle qui a fait dire aux autres européens que même « Dieu était heureux en France » ! En revanche, comment peut-on stigmatiser la prière des musulmans sur les trottoirs de certains quartiers de nos villes, alors que nous sommes toujours en train de nous demander si aider au financement de mosquées n’est pas une atteinte à la loi de 1905. « La construction d’une mosquée(…) correspond trop bien à la politique que la France se doit à elle-même de suivre envers ses fils musulmans, et qui doit se traduire tantôt en actes d’équité politique ou administrative et tantôt en gestes de sympathie ou de bienveillance » Qui écrit cela ? Le journaliste Paul Bourdarie en 1906. Il sera un des initiateurs du projet de la construction de la grande Mosquée de Paris, soutenue par le Maréchal Lyautey, et qui sera inaugurée en 1926 par le Président de la République Gaston Doumergue.
Et la Mosquée de Lyon ? A-t-on oublié que sa construction doit beaucoup à Michel Noir, maire de droite, qui dut batailler contre une partie de son électorat et des soit disant « associations d’habitants », en fait manipulées par le Front National, pour accélérer l’obtention d’un terrain, le permis de construire, le financement, jusqu’à l’inauguration en 1994. Remarquons qu’aussi bien les alentours de la Mosquée de Paris ou de la Mosquée de Lyon sont devenus des lieux de vie plutôt recherchés, voire tendance, et non des zones de non-droit ! Michel Noir avait une expression : « Il vaut mieux perdre une élection que perdre son âme ! ». Et comme l’on sait, il ne perdit pas les élections …
C’est cette voie qu’il faudrait choisir, non seulement au niveau local, mais également national, pour ne pas céder aux sirènes de celles et ceux qui affirment : « L’Islam est notre malheur » et qui n’est que l’écho d’une autre phrase allemande « Die Juden sind unser Unglück » «Les juifs sont responsables de nos malheurs », le slogan des nazis qui a conduit à l’holocauste… Pour que comme les juifs d’Allemagne et d’Europe centrale il y a deux cents ans, les musulmans de demain puissent dire partout dans le monde : « Heureux comme Dieu en France ! ».
Nous vivons une e-poque formidable.

Tunisie : Mais où sont passés tous nos fins spécialistes du Maghreb et du monde arabe ?

En quelques jours, le régime dictatorial installé en Tunisie depuis plusieurs décennies s’écroule et le président Ben Ali s’enfuie dans la nuit…
Il serait intéressant, et même plus : méchant ! de réécouter, de relire, de revoir les analyses de tous ces « spécialistes » de la Tunisie, qui nous annonçaient que jamais Ben Ali ne partirait, qu’il était le seul rempart, que le pays était verrouillé , etc…
Que cela vienne de confrères journalistes, cela n’est pas très grave : Finalement, dans les médias, on peut dire beaucoup de bêtises, une info chassant l’autre, le « public » ne s’en souviendra plus… Remarquons simplement que notre pays qui historiquement, géographiquement, humainement a plus de liens avec les pays du sud de la Méditerranée qu’avec la Carélie ou la Mongolie compte bien peu de vrais spécialistes de ces pays. Combien de journalistes parlent arabes ? Vous allez me dire, combien parlent anglais ? Ce qui est vrai.
Et l’on peut étendre cette constatation a bien d’autres secteurs : Economie… Dans toutes les grandes entreprises américaines, vous avez des cadres d’origine chinoise, « arabe », indien qui non seulement parlent parfaitement américain, mais en plus les langues de leurs pays d’origine, ce qui leur donnent un atout pour le business. En France, alors que plusieurs millions de nos compatriotes sont d’origine arabe, quelle est la place de l’enseignement de l’arabe ? Ce devrait être la deuxième ou troisième langue étrangère enseignée en France, on devrait en faire un parcours d’excellence, pas seulement réservé au L.E.P des cités ou aux enfants d’immigrés. Cela permettrait aussi de valoriser et de faire connaître la culture du monde arabe, qui comme l’on sait est une culture de grande culture !
La connaissance d’une langue, et donc d’une culture ne suffit pas : A preuve : il paraît qu’au Ministère des Affaires Etrangères, nous avons une longue tradition de spécialistes du monde arabe… A mon avis, ils devaient être soit en arrêt maladie grippe A, soit en RTT…
Résultat, on a l’impression que tout le monde navigue à vue en ce qui concerne les prochaines étapes de la révolte, révolution ? tunisienne.
Remarquons peut-être que la Tunisie n’est ni l’Algérie, où le combat politique est d’une grande violence, ni le Maroc, un Etat féodal, où près de la moitié de la population (et 80 % des femmes) n’est pas alphabétisée. Ce que l’on voit le matin partout sur les routes et rues en Tunisie, ce sont tous ces groupes de petites filles et petits garçons en uniforme, partant pour l’école. Et ça, pour l’avenir, cele fera peut-être la différence…
Quelque soient les torts, la corruption et la répression du régime tunisien, Ben Ali, et même Bourguiba, remarquons que
1): La Tunisie a développé un bon niveau d’éducation et de formation de sa population qui est son meilleur atout pour l’avenir, et pour son développement
2): Un niveau de développement économique qui la place nettement au-dessus des pays de la région.
Un de nos anciens confrères (lui est un vrai et « fin » connaisseur du monde arabe) Eric Rouleau avait été nommé ambassadeur à Tunis en 1985. Il connaissait bien Ben Ali et m’avait expliqué : « Le problème avec Ben Ali, c’est qu’il se croit toujours le premier flic de Tunisie, et qu’il n’a toujours pas compris qu’il était Président !». Il est vrai que le limogeage d’Eric Rouleau en 1986 avait été une des premières décisions du gouvernement de cohabitation Chirac… Histoire sans doute de jouer les autruches : On se met la tête dans le sable, et l’on ne voit plus les problèmes, ni les dangers.
Nous vivons une e-poque formidable.

Haïti : Rien ne bouge autour d’eux.


Ce tsunami d’émissions « spéciales » sur Haïti, de dossiers, de reportages, de documentaires, d’envoyés spéciaux, cette avalanche de bonnes volontés médiatiques à l’occasion du premier anniversaire de l’épouvantable tremblement de terre, tout cela donne le tournis. Et l’envie de se taire.
Il y a un an, jour pour jour, interrogé sur I-Télé par Audrey Pulvar, j’avais été un peu atterré par sa première question : « Haïti est-elle un pays maudit »…  Je crois avoir longuement expliqué pourquoi il n’y avait aucune malédiction dans les malheurs qui accablent les haïtiens.
Un an plus tard, j’entends encore et toujours les mêmes questions sur cette soi-disant « malédiction », sur cette soi-disant « fatalité ». Si il n’y avait pas en jeu les souffrances de millions de personnes tentant de survivre au milieu des ruines de leur pays, on pourrait sourire des titres de certains articles ou de certaines émissions : « Un an après, Haïti est-elle reconstruite ? » ou bien « Où en est la reconstruction ?» ou encore : « Mais où sont passées tous nos milliards ? ». Parfois même, il y a comme un reproche dans la manière de demander des comptes aux haïtiens « Qu’avez-vous fait de notre argent, à nous les généreux donateurs ? »…
Non mais, qu’est-ce que vous alliez imaginer ? Que notre « formidable » générosité (Si l’on compte bien les sommes réellement débloquées, pas grand chose, en fait) allait soulever des montagnes ? Avec une lampe magique? On frotte la lampe (celle de l’émotion internationale après le tremblement de terre), et en sort un bon Génie, Bill Clinton ! Qui nous dit : « Fais trois vœux, et tu seras exaucé ». Bon, allons-y trois vœux: « Bon Génie et généreux donateurs, je veux : 1) qu’Haïti soit reconstruite 2) Qu’Haïti soit développée 3) Qu’Haïti vive dans la démocratie et la paix »…
Mais Haïti était déjà à terre avant le tremblement de terre, et si ce tremblement de terre certes extrêmement violent a été aussi dramatique et meurtrier, c’est justement parce que le pays et sa capitale Port-au-Prince n’avaient plus ni infrastructures, ni assainissement, ni logement, ni Etat. Une nation sans Etat… Ce n’est pas de la seule reconstruction de bâtiments et de logements dont il s’agit, mais d’un Etat tout entier.
« Seuls au monde » : C’est le sentiment qu’ont eu les millions d’haïtiens dans les heures, les jours qui ont suivi la catastrophe. Alors que s’entassait l’aide internationale sur l’aéroport, ils étaient seuls pour tenter à mains nues de soulever des pans de bétons, de fouiller les décombres, de se venir en aide. A une heure d’avion de Miami et de ses experts, à quelques heures de route des plages de rêve de Saint-Domingue.
Et un an plus tard, beaucoup d’haïtiens ont toujours ce même sentiment: D’être seuls au monde.
Un ami me demandait : « Mais quelles sont les ressources d’Haïti ? » Il n’y en a pas. Ni pétrole, ni nickel, ni fer, ni charbon, ni agriculture, ni tourisme. Rien. Rien qu’un peuple, un tout petit peuple, mais, et tous ceux qui travaillent avec les haïtiens dans les hôpitaux, les écoles, les camps de réfugiés en témoignent, d’une incroyable ténacité, d’une stupéfiante ingéniosité  et d’une conscience historique rare, de cette sorte de fierté nationale qui a sous-tendu et sous-tend les développements de pays comme le Japon ou la Corée. « Pour la patrie, pour les ancêtres » dit l’hymne national haïtien, qui rappelle, que « l’Union fait la force » et que tous unis les haïtiens ont déjà réussi, il y a 200 ans, à soulever des montagnes.
Bien sûr les haïtiens ont besoin de notre aide, mais ils ont tous les experts qu’il faut et ils ont toutes les capacités nécessaires pour savoir ce qu’il faut faire pour développer leur pays.
Ce qu’il faudrait faire, ce que la communauté internationale devrait s’engager à faire, c’est garantir la sécurité extérieure du pays, sans laquelle aucun Etat ne pourra se remettre en place. Et très concrètement cela signifie que c’est moins à l’intérieur d’Haïti que devraient patrouiller les soldats internationaux, qu’à l’extérieur, au large de ses côtes, le long de sa frontière pour éviter qu’Haïti, pays ouvert à tous les vents mauvais, ne soit une plaque tournante pour les mafias en tout genre, et notamment celles de la drogue, qui pour quelques milliers de dollars sont toujours prêtes à faire assassiner celles et ceux qui tentent de remettre un peu d’ordre.
Il faudrait que nous nous taisions. Pour nous mettre à l’écoute de toutes ces voix haïtiennes qui nous parlent d’Haïti, mieux que n’importe quel reportage. Comme celle par exemple, de l’écrivain Dany Laferrière et de son très beau livre : «Tout bouge autour de moi ».
Ce n’est pas de notre compassion dont les haïtiens ont besoin, c’est de notre détermination.
Nous vivons une e-poque formidable.

Côte-d’Ivoire : L’arbre qui cache la forêt…

Vue de France, la crise ivoirienne en attriste beaucoup mais suscite dans le fond des réactions du style : « C’est l’Afrique »… Sous-entendu: Dans une version gauche-sanglot de l’homme blanc : « L’Afrique noire est mal partie », dans une version un peu (franchement?) raciste « décidément, ces noirs … ».

Sauf que, et cela fait partie des grands changements de ce début de siècle, l’Afrique est en pleine transformation, et même si cela est encore très inégal et insuffisant, en pleine croissance, non seulement sur le plan économique et démographique mais également sur le plan « sociétal» et démocratique.
En 2010, le taux de croissance de l’Afrique a été de 5,5%, au-dessus de la croissance mondiale, bien au-dessus de celle de l’Europe qui n’a été que de 1 à 1,5 % mais tirée à la hausse par le tigre européen, l’Allemagne, encore et toujours…
Bien sûr, les situations de départ et les niveaux de développement ne sont pas les mêmes, mais sur la durée la tendance pour l’Afrique est bien celle de la croissance.
La démocratie ? Les dernières années ont vu la fin de conflits et de guerres civiles qui duraient depuis des décennies. De nouveaux gouvernements ont été démocratiquement élus dans de nombreux pays, y compris dans des pays encore très pauvres, comme le Ghana ou la Guinée par exemple. Comme quoi, il n’est pas vrai que la démocratie et les droits de l’homme ne seraient que l’apanage des pays « riches ».
Et la Coupe du monde de foot en Afrique du Sud ? On nous avait prévu pagaille et violences… Mise à part la lamentable non-prestation des « Bleus », ce fût une superbe fête dans une Afrique du Sud qui est en train « d’émerger » et de tirer toute une partie de l’Afrique derrière elle. Les fameux B.R.I.C , les pays émergents de demain, sont devenus B.R.I.C.S : Au Brésil, Russie, Inde et Chine, on a ajouté l’Afrique du Sud.
La crise ivoirienne est fort triste: D’abord pour les ivoiriens qui depuis une dizaine d’années voit leur pays reculer. Mais parions que Laurent Gbagbo finira par s’en aller et que cette sinistre mascarade qu’il nous joue à Abidjan finira aux poubelles de l’histoire. D’ailleurs que le Président-dictateur ivoirien en soit réduit à appeler à sa rescousse des vieux chevaux sur le retour comme Jacques Vergès ou Roland Dumas, qui, pour ce dernier, lorsqu’il était Ministre des Affaires étrangères n’avait pas montré beaucoup de scrupules à l’égard de dictateurs corrompus comme Eyadéma ou Omar Bongo, en dit long sur son manque d’avenir.
L’avenir, c’est une Afrique, des Afriques qui vont prendre une place entière dans le concert des nations. Enfin !
Et c’est une très bonne nouvelle pour nous. Car la géographie, l’histoire, et tant de valeurs humaines, culturelles, sociétales nous lient aux africains que cela nous sera bien utile face à la Chine, par exemple, cet Empire du milieu qui se considère comme le centre du monde, voire le monde à elle toute seule, et face à laquelle nous ne pesons pas bien lourd.
Nous vivons une e-poque formidable.


A voir: cette carte : la vraie taille de l’Afrique: 
Source:Information is beautiful : http://www.informationisbeautiful.net/

« Older posts Newer posts »

© 2025 BLOGODO

Theme by Anders NorenUp ↑