Nous vivons une e-poque formidable.
Le blog de Pierre M. Thivolet, journaliste
Nous vivons une e-poque formidable.
Un deuxième avion affrété par le Ministère des affaires étrangères ramène d’Haïti plusieurs centaines d’enfants adoptés par des familles françaises.
On ne peut que se réjouir. D’abord pour ces enfants qui, évidemment, même en vivant à Stains, à Grigny, aux Minguettes ou dans les quartiers Nord, auront une vie infiniment meilleure qu’au milieu des ruines et des fatras de leur pays. Mais également pour toutes ces familles pour lesquelles le désir d’enfants a pris la forme d’un véritable chemin de croix, de longues et difficiles démarches, des années d’attente, qui rendent incontestable l’amour avec lequel elles vont accueillir ces petites filles et ces petits garçons.
Mais au risque de paraître insensible, ce n’est peut-être pas la peine de trop en faire: Ces envoyés spéciaux à Roissy, ces interviews un peu niais d’enfants qui, hier étaient à Canapé Vert ou Cité soleil et qui 24 heures plus tard se retrouvent abasourdis au milieu de la neige, des lumières, des escalators de Roissy, sous les spots des caméras, ces caméras justement qui guettent les larmes de telle mère ou tel père adoptifs, et puis ces commentaires acerbes à l’égard d’un Bernard Kouchner qui aurait « bloqué » ces adoptions en souffrance.
Je ne peux m’empêcher de penser à toutes celles et ceux qui souffrent sous les tentes du Champ de Mars de Port-au-Prince et pour lesquels la solution n’est pas l’adoption.
L’adoption est une solution pour nous, européens ou américains du nord, qui ne pouvons avoir d’enfants, et cela encore une fois est un acte d’amour tout à fait respectable. Mais nos sociétés ne peuvent se contenter de cela dans une attitude d’ égoïsme suprême.
Et je ne peux m’empêcher de demander à Francetélé, I-télé, bfm-tv i tutti quanti : Ca vous a coûté combien tous ces reportages ? Que faîtes-vous pendant ce temps pour aider toutes celles et ceux(1) qui en Haïti se battent pour faire vivre, pour vêtir, pour nourrir, pour scolariser, non pas des centaines, mais des milliers, des dizaines, des centaines de milliers d’enfants haïtiens ?
Pour un groupe de presse (Radio France) qui a envoyé des techniciens et de l’argent pour aider des radios haïtiennes à reconstruire un studio, combien se contentent d’aller recueillir les larmes de Roissy ?
Pour un Florent Malouda qui au retour de la Coupe du Monde est allé en Haïti pour aider une association d’aide à l’enfance, combien se contentent d’aller manifester devant la boutique Guerlain sur les Champs-Elysées aux cris de: Je ne me parfumerai plus à « Shalimar » ou « Vol de nuit » ?
Et puis, qu’y avait-il de scandaleux à ce que les Affaires étrangères françaises ne précipitent pas ces adoptions engagées au moment du tremblement de terre, et cela afin d’éviter encore pire : Des magouilles, des vols, des rapts, des trafics ou des ventes d’enfants dans un pays, sans Etat, sans contrôle, soumis à la violence de bandes « sans foi ni loi » ?
Au moment de Noël, le long des rues de Port-au-Prince, les enfants fabriquent des sortes de grands lampions représentant une chapelle, une maison. Ils les fabriquent à partir de rien, de feuilles de papier sulfurisé, de déchets glanés ici et là, et à la nuit tombée, ces lampions de la misère donnent un aspect féérique aux avenues plongées dans l’obscurité faute d’électricité…
C’est sur ces enfants-là que devraient se braquer les spots des caméras de Roissy !
Nous vivons une e-poque formidable !
(1)Enfants-bonheur, de Jacqueline Bonheur :
Une association implantée depuis des dizaines d’années en Haïti :http://www.enfants-bonheur.org/
“La Grèce antique contre la violence”
“Pourquoi la Grèce?”
Tout le monde n’ayant pas eu la chance d’apprendre le grec ancien (aujourd’hui, plus personne, c’est inutile, n’est-ce pas, tout pour les maths, et puis, à quoi, ça sert une langue morte, n’est-ce pas ?), Jacqueline de Romilly nous servait de “passeur”.
Elle, elle vivait avec les Grecs anciens depuis qu’elle savait lire et écrire ( ou presque). Et, elle était là, pour nous dire inlassablement que, oui, les Grecs avaient “tout” inventé, c’est-à-dire que leurs sociétés s’étaient posé les questions que nous nous posons aujourd’hui, et que les lire, lire leurs textes, c’était trouver des réponses à nos questions…
Pour moi, ce fût, un des grands bonheurs de ma vie professionnelle, et de ma vie tout court: Avoir pu la rencontrer quelques heures pour une interview pour Europe1 (Je remplaçais J.P Elkabbach, un été): Elle nous avait enflammés, l’ingénieur-son et moi-même: Son rire, sa joie de nous faire partager cette conviction que les Grecs anciens avaient été confrontés aux mêmes questions que nos sociétés modernes, et que beaucoup des réponses aux questions que nous nous posons étaient déjà dans leurs textes, leurs poésies, leurs tragédies…
Je crois qu’elle souhaitait reposer au milieu des oliviers sacrés du sanctuaire de Delphes, à moins que ce ne soit devant le sanctuaire d’Apollon, sur l’île de Delos, des lieux inspirés qui lui conviendraient bien..
Revenir au Franc, c’est possible. Oui, oui : Car , c’est bien connu, impossible n’est pas français. Surtout depuis quelque temps, depuis qu’au coq, qui serait notre animal national, nous préférons l’autruche, celle qui met la tête dans le sable pour ne pas voir les dangers qui l’entourent. Remarquez, nos amis allemands (toujours ajouter « amis » quand on parle des compatriotes d’Angela Merkel ) ironisent souvent à propos du coq, « le seul animal qui continue à chanter, même quand il a les pieds dans la merde ».
En revanche, l’autruche gauloise les fait moins rire. Dans un moment de faiblesse (mais où avaient-ils la tête ? Ah ! oui, en Europe !), les allemands ont « sacrifié » leur Deutschmark à l’Euro…Ils avaient cru , bêtement, qu’il était fini le temps où nous les français, nous pensions que dévaluation rimait avec non pas fellation mais avec démagogie.( Ceci est une blague à tiroirs, car dévaluation, rime effectivement avec inflation, qui rime avec baisse du pouvoir d’achat pour les salariés, et qui rime avec politique économique à très court terme et poudre aux yeux démago).
Je dis ça, parce que l’autre jour, au moment où Nicolas Sarkozy allait chercher force et inspiration pour une nouvelle politique fiscale auprès de nos amis les allemands, un certain Mont-Saintaignan, ou Dupont quelque chose, bref un député, donc un type plus légitime que nous toutes et tous, expliquait que le source de tous nos maux, c’était les allemands et cette politique de l’euro « fort » qu’ils nous imposaient et qui pénalisait nos exportateurs, ce qui expliquait la faiblesse de notre croissance, donc le chômage, donc nos problèmes, donc la merde, donc « cocorico », comme chanterait le coq gaulois (voir plus haut). Et pour appuyer sa démonstration, ce Duponteigneux citait même la politique menée à la fin de la IIIème République par un certain Pierre Laval, « une politique du franc fort qui a eu des conséquences catastrophiques pour notre économie » et , en poussant même un peu, qui aurait été la cause de la défaite de 1940 ! CQFD ! Vite revenons au franc, revenons à cette période heureuse, où tout allait mieux, revenons même aux assignats, aux péages et à l’octroi aux portes de nos villes. Et surtout ne répondons pas à cette question, la même depuis des décennies: Comment font nos amis allemands dont les enfants ne sont pas mis au travail à l’âge de 10 ans, où les bas salaires sont en général de 10 à 30 % plus élevés que chez nous, où le système de protection sociale, de santé, d’éducation fonctionne au moins aussi bien que chez nous, et qui ont eux aussi un « euro fort », qui réduisent leur déficit budgétaire etc…, comment font donc les entreprises allemandes pour continuer à vendre leurs voitures, leurs machines-outils dans le monde entier, jusqu’en Chine, comment fait donc l’Allemagne pour continuer, et plus que jamais à être le premier exportateur mondial ?
Vite ! Nommons une commission présidée par exemple par Jacques Attali, Michel Rocard ou autre Jacques Delors afin d’étudier cette question ! Dont les réponses sont en vrac: Le mauvais positionnement de nos entreprises, la faiblesse de notre tissu de P.M.E, les charges qui pèsent sur les entreprises et le travail, une fiscalité injuste et inefficace, un système de formation et d’apprentissage sous-développé, une mauvaise connection entre recherche,universités et industrie, etc…
Tout cela est connu, et pourtant rien n’a vraiment changé, rien ne change ou si peu. C’est tellement décourageant qu’il vaut mieux effectivement jouer les autruches, et comme Le Pen, comme Mélenchon, comme Dupont-Aignan crier « haro sur l’euro » !
Nous vivons une e-poque formidable.
O-R
O N È – R E S P È H O N N E U R – R E S P E C T
Sant Ekimenik Dwa pou Tout Moun Centre Oecuménique des Droits Humains
Le temps est venu de reprendre le chemin de la volonté générale. C’est quoi, la volonté générale ?
C’est celle qui exprime le destin profond d’un peuple et le peuple haïtien, résistant jusqu’au bout, a toujours affirmé sa volonté de liberté, d’équité et de solidarité sociale. Il a su résister aux bassesses de ses prétendus représentants, à leurs commerces, à leur petitesse, leur négligence, leur paresse et leur frivolité.
Maintenant, il faut sauver ce qui est à sauver, la dignité nationale, le respect des urnes, le refus de vendre le vote. Nous voulons, dans la loi et la justice, retrouver, la vérité des votes, retrouver notre volonté de vivre ensemble, de progresser ensemble, pour finir par bâtir cette patrie que d’autres veulent rendre impossible.
Nous demandons donc que les mécanismes constitutionnels et légaux soient observés, malgré ce qu’il en coûte. Il y a cinq ans, une entorse fut faite à la vérité des urnes, suivie par des pièges minutieusement montés pour bloquer l’exercice des lois et la liberté des institutions démocratiques comme la Cour de Cassation, le système de justice, la Cour Supérieure des Comptes, l’Assemblée Législative, le Sénat. Tout ceci a culminé, en ce dimanche 28 novembre 2010, dans la pénible farce montée par le CEP qui provoque l’indignation, les protestations et les manifestations que l’on sait.
Il est temps que cela cesse. Il est temps de prendre les chemins tracés par les sages de notre histoire et ses fondateurs, le respect républicain pour les normes de la loi.
Port-au-Prince, le 28 novembre 2010.
JEAN-CLAUDE BAJEUX, DIRECTEUR DU CENTRE OECUMÉNIQUE DES DROITS HUMAINS (CEDH)
CEDH: 31, Rue Villemenay, Bois Verna,, Port-au-Prince, Haïti. Email :cedh@cedh-haiti.org ** Tel : (509)2 942 1528 ;3 676 3179
Ainsi, aujourd’hui, les Haïtiens votent. Haïti vote : Mesure-t-on assez ce que cela a d’extraordinaire ? Avons-nous vraiment conscience de ce que cela suppose d’efforts, de sacrifices, de courage, de rêves, de rêves démocratiques de la part des millions d’haïtiens qui n’ont même plus de toit sur la tête, qui n’ont plus que « des haillons pour draps, que des fatras pour vêtements, avec les côtes qu’on peut compter sous les vêtements, avec des jambes aussi maigres que des baguettes « bléguédé » et les cheveux, qui faute de peigne, sont tellement emmêlés qu’on dirait des niches de poules frisées ». Des « Ti Saintanise » comme les décrivait déjà il y a 25 ans le conteur et écrivain Maurice Sixto(*).
Ti-Saintanise, placée par ses parents paysans trop pauvres pour nourrir un x-ième enfant, auprès de « bourgeois » de la ville, dans l’espoir fou qu’ils lui donneraient une éducation contre un peu de ménage… alors qu’elle est exploitée, surexploitée comme la dernière des esclaves, mise au service de Chantoutou, la fille de la famille. Chantoutou qui, elle, a droit à un réveil en douceur, par sa maman qui lui apporte « des rubans double face pour faire une belle coiffure », « un bon bol d’avoine gragé » comme petit déjeuner et « une pomme pour aller à l’école», alors que Ti- Saintanise, la « vermine », la « riseuse », la « receleuse » n’a droit qu’aux restes et aux ordures.
Les Haïtiens aujourd’hui sont tous des « Ti Saintanise » et leurs «élites » politiques appartiennent presque toutes et tous à la classe des Chantoutou. Ils boivent de l’eau en bouteille, ont un pied à Miami, l’autre à Pétionville, Furcy ou Kenscoff, ces montagnes boisées où l’air est frais et loin au-dessus des miasmes de Port-au-Prince, cloaque pestilentiel.
Qu’importe la ou le gagnant des élections : Depuis 25 ans, les Haïtiens ont d’abord été massacrés à grande rafale de kalachnikovs ou découpés à la machette, dans les bureaux de vote où ils s’étaient rendus pacifiquement et en masse pour les premières élections libres après la dictature des Duvalier, par des anciens «tontons macoutes» recyclés en hommes de main sans foi ni loi, prêts à tout pour une poignée de dollars.
Puis ils ont été menés en bateau par des juntes militaires qui ont vendu le pays aux mafias de toute sorte.
Puis, ils ont été trompés par « Titide », Aristide, prêtre charismatique, mais qui une fois élu Président a sombré dans la mégalomanie, sans que l’on sache vraiment s’il portait cette dérive en lui ou si cela a été le résultat de toutes ces tentatives de coups d’état, l’exil, les humiliations qu’il dût endurer pendant ses mandats présidentiels…
Et puis, les cyclones, le tremblement de terre, le choléra…
Alors, que malgré tout cela, les Haïtiens continuent à croire à la liberté, à la démocratie, à la possibilité de librement choisir leurs dirigeants, c’est tout simplement stupéfiant.
Et cela devrait servir de leçon à tous ceux qui chez nous sont un peu « mous du genou » quand il s’agit d’aller voter, ou qui pensent que démocratie et droits de l’homme sont un luxe réservé aux pays où l’on ne meurt pas de faim.
Nous vivons une e-poque formidable
(*) Maurice Sixto : Ti-Saintanise :
sur Youtube : http://www.youtube.com/watch?v=NnUW6tQVCVE
Foyer Maurice Sixto : http://www.foyermauricesixto.org/
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