Le blog de Pierre M. Thivolet, journaliste

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La vie rêvée de Valéry Giscard d’Estaing

Ce matin en me réveillant, je me suis dit que la vie commençait à … 80 ans, sauf quand elle était un naufrage, depuis longtemps déja.

Je m’étais endormi avec dans la tête la dernière interview de notre dernier grand romancier : Valéry Giscard d’Estaing.

Je vous vois déjà pouffer de rire : Romancier ? Giscard ? Contradiction entre les termes ? NON ! Giscard siège déjà à l’Académie française, il est donc forcément romancier… ou écrivain… ? N’est-ce pas … ? Pas sûr: Après tout, l’un des plus grands poètes de langue française, Aimé Césaire, n’a jamais été élu à l’Académie, alors…

A priori, pourtant, quelqu’un qui a donné son nom à l’une des créations culinaires les plus géniales des 40 dernières années, la soupe V.G.E de Paul Bocuse, cet homme-là ne peut avoir que toute notre sympathie.

Hélas !

Revenons en effet à la dernière fiction de Giscard: « La Princesse et le Président ». Cette “fiction » (l’auteur insiste sur ce terme, au cas où nous n’aurions pas compris que la Princesse, ce n’est pas Lady Di, et que le Président, ce n’est pas lui.. pouf ! pouf ! pouf ! je pouffe de rire ! M.D.R..), impossible que vous n’en ayiez pas entendu parler, tant le battage médiatique a été grand… Apparemment sans grand effet sur les chiffres de vente. Il semblerait même que, humiliation suprême, le Tome1 des mémoires de Jacques Chirac le batte à plate couture…

« La Princesse et le … » fait suite à d’autres livres de la même veine, où notre ancien Président nous décrit ses émois et ses transports amoureux, et quelques scènes coquines, dans un style d’ado boutonneux (non, c’est une insulte pour les ados : Quand on songe à Rimbaud…).

Passons sur ces dérapages romanesques, qui prêtent plutôt à rire. En revanche, quand on fait le bilan de l’entreprise de destruction systématique menée par l’ancien Président depuis sa défaite en 1981, notre rire devient jaune…

Giscard semble en effet habité par une sorte de rage contre tout . Contre les intérêts de son propre camp politique, contre les intérêts des institutions, contre ces imbéciles d’européens qui n’ont pas compris le texte génial de « sa » Constitution…. Il semble également poussé par une vanité, là aussi rageuse, n’ayant de cesse de vouloir prouver qu’il est le descendant d’une des plus vieilles familles de France, les d’Estaing. Alors que c’est son père Edmond Giscard qui acheta ce nom, en 1922. Et l’ancien Président y croit tellement qu’il a racheté, en 2005, dans des conditions pour le moins avantageuses, l’ancien château de la famille d’Estaing, à Estaing dans le Rouergue. A l’occasion des dernières journées du patrimoine, les visiteurs ont même eu le droit à une visite guidée où, montrant les souvenirs de l’amiral d’Estaing, Giscard parlait de : « ma famille », avec des trémolos dans la voix .

Sans avoir étudié Lacan, Foucault ou Wilhelm Reich, on devine aisément que cette rage lui vient du fait d’avoir été battu aux élections de 1981, sans doute le premier échec de sa vie, lui le plus intelligent d’entre tous, le premier de la classe, le polytechnicien, l’énarque, celui qui fût le plus jeune Ministre des Finances, le plus jeune Président …C’est vrai qu’avec le recul, nous, (nous, les électeurs français) nous avons été injustes à l’égard d’un président dont le bilan n’est pas si mauvais que ça. Il avait contribué à la modernisation de notre société, avec le plus symbolique sans doute, la loi sur l’interruption volontaire de grossesse.

28 ans plus tard, il ne semble toujours pas s’en être remis. Revoir la mise en scène de son allocution de départ, à la télévision, après sa défaite, où il nous souhaitait “bonne chance, en ces temps où le Mal rôde dans le monde… “(sic!), avant de quitter le studio en laissant la caméra fixe sur son fauteuil vide. Là, on n’a même envie de rire, même jaune, mais plutôt de pleurer .

Mais pas sur lui ! Sur nous-mêmes. Sur notre pays. Sur notre système de formation des élites, qui visiblement avec le cas Giscard, montre qu’on peut être le plus brillant des énarques et être totalement déconnecté des réalités. Certaines méchantes langues diront qu’il s’agit là d’un pléonasme…

Nous vivons une e-poque formidable !

Pour revoir la dernière allocution et la fameuse « chaise vide » de V.G.E, le 19 mai 1981, sur le site de l’I.N.A

http://www.ina.fr/media/petites-phrases/video/CAB00018244/message-de-valery-giscard-d-estaing.fr.html

NE DITES PAS À MES AMIS QUE JE ME SUIS FAIT VACCINER, LA PLUPART EST CONTRE…

En me réveillant ce matin, j’ai eu l’impression d’avoir réalisé un exploit EX-TRA-OR-DI-NAIRE, je me suis fait vacciner contre la grippe A. Un instant, j’ai eu une vision à la fois rassurante et effrayante, des rues de nos villes frappées par la pandémie, où les cadavres recouverts à la hâte de chaux s’accumulaient à côté des poubelles de tris sélectif (Au fait, les cadavres, c’est quel container ?). Un peu comme dans « La Peste » de Camus, dont d’ailleurs, à défaut de le mettre au Panthéon, on peut lire et relire et revoir, les romans, essais, pièces de théâtre.

J’admets que je suis un oiseau rare, une tête brûlée, un casse-cou, un provocateur, un doux dingue. Se faire vacciner ? Avec tous les risques ? Avec une variante : Céder aux sirènes du gouvernement ? (Par « sirène», ne voyez aucune allusion perfide à Roselyne Bachelot). Je vais même aggraver mon cas, car je l’avoue : Je n’ai jamais eu le moindre doute sur l’utilité de cette vaccination, et, depuis le départ, j’étais décidé à y aller. Je dois être affreusement conditionné par l’offensive marketing des lobbys pharmaceutiques, ou mais c’est beaucoup moins vraisemblable, convaincu par la campagne de Roselyne… (M.D.R ???)

Il faut dire qu’à l’école communale déjà, j’avais été impressionné par un dessin représentant Louis Pasteur et le petit berger alsacien Joseph Meister, qui fût sauvé de la rage par le vaccin. Devenu adulte, Meister fût embauché comme gardien à l’Institut Pasteur, jusqu’en 1940, où n’ayant pas réussi à empêcher l’entrée des soldats de la Wehrmacht dans la crypte abritant les restes de Pasteur, il préféra se suicider. Comme quoi, grâce à Pasteur, et à la vaccination, la rage tue moins que le fascisme. Et la bêtise.

Et donc, non, je n’ai pas peur. Oh ! bien sûr, je n’ignore pas que ce n’est pas sûr à 100 %. Il peut même y avoir des effets secondaires et on ne sait jamais, on peut même se faire renverser par une voiture en sortant d’un centre de vaccination. Mais bon, ne vaut-il pas mieux un petit clic (une piqurette) plutôt qu’une grande claque : dix jours au lit avec une fièvre de cheval, non pardon, une fièvre de porc croisé à un poulet.

En caricaturant, il me semble un peu scandaleux et beaucoup « enfant gâté », de jouer les difficiles devant une vaccination gratuite dont plus de 80 % des habitants de notre planète ne pourront pas bénéficier. Quand on pense qu’il y a une dizaine d’années, l’O.M.S estimait pouvoir annoncer l’éradication du choléra, grâce à la vaccination, et qu’aujourd’hui cette maladie fait des milliers de mort, ne serait-ce qu’au pauvre Zimbabwe soumis à la terreur du dictateur Mugabe, on se dit qu’on a bien de la chance de vivre dans un pays qui peut nous offrir ce luxe, ce luxe littéralement vital.

Bien sûr, il faut passer le redoutable obstacle de la T.G.V, patiemment mise au point par tout ce que les services de Roselyne Bachelot compte comme experts, chargés de mission etc…, « on allait voir ce que l’on allait voir », la Très Grande Vaccination à la française que « le monde entier nous envie » parce que c’est une spécialité bien française de croire que nous allons faire mieux que les autres, et que pour faire bien, il faut faire grand, ou très grand… Après le T.G.V, la Très grand Bibliothèque, le Très grand musée, le Très grand Opéra etc… Résultat : Se faire vacciner tient du chemin de croix, comme quoi le chemin qui mène à l’enfer est pavé de bonnes intentions.

Je passe sur les détails. D’abord obtenir le fameux bon de vaccination sans lequel il n’y a pas de salut. Ne faisant partie d’aucun groupe prioritaire, il aurait fallu en effet que j’attende un ou deux mois, ce qui donne tout le temps de contracter la grippe A au moins une douzaine de fois. J’ai dû ensuite m’y reprendre à trois reprises, repoussé par les heures d’ouvertures « flottantes ou des files d’attente dignes d’un pays de l’Est d’avant la chute du mur.

Mais, bon, c’est fait. Merci Roselyne. Bravo la France… Au fait, ils font comment, les autres ? Ceux qui n’ont pas la chance de bénéficier de la T.G.V à la française ? Les hollandais, les espagnols, les allemands ? Il paraitrait qu’ils survivent et que même chez eux tout se passe plutôt bien. Mais ça doit être des ragots.

Nous vivons une e-poque formidable !

La Suisse : Son chocolat, ses coucous, ses banques, ses minarets (NON, plus ses minarets )

En me réveillant, ce matin, j’ai eu envie de succomber à un exercice d’une facilité scandaleuse : faire rire au détriment des Suisses, des Helvètes, quoi ! Je sais, c’est nul (est-ce un signe avant-coureur d’une attaque de grippe A ?) mais ça marche toujours. Et puis c’est certainement une manière de prendre une revanche facile sur ces helvètes qui nous regardent de haut depuis leurs montagnes, alors que le Mont-Blanc est FRANÇAIS, non mais .

Donc , les suisses ont interdit la construction de minarets.

Tant mieux : Vous imaginez Genève, où le jet d’eau serait dépassé par un minaret ? Ou bien Heidi obligée de porter la bourkha, (vous savez la blonde avec nattes et wonderbra, qui court dans les alpages pour rejoindre son grand-père qui l’attend devant sa ferme avec géranium mais sans minaret pour lui offrir un bol de lait tout chaud avant de … non, là je m’égare) ? Remarquez que si les minarets sont maintenant interdits, les bourkhas, elles, ne le sont pas… Cherchez l’erreur!

Bref, la Suisse restera propre, en allemand on dit « rein », c’est un mot qu’employaient déjà les nazis à propos de la race , de la race pure. Rappelons que 80 % des Suisses sont alémaniques. Oui, je sais, pendant la seconde guerre mondiale, l’armée suisse a courageusement résisté à Hitler. Nous « sur France », cela nous fait rire, mais en Suisse, c’est ce que tous les enfants apprennent à l’école, « si Hitler n’a pas envahi la Suisse, c’est qu’il redoutait la terrible armée des citoyens helvètes , qui en cas d’invasion, aurait fait d’Alpenzell une défaite plus terrible que Stalingrad »… A chacun ses grands mythes nationaux, en Suisse, c’est le mythe Guillaume Tell, qui représente les Suisses comme de courageux paysans résistant aux puissants et se regroupant ainsi pour vivre libres entre Royaume de France, Empire germanique, Etats de l’Eglise. En France, on croit bien que le monde entier nous envie nos vins, nos fromages, notre « plus belle avenue du monde », les 35 heures etc…

Parmi les mythes suisses, au côté d’Heidi, il y a les référendums. Ah! les référendums, les “votations” présentées chez nous comme le summum de la démocratie « participative ». Elles ont ainsi « permis » à la Suisse d’avoir été un des derniers pays en Europe à accorder le droit de vote aux femmes, en 1990 seulement (!), en raison de la résistance du canton Alpenzell… et à toujours dire non à l’Europe (en fait « nein », plus que non, ou no ). Le référendum, voilà bien un mythe encore plus tenace que Hitler et l’armée suisse, et il marche même chez nous. Entendre au moment même où la démocratie participative suisse disait non aux minarets, Ségolène Royal faire une nouvelle fois l’éloge de la démocratie participative, comme élément essentiel de la modernisation de la notre vie politique, semble un peu surréaliste…. Démocratie participative … Et ce ne serait pas un pléonasme ? Existe-t-il des démocraties non participatives ?

Dommage qu’on ne soit pas en Suisse. Cela aurait rendu impossible la construction de la grande Mosquée de Lyon (imposée en 1994, par le maire de Lyon, Michel Noir, de « droite », contre son électorat ), ou celle de Paris (merci, Liautey… car si on avait à l’époque , 1926, consulté les habitants du 5ème arrondissement à Paris, aujourd’hui les bobos de la capitale n’auraient pas le plaisir d’aller gouter à la formule Hammam, thé à la menthe et pâtisseries au miel, que propose le délicieux restaurant qui s’y trouve)…

Allez, encore un effort, et on va consulter les Suisses au sujet de Roman Polanski, faut-il l’extrader vers les Etats-Unis ? Oui, Non ? Et puis les français, au sujet des mosquées, Oui, Non ? Au sujet d’Hadopi, Oui, Non ? Au sujet de la loi de finances, Oui, Non ? au sujet de la suppression des députés et sénateurs, devenus inutiles, Oui, Non ? De la transformation du président de la République en Guide suprême, Oui, Non ? Guide en allemand , cela se traduit, par «Führer», et c’était ainsi qu’Hitler se faisait appeler après que les allemands, par référendum, lui ait accordé les pleins pouvoirs. On pourrait même demander aux Saoudiens, pour ou contre la construction d’Eglises ou aux Egyptiens, pour ou contre la destruction des églises coptes, dans ces deux derniers cas, remarquons que les gouvernements ont précédé, anticipé, les choix des citoyens…

Nous vivons une e-poque participative formidable !

P.S :Et pour se regonfler le moral, relisons un grand auteur suisse, « La visite de la vieille dame » de Friedrich Dürrenmatt, fonçons au Musée Paul Klee, avant qu’une votation n’en expurge des tableaux comme Sindbad le marin, ou réécoutons la merveilleuse « petite leçon de géographie helvète » de l’humoriste Marie-Thérèse Porchet, comme quoi les premiers à brocarder les défauts et les travers de la Suisse, ce sont les Suisses…

http://www.youtube.com/watch?v=lvXSPm68jhE

Il y a vingt ans : Berlin, comment la banane est venue à bout du mur…

En me réveillant ce matin, j’ai eu envie de bananes.

Ce qui est curieux parce que sous nos latitudes, les bananes ne sont vraiment pas terribles, farineuses ou bien dures comme du fer. Mais comme l’ambiance est au 9 novembre, au vingtième anniversaire de la « chute » du mur, les bananes me sont devenues , ce matin, essentielles…

Parce que dans tout ce que l’on entend, dans tous ces témoignages de tous ceux qui apparemment étaient à Berlin ce 9 novembre au soir (c’est fou, à croire qu’on était des millions, alors que franchement, le 9 novembre à 20 heures entre Friedrichstrasse et Invalidenstrasse, il n’y avait que 3 pelés et 4 tondus, quant aux journalistes français, eh ! bien, on pouvait se compter sur les doigts d’une seule main !!!), dans tout ce que l’on entend il manque cet élément essentiel : LA BANANE…

J’entends de savants commentaires sur quand, pourquoi, comment le mur… Savants commentaires mais faux ou partiels ou arrangés après coup.

C’est fou, comme on peut réécrire l’histoire. Même nous, qui assistions à cette fameuse conférence de presse à l’I.P.Z, le centre de Presse international de Berlin- Est, nous ne sommes pas vraiment sûrs, vingt ans après, d’avoir assisté en direct-live à la « chute du mur de Berlin ». Il était quoi ? 17 h 30 – 18 h ? La conférence de presse du porte-parole du Comité central du Parti communiste est-allemand s’achevait dans le brouhaha, la confusion, l’imprécision. Les allemands de l’est allaient être autorisés à voyager à l’Ouest… A parti de quand ? ce soir ? Minuit ? Avec ou sans visa ? Avec passeports ? Personne ne savait vraiment.

Il faisait gris à Berlin ce soir là. Enfin, il faisait marron brouillasseux lignite, comme partout en Allemagne de l’Est. Caca d’oie, marron : C’était la couleur de l’ancienne RDA. Tout y semblait triste, et comme le disait un de nos confrères: Qu’y a-t-il à faire quand on rentre d’une semaine de reportage en RDA ? Foncer au dernier étage du KADEWE à Berlin-Ouest, pour y déguster une douzaine d’huîtres et un verre de blanc. Au milieu de ces montagnes de victuailles , de fromages, de charcuteries, de fruits, de BANANES.

C’est marrant : Si l’on en croit tous ces commentaires, ces témoignages, de tous ceux qui affirment que le 9 novembre, ils ont assisté à la destruction du mur Place de Postdam, ou Porte de Brandebourg, à croire que tout le mur est tombé d’un coup le 9 novembre, ça a dû faire un sacré bruit!!! Non, désolé de casser la baraque de tous ceux qui adorent le spectaculaire, mais le 9 novembre à 20 heures à Berlin, il ne se passait rien. Avec l’équipe de TF1, nous venions d’avaler un « Abendbrot » , sans banane me semble-t-il, à l’hôtel « Palast », et après avoir rapidement discuté avec Philippe Rochot de France 2, et Luc de Barochez de l’AFP , nous errions entre Unter den Linden et la Porte de Brandenbourg, dans l’espoir de trouver UN berlinois. Les rares personnes rencontrées n’étaient pas au courant qu’au lieu d’aller voir la « Flûte enchantée » à l’Opéra, ils auraient mieux fait de se préparer pour ce moment d’histoire. Non, ce soir-là personne ne se rendait compte, et surtout pas TF1 à Paris : La direction de la rédaction après m’avoir pris un bref « téléphone » dans le journal de 20 heures n’avait elle aussi rien compris, préférant aller assister à une fête plutôt que de s’intéresser à ce qui se passait à Berlin. Il faut dire qu’à l’époque (mais est-ce que ça a beaucoup changé ?), l’Allemagne n’intéressait pas : « Tu sais, Pierre, il faut que tu t’y fasses. L’Allemagne est un pays has been » m’avait confié à l’époque le directeur de l’information de ma chaîne.

Et puis, et puis… La foule : Passer à l’Ouest à check point Charlie ressemblait au RER aux heures de pointe… Les cloches, qui se sont mises à sonner… La joie…Un sentiment de liberté…

Dans notre métier, nous couvrons plutôt les drames, les morts, les révolutions ou les combats avec leurs lots de souffrances, de victimes, de morts. Deux ans auparavant, j’étais en Haiti pour le renversement de la dictature de Duvalier… Un petit matin de rêve, février aux Antilles est aussi doux que le printemps en Andalousie, la joie, la foule qui descend en chantant sur le centre de Port au Prince. Mais bien vite, les règlements de compte, les massacres, et aujourd’hui, Haiti en est où? Et pourtant en Haiti , il y a des bananes… alors qu’à Berlin, dans la nuit du 9 novembre , tout n’a été que joie, joie partagée, joie sans ombre, nationaliste ou raciste… les ombres sont venues après, dans attaques des foyers de travailleurs étrangers à Rostock par exemple, dans ces groupes de skinheads, qui nous faisaient baisser la voix au bord d’un petit lac où nous nous baignions en famille été 90, dans le Brandenbourg.

De Berlin, je n’ai rapporté qu’un bout de barbelés, ceux donnés par les soldats hongrois, le 2 mai, alors qu’ils démontaient devant nous le rideau de fer entre la Hongrie et l’Autriche. Une plaque de voiture DDR, donné par un fugitif est-allemand qui avait abandonné sa voiture « Trabant »pour passer à l’Ouest, c’était 3 mois avant ce fameux 9 novembre. Quelques gravas, bien sûr des bouts de mur, donnés par un soldat, un de ces soirs où le mur était percé, Porte de Brandenbourg, je crois. Un blason de la RDA, découpé du drapeau est-allemand par un fonctionnaire du ministère est-allemand de l’intérieur, qui se trouvait à l’époque tout près de check-point Charlie, et qui me l’avait donné par la fenêtre de son bureau…. Et puis la banane, les bananes, toutes ces bananes qui par millions ont envahi cette nuit là les rues de Berlin, achetées à l’Ouest par les allemands de l’Est pour lesquels ce fruit était le symbole du luxe le plus inouï…

La banane , c’est comme ma madeleine à moi. Difficile d’en voir une sans penser à cette nuit-là, à ces jours-là. Plus encore que le mur, c’était à l’époque le symbole de tout ce qui manquait aux allemands de l’Est. Pour nous banales bananes, pour eux l’objet de tous les désirs… A tel point que les allemands de l’Est eux-mêmes ont fini par baptiser la RDA : « Bananen Republik » jouant sur République des Bananes et République bananière.

Peut-être qu’il y a aussi un lien particulier entre les allemands et les bananes qui ne poussent pas chez eux. « Warum sind die Bananen krumm ?» « Pourquoi les bananes sont-elles tordues ?» c’est une des chansons que tous les petits allemands apprennent à la maternelle… Ca marque un peuple , non ?

Je n’aime pas retourner à Berlin. Parce que lorsque l’avion descend au-dessus de la ville et que je vois le Wannsee , la Havel et la Spree, les nouveaux gratte-ciels de la Porte de Postdam, la coupole du Reichstag, la tour de la télévision, il m’est difficile de retenir mes larmes. Comme lorsque, quelques années après le mur, nous avions quitté Berlin et qu’en voyant le camion qui emportait nos meubles, ils nous avaient été difficile de ne pas pleurer.

« J’ai toujours une valise à Berlin » « Ich hab’ noch einen Koffer in Berlin… ». C’est ce que chantait la grande Marlene Dietrich, qui dans ses dernières volontés , avaient désiré être enterrée à Berlin, qu’elle avait fui sous les nazis.

C’est ce que je chante ce matin, vingt ans après, en cherchant une banane.

« Affaire Mitterrand » : Relire LOLITA de NABOKOV…

Il y aurait paraît-il une polémique au sujet d’un soit-disant « penchant » du ministre de la Culture pour le tourisme sexuel avec des enfants.

Paraît-il … Soit-disant… Parce que tout part de citations tirées d’un livre « La mauvaise vie » dont le titre lui-même indique que son auteur ne fait aucune apologie des heurts et malheurs d’une vie transposée dans un roman. Et tout cela dans un débat sur la politique du gouvernement contre les délinquants sexuels !!!! (France2, Lundi soir)

L’idée est bien sûr : « Médisez, médisez , il en restera toujours quelque chose ». La tactique , ce sont ces petits glissements sémantiques. On passe de « pédé » (là, ce n’est plus politiquement correct , donc on n’attaque pas sur ce point) à « pédophile », puisqu’entre les deux, « il n’y a qu’un pas, c’est bien connu… ». On passe de « garçons » à « enfants », et puis, et puis, on en arrive à « Mitterrand, démission ». Encore un effort et on en sera à « Houellebecq en prison », puisqu’on le sait, le romancier évoquait le même thème dans un de ses romans.

Et puis, expurgeons la littérature de tous les textes « faisant l’apologie » des relations sexuelles avec des « jeunes ». En commençant par Rimbaud et/ou Verlaine… Parce que, ce n’est pas parce qu’« On n’est pas sérieux quand on a dix-sept ans » qu’il faut laisser le premier homme marié venu allé faire des galipettes avec un ado un peu paumé… Et puis interdisons, post mortem, Nabokov. Vous savez Nabokov, celui qui a écrit Lolita… l’histoire d’un obsédé par les très jeunes filles, pervers au point d’en arriver à épouser la mère pour avoir la fille. Et puis, et puis, Margot de George Brassens… c’est horrible « ILS » sont partout…

Que l’habile Marine Le Pen ait voulu utiliser la même ficelle, en plus « hard » que François Bayrou à l’égard de Cohn-Bendit, n’est pas surprenant. Mais Benoît Hamon, Manuel Valls, les « jeunes » du P.S…… on se pince…

Au lieu de rester sur le terrain politique ( les projets de loi contre les délinquants sexuels, les déclarations du ministre de la culture dans l’affaire Polanski ), on glisse ainsi dans une polémique qui sera glauque, forcément glauque.

Ce n’est contre la grippe A qu’il aurait fallu acheter des dizaines de millions de doses de vaccin. Mais bien contre la bêtise. Ça n’existe pas ? Erreur… On peut se l’administrer sous la forme de livre : « Lolita » déjà cité,que je vais de ce pas me racheter, ou encore en film, à infuser le soir par exemple, dans la version « Stanley Kubrick »… Nous vivons une e-poque formidable.

Vous avez aimé SECRET STORY ? Vous allez adorer CLEARSTREAM!

Les producteurs des émissions de téléréalité n’ont qu’à bien se tenir. Car, à partir de ce Lundi démarre « Clearstream, le procès ». Un nouveau concept qui repousse encore un peu plus loin les limites de la décence et du trash, le tout sur fond d’intrigues, de complots et de « secrets » parfaitement incompréhensibles pour tout adulte normalement neuroné.

Un nouveau concept, mais qui, « c’est toujours dans les vieilles marmites que l’on fait les meilleures soupes », utilise l’un des plus vieux ressorts de la Tragédie, connu déjà depuis… les grecs (rien que ça !), la lutte pour le pouvoir.

Cela donne : « Jonathan rabaissé, laisse éclater le « girl power » «Cindy montre à Sabrina comment faire une bise très très sexy à un homme, pour le déstabiliser et le mettre à ses pieds… »

Evidemment, le casting doit être d’enfer : Chez les grecs , il y avait le fils qui épouse sa mère, le bellâtre qui pique la femme de l’autre, la « bimbo » qui dévore tous ses amants, etc… Dans « Secret story » c’est la même chose, sauf que la bimbo est blonde peroxydée à forte poitrine siliconée et que le nombre d’affolés des hormones est plus élevé que chez les grecs.

Et puis, comme son nom l’indique, chacun dans « Secret story » cache un terrible secret, TERRIBLE, du style : « Ma mère est une people ». « Je suis bi ». Ou bien encore : « J’ai le Q.I d’Einstein », ce qui moi, m’impressionne plus que s’il avait eu le Q.I de Rocco Siffredi…

Tout est très compliqué, parce qu’il y a des infiltrés, des espions, et surtout « LA VOIX », une sorte de « deus ex machina », qui manipule, éclaire donne des « missions secrètes »…

Rien de tout cela ne marcherait sans la mise en scène par « La prod’». Il y a 2500 ans, c’était Sophocle et Eschyle. Aujourd’hui, c’est Endemol. La civilisation progresse indubitablement.

Vous ne voyez pas le lien avec Clearstream ? Bien sûr, il n’y a pas de bimbo à forte poitrine, mais il faut transposer… Et l’on retrouve les mêmes éléments : le casting d’enfer, la lutte pour le pouvoir, les passions humaines, des missions, des secrets, des intrigues incompréhensibles, « LA VOIX », bien sûr, et enfin, « LA production »…

Et puis il y a surtout le public, les téléspectateurs. Les « prime » de « Clearstream » réussiront-ils à faire autant d’audience que ceux de « Secret story » ? C’est tout l’enjeu du procès qui s’ouvre aujourd’hui.

En attendant, nous devrions nous réjouir: Car pour une fois, ce « concept » ne nous vient ni de Hollande, ni des Etats-Unis, il est bien de chez nous. Mais, hélas, il n’est pas sûr que nous arrivions à l’exporter dans les autres démocraties.

Nous vivons une e-poque formidable !

Ne dîtes pas à ma mère que j’ai la grippe A, elle croît que j’ai pris froid

L’autre jour, je me suis réveillé et je n’étais pas bien. Un peu fiévreux, un peu courbaturé, les bronches pas très dégagées, les idées pas claires. Je m’en suis ouvert à mon pharmacien, qui, à voix basse, m’a confié que, elle aussi, (oui, parce que pharmacien c’est un métier, c’est comme boucher, ça ne se met pas au féminin, cf: Bachelot Roselyne…), avait eu les mêmes symptômes, et baissant encore plus la voix, elle ajouta, ceux de la grippe A. Mais c’était trop tard. Ni elle, ni moi n’avions nos masques, nos Tamiflu, et nous nous lavions déjà les mains vingt fois par jour. Alors ? Alors , rien. Il faut attendre que ça passe, paracétamol, vitamine C, smoothy ou même grog, pour les plus accros. Mais fort de mon expérience, je tiens à mettre en garde : Les hallucinations provoquées par la grippe A sont proprement hallucinantes.

Ainsi, il y a deux jours , c’était en début de soirée, j’ai cru que Ségolène Royal prononçait un discours historique, que passant au-dessus des querelles soeuricides (ça veut dire fratricide, mais entre sœurs), la mano en la mano, tous ensemble, tous ensemble, avec Martine, elle sortait le Parti socialiste de… de rien du tout, puisque c’est l’état dans lequel il se trouve aujourd’hui, et d’un coup la vie politique française retrouvait un peu d’intérêt, avec une vraie opposition face à une vraie majorité. Oui, parce que recompter les voix de l’élection d’il y a six mois, c’est exactement ce que les français attendent face à la crise.

Mais la grippe A, c’est violent, et le délire a continué : Ainsi , j’ai cru que Jean-Louis Borloo avait été saoul à l’Elysée, et que , bien évidemment, la Rédaction de France2, « aux ordres », avait censuré ces images. Je l’ai cru, parce que je sais que nous, les journalistes, nous vérifions toutes nos infos, y compris celles qui nous font particulièrement plaisir, comme le fait de tourner en ridicule cet horrible gouvernement de droite…

Au plus fort de la fièvre, mes hallucinations ont atteint des sommets. Ainsi, j’ai cru que Dominique de Villepin était à l’U.M.P , alors qu’en l’écoutant « dézinguer » Sarkozy, hier soir sur Canal +, il est évidemment en train de prendre la tête de l’opposition, peut-être même du P.S.

Et puis, ce matin, retour à la normale. Je n’ai plus de fièvre. Fin de la grippe A. A moins que ce ne soit l’effet douche froide de ce que je venais d’apprendre: Benjamin Castaldi, lui, aussi avait été atteint… De la grippe A, bien sûr.

Nous vivons une e-poque formidable.

Ne dîtes pas à ma mère que je suis chômeur, elle me croit ministre de l’Emploi !

Moi si j’étais ministre, j’aimerais être… Secrétaire d’Etat À L’EMPLOI. Parce que si l’on réfléchit bien , cela consiste à quoi, le boulot d’un ministre chargé de l’emploi ? Annoncer tous les mois les chiffres du chômage, corrigés, ou pas, « des variations saisonnières » ? dans ce cas, un bon Dir’com suffirait… Inaugurer une nouvelle agence de Pôle Emploi ? Là, il suffirait de demander à une vedette de la télé… Lancer la 153 ème mesure en faveur de l’emploi des jeunes ? Là il suffirait d’appliquer les 152 mesures déjà existantes !

Pourtant, c’est un sacré job, et une super planque que ce secrétariat d’Etat à l’Emploi. Car qui peut imaginer un seul instant que ce secrétariat puisse avoir une quelconque influence sur les flux et reflux du chômage ? Plus que les dizaines de milliards de dollars partis en fumée avec Madoff and co ? Plus que le milliard 300 millions de chinois qui continuent à se développer vitesse grand V ? Plus que l’économie allemande dont, décidément, les « fondamentaux » ont de quoi nous faire honte ?

Ce n’est pas la qualité du titulaire du portefeuille qui est là en cause. Laurent Wauquiez fait au contraire partie de ces personnes dont on cherche désespérément les défauts. Il présente bien, a du charisme, jeune mais les cheveux poivre et sel, de droite mais la chemise sans cravate, excellent sur les plateaux télés, comme sur le terrain, et en plus par n’importe quel terrain, le cœur du cœur de la France, la Haute-Loire, le Puy-en-Velay, ville socialiste gagnée dés le premier tour des dernières élections municipales. Et puis en plus, la tête plus que pleine : l’ENA, Normale Supérieure, parlant arabe couramment, ayant été volontaire avec les chiffonniers du Caire, mais aussi au Conseil d’Etat ou bien est-ce à la Cour des Comptes. J’en rajoute peut-être , mais vous voyez l’idée ? D’ailleurs il est tellement bien qu’on peut se demander si dans quelques années… ce Laurent Wauquiez ne pourrait pas devenir… Enfin, n’en parlons pas, cela pourrait lui porter la poisse, et apparaître comme un crime de lèse-majesté avant 2012 et peut-être même 2017. Et puis, quelle importance que son ministère ne serve à rien ? Dans quelques mois, le chômage baissera parce que nous sortirons de la crise, évidemment. Plus ou moins bien certes, mais nous en sortirons.

En revanche , ce qui ne changera pas, c’est la fracture qui sépare ceux qui ont des contrats garantis, quasi-fonctionnaires, avec 35 heures, RTT, etc… et les autres. Ceux qui font dans le précaire, les CDD, mais pas les CDI, ceux qui n’ont droit à aucun découvert, à aucun prêt, ceux que leur « conseiller clientèle » à la banque qualifie de “chômeur” dans la case « profession ». Comme si chômeur était une profession. Tiens , changer le regard des autres sur le chômage, le travail précaire, voilà qui serait une belle tâche pour un secrétariat d’Etat à l’emploi.

Nous vivons une e-poque formidable !

YES, WE CAN ? Oui, mais quand ?

Souvenez-vous, c’était au début de l’été, quand Obama était en Normandie pour les commémorations du débarquement de 1944, quand, à Caen, l’heure était au « Yes, we can » (Pardon, pour ce jeu de mots d’une facilité atterrante !). Le monde entier se disputait Barack Obama, auquel , tous et, paraît-il, nous français les premiers, trouvions tous les mérites.

Et puis… Et puis, on attend toujours ! Sur le plan international, ça patine au Proche-Orient, ça s’enlise dangereusement en Afghanistan.

Sur le plan intérieur, l’accouchement de la fameuse réforme du système de santé américain, sur laquelle en son temps, Hillary Clinton s’était déjà cassée les dents, semble devoir se faire aux forceps. Si elle se fait. Quant à l’économie, elle joue à « Sœur Anne, ma sœur Anne, je ne vois pas revenir la reprise ». Les banques, dont les cadres « bobos » avaient voté comme un seul homme pour Barack Obama afin qu’il moralise « Wall Street », ont surtout « palpé » des dizaines de milliards. Mais leur moralisation …

Ah ! si, il y a eu quand même quelque chose, mais qui n’est pas du ressort du gouvernement américain: Certains des escrocs du système financier américain ont été condamnés à des centaines d’années de prison, ce qui, vu de France, a effectivement de quoi faire rêver.

Mais quespériez-vous ? Que d’un coup de baguette magique, les Etats-Unis allaient se transformer. Parce qu‘ Obama est noir (enfin… métis), parce qu’il a du charisme, parce qu’il présente bien et prononce , aux oreilles d’un certain nombre d’intellos, de « beaux discours » (sous-entendu en creux, Nicolas Sarkozy, lui, parle comme un beauf…), les américains allaient ne plus être ce qu’ils sont: Conservateurs, sectaires,”bigots”, sûrs de leur bon droit, racistes, communautaristes, j’en rajoute peut-être, mais vous voyez l’idée ? Notre déception est à la mesure de notre naïveté. Et puis, sans diminuer les mérites d’Obama, de toute façon, après les dix années calamiteuses de la présidence Bush, n’importe quel âne ou n’importe quel éléphant aurait semblé charismatique… Et là n’y voyez aucune allusion désobligeante, il s’agit juste des animaux mascottes des deux grands partis, républicain et démocrate.

Oui, Obama se heurte au principe de réalité. Oui, les bonnes intentions ne suffisent pas à faire bouger le monde. Oui, la guerre en Irak, et ses conséquences annexes, sont une « patate » chaude, dont les conséquences vont être supportées par nous tous. Oui, pendant des dizaines d’années, les américains ont fait payer leurs dettes au reste du Monde . Oui, cette époque-là est révolue, et les américains vont devoir apprendre à partager le pouvoir, malheureusement sans doute pas avec nous les européens, mais avec la Chine, voire l’Inde.

Il n’en reste pas moins, que par sa personnalité, son histoire personnelle, par son habileté médiatique, sur internet, à l’heure où la politique, même internationale, passe par l’image, Barack Obama a suscité un mouvement de sympathie dans l’ensemble du monde. On ne crache plus systématiquement sur tout ce qui est « yankee » dans les pays arabes, en Amérique Latine, en Asie. Ce n’est déjà pas si mal. Même si cela reste insuffisant.

Nous vivons une e-poque formidable.

Petites phrases…

Comment ne pas en parler puisque tout le monde en parle…

Donc, Brice Hortefeux EST raciste, il A DIT que c’est « lorsqu’il y en avait trop (d’arabes ?), que ça posait des problèmes ». La messe est dite, si l’on peut dire, et toute tentative de « relativiser » cette petite phrase vous rangera immédiatement dans le camp des racistes.

Tant pis pour moi, je vais faire du mauvais esprit. Et me lancer dans les petites phrases. Manuel Valls est-il raciste? Que voulait-il dire , il y a quelques mois, lui aussi « saisi » au vol sur une vidéo en ligne, quand il expliquait en visitant le marché de sa ville, « qu’il y en avait trop, et que ça donnait une mauvaise image » ? Et Jacques Chirac, aujourd’hui l’homme politique le plus populaire des français, était-il raciste avec « le bruit et les odeurs » ? Et pourtant, qui peut nier qu’il n’a jamais fait aucune concession à Jean-Marie Le Pen, et à ses idées racistes .

Et posez-vous, posons-nous la question : N’avez-vous jamais péché ? N’avez-vous jamais dit ou laissé dire, entre amis , même pour “blaguer”: « Je ne suis pas antisémite, mais…. Il faut qu’en même reconnaître que les juifs ont le sens du commerce», ou bien « je ne suis pas raciste, d’ailleurs j’aime beaucoup les noirs, ils sont si gais, toujours prêts à faire la fête », ou même « les chinois, eux, ils ne se font pas remarquer, la seule chose qui les intéresse, c’est de faire de l’argent ». Ou encore : « J’ai même des amis homos, ils sont très sympas, très sensibles, ils ont beaucoup de goût ». On ne gommera pas les clichés et les préjugés d’un claquement de doigts.

Pourtant la France est le pays le plus métissé d’Europe. Non par grandeur d’âme ou largesse d’esprit, mais tout simplement parce que depuis Napoléon, c’est-à-dire 200 ans, nous ne faisions plus d’enfants, et qu’il nous a bien fallu trouver des ouvriers et des soldats, d’abord en Belgique, en Italie, en Pologne, au Portugal et puis en Afrique , aux Antilles. Aujourd’hui, il n’y a pas un autre pays d’Europe où il y ait autant de mariages « mixtes », de métissages, de mélanges de toutes origines.

Et plus qu’une éventuelle petite phrase ou un éventuel dérapage (ceci dit : venant d’un ministre ou d’un élu, cela est moins acceptable que s’il s’agissait d’un simple citoyen), ce qui pose problème, c’est bien le retard de nos partis politiques, le décalage de nos « élites », par rapport à ce qu’EST notre société.

Combien d’arabes, de noirs, de chinois à la direction du P.S ? Ou du Modem ? Ou chez les Verts ? Ou à l’UMP ? Pourquoi a-t-il fallu attendre Nicolas Sarkozy pour qu’enfin une française issue de l’immigration accède à des responsabilités qui ne soient pas folkloriques ? Pourquoi, avant même qu’un antillais n’ait ouvert la bouche, qu’il soit docteur en médecine, ou polytechnicien, on le renvoie à la compagnie créole et on le folklorise ?

Dans le fond, il n’y en a pas un pour sauver l’autre: Dans les partis politiques, les français «issus de l’immigration » restent des cas tellement rares qu’ils sont malheureusement toujours des alibis. D’où ces photos de circonstance où l’on pose avec le beur ou la blackette de service. D’où ces attitudes maladroites et ces « petites phrases».

Nous vivons une e-poque formidable.

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