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Le blog de Pierre M. Thivolet, journaliste

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Covid19 : moi, quand je serai grand, je veux être éditorialiste à la télé.

En définitive, j’ai tout raté à vouloir être reporter, c’est-à-dire aller voir sur place, aller à la rencontre de, pour essayer ensuite de rapporter ce dont on a été témoin. En toute subjectivité, mais avec – je l’espère – honnêteté. 

Non, j’aurais dû faire éditorialiste. 
Je suis peut-être un peu jaloux, mais je ne peux m’empêcher d’être interloqué ? esbaudi ? devant l’agilité d’un certain nombre de nos confrères/sœurs qui sur les plateaux des chaînes tout-info passe d’un sujet à l’autre, bondissant tels des singes hurleurs d’arbres en arbres au sommet de la canopée de la forêt guyanaise, passant du terrorisme aux élections américaines, de l’inceste au COVID. Évidemment. 
Ainsi, tous nos confrères sont devenus en une nuit ou presque, des spécialistes de l’épidémiologie et des techniques de réanimation. 
Ainsi depuis plusieurs jours, nous avons eu droit à une explosion d’analyses annonçant le reconfinement pour mercredi, pour vendredi, pour ce week-end, toutes certifiées par les fameuses « sources bien informées ». Et puis, pschiittt, pas de reconfinement, en tout cas pour l’instant. 
Cela va-t-il conduire nos confrères à un peu plus de retenue, savoir « fermer sa gueule quand on n’a rien à dire » ? Ce n’est pas sûr, car le défaut de l’information en continue, des chaînes tout info, c’est qu’il faut produire du flux, du contenu, 24 h sur 24. Or les reportages, les témoignages que l’on va recueillir parfois très loin, cela coûte cher, très cher. 
En revanche, les plateaux où un présentateur et 3 experts débattent pendant des heures, ça ne coûte pas cher et ça meuble. 
On voit mal dans ces conditions pourquoi les media tourneraient leur langue sept fois dans leurs bouches avant de parler. 

Covid19 : moi, quand je serai grand, je veux être éditorialiste à la télé.

 

En définitive, j’ai tout raté à vouloir être reporter, c’est-à-dire aller voir sur place, aller à la rencontre de, pour essayer ensuite de rapporter ce dont on a été témoin. En toute subjectivité, mais avec – je l’espère – honnêteté. 

Non, j’aurais dû faire éditorialiste. 
Je suis peut-être un peu jaloux, mais je ne peux m’empêcher d’être interloqué ? esbaudi ? devant l’agilité d’un certain nombre de nos confrères/sœurs qui sur les plateaux des chaînes tout-info passe d’un sujet à l’autre, bondissant tels des singes hurleurs d’arbres en arbres au sommet de la canopée de la forêt guyanaise, passant du terrorisme aux élections américaines, de l’inceste au COVID. Évidemment. 
Ainsi, tous nos confrères sont devenus en une nuit ou presque, des spécialistes de l’épidémiologie et des techniques de réanimation. 
Ainsi depuis plusieurs jours, nous avons eu droit à une explosion d’analyses annonçant le reconfinement pour mercredi, pour vendredi, pour ce week-end, toutes certifiées par les fameuses « sources bien informées ». Et puis, pschiittt, pas de reconfinement, en tout cas pour l’instant. 
Cela va-t-il conduire nos confrères à un peu plus de retenue, savoir « fermer sa gueule quand on n’a rien à dire » ? Ce n’est pas sûr, car le défaut de l’information en continue, des chaînes tout info, c’est qu’il faut produire du flux, du contenu, 24 h sur 24. Or les reportages, les témoignages que l’on va recueillir parfois très loin, cela coûte cher, très cher. 
En revanche, les plateaux où un présentateur et 3 experts débattent pendant des heures, ça ne coûte pas cher et ça meuble. 
On voit mal dans ces conditions pourquoi les media tourneraient leur langue sept fois dans leurs bouches avant de parler. 

 

 

Football, negro : cachez ce racisme que je ne saurais voir !

 

Donc un arbitre adjoint – roumain – s’est laissé aller à des propos racistes : negro pour désigner un entraîneur adjoint noir. Scandale, décision des joueurs des deux équipes de rentrer aux vestiaires, tempête médiatique, parions que l’UEFA finira par rivaliser de déclarations martiales contre le racisme et que cet arbitre n’arbitrera plus jamais un match, en tout cas international. Et ensuite, quoi ? 

Que des instances officielles, que des gouvernements, condamnent fermement le racisme, c’est indispensable, mais est-ce suffisant ? Pensons-nous que cette condamnation fera réellement changer les sentiments de cet arbitre roumain ? Et de ces très nombreux anonymes qui dans le fond parlent de la même manière, utilisent les mêmes mots, pensent la même chose. Non. La prochaine fois, les préjugés ne seront plus exprimés à voix haute, mais mis sous le tapis. Mais soulevons le tapis, justement, et commençons par nous-mêmes, nos proches, notre entourage, nos voisins, nos compatriotes. 

Les lois, les déclarations de bonnes intentions ont-elles vraiment fait disparaître les préjugés, l’intolérance, la peur de l’Autre ? On ne le dit plus à voix haute, mais dans le fond, c’est toujours : « les noirs sont comme ceci », « les juifs sont comme cela », « les arabes comme ça »…

Dans l’(excellent) film « Get out” le héros noir va passer le week-end chez les parents de sa girl-friend, blanche, blonde. Un beau petit couple, qui démontre que, comme l’annonçait Senghor, l’avenir est au métissage. Mais le week-end se transforme en cauchemar, les parents se révélant être des sortes de vampires, mais en plus d’affreux racistes, sous des dehors ouverts et souriants : Le père adore Obama : « si il avait pu faire un troisième mandat, on aurait voté pour lui ». Un ami évalue d’un air gourmand le physique du héros, et lui demande : « Vous êtes golfeur comme Tiger Woods ? »

Alors ? 

Alors, il faudra du temps pour que si ce n’est nous, en tout cas les prochaines générations se dégagent de tous ces pré-jugés, de ces clichés. Cela passe par l’éducation bien sûr, l’école, mais Il faudrait aussi que les media, les journalistes commencent à réfléchir à la manière d’en parler, de parler. 

Le producteur de musique, Michel Zecler, tabassé par des policiers est-il noir avant d’être un producteur de musique ? « Noire n’est pas mon métier », revendique l’actrice Aïssa Maiga, un peu un écho du : « On ne naît pas femme, on le devient » de Simone de Beauvoir.

Pour inspirer nos rédactions, relisons Félix Éboué. Vous savez Éboué, qui fût le premier à rallier De Gaulle en juin 1940, qui a fait basculer le Tchad puis l’Afrique Équatoriale du côté de la France libre, le premier compagnon de la Libération. Ses cendres furent transférées au Panthéon le 20 mai 1949, le premier noir à y être honoré, bien avant Alexandre Dumas, en 2002.

D’ailleurs Éboué, le guyanais, fût souvent le premier partout. Premier gouverneur noir de la Guadeloupe, il prononça ce discours à la jeunesse guadeloupéenne en 1937, lui qui était un fan de sport et de foot : « Jouer le jeu ». « Jouer le jeu, c’est piétiner les préjugés, tous les préjugés, et apprendre à baser l’échelle des valeurs uniquement sur les critères de l’esprit. »« Jouer le jeu, c’est, par la répudiation totale des préjugés, se libérer de ce qu’une expression moderne appelle le complexe d’infériorité. C’est aimer les hommes, tous les hommes, et se dire qu’ils sont tous bâtis selon la commune mesure humaine qui est faite de qualités et de défauts. »

Jouons le jeu !

Covid19, montagne, ski : Y-aura-t-il du virus pour Noël ?

Y aura-t-il de la neige pour Noël ? Franchement, beaucoup s’en foutent. D’abord parce que le ski ne concerne qu’une minorité d’entre nous, Brestois ou Cannais ne rime pas forcément avec godille et schuss. Et puis le ski c’est cher, rien que la location d’un studio où on s’entasse à 6 ou 8 … Et puis la combinaison, les gants, les chaussures, le casque, les lunettes, les skis ou surfs, ça commence à chiffrer. Même la fondue y est hors de prix. 

Ceci dit que la montagne est belle. 

Si tout le monde n’a pas la chance de vivre face à la mer, d’autres en revanche vivent la tête non pas dans les étoiles mais happés par ces sommets qui semblent flirter avec le ciel : La Meije, le doigt de Dieu, comment résister à l’appel des cimes, et d’ailleurs il y a cent ans, deux cents ans, les Gaspard et autres Turc (oui ce sont des noms de montagnards de l’Oisans), les Whymper (lui c’était un britannique, mais quel alpiniste !) ne purent y résister. C’était avant la découverte de la pénicilline, de la vaccination, on sortait à peine des grandes pestes, choléra et tuberculose et manque d’hygiène réduisaient l’espérance de vie à 50-55 ans, il n’y avait pas de SAMU, ni d’hélico pour venir secourir les alpinistes en perdition. Et pourtant. Et pourtant, de tous temps les hommes ont voulu y monter, conquérir ces sommets, se dépasser, voir d’en haut notre tout petit quotidien. 

Interdire la montagne, c’est comme interdire à un marin de prendre la mer. C’est empêcher un Cannois (pas Cannais) de se baigner, à un Biarrot de surfer. Sans parler des retombées, ou plutôt de l’absence de retombées économiques pour des dizaines de milliers de personnes qui vivent du tourisme. Même avec les aides de l’État, s’il y a de la neige pour Noël, elle ne sera pas blanche immaculée mais plutôt grise tendance on broie du noir.

Pense-t-on vraiment que la montagne, les chassés croisés sur les routes d’accès aux stations, seraient des nids à virus ? On peut limiter les jauges dans les remontées mécaniques, interdire les soirées fondues ou raclettes trop festives, mais interdire le ski pour Noël, c’est très… con. C’est comme si celles et ceux qui prennent de telles décisions se disent : « Avec tout le boulot que j’ai, je n’aurai pas de vacances cette année, donc pas question que d’autres en profitent : na ! » 

Y aura-t-il de la neige pour Noël ? Jusque-là, il n’y en avait pas, mais depuis quelques jours, il neige à gros flocons, dans une semaine pour les fêtes la montagne va être toute poudrée blanc, sa seule contemplation sera un plaisir pour l’esprit, son air, des bouffées d’oxygène. 

Il y aura de la neige pour Noël.

Mais du ski, c’est pas gagné. 

 

 


Élections aux États-Unis : La défaite de Trump, ça vaut bien une bonne bouffe, oui, mais quand ?

L’art de vivre à la française…

J’ai donc gagné mon pari : Trump a été battu. 

J’ai donc gagné… un bon dîner ! 

Oui c’est comme ça : chez nous, quand on a quelque chose à fêter, ça se célèbre autour d’un bon repas, et souvent dans un grand restaurant. Souvenir d’un déjeuner de Pâques chez Point à la Pyramide de Vienne, ah ! le gratin dauphinois (non, dans cette recette, il n’y a pas de fromage pour faire gratiner les pommes de terre), d’un dîner chez la Mère Charles à Mionnay (pour ma réussite au bac ?), ou d’un autre chez Pic à Valence. Pic : Trois générations de 3 étoiles, et accueil aussi accueillant pour le millionnaire de passage que pour cette famille qui apparemment avait économisé au moins une année pour fêter les 80 ans de la grand-mère, endimanchée comme si elle allait à la messe. 

Mais ça c’était avant le covid, et la fermeture des restaurants. Car pour l’instant pour mon dîner gagné pour mon pari gagnant, c’est makkache walou, que tchi…

Bien sûr, je m’en remettrai en savourant la réouverture du restaurant déjà choisi. 

S’il est encore en vie, le restaurant. Parce que si je comprends l’urgence sanitaire, la nécessité de gestes barrières etc, je comprends aussi le désespoir de tous ces chefs et de leurs équipes qui se sont décarcassés pendant des mois pour s’adapter, et puis boum une chape de plomb leur tombe sur la tête sans même qu’une date de sortie du tunnel puisse être entrevue. 

Bien sûr, les coréens sont géniaux, les taïwanais avisés, les chinois nombreux, les allemands formidables, mais notre art de vivre ce sont ces restaurants, ces cafés, ces terrasses, ces commerces de bouche, le commerçant du coin de la rue, une certaine convivialité, la bise, les bises, 3, 4, le serrage de mains… 

Sans cela, que nos rues sont tristes, que la France est moche. mais comme écrivait Paul Ricoeur :

« La tentation la plus grande c’est la tristesse.

La complaisance à la tristesse, c’est le mal moral.

Je suis gai quoique triste et triste quoique gai, et vivant jusqu’à la mort. »

 

Quand je serai grand, moi aussi je veux être le maître du « magic wall » comme John King sur CNN.

John King et son mur magique

 

On connaissait le supplice chinois, l’eau qui tombe goutte à goutte finit par vous rendre fou. Aujourd’hui il y a le supplice américain, avec le goutte à goutte des résultats des élections. Pour ceux qui s’y sont laissés prendre ces dernières 3 nuits, cela risque d ‘être mortel. 

C’est en tout cas épuisant, notamment si l’on suit CNN et John King et son « magic wall », son mur magique. 

L’Amérique entière le surnomme the election’s MVP, le maître des cartes électorales. Et il fascine des dizaines de millions d’internautes qui s’endorment avec lui et qui le retrouvent au réveil, toujours aussi frais, toujours aussi savant électoralement, zoomant sur un comté du fin fond du Nevada, pour dézoomer sur la Géorgie. Et tout le monde s’interroge, mais quand dort-il ? quand mange-t-il ? N’a-t-il jamais besoin de satisfaire des besoins naturels ? CNN a fait savoir qu’il avait effectivement dormi 6 heures et demi en 3 jours. On se croirait dans le film « On achève bien les chevaux ». Et le plus fascinant, c’est qu’il est toujours impeccable, pas de valises sous les yeux, un brushing qui résisterait à un cyclone force 10. C’est d’ailleurs le cas pour l’ensemble des présentateurs et présentatrices des chaînes américaines. Toutes et tous sur le même moule, qu’ils soient blancs, noirs, jaunes, à croire que les américains ont subi une mutation génétique depuis que leurs ancêtres ont colonisé ou ont été déportés en Amérique ; les hommes ont tous les mêmes nœuds de cravates improbables, les femmes des coupes de cheveux qui doivent être laquées au béton. Il y a une évolution d’ailleurs, il y a 20 ans, elles avaient des coupes au carré, aujourd’hui cheveux longs lisses, pas une mèche qui bouge, qu’elles soient en extérieur devant la Maison-Blanche ou en studio depuis huit heures. Elles doivent porter des perruques ou des extensions. 

La messe électorale américaine étant pratiquement dite, je vais pouvoir décrocher et dormir. Une leçon quand même : décidément en matière de show, les américains restent très forts, en matière de démocratie et de système politique, j’en suis moins sûr. 

Allez good night, Mr John King, éteignez votre “magic wall”.

 

Élections aux Etats-Unis : Chronique d’une défaite annoncée.

Un scénario à la Clinton ?

Moi je sais déjà qui sera la prochain Président des Etats-Unis. 

Si, si, c’est sûr et certain, comme il y a 4 ans déjà, j’avais annoncé (et écrit sur ce blog) une autre “chronique d’une défaite annoncée”, prévoyant contre l’avis quasi unanime des experts de la politique américaine qu’Hillary Clinton serait battue. 

J’avoue, je n’avais pas tout prévu. C’était avant les primaires et dans le camp républicain, je voyais d’autres candidats que Donald Trump, d’autres dont j’ai d’ailleurs presque totalement oublié les noms. 

Je n’avais pas non plus prévu qu’Hillary Clinton obtiendrait 3 millions de voix de plus que Donald Trump, tout en perdant la Présidence. 

Mais j’avais annoncé sa défaite.

Je suis donc un peu comme Paul le Poulpe, qui dans son aquarium annonçait les victoires des équipes pendant le mondial de foot.

Je suis donc totalement légitime pour vous annoncer le résultat des élections américaines, plus en tout cas que ces soit-disant experts, qui parce qu’ils ont croisé Trump dans la cafétéria de son hôtel, en ont écrit des articles, des livres et se sont auto-proclamés Trumpologues.

Le vainqueur est donc … non, je ne vais quand même pas spoiler le feuilleton politique le plus distrayant depuis Westwing ou House of Cards, le plus important aussi parce qu’il s’agit de la vraie vie, de la vraie Présidence, de notre avenir à nous tous qui sommes toujours si dépendants de ce que décident ou pas les Etats-Unis.

Et pour bien prouver que je prédis l’avenir, j’ai donc écrit le nom du perdant sur un morceau de papier que j’ai plié en quatre, puis en huit, mis dans une première enveloppe cachetée, puis dans une seconde, puis confié à un huissier qui ne l’ouvrira qu’au lendemain du 3 novembre. 

J’ai donc écrit le nom de Trump. Zut, ça m’a échappé. 

Bon, tant pis, c’est dit, c’est fait, Trump sera battu, et les républicains vont prendre une veste histrorique et j’attends avec gourmandise les rétropédalages de tous ces thuriféraires qui depuis 4 ans, nous expliquent que nous n’y comprenons rien, que Trump c’est la vraie Amérique, c’est l’anti-bobo, l’anti-establishment. 

Plus que 48 heures à attendre. 

Confinement : Vous avez aimé la saison 1 ? Vous allez détester la saison 2.

 

Et c’est reparti. Nul n’est besoin d’attendre 20 h ce soir pour savoir à quelle sauce nous allons être mangés. Oups, cette image culinaire est franchement inappropriée parce que si il y en a qui vont déguster ce sont bien les chefs, cuisiniers, restaurateurs, bistrotiers, et autres hôteliers, qui une nouvelle fois en moins de six mois vont devoir « s’adapter ». 

« S’adapter », que les choses avec pudeur sont ainsi dites alors que cela signifie réduire encore les horaires comme peau de chagrin, miser encore plus sur le chômage partiel, sur le click and collect, baisser encore plus les jauges d’accueil, jusqu’à zéro ? Avec comme horizon, in fine pour beaucoup…mettre la clef sous la porte… 

Les restaurants, cafés, salles de spectacles, cinémas, musées, hôtels, l’événementiel, le tourisme, autant de secteurs qui sont, qui étaient des ressorts de notre activité économique. 

L’autre jour un chroniqueur en vogue parce que provocateur sur une chaîne tout info, – vous savez c’est celui qui est toujours aigri et qui veut faire revenir notre pays deux siècles en arrière, à l’époque de Chateaubriant- et bien, cet Eric Z trouvait que à quelque chose malheur est bon, et que nous avions trop misé sur le tourisme et les services. Non seulement c’est très con, comme « analyse », parce que ce n’est pas parce que nous sommes un des plus beaux pays du monde, avec une culture et une gastronomie exceptionnelles, qu’il ne faudrait pas valoriser ce capital. Mais en plus c’est très salaud pour les centaines de milliers d’entrepreneurs, de salariés qui en vivent. 

Et on a envie de dire à tous ces donneurs de leçon : mais qui te paie ?  Au bout de tout cela qui va payer les chroniqueurs à la télé, mais aussi les infirmières, les médecins, les fonctionnaires ? L’argent magique ? Allons donc. 

Au bout du compte, comme à la fin de tout repas qu’il soit bon ou dégueulasse, il va bien falloir payer l’addition. Et la note va être salée, mais tellement salée que cela risque de nous couper l’appétit. Et malheureusement il ne sera guère possible de dire : « On partage ? »

Covid19 : Que peut annoncer Emmanuel Macron coincé entre Cassandre et Antigone ?

 

Il y a de la tragédie dans l’air et couvre-feu ou cessez-le feu, de toute façon, toute mesure gouvernementale sera jugée trop ou trop peu. 

D’un côté il y a les Cassandre qui nous annoncent la catastrophe : Nous allons tous mourir, repentez-vous avant qu’il ne soit trop tard. Vous avez beaucoup péché comme lorsqu’à Paris au bord du canal Saint-Martin où vous êtes allés faire la fête, bière à la main, eh ! bien aujourd’hui c’est fini, on va faire comme en Guyane , sic ! au dodo à 5 heures de l’après-midi.  Comme ça au moins, le virus va tellement se faire chier, qu’il va finir par se lasser et repartir de là où il vient. En Chine, puisque comme dirait Trump, la covid est chinoise. LOL !

De l’autre, il y a les Antigone. Ce sont des rebelles, avec peut-être, un petit accent du sud. Elles-ils- ne veulent pas se soumettre à la loi du roi, elles ont l’emportement de la jeunesse : « je veux tout et tout de suite » dit l’Antigone de la pièce de Jean Anouilh qui ajoute « Comprendre. Toujours comprendre. Moi, je ne veux pas comprendre. Je comprendrai quand je serai vieille. Si je deviens vieille. Pas maintenant. » 

« Antigone » et « La guerre de Troie n’aura pas lieu » deux pièces de théâtre à relire pendant le -non-confinement mais presque- qui nous attend. Les deux ont été écrites avec, en toile de fond, la seconde guerre mondiale, à venir, ou en cours. Seconde guerre mondiale qui soit dit en passant a été une vraie guerre avec des millions de morts, et de vrais couvre-feu

La Guerre de Troie a bien eu lieu comme l’on sait. En sommes-nous arrivés aujourd’hui à la Guerre du covid ? Les mots (maux) ont-ils encore un sens ?

Face à toutes ces certitudes que l’on nous assène, celles des professionnels de la santé ou des hommes politiques yaka fokon, ou de nos confrères journalistes qui semblent aspirés par la roue infernale du tout info où ce sont les trains qui n’arrivent pas à l’heure qui retiennent l’attention, je suis un peu comme la Cassandre de Giraudoux: « je suis comme un aveugle qui va à tâtons. Mais c’est au milieu de la vérité que je suis aveugle. Eux tous voient, et ils voient le mensonge. 

Moi, je tâte la vérité. »

 

Covid19 : Déjeuner en paix.

« Les nouvelles sont mauvaises d’où qu’elles viennent », alors on est tenté de fermer le robinet à news, refuser les alertes twitter, résister à la tentation des chaînes info. 

L’épidémie est là et bien là, et je ne fais partie de ceux qui à l’image d’un Trump, Bolsonaro ou Johnson veulent la nier en ironisant : « La Covid ne passera pas par moi ». Résultat, ce sont leurs peuples qui paient les pots cassés. Et cela se compte en nombre de morts et de malades. 

Mais il y a la réalité, celle des hôpitaux et là les chiffres ne mentent pas, le personnel soignant ne ment pas. Il faut donc respecter les gestes barrières, se laver les mains, port du masque etc…

Pour autant les chiffres sont aussi ce qu’on leur fait dire, et la manière dont on les présente. Et là, les media et les journalistes ont une responsabilité, peut-être La responsabilité. 

Prenez les statistiques quotidiennes de contamination, d’hospitalisation, de décès. Le portail de santé publique France donne ce matin les chiffres suivants : +16 000 contaminations, avant-hier c’était +25 000, et + 5000 nouvelles hospitalisations. Et donc on a peur. D’autant plus que les media renchérissent : « Explosion de cas », « Du jamais vu depuis Mars » etc… et les émissions spéciales entretiennent cette psychose : Comme l’autre soir, Pascal Praud sur Cnews :« Vers un nouveau confinement ? » La médecin invitée avait beau lui dire : « Mais c’est vous qui entretenez la peur !», on le sait bien : Les trains qui arrivent à l’heure n’intéressent pas. 

Or, il faudrait peut-être donner tous les chiffres : Pour l’instant le nombre de décès reste très faible : 46 en 24 heures, alors qu’il y a 2000 décès par jour en France. Rien à voir, avec les dernières grandes épidémies, même la fameuse grippe de Hong Kong dont on dit qu’elle nous a frappés en 1968-1969.

La différence vient peut-être du fait qu’aujourd’hui, un seul décès est un mort de trop. Ce qui était acceptable il y a 40 ans ne l’est plus aujourd’hui. Qui s’en plaindrait ? 

Et puis il y a 40 ans, les nouvelles n’arrivaient qu’étouffées, avec retard, avec distance. Une catastrophe en Chine ? On ne l’apprenait que plusieurs semaines après. Aujourd’hui c’est en direct live sur nos smartphones. Sans filtre. 

Or c’est le rôle des journalistes, des media de remettre en perspective, d’expliquer, de décrypter, et non pas d’être de simples tuyaux à dégorger les infos.

Il n’y a pas que le virus qui circule et nous rend malades. Nous devrions aussi adopter des gestes barrières en matière d’information. Cela c’est le travail des journalistes. Et je dis bien : travail !

« Les nouvelles sont mauvaises d’où qu’elles viennent 
J’attends qu’elle se réveille et qu’elle se lève enfin 
Elle m’a dit qu’elle voulait si je le permettais 
Déjeuner en paix, déjeuner en paix » 
C’est ce que chantait Stéphan Eicher, c’était en 1991, comme quoi il y a 40 ans déjà…

On réécoute ou on découvre : https://youtu.be/S7cP8jGMtAE


 

 

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