A voté, mais sans joie : L’heure n’est pas vraiment à la fête, même si la démocratie et ses manifestations devraient toujoursêtre une fête. Etat d’urgence, avec – on le constate de plus en plus – de bien curieux dérapages. Avons-nous vraiment besoin d’arrêter le premier barbu venu à l’heure du laitier ? Et devons-nous systématiquement suspecter son épicier Mohammed ou sa voisine Salima ? Drôle d’ambiance.
A voté, mais sans plaisir : Pourquoi vote-t-on ? Pour des régions qui sont n’importe quoi , comme si regrouper pomme, poire et scoubidou , allait faire des régions puissantes, bases de notre renaissance économique. Personne n’y croit ; Mettre ensemble Villeneuve-les-Avignons avec Toulouse, l’Alsace avec Reims, qu’est-ce qui leur a pris ? L’exemple même de décisions technocratiques qui nous insupportent de plus en plus. .
A voté, mais avec dans la bouche un sale goût. Drôle de débat politique, en effet, indigent, avec des têtes d’affiche qui ne nous font pas bander ; Franchement, nous avons l’impression d’avoir à choisir entre la peste et le choléra. Et en plus, quand on pense que la question est de savoir si les Le Pen fille et nièce obtiendront 30 , 40 % des voix…Le Général (De Gaulle, of course !) doit se retourner dans sa tombe : Les français sont des veaux… aurait-il dit. Espérons que ce n’était pas prémonitoire, juste un moment d’exaspération.
A voté, parce que malgré tout, la démocratie s’use si l’on ne s’en sert pas. Et puis, c’est quand même l’un des principaux biens que nous ont légué celles et ceux qui nous ont précédé et qui se sont battus pour avoir ce droit là, même s’il n’est pas parfait : Choisir nos dirigeants. Et les renvoyer chez eux, s’ils ne font pas l’affaire au bout de cinq ans. Cela reste un luxe à l’échelle mondiale.
A voté, parce que c’est quand même bien le minimum que nous devons aux victimes des attentats. Parce que les terroristes n’auront ainsi pas le dernier mot.
A voté, parce qu’il ne faut pas, surtout pas, que Dimanche prochain, et encore plus en 2017, nous soyons la risée du monde, la honte de l’Europe, une France recroquevillée sur elle-même. Ce n’est pas en recontruisant d’hypothétiques Lignes Maginot que nous entrerons dans la modernité , dans le XXI ème siècle.
Si les événements n’étaient pas aussi dramatiques, avec des centaines de milliers de morts en Syrie, des millions de déplacés, de réfugiés, la guerre, les guerres, le terrorisme jusque dans nos bras, on pourrait en rire. On devrait même en rire. On devrait même éclater de rire jusqu’à en avoir honte des revirements et contradictions de la politique de nos dirigeants, de notre pays.
Toute honte bue, nous avons repris le chemin du Kremlin. Et en quelques jours, Vladimir Poutine est devenu un indispensable allié. Depuis longtemps, les allemands (toujours ajouter : nos amis allemands) ont donné un nom à ce genre de revirement : La Real Politik, très en vogue au temps de Bismarck. L’on savait que pour être diplomate, il fallait avoir l’échine souple, mais à ce point-là ! Nos dirigeants vont pouvoir bientôt se produire au cirque Gruss et renouveler le numéro de la femme serpent! Que Poutine ait une conception quelque peu stalinienne de la démocratie, cela n’est pas nouveau. Nous le savions déjà depuis au moins… La Tchétchénie et « l’ordre règne à Grozny ». Alors, franchement était-ce bien utile de taper de nos petits poings sur la table, de décréter un embargo contre la Russie, ce qui pénalise d’abord nos producteurs de fruits, légumes, viandes, de priver la marine russe de nos beaux bateaux de guerre, ce qui nous a coûté une petite fortune ? Et tout ça pour les vendre à qui ? A l’Egypte, unallié aussi fiable et stable et démocrate que disons… nos autres clients et alliés, le Qatar et l’Arabie Saoudite.
Toute honte bue, nous voilà également de nouveau sur le chemin de Damas. Que Assad ait une conception « poutinienne » de la démocratie, voilà qui n’est pas nouveau. Alors, était-ce bien la peine de promettre aide, armes et bombardements à une opposition syrienne aussi unie que les différentes milices qui se partagent la Libye ? Etait-ce prudent de jurer la main sur le cœur, « jamais avec Assad », pour maintenant laisser tomber cette petite phrase: « Jamais sans la participation de l’armée syrienne. »
Toute honte bue, 30 %? 40 % ? des électeurs s’apprêtent à voter Front National. Vous vous rendez compte : Le Front national… les héritiers des terroristes de l’OAS, du putsch d’Alger, des quarterons de généraux en retraite, les filles des anti-gaullistes jusqu’à la haine, les petites-filles des blagues anti-sémites, des détails de l’Histoire, de ceux qui préfèraient l’Etat français et Travail-Famille-Patrie, à la République et Liberté-Egalité-Fraternité. C’est bien la peine d’entonner en chœur la Marseillaise pour une semaine plus tard fouler du pied les valeurs de ceux qui ont écrit notre hymne national.
Si Dimanche prochain, les urnes confirmaient ces sondages, ce serait une deuxième victoire pour les terroristes, pour les ennemis de nos libertés, des valeurs de la France éternelle. Toute honte bue.
Depuis Vendredi soir, nous sommes tous sous le choc, et nous y allons tous de notre commentaire, de notre analyse, de notre philosophie que nous voulons exprimer et partager et les réseaux sociaux en sont pleins. C’est parfois un peu naïf, parfois excessif, mais cela répond sans doute au besoin de partager nos émotions avec d’autres, avec d’autres compatriotes. Sans aucune consigne officielle la Marseillaise ou le drapeau français sont devenus des points de ralliement, des éléments de reconnaissance. Et c’est terrible qu’il ait fallu tant de morts, tant de sang pour que nous retrouvions cela. Il y a encore quelques mois, chanter l’hymne national était ringard, presque honteux, c’est aujourd’hui un moyen de nous reconnaître, unis, d’exprimer notre solidarité, notre attachement à nos valeurs, à notre pays. Et les messages que le monde entier nous envoie, nous renvoient l’image de ce que signifient Paris et la France dans l’Histoire du monde.
C’est impressionnant, même si cela ne réconforte en rien quand on réalise le nombre de vies fauchées comme ça, pour rien, par une douce soirée d’automne qui aurait dû être festive. Et il arrive un moment où nous sommes saturés par les infos en continu, par tous ces experts, analystes, psychologues, politiques qui viennent débiter le plus souvent des évidences sur un ton grave et en boucle. Cette manière de décortiquer les comment et pourquoi et ki et kès est indispensable bien sûr, mais à la longue, on a besoin de déconnecter, de revenir à la vie.
Parmi tous les reportages, les émissions et éditions spéciales, Libération se détache sans faire de sensationnel ou d’exclusif, mais en mettant un nom, un visage sur les victimes. « Qui sont les victimes », racontedes vies, des vies commes les notres, avec leurs hauts, leurs bas, leurs espoirs, leurs amitiés, leur boulot, leur chômage, nous aurions pu les connaître, ils auraient pu être nos amis, nos frères, nos enfants, nous connaissions peut-être certains d’entre eux, ou quelqu’un qui connaissait quelqu’un, et puis voilà, un mari qui ne retrouvera pas sa jeune femme enceinte, des enfants dont les parents ne rentreront pas, un chargé de production qui ne reprendra pas son poste, un avocat qui ne réouvrira plus ses dossiers, un chômeur qui ne s’actualisera plus sur le site de Pôle-emploi.
Ce matin le retour à la vie « normale » laisse un goût amer, une immense tristesse.
Ce qui est génial avec ce proverbe : « Pour dîner avec le diable, il faut une longue cuillère » c’est qu’il existe en toute les langues :
En allemand bien sûr. En anglais, of course. En espagnol, italien, en russe aussi, et là, cela devient intéressant. Car même si Poutine n’est pas le diable, ce n’est pas un ange, et pire que le diable, c’est un malin. Une preuve: On en est où de notre fameux boycott ? Les Mistral nous coûtent bonbon, même revendus à l’Egypte. Nos porcs bretons ne vous disent pas merci. Quant à l’Ukraine, pour ce que ça a servi pour débloquer la situation… Et tout ça pour finir par retrouver le chemin du Kremlin. Parce que ne nous leurrons pas : Il n’y aura pas que Sarkozy. Car peut-il y avoir une solution en Syrie, c’est-à-dire maintenant chez nous, sans les russes ?
Le proverbe « Pour manger avec le diable… » se dit aussi en arabe et là, cela devient franchement très intéressant. Quoique… Existe-t-il en farsi et en turc ? Sans vouloir manquer de respect à nos indéfectibles alliés l’Arabie Saoudite et le Qatar, pour pouvoir la gagner la guerre en Syrie et en Irak, il faudrait peut-être mieux utiliser les bonnes cuillères. Peut-on vraiment imaginer une solution sans ces 2 super puissances que sont la Turquie, même avec Erdogan, et l’Iran, même avec la dictature des Ayatollahs. Peut-être avons-nous eu tort il y a une dizaine d’années d’être obsédés par l’entrée de la Turquie en Europe. Peut-être aurait-il mieux valu à l’époque ancrer ce pays charnière dans notre espace et nos valeurs. Aujourd’hui, la Turquie se sent pousser des ailes, tentées par une aventure solitaire, une sorte de grande Turquie, regroupant sous son influence tous les pays de culture turque. Quant à l’Iran, la voilà qui revient à la table des négociateurs à Vienne, où, sans doute un succès de notre diplomatie, la France elle, a perdu sa place.
Il reste enfin le Diable, le dictateur syrien Assad. D’une manière ou d’une autre ne faudra-t-il pas manger la soupe avec lui, même pour négocier son départ ? Quelle honte y aurait-il à se dédire ? L’essentiel n’est-il pas que l’horreur et le chaos s’arrêtent enfin ? Et en 1941 n’avons-nous pas pactisé avec Staline qui en matière de dictateur sanguinaire avait mis la barre très haut ? Il n’y va pas seulement de la destruction systématique d’un des plus grands pays du Proche-Orient, d’un des berceaux de nos civilisations. Il y va aussi – surtout ?- de notre paix , ici en Europe, tant il est vrai que contrairement aux enchanteurs/euses qui nous font croire qu’en mettant une porte blindée et un double vitrage, nous pourrions éviter d’être concernés par ce qui se passe devant chez nous.
Les guerres qui meurtrissent l’Orient complexe nous concernent au premier chef. Et nous le voyons bien aujourd’hui sur nos plages et aux coins de nos rues. Cela vaut bien un dîner.
Supposez que ayiez quitté notre beau pays pendant 24 heures. Par exemple avec un vol Air France. Supposez que pour faire des économies sur votre facture de mobile, vous ayiez déconnecté les alertes, les infos, les téléchargements de données et que vous ne receviez donc plus vos doses horaires de news. Vous êtes pour le boulot dans un pays voisin, ami, sympa, qui a connu la crise mais qui commence à s’en sortir. Vous rencontrez des tas de gens qui eux aussi bossent pour tenter de faire tourner leurs petites entreprises. Après une journée bien remplie, un petit coup de stress à l’aéroport : « mon vol Air France va-t-il décoller ?« « Aurons-nous du retard ». « Il paraît que des salariés ont envahi le siège d’Air France à Roissy » Mais, niente, nada, nichts, nothing : Rien .
Vol parfait, et plein, toujours sur Air France ; steward/esses affairé(e)s ; pilotes efficaces, puisque malgré la purée de pois, l’atterrissage se fait en douceur (enfin, c’est effectivement le minimum) ; arrivée « on time » ; on fonçe dans les dédales de Charles-de-Gaulle ( l’aéroport), en se demandant toujours comment un étranger non francophone va pouvoir repérer le RER pour Paris. Mais, ça y est, c’est fait, vous êtes chez vous, vous allumez la télé, et là….
Là, vous tombez sur Oliver Besancenot ( ou Laurent du PCF) en train d’expliquer que, salauds de patrons, si vous cherchiez quelqu’un pour défendre ceux qui ont agressé le DRH d’Air France, eh ! bien, ce serait lui. Que la violence du patronat est encore plus grande. Qu’on nous ment sur la situation d’Air France où tout va très bien, que, vous savez quoi ? Air France utilise une partie de ses bénéfices pour rembourser ses dettes, donc pour enrichir les banques et le grand capital. Oui, c’est vrai, après tout, pourquoi payer ses dettes ? Il faudra que Besancenot aille voir les commissions de surendettement.
Et là évidemment on se pince.
Mais finalement rien de très nouveau, sous notre ciel triste d’automne. C’est toujours le même discours :
Une timide baisse des charges pour les entreprises ? Un cadeau pour les patrons.
Tenter de rester compétitif face à l’ensemble des pays, même pas ceux d’Asie du Sud Est, mais d’Europe, qui eux, après plusieurs années d’austérité, redémarrent? C’est sacrifier les salariés. D’ailleurs il suffirait de prendre les primes des grands patrons pour augmenter les petits salaires. Oui, c’est vrai 10 millions d’euros divisés par 1 million, ça fait 10 euros, et en plus qu’une seule fois.
Réformer la sécu, réformer le code du travail ? C’est brader les acquis sociaux.
C’est la même petite musique que celle du fameux discours du Bourget : Mon ennemi, c’est la finance.
Finalement, nous ne récoltons aujourd’hui, avec ces images franchement indéfendables – désolé Olivier- que ce que nous avons semé, ce que vous avez semé !
Tiens au fait, pour les obsédés des grandes invasions: Sont-ce des réfugiés, des migrants, des islamistes, qui le couteau entre les dents ont lynché les dirigeants d’Air France ?
Isabelle de Castille épouse Ferdinand, roi d’Aragon, comte de Barcelone
C’était fin 1992, à Bratislava.
Vaclav Havel, le Président de ce qui était encore la Tchéco-slovaquie effectuait sa dernière et ultime visite pour tenter d’empêcher la scission du pays.
Fin 1989, la « Révolution de velours »avait mis fin à 40 ans de dictature communiste, et l’avenir semblait radieux pour le pays qui se transforma en « République fédérale tchèque et slovaque ».
Mais, deux ans plus tard, le parti d’un ancien responsable communiste Vladimir Meciar arrive en tête des élections régionales. Certes il n’a pas la majorité des voix,mais avec 35 % des suffrages, il peut gouverner. Il décide de demander et de proclamer l’indépendance. Sans référendum, qu’il aurait sans doute perdu.
De la part de Meciar, il y a sans doute plus de calculs politiques personnels qu’une vraie revendication nationaliste: Il n’apprécie guère le changement venu de Prague, et puis ne vaut-il pas mieux être le premier à Bratislava que le second à Prague. On sait cela depuis les romains !
Vaclav Havel eut beau rappeler que ce qui séparait slovaques et tchèques était moins important que ce qui les rapprochait. Au conseil des ministres du gouvernement fédéralà Prague, chacun parlait sa langue et tout le monde se comprenait. Et il ne servit à rien de rappeler que le général Stefanik, co-fondateur de la Tchécoslovaquie était slovaque. Comme Dubcek, le héros du bref Printemps de Prague, en 1968.
Vladimir Meciar joua la carte de la dignité nationale slovaque outragée, de l’insupportable tutelle tchèque et de l’arrogance de Prague.
Ce soir-là, dans sa voiture qui le ramenait au château qui était encore la résidence officielle du Président fédéral à Bratislava, Vaclav Havel était fatigué. Son cortège venait une nouvelle fois d’être arrêté par des manifestants agressifs et violents, il avait une nouvelle fois tenté de discuter, de dialoguer, mais en vain. Remontant dans sa voiture, alors que le soir tombait, il nous dit d’une voix lasse ; « Voilà, nous allons nous séparer. C’est idiot, nous avons tellement de choses en commun. Mais que faire ? Nous n’allons pas nous battre. Le divorce se fera à l’amiable mais avec tristesse. Vous feriez mieux de vous inquiéter de ce qui va se passer en Yougoslavie. Là l’explosion risque d’être violente »
Quelques mois plus tard, le 1er janvier 1993, la Slovaquie devenait indépendante. Et pour la Yougoslavie, on sait à quel point Vaclav Havel avait vu juste.
Et aujourd’hui ? Eh ! bien contre toute prévision, la petite Slovaquie, moins riche, moins « attractive » a priori que la riche « Tchéquie » et sa belle capitale, Prague, est un modèle de réussite avec une économie florissante. Al’opposé, la Tchéquie semble stagner.
Finalement le pire ne s’est pas produit pour la Slovaquie.
Il y a beaucoup de similitudes, même si comparaison n’est pas raison, avec la situation actuelle en Catalogne. Avec notamment un courant indépendantiste qui mélange de réelles revendications culturelles avec beaucoup d’opportunisme et de calculs politiques, ainsi qu’une dose de populisme et d’égoïsme, voire même de xénophobie.
La Catalogne a déjà obtenu une très large autonomie. Depuis 30 ans pour donner une majorité aux Cortes de Madrid, il faut souvent l’appui des députés de la Catalogne et/ou du Pays Basque, qui donc à chaque fois, ont monnayé leur appui contre plus de pouvoirs autonomes.
Sur le plan linguistique par exemple, le gouvernement catalan mène ce qu’il appelle la politique « d’immersion linguistique » qui impose le catalan comme seule langue d’enseignement, cela même si vos parents ne sont pas catalans, ce qui est le cas d’un quart des habitants de Catalogne. Pour les nationalistes, il s’agit de « corriger positivement une situation historique d’inégalité face au castillan ». Un résultat qui conduit à des situations parfois absurdes où des enfants de familles originaires du reste de l’Espagne n’ont pas le droit à des cours de remise à niveau en « Castillan », ce que nous appelons nous, « l’espagnol ».
En fait se manifeste aussi parmi ces votes indépendantistes catalans ce même égoïsme que l’on retrouvechez certains italiens du nord, ou certains flamands : « Nous sommes la province la plus riche, nous ne voulons pas payer pour les autres ».
En oubliant un peu vite , que les industriels catalans, ceux qui ont leur loges de « socios » au Barça, et qui vont fumer le cigare dans des clubs aussi sélects qu’à Londres, ont été bien contents pendant des décennies d’exploiter une main d’œuvre bon marché venue d’Andalousie ou d’Estrémadure. Comment calculer ce que la richesse de la Catalogne doit au reste des espagnols ?
Et puis comment démêler la Catalogne du reste de l’Espagne, alors que l’Espagne moderne est justement née d’une reconquête venue des provinces du nord, Pays Basque, Asturies, Navarre, Aragon, et Catalogne. Ce sont les comtes de Barcelone qui sont devenus Rois d’Aragon, il y a près de 1000 ans. Et c’est bien l’alliance entre ce Royaume d’Aragon, comprenant le comté de Barcelone, avec le royaume de Castille qui a fondé l’Espagne moderne il y a 500 ans. Le symbole de cette Espagne moderne en étant ces fameux « Rois catholiques »: Isabelle de Castille et Ferdinand d’Aragon.
Comment démêler les fils d’une culture catalane qui s’exprime aussi en castillan ? Jeter aux orties ce bilinguisme de fait, avec ces journaux comme la Vanguardia, le grand quotidiende Barcelone ? Avec ces intellectuels, ces écrivains.
Faudra-t-il que Manuel Vazquez Montalban réécrive ses romansen catalan pour donner plus de catalanité à son héros Pepe Carvalho * ? Ils sont encore nombreux, même s’ils ne sont pas les plus bruyants, à apprécier leur double culture, à apprécier le fait de partager une langue mondiale, le castillan – espagnol, et d’exprimer la crainte qu’à l’avenir la Catalogne ne s’enferme dans une« cultureta », une petite culture refermée sur elle-même.
Mais comme en Slovaquie, peut-être que le divorce catalan ne se fera pas, ou s’il se fait, qu’il ne sera pas une catastrophe. Mais ce sera quand même triste pour tous ceux qui aiment l’Espagne, avec sesdiversités, ses variantes, ses contradictions.
Et ce n’est certainement pas un bon signal pour l’Europe, dont l’un des principes avaient été justement de surmonter les petits égoïsmes nationaux pour le bien commun. La solidarité, n’est-ce pas cela qui cimente notre « vivre ensemble « ?
Nous vivons une e-poque formidable.
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*Pepe Carvalho est un personnage de fiction créé par l’écrivain Manuel Vázquez Montalbán. Ancien policier, après une vie politique assez tourmentée, il devient détective privé à Barcelone. Et ses enquêtes sont ponctuées par des pauses gastronomiques, où il se mijote des recettes catalanes avec ses copains des quartiers populaires de Barcelone. Plus catalan que lui, tu meurs, et pourtant, c’est écrit et décrit en langue castillane.
« La France reconnait les Etats pas les régimes » C’est ce que répondait déjà le Général De Gaulle quand on l’interrogeait sur les liens de la France avec des pays aux régimes peu démocratiques, comme par exemple en rétablissant des relations diplomatiques avec la Chine de Mao, dont on ne peut pas dire qu’elle ait été un modèle de respect des Droits de l’Homme. D’ailleurs, aujourd’hui encore, si les milliardaires ont remplacé les camarades, et que le Président Xi Jinping a troqué le col Mao contre le costume cravate (Jacques Séguéla devrait en prendre de la graine, lui qui en est resté au style chinois années 68), la Chine continue à battre les records, pas seulement de croissance économique mais aussi du nombre d’exécutions par an. Mais il y a du progrès : On est passé de 10 000 exécutons, souvent en public, il y a 10 ans, à peut-être 2400 l’an dernier, et maintenant les fusillés le sont en petit comité: Hourrah ! c’est sans nul doute le résultat de nos protestations.
C’est comme lorsque Barack Obama. Le Président américain,, Prix Nobel de la Paix rappelons-le. reçoit actuellement Xi Jinping, le Préident chinois et il avait l’intention, paraît-il, de lui remonter les bretelles au sujet des Droits de homme et du Tibet. Sauf que l’autre a commencé son voyage par Seattle et Boeing, auquel il annoncé une commande de 300 avions, puis par une rencontre avec les géants du web dans la Silicone Valley… Les Droits de l’Homme et le Dalaï Lama attendront…
Comme d’ailleurs attendra l’abolition de la peine de mort aux Etats-Unis – 35 exécutions l’an dernier -, alors qu’en Russie, la peine de mort est de facto abolie. La Russie vous savez le Pays de l’horrible Poutine, contre lequel nous menons un embargo rudement efficace ( !) : La preuve , on l’a privé de nos Mistral, que nous vendons à notre alliée, l’Egypte, qui comme tout le monde sait, est un pays tellement terriblement démocratique, avec plusieurs dizaines d’opposants fusillés ou plusieurs centaines, on ne sait plus, quand on aime , on ne compte plus.
On ne compte pas non plus avec l’Arabie Saoudite. Dans le royaume des Mille et une nuits – 1000 et une nuit sauf pour les femmes qui elles, n’ont ni le droit de conduire, ni de sortir sans la présence de leur mari ou père ou frère- on coupe les mains et les têtes à tour de bras. Non! Daesh n’a donc rien inventé !
Mais soyons cyniques et honnêtes, que pourraient nos protestations ? Croyez-vous qu’avec nos petits poings rageurs, qui tambourineraient contre les grilles des Palais des maîtres de Ryad, nous pourrions les faire changer, pas seulement d’avis, mais de culture, de convictions profondes ? Croyez-vous que si la France leur disait : Si tu tortures, décapites, crucifies, ce pauvre garçon, Ali, dont le seul crime est d’avoir cru à la liberté d’expression, je n’achète plus ton pétrole et je ne te vends plus mes Rafales ? Comment dit-on LOL, en arabe ? Oui, bien sûr, il y a l’exemple de la Suède, ou sans doute de l’Islande, qui jouent à être vertueux. Mais pour eux, les enjeux financiers, économiques ne sont pas les mêmes. Ce qu’il faudrait – I have a dream , disait le grand Martin Luther King – c’est que toute l’Europe, les Britanniques compris, avancent unis, et même que tous les pays démocratiques, avancent unis, et là le regard va jusqu’à Washington; Les Etats-Unis dont le meilleur allié dans la région est depuis la nuit des temps pétroliers… l’Arabie saoudite. Un allié super. C’est lui qui a financé les talibans, qui, au début, paraissaient intéressants car anti-communistes. C’est l’Arabie saoudite qui a financé tous ces mouvements qui ont abouti à Al Qaida puis Daesh, et qui avaient l’immense avantage pour les saoudiens de bouffer du chiite, encore plus que du chrétien !
Il n’en reste pas moins qu’il faudra bien un jour se trouver d’autres alliés plus fiables au Proche-Orient. Pas sûr en effet que les clans qui dirigent aujourd’hui l’Arabie Saoudite ne soient un jour balayés par … par on ne sait pas trop quoi ou qui, et ça pourrait être pire…
Et puis, rappelons quand même, qu’on a beaucoup torturé au nom de Dieu et des religions sur notre continent. Srebrenica, c’était quand ? A peine 20 ans ?
Après le scandale Volkswagen, les déboires de Haribo
« C’est normal, c’est une allemande » prononcée avec le sourire désarmant quoique blond de l’icône de la mode, Claudia Chiffon, cette phrase symbolisait ce que nous pensions, ce que le monde entier pensait des produits allemands « Deutsche Qualität », pas besoin de traduire , n’est-ce pas ? Et puis, patatras (blogodo, c’est patatras en créole), le scandale Volkswagen.
Ainsi donc nos « amis » allemands, qui pensent tellement à l’avenir de la planète qu’ils en arrêtent leurs centrales nucléaires, fabriquent des voitures, qui polluent encore plus que leurs centrales au charbon. Eux qui nous donnaient des leçons de vertus écologiques, avec le tri sélectif mis en place depuis au moins 30 ans, et qui rend le vidage d’une poubelle plus compliquée qu’une équation du 3 ème degré, avec leurs champs d’éoliennes, qui rendent les côtes de la mer du Nord plus dangereuses pour les oiseaux migrateurs que les pistes de l’aéroport de Francfort, avec leur côté nature-bio-pull fait main-commerce équitable- refus de l’épilation ( ce qui, sous les bas et collants, rend les jambes des femmes particulièrement sexy !), ils allaient parader pour la COB 21, le grand raout organisé début décembre à Paris pour sauver le PS – pardon, la banquise – de la débâcle, la planète du réchauffement climatique. Après ce scandale, il faudra au moins qu’Angela Merkel arrive au sommet en vélib, tout de vert vêtue, avec vêtements en fibres naturelles et équitables.
En plus, les allemands nous auraient installé sur leurs voitures des logiciels espions. Non mais, on se croit revenu au temps d’Enigma, les logiciels de cryptage de la seconde guerre mondiale.
Jamais personne n’a fait ça. La NSA aux Etats-Unis n’a pas de grandes oreilles. Google, Facebook et autre Apple ne savent rien de nos vies privées. Quant à nos entreprises, c’est bien connu, elles ont toutes signé une charte de transparence et de moralité, dont on voit quotidiennement l’application avec les contrats signés au Proche-Orient ou en Afrique : Et un Rafale, un !
Et le pire c’est que Volkswagen s’est pris pour Pinocchio, mentant effrontément, plus encore qu’un Berlusconi, niant les soirées « bunga bunga ». Après cela, nous ne savons plus à qui faire confiance. Ce monde n’a plus de repères, plus de valeurs.
Notez quand même que le PDG de Volkswagen a mis quoi ? 24 heures ? 48 heures ? pour démissionner. On ne souvient pas que le grand chef de BNP-Paribas ait démissionné l’an dernier après l’amende record infligée à sa Banque aux Etats-Unis, pour avoir violé pendant 10 ans la loi sur les embargos. Seul un directeur délégué avait servi de fusible.
Et dans la faillite du Crédit Lyonnais en 1992, les dirigeants de l’époque ont-ils démissionné ?En une semaine ? deux ? trois? Nenni. Il a même fallu attendre dix ans pour qu’ils aient des comptes à rendre et soient condamnés à verser … 1 € de dommages et intérêts.
Il n’en reste pas moins que ça va quand même mal pour les entreprises allemandes : Une nouvelle encore plus catastrophique va peser sur le moral des tous les allemands et surtout les petits : Haribo a perdu son procès contre le géant suisse du chocolat Lindt. Ce dernier a copié sans vergogne le fameux ours en gélatine multicolore, si agréable à mâchouiller sauf quand on a un dentier, et tellement profitable pour les dentistes, parce que ses sucres et acides sont une aubaine pour les caries.
Avec ce verdict, et avec Volkswagen, et avec le ralentissement de l’économie chinoise, et avec les plus de 800 000 réfugiés, pour les héritiers de Bismarck, ça risque d’être la fin des haricots. Parce que Haribo a formé l’imaginaire de tous les allemands d’aujourd’hui , avec sa publicité sous forme comptine, que tous les petits allemands, ont chanté : « Haribo macht Kinder froh und Erwachsene ebenso ! ». « Haribo rend heureux les petits comme les grands ! » Tous les allemands peuvent vous la chanter sans hésiter.
Sauf peut-être ceux de l’Est : Ils étaient communistes et ont donc été privés pendant 40 ans des bienfaits de la société de consommation. Ce qui inclut Angela Merkel. Cette frustration possible et plausible dans la petite enfance de la Chancelière explique peut-être le reste. A creuser avant les prochains sommets européens !
Télé-réalité survie avec Obama en Alaska: Est-ce vraiment le bon timing ?
Hollande à l’Elysée en chef de guerre, Merkel en mama de tous les réfugiés etpendant ce temps-là que fait le Président des Etats-Unis ? Il est en Alaska à bouffer un saumon laissé par un ours dans une émission de télé-réalité. Il paraît que cela fait partie d’une nouvelle stratégie de communication d’Obama afin de sensibiliser les américains à l’environnement et aux changements climatiques dans la perspective de la tant attendue – en tout cas à Paris- COB 21, ce sommet qui se déroulera chez nous en décembre.
Soit ! Des mauvais esprits pourraient dire que cela fait un peu Vladimir Poutine pêchant torse nu le saumon dans les rivières en Sibérie, mais reconnaissons que Barack peut se le permettre, physiquement s’entend. On imagine mal notre Président – et ce n’est pas lui faire injure – participer à Koh-Lanta pour nous intéresser à la hausse du niveau de la mer ou à l’Ultra-trail du Mont-Blanc pour nous alerter sur la fonte des glaciers. Peut-être manquons-nous d’imagination…
Mais le timing d’Obama est-il bien choisi ? 3 jours d’expérience survie en Alaska avec « Running wild » au moment où des centaines de milliers de réfugiés se battent pour leur survie. On sent que les Etats-Unis sont vraiment très loins, plus que 10 000 kilomètres, presque sur une autre planète, de la Méditerranée et du Proche-Orient.
Et pourtant qui a semé la merde dans une région déjà passablement agitée ? L’Afghanistan ? On n’en parle même plus, maïs pas une journée sans attentat, attaques, massacres. L’Irak ? Ca existe encore l’Irak ? Quand on pense que c’était un des grands pays, une des grandes puissances du monde arabe, et depuis 4000 ans un des berceaux de la civilisation. Et la Syrie ? 4 ans de guerre, 4 millions de réfugiés.
Les cow-boys sont repartis vers le nouveau monde. Ils se lavent les mains du bordel laissé derrière eux. Et nous, nous sommes trop faibles pour faire quoique ce soit. Personne ne peut croire que ce sont nos deux rafales qui mettront un terme à ces guerres.
Il faudrait renouer avec la Russie, et c’est triste à dire, avec Poutine. Même si, tout le monde est d’accord, ce n’est pas un type bien, il détient certaines clefs à Damas.
Il faudrait de manière plus déterminée impliquer l’Iran, qui, même avec la dictature vieillissante des ayatollahs, est sur le long terme un pays plus fiable que l’Arabie saoudite. Vous vous rendez compte, l’Arabie saoudite, notre meilleur allié dans la région ! Un régime qui n’avait pas attendu Daesh pour décapiter et lapider à tour de bras !
Et puis il faudrait allez chercher Obama en Alaska pour que les américains s’impliquent pour réparer ce qu’ils ont en grande partie cassé. Peut-être aurons-nous plus de chance avec Hillary ?
En attendant, nous ne verrons plus jamais les colonnes de Palmyre, dynamitées semaine après semaine, et les protestations de l’Unesco n’y peuvent mais ; ni les souks de Damas, ni les jardins sur l’Oronte à Hamah. Il faudra nous contenter d’en rêver, par exemple en relisant: « Un jardin sur l’Oronte », l’histoire d’amour entre un chevalier chrétien et une princesse sarrazine dans un Orient rêvé par Maurice Barrès. La réédition de son roman d’une grande poésie, publié en 1922, a été préfacée par… Laurent Wauquiez…Mais il n’y a sans doute aucun rapport. Même si cegrand écrivain- Barrès- était d’un nationalisme qui aujourd’hui flirterait avec le FN. Mais c’était sans doute dû à l’époque, on sortait de la boucherie de la guerre 14-18.
“À la fin d’une brûlante journée de juin 1914, j’étais assis au bord de l’Oronte dans un petit café de l’antique Hamah, en Syrie. Les roues ruisselantes qui tournent, jour et nuit, au fil du fleuve pour en élever l’eau bienfaisante, remplissaient le ciel de leur gémissement, et un jeune savant me lisait dans un manuscrit arabe une histoire d’amour et de religion… Ce sont de ces heures divines qui demeurent au fond de notre mémoire comme un trésor pour nous enchanter ». Ainsi commence « Un jardin sur l’Oronte ».
Et le roman s’achève ainsi : « Et bien, tâche que ce soit un beau conte à conter dans les jardins de l’Oronte“.
Aujourd’hui c’est l’histoire de la famille du petit Alyan Kurdi 3 ans, mort sur une plage de Bodrum qui est contée.
Mama Merkel: Contrairement à beaucoup de ses homologues européens, une dirigeante qui a des “couilles”!
800 000 personnes : C’est le nombre de « migrants » – appelons les plutôt réfugiés – que l’Allemagne est en train d’accueillir en quelques semaines. 800 000 personnes : C’est autant que le nombre de rapatriés d’Algérie que la France a –mal- accueilli à l’été 1962, au moment de l’indépendance de l’Algérie. A l’époque la France, « le pays le plus généreux du monde » selon Dupont-Aignan, n’avait rien préparé pour recevoir les pieds-noirs, pourtant des compatriotes dont le premier hiver passé dans un pays qu’ils ne connaissaient souvent pas, fût particulièrement difficile. Sans parler des harkis.
800 000 personnes; À comparer aux 20 000 ? 24 000 personnes généreusement concédées par François Hollande ! C’est honteux, mais le pire c’est que pour nous donner bonne conscience, dirigeants politiques comme chroniqueurs des chaines télés y vont de leurs petits commentaires perfides sur les « arrière-pensées cyniques de cette générosité allemande ».
Il y a d’abord l’idée fausse répétée à l’envie par un Jean-Luc Mélenchon mais reprise sans vérification par les journalistes : L’Allemagne est un pays à la démographie déclinante:
Faux : Depuis 2014, donc avant l’arrivée des réfugiés, la population allemande augmente plus vite que la population française. D’abord en raison bien sûr d’une immigration, venue de toute l’Europe, Espagne, Italie, Grèce et du monde entier, attirée par une économie dynamique et le quasi plein-emploi. Et en l’an 2000, l’Allemagne a même introduit le droit du sol, plus généreux qu’en France, une première dans son histoire.
Commencent aussi à se faire sentir les premières conséquences des mesures prises depuis une quinzaine d’années en faveur de la natalité. L’Allemagne prend le chemin inverse du nôtre. On verra bien dans quelques années les conséquences sur le taux de natalité en France, du tripatouillage des systèmes d’aide aux familles, rognées de lois de finances en loi de finances.
Deuxième cliché, deuxième idée fausse: Les allemands seraient tous comme un seul homme, la bouche en cœur, la fleur à la main, à accueillir les réfugiés. Oui, il y a une vraie mobilisation des médias, des églises, de la population, mais on ne change pas un pays, une culture en quelques jours. Le nombre d’allemands hostiles aux « étrangers » augmente rapidement. Sans parler de la fracture ouest-est, qui 25 ans après la chute du mur se révèle encore plus: Les attaques contre les foyers d’étrangers se multiplient, comme les manifestations du parti xénophobe Pegida. On verra si les réfugiés orientés vers des centres d’accueil installés à Leipzig ou Dresde en Saxe, vont être aussi bien accueillis. Il faut dire que l’ancienne Allemagne de l’Est est le parent pauvre de l’Allemagne. Certes les allemands – de l’Ouest- se sont collectivement serrés la ceinture pour financer la remise à niveau de l’ancienne Allemagne communiste, routes, fibres optiques, éoliennes, rénovation de toutes les villes et villages : Le changement est spectaculaire. Mais dans le même temps, près de deux millions de personnes ont émigré à l’Ouest pour y trouver du travail. Et en dehors de quelques grands centres, dans les petites villes d’Allemagne de l’Est, ne restent plus que les retraités et les chômeurs.
Ce qui fait la différence c’est l’engagement des dirigeants politiques allemands et notamment d’Angela Merkel : Contrairement aux élucubrations chez nous non seulement des dirigeants du FN mais également d’élus de droite et de gauche, obsédés par la peur de la peur des français des « grandes invasions », la chancelière prend des positions impopulaires, courageuses. Il lui aurait été plus facile de caresser son électorat dans le sens de la démagogie.
Mais peut-être, comme beaucoup d’allemands, comme beaucoup de familles allemandes, se souvient-elle des drames qui ont ponctué l’histoire récente de l’Allemagne.
La fuite des allemands de l’Est enfermés derrière le rideau de fer.
Mais aussi après 1945, l’expulsion de plus de 15 millions d’allemands de toute l’Europe de l’Est.
Et encore avant, l’errance désespérée de centaines de milliers d’allemands et d’autrichiens fuyant le nazisme parce que opposants politiques, juifs, artistes, homosexuels et qui trouvèrent trop souvent portes closes. Comme en France par exemple, où l’extrême-droite criait déjà à l’invasion de ce qu’elle appelait à l’époque la « vermine venue de l’Est ». La “France des droits de l’Homme” qui finit même par ouvrir des « camps de rétention » – comme ce que réclame aujourd’hui, Nicolas Sarkozy – en fait de « concentration » où furent emprisonnés réfugiés allemands, comme également espagnols.
Faire de la politique, c’est aussi apprendre des générations qui nous ont précédé, avoir de la mémoire, ne pas oublier les erreurs et les fautes du passé pour essayer de ne pas les reproduire à nouveau.
Nous devrions méditer le suicide du grand philosophe allemand Walter Benjamin, le 28 septembre 1940, à Port-Bou, près de la frontière espagnole dans ces conditions tragiques de réfugié traqué, tentant de fuir les nazis et le régime de Vichy. Il écrivit ces derniers mots, dans notre langue : « Dans une situation sans issue, je n’ai d’autre choix que d’en finir. C’est dans un petit village dans les Pyrénées où personne ne me connaît que ma vie va s’achever ».