BLOGODO

Le blog de Pierre M. Thivolet, journaliste

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Manuel Valls à Berlin en avion : Lachez-lui les sneakers !

Valls à Berlin avec Platini

Ainsi le Premier Ministre a utilisé un avion officiel pour faire Poitiers – Berlin, assister à la finale de la ligue des champions, avant de revenir à Paris, à temps pour assister à la finale de Tennis de Roland-Garros. Et l’on ne parle plus que de ça.

Vous parlez d’une affaire!
D’accord, cela fait un peu « bobo », « petit marquis » ou « gauche caviar », et certaines explications a posteriori prêtent à rire : « Berlin, c’était pour préparer l’Euro 2016 ! ». Et puis, à un moment où tout le monde se sert la ceinture, où beaucoup doivent faire le choix entre se payer des prothèses dentaires ou les vacances en famille, ce n’est pas très malin.
Mais franchement: Est-ce là-dessus que nous allons juger de la qualité ou non de l’action du gouvernement ? Est-ce que cela permet de dire que Manuel Valls ne travaille pas, alors qu’évidemment, il ne s’arrête jamais ? 
Le flot – le flow ? – des réactions a submergé toutes les autres infos, beaucoup plus déterminantes pour notre avenir : Les migrants sans toit, les élections en Turquie, Loi Maceron : suite, etc.…
Si certaines réactions ont été drôles – avec une mention très bien pour le tweet de @NKM : «  Heureusement que Manuel Valls n’est pas supporter des AllBlacks », ou également ces autres tweets : « La prochaine fois, organisez le congrès du PS à Roland-Garros, comme ça c’est sûr, tout le monde y sera »- beaucoup d’autres sont à la fois démago et racistes.
Il y a  les « Manuel Valls soutient le Barça, évidemment il est né à Barcelone », sous-entendu, un Premier Ministre né en France, n’y serait pas allé. Comme si Manuel Valls était un « mauvais » français. Dans ce cas-là que dire de Balladur né en Turquie ? 
Il y aussi les: « Il voyage aux frais de l’Etat. Avec NOTRE argent. » Oui, certes. Comme des millions de fonctionnaires. Et vous vous voudriez quoi ? Que le Premier Ministre se rende à Berlin en auto-stop ? Au début de la Présidence Hollande, le gouvernement a bien essayé de voyager « normal », d’aller en train à Tulle, mais in fine, avec toute le dispositif de sécurité indispensable., cela coûtait encore plus cher.
Et puis, reconnaissons que nous avons progressé en ce qui concerne la transparence et le contrôle des dépenses des élus et des serviteurs de l’Etat. Ce n’est pas encore parfait, mais quand même, souvenez-vous : François Mitterrand entretenant une seconde famille aux frais de l’Etat. Ou les maires d’Angoulême ou de Nice, obligés de s’enfuir en Uruguay pour fuir la Justice. C’était il y a quoi ? Vingt ans ? Depuis, les lois ont été renforcées et les juges sont passés par là. L’ancien maire de Lyon Michel Noir en sait quelque chose, lui qui avait été poursuivi par le juge Courroye pour avoir envoyé le chauffeur de la mairie acheter un CD pour l’anniversaire d’une de ses filles.
Bien sûr, nous pouvons et devons faire mieux. Faire comme en Allemagne.
Je me souviens d’un voyage il y a 25 ans, avec le chancelier Helmut Kohl. Nous n’étions que deux ou trois journalistes. D’abord en hélicoptère depuis la chancellerie, puis en avion militaire de la Luftwaffe, entre différentes villes allemandes, nous avions voyagé au plus près du chancelier, de meetings en bains de foule jusqu’à tard le soir. Dans le vol du retour, Helmut Kohl s’était accordé une pause et nous avions partagé des saucisses et de la bière, à la bonne franquette. Eh! bien toutes nos consommations avaient été scrupuleusement notées par son secrétaire, pour être ensuite remboursées ainsi que nos frais de déplacement, à l’armée allemande.
A la même époque, la Présidente du Bundestag, Rita Süssmuth avait failli démissionner parce que la presse avait révélé qu’invitée un soir avec son mari à un concert, elle avait envoyé sa voiture de fonction chercher son mari à son domicile pour qu’il ne soit pas en retard. Détournement de la voiture de fonction : Monsieur Süssmuth aurait dû prendre un  taxi.
N’en déplaise aux Mélenchon, Montebourg et autres Philippot, nous ferions bien dans ce domaine comme dans beaucoup d’autres, de prendre exemple sur les allemands.
Un bémol : Même avec cette culture et ces pratiques vertueuses, cela n’empêche nullement les scandales, dérapages, corruption, détournements d’argent public. Comme en 1999, la découverte de « caisses noires «  de la CDU, qui conduisit à la démission d’Helmut Kohl. Ou plus tard, les questions sur les liens liant le Chancelier socialiste Gerard Schroeder et le géant russe du gaz, Gazprom.
La vie démocratique n’est jamais un long fleuve tranquille.
Nous vivons une e-poque formidable.

Le vrai visage de Cuba: Fuir, dans le sens de prendre un radeau de fortune et se tirer…

William Navarrete: En fugue

Le mythe Cuba est tellement bien ancré qu’il est difficile de le contrebalancer même par des livres ou des reportages bien documentés. 
Pour beaucoup, finalement, Cuba est une dictature certes, mais … Et tout le scandale  la tromperie est dans ce “mais”…
Mais la Révolution a fait beaucoup de choses, l’éducation , la santé gratuites, etc… Mais les cubaines et les cubains si gentils, Cuba est si belle. Mais la Révolution a renversé une dictature épouvantable. Mais avant la Révolution , Cuba était tenue par la mafia et la prostitution. Le tout en sirotant un mojito dans l’ancien bar fréquenté par Hemingway… C’est sûr, la Révolution, c’était quand même plus sympa à Cuba qu’à Berlin-Est!
Castro a réussi à ré-écrire l’Histoire. Ainsi, l’on oublie que Cuba, avant la Révolution, n’était pas Haïti, ou le Salvador, ou l’Equateur. C’était le pays le plus développé d’Amérique Latine, avec des taux de scolarisation, d’éducation qui dépassaient ceux de certains pays du sud de l’Europe de l’époque, avec des classes moyennes et des élites intellectuelles nombreuses. On oublie de rappeler que Batista avant d’être un dictateur avait surtout été le premier “non blanc” à être élu Président . Aujourd’hui, combien de noirs au gouvernement cubain ? On oublie de rappeler que dans le premier gouvernement Batista participaient … les communistes. Ce qui explique d’ailleurs que le Parti Communiste cubain n’ait rallié Castro qu’à la toute fin de la Révolution. 
En cinquante ans, Cuba s’est vidée de ses élites et de ses classes moyennes, par vagues. Et ce ne furent pas seulement d’infects capitalistes, des “gusanos“, des “vers de terre” comme le prétend la terminologie révolutionnaire officielle. Cela a été des médecins, des infirmières, des techniciens, des ingénieurs, des commerçants, des journalistes, des artistes, et les plus grands. Comme l’icône de la musique cubaine, Celia Cruz, qui en quittant Cuba, s’était écriée: “Avec moi s’en va “el son”, la musique cubaine“.
Ce sont aussi des poètes, des écrivains. 
Comme par exemple, William Navarrete, écrivain, critique d’art, exilé en France depuis 1991… Son dernier roman “En Fugue” est un contrepoint doux amer aux images idylliques de Cuba selon les Castro:
Fuir, dans le sens de prendre un radeau de fortune et se tirer parce que de toute façon, ici, nous passions notre temps à tout fuir, surtout le pouvoir, ses ténébreux ministères, les lois absurdes, les interdictions, la surveillance. Même le voisin pour qu’il ne sache pas qu’on avait éternué. Et la chaleur, l’ennui, la pénurie, les souvenirs.
A lire sans modération.

William Navarrete, “En Fugue”vient de paraître chez Stock

Haïti, la face noire de Napoléon

En 2005, Bordeaux rappelait le souvenir de Toussaint Louverture
Article publié dans Le Monde en 2003:
Il y a deux cents ans, Napoléon Bonaparte volait de victoire en victoire. Il jetait les bases de la France moderne et allait connaître les gloires que l’on connaît avant la chute que l’on sait.

Il y a deux cents ans, en Haïti, à 7 000 kilomètres de Paris, Toussaint Louverture, un Noir, né esclave, cocher de son état, était traîtreusement arrêté par le général Leclerc, le propre beau-frère de Napoléon (il avait épousé la très belle Pauline Bonaparte) et envoyé au fort de Joux, dans le Haut-Jura, une des régions les plus froides de France, où il mourut deux ans plus tard.
Cinq ans auparavant, Toussaint Louverture avait pourtant été nommé par la République général en chef des armées françaises de Saint-Domingue (le nom colonial d’Haïti). A la tête de son peuple d’esclaves misérables, il avait réussi à défendre la souveraineté française sur cette île, à l’époque la plus riche colonie du monde, coupée de la métropole par le blocus de la flotte anglaise et attaquée par les armées espagnoles.
Les esclaves haïtiens et leur chef s’étaient identifiés à cette République française qui venait d’oser proclamer, la première, que tous les hommes étaient égaux, quelle que soit leur couleur, et qui, la première, venait d’abolir l’esclavage.
Alors quel fut donc le crime de Toussaint Louverture, le crime des esclaves haïtiens ? S’être opposés au rétablissement de l’esclavage décidé par Bonaparte, avoir cru en nos propres idéaux, ceux de liberté, d’égalité, de justice. Et c’est pour rétablir l’esclavage qu’il y a deux cents ans Napoléon avait envoyé en Haïti 20 000 soldats français et fait arrêter Toussaint Louverture.
Privés de leur chef, les esclaves haïtiens réussirent quand même à vaincre les troupes françaises ; le général Leclerc mourut de la fièvre jaune et, le 1er janvier 1804, Haïti devenait la première République noire.
Mais cet échec trop oublié de Napoléon Bonaparte en annonçait d’autres plus graves qui con- duisirent au naufrage de l’empire : les Français venaient ainsi de trahir les idéaux révolutionnaires. Ils perdaient leur crédibilité aux yeux des peuples opprimés, leurs armées n’étaient plus celles de libérateurs venus renverser les despotes, mais les instruments d’une volonté de puissance et de domination.
Et pourtant, nous Français, nous pourrions être fiers de cette Révolution haïtienne d’il y a deux siècles. Car cette révolution était comme l’écho nègre et américain de la nôtre. Devenue “première République noire”, Haïti était un aussi grand scandale pour l’ordre mondial de l’époque que la France révolutionnaire. Entourée de pays hostiles où l’esclavage des Noirs par les Blancs régnait encore en maître (aboli seulement en 1896 à Cuba, l’île voisine, par exemple), Haïti n’eut de cesse de gagner sa reconnaissance par le monde “civilisé”.
Simon Bolivar n’aurait sans doute pas réussi à libérer l’Amérique latine de la domination espagnole s’il n’avait trouvé refuge et aide militaire dans la toute jeune République haïtienne. Comme récompense, Haïti fut le seul Etat à ne pas être invité au premier Congrès des Etats indépendants d’Amérique organisé par Bolivar en 1826 à Panama. Haïti alla même jusqu’à acheter sa reconnaissance diplomatique par la France en acceptant le versement d’une indemnité colossale pendant un siècle, dont elle s’acquitta dignement jusqu’au dernier sou.
Aujourd’hui, ce pays exceptionnel parce qu’il a contribué au progrès de la conscience universelle, ce peuple courageux, qui n’a jamais pris personne en otage, posé aucune bombe, ni détourné aucun avion, qui n’a jamais menacé quiconque, Haïti crève la gueule ouverte et dans la plus grande indifférence.
Les mots sont impuissants à décrire tous les maux qui écrasent ces 8 (9 ? 10 ?) millions d’Haïtiens entassés sur un bout d’île grand comme à peine trois fois la Corse, peuplée elle de 260 000 habitants. Un des pays les plus pauvres du monde, soumis à l’arbitraire et à la violence, sans Etat, sans infrastructures, dominé par les mafias en tout genre. Qui s’en soucie ? Haïti n’a ni pétrole, ni richesses particulières, ni intérêt stratégique. Haïti est sans espoir.
Et pourtant ce n’est pas sans importance. C’est même très important de ne pas oublier ce que représente ce pays dans un monde qui se cherche de nouveaux idéaux, de nouveaux équilibres. C’est très important de prouver aux peuples non européens que les principes de liberté, d’égalité et de justice ne sont pas que des vains mots, qu’ils ne sont pas seulement des idées “occidentales” au seul usage des Occidentaux.
Deux siècles après le premier échec militaire, politique et moral de Bonaparte, il ne faut pas oublier Haïti. La France, si elle voulait être vraiment fidèle à elle-même, devrait se souvenir de ce pays de rien du tout qui lui est lié et envers lequel elle a au moins une immense dette morale.
Nous devrions redonner du sens à cette chanson haïtienne : “Ayiti sé manman libèté. Si l tombé la lévé” ( “Haïti est la mère de la liberté. Elle peut tomber, elle se relèvera !” ).

Publié dans LE MONDE | 26.12.2003


En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/international/article/2003/12/26/haiti-la-face-noire-de-napoleon_347161_3210.html


François Hollande : Cuba plutôt que Moscou ?

La victoire mais sans les russes ? 
Moscou vient de célébrer le 70 ème anniversaire  de la victoire sur le nazisme.
Les dirigeants occidentaux ont boudé ces cérémonies. Des absences qui sont choquantes. Et qui sont une erreur. Surtout de la part des dirigeants français.
Car on peut ne pas vouloir faire la fête avec Vladimir Poutine, lui manifester nos désaccords avec sa politique souvent brutale et autoritaire, mais comment peut-on oublier l’Histoire ?
Comment peut-on oublier que le tournant de la guerre contre les nazis, a été la bataille de Stalingrad ? Chez nous, nombre de places, de rues, jusqu’à des stations de métro portent ce nom, alors que la ville elle-même ne s’appelle plus ainsi !
Comment peut-on effacer les vingt millions de morts soviétiques auxquels nous devons notre libération ? Les alliés auraient-ils pu débarquer en Normandie sans le front de l’Est et l’engagement d’une bonne partie des forces allemandes sur le front de l’Est ?
On peut émettre toutes les réserves, jusqu’aux représailles épouvantables commises dans les territoires libérés par l’armée rouge : Pauvre polonais qui se sont soulevés pour libérer leur capitale Varsovie et qui ont été massacrés par centaines de milliers  en représailles par l’armée allemande, sans que les soviétiques qui campaient de l’autre côté de la Vistule ne lèvent le petit bout du doigt. Au contraire, Staline en profitait ainsi pour faire éliminer les résistants polonais non communistes…
On ne peut qu’être horrifié par les récits des tueries, des pillages des viols – 2 millions d’allemandes ? – commis par les troupes soviétiques dans leur conquête de Berlin. On ne peut que regretter que notre libération ait signifié par la suite à cause de notre passivité, celle des Britanniques, celle des américains, face à Staline, l’enfermement pour 50 ans des européens de l’Est derrière le rideau de fer et sous le joug de dictatures pro-Moscou.
Tout en rappelant ces faits, tout en ne faisant pas ami-ami avec Poutine, comment justifier notre absence à Moscou ? Remarquez, déjà, il y a 5 ans, Nicolas Sarkozy avait fait de même, à la différence d’Angela Merkel !
Il y a un an, François Hollande s’était à juste titre félicité de la présence de tous et toutes, Angela Merkel, Vladimir Poutine compris, au grand show commémorant le débarquement en Normandie.
Que cette année, notre Président ait préféré à Moscou une tournée aux Antilles est presque insultant. Avec en prime, une visite à Cuba, qui est au moins autant une dictature que la Russie. Evidemment, on comprend pourquoi il y va. Il y a du business qui se profile… Mais si nous pensons que cela nous permettra de nous « placer » pour profiter de l’ouverture à venir – mais quand ? –  dans la plus grande île des Antilles, nous nous fourrons le doigt dans l’œil jusqu’à l’omoplate. Car nous ne pèserons pas lourd lorsque débarqueront les investisseurs américains, et surtout les centaines de milliers de cubains de Miami, qui avec leurs dollars pleins les poches et leur envie de revanche contre les Castro,  feront table rase dans leur pays d’origine. Espérons que face aux dirigeants cubains, François Hollande évoquera les droits de l’Homme au moins autant qu’il ne le fait face à Poutine !!!
Il aurait mieux valu être à Moscou. Dans des moments historiquement aussi importants, cela aurait fait la différence.
Nous vivons une e-poque formidable.

Grande-Bretagne: Victoire des conservateurs, mais Royaume désuni ?

De Gaulle: L’Angleterre toute nue!
On prédisait la fin du bipartisme en Grande-Bretagne, une poussée de l’extrême-droite, « premier parti » après les élections européennes (Tiens, tiens, cela ne vous rappelle pas un autre pays ?), une défaite des conservateurs de Cameron, un pays ingouvernable.
Et c’est l’inverse qui s’est produit.
Mais le raz-de-marée conservateur n’annonce pas forcément des jours paisibles pour le Royaume-Uni. Ni pour l’Europe.
D’abord parce qu’il faut pondérer le succès électoral par l’impact d’un mode de scrutin, qui, en comparaison avec le système électoral français, ressemble à de la guillotine: Pas de proportionnelle, au contraire. Un seul tour, et c’est le candidat arrivé en tête qui est élu, même s’il ne gagne que de quelques voix! Les conservateurs ne sont pas majoritaires en suffrages, mais un recul de quelques pourcents de leurs adversaires et c’est la débâcle. L’extrême-droite Ukip, qui obtient plus de 10 % des voix, n’aura qu’un ou deux sièges.
Les travaillistes perdent aussi à cause du raz de marée nationaliste en Ecosse. Mais la aussi, les nationalistes raflent presque tous les sièges pour le Parlement… à Londres – quel paradoxe !- alors qu’ils ne sont ni majoritaires et qu’ils viennent de perdre le référendum sur l’indépendance.
Pour gouverner à Londres, Cameron n’aura pas besoin de tenir compte des nationalistes. Mais il sera prisonnier d’une des promesses qui lui a permis de gagner: Le référendum sur la sortie de l’Europe. Ce qui risque d’accentuer les désaccords entre des anglais qui voudront peut-être en majorité sortir de l’Europe et des Ecossais qui veulent y rester. La victoire d’aujourd’hui porte en elle-même des perspectives de désunion du Royaume-Uni qui devraient tous nous inquiéter.
En cas de « Britain-Exit » de « Brexit », de sortie de l’Europe, la Grande-Bretagne en serait donc chamboulée. Y compris son modèle économique, puisque les grandes banques et sociétés financières ont déjà annoncé qu’elles quitteraient Londres pour aller s’installer sur le continent. Quant au reste de l’Union Européenne, quant à nous… ce serait le saut dans l’inconnu.
Pour le meilleur ? Peut-être.
On prêtait au Général De Gaulle, opposé à l’entrée de la Grande-Bretagne dans la Communauté Européenne, la phrase « L’Angleterre, je la veux bien, mais je la veux toute nue ».  Expression qu’il a toujours niée. Sur la forme. Mais sur le fond,  De Gaulle expliquait : « Il est possible qu’un jour l’ANGLETERRE se transformera elle-même suffisamment pour faire partie de la Communauté européenne, sans restriction et sans réserve et de préférence à quoi que ce soit. Il est possible aussi que l’ANGLETERRE n’y soit pas encore disposée. Mais si c’est le cas, il n’y a rien là qui puisse être dramatique ».
50 ans plus tard, cette analyse est toujours d’actualité.
Nous vivons une e-poque formidable.

Mon père est blanc, ma mère est noire, et moi qui suis-je ?

Veja en 2007 – Brésil: La race n’existe pas !
Tout le monde, enfin tout le monde « officiel » est d’accord.
Robert Ménard a franchi la ligne jaune ( ?) en annonçant et assumant le fichage par nom des élèves des écoles de sa ville.
Mais quand on y regarde de près, sa provocation fait quand même apparaître deux positions.
Il y a celle défendue par certains, et notamment depuis des années, par des sociologues, des animateurs sociaux, des élus qui expliquent que pour savoir si un malade a de la température, il faut utiliser un thermomètre. Et que en matière de discrimination et d’intégration, le thermomètre serait le recensement « ethnique » des français.
Cela a l’apparence du bon sens. Il s’agit de pratiques inspirées par les pays anglo-saxons. Mais, malgré toutes les politiques de discrimination positive conduites aux Etats-Unis, où les minorités noires ou latinos sont en nombre et en pourcentage beaucoup plus importantes que les communautés d’origine maghrébine ou africaine en France, malgré l’élection de Barack Obama, on voit bien que les noirs continuent à y être discriminés.
Parions que cette position prendra de l’ampleur chez nous. Car elle sert aussi de fond de commerce à des ambitions qui n’ont rien de scientifiques, comme celles du CRAN, qui se veut le représentant des communautés noires en France(?). Ou d’autres qui caressent les électeurs dans le sens du poil.
Et puis, il y ceux et celles qui sont contre. Et qui veulent que nous conservions les principes fondateurs de la République, depuis au moins 1791. Et réaffirmés dans l’article 1 de la Consitution : « (La République) assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion ». C’est le cas de Christiane Taubira, et on ne peut soupconner l’actuelle Garde des Sceaux de ne pas avoir toute sa vie lutter contre les discriminations, contre l’ignorance par la majorité des français de ce qu’a été l’Histoire coloniale, l’histoire des « minorités visibles » (un terme qu’elle déteste).
Comme le dit Christiane Taubira, a-t-on besoin de faire des recensements ethniques, pour savoir que le racisme et la discrimation existent dans notre pays.
Et puis que veut dire la mise en place d’un tel recensement ? Père blanc, mère noire, l’enfant est quoi? Et dans le cas où sur les 4 grands parents , un est espagnol, l’autre guyanais, les deux autres velaves et ardéchois, les enfants doivent cocher quel case ? Afro-français ? Hispano ? Caucasien ?
Au Brésil où la moitié de la population est noire ou métisse, mais où il n’y a eu que deux ministres noirs au gouvernement, dans toute l’histoire du pays, où le racisme et les préjugés hérités de 400 ans d’esclavage sont toujours très forts, il a été essayé d’instaurer un système de quotas favorisant l’entrée des noirs dans les Universités. Un peu sur le modèle américain.
Mais dans ce pays beaucoup plus mélangé qu’aux Etats-Unis, s’est très vite posée la question de «qu’est-ce qu’une race ?, qu’est-ce qu’une ethnie ? ».
Avec en 2007, cet exemple de jumeaux, même père, même mère donc, mais l’un un peu plus noir que l’autre. Le plus foncé sur les photos a pu bénéficier de points supplémentaires pour l’entrée à l’Université. Mais pas son jumeau, classé blanc ! La famille a attaqué cette décision devant la Cour Suprême qui a reconnu l’absurdité de ce système.
Nous vivons une e-poque formidable.

Mort de Moussa: Quand les réseaux sociaux donnent envie de gerber.

Le tweet d’Omar Sy
Ainsi, Moussa, un ado de 14 ans est mort il y a deux jours à Trappes. Une balle. Sans doute perdue. Qui l’a tué sur le coup. Un de ses copains 16-17 ans a été blessé. Un balle dans la jambe.
14 ans-16 ans. Cette violence donne envie de pleurer.
Moussa était avec des amis au pied de son immeuble dans le square Albert-Camus.
Vous vous rendez compte Albert Camus ? Moi, je pense, à La Peste, à L’Etranger, au Mythe de Sisyphe, à Caligula, aux Juste, à l’Homme révolté, l’écrivain, le philosophe de l’absurde
Pas à cette mort absurde de Moussa dans le square Albert-Camus de Trappes.
Moussa est mort là. On ne sait trop pourquoi. Victime de règlements de comptes entre bandes? Quelles bandes ? En faisait-il partie ? Pourquoi lui ? Etait-il au mauvais endroit au mauvais moment ? Pourquoi y-a-t-il de mauvais moments dans le Square Albert-Camus à Trappes ?
Comment ne pas être atterré par cette vie en-devenir, fauchée par on ne sait quoi, on ne sait qui ?
On entend des témoignages: C’était un bon garçon. Un collégien sympa. Pas sage comme une image, mais un ado normal, plein de rêves, sans doute. Il aimait le foot, il s’engageait dans des assoc… Il n’était « pas connu des services de police » ; un ado comme des milliers d’autres ; sa famille ; ses proches ; ses copains ; ses enseignants ; personne à Trappes ne comprend.
A Trappes… Moussa aurait pu devenir un Omar Sy. Peut-être en rêvait-il ? Peut-être que la réussite de cet autre enfant de Trappes l’avait-il inspiré, l’avait fait rêvé… On ne le saura pas. On ne le saura plus.
Tout le monde y va de son commentaire. Notamment sur les réseaux sociaux, sur les forums. Et là on tombe comme souvent dans le dégueulasse, avec des commentaires qui donnent envie de gerber.
C’est génial internet, l’interactivité, les réseaux sociaux, ces forums, ces chats, Facebook, Twitter and co, où nous sommes instantanément connectés avec tout le monde, le monde entier, avec le meilleur mais aussi le pire. Et le pire, ce sont, malheureusement, ces minables, ces corbeaux, qui s’abritant derrière l’anonymat de pseudos genre : musclor94, boloss78, ou Charlesmartel2015, crachent leur(s) haine(s), derrière leur anonymat digital.
A propos de Moussa. « Et qu’est-ce qu’il faisait là : Guetteur ? dealer ? » . « Quand on a rien à se reprocher, on ne traîne pas dans la rue » ou encore « Mais qu’est-ce que faisaient ses parents ? ».
A gerber.
Le web produit le meilleur mais aussi le pire.
Heureusement, sur ces mêmes réseaux sociaux, il y a eu ces réactions de deux enfants de Trappes qui ont réussi : le rappeur Laouni Mouhid alias La Fouine, et Omar Sy,peut-être depuis Los Angeles. Tous les deux atterrés, exprimant leur tristesse. Et ça, ça donne de l’espoir dans ce monde de merde.
Parce qu’on n’a pas le droit de mourir à 14 ans d’une rafale d’automatique dans le Square Albert-Camus à Trappes, Yvelines, France.
Tiens, on vient d’apprendre qu’il ya quelques jours, la plaque à la mémoire de Ilan Halimy avait été profanée, à Bagneux, là où il avait été enlevé, torturé, assassiné…
A gerber.
Nous vivons une e-poque formidable.

Républicains : That is (not) the question !

keep calm et voter quoi ?
En France, nous discutons de l’opportunité de rebaptiser un parti « Les Républicains ».
A Londres, on s’extasie sur le Royal baby 2.
Et pas qu’à Londres, puisque chez nous, depuis 24 heures, nous avons le droit au défilé de tout ce que les medias comptent de « spécialistes » des têtes couronnées, des monarchies, du protocole, des heurts et malheurs de tous ces Princes et Princesses, qui aujourd’hui sont tellement « modernes », à l’unisson de leurs peuples, des gens comme nous en fait, sauf qu’ils ne seront jamais menacés d’aller faire la cour à Pôle Emploi. Ainsi cette information “étonnante”: Le Prince William, qui est appelé à régner – enfin après sa grand-mère qui semble bien partie pour entrer dans le Guinness book pour battre tous les records de longévité, toutes catégories, et après son père, qui continue à porter le kilt avec élégance – le futur roi, donc, est en congé paternité ! Comme tout le monde, c’est dingue, non ?
Dingues aussi tous ces commentaires qui en rajoutent sur la chance des britanniques d’avoir ainsi un si beau symbole national, qui leur coûte certes cher tous les ans, mais leur rapporte encore plus en tourisme et produits dérivés: Les ventes de mugs « Royal Baby 2 » détrônent déjà celles des T-shirts Messi ou des sous-vêtements Beckham. « Nous avons besoin de bonnes nouvelles, les français comme les britanniques ont besoin d’un peu de rêve ! » entend-on ici ou là. Comme si la royale naissance allait compenser les milliers de morts au Népal, les attentats de janvier, la hausse du chômage.
Notons quand même que ces anglais tellement chanceux d’être en royauté nous avaient montré la voie près de 150 ans avant notre révolution. Leur éphémère République proclamée par Cromwell avait fait décapiter le roi Charles 1er, et à la hache, en plus, ce qui franchement était digne des bourreaux actuels de Daesh.
Un sort (la décapitation en moins) auquel a échappé de justesse la Reine, il y a vingt ans, à l’époque de Diana, princesse des cœurs, icône des épouses bafouées.
Ce rétablissement d’image des souverains britanniques est tout à fait remarquable. Même si leurs recettes, comme la conduite à gauche et les jellies, ne sont sans doute pas importables sur le continent, les conseillers en communication, les « spindoctors » de nos dirigeants devraient en prendre de la graine.
La tâche risque cependant de se révéler ardue avant 2017: Le look énarque, même avec des lunettes relookées et danoises, est moins flashy que les tenues vert fluo avec chapeau « retour de pique-nique» qui est la marque des Windsor. Et puis cette famille est décidément très douée pour retourner les situations, même les plus limites, en sa faveur: Ils ont réussi à devenir le symbole de l’unité britannique, à se faire passer pour plus écossais que Sean Connery alors qu’ils sont plus allemands qu’anglais, plus Saxe-Cobourg-Gotha ou Schleswig-Holstein-Sonderbourg-Glücksburg, famille d’origine de Philippe d’Édimbourg avant son mariage avec la reine Elisabeth.
Notons que décidément les allemands sont vraiment partout: D’ici qu’Angela Merkel fasse valoir ses droits sur Buckingham Palace…
Fort heureusement, la chancelière n’a aucune raison de le faire. Chez elle, sa popularité est aussi importante que celle de Kate et de William. Mais sans tralala monarchique et salut à la foule. Et sans chapeaux. En matière de parades et de jeux destinés à endormir les peuples, les allemands ont beaucoup donné il y a 70 ans. Et aujourd’hui ils ont une préférence pour la transparence et la simplicité de leur République. Et chez eux, peu d’entre eux songeraient à baptiser un parti «Républicains». Seule l’extrême droite l’avait fait. Mais jusqu’à présent, cela ne lui a pas porté chance puisqu’elle n’a jamais pu entrer au Bundestag.
Alors qu’il n’est pas sûr que la naissance du « Royal baby 2 » évite ce risque au Parlement britannique où le très xénophobe Parti Ukip pourrait bien faire son entrée.
Les élections britanniques se déroulent dans 4 jours, et elles seront plus importantes pour l’avenir des Britanniques, de l’Europe et du nôtre, que le prénom d’une Princesse ou le changement de nom d’un Parti.
Nous vivons une e-poque formidable.

Où vaut-il mieux être un jeune noir: A Paris ou à Baltimore ?

Des supporters anglais insultent un passager noir du métro à Paris
Depuis des mois, depuis des années, nous déplorons le délit de faciès, les préjugés racistes qui ont la vie dure. Nous déplorons le racisme au quotidien, le fait que lors d’un contrôle de police, il vaut mieux être un quinqua, tempes grises, barbour, attaché case, qu’un jeune black ou rebeu, casquette, jogging et sneakers : Je force peut-être un peu les clichés- LOL !: Le passager qui s’est fait insulté et repoussé par des supporters du club de foot de Chelsea le 17 février dernier, était bien habillé et cravaté…Mais justement, ceux qui l’ont insulté et refoulé du métro, étaient anglais !
Le fameux modèle anglo-saxon dit « communautariste » que l’on oppose à notre « modèle » républicain assimilationniste ne fonctionne pas si bien. Critiquer l’interdiction du voile dans les lieux publics en expliquant que c’est une exception française, et qu’à l’étranger à Londres, aux Etats-Unis, chaque communauté peut conserver ses coutumes, et que cela n’est pas un problème, cela laisse entendre qu’il nous faudrait adopter le « modèle » communautariste. Mais enfin ! Ce n’est pas parce que la burkha est acceptée à Londres que cela a empêché, il y a 2 ans, qu’un soldat anglais soit égorgé en pleine rue par 2 britanniques noirs convertis à l’islam radical. Cela n’a pas empêché en juillet 2005, que des britanniques musulmans commettent des attentats faisant 56 morts et 700 blessés.
Cela n’a pas empêché aux Etats-Unis, l’attentat du marathon de Boston, en avril 2013. Cela n’a pas empêché pas, les 3 morts dans une attaque d’un centre communautaire juif, le 13 avril 2014, ni les récentes agressions contre des juifs se rendant à la synagogue à Brooklyn. Ni l’assassinat de 3 étudiants musulmans sur un campus par un fanatique « antireligieux », en février dernier.
Que Barack Obama, dont on remarquera qu’il n’est pas un « afro-américain », au sens de descendants d’esclaves, mais d’origine kényane – soit Président des Etats-Unis, est évidemment formidable. Mais l’on voit hélas que cela n’empêche pas les violences racistes, et ces assassinats répétés par la police, souvent blanche, de jeunes noirs.
Les émeutes de Baltimore ces derniers jours après les obsèques d’un jeune noir tué par la police, en sont une nouvelle preuve.
Oui les Etats-Unis sont une société stimulante où des citoyens venus de toute la planète tentent leur chance et réussissent leurs vies. Et oui, chez nous, l’ascenseur social paraît bloqué, l’intégration a des hoquets, et beaucoup de jeunes, de jeunes diplômés, en tout cas, beaucoup trop, votent avec leurs pieds et préfèrent tenter leur chance à Londres, à Montréal ou à New York.
Mais n’oublions pas qu’à l’époque où la dépouille de Félix Eboué, noir guyanais, premier Gouverneur noir de l’Afrique Equatoriale, premier à avoir rejoint De Gaulle, premier compagnon de la Libération, co-fondateur de la Ligue des droits de l’Homme, était transférée au Panthéon en 1949, aux Etats-Unis, les noirs n’avaient même pas le droit de prendre le bus, de boire la même eau, d’utiliser les mêmes toilettes, ou d’aller dans les mêmes Universités que les blancs.
Tout cela veut peut-être tout simplement et malheureusement dire que le racisme, la peur de l’autre, la haine de l’autre, la connerie humaine, sont universellement répandus, et qu’il n’existe pas de recettes miracles. Seulement peut-être une vigilance permanente, qui commence dans nos familles et dans nos écoles par l’éducation et la connaissance des « autres ».
Nous vivons un e-poque formidable.

Pourquoi sauver l’allemand ? Ca ne sert à rien, c’est élitiste, c’est moche : Raus, schnell, Gestapo!

Ne plus comprendre la langue de l’autre…
C’est une idée vieille comme… comme les réformes de l’enseignement. A chaque fois, on jette un nouvel apprentissage de langues à la trappe. A chaque fois, on nous explique que pour rendre l’enseignement plus démocratique, moins élitiste, il faut se concentrer sur le plus important, et aujourd’hui l’important, c’est l’anglais.
La dernière trouvaille: Supprimer les classes bilingues, notamment allemand. Et c’est vrai: Apprendre l’allemand ne sert à rien.
Cela ne sert à rien pour passer sa commande de double cheese, de nuggets, de burger; de hamburger. Il paraît qu’à Hambourg, ils en sont tout retournés. ( Burger-Hamburger: Ceci est de l’humour, de l’humour germaniste ! )
L’allemand ne sert à rien: Il vaut bien mieux baragouiner deux mots d’anglais: C’est le vrai kit de survie qui vous permet de vous débrouiller partout dans le monde, du Brésil jusqu’en Chine. Même en Allemagne d’ailleurs. «  Are you talking to me ? « (Ceci est encore de l’humour, re-LOL !)
Il y a longtemps, mais qui s’en souvient encore,  on faisait « français – latin – grec », c’était la voie royale. Pour dire de quelqu’un qu’il assurait dans ces études, on disait qu’il était « fort en thème ». Et cela voulait dire en thème latin (ou en version grecque). Mais c’était difficile et puis, c’étaient des « langues mortes ». Elles sont passées à la trappe, et il est sûr que cela a été extrêmement efficace pour hausser le niveau de l’apprentissage des langues dans notre système éducatif. Il suffit d’entendre des français parler anglais pour mesurer le chemin parcouru depuis Maurice Chevalier. (Ceciest encore de l’humour, re-LOL !)
Qu’importe que ces deux langues soient des langues de culture, qui nous apprennent d’où nous venons, d’où viennent nos mots de tous les jours, d’où viennent les valeurs de nos sociétés, les grands mythes qui ont structuré notre imaginaire avant qu’Hollywood à la sauce Peplum ou Disney ne nous reformate. Aujourd’hui, nous connaissons mieux les intrigues compliquées du Seigneur des Anneaux ou la filiation encore plus compliquée de Dark Vador, que les pérégrinations d’Ulysse en Méditerranée. Et nous ne sommes plus capables de comprendre les inscriptions aux frontons de tant d’églises, d’horloges, de châteaux. Mais qu’importe !

L’allemand, ça ne sert à rien: L’allemand est seulement la langue maternelle la plus parlée en Europe. L’Allemagne est simplement notre principal partenaire, peu de pays au monde ne sont autant liés pour le pire et le meilleur que nos deux pays. Pourtant, jamais l’allemand n’a été , chez nous, aussi peu étudié. Qu’importe: Les allemands eux apprennent notre langue, même si la tendance est à la baisse Ils viennent d’ailleurs étudier à l’ENA ou à Sciences Po, ce qui permet à la Chancellerie allemande, ou aux grandes entreprises allemandes de bien mieux nous connaître que nous ne les connaissons. Car apprendre une langue, c’est comprendre comment raisonne son interlocuteur.
Et puis, ne nous cachons pas derrière notre petit doigt, l’allemand chez nous a mauvaise réputation :
Ce serait une langue difficile… Comme si le chinois, le russe, l’arabe ou le hongrois s’apprenaient les doigts dans le nez. Et même l’anglais, si on veut vraiment l’apprendre, au-delà de quelques répliques comme « Fuck, fuck, fuck »
L’allemand, c’est moche, c’est guttural; Cela fait 70 ans que nous en sommes restés aux « Raus, schnell, Gestapo ». Hollande et Merkel ont beau se faire des câlins, cela n’y change rien. C’est à se demander comment les plus grands musiciens ont composé en allemand, qui était considérée comme LA langue de l’Opéra et des « Lieder ». C’est à se demander pourquoi avant guerre, il n’y avait pas d’intellectuels, d’écrivains, d’hommes politiques français, qui n’aient étudié l’allemand.  Aujourd’hui, qui serait capable d’aller comme De Gaulle en 1962 s’adresser en allemand au peuple allemand ?
Une langue gutturale ? Et pourquoi ne le dit-on pas de l’espagnol, avec son j, sa « jota » ?
Langue brutale ? « Raus, Gestapo ? ». Je me demande si le français des militaires pendant la guerre d’Algérie était doux aux oreilles des indépendantistes arrêtés ou torturés.
Supprimons l’allemand, supprimons les classes bilingues, les filières péniblement créées depuis 50 ans d’amitié franco-allemande, d’Office franco-allemand de la Jeunesse.  Comme si c’est cela qui freinait l’apprentissage de l’anglais par tous. Alors que l’on sait que plus on apprend de langues, plus on a des facilités à en apprendre de nouvelles.
Et puis, cultivons les clichés. Réduisons les allemands aux seuls bavarois : culottes de peau, femmes en dirndle, musique tyrolienne (oui on mélange tout), et fête de la bière !
Comment aimer ce que l’on ne connaît pas ? Nous ne connaissons plus l’Allemagne, alors comment construire un avenir commun ?
Nous n’arrêtons pas de déplorer que notre société soit déboussolée et au même moment, nous nous coupons de nos voisins, de nos racines. Cela au nom de l’accès du plus grand nombre à la culture. Selon un principe qui est : « Qui peut le moins, peut le moins ».
Je me souviens d’échanges avec Jacqueline de Romilly, une spécialiste du grec ancien qui vous faisait vivre Thucydide, comme si vous étiez à Athènes au temps de Périclès, c’est-à-dire bien avant Alexis Tsipras. Hollywood n’existait même pas, c’est dire ! 
A 90 ans, elle continuait d’expliquer la modernité de la Grèce antique à des lycéens « de banlieues »  et comme on dit : Elle les scotchait avec Aristophane, Eschyle, Euripide ou Homère ! Elle leur apprenait que ce dernier n’était pas un héros des Simpsons, mais le premier « slammeur »  européen ! (Ceci est encore de l’humour, re-re-LOL !)
Comme quoi, ce n’est peut-être pas la matière enseignée qui est en cause mais bien la qualité du pédagogue. 
Pédagogue, pas pédéraste, ni pédophile. Tiens voilà encore un exemple, où avoir quelques notions des racines des mots de notre langue, éviterait bien des confusions et des raccourcis.
Pour me consoler, je vais revoir « Der Himmel über Berlin » de Wim Wenders « Le ciel au-dessus de Berlin », traduit en français curieusement par les « Les ailes du désir » et qui commence par la chanson de l’enfance de Peter Handke : « Als das Kind Kind war, wußte es nicht, daß es Kind war … ». Quand l’enfant était un enfant, il ne savait pas qu’il était enfant : Un poème sur l’innocence de l’enfant, sur l’innocence perdue.
Finalement, quelle chance d’avoir appris cette langue inutile !
Nous vivons un e-poque formidable.
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