Le blog de Pierre M. Thivolet, journaliste

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#Francophonie. #SommetDjerba2022 Le français, langue mondiale : Tu parles !

Les Français, encore aujourd’hui, grandissent avec l’idée que leur langue, notre langue est un trésor que le monde entier nous envie. 

« De l’universalité de la langue française » ça, c’était il y a 3 siècles. 

A l’époque, cette universalité s’étendait surtout à l’Europe, car pour les européens en ces temps-là, l’Europe c’était le monde. 

Alors oui, Frédéric II de Prusse parlait mieux français qu’allemand, langue qu’il réservait surtout pour commander ses soldats et ses chevaux. Et oui la couronne anglaise gardait de ses origines normandes des devises en français : « Dieu et mon Droit » ou « Honni soit qui mal y pense ».

Ensuite il y a eu la colonisation, l’invasion du Maghreb, du Sahara, de l’Afrique, de la Cochinchine. Sur une carte, ça avait de la gueule : des taches roses sur la mappemonde : « Français : Voici ton empire ! »

Aujourd’hui, nous faisons la même chose. Pour estimer le nombre de personnes parlant le français, nous additionnons les populations de tous les pays qui ont plus ou moins à voir avec la langue française. Et le résultat est très impressionnant : Des centaines de millions de francophones, juste derrière l’anglais, le chinois, l’hindi, l’espagnol, l’arabe ou le Bengali. 

Flatteur, mais faux. 

Qu’y a-t-il de commun, entre le Brésil parlant portugais, le Mexique, espagnol, et le Congo Kinshasa parlant français : Rien. 

Dans la rue à Mexico ou Guadalajara, tout le monde parle espagnol. A Rio ou Manaus, tout le monde parle portugais, même si les langues des populations premières n’ont pas complétement disparu. Mais qui parle vraiment français au Congo ? Tendez l’oreille à Kinshasa, à Goma. Vous entendrez du lingala, du kikongo ou du swahili. 

Même à Dakar, capitale du Sénégal, dont les élites, les écrivains comme récemment Mohamed Mbougar Sarr, Prix Goncourt en 2021, contribuent toujours autant à la qualité de notre littérature, dans la rue, dans les campagnes, on entend le wolof pas le français. 

L’avenir de notre langue n’est plus à Paris, mais à Kinshasa : Le Congo est aujourd’hui par sa population, le premier pays francophone du monde. Presque 100 millions d’habitants aujourd’hui : 200 à 250 millions en 2050 (la France ne dépassera pas les 70 millions ). Mais si le français y est bien la langue officielle, elle n’est pas la langue populaire.

Or sommes-nous sûrs que les Congolais continueront à choisir le français comme langue d’échange entre les différentes langues nationales de ses populations, et comme langue d’échanges internationaux un peu comme l’Anglais aujourd’hui en Inde ? 

S’ils suivent l’exemple du Rwanda, eh ! bien adieu la francophonie !

Autrefois francophone, l’anglais est depuis 2003 l’une des trois langues officielles du Rwanda et a remplacé en 2010 le français dans son rôle de langue de scolarisation. Et la présence du Président Kagame au sommet de la francophonie à Djerba n’y change pas grand-chose.

Quel intérêt les Congolais auraient-ils d’ailleurs à conserver le français ? Auront-ils la volonté de ne pas se couper d’un héritage qui n’est pas celui du colonisateur, mais le leur : Deux cents ans de productions intellectuelles, littéraires, artistiques, politiques de leurs aînés qui se sont servis du français pour transmettre leurs messages. 

Comme pouvoir relire ou réécouter le discours – en français – de Patrice Lumumba, le 30 juin 1960, pour la proclamation de l’indépendance du Congo, devant un roi des Belges consterné d’entendre le leader charismatique, sauvagement assassiné quelques mois plus tard, dire leurs quatre vérités aux anciens colonisateurs :« nous avons connu les ironies, les insultes, les coups que nous devions subir, matin midi et soir, parce que nous étions des nègres…Qui oubliera qu’à un noir on disait « tu », mais parce que le « vous » honorable était réservé aux seuls blancs »? .

Auront-ils le désir de continuer à lire Senghor, Césaire, Damas, Jacques Stephen-Alexis, Alain Mabanckou, ou encore Montaigne, Dumas, Rimbaud ou Virginie Despentes dans leur langue d’origine ? 

Tout cela ne pèsera pas lourd face au côté pratique de l’anglais, langue réellement universelle. Y compris en Afrique où quand ils se rencontrent les africains de langues maternelles tellement diverses choisissent l’anglais pour échanger. Comme d’ailleurs les européens entre eux, même après la sortie des Anglais de l’Union européenne…

D’autant plus qu’au même moment, nous nous replions sur nous-mêmes. Et c’est le paradoxe. Et c’est là où nous sommes très … cons. 

Il est en effet con-sternant de con-stater que par peur d’être envahis, par peur d’un grand remplacement, nous fermons nos frontières, nos universités aux jeunes venant de pays « francophones ». 

Un diplômé marocain ou sénégalais se voit « barrés » chez nous alors que le vaste monde anglophone lui ouvre les bras. Si ce ne sont pas les États-Unis ou l’Angleterre, alors le Canada, l’Australie ou même les universités chinoises ou indiennes. 

Même nos plus grandes écoles basculent dans l’anglais. Pour attirer le chaland, elles proposent des masters, des cursus où il n’est plus besoin de parler français. 

Tant pis pour notre orgueil de coqs gaulois, mais nous devons nous préparer au français, langue microscopique sur la planète. Ou alors il faudrait que nous changions, et que le point de vue sur la langue française ne soit pas encore toujours celui de Paris. Peu de chances, hélas, que ça arrive.

C’est dommage, mais après tout ce n’est pas la taille, ni le nombre de locuteurs qui font la vitalité d’une langue. 

L’islandais n’est parlé que par 300 000 personnes, ce qui n’empêchent pas les Islandais d’être parmi les plus grands lecteurs du monde. 

Écrire en yiddish, langue aujourd’hui pratiquement disparue, n’a pas empêcher Isaac Bashevic Singer d’être reconnu par le Prix Nobel.

Que peut-il donc bien ressortir de ce 18 ème sommet de la francophonie qui vient de se tenir à Djerba en Tunisie ?

Le Président du Congo RDC n’a pas voulu venir, et les congolais n’ont pas voulu figurer sur la photo officielle aux côtés des rwandais.

Comment on dit en français ? Cause toujours, tu m’intéresses pas…

Chaines info: Apprendre à tourner sa langue 7 fois dans sa bouche

Vieille sagesse toujours valable à l’heure du breaking news, du tout info, de la communication digitale, certains/es devraient apprendre à tourner leur langue 7 fois dans leur bouche. 

Prenez n’importe quel soir, n’importe quel jour : vous zappez, vous scrollez, et vous tombez sur …allez pas de nom… sur LCI, sur Cnews, sur BFM, qui vous annoncent : « avoir pris un coup de poing dans la poitrine », c’est « historique », « les russes ont bombardé la Pologne ». Là on se dit : « M….. J’aurais dû acheter plus de rouleaux de papier WC, et plus de coquillettes ». 

On suit alors avec angoisse les commentaires d’experts, que l’on avait vus la veille nous expliquer l’Iran, et 2 jours avant, la politique américaine et une semaine avant encore, la crise de l’énergie, et avant, le Mali, et avant, le Brésil… 

C’est fou le nombre d’experts capables d’expertiser sur tout. Ils sont les « Pic de la Mirandole » de nos sociétés de l’information. ( Pic, quoi ? : point culture, vite wiki !)

Et voilà qu’au réveil, on apprend que finalement non, la Russie n’a pas (encore ?) attaqué la Pologne, donc l’OTAN, donc nous. 

On s’attend à des rétropédalages, des excuses, ou en tout cas, des commentaires plus pondérés… eh ! bien non, une « info » chasse l’autre, ou plus exactement un « clash », une headline qui claque, le # hashtag de la mort, rien ne doit arrêter la noria des « breaking news ». 

Pas de mémoire, ou alors celle de poissons rouges, un tour de bocal et on recommence tout. 

Pas de recul, pas de doutes : imagine-t-on l’envoyé spécial, l’envoyé sur place qui doit alimenter des directs toutes les ½ heures accepter de dire qu’il ne sait pas grand-chose, qu’on ne sait pas grand-chose. Car il est vrai que sur place souvent on ne voit qu’une toute partie du tout. Mais c’est cela le reportage : rapporter ce que l’on voit, ce dont on est témoin. En toute subjectivité : Vous étiez là et telle chose advint. Mais sur le terrain, les événements ne se révèlent pas dans leur totalité, dans leur complexité. Et c’est bien normal. 

C’est alors le rôle du media, des rédactions en chef, de combiner tous ces reportages, de les mettre en perspective, les compléter, les combiner. 

Visiblement le travail obscur mais essentiel des rédacteurs en chef, est aujourd’hui éclipsé par l’appel des lumières du « plateau », l’animateur supplante le journaliste. Ma mère m’a vu à la télé, waou !

Il n’y a plus de place pour le doute : À l’heure du numérique, pardon du digital, on nous demande d’être binaire 1-0.

Il y a une semaine on nous annonçait « la vague rouge » de Trump aux États-Unis, aujourd’hui, elle est où la vague rouge ? 

Il y a un mois, on expliquait que la reprise de Kherson en Ukraine prendrait du temps. Bon, ben aujourd’hui c’est fait ;

Et puis, après Covid saison 8, il y a la variole du singe, la bronchiolite, la vitrification par les bombes atomiques russes, les bombes sales de on ne sait plus qui, l’hiver en doudoune et en col roulé, le prix de l’essence plus cher que le beaujolais nouveau. Bref pas d’infos sans catastrophe. 

Finalement, on en revient à une vieille loi de la circulation de l’information : « un chien qui mord un évêque, ce n’est pas une info, mais un évêque qui mord un chien, ça, c’est une info ». 

A force de courir derrière les « breaking news », et de blablater sur tous les sujets, on en arrive à dire des bêtises. Pas étonnant alors, que notre crédibilité, à nous les journalistes, soit tombée si bas…Apprendre à tourner sa langue 7 fois dans sa bouche…

Tartuffes : Cachez ce Qatar que je ne saurais voir. #mondial #foot #Qatar

A quelques jours du mondial de football au Qatar, certains appellent à boycotter l’événement. Pour des tas de raisons, et de très bonnes raisons. Et l’on demande aux sportifs de prendre position, de ne pas aller au Qatar etc…

Quelle hypocrisie : toutes les atteintes aux droits de l’Homme, des femmes, des immigrés etc… sont connues et étaient déjà connues il y a 12 ans lorsque le mondial a été attribué au Qatar. 

Le foot est un sport mondial : Qu’il puisse étendre les mondiaux à d’autres que l’Europe ou l’Amérique, ce n’est pas idiot, c’est même indispensable.

Que ce soit au Qatar pose sans doute problème. Le pays n’a pas une longue tradition footballistique – c’est le moins qu’on puisse dire – Il n’a pratiquement pas d’équipes, ne serait-ce que parce qu’il n’y a que très peu de Qatari, 300 000 sur les 2 millions et demi d’habitants, le reste étant des immigrés. 

Mais le Qatar est aujourd’hui une plaque tournante, une vitrine entre Asie et Europe, qui cherche à se développer dans d’autres domaines que ses ressources gazières qui ne sont pas illimitées. 

  • Culture. Par exemple en contribuant à la restauration superbe de l’Hôtel de la Marine, Place de la Concorde à Paris, où un étage présente somptueusement quelques trésors de la collection du sultan Al Thaini. 
  • Sport bien sûr, en investissant dans de grandes équipes de foot et Paris (le PSG) peut-il s’en plaindre ? Mais aussi dans la F1. Alors pourquoi ne demande-t-on pas aux fabricants et coureurs automobiles de boycotter les Grands Prix du Qatar, d’Abu Dhabi, d’Arabie saoudite ? 

Et en quoi ce Soft Power que veulent développer les Qatari est-il plus questionnable que celui des américains, des chinois ou du notre d’ailleurs. Parce qu’ils auraient des liens ambiguës avec les islamistes ? Avec les frères musulmans ? Y’a pas qu’eux… suivez mon regard qui va jusqu’à beaucoup de capitales de pays de la région. Et puis, que nos services compétents enquêtent, traquent, démontent, et démantèlent ces réseaux. C’est leur boulot. 

On critique le scandale climatique de compétitions organisées dans des stades climatisés. C’est vrai, mais d’abord en novembre il fait moins chaud au Qatar, qu’au Brésil par exemple. Et dans les pays du Nord, en hiver on chauffe les stades, ce qui n’est guère mieux que les stades climatisés.

Il y a bien sûr, le régime qui s’appuie sur des « traditions » qui sont loin d’être démocratiques, structure pyramidale du pouvoir avec au sommet les chefs de tribus, des sociétés bédouines conservatrices, patriarcales et misogynes , la charia pour code pénal, etc…

Mais si l’on ne réserve les événements mondiaux qu’aux pays démocratiques, alors les mondiaux ou les JO ne seront réservés qu’à une quarantaine de pays dans le monde .

Aujourd’hui c’est le bal des tartuffes, qui se réveillent brusquement pour surfer sur une vague démagogique…

Demander à des footballeurs de ruiner des années d’entraînement pour pallier les ambiguïtés de nos politiques et de nos sociétés à l’égard de pays comme le Qatar est assez dégueulasse. Quelle hypocrisie !

Halloween vs Toussaint : Le grand remplacement de nos racines culturelles.

J’adore les citrouilles. Plus exactement, les potirons ou les giraumons. En soupe ou gratins, miam ! Mais en lanternes, vitrines, déguisements qui envahissent jusqu’aux chambres de nos enfants, beurk ! Cette indigestion orange est un triste révélateur du grand remplacement de nos racines culturelles. 

Nous sommes tous embarqués dans un grand méli-mélo d’une culture mondiale fabriquée, pour schématiser, par Hollywood. Et qui modèle nos imaginaires que l’on soit à Paris, Abidjan ou Séoul. Et qui évidemment s’exprime dans une novlangue, le « globish », le « global english » Il serait peut-être plus juste de dire « global american », ce mauvais anglais qui est devenu notre lange d’échange universelle.

Cela a commencé sans doute par les westerns qui nous ont plongés dans un univers, un environnement, une histoire, des mythologies qui nous sont complètement étrangères, et qui en plus transforment en épopée « Go west Young men », une colonisation brutale qui a éliminé la quasi-totalité des peuples premiers d’Amérique. 

Résultat : Depuis notre enfance, même sans jamais avoir vu le Grand Canyon ou Monument Valley, on pourrait les décrire mieux que les gorges du Verdon ou la chaîne des Puys. 

Nous savons dire burger avant d’être capable de dire pain. 

Et puis il y a eu Disney. Aujourd’hui on ne connaît plus les contes d’Andersen, Grimm ou Perrault, mais leurs resucées américaines. 

Plus grand monde n’a lu les textes de ces écrivains danois, allemands, français, mais tout le monde peut chantonner « un jour, mon Prince viendra ». Quant au château de la Belle au bois dormant, il a été dessiné en Californie ou en Floride. Je préfère, même si c’est kitsch, « Neuschwanstein » – C’est quoi, ça, Neuschwanstein ?

Même les afro-américains nous produisent des séries qui sont américaines avant tout. Oui, il y a eu « Roots » et « Kunta Kinté » , un des premiers héros noirs auxquels le monde, pas seulement les noirs pouvait s’identifier. Aujourd’hui, on a Wakanda, qui nous présente une Afrique totalement clichés et aseptisée. Mais finalement fabriquée de la même manière que toutes ces séries anglo-saxonnes, qui ont créé un imaginaire mondial qui s’est substitué à nos propres mythes et légendes. 

Et pourtant partout sur la terre, les différentes cultures et civilisations se sont organisées autour de grands mythes, d’épopées, de héros, de personnages hors normes, faisant passer les scénaristes de « Game of Thrones » pour des enfants de chœur. Du sexe, des tabous, des monstres, l’inceste, le meurtre du père, la violence, le racisme, la démocratie, la dictature, tout est déjà dans les contes et légendes des grecs anciens, dans leurs tragédies, leurs poésies, leurs mythes. 

Même le Seigneur des anneaux – que j’aime bien : les décors, la mise en scène etc…, j’adore les scènes avec Golum attiré par « le précieux » l’anneau magique et maléfique– Mais ça me fait penser à quelque chose : À l’anneau des Nibelungen ! Walkyrie et Walhalla, les grandes sagas germaniques, on en a même fait des opéras il y a 200 ans. 

Vous voulez de l’épopée ?  Prenez celle des vikings, qui sont allés jusqu’en Amérique, 500 ans avant Christophe Colomb.

Vous voulez de l’épopée ?  À quand une série sur l’incroyable aventure des polynésiens. Partis du sud-est asiatique, naviguant sur leurs Va’a , leurs pirogues doubles, à contre-courant, sans espoir de retour, sans savoir ce qu’ils allaient trouver, ils ont atterri sur des îles microscopiques et sont arrivés à coloniser l’ensemble du Pacifique depuis la Polynésie, jusqu’à Hawaï et la Nouvelle-Zélande.

Mieux que Game of Thrones, je préférerais binge-watcher  »L’Iliade »,« l’Odyssée », les « Perses », « Œdipe Roi», les « Nuées »…« je connais pas, c’est pas ma génération » . 

Excuse à la con, moi non plus je ne suis pas né à l’époque de Périclès (- 450 avant JC), et moi non plus, je n’ai pas pris le temps de me plonger dans l’apprentissage du grec et je n’ai pas lu ces textes dans leur version originale. 

Mais j’ai eu la chance de rencontrer une passeuse, une transmetteuse. Jacqueline de Romilly. 

Depuis l’âge de 14 ans, elle lisait, parlait, pensait en grec ancien. Elle a passé sa vie à nous relire, traduire, expliquer, faire découvrir ces textes où tout ce qui occupe et préoccupe les hommes d’aujourd’hui, se trouve déjà. 

Et à 90 ans passés, elle continuait à se rendre dans les lycées de la banlieue parisienne, où elle rencontrait un public qui au début la regardait en se demandant c’est qui cette yeuve qui va nous faire ièch ? Et puis à la fin de son cours, tous en ressortaient captivés, plus riches en fait… 

Je devais l’interviewer pour la grande interview du matin d’Europe 1,  où je remplaçais pour les vacances, Jean-Pierre Elkabbach. 

Elle m’a reçu chez elle. L’ascenseur montait directement dans son entrée. Elle était déjà presque aveugle, mais sa passion était toujours là. Et en plus de l’interview, l’entretien s’est prolongé deux heures, qui m’ont permis, un peu, de mettre mes pas dans les pas « des héros et des Dieux ». 

« Pourquoi la Grèce ? » a été un de ses derniers livres …

Ce n’est pas d’un grand remplacement venu d’Afrique ou d’ailleurs dont nous devrions avoir peur, mais bien de celui déjà opéré, qui nous a fait adopter comme toute la planète, une culture globish, global-english qui nous coupe progressivement de nos racines millénaires.

Élections présidentielles au Brésil : Rio ne répond plus…

J’avais fait le pari que Bolsanaro, Président sortant du Brésil, ne serait pas réélu. Sans être sûr qu’il puisse être battu dès le premier tour le 3 octobre dernier par son adversaire l’ancien Président Lula. C’est ce qu’annonçaient la plupart des sondages. Et ce n’a pas été le cas. Certes Lula arrive en tête, mais Bolsonaro a fait beaucoup mieux que prévu.

Un second tour a donc lieu dimanche. 

Et une nouvelle fois, Lula est en tête dans les sondages. J’espère donc avoir finalement raison en pronostiquant sa victoire, non seulement pour mon ego de journaliste mais surtout pour le Brésil, un pays qui mérite vraiment d’être bien gouverné, en tout cas de manière moins caricaturale que par Bolsonaro.

Mais ça va être ric-rac au mieux.

Et au pire…

Donc ce dimanche, plus de 150 millions d’électeurs brésiliens élisent leur Président. Mais aussi comme au premier tour, sénateurs, députés fédéraux, gouverneurs, députés des États, des centaines d’élus. Éclatés façon puzzle, les partis politiques rendent l’ensemble – Chambre des députés, Sénat fédéral, plus parlements des 26 +1 États – assez ingouvernable, avec cependant une tendance, le glissement vers la droite et l’extrême-droite. Même si Lula est élu dimanche, cela va être compliqué. 

Le Brésil est une démocratie, une des plus « grandes » d’ailleurs après l’Inde et les États-Unis. On y vote – près de 75 % de participation au premier tour – il y a un État qui fonctionne -plus ou moins bien – une Cour Suprême, une justice, avec au Brésil aussi des « petits juges » inflexibles dans leur traque à la corruption. 

Comme Sergio Moro, juge d’instruction du sud du Brésil qui en 2014, lance une opération « mains propres », en portugais « lavage express » « lava jeito ». Dans la foulée des scandales de détournements gigantesques liées aux JO et au Mondial, il démonte beaucoup d’affaires, liées aux pots-de vin versés par la compagnie Pétrobras ou le géant du BTP, Oldebrecht. 

En utilisant une disposition, permettant moyennant aveux, de réduire sa peine de prison, le dirigeant et les cadres de l’entreprise, acceptent de dénoncer les bénéficiaires de pots-de-vin.

Résultat : 1 450 mandats d’arrêt délivrés, 533 mises en accusation déposées et 174 personnes condamnées. Pas moins de douze chefs ou ex-chefs d’Etat brésiliens, péruviens, salvadoriens et panaméens ont été mis en cause. Et d’autres personnalités aux Etats-Unis, en France. Même l’ancien président Lula se retrouve éclaboussé et est emprisonné en 2018. Et ne peut donc se présenter aux élections de 2019.

Bolsonaro est élu, l’extrême-droite se présente comme des « Monsieur propre ». Le « petit » juge Sergio Moro est nommé ministre de la Justice. 

Mais un an plus tard, retournement de situation. 

On découvre que les procédures ont été irrégulières, manipulées. 

Le ministère public fédéral met fin à « Lava Jato ». La Cour suprême ordonne la levée des charges portées contre Lula, et statue que le juge Moro a été « partial » lors de son instruction. 

Lula est libéré le 8 novembre 2019, mais trop tard pour les élections. Puis il sera totalement innocenté.

Le petit juge démissionne en 2020, et part à Washington, embauché par un cabinet d’avocats spécialisé en conseil et contentieux des affaires, et situé pratiquement en face du siège du Trésor américain…

Même s’il a été blanchi, l’image de Lula reste sérieusement abîmée auprès des Brésiliens, notamment dans les classes populaires. D’autant plus que Bolsonaro use et abuse de la rengaine Lula = corruption. En plus de : “c’est un communiste, c’est un satan, c’est Sodome et Gomorrhe“. Tout étant « fake » évidemment.

Car le président sortant se rêve en Donald Trump tropical. 

Comme Trump, il multiplie les fake news contre Lula, son compte twitter est suivi par 46 millions de personnes.

Comme Trump, il ne cesse de dénoncer à l’avance une supposée fraude massive, des élections truquées par ses adversaires. 

Comme Trump, il chauffe ses partisans, qui ont constitué un peu partout des milices armées. Une des premières mesures de Bolsonaro Président avait été justement d’instaurer la vente libre des armes au prétexte que chaque brésilien devait pouvoir se défendre lui-même contre les malfaiteurs. Le Brésil est un des pays les plus violents du monde, avec des taux de criminalité et d’homicides parmi les plus élevés.

Beaucoup craigne un scénario genre assaut du Capitole à Washington en janvier 2021. 

Mais au Brésil, les institutions, les élus, l’armée, n’ont pas le même ancrage démocratique qu’aux Etats-Unis – la dictature militaire n’a pris fin qu’en 1985. Un éventuel assaut par les partisans de Bolsonaro de la Place des Trois Pouvoirs à Brasilia pourrait alors tourner à l’avantage de ceux-ci. Des affrontements dans les villes pourraient également se produire. 

De mémoire de brésilien, jamais la tension n’avait été aussi forte, jamais les adversaires ne s’étaient autant menacés, insultés. Et tout le monde se demande ce que feront les militaires.

Bolsonaro, ancien militaire, n’a cessé de leur faire des appels du pied. Et certains généraux n’oublient pas que Lula avait tenté de mettre en place une Commission Vérité sur les crimes de la dictature… Contrairement à d’autres pays, il n’y a jamais eu au Brésil de procès contre des responsables de violations des droits de l’homme. Une loi d’amnistie votée en 1979, donc avant le rétablissement de la démocratie, garantit toujours l’absence de poursuites contre des policiers ou des militaires tortionnaires.

« La tristesse n’a pas de fin. Le bonheur, si » dit la bossa “A Felicidade” composée par Antonio Carlos Jobim et Vinicius de Moraes en 1959 pour le film “Orfeu negro“, Palme d’or à Cannes, Oscar à Hollywood.

La chanson raconte que la joie du peuple est la grande illusion du carnaval, un moment de rêve, mais tout se termine le mercredi, dernier jour du carnaval.

Une après-midi chez Pierre Soulages à Sète.

Pierre Soulages est mort. À 102 ans passés, il était le peintre français vivant le plus « côté ». Et il était connu pour ses noirs, ses tableaux entièrement noirs. 

De lui et de son œuvre je ne connaissais donc que quelques clichés. 

Mais j’ai eu la chance de le rencontrer et de passer une après-midi chez lui dans sa maison à Sète. C’était il y a quelques années dans les mois précédant l’ouverture du très beau musée qui lui est consacré dans sa ville natale de Rodez, un musée remarquablement développé par son directeur Benoît Decron.

Soulages c’est d’abord un physique impressionnant. Un très grand et bel homme – on ne pense même pas vieil homme – très digne, tout de noir vêtu, crinière blanche, visage allongé, buriné : la grande classe !

Soulages c’est aussi un accueil. Méditerranéen, chaleureux, disponible. À ses côtés, sa femme, aussi menue qu’il est immense, elle aussi accueillante et amicale. 

Soulages c’est cette maison, murs en béton, grandes baies vitrées, dessinée par lui-même, dans un cadre… comment dire, merveilleusement beau : Une pinède sur les pentes du Mont Saint-Clair avec une vue sur la Méditerranée à couper le souffle. 

La lumière baissait doucement avec le soleil couchant, et Soulages nous expliquait sa démarche, comment il avait compris que le noir dans ses épaisseurs et aspérités pouvait accrocher la lumière. 

Cette anecdote, il l’avait expliqué des milliers fois, mais pour nous, il nous la racontait comme si c’était la première fois. Soulages était un formidable conteur.

Et puis, il nous a emmené dans son atelier, où il travaillait sur une nouvelle toile. Et là, il nous a montré toutes les coulisses, la complexité du travail de préparation de cette toile immense. La toile tendue avec des câbles, le cadre, la préparation de ses outils, pinceaux, palettes, et de sa peinture, ce fameux noir. Et comment il se battait, physiquement, avec la matière.

Des moments rares. 

Et puis j’ai repensé aux vitraux de l’Abbaye de Conques non loin de Rodez. Cela paraissait complètement fou : Il était l’artiste du noir, et c’est à lui que l’on commandait des vitraux pour ce superbe bâtiment roman, monument historique, classé Unesco etc…

Et le résultat est génial. 

De l’extérieur, les vitraux paraissent opaques, gris, minéraux, se fondant dans les pierres du bâtiment. Mais à l’intérieur, c’est tout le contraire. Les vitraux sont composés de verres de textures, de compositions, d’épaisseurs différentes. Ils difractent la lumière différemment, certains plus rouges, d’autres plus bleus, d’autres plus jaunes, etc… 

C’est ce que nous avait raconté Soulages cet après-midi-là à Sète, expliquant sa recherche du bon verrier, testant les verres, tant d’échecs, tant de travail, jusqu’à, jusqu’à ce résultat, qui peut paraître abstrait, intellectuel, comme ça sur le papier, mais qui quand on est dedans, dans cette lumière, est au contraire un éblouissement très instinctif, physique. 

Noir à l’extérieur, lumineux à l’intérieur. Merci Pierre Soulages.

#KendrickLamar en tournée à Paris. « Il est nous tous ».

Kendrick Lamar était de passage à Paris. 

2 concerts exceptionnels à Bercy, pleins dès l’annonce de l’ouverture de la vente de places en mai dernier. 

Évidemment, car Kendrick Lamar est certainement le plus grand, en tout cas un des plus grands, rappeurs, hip-hopers, artistes américains du moment. Il se démarque notamment par la force et la qualité de ses textes, salués par l’attribution du Prix Pulitzer en 2018. Une première !

Par quoi commencer ? … par son show ? 

Là il y a méprise pour ceux qui s’attendaient à un show à la Prince, à la Kanye West/ Jay-Z, ou comme la dernière finale du Super Bowl, où Lamar partageait la scène avec Snoop Dog, Dr Dre, 50 Cent, Eminem, Mary J Blidge, du très lourd quoi !

Son dernier disque, dont il fait actuellement la promotion, Mr. Morale & The Big Steppers, est plus intimiste, plus sombre, plus révolté, l’atmosphère ne se prêtait donc pas à des délires pyrotechniques (même s’il y a eu les incontournables jets de flammes) .

Mais quand même : 

Pas de musiciens, pas de DJ et autres virtuoses de la musique électronique : ils avaient été confinés dans la fosse sur les bas côtés de la scène. 

La chorégraphie, la mise en scène ? Quelques danseur.euses habillés dans des combinaisons intégrales sorte de mix entre une tenue de pénitent de Séville et de décontamineur de centrale nucléaire, sautillaient autour du chanteur, donnant parfois l’impression d’une course en sac de pommes de terre. 

Et puis, deux grands écrans. 2….Non mais on est à Bercy ou quoi ! Et quand on est habitué à la créativité des vidéos qu’a produites Lamar, comme « Humble » ou alors « The heart Part 5 » avec son morphing transformant Lamar en Will Smith ou Kobe Bryant…on est un peu, beaucoup déçus…

Donc pas d’effet waou.

Ensuite il y a le public. 

Respect et admiration pour ces milliers, en tout cas une bonne moitié des quelques 20 000 spectateurs, qui semblaient connaitre par cœur les textes des chansons. 

On se dit : « mais qui prétend que les jeunes français parlent mal l’anglais ». Et puis comment font-ils pour mémoriser le « flow », le débit qui est tellement rapide, les « rimes » et le vocabulaire tellement riches ? En fait, les « jeunes » ont des mémoires d’éléphants.… On nous aurait menti et on nous parle de baisse de niveau scolaire !

On m’explique que c’est parce qu’ils écoutent ces musiques en boucle, et qu’avec internet, ils peuvent même traduire les paroles.  Mais là j’émets quelques doutes sur le niveau d’anglais et la compréhension des textes de Lamar par l’immense majorité de spectateurs qui chantaient avec lui. 

Parce que ce n’est pas une traduction mot pour mot qu’il faut, c’est une traduction d’une langue, d’une culture, même pas américaine, mais celle de Compton, un des ghettos noirs de Los Angeles. Avec des références, très très pointues. 

Qui est Paula dont il parle ici, que s’est-il passé à l’école en CE1, et la strophe “eat at Four Daughters, Brock wearin’ sandals”. J’avoue que je ne connaissais pas ce restaurant de Manhattan Beach en Californie, et que je ne connais pas non plus Brock…

Et dans une de ses chansons les plus récentes : Mother I sober, tous ceux qui à Bercy reprenait « Fuck you nigger » comprenait-il ce que Lamar chantait : Une dispute entre une femme épuisée et son compagnon violent, et ce fardeau dont il dit avoir mis 30 ans à se débarrasser. Un fardeau transmis de générations en générations, dans les familles noires pauvres : la maltraitance, la violence, la drogue, le viol, celui de sa mère sous ses yeux, alors qu’il avait 5 ans, et qu’il avait appris ensuite que sa grand-mère l’avait été aussi. Il rappe qu’il lui a fallu attendre l’âge adulte, son succès, son couple, pour qu’il puisse enfin se sentir libéré de ce sentiment de culpabilité, celui de ne pas avoir réagi à 5 ans, pour défendre sa mère…

Si ces milliers de personnes de Bercy sont aussi capés que ça en anglais-américain-de-Compton-Los-Angelès, alors respect, nos jeunes générations sont équipées pour affronter le monde.

Si non… alors cela veut dire qu’ils ne font pour la plupart que répéter des sons et des paroles qu’ils ne comprennent pas. Et que, c’est sans doute alors la même chose pour les paroles de Booba, Nekfeu ou PNL… 

Heureusement parce que quand on écoute bien les paroles de beaucoup de leurs chansons, comme DD de PNL :« je connais la route connais l’adresse, j’encule sur le continent d’Hadès, sales comme ta neuch, mèches courtes, fortes comme la ppe-f’ que j’écoule » ponctué en permanence par « j’men bats les couilles », on est un peu consternés. 

Sandrine Rousseau ferait peut-être bien de délaisser le barbecue, le machisme a encore de beaux jours devant lui !

Mais revenons à Kendrick Lamar, qui boxe lui dans une autre catégorie. Pas de super show, mais un artiste qui s’inscrit dans la lignée des plus grands. Dont les textes valent le détour, dont les clips méritent d’être vus et qui par son comportement et sa vie personnelle, détonne dans l’univers très « suck my cock » « blingbling » et « Famille Kardashian » des rappeurs américains. 

« Tu l’as fait, je suis fier de toi. Tu as brisé une malédiction générationnelle » conclue une de ses chansons : « I am. All of us » . « Je suis. Nous tous”.

#benzema #KB9 C’est ce soir : Karim Benzema, ballon d’or ! Tous les gones vont faire la teuf ! (Sinon, le Rhône va déborder de larmes)

On ne va pas se mentir : Je ne suis ni spécialement spécialiste de foot, ni particulièrement chauvin lyonnais « Tout le monde peuvent pas être de Lyon. Il en faut ben d’un peu partout » dit la plaisante sagesse lyonnaise. 

Et je ne suis pas particulièrement fan de Benzema. 

Mais bon, il faut toujours faire plaisir à sa mère et ma mère  – 96 ans – adore Karim. 

Pour elle, il reste le petit « gone », dont elle suit même à distance la prodigieuse carrière. 

Entré dès 10 ans au centre de formation de l’Olympique Lyonnais, puis 5 années fabuleuses, avec l’OL, qui à l’époque remportait Coupe, Championnat, Trophée des Champions, tout sauf …l’Europe, où l’OL n’est jamais arrivé à se hisser au niveau des plus grands. 

Remarquons qu’à l’époque, l’OL était une équipe qui comptait, du moins en France. 

Aujourd’hui, elle se traîne, sauf d’un point de vue …comptable. 

Avec OL Land, le nouveau stade implanté loin du mythique Gerland – mais c’est quoi cette obsession de vouloir construire des stades à 15 kilomètres des centre villes , comme à Lyon donc ou à Bordeaux . Alors qu’à Barcelone, à Madrid, et à Marseille, les stades sont au cœur des villes, et donc le cœur des villes bat avec leur stade – , avec tout l’écosystème sportivo-commercial installé tout autour du stade et en partie financé grâce aux aides publiques régionales ou municipales, la fortune des anciens dirigeants et propriétaires du club est assurée. On est content pour eux. 

Pour atteindre les étoiles européennes, Benzema a donc rejoint le Real Madrid. Suivant ainsi l’exemple d’un autre génie du ballon rond, Zidane, bien sûr. 

Et il a eu bien raison. 

Il est maintenant KB9, El nueve, le numéro 9, l’avant-centre d’une des plus grandes équipes de la planète, dans une des villes qui, quand on est une star du foot, qu’on a de l’argent, est une des plus agréables à vivre.

Donc, quelques soient les faux-pas qu’il ait pu faire, Karim reste pour les lyonnais un gone. « Tâche moyen de pas lâcher de bêtises, parce que t’auras beau courir après, t’auras de peine à les rattraper »… 

Encore une plaisante sagesse lyonnaise que Karim aura sans doute méditée, avec l’âge, et avec l’environnement madrilène …

Ce soir entre Rhône et Saône, personne ne doute qu’il décrochera enfin le ballon d’or. 

« Le tout c’est pas d’y faire, c’est d’y penser ; mais le difficile, c’est pas d’y penser, c’est d’y faire »

Et il va le faire, il l’a fait, sans nul doute !

#covid #ukraine #climat #inflation : Nous dansons sur un volcan.

Nous dansons sur un volcan, avait coutume de répéter une de mes grand-tantes, Claire.

Avait-elle été traumatisée par l’éruption de la montagne Pelée en 1902 : 30 000 morts, 1/3 de la population de la Martinique à l’époque, un exemple tragique de catastrophe naturelle, d’impréparation gouvernementale, de minables petits calculs politiques etc… 

Évidemment l’on peut prendre le « danser sur un volcan » au sens figuré. 

Si l’on suit l’actualité telle qu’elle nous est présentée sur les réseaux sociaux avec le tam tam des chaines infos, nous dansons sur des tas de volcans. Tout est historique et breaking news, une catastrophe chassant l’autre. 

Après le Covid, la variole du singe, la guerre en Ukraine, notre prochaine vitrification nucléaire, la canicule, la sécheresse, re-lecovid, la Chine qui veut avaler Taïwan …mais qui voudrait mourir pour Taiwan : « je peux pas , j’ai cardio ». 

Et puis notre système de santé qui fout le camp, la pollution, l’alimentation qui nous empoisonnent : Notre espérance de vie est de 25 ans plus longue que celle de nos aînés, mais ça aussi on l’oublie, puisque nous gardons le souvenir de la grande-tante , qui a vécu 90 ans, mais pas de celles et ceux qui étaient morts avant 65 ans, Pierre, Louise, Claudius, Eugenia, Paul … l’immense majorité. 

Et puis, allons-nous mourir de froid, cet hiver ?  Et puis, allons-nous manquer d’essence ? Et puis allons-nous nous éclairer à la bougie ? Et puis la vie chère, l’inflation qui explose … 

Nous n’avions jamais vécu ça. « Je n’avais jamais vu ça « . Enfin, si, mais personne ne s’en souvient :

Tiens, sous Giscard, Premier Ministre Raymond Barre, surnom : le meilleur économiste de France, il engueulait les journalistes en leur expliquant : jamais l’inflation n’atteindra les 2 chiffres, 6 mois plus tard, 12 – 15 % , des chiffres comme ceux que connaissent aujourd’hui les Pays-Bas, l’Espagne. Curieusement pas chez nous. Curieusement ?

Merci surtout au bouclier mis en place par le gouvernement. Mais qui ne sert à rien, puisque nous continuons tous à nous plaindre de ce « salaud de Macron, le Président des riches », et que cela plombe la dette que devront rembourser les futures générations. On s’en fout, les conseilleurs d’aujourd’hui ne seront pas les payeurs de demain, puisqu’ils seront morts.

Et puis il y a le changement climatique, et la part que les activités humaines, notamment et surtout celles des pays développés, Europe, États-Unis ont joué et jouent dans son accélération. « Nous allons tous griller » s’inquiète une dame plutôt âgée en achetant les dernières framboises, « depuis que je sais que les vaches pêtent, je ne mange plus de viande » s’insurge un autre qui se rabat sur des bananes(sic).

En matière de climat, il y a ce que nous pouvons et devons faire pour arriver à ne plus aggraver ces dérèglements, et ce qui est de l’ordre des évolutions « naturelles ». 

Mais même dans ce domaine, les “caprices de la nature”, il n’y a pas de fatalité. Il y a surtout de l’impréparation. 

Prenez les tremblements de terre.  Un choc sismique de 7,2 ou 7,4 a fait 300 000 morts en Haiti en 2011 ? un choc encore plus puissant n’en fait que 30 à Tokyo… Les pays les plus pauvres sont ceux qui paient le plus lourd tribut. Normes de construction, éducation de la population, corruption ? C’est le Bangladesh que menace la montée des océans, pas les Pays-Bas : eux, cela fait 10 siècles qu’ils vivent avec l’eau et pas contre l’eau. 

Et il en va de même avec les volcans.  

En 1883, l’explosion du Krakatau en Indonésie avait provoqué 10 ans d’hiver et de famines sur toute la planète jusqu’en Europe. 

En 1783, l’éruption du Laki en Islande avait recouvert l’Europe d’un nuage toxique provoquant morts et famines, hivers rigoureux, la Seine gelant même à Paris. Pour certains cela aurait été un des facteurs du déclenchement de la Révolution française.  

Et plus récemment, en 2010, l’éruption du volcan islandais, l’Eyjafjallajökull… avait désorganisé les liaisons téléphoniques et aériennes sur toute l’Europe de l’Ouest. ….

Sans même aller jusqu’en Islande ou en Indonésie, tout le monde sait que le Vésuve qui a enseveli Pompéi il y a 2000 ans, pourrait à nouveau se réactiver n’importe quand. Mais avec 3 millions d’habitants à ses pieds, Naples, Pouzzole, au lieu des 10 000 de Pompéi à l’époque, bonjour les dégâts… tout est-il vraiment prêt ? 

Depuis une semaine, au large de la Campanie et de la Sicile, le Stromboli crache et gronde de plus belle, l’Etna en Sicile également, des amis sur place m’indiquent que les habitants organisent des processions à la Santa Madonna. 

Cela ne peut pas faire de mal. Mais prévoir, anticiper, éduquer, serait encore mieux : face aux « caprices » de la nature, pas de fatalité.

Décidément, ma grand-tante Claire avait raison : nous dansons sur un volcan.

La reine est morte, vive le …vivement mardi !

Pas la peine d’être républicain convaincu – c’est mon cas – pour être consterné, gonflé, abasourdi devant l’hystérie collective qui semble s’être emparée de notre planète médiatique depuis le décès de la reine Élisabeth. 

Tout particulièrement chez nous en France. Il paraît que même les Anglais nous trouvent schizophrènes. 

D’un côté nous sommes : « mort aux riches », « ah ! ça, ça ira, les aristos on les pendra « 

Et de l’autre…c’est tsunami d’émissions spéciales, 24 h sur 24, même la nuit. 

C’est « priorité à l’info », dès que le cercueil de la défunte bouge d’un mètre, pardon de 3 pieds 28 – sur la base de grands pieds : taille 45 -. 

Et puis tous ces témoignages dégoulinants d’obséquiosités. Bientôt on va proposer la béatification d’Élisabeth – Ah ! non, elle n’était pas catholique, donc pas possible– : trop d’éloges tuent l’éloge. 

Bien sûr, il y a de quoi être ébloui par tout ce tralala, le décorum, carrosses dorés, couronne impériale, soldats, soldats, soldats … bonnets à poil et uniformes chamarrés… C’est fou d’ailleurs le nombre de médailles que les membres de la famille royale s’épinglent sur leurs vestes. Ils ont dû prendre exemple sur le Général Tapioca, le dictateur des BD de Tintin. À moins que ce ne soit l’inverse.

Quant à l’empreinte carbone de tout ce pataquès, il vaut mieux rallumer les BBQs.

Reconnaissons quand même un énorme mérite à la reine défunte :  Avoir été muette pendant 70 ans. 

Pour un bavard comme moi, c’est un exploit. D’un autre côté, si en échange, ce silence assure richesse et prospérité pour toute la famille, je signe. 

Admirables Windsor : Plus allemands qu’anglais – en fait avant la première guerre mondiale, ils s’appelaient Saxe-Cobourg-Gotha– ils sont arrivés à devenir le symbole de la permanence de l’Angleterre. 

Admirable Élisabeth ! Elle a attendu la fin du XXème siècle pour accepter de payer des impôts. Alors qu’elle était une des plus grosses fortunes du monde. Et que la monarchie britannique a largement profité de 4 siècles de colonialisme anglais.

Admirable Charles, tellement moderne, tellement green, tellement décontracté. Waou ! il a accepté qu’on lui fasse la bise, une fois !

On apprend quand même qu’il est chien avec le petit personnel : Il exigerait qu’on lui repasse ses lacets de chaussure, qu’on lui prépare deux centimètres de dentifrice sur sa brosse à dents. Et il ne voyagerait jamais sans elle : Sa lunette de WC et son propre papier Q !

Et puis y’en a marre de cette surutilisation du mot « historique ». 

70 ans à la tête d’un État, même sans aucun pouvoir, certes c’est historiquement long. Un record mais plus pour le Guinness Book. Car ça va être quoi son empreinte « historique » par rapport à celles laissées par un Churchill, un De Gaulle, un Gandhi ou un … Mandela ?

Saluer la mémoire du chef d’État d’un pays ami, est une chose, mais tomber dans les hommages genre Corée du Nord, nein danke ! – J’écris ça en allemand la langue maternelle de la famille Windsor comme d’ailleurs celle de feu le Prince Philip…ex Battenberg…-

Vivement mardi qu’on repasse aux choses sérieuses.

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