Le blog de Pierre M. Thivolet, journaliste

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Mon village à l’heure des barbares.

Attaquer des bébés à coup de couteau… C’est innommable, barbare. Tellement barbare qu’il nous paraît impossible que l’auteur de cette barbarie puisse être un « bon » français, un « français 4 quartiers de francitude », un bon « gaulois ».

L’auteur de l’attaque d’Annecy est syrien. Et d’aucun de nous expliquer que les attaques au couteau sont des pratiques préconisées par les djihadistes. Il est suggéré : syrien donc terroriste islamiste.

Puis l’on apprend qu’il n’est pas musulman, mais chrétien. 

L’explication par le complot islamiste tombe, mais pas le fait qu’il soit arabe…autant dire donc déjà à moitié coupable. 

De plus il est réfugié. Réfugié, donc sans papier, donc illégal.

Qu’importe qu’il ait obtenu le statut de réfugié en Suède, qu’importe qu’il ait épousé une Suédoise. Qu’importe donc qu’il ne soit ni un sans papier, ni un clandestin. 

Ce qui reste au bout du compte, c’est qu’un étranger a commis un acte barbare chez nous. 

Le barbare est forcément quelqu’un qui d’une manière ou d’une autre nous est étranger. D’ailleurs, chez les Grecs et les Romains, barbare signifiait étranger. 

Virons les étrangers et nous nous débarrasserons de la délinquance. CQFD.

Le lendemain de l’attaque d’Annecy, dans un petit village breton, une enfant de 12 ans est tuée à coups de fusil dans son jardin. L’auteur : un voisin… un retraité néerlandais. 

Quelles conclusions ? faut-il se méfier des Hollandais ? Ou bien des retraités ? 

Ou des 2 à la fois. 

Samedi à Brassac (Tarn), un jeune est pris d’un « coup de folie ». Sous l’effet de l’alcool, il s’enfuit au volant d’une voiture volée. Et pour tenter d’échapper à une patrouille de gendarmerie, il fonce au milieu d’une fête d’anniversaire avec 300 personnes. 

Faut-il se méfier des jeunes tarnais ? 

Et qu’est-ce que tout cela a à voir avec nos frontières qui ne seraient pas gardées ? 

Face à l’innommable, nous cherchons des explications. 

C’est bien normal, mais méfions de ces petits glissements progressifs qui nous ont conduit dans un passé pas si ancien que ça à nous comporter en barbare.

À la fin du XIX ème siècle, pour expliquer les violences et les crimes plus sanglants qu’aujourd’hui, on rejetait la faute sur la « vermine étrangère ». Les Italiens notamment étaient accusés de venir manger le pain des Français, et d’être in-intégrables dans la République en raison de leur culture trop marquée par la religion catholique. 

En 1881 à Marseille, en 1894 à Aigues-Mortes, des pogroms anti-italiens font plusieurs dizaines de morts. 

En 1891, à Lyon, l’assassinat du président Sadi Carnot par Caserio, un anarchiste italien, provoque plusieurs jours d’émeutes. 

En Allemagne, il y a moins de 80 ans, pour expliquer les malheurs du peuple allemand, les nazis avaient une réponse : les juifs. « Die Juden sind unser Unglück ». Et ça a marché… 

Tellement bien que ça a conduit aux chambres à gaz. 

L’attaque d’Annecy est innommable, c’est-à-dire qu’il n’y a plus rien à nommer, plus rien à ajouter. Aucun mot. Il faudrait se taire pour respecter la douleur des parents et des proches. 

Et pourtant nous faisons tout l’inverse. 

Poussés par l’angoisse d’être dépassés par les tweets et autres reels, nos media – les chaînes d’infos – glosent et meublent même quand ils n’ont rien à dire. Nous faisons la même chose avec nos réactions « à chaud ». Nous ne prenons pas le temps de la réflexion, ce qui nous permettrait bien souvent de ne pas dire de bêtises. 

Et pourtant, la sagesse populaire nous met en garde : « Il faut savoir tourner sa langue sept fois dans sa bouche ». Aujourd’hui à l’heure d’internet, nous devrions apprendre à réfléchir avant de cliquer. Clic, crac, boum, hue !

Mon village à l’heure des ponts.

Quel mois de mai, non mais, quel mois de mai !  

Ce n’est plus : « en mai fais ce qu’il te plaît », c’est devenu : en mai, mets tout entre guillemets », ou alors, « en mai, fais la semaine des 4 jour-nèes »(  je sais : pas terrible, la rime : à chacun son talent, moi les rimes riches genre rappeur avec des « j’men bats les couilles, j’en ai plein les fouilles » … je n’y arrive pas ! ).

Bref, de jours fériés en jours chômés, entre les ponts et les RTT, beaucoup ont pu pratiquer la semaine des 4 jours. Les sociologues et spécialistes du travail en rêvaient. En mai les Français l’ont fait. (Waouh, ; que de rimes riches, vite : avec force auto tune et voice coder, je démarre une carrière)

Et comme en plus, la météo s’est mise de la partie… avec en mai, et en ce début juin, un beau temps de juillet mais sans les nuits caniculaires, tous les Français – en tout cas tous ceux qui le peuvent – ont eu la tête ailleurs. 

À en juger sur la fréquentation des gares, routes, aéroports, je ne veux pas faire de mauvais esprit, mais c’est à se demander où est la crise…

Bref, après un mois d’avril particulièrement dégueulasse, suivi par un début mai, gris, maussade, pluvieux, frais, nous n’avions qu’une seule envie, partir, sortir, terrasses et soleil. 

Ou aller au restau par exemple et profiter de ces soirées à rallonge. 

Dans mon village, qui a été particulièrement gâté par la géographie, l’histoire et … l’économie, il y a 3 restaurants / cafés. Et avec les beaux jours, j’avais envie d’en profiter. 

Le premier un peu plus chic, un peu plus « gastro », ne sert plus après 21h. Le chef et les cuisines s’arrêtent à 20h30. 

Le deuxième un peu plus « roots », cochon et cochonnailles, idem, la cuisine s’arrête à 20h30-20h45.

Le troisième, un café restaurant genre bobo mais bobo Paris 9ème, télétravail, et voitures électriques, il est fermé le week-end. 

Même en élargissant le périmètre des recherches, même causes, mêmes effets. 

La guinguette bord de l’eau n’a plus de poissons après 20h30. 

Et le restau de cet hôtel ne sert plus à manger après 21h. 

Mourir de faim un soir de mai ou de juin ? 

En revenant sur la place du village, une lueur d’espoir cependant… Un nouveau spot qui vient d’ouvrir, et que l’on remarque de loin avec ses lanternes rouges : un sushi shop nippo-sino-vietnamien. Eux à 11 heures du soir, ils servent et livrent encore… Mais comment font-ils ? 

Sans tomber dans les clichés, ce n’est pas qu’« ils » travaillent plus que leurs homologues installés depuis longtemps. C’est peut-être que leur organisation du travail est un peu différente, pour le dire de manière diplomatique. 

Car tous les restaurateurs vous l’expliqueront : si l’on veut respecter les lois – tout à fait légitimes- sur la durée du travail, les horaires , si l’on veut répondre aux nouvelles aspirations pour beaucoup de ne pas sacrifier les soirées , les week-ends, eh! Bien, ils ne trouvent plus personne. Parce que la vie d’un chef, c’est se lever aux aurores et terminer tard le soir.  Prolonger le service d’une heure ou de deux, cela supposerait un cuisinier ou un serveur supplémentaire et ça, la plupart des restaurateurs ne peuvent se le permettre. On appelle ça des métiers « en tension » ?

Adapter les législations qui encadrent le nombre d’heures de travail, les rythmes de travail, de repos, l’allègement des charges sociales pour permettre l’augmentation des rémunérations etc…les pistes pour permettre aux cuisiniers et à leurs équipes de vivre de leur travail ne manquent pas. 

Mais en tout cas, il faudrait faire quelque chose pour qu’il n’y ait pas de fossé entre d’un côté « Top chef » et tous ces jeunes qui « donnent tout » avec une maturité, un talent, une passion et un engagement qui forcent l’admiration ;

et de l’autre la réalité économique de milliers d’établissements.

Pour qu’à 22 heures par une belle soirée d’été on puisse encore être servi dans les restaus de mon village.

Couronnement de Charles III : La France est-elle plus royaliste que le roi ?

C’est dingue, c’est fou, c’est crazy : Depuis quelques jours, il n’y en a plus que pour lui, pour eux : Pour Charles et son couronnement. 

En France, tous les media rivalisent d’obséquiosités (en clair, ce sont de gros lèche-cul).

Ils multiplient les « spéciales » pour nous vendre les heurts et malheurs des Windsor and Co. Pauvre petit garçon riche; Oh ! qu’il est dur d’être un Prince; Oh ! qu’il est difficile d’être le plus grand propriétaire terrien d’Angleterre, sans avoir dû lever le moindre petit doigt, comme ça par la seule naissance. Oh ! c’est terrible, ces divorces, etc., etc… 

Normalement, c’est la presse spécialisée, Gala, Point de vue, qui informent sur l’actualité heureuse, et ça depuis des générations, avec des lectrices et lecteurs passionnés jusqu’en Guadeloupe ou Martinique (si, si, j’en connais !). 

Mais depuis quelques jours, ils s’y sont tous mis, de BFM à LCI, et les « experts » qui expertisaient à longueur d’antenne sur le Covid, l’Ukraine, la sécheresse, se sont transformés en correspondants à Buckingham. Et tous, d’enfiler les clichés et les poncifs, dont notamment celui-ci : les Français seraient fascinés par la monarchie, les Français se sentiraient orphelins de la royauté depuis qu’ils ont coupé la tête de Louis XVI ! 

Quelle foutaise ! 

Ce n’est pas parce qu’on regarde « la famille Kardashian » qu’on a envie de se faire faire des implants fessiers ou des prothèses mammaires. Ce n’est pas parce qu’on jette un coup d’œil à la villa des Marseillais, qu’on a envie d’être aussi vulgaires. 

Toute la France serait conquise par la folie royale. Toute ? non. Comme Astérix, nous sommes quelques-uns à résister. 

Rappelons d’abord que ce sont les Anglais qui ont commencé à couper la tête de leur roi. Et Charles, le premier du nom, s’en souvient douloureusement, lui qui fût décapité, à la hache (c’est classe !) en 1649. Avant que ne soit instaurée une République, en fait une dictature, avant la restauration de la monarchie, 20 ans après. 

Arrêtons de nous extasier devant l’arbre généalogique des Windsor, « descendants de 1000 ans de souverains anglais ». 

Foutaises : les Windsor sont plus allemands qu’anglais. Leur arrière-grand-père, Georges III était en fait roi de Hanovre, en Allemagne ; sa femme était allemande ; leur fille la reine Victoria épousa Albert, Prince de Saxe- Cobourg et Gotha, allemand. 

Et c’est leur fils George V qui décida de prendre le doux nom de Windsor, pendant la première guerre mondiale, parce que ça la foutait mal d’être famille avec l’ennemi.

Il y a une chose en revanche, dont les Windsor ont bien hérité, c’est de la fortune, des terrains, et d’une position qui les met par naissance au sommet de la pyramide sociale. 

Car c’est ce qu’exprime la royauté : La permanence en 2023 d’un système féodal, d’un système de castes, où le rang est établi par la naissance, pas par le mérite. 

Même sans beaucoup de pouvoir, la chambre des Lords en est l’expression, comme la formation des élites dans les « public schools », ou bien la transmission de père à fils aîné, de domaines et de châteaux à la « Downtown Abbey ». 

On sait par exemple, que le « crown estate », le domaine royal, est le plus grand propriétaire foncier du royaume. Une bonne partie des terrains du centre de Londres, comme Picadilly circus ou Regent street lui appartient.

Alors, bien sûr on se réjouit pour nos amis britanniques. 

Si pour eux, ça leur permet de se retrouver autour des valeurs et des traditions de leur pays, tant mieux. Et on fait la fête avec eux. 

Mais surtout, on leur tire notre chapeau pour avoir fait de ces traditions une arme de soft power formidable. 1 milliard de téléspectateurs pour l’événement, mieux sans doute que les prochains JO Paris 2024.

Mais PLZ, please, ne soyons pas des gogos.

Et même si aujourd’hui – la peine de mort étant abolie – Louis XVI ne serait plus guillotiné, même si il faut bien reconnaître que la Révolution française 1ère mouture, s’est terminé en eau de boudin et en bain de sang, les valeurs de la République, Liberté – Égalité, Fraternité – sont des principes qui nous honorent et qui demeurent des objectifs à atteindre toujours actuels, même s’ils restent souvent des vœux pieux.

Alors soyons cabotins, et reprenons cette vieille chanson de corsaires : « Le 31 du mois d’août », dans laquelle, face à une frégate anglaise, les marins français lancent : « Et merde pour le roi d’Angleterre qui nous a déclaré la guerre… ! »

Tout cela avec beaucoup d’amitié pour nos amis anglais, et leur quiche -royale- aux épinards. 

Les rats sont entrés dans Paris

Ces poubelles qui débordent; ou qui brulent. 

Ces détritus qui s’amoncellent dans les rues de Paris-n’est-plus-magique.

Et ces rats qui nous envahiraient jusque dans les berceaux de nos bébés, déjà qu’ils sont de moins en moins nombreux (les bébés) … Quelles images ! Et quelle image la France présente aux potentiels touristes.

Ajoutez à ça, le périphérique qui est bloqué tout comme les dépôts d’essence, les grèves qui prennent les usagers en otage, l’eau qui commence à manquer, les vaches qui continuent de péter, et bien sûr, la loi sur les retraites qui bat en retraite.

Bref, nous sommes foutus, la France est foutue. 

On comprend bien la nécessité vitale pour les chaines tout info d’aller de breaking news en breaking news. Surtout ne jamais sortir du hot news, et tant pis s’il faut pour cela chauffer des news pas très chaudes.

On comprend bien que le net a besoin d’alimenter le fil continu des news qui doivent accrocher notre regard au fil de nos scrolls. Ce que l’on cherche c’est du volume et tant pis s’il faut pour cela tout diffuser sur un même pied d’égalité, le faux comme le vrai.

Tout est historique, tout est dramatique, tout est catastrophique. Déprimant…

Et puis on regarde au-delà de la Manche, du Quiévrain, du Rhin, des Alpes, des Pyrénées. 

Et on voit qu’en Allemagne les grèves se multiplient pour réclamer des hausses de salaire de 10 %. Dans certaines villes, les poubelles s’amoncellent, hôpitaux, transports et trafic aérien sont perturbés.

Aux Pays-Bas, un parti inconnu il y a 10 ans vient de remporter les élections régionales. Son programme : mettre un terme à la politique « verte » de l’actuel gouvernement. En gros, laissez nos belles frisonnes (les vaches) péter en paix.

Et puis de la Grèce qui ne se remet toujours pas de la terrible catastrophe ferroviaire d’il y a un mois, à l’Italie, à l’Espagne jusqu’au Portugal, les taux des emprunts sont variables. Avec la brusque remontée des taux d’intérêt, les ménages sont étranglés par le remboursement de leurs emprunts, notamment immobiliers.

Idem mais en pire en Suède et au Royaume-Uni, qui de toute façon est déjà si mal en point que ce ne sont pas les fastes du prochain couronnement de Charles III qui pourront changer grand-chose.

Alors ?

Alors, informer ce n’est pas forcément débiter une succession de nouvelles présentées comme une suite de catastrophes. Avant l’on avait coutume dire : le battement de l’aile d’un papillon pourrait faire chuter la bourse à New York. Aujourd’hui ce n’est plus un papillon, mais Twitter and Co qui gazouille en permanence. Et ça en devient soûlant. Much ado about nothing, comme écrivait le grand William S.

Sortir de nos nombrils, prendre un peu de hauteur, mettre en perspective, relativiser, se garder des jugements définitifs, ferait beaucoup de bien à nos médias, nous ferait beaucoup de bien. 

Parce que la France n’est pas le pays le plus épouvantable de la planète. Peut-être même qu’au contraire et malgré tout, c’est une chance de vivre en France. 

Mais bien sûr, ce n’est pas très vendeur.

Pourquoi Aya Nakamura n’est pas Rosalia ? Sans doute, parce que l’espagnol est une langue mondiale, contrairement au français.

Rosalia – Aya Nakamura.

Voilà deux chanteuses qui explosent sur la scène mondiale. 

Même génération, même mises en scènes vidéo, même goût pour piocher dans les rythmes dansants, salsa, reggaeton pour l’une, zouk, afro trap pour l’autre, et rap pour les 2. 

Et puis même actualité. 

Rosalia vient de terminer une tournée mondiale triomphale où les plus grandes stars américaines se sont bousculées pour des duos avec elle. Et elle vient de mettre le feu au dernier défilé Louis Vuitton à Paris. 

Aya Nakamura vient tout juste de sortir son dernier album DNK, qui s’annonce comme un énorme succès. La presse française applaudit déjà les centaines de millions d’écoute à venir. Et s’extasie quand, il y a quelques mois, en tournée à Paris, l’excellente Alicia Keyes invite Aya sur scène pour interpréter ensemble son tube Djadja.  

Mais la comparaison s’arrête là. 

D’abord parce que Rosalia danse, chante. Et elle a une vraie voix. 

C’est sans doute la même chose chez Aya, sauf que dans son dernier album DNK, il est difficile de s’en rendre compte

En effet, elle y use et abuse du vocoder et de l’autotune, qui sont un peu à la vraie voix, ce qu’un godemichet est à un vrai sexe. Il masque le manque de souffle, pallie les défauts, mais manque totalement de sensibilité.

Petit point culture technique :

Le vocodeur est un instrument inventé il y a un demi-siècle, pour réduire le « poids » des transmissions téléphoniques. C’est lui qui donne ces voix de robots que nous entendons partout. 

L’autotune est un logiciel informatique censé corriger les fausses notes. Mais détourné de son usage, il permet, j’exagère à peine, d’avoir la voix de Pavarotti ou de Whitney Houston (enfin presque).

De Booba à PNL, de nombreux artistes ne peuvent plus s’en passer. Ça donne ces voix métalliques, aseptisées, se ressemblant toutes.

Pas de ça ou presque chez Rosalia (prononcez Ro-sa-li-a). 

26 ans, un talent fou, elle est à la fois très espagnole et totalement latine. 

Après des études de musique en Catalogne, où elle est née, elle est allée apprendre le flamenco à Séville, puis a absorbé tous les rythmes venus de l’Amérique hispanophone, Cuba, Colombie, Porto-Rico. Elle passe d’un univers à l’autre avec une incroyable facilité, mais sans jamais abandonner son hispanité. Ses clips vidéo ne la mettent pas en scène, gros nichons et gros bonda gonflés par des prothèses, twerkant pour des machos bodybuildés, chaînes en or et bagouzes aux doigts qui lui susurrent « you’re my bitch ». 

Non, Rosalia se met en scène dans une station essence d’une banlieue espagnole, ou sur une plage avec des vacanciers Monsieur tout le monde.

Bien sûr elle peut-être aussi femme fatale (comme dans La fama) ou totalement déjantée comme dans le show Louis Vuitton avec Saoko ou quand elle interprète des bulerias(typiquement flamencas) tout en cuir, minijupe et bottes montantes.

Elle a percé dans toute l’Amérique Latine. Mais aussi, aux États-Unis. 

Et c’est ce qui fait la différence entre les artistes hispanophones et francophones. Ils sont chez eux aux États-Unis où l’espagnol est devenu la seconde langue. L’île de Porto-Rico leur sert souvent de porte d’entrée, et d’accès aux majors américaines. 

Cela se vérifie dans de nombreux domaines. Ainsi Penelope Cruz ou Antonio Banderas font des carrières américaines qu’aucune actrice française, même Marion Cotillard, ou français, même le formidable Omar Sy, ne font. 

Revenons à Aya Nakamura « l’artiste française la plus écoutée » dans le monde. La plupart de ses chansons sont en fait des histoires d’amour qui finissent mal en général ; On est loin des Rita Mitsouko. Tout est très fleur bleue, très mièvre. 

Ce qui est rassurant finalement : Les générations passent mais les ados d’aujourd’hui sont comme ceux d’hier, ils rêvent d’amour.

Côté rimes, avec des refrains comme dans « J’ai mal » : « Mon cœur crie à l’aide, c’est pour ça que je t’appelle / Offre-moi ta main, elle me servira d’attelle », on est loin de MC Solaar. 

Côté fond, on est loin de Rosalia qui dans « La Fama » chante : « La célébrité est un mauvais amant et elle ne t’aimera pas vraiment.

C’est trop traître et comme elle vient, elle s’en va ».

Avec Aya, pas de prise de tête.

Et au moment où, entre autres horreurs, l’on tire sur une synagogue en plein shabbat, et où aux États-Unis, un noir se fait battre à mort par des policiers alors qu’il appelle sa mère à l’aide et hurle « mother, mother », ce n’est peut-être pas plus mal.

Argentine: quand je te reverrai, il n’y aura plus ni chagrin ni oubli.

Il est de bon ton, il est fairplay de se réjouir de la victoire de l’Argentine au mondial, de fêter le talent et le parcours sportif de Lionel Messi. La liesse populaire qui embrase Buenos Aires pour célébrer la 3 ème étoile de « l’albiceleste », l’équipe argentine nous emballe tous.

Nous nous réjouissons d’autant plus volontiers qu’il n’y a aucun contentieux ou presque entre l’Argentine et la France. 

Et même cocorico ! l’incarnation de l’âme argentine, ou plus exactement de l’âme « porteña », c’est-à-dire de Buenos Aires, est un français, ou presque, Charles Romuald Gardès. 

Né à Toulouse en 1890, il émigra à l’âge de deux ans en Argentine, emmené par sa mère, blanchisseuse. Il devint Carlos Gardel, au moins aussi cher au cœur des Argentins que Maradona ! 

Il est l’incarnation du tango, cette musique, cette danse, à la fois populaire et sophistiquée, sensuelle et nostalgique qui expriment tellement l’âme de ce pays d’immigrants.  

Son œuvre et sa voix sont classées Mémoire du monde de l’UNESCO depuis 2003. 

70 ans après sa mort dans un accident d’avion en Colombie, sa statue sur sa tombe au cimetière de la Chacarita est toujours honorée par des admirateurs qui viennent tous les jours renouveler et allumer la cigarette qu’il serre entre ses doigts.

Une fois qu’on a dit ça, il ne faudrait pas non plus qu’on soit gaga. 

Parce que l’Argentine fait partie de ces pays où le foot est vraiment l’opium du peuple, pour la plus grande tranquillité des élites, dont beaucoup ont le cœur certes en Argentine, mais avec un pied à Londres ( ou à Paris) et l’autre dans des banques américaines. 

Car depuis l’époque de Gardel justement, depuis les gouvernements populistes de Juan Perón, et de son épouse Évita, l’Argentine va de crise en crise.

En 2001, le pays a même fait faillite comme une vulgaire entreprise reprise par un investisseur prédateur, avec défaut de paiement de sa dette extérieure, blocage de tous les comptes bancaires. Les Argentins ne pouvaient plus retirer d’argent, ils n’étaient plus payés, avec une inflation à 3 chiffres et la non-convertibilité de la monnaie nationale. 

Cette faillite argentine devrait d’ailleurs être une leçon pour tous les pays qui se croient au-dessus des questions de remboursement de dettes : Oui, un grand pays peut faire faillite et ce sont alors les plus pauvres qui paient les pots cassés. 

Et aujourd’hui ? L’inflation est à plus de 100 % (7 – 8 % chez nous), il est quasi impossible d’acheter une monnaie étrangère (le dollar s’échange donc au marché noir pour le double de son cours officiel), et surtout l’explosion de la pauvreté : À Buenos Aires, les bidonvilles s’étendent maintenant à perte de vue, 1/3 des Argentins vivent en-dessous du seuil de pauvreté. 

Et puis, sans vouloir gâcher la fête, et sans vouloir généraliser, les Argentins sont, comment dire…, plutôt racistes ! 

Cela a commencé il y a 150 ans avec le massacre consciencieux de tous les indiens ; Cela a continué avec la peur de devenir noir, comme le Brésil dont les Argentins moquent souvent le métissage. 

Les propos et les chants racistes, notamment à l’égard des Bleus sont légion, et repris jusque dans les rangs de l’« Albiceleste » : “Ils jouent en France mais sont tous d’Angola !“. Sans qu’il n’y ait aucune protestation des instances officielles argentines.

Et puis arrêtons d’être paternalistes, avec des réflexions du genre : « Leur pays est au bord du gouffre économique et social, voire même déjà au fond du trou, mais c’est formidable cette passion football, ce sens de la fête ». 

C’est du même acabit que «la pauvreté est plus douce au soleil ! ». 

On peut comprendre que les Argentins cherchent à profiter de cette parenthèse enchantée. Car dans quelques jours, la fête sera finie et tout le monde se retrouvera face aux réalités : L’Argentine, qui a pourtant tellement d’atouts naturels, parviendra-t-elle un jour à rompre le cycle infernal des crises de surendettement et d’hyperinflation ?

Il faudrait une main de Dieu à la Maradona pour sauver le pays, mais ça, ça n’existe pas dans la vie économique. 

Alors on peut réécouter « Mi Buenos Aires querido ». 

Carlos Gardel chante : « cuando yo te vuelva a ver…no habra más penas ni olvido… quand je te reverrai… il n’y aura plus ni chagrin ni oubli »

Et là on a envie de tout plaquer et de partir immédiatement pour Buenos Aires, qui même au bord du gouffre, reste une métropole unique, bouillonnante, fascinante, schizophrène… on dit que c’est la ville au monde où il y a le plus de psychiatres ! 

Coupe du monde de foot Qatar2022. Mercredi : Je peux pas, j’ai piscine.

Non, je ne voulais pas regarder la Coupe du monde au Qatar, parce que … parce que Qatar !

Dois-je m’étendre sur les innombrables raisons qui nous poussent à boycotter cet émirat pourri de gaz et de flouze et qui vient jusque dans nos parlements corrompre nos député(e)s ?

Non, je ne mange pas de ce pain-là.

Mais l’autre soir, je tombe sur la chaîne l’Equipe, qui diffusait Brésil – Croatie ou bien était-ce Espagne-Maroc … Attention, la chaîne qui n’a pas les droits de diffusion, diffusait en fait le jeu fascinant de son journaliste qui commente devant la caméra un match qu’il voit mais qu’on ne voit pas…Excellent Yoann Riou, qui doit perdre au moins 5 kilos à chaque match, et qui par la seule force de son verbe et de sa gestuelle, nous fait plus que vivre le match, il est comme un casque de réalité virtuelle, avec lui on est au cœur du match. Bravo l’artiste !

Et puis ? quoi ? après l’Allemagne, le Brésil, l’Espagne éliminés ?… Surprenante Coupe du monde. 

Et puis ? quoi ? le Maroc ou la Croatie qui pourraient remporter la Coupe ? Comme quoi, dans notre vaste monde qui semble être dominée par les super-puissances, la taille et l’argent ne font pas tout…

Et puis ? quoi ? L’Équipe de France, qui malgré les blessés et les forfaits arrive en quart de finale… Je voudrais pas dire , mais plutôt péniblement quand même. Ces penalties face aux anglais… ça ne sent pas très bon… Mercredi, pas sûr que… mais chut… Je ne voudrais pas porter la scoumoune.

Donc, mercredi, je pourrai pas parce que… je serai occupé à regarder LE match…

Comme apparemment des centaines de millions de spectateurs de part le monde, voir même au-delà du milliard, car les succès du Maroc ont un écho formidable dans tout le monde arabe. Et dans le monde entier. Comme quoi cette Coupe est en train de devenir vraiment mondiale. Comme quoi, ce n’était pas si stupide d’organiser cette compétition ailleurs qu’en Europe ou en Amérique. 

Quantitativement, démographiquement, l’avenir du foot passe sans doute par l’Afrique et l’Asie. 

Et puis, finalement, on n’a jamais autant parlé du scandale des travailleurs étrangers traités comme des esclaves sur les chantiers de l’Émirat, de l’obscurantisme de son régime, des droits de l’Homme bafoués, etc…

Il en restera forcément quelque chose.

Guyane, Amazonie, forêt vierge, expéditions survie : La route de l’enfer (vert) est pavée de mauvaises intentions.

Ce lundi 5 décembre, vingt hommes et femmes sont partis pour une expédition de 40 jours dans la forêt équatoriale guyanaise. Baptisée, « Deep climate », son objectif est de mesurer l’adaptation du corps humain à des conditions climatiques extrêmes. Sic…

Voilà c’est dit et vu d’ici, vu de la France « métropolitaine », on a tout de suite des images : La Guyane avec son immense forêt impénétrable, hostile, la forêt vierge, on imagine qu’à chaque pas nous sommes les premiers êtres humains (civilisés) à se frayer un chemin entre les lianes, avec les mygales, les serpents et les fourmis rouges prêtes à nous bondir dessus. 

Cette vision de l’enfer vert a été confortée par 500 ans de malentendus. 

Pourtant, tout avait bien commencé : 

Colomb et ses envahisseurs espagnols ont d’abord été séduits par la douceur du climat « aussi doux qu’un printemps en Andalousie » écrit Christophe Colomb dans son journal. 

Il faut dire qu’en Guyane par exemple, la température n’est jamais extrême, entre 21 et 31 °C toute l’année, nuit et jour…Il n’y a jamais de canicule, jamais de vague de froid.

Ensuite, ça s’est vite gâté. 

Car tenter d’explorer la Guyane en habit de chevalier, avec armure et chaussures qui pourrissent, ce n’était pas forcément une bonne idée. 

Vouloir y pratiquer une agriculture comme en Castille ou en Normandie, c’était forcément une mauvaise idée. 

Chaque siècle a apporté sa couche de tentatives catastrophiques de « colonisation » par les européens. Le désastre de Kourou, le bagne, à chaque fois des projets conçus en Europe sans tenir compte de ce qu’est la Guyane, de son environnement, puissant.

Et puis le pompon, ce sont ces expéditions survie, aventure, un peu comme si on allait faire l’Himalaya. Il y a eu la tragique expédition en solitaire de Raymond Maufrais, disparu en forêt et dont on ne retrouva que le journal. Publiées dans les années 1950, « les  Aventures en Guyane » ont excité l’imagination de nombreux baroudeurs de tous bords.

Justement la comparaison est intéressante. Il ne viendrait à personne l’idée (sauf malheureusement chaque année à quelques touristes inconscients), de se lancer à l’assaut du Mont-Blanc (ou de l’Himalaya) en tongs, bermuda et sans guide.

Pour la forêt équatoriale, c’est la même chose. Au lieu d’y aller comme si on était les premiers, peut-être faudrait-il demander aux personnes qui y habitent depuis des milliers d’années.

Car on découvre aujourd’hui que l’Amazonie et les Guyanes ont été beaucoup plus peuplées qu’on ne le croyait, avec des civilisations brillantes, des villes, une agriculture efficace, capable d’abonder des sols qui sous la canopée sont en fait pauvres, des sociétés qui n’ont pas été développées contre leur environnement, comme cela a été le cas avec la colonisation européenne, mais avec. 

C’est ce que prouvent aujourd’hui les travaux et les fouilles menées depuis une vingtaine d’années, par Stephen Rostain, directeur de recherches au CNRS, un des premiers archéologues français à s’être spécialisé sur l’Amazonie.

On redécouvre aussi que les tribus qui n’auraient jamais vu de blancs sont en fait des tribus qui ont fuit les blancs. 

Parce que ce n’est pas le climat, la forêt, les bêtes qui ont fait disparaître les amérindiens, c’est nous, nous avec nos maladies, nos virus. 

En quelques années, la grippe, la variole ont décimé les populations d’Amazonie, comme d’ailleurs celles des Andes ou d’Amérique centrale. Aujourd’hui, on estime qu’en Amazonie, elles sont passées de 10 millions d’habitants à quelques dizaines de milliers. 

Et lorsque les Français, Hollandais, Anglais colonisent les Guyanes, – Cayenne fondée en 1643 – un siècle après les Portugais et les Espagnols, ils découvrent des forêts presque vides, après l’une plus grandes catastrophes sanitaires que le monde ait connue.

Ce n’est pas en Guyane qu’il faudrait faire des expériences survie, mais plutôt dans ces immenses mégalopoles où se concentrent de plus en plus le gros de la population mondiale.

40 jours d’immersion dans les bidonvilles de Lagos, Kinshasa ou Manille, comment y survivre ?  Ça, ça serait un vrai défi pour nos aventuriers européens.

Et ce n’est pas d’expériences survie dont ont besoin les Guyanais d’aujourd’hui, mais de véritables perspectives de développement : C’est quoi le projet pour la Guyane dans les 30 ans qui viennent ? Ça c’est le vrai défi qui intéresse les Guyanais.

Vols dans les TGV : mais que fait la SNCF ?

Vols dans les TGV, que fait la SNCF ? rien. 

D’ailleurs, la compagnie le précise bien, elle n’est pas responsable des vols perpétrés dans ses trains. 

Pas responsable ? 

Mais qui impose aux voyageurs des compartiments où ils sont OBLIGÉS de laisser leurs bagages encombrants à l’entrée, voir même dans le sas entre deux compartiments ? La SNCF.

Ok, il y a 40 ans, ça pouvait sembler être une bonne idée. Voyager en TGV, ça devait être un peu comme prendre l’avion. Donc les bagages à mains et les vêtements dans l’étroite étagère placée au-dessus des têtes. Quant aux valises encombrantes, non pas en soute, mais à l’entrée.

Mais aujourd’hui ? Pourquoi toujours la même conception de compartiment, alors que l’on sait que des petits malins, non pardon des bandes de malfrats ont bien compris que dans la conception même des rames TGV, il y avait des failles faciles à exploiter. 

Ça a été d’abord le coup du vol au moment du départ. 

Dès le quai vous êtes repérés : une valise qui paraît bien chargée, un sac qui a l’air de marque, etc…

Vous montez, vous cherchez une place pour vos bagages, il n’y en a pas, sauf…sauf à l’entrée. Mais vous, vous êtes assis de l’autre côté du wagon et de plus vous tournez le dos à l’entrée. 

Juste au moment du départ, le voleur prend votre valise, descend sur le quai, la remet à un complice, qui ensuite la remet à un autre complice. Et même si vous vous en apercevez 5 mn plus tard, trop tard, les portes sont closes, et le TGV fonce déjà vers les 300 km/h…

La police a fini par gêner ces bandes, et puis, aujourd’hui, les billets sont souvent contrôlés avant d’entrer sur les quais de départ. 

Les voleurs ont donc « amélioré » leurs techniques. Et vous allez voir comment les préjugés peuvent être utilisés. 

D’abord le look : on choisit un petit vieux, ou quelqu’un grimé en petit vieux. Une petite vieille, ça marche aussi. Un djeun’ casquette et sneakers, ce serait plus voyant. 

Le petit vieux achète un billet, en 1ère. Par exemple sur Paris-Marseille, sans arrêt. 

Là vous vous dîtes : pas d’arrêt, en première, ça paraît plutôt sûr. 

Erreur.

Si par hasard pendant les 3 heures du voyage, vous voyez le petit vieux fouiller dans vos bagages, l’individu va jouer au con un peu sénile : Oh ! pardon, je vois mal, j’ai confondu mon bagage. 

Si vous ne remarquez rien, de toute façon, à l’arrivée, en quelques secondes, il prend le sac qui l’intéresse et se dirige vers la descente. Mais 30 personnes se lèvent en même temps, cherchent leur manteau, leur sac, prennent leur valise. Et dès que vous constatez le vol, entre le voleur et vous, il y a la foule des voyageurs.

Non, je ne suis pas parano, et ceci n’est pas un fake. 

En septembre dernier, la police a d’ailleurs fini par démanteler une de ces bandes de voleurs. Et le butin présenté à la presse est impressionnant. Des dizaines de milliers d’euros, des bijoux, des ordinateurs, des appareils photos, des caméras, y compris des caméras professionnels (les nôtres peut-être…). 

Bravo la police ! Elle a même mis en place un contact mail, pour celles et ceux qui auraient été volés, et qui, on ne sait jamais, pourraient ainsi récupérer leurs biens. 

Mais que fait la SNCF ? 

Rien, et les nouvelles rames TGV mises en service sont peut-être plus « green », plus connectées, mais elles n’en sont pas plus sûres. Comme si ces « expériences » voyageurs n’étaient jamais remontées au sommet. 

Et pourtant, il y aurait bien des solutions, faire comme les Italiens (et d’autres d’ailleurs) .

Sur Trenitalia, les voyageurs prennent leurs bagages avec eux dans le compartiment, et suffisamment de place a été prévue pour qu’ils ne soient pas obligés de les laisser à l’entrée, au risque de se les faire voler. 

Vérité au-delà des Alpes, erreur en-deça… 

Trottinettes : La bataille est engagée, mais la guerre est déjà perdue.

On appelle ça la mobilité douce : Marche, vélo, trottinette… 

Douce, elle l’était avant qu’on y rajoute « électrique ». 

Et ça change tout.

Nous ne sommes pas plus incivils qu’avant, nous le sommes de manière motorisée. 

Avant, on nous avait appris à traverser les rues. Tu regardes à gauche puis à droite, tu attends le vert piéton et tu traverses. 

Aujourd’hui, il faut regarder à droite, à gauche, puis à droite, puis à gauche, puis devant tout en surveillant l’arrière, et le vert piéton ne signifie plus rien. 

Avant la trottinette électrique, il y avait la trottinette simple : On pouvait les compter sur les doigts d’une main, celles et ceux qui s’élançaient cheveux au vent le long de nos rues, mus par la seule force de leurs mollets. 

Aujourd’hui, tout le monde s’y est mis, en quelques mois.

Comme le vélo électrique, autre danger auquel les piétons doivent se confronter, la trottinette électrique est tout sauf sportive, c’est même le contraire, c’est la mobilité sans effort à la portée de tous. Et c’est la liberté, même par rapport au vélo. Est-on piéton ? est-on cycliste ? Un peu comme dans la fable de la Fontaine, Je suis Oiseau : voyez mes ailes ;(…) Je suis Souris : vivent les Rats. 

Et je prends ma trottinette dans le train, le bus ou métro, et N…ta mère, si je vous gêne. Et le casque ? Je m’en bats les c… et la piste cyclable ? c’est pour les teubé ! Et je passe aux feux ? Rouge ? Nique le feu, et je t’emmerde. 

A travers le flot de voiture, je suis libre. Jusqu’au choc pas très chic qui va vous envoyer à l’hôpital, et le conducteur du véhicule qui vous aurait heurté… devant les juges. Eh ! oui…vélo, trottinette, c’est aux autres à faire attention. 

Et je sens venir vos préjugés. Ne croyez pas que cette trottinettemania soit l’apanage des ptits jeunes des quartiers… les petits bourges et même les vieux bobos se la jouent « free », comme cette grande blonde, cheveux au vent (donc pas de casque) vue il y a quelques jours, slalomant au milieu des embouteillages pour traverser Place de Clichy à Paris, à contre sens et au feu rouge…

Les mobilités douces sont un révélateur de notre manque d’éducation. Quelque soit notre niveau d’éducation, ou de fortune. Elles révèlent la part sombre de notre incivisme.

Elles mettent également cruellement en évidence le manque d’anticipation et de réactivité de nos édiles… Hello ! la mairie, on réagit ? on organise ? On légifère ? On prend exemple sur New York ? Barcelone ? Valence ? où les flottes privées ont été interdites. 

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