Le blog de Pierre M. Thivolet, journaliste

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Élections présidentielles : la bandaison, ça ne se commande pas.…

« Alors heureuse ? « … demande souvent- dit-on- l’amant macho, persuadé qu’il a fait grimper au plafond sa partenaire …

Mais l’on sait que souvent la partenaire a simulé…

Il ne suffit pas seulement d’avoir envie

C’est peu de dire que ces élections n’ont pas provoqué d’orgasme. 

Désintérêt, désamour, pour continuer nos comparaisons sexuelles : Même le vainqueur bande mou.

Comme le chantait Brassens, Georges : 

Quand j’pense à Léonor 

Mon dieu je bande encore 

Mais quand j’pense à Lulu 

Là je ne bande plus 

La bandaison papa 

Ça n’se commande pas.

Alors comment faire pour rallumer la flamme ? 

Avons-nous besoin de viagra ? Où sont les Fernandes, les Léonors qu’évoquaient Brassens ? Qu’est-ce que c’est que susciter l’envie, d’adhésion ? 

Faut-il être sexy en politique ? 

Prenez Emmanuel Macron. Il est plutôt bogosse – ce n’est pas mon genre mais quand même – sa jeunesse, son regard bleu acier, son intelligence, et pourtant, le moins que l’on puisse dire et malgré sa réélection, c’est qu’il souffre de désamour. 

Et même : Macron : pourquoi tant de haines ?

Il a beau argumenter et plutôt bien, face à des adversaires, ses explications rationnelles n’impriment pas. 

Au contraire.

Jeune technocrate brillant mais agressif : voilà l’image que beaucoup de français ont d’Emmanuel Macron, et même en 5 ans, il n’arrivera sans doute pas à la changer.

Comme il n’arrivera pas à faire changer d’avis cette majorité de français qui pense que notre système de protection sociale ne protège pas assez, que notre système de santé ne protège pas assez, que les aides aux entreprises, restaurants, hôtels, commerces, pendant la pandémie, ne protègent pas assez, et que nos frontières ne sont pas gardées, qu’on entre en France comme dans un moulin. 

Il y a une certaine arrogance chez nous français à croire que nous allons éclairer le monde en découvrant une troisième voie, en montrant à tous ces peuples qui se trompent que nous français, nous allons mettre au pas la mondialisation.

Plus modestement, avant de nous mettre sur la piste du grand soir, nous pourrions regarder autour de nous, chez nos voisins, et nous inspirer de ce qui marche mieux ailleurs pour améliorer encore notre système politique, économique, sociale, qui n’est pas aussi affreux que ce que nous nous complaisons à croire.

Car à force de jouer aux gaulois réfractaires, ne risquons-nous pas de nous retrouver sur la touche d’un monde qui n’est déjà plus centré sur l’Europe ?

Brassens avait peut-être une solution. Faire de sa chanson « Fernande » sus-nommée, notre nouvel hymne national. 

Élections: Pas si piège à cons que ça!

Tiens, un Parlement qui brûle!

Démocratie : J’ai eu la chance comme correspondant de TF1 à Berlin de parcourir l’Allemagne de fond en comble, jusqu’à l’Autriche ( ?) et même jusque dans l’ancienne Prusse orientale, aujourd’hui la province russe de Kaliningrad, autrefois Königsberg, l’ancienne capitale du royaume de Prusse.

J’ai eu la chance de réaliser plusieurs reportages et documentaires sur le passé nazi et la manière dont Allemagne, l’Autriche se sont « confrontées » à leur histoire, selon cette expression allemande « Vergangenheitsbewältigung ». 

Disons qu’en Autriche, ce travail sur le passé n’a pas été fait ou presque pas fait, contrairement à l’Allemagne où c’est une préoccupation permanente qui structure la vie démocratique de de pays. 

À la décharge des autrichiens, il faut rappeler qu’en 1945 par peur du communisme, les alliés occidentaux ont rapidement « blanchi » l’Autriche, devenue la « première victime » du nazisme, victime de l’Anschluss, ce rattachement par la force à l’Allemagne. 

Passée sous silence, l’attitude pour le moins très collaborative pour ne pas dire enthousiaste, d’une immense majorité d’autrichiens. 

Et cela a conduit à des situations incompréhensibles vues de l’étranger, par exemple lorsque le chancelier Bruno Kreisky, social-démocrate, juif, composait son gouvernement avec le parti dit « libéral » le FPÖ, aujourd’hui clairement d’extrême-droite et qui déjà à l’époque servait de blanchisserie et d’usine de recyclage pour d’anciens nazis. Il s’était même brouillé avec un de ses amis, le chasseur de nazis Simon Wiesenthal qu’il qualifia de « fasciste juif »…ce qui lui valut un procès qu’il perdit.

Parlant plutôt bien l’allemand, habillé en loden, équipé d’un micro HF, j’ai pu recueillir les confidences d’autrichiens de tout âge, de toutes conditions à Vienne, comme dans les Länder. 

Ici, un homme qui regarde les panneaux installés par la mairie dans les rues du centre de Vienne, pour rappeler les 50 ans de l’Anschluss, et ses conséquences, notamment l’extermination des juifs autrichiens. Il me glisse à l’oreille : « Quel gaspillage cette expo ! tout ça c’est de la propagande américaine. Tout le monde sait bien que les chambres à gaz n’existaient pas, qu’elles ont été mises en scène par les britanniques après la défaite ».

Ou alors encore à Braunau la ville natale – autrichienne – d’Hitler. Ce retraité qui me confie : « Hitler ce n’était pas bien, mais… il a surtout eu tort de faire la guerre. 

Au début, il a remis l’Allemagne au travail, il a construit des autoroutes, il a relancé l’économie. Jusqu’en 1939, l’Allemagne allait bien. » 

Et les déportations de juifs, des opposants, la dictature, une économie fondée sur la préparation de la guerre ? Silence gêné.

En Allemagne en 1933, 1/3 des électeurs pensaient que « on a tout essayé, alors pourquoi pas lui ?». 3 mois après, la démocratie était liquidée. 

En politique, on n’essaie pas un gouvernement comme s’il s’agissait d’une machine à laver ou d’une télévision avec SAV et satisfait ou remboursé dans le mois qui suit.

Les leçons du naufrage allemand sous le nazisme, et son cortège de crimes contre l’humanité, ne devraient pas être seulement tirées par les Allemands. Mais par nous tous. 

Tout peut arriver, partout, n’importe quand, y compris dans les pays qui se croient démocratiques et civilisés. 

Personne n’est à l’abri.

Débat présidentiel: Non, je ne vais pas regarder.

Non je ne vais pas regarder. 

Alors, tu as regardé ? Alors, t’en penses quoi ? 

Non, moi ce soir j’ai piscine !

Plus sérieusement, pourquoi regarder ce débat présidentiel ?

En dehors des chaînes de télé et les commentateurs et experts politique française qui matraquent à tout va en tentant de nous vendre l’émission comme une finale de Coupe du monde, qui réellement, pense que cela va changer le résultat du vote de dimanche ? Allons-nous découvrir en deux heures quelques choses que nous aurions ignoré depuis 30 ans pour l’une, depuis 5 à 7 ans pour l’autre ? 

Ce débat peut-il renverser la table ? comme le titre telle chaîne info ? 

Nous savons bien toutes et tous que non.

90 % d’entre nous semblent être déjà sûrs de leur vote de dimanche. 

Alors il faut créer un suspens. 

On verra bien combien d’entre nous regarderons et tant mieux pour l’économie des chaînes qui organisent ce débat, si nous sommes nombreux. 

Mais ce sera sans moi. 

Car je n’ai aucun goût pour la traque aux « petites phrases ». Je n’aime pas le voyeurisme qui attend que le sang coule, la caméra qui va chercher la petite larme au coin de l’œil.

De toute façon, nous serons abreuvés demain et après-demain, d’extraits, de replays, de commentaires et d’exégèses plus savantes les unes que les autres. 

Et tout cela se terminera par la seule vraie vérité : les chiffres des résultats, dimanche soir.

L’inconnue reste la participation. 

Elle pourrait être à peu près, peut-être moins qu’il y a 5 ans. Est-ce grave ? Si nous nous comparons aux autres démocraties, notamment chez nos voisins européens, nous n’avons pas à rougir. Et là aussi arrêtons de nous flageller en voyant le verre de notre pays toujours à moitié vide. Ce n’est pas parce que les français se défient des politiques qu’ils se désintéressent de la politique. Ce n’est pas parce que nous ne sommes pas emballés par la classe politique actuelle, que nous ne comprenons pas l’importance de choisir.

C’est une chance extraordinaire et rare, tellement rare, d’être citoyen d’un pays où l’on peut faire librement le choix de ceux qui nous gouvernent et auxquels nous déléguons notre souveraineté pour 5 ans.

Moi je savoure cette chance, et ce n’est pas parce que je ne regarderai pas le débat, que je zapperai mon devoir de citoyen.

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