Tiens, un Parlement qui brûle!

Démocratie : J’ai eu la chance comme correspondant de TF1 à Berlin de parcourir l’Allemagne de fond en comble, jusqu’à l’Autriche ( ?) et même jusque dans l’ancienne Prusse orientale, aujourd’hui la province russe de Kaliningrad, autrefois Königsberg, l’ancienne capitale du royaume de Prusse.

J’ai eu la chance de réaliser plusieurs reportages et documentaires sur le passé nazi et la manière dont Allemagne, l’Autriche se sont « confrontées » à leur histoire, selon cette expression allemande « Vergangenheitsbewältigung ». 

Disons qu’en Autriche, ce travail sur le passé n’a pas été fait ou presque pas fait, contrairement à l’Allemagne où c’est une préoccupation permanente qui structure la vie démocratique de de pays. 

À la décharge des autrichiens, il faut rappeler qu’en 1945 par peur du communisme, les alliés occidentaux ont rapidement « blanchi » l’Autriche, devenue la « première victime » du nazisme, victime de l’Anschluss, ce rattachement par la force à l’Allemagne. 

Passée sous silence, l’attitude pour le moins très collaborative pour ne pas dire enthousiaste, d’une immense majorité d’autrichiens. 

Et cela a conduit à des situations incompréhensibles vues de l’étranger, par exemple lorsque le chancelier Bruno Kreisky, social-démocrate, juif, composait son gouvernement avec le parti dit « libéral » le FPÖ, aujourd’hui clairement d’extrême-droite et qui déjà à l’époque servait de blanchisserie et d’usine de recyclage pour d’anciens nazis. Il s’était même brouillé avec un de ses amis, le chasseur de nazis Simon Wiesenthal qu’il qualifia de « fasciste juif »…ce qui lui valut un procès qu’il perdit.

Parlant plutôt bien l’allemand, habillé en loden, équipé d’un micro HF, j’ai pu recueillir les confidences d’autrichiens de tout âge, de toutes conditions à Vienne, comme dans les Länder. 

Ici, un homme qui regarde les panneaux installés par la mairie dans les rues du centre de Vienne, pour rappeler les 50 ans de l’Anschluss, et ses conséquences, notamment l’extermination des juifs autrichiens. Il me glisse à l’oreille : « Quel gaspillage cette expo ! tout ça c’est de la propagande américaine. Tout le monde sait bien que les chambres à gaz n’existaient pas, qu’elles ont été mises en scène par les britanniques après la défaite ».

Ou alors encore à Braunau la ville natale – autrichienne – d’Hitler. Ce retraité qui me confie : « Hitler ce n’était pas bien, mais… il a surtout eu tort de faire la guerre. 

Au début, il a remis l’Allemagne au travail, il a construit des autoroutes, il a relancé l’économie. Jusqu’en 1939, l’Allemagne allait bien. » 

Et les déportations de juifs, des opposants, la dictature, une économie fondée sur la préparation de la guerre ? Silence gêné.

En Allemagne en 1933, 1/3 des électeurs pensaient que « on a tout essayé, alors pourquoi pas lui ?». 3 mois après, la démocratie était liquidée. 

En politique, on n’essaie pas un gouvernement comme s’il s’agissait d’une machine à laver ou d’une télévision avec SAV et satisfait ou remboursé dans le mois qui suit.

Les leçons du naufrage allemand sous le nazisme, et son cortège de crimes contre l’humanité, ne devraient pas être seulement tirées par les Allemands. Mais par nous tous. 

Tout peut arriver, partout, n’importe quand, y compris dans les pays qui se croient démocratiques et civilisés. 

Personne n’est à l’abri.