Le blog de Pierre M. Thivolet, journaliste

Catégorie : Italie (Page 1 of 2)

Coronavirus : jouer aux échecs avec la mort. Quelques suggestions pour passer le temps du confinement (à venir ?).

Le septième sceau, d’Ingmar Bergman. Hommage à Max von Sydow
Jouer aux échecs avec la mort n’évite pas l’inévitable. À l’image de ce qui se passe en Italie, ce qui nous pend au nez ( ! ), c’est le confinement général. Juste après les municipales ?  
Jouer aux échecs avec la mort c’est ce que fait le chevalier Antonius Block après 10 ans aux croisades, de retour en Suède où une épidémie de peste fait rage. Sur une plage déserte, le chevalier rencontre la Mort. Il lui propose une partie d’échecs afin de retarder l’échéance. Il finira par être mis échec et mat, sans que la Mort ne lui livre son secret. C’est le pitch du « Septième sceau » d’Ingmar Bergman. Bien sûr c’est un film en noir et blanc, ça cause en suédois, ça date d’avant les Krisprolls et les armoires Ikéa, mais c’est culte. 
Et ce film peut faire partie de tout ce que vous n’avez eu le temps de voir ou de revoir, de lire ou de relire. Les semaines qui nous attendent avec leur confinement annoncé pourraient ainsi être utilement occupées. 
Dans la même qualité, hommage à nos amis italiens : «  Mort à Venise  » , bien sûr, de Luchino Visconti, où les images superbes s’accordent avec la musique de l’addagietto de la Cinquième Symphonie de Gustav Mahler. Encore une histoire d’amour ( ?) sur fond d’épidémie. 
Passons sur les films d’épouvante, même si certains sont devenus cultes comme “Contagion”, de Soderbergh. Ou encore “Alerte!”, de Wolfgang Petersen, avec Morgan Freeman et Dustin Hoffman, du lourd quoi.
Ou enfin “Pandémie” (2020), une série documentaire que Netflix vient de lancer en … janvier. La série raconte l’histoire de chercheurs qui font tout pour endiguer les virus avant qu’ils ne deviennent pandémiques. C’est ce qu’on appelle avoir du nez. Ou alors se tenir informé. 
Bien sûr, on peut (re)lire « La Peste ». Apparemment le roman de Camus bat des records de vente, et ça c’est bien. Non seulement parce que c’est très bien écrit, mais aussi parce c’est Camus, humanisme, droit, justice, doutes…on est quand même très au-dessus de l’Instagram moyen. 
Il y aussi « Le Hussard sur le toit » – de Giono. On préfèrera le roman à son adaptation au cinéma, même si elle n’est pas mal et puis, il y a Juliette Binoche… Du coup, relire Giono, parce que chez Giono, tout est fort, les sentiments, puissants comme des coups de Mistral, les paysages écrasés de soleil, le cagnard, les cigales , czi, czi …
Une dernière pour la route : « L’amour au temps du choléra » de Gabriel Garcia Marquez, et là on entre dans le baroque tropical. 
Donc on s’évade et par les temps de confinements actuels, ça fait du bien. Et l’on a une pensée pour Max von Sydow, qui vient de mourir, en toute discrétion au milieu du vacarme coronaviral actuel. Un acteur de très grande classe, interprète fétiche d’Ingmar Bergman. C’est lui qui interprétait le chevalier dans le Septième sceau, et qui vient donc de perdre sa dernière partie d’échecs contre la Mort.

G7 à Biarritz : Emmanuel Macron annule tout ! ça sent pas bon !

G7 ?  Devine qui vient dîner sans être invité ? 
Il y a des jours où il vaut mieux ne pas entendre son réveil, rater son train. Parce que l’on sait que la journée va être foireuse. Eh ! bien c’est le cas avec ce G7 de Biarritz. Manu, n’y va pas ! Annule tout. 
Oui bien sûr, je sais : les petits fours sont déjà commandés et les homards péchés. Mais sérieusement, Président qu’attendez-vous de ce sommet ? 
Que Donald Trump soit frappé par la grâce de la Vierge dont la statue surplombe le rocher du même nom à Biarritz ? Qu’il se mette à dire : oui je crois au réchauffement climatique et je reviens dans les accords de Paris. Oui je crois au réchauffement diplomatique et je rediscute avec la Chine, oui je crois à l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien, embrassons-nous Ayatollah !  Il serait plus vraisemblable de le voir se jeter à l’eau pour tenter un take off sur une planche de surf…
Et puis, il y aura qui à ce G7 ? 
Trump, on vient d’en parler. 
L’Italie ? son gouvernement vient d’exploser en plein vol.
La Grande-Bretagne ? En train d’imploser dans son Brexit. 
L’Allemagne ? Merkel est en train de faire ses valises, à Berlin , 
Trudeau au Canada ? Noyé dans un scandale d’Etat, et de toute façon, à quelques semaines d’une déroute électorale. 
Il n’y a plus que le Japon. Prêt à parler manga ? chrysantème ? Ou Ghosn, Carlos ? non , il ne vaut mieux pas. 
Les seuls qui vont vraiment venir, ce sont les alter-mondialistes . Et l’on sait déjà que comme à Hambourg en 2017, cela se passera mal. Et que les media auront de quoi diffuser des scènes hallucinantes genre Champs-Elysées décembre 2018, mais version pelote basque. Pas sûr que cela soit très bon pour l’attractivité touristique de notre pays. 

Alors, prétextez une gastro, un herpès mal placé, une appendicite aigüe. Qu’importe, mais annulez tout, ça vaudra mieux et ça coutera moins cher.

Italie-Salvini : Danser sur un volcan.

Castaner en vacances ? Non, Salvini, mais lui il est tellement génial ! 
Une de mes vieilles grandes tantes avait coutume de dire : « Nous dansons sur un volcan ». Elle n’était pas martiniquaise (Montagne Pelé 1902), mais elle avait connu deux guerres mondiales. Donc, en matière de catastrophes, elle savait de quoi elle parlait. 
L’expression « Nous dansons sur un volcan » aurait été inventée à l’occasion d’une visite officielle du roi de Naples à Paris en 1830. Et l’expression était bien trouvée puisque Naples danse littéralement sur un volcan. On sait que comme le big one en Californie, un jour le Vésuve se réveillera et ce sera alors une immense catastrophe.
En attendant, c’est la faillite de l’Italie qui nous menace. L’Italie est la deuxième puissance industrielle d’Europe, devant la France, mais elle n’a toujours pas retrouvé la croissance ni son niveau de revenu d’avant la crise de 2008. Et plus que jamais, sa fracture nord-sud s’accentue avec des régions comme la Lombardie, la Vénétie parmi les plus dynamiques d’Europe et le sud qui n’arrive pas à sortir du sous-développement.  
C’est un pays vieillissant, le plus vieux du monde avec le Japon, perdant 100 000 habitants par an. 
Et aujourd’hui, les italiens sont prêts à confier leur avenir à Matteo Salvini. Pour l’instant, seulement ministre de l’intérieur, mais bientôt sans doute Président du Conseil. Mais c’est aussi notre avenir qui est en jeu, lié étroitement à celui de l’Italie. 
Or Matteo Salvini n’a aucun principe, si ce n’est le pouvoir. Et si pour rester au pouvoir, il lui faut provoquer une sortie de l’Europe, il essaiera.
Un Italexit serait une autre paire de manche qu’un Brexit. Genre éruption du Vésuve. Notre avenir ressemblerait alors à Pompéi : Des ruines, superbes certes mais des ruines figées dans le passé. Un continent musée que viendront visiter des millions de touristes chinois et américains. 
Sortez vos bérets basques !

La ligne Paris-Rome coupée par une coulée de boue : Tout un symbole ?

Paris-Rome coupée par la boue : Et on est en 2019 !
La ligne de chemin de fer entre la France et l’Italie est coupée et pour plusieurs semaines. C’est un symbole. Mais un symbole de quoi ? 
Non de la relation détestable entre les gouvernements actuels en Italie et en France. Bien sûr entre Macron, Président, et Matteo Salvini, qui – rappelons-le- n’est pas ( encore ? ) Président , mais seulement ministre de l’intérieur – il y a plus que le Mont-Blanc qui les sépare. Un fossé, une faille idéologique. 
C’est triste parce que tout le monde aime les italiens – des frères latins ? 
C’est triste et inquiétant parce que la crise dans laquelle s’enfonce l’Italie ne pourra pas ne pas nous affecter : Baisse de sa population – c’est devenu le pays le plus « vieillissant » du monde – récession économique, fragilités bancaires. 
En fait Matteo Salvini est surtout une grande gueule : tragediante-comediante. Et quelque soient les futurs éclats de voix ( de voies ?), entre Paris et Rome, la ligne ne peut être coupée. C’est comme avec l’Allemagne, nous sommes liés. 
Si la coulée de boue qui a emporté la voie ferrée est un symbole, c’est bien celui de la nécessité d’ un renforcement de nos liens, et donc d’achever la construction du Lyon-Turin. 
Faut-il que la vallée de la Romanche, le col du Lautaret, la vallée de Chamonix soient encore plus asphyxiés pour que l’on accepte l’évidence : Le train et le fer-routage, charger les camions sur les trains, comme dans le tunnel sous la Manche, sont la bonne solution pour traverser les Alpes. C’est ce que font les suisses avec le tout nouveau tunnel du Gothard – lancé après le Lyon-Turin, il est en service depuis deux ans – et bientôt les autrichiens. Même Matteo Salvini est à fond pour, comme quoi… 

Au fait, le Stromboli est entré en éruption, violente. Ça aussi, c’est un symbole: Avec sa coalition bancale au pouvoir et son économie qui flanche, les italiens dansent sur un volcan…

Italie – France : È tornato l’Ambasciatore.

Le tweet de l’Ambassadeur de France de retour à Rome.
Comediantetragediante : Les relations orageuses entre la France et l’Italie, c’est vieux comme … les disputes entre Napoléon et le Pape Pie VII. Des négociations ponctuées de cris et de fausses ruptures, chacun in fine savait qu’il avait besoin de l’autre, et qu’il fallait arriver à un concordat. 
Entre la France et l’Italie c’est donc toujours la même histoire, avec côté italien un agacement certain de se sentir traité avec sympathie certes – qui n’aime pas l’Italie et la tentation de Venise ?– mais avec une pointe de condescendance :Notre petite sœur latine… et puis le pays des pizzaiolos(i ?) qui chantent « O sole mio » alors qu’on est la deuxième puissance industrielle d’Europe, et que le niveau de vie en Lombardie est aussi élevé qu’à Hambourg et Munich…
Donc l’ambassadeur de France est de retour, comme il vient de le twitter en italien et Emmanuel Macron invite à Paris le Président italien : embrassons-nous Folamour, tout est oublié. 
Sauf que, les problèmes sont toujours là, et ils sont d’abord côté italien, d’abord du côté de cette coalition improbable entre l’extrême-droite de la Ligue et les anarchistes du mouvement 5 étoiles. C’est l’alliance entre le scorpion et la grenouille. Vous savez cette histoire où le scorpion persuade une grenouille de le prendre sur son dos pour traverser une rivière. Le scorpion finit par piquer la grenouille, les deux coulent et au moment de se noyer la grenouille demande : Pourquoi ? Et le scorpion de répondre : C’est dans ma nature. 
Matteo Salvini est le scorpion qui est train de tailler des croupières à son partenaire de coalition. En Mars dernier la Ligue n’a obtenu que 18 % des voix, aujourd’hui elle devrait en obtenir le double, au détriment du mouvement 5 étoiles. Son leader Luigi di Maio est donc obligé de faire dans la surenchère : La France et Macron sont des boucs émissaires bien pratiques. Et il sera intéressant de voir qui l’emportera dans le dossier brulant de la construction du TGV Lyon-Turin : La Ligue est pour (normal, elle représente les intérêts des industriels de l’Italie du nord) et le Mouvement 5 étoiles est contre ( normal, il est anti grand-travaux. Ainsi à Gênes, il ne croyait pas en la « fable » de l’effondrement du pont autoroutier Morandi et avait bloqué la construction d’une nouvelle autoroute pour contourner la ville …)
Combien de temps cela fonctionnera-t-il auprès des électeurs italiens ? 
Pour l’instant, l’extrême-droite mange son pain blanc en premier, en faisant de grandes démonstrations de force au sujet de l’immigration. Or, cela fait déjà quelque temps, avant son arrivée au pouvoir, qu’aucun migrant, ni immigrant n’avait envie de mettre les pieds en Italie. Pas très agréable d’entendre des cris de singe, voire pire, quand on est noir et qu’on joue au calciodans un stade italien.
Et puis surtout parce que l’économie se porte très mal. Elle est même entrée en récession. Le système bancaire est au bord de la crise de nerfs et la dette italienne pire que celle de la France. Les jeunes qualifiés s’en vont, faute d’emplois. 
Et ce n’est pas le « grand remplacement » ( sous-entendu des européens blancs et chrétiens remplacés par des arabes et des noirs musulmans) qui menace l’Italie. Ce sont les italiennes et les italiens eux-mêmes : Ils ne font plus d’enfants depuis longtemps. 
L’Italie est déjà le pays le plus vieux d’Europe, un des plus vieux du monde avec le Japon, chaque année sa population diminue, il y a de moins en moins d’actifs pour payer cotisations sociales et retraites. L’Italie est entrée dans un cercle vicieux : Comme il y a de moins en moins de jeunes, il y a de moins en moins de couples en âge de procréer. Et comme les italiens ne veulent pas d’immigration, il n’y aura bientôt plus personne pour chanter « O sole mio ».

Europe : Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois.

Europe: C’est le bordel un peu partout, même chez ceux qui la quitte !
Si l’on compare notre situation avec celle de la plupart des autres pays européens, on peut se dire qu’en France, jusque-là, tout va bien. 
Commençons par la Grande-Bretagne. Mais quelle mouche les a piqués il y a 3 ans avec le Brexit ? Bon, d’accord, la sortie de l’Europe n’a été approuvée que par une MINORITÉ ( ?) de britanniques. Oui parce que pour tous ceux qui réclament à cor et à cri le respect des décisions du peuple et la prise en compte du vote blanc, rappelons que le Brexit n’a été approuvé que par 51,9 % des votants, qui n’étaient que 72,2 %, donc avec 27,8 % d’abstention… Seule une minorité de britanniques a donc souhaité le Brexit. Mais passons, puisque c’est fait, le Royaume-Uni largue les amarres. Il en paie déjà les conséquences, sur le plan économique, dans la confusion politique la plus totale, et avec la perspective que la paix entre l’Irlande du nord et l’Irlande soit remise en question. Bravo, well done ! On peut citer Shakespeare, William : « La peste soit de l’opinion ! Un homme peut la porter dans les deux sens, à l’endroit et à l’envers, comme un pourpoint de cuir. » Ecrit il y a 400 ans, mais toujours d’actualité. 
Et en Italie ?  Deuxième trimestre de décroissance pour la deuxième puissance industrielle d’Europe… Et la population qui continue à vieillir, et les jeunes qui continuent à partir, l’Italie perd chaque année des habitants, et va bientôt passer sous les 60 millions. 
Et l’Allemagne ? Le moteur économique du continent est en panne, 0 % de croissance, et puis Merkel qui s’en va, on sait qui on quitte, on ne sait pas trop qui on va retrouver, sans doute la fin de la grande coalition.
La vertueuse Suède ? Il a fallu 6 mois pour arriver à former un gouvernement entre sociaux-démocrates, verts, et centre-droit depuis les élections de septembre dernier et la montée de l’extrême-droite, merci la proportionnelle. Une coalition majoritaire mathématiquement, mais pas politiquement. Comme en Lettonie. Comme aux Pays-Bas. Où à la fragilité politique commence à s’ajouter le ralentissement économique. Comme en Belgique, mais là on a envie de dire, comme d’habitude, où les nationalistes du N-VA viennent de faire chuter le gouvernement, par peur de se voir doubler sur leur extrême-droite, par des encore plus nationalistes, le Vlaams Belang. 
C’est pas mieux en Espagne où Pedro Sanchez gouvernait depuis un an sans majorité, profitant de l’abstention bienveillante des nationalistes catalans. Mais là c’est terminé, et les espagnols devront sans nul doute retourner voter moins de 3 ans après les dernières élections qui n’avaient pas permis de dégager une majorité stable, et qui s’étaient tenues 180 jours après celles de 2015, qui n’avaient pas non plus permis de dégager une majorité.
Tout ça alors que les nuages commencent vraiment à s’accumuler au niveau mondial, des ratés dans l’économie américaine, la Chine qui ralentit, la Russie, l’Iran, la Syrie, l’Etat islamique au Sahel, etc…Pour se rassurer, on peut conclure avec encore Shakespeare: « Tout nuage n’enfante pas une tempête. » 

Élections en Suède : Schack och pat ! Échec et pat !

La partie d’échecs mortelle du “Sceptième sceau”, d’Ingmar Bergman
Aux échecs, on appelle cette situation le « pat ». En suédois, schack och pat :  Echec et pat.
Même si l’un des joueurs a dominé la partie, le jeu est bloqué, aucun coup n’est encore possible, mais personne n’est « mat », il n’y a ni vaincu, ni vainqueur. 
En Suède, l’extrême-droite annonçait un raz-de marée historique. « Entre 20 et 30 %, je serai satisfait », claironnait son leader. Et un peu partout en Europe, de Salvini à Le Pen, on se préparait à emboucher les trompettes de la renommée. 
Caramba, encore raté. 
Même s’ils progressent les S.D, démocrates suédois, qui n’ont de démocrates que le nom, obtiendraient 17 %. Les démocrates, les vrais, respirent mieux. A gauche, au centre, à droite, ils ont répété qu’ils maintiendraient un cordon sanitaire. Un peu comme en France – pour l’instant – à l’égard du Front, pardon, du Rassemblement national. Jusqu’à preuve du contraire, il n’y aura donc aucune alliance avec l’extrême-droite, et la Suède se retrouve donc … sans majorité. 
Là, elle démontre qu’elle n’est pas l’Italie. En Italie, le mouvement 5 étoiles, plutôt extrême-gauche, anar, écolo s’est allié avec les fascistes. 3 mois plus tard, il se fait manger la laine sur le dos par un Matteo Salvini, ministre de l’intérieur, tellement présent qu’on le croit Président, et qui la joue comme Trump, tweets et provocs à tous les étages, avec le même résultat, une majorité d’italiens adorent.
Mais si l’on y regarde de plus près, le résultat de l’extrême-droite en Suède n’est pas si mauvais que ça : Meilleur que la ligue de Salvini aux dernières élections en Italie. Et son pouvoir de nuisance va être grand. Un peu comme en Allemagne, ou l’AfD a fait baisser les partis traditionnels, et a empêché Angela Merkel de former autre chose qu’une Xième grande coalition. L’Allemagne justement, montre que les grandes coalitions qui sur le court terme, peuvent apparaître comme inspirées par l’esprit de compromis et de concertation, sont en fait des mortes lentes. 
Dans le film d’Ingmar Bergman ( tant qu’à faire de parler de la Suède, évoquons les plus grands !) Le Septième sceau, un chevalier revenant de la guerre rencontre sur son chemin La mort. Avec laquelle il entame une partie d’échecs. Au début, il pense lui tenir tête, mais à la fin : Schack och tråkigt ! Échec et mat ! la mort l’emporte. 

Allemagne-manifs racistes: Et si Matteo Salvini balayait devant sa porte.

 

Angela Merkel, tête de turc du ministre italien de l’intérieur.

Matteo Salvini, le Président italien – non pardon, le ministre de l’intérieur, il n’est que ministre de l’intérieur, mais on a l’impression que c’est lui qui dirige l’Italie–  accuse donc en direct live sur la télé allemande la chancelière Merkel d’être responsable des violences anti-étrangers de Chemnitz. 
Selon Salvini, Chemnitz, une ville industrielle, un peu paumée dans le sud-est de l’Allemagne, se réveillerait brusquement raciste, à cause de Merkel et des migrants … Allons donc ! 
Il y a 30 ans, quand la ville s’appelait encore Karl-Marx Stadt, il ne faisait déjà pas bon se promener dans les rues sinistres du centre-ville entre la Tour de l’Interhotel Kongress et le restaurant Sputnik, quand on était quelque peu bronzé ou basané…  A l’époque, les allemands excusaient : Karl-Marx Stadt, c’est la « Tal der Ahnungslosen », la vallée de ceux qui sont ignorants. Parce que la région était un des rares coins de l’ancienne RDA où il n’était pas possible de capter la télévision de l’Ouest. Et qui donc n’était pas au courant de ce qui se passait dans le vaste monde. 
Et puis il y eut Rostock, toujours à l’Est, en 1992. Un foyer de travailleurs vietnamiens ( oui, ni syriens, ni somaliens)attaqué pendant 2 nuits par des casseurs d’extrême-droite, la police dépassée, et des familles vietnamiennes qui n’échappèrent à l’incendie de leur bâtiment que par la présence d’esprit d’une équipe de télévision qui arriva à les exfiltrer. 
Et puis il y eut Solingen en 1993, l’incendie d’un foyer d’immigrés par des extrémistes de droite : 6 morts donc 5 enfants. Quelques jours plus tard, des millions d’allemands étaient dans les rues, souvent en larmes, scandant « Plus jamais ça », et s’inquiétant : Mais qu’est-ce qui ne va pas avec nous les allemands, pourquoi cette violence chez nous ?
Le racisme en Allemagne n’est donc pas un phénomène récent, plus à l’Est d’ailleurs qu’à l’Ouest, et l’accueil d’un million et de demi de migrants en 2 ou 3 ans, n’a pas amélioré la situation. Et aujourd’hui beaucoup ne croient plus dans le « wir schaffen das » » on va y arriver » d’Angela Merkel à propos de leur intégration. 
Mais ce qui différencie les allemands, des autrichiens à coup sûr, des français sans doute, des italiens également, c’est qu’ils ont une conscience historique, une mémoire enseignée depuis les premières classes à l’école, ce que l’on appelle la « Vergangenheitsbewältigung » la confrontation avec l’Histoire. Dans leur grande majorité, ils restent très vigilants et méfiants à l’égard des démagogues et des populistes. Il faut dire aussi qu’avec Hitler et le nazisme, l’Histoire allemande a de quoi faire réfléchir. 
Apparemment en Italie, Matteo Salvini ne tire pas les mêmes leçons à propos du passé fasciste et de Mussolini. 
Or ce qui attend son pays dans les mois qui viennent, est inquiétant.
Pas les migrants – cela fait deux ans que l’Italie n’est plus la porte d’entrée de l’Europe -, ni les « diktats » de Merkel – pauvre Angela, elle vit son mandat de chancelière de trop -, mais l’asphyxie de son économie, la troisième d’Europe. Le poids des dettes, le risque d’effondrement des banques, la baisse de la population : moins 100 000 habitants l’an dernier, le manque de main d’œuvre pour payer retraites et protection sociale. Avec tous ces problèmes à venir, on comprend mieux pourquoi Matteo Salvini attaque les migrants ou l’Allemagne ou la France ou Bruxelles. Il se cherche des têtes de turcs. 

Malheur aux barbus ! De Furax à Matteo Salvini.

Quelle est la signification de la barbe de Matteo Salvini ?
C’est dingue mais en quelques années la barbe a envahi les visages de la plupart des mâles de nos pays. Prenez une terrasse de café, un wagon de train, une équipe de foot, un clip de rappeurs, les glabres se comptent sur les doigts d’une seule main !
Encore tout récemment la barbe se portait plus chez les hidalgos (Pas Anne, bien sûr ! D’ailleurs les femmes n’ont pas de barbe ou alors si ma tante en avait ce serait mon oncle, enfin, non, aujourd’hui on ne peut plus blaguer comme ça, et d’ailleurs n’est-ce pas pour affirmer leur virilité à une époque où beaucoup d’hommes se demandent ce que cela veut encore dire, que de tant de mâles se barbent ?).
Mais la barbe hispanique n’est pas non plus la barbe des barbus, entendez des barbus islami (qu) stes. Qui elle aussi semble s’être multipliée. L’extension du domaine de la barbe est-elle pour autant un signe de l’expansion du salafisme ou de la religiosité ? Pas sûr : N’golo Kanté est musulman pratiquant tout en étant glabre alors qu’Olivier Giroud cultive une barbe qui fait la fortune des barbiers à la mode. 
Bien sûr, se mettre à porter la barbe n’est pas une décision neutre et il faudrait remonter au moins à la petite enfance voire même avant (?) pour en comprendre les origines, mais il y a des cas qui sont évidents, pour lesquels il n’est pas besoin d’avoir recours aux cellules d’aide psychologique.
En politique, par exemple, est-ce un hasard si début 2016 Emmanuel Macron avait essayé la barbe, enfin celle de 3 jours, la plus difficile à entretenir ? Quelques semaines plus tard, il se mettait En Marche. Eh ! oui, Hollande aurait dû se méfier de ce barbu d’un jour. D’ailleurs dans sa stratégie pour tenter de redevenir un candidat providentiel, l’ancien Président ne devrait-il pas tenter la barbe ? C’est ce qu’a fait son ancien Premier Ministre, Manuel Valls, mais pas sûr que cela lui attire les votes des catalans pour une éventuelle candidature à la mairie de Barcelone. 
En revanche il y en a un auquel la barbe a réussi, c’est Matteo Salvini, le leader de l’extrême-droite italienne, nouvel homme fort du gouvernement de nos amis, forcément amis, italiens. On ne peut pas le soupçonner de salafisme, ou alors il pratique la taqîya, cet art de la dissimulation préconisée par les mouvements terroristes, avec un tel talent que l’on pourrait le prendre pour un …fasciste. A méditer quand même car en matière de dissimulation et d’hypocrisie, il vient d’être pris la main dans le gâteau, faisant la fête le soir même de la catastrophe du viaduc de Gênes au milieu d’amis de son parti en Sicile. 
Et puis les modes passent aussi vite qu’elles sont arrivées. Ainsi les barbes, dans les années 50 (1950), avaient déjà eu leur moment de gloire avec « Malheur aux barbus » du génial feuilleton radiophonique « Signé Furax », de Pierre Dac et Francis Blanche. Une série que l’on peut (re) découvrir – beaucoup d’entre nous n’ayant pas eu la chance de l’avoir suivie à l’époque – grâce aux podcasts de France Culture (*). Le pitch : un horrible criminel nommé Furax s’en prend aux barbus qu’ils enlèvent par centaines. Les inspecteurs Black et White mènent l’enquête. Et puis les poils ont disparu pour laisser la place aux glabres épilés.
Malheur aux barbus. Les démagos devraient aussi y réfléchir, car après le flux viendra le reflux lorsque nous serons confrontés aux réalités des lendemains où l’on ne rase pas gratuit. 
En Grande-Bretagne où le Brexit paraît tellement mal emmanché que ses plus grands défenseurs comme le milliardaire Jim Ratcliffe, prennent la poudre d’escampette jusqu’à Monaco. 
En Pologne ou en Hongrie, qui vont rapidement devoir se souvenir que leur formidable modernisation en 30 ans est due avant tout aux transferts européens.
En Italie qui perd 200 000 habitants chaque année, et où la population en âge de travailler baisse dangereusement. Dans 20 ans, il risque de ne plus y avoir suffisamment de barbieri pour raser la barbe des barbus italiens. 
Sarà finita la commedia!
(*) Signé Furax sur France Culture :
  

Europe et migrants : E la nave va !

Dans le film “Et vogue le navire!”, Fellini met en scène une Europe qui va sombrer. 
Et vogue le navire ! E la nave va ! En 1983, Federico Fellini signait un de ses derniers films, comme toujours superbe, baroque, bouillonnant, excessif, tellement italien – dans notre idée de l’Italie du moins – c’est-à-dire comediante-tragediante : Et vogue le navire
Au début du XX ème siècle, peu avant le déclenchement de la Première guerre mondiale, dans le port de Naples, un groupe de privilégiés, aristocrates, artistes, politiciens, divas, accompagnés d’un rhinocéros ! embarquent pour une croisière de quelques jours. Mais le navire ne va pas voguer comme prévu. Des réfugiés ( serbes) sont recueillis en mer. Un bateau de guerre (autrichien !) les stoppe et exige qu’on les rende. Un terroriste (!) finit par tout faire sauter. Et le navire sombre. 
Sommes-nous comme ces passagers de Vogue le navire ! Allons-nous tous couler dans un –joyeux- bordel ? 
Certains diront : C’est la faute de tous ces migrants qui nous menacent. D’autres penseront : C’est notre aveuglement et notre égoïsme. 
En tout cas, nous allons être vite fixés, car l’embarquement a commencé. 
En Italie, qui est avec le Japon, le pays dont la population est la plus âgée du monde, et qui perd chaque année 200 000 habitants : on verra vite si les italiens pourront se passer d’immigration. 
En Hongrie ou en Pologne qui semblent oublier les avantages d’une Europe qui a su se montrer solidaire – Vous vous souvenez de la peur du plombier polonais ? -. 
Aux Etats-Unis, qui veulent être « first », en oubliant qu’ils ne sont pas seuls au monde et que s’ils peuvent s’asseoir sur les intérêts du Luxembourg, et même sur ceux de la France ou de l’Allemagne, avec la Chine, cela devient vraiment plus compliqué. Et déjà leurs entreprises, leurs agriculteurs et les marchés financiers commencent à rire jaune 🤭😁.
Si ceux qui pensent que le bonheur de leurs peuples est dans le repli sur leur pré carré ou leur hexagone ont raison, nous le saurons donc très vite. 
S’ils ont tort, nous boirons tous la tasse. Espérons qu’alors leurs électeurs leur présenteront la note. Comme par exemple aux Etats-Unis pour les élections de mid-term en novembre. 
En attendant, un peu partout voguent les navires.
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