Pour toutes celles et ceux qui aiment la langue portugaise, surtout dans sa variation brésilienne, le « Mondial » est un moment de grandes souffrances !
En effet, les noms portugais ou brésiliens donnent lieu à un festival de prononciations toutes plus tordues les unes que les autres!
Il y a notamment tous ces mots avec le « ão », qui n’est pas “a-o”, car sur le a est écrit un accent “ã”, et donc le ão est un peu l’équivalent du « an » français. On le retrouve dans «constitução» constitution ou «constipação » constipation !
Pour des raisons qui échappent à la logique et au simple bon sens, nous nous sommes mis à écorcher les « ão ». Ainsi, nous sommes tous persuadés que le nom de la sélection brésilienne, la “Seleção“, est la « sélésa-o » alors qu’il serait tellement plus facile de dire “sélé-san », que tel joueur « João » est baptisé « Jo-a-o », alors que « Jo-an », qui ressemble à Jean serait tellement plus simple , et proche de la prononciation portugaise. Sans parler des pauvres «Jose » prononcé à l’espagnol « Hrrosé », alors que c’est comme en français « José ». Il est vrai qu’il en va souvent de même pour la chancelière allemande Merkel dont le prénom est souvent prononcé « An-djé-la » et non comme il le faudrait « An-gué-la », comme si elle était une héroïne d’ « Alerte à Malibu » ! Pas important ? Si ! Vous ne dîtes pas “Greuse“, pour “Grèce”, donc cette graphie, cet orthographe, et même ce petit accent de rien du tout, n’est pas rien du tout. D’ailleurs, nous sommes une exception parmi les langues européennes, dont l’orthographe est plus phonétique que le français. Ainsi le “u” de la plupart des langues européennes est notre “ou“, ce qui peut provoquer quelques confusions entre cou et c….
En ce qui concerne la “sélésa-o”, ce phénomène est récent et quasi exclusivement français. Il s’est développé, sans doute sous l’influence des commentateurs et journalistes français, et là il faut insister encore une fois français, car les autres pays ne se livrent pas à de telles déformations.
On me dit : « T’es snob » « Tu chipotes » « Tu pinailles » « Tout le monde ne peut pas parler le portugais » « Tout le monde ne peut pas connaître le Brésil »… ce qui n’a rien à voir, bien au contraire.
Qui aujourd’hui, sans parler couramment l’anglais, prononcerait « VA-CHIN-TON » pour « Washington » ou « Nèv- yorque » pour « New-York »? A noter, d’ailleurs, que le nom de la ville sud-africaine « Bloemfontein », nom d’origine hollandaise, est correctement prononcée « Bloumfontaine » et non pas « Blo-ème fonté-ine », et c’est tant mieux, car le « oe » de “bloem » exprime le son que nous français écrivons « ou », Bloem étant donc Bloum , la fleur ! Et ne me dîtes pas que beaucoup de nos confrères, commentateurs sportifs ou non, parlent couramment l’Afrikaans, version sud-africaine blanche de la langue flamande.
Ces considérations, un peu “hard“, j’en conviens, en début de semaine, sont moins futiles qu’il n’y paraît, car cela révèle chez nous français, et chez nous les journalistes français un manque de curiosité qui devient ce défaut que tous les autres pays nous reprochent, même gentiment, et que les espagnols résument en nous qualifiant de « prepotentes »: Arrogants…
Si les journalistes se mettent à utiliser des mots portugais qu’ils ne connaissent pas, c’est pour faire couleur locale, c’est pour faire « initiés », « gens qui savent », genre : « Je suis envoyé spécial au Brésil, je passe mon temps à la plage et à courir la carioca et non à m’intéresser à ce pays, et pour faire savant j’émaille mes commentaires de mots pseudo brésiliens » et cela donne :« Ici à Sa-o Polo, l’entraîneur Jo-a-o Dura-o a révélé la composition de la Sélésa-o » : Alors qu’il serait tellement plus simple , et tellement plus proche de la prononciation portugaise de dire « Ici à San Pa-o-lo, l’entraîneur Jo-an Duran a révélé la composition de la Sélésan », mais évidemment cela ferait moins « savant », ça ne justifierait pas les billets d’avion et les chambres d’hôtel des « envoyés spéciaux », on veut éblouir le bon peuple.
Alors «caramba » ! , comme on dit au Mexique, « basta » ! comme on dit en Espagne, exigeons «sélé-san» et non «sélé-sa-o». Sinon, c’est la consternação !, comme on dit au Brésil…
Nous vivons une e-poque formidable
Catégorie : Uncategorized (Page 16 of 29)
Donc hier, Vendredi, à l’heure où la France laborieuse, celle des bureaux et des « openspace », regagne ses pénates pour profiter de ses 35 heures ( Allez: « Encore une que les allemands n’auront pas, comme on disait », dit-on, au temps de l’occupation allemande en débouchant courageusement une bouteille de champagne !), Vendredi après-midi donc, nos chaînes d’information abattaient leurs cartes maîtresses : Les scoops, les « révélations », les interviews « exclusives » des joueurs de l’équipe de France de foot.
(Allez : je m’arrête encore quelques instants sur cette notion de « scoop » : Je mets sans doute la barre un peu haute, car dans mes jeunes années «professionnelles », j’ai biberonné aux reportages d’un Jean-Luc Hees aux Etats-Unis, d’un Vincent Hervouet ou d’une Catherine Jentile au Proche-Orient, d’un Philippe Rochot, à Beyrouth, en Allemagne ou sur les toits du Monde, d’un Pierre Haski à Jérusalem ou à Pékin, d’un Gilbert Mercinier ,dont la caméra savait montrer sur tant de visages, dans tant de regards, la détresse, la faim, la misère avec force et précision mais toujours avec pudeur et sans aucune putasserie. Et puis encore tous ces documentaires, ces reportages d’un Gilles de Maistre partout où l’on « a 12 ans et où l’on fait la guerre», d’un Depardon suivant une campagne électorale ou une garde à vue, un Jean-Paul Mari, Jean Hatzfeld, au Ruanda ou à Sarajevo, un Sorj Chalandon en Irlande du Nord, d’un Pierre Blanchet au Salvador ( Pierre Blanchet tué en Croatie, lui, si calme, si peu “tête brûlée”, qu’en j’y pense… ), d’un Jonathan Mann de CNN en Haïti, d’une Christine Spengler, d’un Jean-Claude Guillebaut, dont les « Lettres de … », publiées dans le Monde ( pauvre « Monde ») du Samedi-Dimanche, vous rendaient vivantes et proches, Zanzibar ou Punakha, et m’ont sans doute donné l’envie de ce métier de « reporter » !!! C’était avant internet, mais c’était surtout avec des femmes et des hommes de qualité dont le travail était, est de « rapporter », d’aller chercher des informations, de vous les restituer, de les remettre en perspective, la base du métier de journaliste , quoi !)
C’étaient des scoops, « exclusifs » ? Oui, mais c’étaient surtout des infos. Tandis que là …
Les interviews du brave Patrice Evra, Eric Abidal (en duplex depuis Barcelone, mazette !), Thierry Henry (que j’admire pourtant beaucoup et pour lequel s’était mobilisé Denizot) vous donnaient l’impression de tomber dans un vide sans fond, comme dans ces films de science-fiction où le câble qui vous reliait à la station spatiale se rompt brusquement et vous êtes aspiré par le vide sidéral, le grand trou noir… Le pompon étant sans doute remporté par cette phrase : « Avant de partir en vacances, nous devions la vérité aux Français… ». Waou!
Moi à cet instant-là, je me suis senti Portugais ou Brésilien, ou Slovaque, ou Japonais, ou Ghanéen, ou Argentin, autant de pays qui, pendant que les Français, footeux, journalistes et politiques, continuent à jouer à la baballe, eux, jouent au foot. Et c’est beau le foot, le soir dans ce grand et beau pays d’Afrique du Sud, où règne une super ambiance dans tous ces superbes stades !!!
Nous vivons une e-poque formidable !
Vous étiez inquiets pour votre retraite. Vous pensiez déjà que vous alliez être obligés de travailler au fond d’une mine jusqu’à 75 ans à pousser des wagonnets de charbon. (Y-a encore du charbon en France ?). Vous pensiez que ces salauds de banquiers, qui on le sait bien, se rient de nos malheurs, en se roulant des cigares avec des billets de 1000 dollars, ces salauds de communistes chinois qui font croître, crise ou pas crise, leur économie, 10 fois plus vite que la nôtre, allaient arriver à faire remettre en question ces « acquis sociaux » que le monde entier nous envie : Les 35 heures ? La retraite à 60 ans ? Mais fort heureusement, cocorico, le (futur) retraité le plus célèbre de France est reçu à l’Elysée. Thierry Henry. Vous ne croyez pas qu’il va parler retraites avec le Président, le jour des manifs ? Mais si ! Vous n’imaginez quand même pas qu’ils vont parler foot.
D’abord, parce que Henry, n’y a pas beaucoup joué ces derniers temps, et il restera de ce « mondial », l’image d’un de nos plus grands joueurs emmitouflé dans ses couvertures et atterré par le naufrage de son équipe face à l’Argentine.(Et là, je suis sérieux, parce que, main ou pas main, Henry EST un grand joueur, et en plus, il paraît, un type bien) Ensuite, parce qu’après tout, comme tout le monde s’est mêlé de foot depuis quelques semaines , et y est allé de son analyse, pourquoi pas Henry donnant son avis sur les retraites.
Tout le monde y compris Eric Zemmour. Vous savez, Zemmour, ce « spécialiste » de tout, qui remonte chaque fois à Vercingétorix et Louis XVI pour expliquer pourquoi des cailleras ont cassé des vitrines, et à Napoléon pour expliquer pourquoi notre pays a dans ses « gênes » un problème avec la retraite (à cause de la retraite… de Russie ! )
Je sais , j’insiste, Zemmour n’étant qu’un exemple de cette dérive de nos confrères qui consiste, lorsqu’on est trop paresseux pour faire de « vrais » reportages » et « vraies » émissions d’information, à inviter des « éditorialistes » au départ pas trop idiots et un peu cultivés, pour leur faire commenter tout et n’importe quoi, ce qui évidemment fini par tourner au ridicule.
Comme par exemple dans le cas du naufrage de l’équipe de France de foot qui a viré au grand déballage où chacun a pu se défouler en y amenant ses fantasmes :
– Chez les Le Pen, on le sait, c’est le fantasme de la France « pure ». Il est bien évident que si l’on a perdu, c’est à cause des blacks et des beurs : Escalettes et Domenech, étant , comme on le sait, d’origine congolaise et berbère !
Quant à Zemmour , c’est un peu la même chose : « On nous a menti », « la victoire de 1998, et les bleus au couleur de la France black, blanc, beur, c’était bidon, tout comme l’euro, et tout comme l’I.VG ». Vite revenons au Franc (suisse ?) et aux vraies valeurs, celles d’un Kopa et d’un Platini, et tout sera pour le mieux .
Kopa , Platini … euh ! d’origine polonaise, et italienne, et en plus fils de « mineurs ».
Nous vivons une e-poque formidable.
Vous étiez inquiets pour votre retraite. Vous pensiez déjà que vous alliez être obligés de travailler au fond d’une mine jusqu’à 75 ans à pousser des wagonnets de charbon. (Y-a encore du charbon en France ?). Vous pensiez que ces salauds de banquiers, qui on le sait bien, se rient de nos malheurs, en se roulant des cigares avec des billets de 1000 dollars, ces salauds de communistes chinois qui font croître, crise ou pas crise, leur économie, 10 fois plus vite que la nôtre, allaient arriver à faire remettre en question ces « acquis sociaux » que le monde entier nous envie : Les 35 heures ? La retraite à 60 ans ? Mais fort heureusement, cocorico, le (futur) retraité le plus célèbre de France est reçu à l’Elysée. Thierry Henry. Vous ne croyez pas qu’il va parler retraites avec le Président, le jour des manifs ? Mais si ! Vous n’imaginez quand même pas qu’ils vont parler foot.
D’abord, parce que Henry, n’y a pas beaucoup joué ces derniers temps, et il restera de ce « mondial », l’image d’un de nos plus grands joueurs emmitouflé dans ses couvertures et atterré par le naufrage de son équipe face à l’Argentine.(Et là, je suis sérieux, parce que, main ou pas main, Henry EST un grand joueur, et en plus, il paraît, un type bien) Ensuite, parce qu’après tout, comme tout le monde s’est mêlé de foot depuis quelques semaines , et y est allé de son analyse, pourquoi pas Henry donnant son avis sur les retraites.
Tout le monde y compris Eric Zemmour. Vous savez, Zemmour, ce « spécialiste » de tout, qui remonte chaque fois à Vercingétorix et Louis XVI pour expliquer pourquoi des cailleras ont cassé des vitrines, et à Napoléon pour expliquer pourquoi notre pays a dans ses « gênes » un problème avec la retraite (à cause de la retraite… de Russie ! )
Je sais , j’insiste, Zemmour n’étant qu’un exemple de cette dérive de nos confrères qui consiste, lorsqu’on est trop paresseux pour faire de « vrais » reportages » et « vraies » émissions d’information, à inviter des « éditorialistes » au départ pas trop idiots et un peu cultivés, pour leur faire commenter tout et n’importe quoi, ce qui évidemment fini par tourner au ridicule.
Comme par exemple dans le cas du naufrage de l’équipe de France de foot qui a viré au grand déballage où chacun a pu se défouler en y amenant ses fantasmes :
– Chez les Le Pen, on le sait, c’est le fantasme de la France « pure ». Il est bien évident que si l’on a perdu, c’est à cause des blacks et des beurs : Escalettes et Domenech, étant , comme on le sait, d’origine congolaise et berbère !
Quant à Zemmour , c’est un peu la même chose : « On nous a menti », « la victoire de 1998, et les bleus au couleur de la France black, blanc, beur, c’était bidon, tout comme l’euro, et tout comme l’I.VG ». Vite revenons au Franc (suisse ?) et aux vraies valeurs, celles d’un Kopa et d’un Platini, et tout sera pour le mieux .
Kopa , Platini … euh ! d’origine polonaise, et italienne, et en plus fils de « mineurs ».
Nous vivons une e-poque formidable.
Comment ne pas en parler ? Puisque c’est quand même LE sujet des discussions…
Faute de performances de l’équipe de France à commenter (toute personne qui émettrait quelques doutes au sujet de, comment dire, leur « petite forme », se faisant immédiatement traiter de « mauvais français » , voire même de contribuer à la défaite annoncée des bleus, un peu comme, en son temps, Christiane Taubira fût accusée d’être responsable de la défaite de Lionel Jospin. ), faute de commentaires sur la réforme des retraites ( y penser toujours, en parler… le plus tard possible), faute de nouvelles transcendantes sur la situation économique, l’état du P.S, l’état du Monde (le journal) etc, jouons de la vuvuzela.
Oh ! bien sûr, il y a les esprits chagrins, les coincés, ceux qui n’élèvent jamais la voix, ceux qui prennent peur dés que le niveau de décibels d’une discussion dépasse 40, ceux qui préfère la déprime silencieuse d’une Madame Bovary à l’explosion bruyante des sentiments d’un Hussard sur le toit (Mazette, quelle culture !). Ceux-là font la sourde oreille devant les appels de la vuvuzela . Ils font la moue. « C’est bruyant », « On se croirait dans une ruche », « ce son est disgracieux », « cela empêche de se concentrer sur le match » (en attendant la version : cela perturbe le formidable jeu offensif des bleus…). C’est vrai qu’avant la vuvuzela, les stades de foot étaient aussi silencieux que des stades de tennis, les moeurs y étaient nettement plus raffinés, comme au stade du Heysel, et les cris nettement plus policés, surtout en Italie quand les joueurs noirs sont accueillis par des hurlements de singe, ou dans le virage nord du Parc des Princes.
J’exagère , je sais, mais bon, entre le silence mortel des stades Nord-coréen et les décibels crève-tympans des vuvuzela, mon choix est fait : Quelle joie de voir tout un peuple qui pendant longtemps n’avait pas le droit de sortir du « bush », des bois, des campagnes, des réserves où une poignée d’hystériques de la pureté raciale voulait les cantonner, sortir maintenant toute vuvuzela dehors pour manifester sa joie, son bonheur d’accueillir le monde entier. Et je préfère encore acheter des boules quiès plutôt que de ne plus les voir fêter.
Et puis à chacun sa vuvuzela. Au risque de choquer : Cornemuses et binious, quand on n’est pas tombé dedans en étant petit, au bout de 5 mn, c’est dur… Les pétards des Nouvel-An chinois, c’est encore plus dur et en plus , ça troue la couche d’ozone. Même les yukulélés du Pacifique, à la longue, cela donne vraiment envie de se mettre à… la vuvuzela. Et même s’il ne faut évidemment pas mettre tous les réticents aux charmes de la vuvuzela dans le même panier, comment ne pas déceler derrière ces critiques, une manière détournée de faire remonter certains préjugés et même des préjugés certains, au sujet de la capacité d’un pays africain à accueillir un des plus grands événements sportifs de la Planète.
On nous avait d’abord annoncé que tout ne serait pas prêt, que l’organisation laisserait à désirer, que nos joueurs se feraient tuer ou violer, or, jusque là tout va bien…
Alors ces esprits chagrins-là, ceux qui préféraient la violence de l’apartheid à celle de l’Afrique du sud d’aujourd’hui, ceux qui n’ont pas d’état d’âme quand ils vont faire le carnaval à Rio de Janeiro, mais qui ont « peur » d’aller au Cap, à cause de la « violence », alors que le Brésil est malheureusement aussi violent que l’Afrique du sud, ces mauvaises foies-là se rabattent sur la croisade contre la vuvuzela.
A ceux-là répondez par: pouèt, pouèt ! (euh! c’est comment le bourdonnement de la vuvuzela ?)
Nous vivons une e-poque formidable !
J’M l’Afrique du Sud, et voir Desmond Tutu hier soir, et Nelson Mandela ce soir, cela vaut toutes les défaites des bleus annoncées ! Et arrêtons de pleurer sur “la violence” extrême des rues de Johannesbourg, et les inégalités criantes, moins de 20 ans après la fin de l’apartheid, sous entendu :”Voyez c’était mieux avant… que les noirs ne soient au pouvoir !”. Bullshit ! quand vous allez à Rio ( plus violente ou aussi violente que le Cap) ou Marrakech (plus inégale et pauvre que Jo’Burg) vous n’avez pas les mêmes réticences !!! Allez l’Afrique du Sud! C’est fantastique que pendant un mois , le monde entier ait les yeux tournés vers ce pays et ces gens ad-mi-rables ! Moi, je supporte, et tant pis si cela ne porte pas chance aux bleus (ont-ils besoin de cette désaffection pour perdre ?) les Bafana bafana… Et Mandela, et Desmond Tutu, et tous les sud africains dont le combat pour que développement rime avec justice est évidemment le notre ! Plus sympa que les valeurs de la Chine d’aujourd’hui, des JO de Pékin et de l’expo de Shanghaï , non ???
Entre Suriname et Guyane, sur les îles du Maroni, les « Noirs réfugiés » ont reconstruit un morceau d’Afrique. Sur la rive française, une des plus vastes communes de la République : Pompidou-Papaïchton, administrée par une poignée de fonctionnaires européens. Il y a trente ans, au cœur de la forêt, le long du fleuve,c’était une société en équilibre. C’était avant. Avant les bouleversements qui ont fait explosé la Guyane passant d’un coup d’à peine 45 000 habitants à plus de 200 000, transformant ce pays grand comme un sixième de la France en une sorte de FarWest équatorial sans foi, ni loi, où tous les coups, surtout les mauvais, sont permis, et dont les premières victimes sont les populations de la forêt, les amérindiens et les « noirs réfugiés ». Souvenirs de ce qui a été irrémédiablement perdu…
Dans l’aube rose d’un petit matin guyanais, la pirogue fend l’eau du fleuve Maroni, lisse et plat comme un miroir. Quelques nappes de brouillard s’accrochent encore aux arbres. A la sortie d’un coude, posé sur la pointe d’une île en tre Guyane et Suriname, le vil lage d’Assissi avec, en toile de fond, la douce ondulation des monts Abounamis.
Au milieu des arbres, quelques maisons en delta, perchées sur des pilotis. Les toits sont en feuilles de wai, parfois en tôle. Les façades en bois sont sculptées ou finement décorées de motifs géométriques colorés.
Après avoir contourné de gros rochers noirs et anguleux, qui semblent défendre l’accès du village, nous pouvons accoster au ri vage en terre jaune. Autour des femmes, qui lavent la vaisselle ou la lessive, des enfants barbotent dans l’eau du fleuve. Assises sur de petits tabourets de bois, deux jeunes filles jouent au haagi, le wari (ou awélé) africain, dont les habitants de Cayenne et. des Antilles ont perdu le souvenir, et que pourtant l’ethnologue Alfred Métraux avait encore rencontré en 1935 à la Barbade.
Un homme passe près d’un groupe de femmes : ” Mi weki joe, sisa. ” “Mi weki joe, brada”… “Mi doeng mba »« Mi doeng saafi. »… Les salutations matinales prennent du temps, et les belles sonorités de la langue que les Noirs réfugiés ont créée rappellent celles de certaines langues africaines. Le taki-taki est un créole dont la syntaxe est d’origine africaine et dont la base lexicale est d’origine anglaise, portugaise et africaine. Appelé aussi sranan tongo, c’est la langue des quatre cent mille habitants du Suriname et d’autant d’émigrés surinamiens aux Pays-Bas.
Mais les Noirs réfugiés n’ont pas seule ment conservé l’Afrique de leurs ancêtres fang-ashanti dans leurs jeux, dans leur langue, dans leur musique ou dans leurs prati ques religieuses. Ils ont élaboré une nouvelle civilisation adaptée à leur environnement géographi que et culturel.
Les Européens, et ceux qui ont adopté leur mode de vie, ont toujours voulu nier l’environnement guyanais et « civiliser » cette forêt qui leur semblait vierge. Pour que la réussite ne soit pas éphémère, il faut l’argent des sociétés sucrières britanniques, qui ont développé, les grandes exploitations de Guyana ; il faut l’obstination et l’expérience des Hollandais, qui ont multiplié les polders au Suriname ; il faut partout verser un lourd tribut en vies hu maines: engagés, esclaves africains, travailleurs indiens ou javanais.
En quatre siècles, tous les efforts de la vieille Europe n’ont réussi qu’à égratigner ce coin d’Amazonie. Envoyés par les Pays-Bas, les premiers colons des Guyanes furent les juifs expulsés du Portugal au début du dix-septième siècle. Les razzias que les Français implantés à Cayenne, et surtout les Anglais, effectuèrent contre leurs planta tions les forcèrent « à prendre la forêt » avec leurs esclaves. Ce qui, bien évidemment, facilita la fuite de beaucoup. Protégés par cette forêt difficilement pénétrable, les « marrons » se réfugièrent, de plus en plus nombreux, au-delà des «sauts» (rapides) des rivières, que les Européens ne savaient pas franchir avec leurs bateaux.
Menant une guérilla pondant plus d’un siècle contre les Hollan dais, ils effectuèrent des raids contre les plantations, notam ment pour y libérer les esclaves. Un siècle avant Haïti, « première République noire », ils formèrent la première nation d’esclaves noirs libres d’Amérique. La cou ronne hollandaise reconnut leur indépendance en 1762.
Cinq tribus se formèrent ainsi successivement : Matawai, Kwinti, Saramacas, Djukas, puis Bonis. Ces derniers, repoussés vers l’intérieur près des villages indiens, cherchèrent à jouer des rivalités entre les deux puis sances coloniales et, en se fixant sur le fleuve Maroni, frontière entre la Guyane hollandaise et la Guyane française, ils obtinrent la protection de la France. Ils sont aujourd’hui plusieurs milliers. La plupart des autres Noirs réfugiés, près de quarante mille personnes, se sont établis le long des rivières du Suriname.
Avec les Amérindiens, ils sont donc les seuls habitants de l’inté rieur des Guyanes. Alors que la Guyane française vit dans une débâcle économique permanente depuis trois siècles et se réduit de plus en plus, comme une peau de chagrin, à la seule bande côtière autour de Cayenne, les Noirs ré fugiés ont élaboré la seule civili sation matérielle non autochtone qui ait réussi à prendre racine.
Loin d’être des « primitifs », ils sont «fermement attachés à leur village par le culte des ancêtres et ont élaboré une organisa tion sociale et un mode de vie parfaitement adaptés aux condi tions imposées par le milieu géo graphique. Leur forte organisa tion tribale, leurs aptitudes techniques en matière d’exploi tation forestière, de canotage et de construction, leur assurent un niveau matériel de vie supérieur à celui de la plupart des popula tions de l’Afrique noire »[2].
Cette réussite suscite l’envie des « créoles »[3] guyanais vi vant (moins bien) dans les mêmes régions que ceux qu’ils appellent de manière un peu méprisante les « Boschs ».
Un jeune fonctionnaire créole de Maripasoula constatait devant nous avec amertume: « Les allocations familiales leur permettent de s’acheter encore plus de moteurs, encore plus puissants, et des magnétophones stéréo, alors qu’elles nous permettent à peine de joindre les deux bouts».
Chaque année à la saison sèche, un abattis d’un hectare environ de forêt est défriché, brûlé, puis planté, et produira pendant un à deux ans avant d’être abandonné. Ce qui permet de lutter contre l’appauvrissement et le lessivage des sols tropicaux fragiles et d’éviter la terrible fourmi-manioc qui, en une nuit, nettoie un champ. La chasse et la pêche, et la pratique du salariat temporaire, complètent les revenus tirés de l’abattis. On paye d’ailleurs fort cher les techniques que les Noirs réfugiés sont les seuls à maîtriser.
Ainsi, ces « seigneurs du fleuve » demandent près de 3 000 F pour affréter une pirogue (en moyenne 1 tonne de charge) de Saint-Laurent-du-Maroni à Maripasoula, c’est-à-dire deux jours et demi de navigation.
En 1969, la plupart des Indiens et des Noirs bonis ont été francisés, et l’ancien territoire de l’Inini a été découpé en communes.
Cette mesure fut sévèrement condamnée par tous les ethnologues consultés, de, R: Jaulin à J. Hurault. Les travaux que ce géographe de l’I.G.N. a effectués de 1950 à 1970 traduisent son admiration pour les Noirs réfugiés.
Admiration réciproque, d’ailleurs: le souvenir de ce Blanc discret, venu de si loin apprendre leur langue et leur civilisation, est toujours vivace. A Assissi, on montre la maison dans laquelle il habitait, on imite sa voix très douce, on mime son tic de mettre la main en cornet derrière l’oreille pour faire répéter un mot qu’il ne connaissait pas. Ni journaliste ni explorateur, J. Hurault n’est sorti de sa réserve de scientifique que pour critiquer les manoeuvres politico-financières qui ont déclenché la «francisation collective des Indiens et des Noirs réfugiés de Guyane ».
L’administration leur a simplement posé la question: « Es-tu pour la France, pour le Brésil ou pour le Suriname ? », sans les avertir que leur réponse entraînerait l’obtention de la nationalité française.
Or, « les déclarer Français uni latéralement ou les inciter à se déclarer Français en les appâtant par des promesses d’allocations ou de subventions diverses, alors, qu’ils n’ont aucune notion de notre organisation et aucune conscience des obligations qui nous incombent, est contraire au droit des gens »[4].
Simples « protégés, français » jusqu’en 1969, les Bonis sont donc devenus des citoyens fran çais et l’administration a décidé de s’en occuper. « Il y a là des populations qui nous sont favorables », a dit un préfet au cours d’une réunion de travail dans un bureau climatisé de Cayenne.
A seulement une demi-heure de « canot » d’Assissi, le village de Papaïchton, rebaptisé Pompidou depuis la mort du président, est le centre administratif « côté français » : 200 mètres carrés de vitrine grâce à laquelle les auto rités justifient l’adjectif de Guyane dans Guyane française.
D’un côté, la gendarmerie, le dispensaire (tenu par les soeurs), l’école et les logements de fonction; de l’autre, le village « indigène». Entre les deux, une pelouse jaunie, sans arbre. Ce no man’s land est intenable sous le soleil de midi, mais nécessité oblige: Les hélicoptères de la gendarmerie doivent pouvoir se poser.
Cet urbanisme, que l’on aurait pu croire disparu avec l’ère coloniale, se retrouve dans tous les centres administratifs du Maroni : Apatou, Grand-Santi, Papaïchton, Maripasoula. L’épouse d’un des deux gendarmes est très consciente de défendre la civilisation – française- aux frontières de la sauvagerie. Son mari a choisi l’outre-mer « à cause des avantages» qui permettent de doubler son salaire. Elle a de la chance : elle a trouvé du travail, comme secrétaire de mairie d’une des plus grandes communes de France, Grand-Santi Papaïchton.
Le maire est M: Tolinga, le « Gran Man » (chef) des Bonis. Comme il ne parle que taki-taki, un peu créole et presque pas français, les échanges qu’il peut avoir avec sa secrétaire de mairie (qui, elle, ne parle que français) sont forcément limités.
Lorsqu’elle, son mari et leurs enfants ont été parachutés là, alors qu’ils rêvaient de Tahiti ou des Antilles, cela a été dur malgré les « avantages ».
Pendant qu’elle répond à nos questions, son regard se perd dans le fouillis des arbres de la grande forêt équatoriale qui l’enserre de tous côtés et où elle ne voit que menaces et dangers.
Le premier choc passé, « on s’est organisé » entre les deux gendarmes, les deux instituteurs « métros » et leurs familles. De vant un monde dont ils ne comprennent ni la langue ni les va leurs, ils se resserrent tous autour du drapeau tricolore qui flotte bien haut devant la mairie.
Et l’on tue le temps en attendant les nouvelles de France relayées par FR 3 Guyane le matin à 6 heures (heure d’hiver), puis la partie de boules, arrosée de pastis, à 17 h 30, en attendant le courrier, la nourriture, les visites qui viennent de « métropole » via Cayenne. Figés dans leur perpétuelle attente, ces héros involon taires d’un Désert des Tartares à la française défendent une cause que la France ignore et sur la quelle l’histoire a déjà inscrit le mot « classé ». Chargée de faire respecter les lois, qui, au décret d’application près, s’adressent à tous les citoyens français, qu’ils soient de Mazamet, de Gif-sur Yvette ou de Papaichton; Mme la secrétaire de mairie pourrait revendiquer la devise de la Mai, son royale des Pays-Bas, ancienne puissance tutélaire de l’autre rive du fleuve : « Je maintiendrai ».
Maintenir, tout et dans les moindres détails. Verser la sécurité sociale, les allocations familiales, courir après les femmes bonis (« A quoi pensent-elles, et puis elles font tellement d’enfants ») pour qu’elles passent les visites prénatales. Bientôt, sans doute, il faudra distribuer l’allocation- chômage, ou l’allocation-logement, puisqu’elles viennent d’être étendues aux départements d’outre-mer.
Rouage de base de l’administration française, elle a engagé une véritable croisade contre l’ignorance des populations tribales. Pourtant, sa conviction faiblit quelque peu lorsqu’elle s’attaque à l’état civil. ” Je ne suis pas raciste.. mais » les Bonis n’ont pas encore « compris » qu’ils devaient déclarer tous leurs enfants à la mairie. D’au tant que l’on ne sait plus qui est qui, puisque la filiation chez les Bonis se fait par la mère, et celle de l’état civil français par le père. En fait, sollicités d’un côté par le Suriname, de l’autre côté par la France, les Bonis, peuple du fleuve, cherchent à utiliser les avantages des deux rives.
Les garçons seront déclarés côté Suriname, où ils ne seront pas astreints au service national, où ils seront scolarisés en taki -taki et où l’éducation (même en internat) est gratuite. Les filles, elles, seront déclarées côté français pour toucher les allocations familiales.
Si les calculs électoraux n’étaient pas absents tors de la décision de « francisation », ils ont été déjoués. Après les premiers votes unanimistes et légitimistes, les électeurs bonis votent dans certains villages majoritairement à gauche. Un M.L.B. (Mouvement de libération boni indépendantiste) a fait son apparition. A Saint-Laurent-du Maroni, l’U.T.G. (Union des tra vailleurs guyanais, proche des milieux indépendantistes) a syndiqué 80 % à 90 % des ouvriers de l’industrie du bois, qui sont presque tous Noirs réfugiés. « II y a des populations qui nous sont favorables », a répété te préfet en esquissant le tracé de la nouvelle route qui reliera Saint -Laurent à Apatou, premier village boni sur le fleuve.
En effet, les populations tribales sont devenues un enjeu entre Paramaribo et Cayenne. La route va donc permettre à l’administration de mieux contrôler la rive française, au détriment du transport par pirogue sur le fleuve, dont les Bonis ont le monopole. Ce qui devrait lentement déséquilibrer leur économie et leur faire perdre leur indépendance.
Balayant cet argument, le Père Weber, qui supervise les travaux de construction d’une église, se félicite au contraire de voir Apatou devenir le premier village digne de ce nom. « Tout le haut du fleuve a les yeux fixés sur ce qui se passe ici ». Cherchant à faire des Bonis des agriculteurs à part entière, il a remarqué qu’il existe « un lien entre ardeur au travail et mariage chrétien ». L’avenir a pour nom « intégration »et « assimila tion ». Pourtant, là-haut sur son île, avec le Suriname dans le dos et la France de l’autre côté de l’eau boueuse du Maroni, Assissi ne semble pas sur le point de succomber aux délices de notre civi lisation.
Il est vrai que beaucoup de Noirs réfugiés gardent une claire conscience de leur supériorité.
Lorsque, en 1975, les envoyés du gouvernement de Paramaribo vinrent annoncer l’indépendance du Suriname aux chefs noirs réfugiés, ceux-ci leur répondirent avec mépris : « Nous, nous sommes indépendants depuis plus de deux siècles !»[5].
C’était en 1981… Aujourd’hui, l’actualité, ce sont des affrontements, sanglants entre les chercheurs d’or clandestins, souvent venus de l’immense Brésil voisin et les populations tribales. Que pourraient donc bien faire les quelques dizaines de gendarmes qui tentent de faire régner l’ordre républicain sur des centaines de kilomètres de frontières improbables ? Pas grand-chose : Le mercure utilisé au mépris de tous les interdits pour extraire l’or des innombrables ruisseaux et criques polluent tous les fleuves et le Maroni empoisonne tous ses riverains, notamment les enfants. Poussés par la pauvreté du Brésil, l’instabilité du Suriname, de la Guyana, plus loin même d’Haiti, les réfugiés ou immigrés ont débordé sur les rives françaises. Amérindiens et noirs réfugiés viennent grossir les bidonvilles de Saint-Laurent, Kourou ou Cayenne où jamais la violence n’avait atteint de tel sommet. Et personne n’imagine un seul instant que la création de l’immense Parc national de Guyane apportera un début de solution.
[1] (d’un article publié dans « Le Monde » du 28 Juin 1981)
[2] Jean Hurault : la Vie matérielle des Noirs réfugiés bonis et des indiens wayanas. ORSTOM 1965.
[3] En Guyane,le terme ” créole » désigne les habitants nés dans le pays, à l’exception des populations tribales.
[4]J. Hurault : « La francisation des populations tribales de Guyane », Le Fait public n°16, mars 1970.
[5] Time, 12 juillet 1976.
Après la saine et efficace mobilisation de toutes les forces vives de notre pays contre les apéros géants, il faut maintenant s’attaquer à un danger encore plus grand, les tournois de pétanque. L’été et les vacances arrivent, avec leurs dangers et leurs risques de débordements, parmi lesquels, la pétanque.
Et il est temps d’exiger que soit appliquée le principe de précaution à ces rassemblements qui derrière une appellation en apparence tout aussi anodine, sympathique et conviviale que les « apéros », sont en fait le prétexte à des débordements incontrôlés, des disputes autour d’un cochonnet, et surtout, surtout, des consommations excessives d’alcools anisés. On nous cache la vérité. Nous voulons connaître les vrais chiffres des décès et blessés qui chaque année sont liés à ces rassemblements anarchiques, échappant à l’organisation policée des fêtes organisées par les pouvoirs publics. Si rien n’a été fait jusqu’à présent, c’est pour une raison évidente : Le lobby de l’industrie des spiritueux qui veut continuer à pouvoir nous empoisonner avec la complicité du gouvernement qui est à sa solde. Exigeons donc de nos députés qu’ils votent une loi, interdisant les tournois de pétanque, en même temps que l’interdiction de la burqa. Et pourquoi pas, non plus, l’interdiction des boules de pétanque, dont aucune étude officielle ne précise, combien de victimes elles font chaque année.
Traquons sur la toile et sur l’hydre Facebook, tous les groupes des amicales boulistes qui tentent insidieusement de contourner les actions préventives de nos forces de l’ordre. Impossible de contrôler inernet ? Bien sûr que si ! D’abord, impossible n’est pas français, et puis, Pékin montre tous les jours qu’il est parfaitement possible de mettre la « toile » au pas, et sans même envoyer des blindés Place Tien An Men…
Nous vivons une e-poque formidable
Nous avons tous (et pas seulement toutes…) un côté midinette, un côté « contes et légendes » revus et corrigés par Disney, Walt.
« Un jour, mon Prince viendra… ». Quelle petite fille n’a pas fredonné cette chanson, tout en se prenant pour Cendrillon et en habillant sa poupée, Barbie of course, en princesse, c’est-à-dire en froufrou et rose fuchsia, selon les critères du bon goût façon Valérie Damidot, (mais si ! vous savez : c’est la meuf de D&Co sur M6, celle qui une fois sur deux relooke les chambres des petites filles en « chambre de princesse ») ? Et quel petit garçon ne s’est pas imaginé en beau Prince charmant venant enlever la princesse sur un beau cheval blanc… à moins qu’il ne se soit rêvé en Cendrillon, mais là c’est une autre histoire.
On connaît les ravages que ce conditionnement à l’eau de rose produit vingt ans plus tard… les taux de divorce (un mariage sur 2 ou 3) sont là pour en témoigner. Mais a-t-on étudié l’influence de ces contes de fées, surtout dans leur version US, sur nos hommes et femmes politiques ? Prenez le Parti socialiste français. Nous sommes à moins de deux ans des présidentielles, qui sont en France LES élections à ne pas rater. Eh! bien, alors que localement, régionalement, européennement, ils gagnent toutes les élections, on a l’impression qu’elles et ils font tout pour LA perdre, L’élection.
Et de couper les cheveux en quatre, et de discuter du sexe des anges : Le programme doit-il précéder le leader, le leader doit-il précéder le programme, qui de l’œuf et de la poule est arrivé en premier ? Je suis dedans, ou, je me situe dehors. Retenez-moi sinon je ne me présente pas. J’hésite, au jour d’aujourd’hui, je ne peux pas répondre à la question que vous ne me posez pas mais à laquelle j’ai une réponse etc… etc… Et dès qu’il y en a un ou une qui pointe le bout de son nez, crac, boum, hue, splatch, c’est la volée de bois vert !
Le comble, le pompon, le sommet, c’est l’argument de l’âge et de l’expérience. Ils bavent tous devant Fabulous Obama, Zapatero le magnifique ou le sémillant Tony Blair, ce dernier étant devenu Premier Ministre à l’âge où chez nous on est fier d’obtenir un portefeuille de sous-secrétaire d’Etat aux Droits de l’Homme (toute ressemblance avec une personne etc), MAIS quand il s’agit de la politique française, alors là, on nous oppose notre « spécificité », notre « histoire », « nos traditions ». Comme si le fait d’avoir alterné pendant vingt ans entre ministères, Assemblée Nationale ou régions, de s’être pris veste sur veste électorale, qualifiait mieux pour l’accès aux plus hautes fonctions que l’enthousiasme et la conviction ! Nos dirigeants ne sont pas meilleurs que les autres, ça se saurait, ça se verrait. (Comme disait Coluche : Le monde entier nous les envie ? on les leur donne !). Même si la jeunesse, qui vire chez nous au jeunisme, n’est pas non plus un gage d’efficacité (Allez encore une citation, mais de Cocteau, cette fois-ci : On peut mourir jeune, comme on peut naître vieux…) , ces arguments du manque d’expérience qui sont balancés comme autant de scuds pour couler les « jeunes » du PS, des jeunes qui à force d’attendre parce qu’il sont jeunes deviennent des vieux, ce qui n’est pas un crime, mais avec le risque de devenir désabusés, aigris et surtout cyniques et manipulateurs, et ça, c’est tragique !
Le côche a sans doute déjà été raté aux dernières élections régionales où pour essayer de faire le grand schelem, le P.S n’a pas cherché à promouvoir des « jeunes ». Dommage aujourd’hui que des personnes comme, allez on va faire du « name droping », Manuel Valls, soient renvoyés aux élections de 2054. Et que le Prince charmant, ou la Princesse charmante, chargé(e) de conduire l’opposition à la victoire, ne se puisse se recruter que parmi des femmes et hommes politiques que nous connaissons déjà depuis 20 ans. Il est où le renouvellement ? Et tout cela est très embêtant. Pas seulement pour le P.S, mais pour le bon fonctionnement de la démocratie qui ne peut pas bien marcher si elle n’a pas deux jambes, majorité, opposition.
Et la droite ? Jusque là, tout va bien, au-delà des sondages qui « ne sont que des instantanés » … Elle est au pouvoir, suprême, son candidat est déjà connu, d’ailleurs il est plus jeune que celles et ceux , potentiel(le)s du P.S, et finalement le seul risque serait que l’opposition endormie ne soit réveillée par un(e) prince(sse) charmant(e). Ce qui paraît mal parti, comme on a vu plus haut !
Nous vivons une e-poque formidable
Maintenant, c’est clair : Si nous sommes dans la m…. , c’est la faute à l’Euro.
Prenez les anglais, par exemple : Obligés de choisir entre la peste et le choléra, ils se sont décidés pour les deux, la totale : 6, 2 milliards de livres d’économie, ce qui fait énormément et suppose des coupes sombres dans les livres, justement (MDR !), puisque tout y passe, l’éducation, la santé, les services publics (ah ! bon , ils en avaient encore des services publics, Outre-Manche ?), jusqu’aux ministres qui devront se mettre au vélib’ ou plutôt à la marche à pied : Les anglais refusant de faire comme les autres et roulant toujours du « mauvais côté » de la route, ils n’ont donc ni « vélov », ni « vélib » ( ?… MDR).
Non, sérieusement, c’est à ne plus rien y comprendre, d’autant que nos «experts », nos experts en « y’a qu’à », ceux qui, il y a deux ans encore, nous donnaient nos « amis » anglais en exemple, presque autant que l’Espagne, à nous français, qui, décidément, trainions des pieds sur les chemins des lendemains tout capitalistes anglo-saxons, qui chantent !, nos experts donc, ne restent pas muets, ce qui est dommage.
Non, ils préfèrent montrer du doigt, un coupable, des coupables : Vite, sus à l’euro ! Qui n’est qu’un instrument de la domination allemande sur l’Europe, revenons au bon Franc français, redéployons les gabelous à Hendaye et Vintimille, stoppons le tramway entre Strasbourg et Kehl (oui, c’est écœurant, d’un coup de tram, on peut aller faire ses courses en Allemagne, où, mais comment font-ils ? le panier de la ménagère est moins cher qu’en France…). DSK-Angela même combat : Ils veulent nous imposer de ne plus nous endetter, plus exactement de ne plus tirer des traites sur l’avenir, pour financer nos retraites … (traites… retraites… MDR !).
Bref : Tout était mieux avant ! Avant l’Euro, avant Bruxelles, qui veut la mort de nos fromages au lait cru, « on vivait mieux », « avec le franc, la baguette coûtait moins cher », les téléviseurs, pardon les postes radio à galène étaient made in France, les étrangers étaient à l’étranger, comme dirait Gollnisch Bruno. Et moi, j’avais un grand-père qui a vécu jusqu’à 87 ans. Et pendant la guerre, ils n’avaient pas de chauffage en dehors du fourneau et de la cheminée dans la cuisine, et pourtant, ils étaient heureux.
Quoi ? La Grande-Bretagne n’est pas dans l’Euro, ni dans l’Eurogroupe, ni dans Schengen … La dette publique de « nos amis américains » est pire que celle de la Grèce ? On n’a toujours pas trouvé de traduction en chinois pour le mot « crise » ? Ca ne fait rien : Dés que le vent se lève, que la mer grossit et que nos bateaux manquent de capitaines capables de nous indiquer le cap à suivre, nous nous mettons à regarder en arrière, où, là au moins « on savait ce qu’on avait », alors que l’avenir…
C’est vieux comme l’être humain, ce réflexe au repli sur soi, à « la Corrèze plutôt que le Zambèze », une attitude vieille comme l’Antigone de Jean Anouilh : « Moi, je veux tout, tout de suite, – et que ce soit entier – ou alors je refuse ! […] Je veux être sûre de tout aujourd’hui et que cela soit aussi beau que quand j’étais petite »…
Nous vivons une e-poque formidable !