BLOGODO

Le blog de Pierre M. Thivolet, journaliste

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Massacre à Orlando: Tout ca n’est pas très gai.

#jesuischarlie

Massacre au #Pulse, boîte gay à Orlando: Tout ça n’est pas très gai. Et ce jeu de mots est de très mauvais goût. Même si l’humour, même relou, est sans doute la meilleure arme face à l’intolérance, à la bêtise, à la violence.
Car ne nous leurrons pas, au-delà des réactions officielles qui seront unanimement indignées, unanimement couleur arc-en-ciel, nous connaissons tous les non-dits, ce que beaucoup pensent mais n’osent dire à haute voix sauf en petits cercles d’amis. « Ce massacre est horrible, bien sûr, mais …  il s’agit d’une boîte homo… » Sous-entendu : « Ils l’ont peut-être un peu cherché, ces spectacles indécents, ces drag-queens, cette exhibitionnisme, ces hommes ou ces femmes qui s’embrassent… » . C’est comme pour les viols, certains continuent, non plus à dire à voix haute – ça non, ce n’est pas politiquement correct – mais à penser « Elle l’avait peut-être un peu cherché » «  On ne s’habille pas comme ça quand on sort » Et progressivement, on en arrive à justifier la burqa, « tenue décente ». Certains donc ne vont pas se sentir Orlando, de la même manière qu’en Janvier 2015, certains ne sont pas sentis « Charlie » parce que : « c’est horrible bien sûr, mais…Quand même, ils faisaient dans la provocation, et puis caricaturer le prophète … » de la même manière que certains n’ont pas voulu observer une minute de silence à la mémoire des victimes du supermarché casher « quand on voit ce que les juifs font aux palestiniens ».
Il y a beaucoup de naïveté à croire, à avoir voulu croire qu’une loi, le mariage pour tous, ferait disparaître l’homophobie. Alors que les 3 grandes religions monothéistes condamnent toutes l’homosexualité, comme un pêché, comme un acte contre nature, même si il y a une évolution avec quelques déclarations de tolérance du Pape, ou des Eglises protestantes. Les lois sur la citoyenneté des juifs français il y a deux cents ans, n’ont pas fait disparaître l’antisémitisme. Et au niveau de la planète, la tolérance à l’égard de l’homosexualité est une exception. En Afrique par exemple, les homosexuels sont toujours menacés de prison, voire même de peine de mort.
Et il est inquiétant de constater à quel point les préjugés machistes comme la haine des homos, cela va de pair, est répandue dans nos banlieues. Pas facile d’être une jeune femme sexy dans certains quartiers. Et pas facile d’être homo aujourd’hui quand on est beur et que l’on vit à Sarcelles, ou à Marly-Gomont.
Croire que Daesh est derrière tout cela, serait nous leurrer, comme le fait de manière cynique Donald Trump. Croire que la raison du massacre d’Orlando est la seule libre circulation des armes aux Etats-Unis, serait également nous leurrer. Un des pires massacres de ces dernières années a été commis dans la pacifique Norvège, où en juillet 2011, un malade d’extrême-droite est allé massacrer tout seul, 77 personnes. Croire que ce sont les seuls homos qui sont visés, serait aussi nous leurrer: En 1989, à l’Ecole Polytechnique de Montréal, 14 étudiants étaient tués, principalement des femmes, par un tueur anti-féministe.
Dans nos sociétés démocratiques et de tolérance, nous sommes tous des cibles. La tolérance à l’égard de l’autre est aussi, d’abord une question d’éducation, un effort permanent de toute la société. Nous sommes tous fragiles face aux terroristes de tous bords qui cherchent à créer la division, à opposer non seulement les communautés, mais les individus. Nous sommes fragiles face aux démagogues qui comme Donald Trump, vont exploiter la peur du musulman, la haine de celle ou de celui qui n’est pas dans la norme, dans le moule, dans la majorité.
Nous vivons une e-poque formidable.

Euro 2016 : Brexit, indignés, grèves, attentats et Fan-zones: Alors on danse ?

Le foot pour tout oublier ?
Après la pluie, pardon : après le déluge, le soleil enfin, et un concert, un megashow sous la Tour Eiffel, Paris ville lumières, allez on danse.
Après les polémiques, les niques de Benzema et Cantona, le foot enfin, et un beau but, des larmes de vraie joie de Payet –Paillettes-, allez on danse.
L’euro chasse les infos. Jusqu’au 10 juillet, y’en aura plus que pour le foot. Ce n’est pas a-normal. Après tout c’est le sport le plus populaire. Mais c’est aussi ( surtout ?) du business. Et « on » nous bourre le crâne avec les bleus – tous supporters- tous ensemble- tous ensemble-, « on » fait monter la sauce, avec des suspens du style France-Roumanie, France-Albanie. C’est pas pour dire, ni pour mépriser l’Albanie, mais dans le genre, il y avait aussi France-Malte, ou France-Chypre, ou encore France-îles Féroë. A vaincre sans mérite, on triomphe sans gloire … « On » ? « On », ce sont ces grandes marques, ces grands médias qui achètent très cher les droits de diffuser la moindre image liée à la folie foot, et qui entendent bien maximiser leur retour sur investissement. Sous la Tour Eiffel mais devant Mac Do, allez, on danse.
Oubliée la crise de l’Euro. Au fait, où ça en est, la Grèce en faillite ? Et la reprise économique, partout en Europe ? Et les élections en Italie, avec le mouvement 5 étoiles qui risque de bloquer les velléités de réformes du premier Ministre Matteo Renzi. Le 19 juin, à Lille, on jouera France-Suisse. A Rome, on votera pour de deuxième tour d’élections municipales à haut risque. Allez, on danse.
Exit le possible Brexit. Le référendum en Grande-Bretagne, ce sera le 23 juin. Les sondages sont aussi indécis que le France-Roumanie pendant 88 minutes. Si les britanniques larguent les amarres, personne ne sait vraiment ce qu’en seront les conséquences. Une nouvelle chance pour l’Europe ? Genre : On largue les poids morts, les ceux qui trainent du pied, et on fait avancer la construction européenne. Ou bien, une catastrophe, avec Cameron comme capitaine, et comme icebergs la Chine, l’Inde, les Etas-Unis, la Russie sur lesquels nos petits pays dispersés viendront se fracasser. Comme sur le Titanic, allez, on danse.
Oubliées les élections en Espagne. Le 25 juin, sur la planète foot débuteront les 8 ème de finale. Et dans l’Espagne, de nouvelles élections qui risquent d’être tout aussi indécises que celles de décembre dernier. Bravo les indignés: Ils bloquent tout mais ne gagnent rien, si ce n’est peut-être de permettre l’avancée des nationalistes catalans qui, d’élections en élections, vont bien finir par détricoter l’Espagne. Mais l’Espagne n’a jamais existé sans Catalogne, ni Pays Basque… Allez, on danse.
Oublions les grévistes de Sud ou de la CGT qui rendent un peu aléatoire tout déplacement en France, oublions les poubelles qui s’amoncellent, oublions Air France, oublions la grève du 14 juin, oublions les 5 millions de chômeurs, allez, on danse .
Oublions, les réfugiés, les migrants : Combien arriveront sur les côtes italiennes, combien se noieront en Méditerranée pendant que nous jouerons au foot ? Allez on danse.
Et puis surtout y penser toujours, en parler, jamais: La menace de nouveaux attentats. Pendant, des mois, on nous a répété que nous étions en guerre. Que c’était obligatoire. Que nous étions une cible. Qu’il y aurait d’autres bombes, d’autres attaques. Tous ces stades, toutes ces fan-zones, tous ces déplacements, autant de cibles… Danser dans ces conditions, est-ce résister ou bien est-ce être inconscients.  Alors, on danse, vraiment ?
Nous vivons une e-poque formidable.

Le zouave du Pont de l’Alma est-il politiquement correct ?

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Pour un Zizou du Pont de l’Alma

Nous avons tous les yeux et les objectifs pointés vers le zouave du pont de l’Alma, cette statue qui lorsqu’elle a les pieds dans l’eau nous indique que la Seine est en crue. Là, avec de l’eau à la taille, on sait que c’est grave, les caves du Louvre et du Musée d’Orsay menacées, les voies sur berge, le RER C fermés. Et puis que dans le reste de la région, nous avons vraiment la tête sous l’eau. Une sorte de grande saison des pluies, la chaleur en moins.
Mais les grèves en plus. Et là, chapeau pour les grévistes qui contre vents et marée, et galères climatiques, continuent vent debout leur grève, bloquant les TGV en Gare de Lyon, ou l’électricité à Saint-Nazaire. Les seuls qui semblent s’être noyés, ce sont les Nuit debout. Disparus de l’œil des médias. Il est vrai que sous tant d’eau la Place de République à Paris prend des allures de Place Saint-Marc à Venise en période d’acqua alta. Ces derniers jours à Paris, c’était Paris chaos ou KO, Paris bordel, Paris chienlit. Des passagers excédés qui descendent sur les voies de la ligne 4 du métro, des bus qui s’arrêtent au milieu du boulevard Magenta, un touriste japonais hagard qui comprend mal le mot « grève » « on strike » et qui tente de rallier la Gare du Nord, une passagère qui s’indigne de l’agressivité d’autres passagers : « on est tous dans le même bateau, ce n’est pas la peine de se mettre à se battre ». Y-a-t-il un pilote sur le bateau France ? On a l’impression que non. Dans ces dérèglements climatiques, sociaux, sociétaux, il ne manquait plus que Godzilla. Et nous avons eu Benzema et Cantona. Qui en ont profité pour enfoncer des portes ouvertes, en surfant sur une évidence: Il y a du racisme en France et des français racistes, pour régler des comptes personnels. C’est d’autant plus moche qu’au fond, c’est une réflexion qui est partagée par beaucoup : Si Benzema, comme Ben Arfa n’ont pas été sélectionnés, c’est parce qu’ils sont rebeus. Et l’on déplace les questions et les critiques sportives sur le plan sociétal, et là, on s’enfonce dans des débats aussi boueux que les eaux de la Seine autour du zouave du pont de l’Alma.
A ce propos, pourquoi un zouave ? Pourquoi un tel symbole ? Celui du colonialisme français, dans une de ses pires périodes, celui de la conquête de l’Algérie. Vite mobilisons-nous pour réclamer son remplacement. Christiane Taubira, vite, fais passer une loi à l’Assemblée ( Ah ! non, c’est vrai, elle n’est plus députée de la Guyane). Eric Cantona, vite, lance une souscription nationale, avec concert de Yannick Noah, vite mobilisons-nous pour remplacer le zouave par… , euh ! par quoi ? Par un footballeur black, blanc, beur. Troquons le zouave par Zizou, une statue en pied de celui qui in fine nous symbolise de la manière la plus positive qui soit, qui transcende nos divisions, Zinedine Zidane. Et quand tout ira mal, on ira jeter un coup d’œil au Zizou du Pont de l’Alma et l’on dira : Le Zizou a de l’eau jusqu’à la taille.Bon, allez vivement l’Euro qu’on puisse enfin se détourner de nos problèmes, avant le long tunnel politique qui nous attend, les primaires, les présidentielles.
Nous vivons une e-poque formidable

Tunnel du Saint-Gothard: Et pendant ce temps-là, en France, les vallées des Alpes s’asphyxient.

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Et pendant ce temps-là, en France, on s’interroge toujours sur l’opportunité de construire des tunnels
Oui, la taille ça compte. Mais pas seulement. Il y a aussi la manière de s’en servir.
Oui, il est question de transports. Mais pas de ceux qui conduisent au 7 ème ciel (quoique …). Il s’agit de transports routier, ferroviaire, de marchandises, de voyageurs, de ceux qui relient la Suisse à l’Italie, le nord de l’Europe au Sud de l’Europe.
Pendant qu’en France on débat encore de l’opportunité de mener à bien le Lyon – Turin (ah ! s’il s’agissait de relier Paris à… à n’importe où, ce serait déjà fait) à coup de manif d’écolos – il faut préserver la reinette du Val Duschmol, solidarité avec le Val d’Aoste transformée en autoroute transalpine – à coup de rapport de la Cour des Comptes (ça coûte trop cher) – et à coups d’intérêts particuliers – ah ! Si les voitures ne passent plus dans ma commune -, en Suisse on travaille, on construit et on inaugure.
Le Tunnel du Saint-Gothard inauguré le 1er juin est non seulement le plus long du monde. Il est surtout au cœur d’un système de transport de plusieurs centaines de kilomètres qui va avaler les voitures et les camions au nord du côté de Zurich pour les relâcher au sud du côté de Milan. La Suisse ne se transformera pas en autoroute pour camions transeuropéens et elle fera payer – cher – le transport par ferroutage à travers son territoire. Et ce sera tout bénef : car aux royalties payés aux Suisses s’ajouteront les économies: réseau routier moins dégradé par un trafic incessant de camions, environnement épargné par la pollution des gaz d’échappement.
Sur ce coup-là, les suisses ont vraiment tout bon. Non seulement, ils n’ont pas été lents, contrairement au cliché que nous colportons sur nos voisins, la construction a pris 17 ans, ce qui n’est pas énorme pour un tel ouvrage, le plus long du monde: 57 kilomètres, le plus profond du monde, mais ils nous mettent la honte : Le fameux Lyon-Turin est dans les tuyaux depuis 30 ou 40 ans et si tout va bien il sera achevé en 2030.
De plus la procédure a été un exemple de démocratie, avec référendum à la clef et budget transparent, contrôlé, respecté !  
 Ailleurs dans les Alpes, on s’active aussi : En Autriche, où des ensembles tunnel – ferroutage sont également en voie d’achèvement. Avec le Brenner (55 km) ou le Koralm (32 km), notamment. Partout le ferroutage est en marche. Chez nous, il est en panne.
Mais que font les zadistes et autres défenseurs de l’environnement ?  Ils devraient défendre les bronches des enfants de la vallée de Chamonix, une des zones les plus polluées de France à cause du trafic routier, ou celle du Fréjus, ou la route du Lautaret, qui est aujourd’hui d’ailleurs tellement dégradée qu’elle tombe dans le lac du Chambon. Et que fait, que font les gouvernements, plus que les sempiternelles déclarations d’intention des sommets franco-italiens ? D’ailleurs pour toute la vallée du Rhône , il aurait fallu être visionnaire et au lieu de laisser le Tunnel sous Fourvière en plein Lyon et l’autoroute du soleil se transformer en couloir à camion, imposer le ferroutage de Beaune au Nord, jusqu’a Avignon au Sud .
Délirant ? Oui, autant que les Suisses ou les Autrichiens.
Nous vivons une e-poque formidable.

#Autriche : L’amnésie nazie.

Déjà en 1985 : Kurt Waldheim, Président de l’Autriche. Ici  en 1943, deuxième à partir de la gauche, avec des responsables SS.
Si l’extrême-droite remporte la présidentielle en Autriche, ce sera une bien mauvaise nouvelle. Pour l’Autriche. Et pour le reste de l’Europe aussi. Mais ce ne sera pas une surprise. Malheureusement.
On refait le film ?
Au cœur de l’Europe, il existe un petit pays heureux, où le niveau de vie est un des plus élevés – 30 % de plus que la moyenne européenne -, où le taux de chômage est au plus bas. Un drôle de petit pays qui présente deux visages, les deux côtés d’une même médaille.
A l’Est, une grosse capitale, Vienne, dont on aurait coupé les ailes en 1918, en la privant de son empire, Hongrie, Tchécoslovaquie, Slovénie, un empire qui commençait presqu’au bout de la rue, la frontière commençant à 30 kilomètres à peine de Vienne, une ville où tout est fait pour nous rappeler cette époque heureuse, où des hommes élégants s’arrêtaient pour faire le baisemain aux belles dames «  Küss die Hand, gnädige Frau » , « Je vous baise la main chère dame ! » cette époque glorieuse où entre Hofburg et Schönbrunn, entre Opéra et Hôtel Sacher, on s’attend à voir débouler Sissi impératrice.  
 A l’Ouest, c’est une sorte de prolongement de la Suisse alémanique, au pied des Alpes enneigées, des vallées, des alpages, où là c’est plutôt Heidi et ses nattes blondes que l’on s’attend à voir gambader au milieu de vaches grasses et propres, dans des prairies bien vertes, où les maisons sont de vastes chalets, géranium aux balcons, peintures d’époque avec sur les façades, des dictons pleins de bonne grosse sagesse populaire, genre : « Morgen Stund’ hat Gold im Mund’ » en gros : « Les heures du matin sont les plus productives ». Le dimanche à la sortie de la messe, autour de la petite église baroque, les hommes défilent en loden, culottes de peau, et chapeaux à « Ganzbart », chantent en « iodlant », applaudis par les femmes habillées en dirndle, robe et corsages qui sont une sorte d’ancêtres des « wonderbras » mais en dentelles. On y est gentiment antisémite, mais depuis toujours, à la catholique d’autrefois. Dans les années 70, cela a été un choc pour les anciens, quand à la suite du concile Vatican 2, l’Eglise a demandé que l’on arrête de dire que les juifs étaient les assassins du Christ, mais des frères dans la foi en un Dieu unique. Ainsi, il avait bien fallu une vingtaine d’années à l’évêque d’Innsbruck pour supprimer le pèlerinage millénaire  de la Judenstein, la Pierre aux Juifs, où dans une petite chapelle près de Rinn, tous les deux ans, on faisait défiler dans une cloche en verre, le squelette du petit Andreas. Selon la tradition, il aurait été égorgé par de vilains marchands juifs qui l’auraient enlevé pour utiliser son sang dans une de leurs cérémonies, car, c’est bien connu, les juifs utilisent le sang des petits enfants pour leur sabbat. Ambiance.
C’est dans ces provinces, bien propres que se déroule une partie des romans de Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature en 2004 : « La Pianiste » (dont a été tiré un film multi récompense à Cannes, avec Isabelle Huppert), « les Enfants de la mort », ou Lust (Plaisir en allemand) qui se déroule en Styrie cette province du Sud-Est de l’Autriche où l’extrême-droite a obtenu 26 % des suffrages aux dernières élections. Dans toute son œuvre, comme d’ailleurs dans celles de beaucoup d’intellectuels autrichiens, on retrouve cette dénonciation tourmentée, brutale de l’hypocrisie et du conformisme de la société autrichienne. Une société qui cache de nombreux squelettes dans ses placards, comme notamment un passé nazi jamais assumé. Et qui est brutalement remonté à la surface au moment de l’affaire Waldheim en 1985.
Candidat à la Présidence  autrichienne – déjà une élection présidentielle ! –  Kurt Waldheim avait été mis en cause pour avoir caché son passé pendant la seconde guerre mondiale. Sans avoir été SS, il avait été officier de la Wehrmacht, affecté dans des régions des Balkans où de nombreux massacres avaient été commis, qu’il n’avait pu, au mieux, ignorer… Sa défense : « J’ai la conscience tranquille », ou encore « Je n’ai fait que mon devoir » avait beaucoup choqué dans le monde surtout quand furent publiées des photos où on le voyait en grand uniforme, en compagnie de responsables SS. Mais une majorité d’autrichiens, se retrouvèrent dans le parcours de Waldheim. Seulement “Mitläufer”, nous n’avons fait que suivre…Beaucoup jusqu’à Bruno Kreisky, l’ancien chancelier socialiste, d’origine juive, dénoncèrent le « complot de l’étranger ». Et Waldheim fur triomphalement élu.
Un couvercle venait de sauter. Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, l’Autriche avait fait preuve d’une incroyable amnésie au sujet de son passé nazi. Avec la bénédiction des alliés occidentaux. Car par peur de l’expansion soviétique – en 1945, l’Autriche avait été partagée comme l’Allemagne en 4 – les alliés occidentaux, américains, britanniques, français décrétèrent que l’Autriche était la première victime du nazisme, l’Autriche ayant été annexée par Hitler en1938. Du coup, les autrichiens n’étaient plus ni des bourreaux, ni des criminels de guerre, ils n’étaient plus des collaborateurs, mais des victimes. Une fiction, puisque l’on sait que beaucoup de postes dans les camps de concentration furent occupés par des autrichiens, puisque l’on sait que les pogroms anti-juifs furent plus violents en Autriche, à Vienne qu’en Allemagne. Une amnésie bien pratique pour une classe politique, socialistes comme conservateurs, se partageant le pouvoir, les postes de fonctionnaires, par un système de « proporz » de proportionnelle encourageant le clientélisme. Tous fermèrent les yeux sur le passé de nombreux adhérents du petit parti libéral, le FPÖ, qui n’a de libéral que le nom, et qui servit de machine à blanchir et à recycler de nombreux anciens nazis.C’est ce parti auquel appartient Norbert Hofer, le probable futur nouveau Président.
Quelque soit la conjoncture actuelle, avec la question des migrants où l’Autriche est en première ligne ou bien les inquiétudes concernant la dégradation relative de la situation économique, c’est sur ce terreau que s’est développée l’extrême-droite autrichienne.
Connaître l’Histoire, l’assumer y compris avec ses zones d’ombre, pour ne pas reproduire les erreurs du passé, l’Autriche s’y est mis trop tard. Un problème que l’on retrouve dans toute l’Europe centrale et de l’Est, Hongrie, Pologne, qui sont en train de se refermer sur leurs égoïsmes nationaux. Que l’on retrouve chez nous aussi ?
Nous vivons une e-poque formidable.

De Black M à Amir: Sur la route de la bêtise.

Cons-sternant Zemmour avec sa provoc: ” Prénom arabe, refrain anglais “

Hollande a raison : La France va mieux. Parce que c’est quoi ce dernier débat qui nous agite, qui affole les neurones atones de nos pseudos intellos, qui déclenche des poussées d’urticaire xénophobe, qui fait pousser des cris de vierges effarouchées à nos ministres trop contents d’abandonner les sables mouvants du 49-3 et autre Loi Travail.
Black M doit-il chanter à Verdun ? Je répète : Black-M peut-il chanter à Verdun ? Non, mais c’est consternant. Con-sternant.
Consternant de devoir prendre la défense – évidemment – de ce petit gars qui n’est sans doute pas le Kayne West de France, ni le Léo Ferré d’aujourd’hui. Mais, bon, il est plutôt sympa , non ?
Et puis, si on regarde bien, il n’y a pas que lui. Il fait partie d’une génération, d’une bande de musiciens plutôt bien burnés ( LOL ! cad : malins, astucieux) , qui tirent leur épingle du jeu du show business, passant d’un rap pas inintéressant mais pas toujours intéressant , oui avec parfois des dérapages bien machos, mais enfin, bon, les rappeurs pour être crédibles, on a toujours l’impression qu’il faut qu’ils se tiennent les couilles en chantant, comme ils en avaient des bien lourdes, bon, passons – à une sorte de pop français  avec des mélodies plutôt sympa à fredonner sous la douche .
Ou « Sur ma route » , comme le chante Black M. Dans le genre on peut préférer Maître Gim’s, qui cartonne depuis « Je m’tire » « Bella » ou « Sapé comme jamais ». Tous sortent de ce moule « Sexion d’assault », tous ont su prendre le virage et faire un sacré beau parcours:  Du travail, de la prod, des Victoires de la Musique, des millions de vues, des magasins de street wear, des produits dérivés: Belle réussite, non. C’est aussi ça la France qui gagne.
Black M à Verdun ? Le rapport aux poilus était sans doute un peu tiré par les cheveux. D’un autre côté si l’on veut que la jeunesse se mobilise à Verdun, on ne va en permanence ressortir « La Madelon » ou « En passant par la Lorraine ». Et face à la polémique, ce malheureux Black M a été obligé d’en appeler à son grand-père qui était tirailleur sénégalais. Et même s’il ne l’avait pas été . Où était le problème d’organiser un grand concert populaire avec un chanteur qui met le feu ? La jeunesse, n’est-ce pas ce qu’il y a de mieux pour célébrer la mémoire de ceux qui sont tombés pour que nous soyons ce que nous sommes. 
Cette polémique est aussi conne que l’autre… sous la plume de Zemmour. A propos d’un autre chanteur qui nous représente à l’Eurovision, Amir. Il écrit, dans un raccourci confondant : « Prénom arabe, refrain anglais…  « symbole de cette France de la pensée unique, du politiquement correct ».
« Prénom arable, refrain anglais » : Mais c’est consternant. C’est même con tout court. Autant que si l’on disait à propos de Zemmour…. Non, stop ! Ne pas se laisser à être aussi bête.
Et puis cette manière qu’à Zemmour de s’ériger en chantre de ce qui est vraiment français et de qui ne l’est pas. Et cette suffisance à vouloir que la pureté de la langue française s’arrête avec Chateaubriand, comme s’il n’y avait pas eu tant de Black Label, de Laminaire, de Gouverneurs de la rosée, d’Oeuvre au noir , qui ont tant fait pour que notre langue et notre culture ne soient pas seulement à ranger sur les étagères des civilisations mortes, à côté des Etrusques ou des Mayas.
Alors consternés pour consternés, ce soir faisons la nique aux pisse-froids, on danse « Sur ma route» de Black M et devant l’Eurovision, pour Amir, pour la France :
France :  10 points – Bêtise : 0 point
Nous vivons une e-poque formidable

Brésil : Après Dilma, le déluge ?

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Triste sortie pour Dilma…

Exit donc, l’actuelle Présidente Dilma Rousseff. Au moins pour 6  mois.
Et après elle ? Eh! bien, c’est un peu le déluge. A la brésilienne, où la saison des pluies provoque souvent des glissements de terrain spectaculaires. Ce sont les fameuses « Eaux de Mars », la fin de l’été austral, période sombre et poétique, comme dans la chanson «Aguas de Março »(1) : « Ce sont les eaux de mars, Fermant l’été. .. C’est la pluie qui tombe… C’est la voiture en panne. C’est la boue, c’est la boue … »
Et de la boue, si l’on regarde la liste des successeurs à Dilma, il risque d’y en avoir beaucoup. Car on n’y trouve que voleurs voire même truands.
L’actuel Vice-Président Temer, qui devient Président ? Il préside un parti dont la plupart des élus font l’objet de poursuites judiciaires et pourrait être lui-même rattrapé par les affaires. Dans les sondages, sa côte de popularité frise les … 2 %.
Eduardo Cunha, Président de l’Assemblée nationale ? Il vient d’être suspendu par la Cour suprême, pour … corruption. Ironie de l’histoire, c’est lui qui avait accéléré la procédure de destitution de la Présidente. Il est accusé d’avoir perçu plus de 4 millions d’euros de pots-de-vin et figure en bonne place dans les Panama papers. 95 % des brésiliens souhaitent d’ailleurs qu’il soit jugé.
L’ancien Président Fernando Collor, aujourd’hui sénateur ? L’ancien Président Lula, toujours très populaire ? Egalement dans la ligne de mire de la justice, comme d’ailleurs plus de 150 députés ou sénateurs brésiliens. « Tous pourris »: Au Brésil, cela est vraiment vrai.
Les juges iront-ils jusqu’au bout de leur opération de lavage au karcher ? Si oui, l’actuelle classe politique va être décimée et il faudra bien passer par de nouvelles élections. Mais là où le bât blesse, c’est qu’au Brésil, élections riment avec corruption et clientélisme. Pour être élu, on arrose ses électeurs. En tout cas, c’était le cas jusqu’à présent.
C’est d’ailleurs cette corruption généralisée qui freine autant la démocratie que l’économie du pays et c’est cette corruption que dénoncent depuis plusieurs années, depuis la Coupe du monde de football, des millions de brésiliens. 
Il est curieux qu’en France par exemple, beaucoup de médias reprennent les seuls slogans des partisans de Dilma Rousseff – il ne s’agirait que d’un coup d’état, d’un coup contre la gauche – en oubliant le travail de la justice brésilienne. Car ce qui est tout à fait remarquable, c’est l’implacable détermination des « petits » juges brésiliens. Un peu à l’italienne, comme à l’époque de l’opération « mani pulite », mains propres. Et ça c’est une première dans l’histoire du Brésil.
Bien sûr, le sort réservé à Dilma Rousseff paraît un peu injuste, puisque, pour ce que l’on sait de son parcours personnel et politique, elle avait beaucoup de défauts, mais pas celui d’être corrompue. Mais le feuilleton est loin d’être terminé, comme dans une telenovela, la fin n’est pas encore écrite. Comme dans la chanson :« Ce sont les eaux de mars, Fermant l’été, C’est la promesse de vie… ». La promesse d’une nouvelle étape pour la démocratie au Brésil ?
Vivemos numa e-poca estupenda !
Allez pour se remonter le moral on écoute la version de la chanson de Jobim par Ellis Regina : “Aguas de Março” sur youtube

Sadiq Khan, maire de Londres : So what ?

Une campagne outrancière: Allez-vous voter pour des amis de terroristes ?
Un musulman élu à la tête d’une capitale occidentale: C’est vrai, c’est une première. Et c’est vrai, par les temps qui courent – attentats, menaces des cinglés intégristes musulmans – ce vote, cette large victoire signifie le refus de la peur, «  Le choix de l’espoir plutôt que de la peur » a déclaré l’heureux élu.
Cette élection signifie qu’à Londres, vitrine du miracle économique britannique, il y a un envers du décor. Elle est devenue la ville la plus chère au monde, son immobilier est investi par les milliardaires, notamment d’Asie. Et pour beaucoup de londoniens, transports, logements, tout est hors de prix. C’est cela aussi qu’a promis de régler Sadiq Khan. Avec ce slogan repris de Barack Obama : « Yes we Khan ».
Il y a … 8 ans, l’élection d’un noir à la tête des Etats-Unis avait également soulevé d’immenses espoirs. Pendant quelques mois, Barack Obama était comme un Messie, Jésus marchant sur l’eau, Prix Nobel de la Paix, avant même d’avoir fait quoique ce soit. Et puis ? Et puis, on attend toujours… la fermeture de Guantanamo, une nouvelle politique au Proche-Orient. Quant au nombre de « bavures » policières – et par bavures, on entend des jeunes noirs abattus par des policiers blancs – elles ne cessent de défrayer tragiquement la chronique. Bien sûr, symboliquement l’élection d’Obama a été très forte, et a changé sans doute l’image des Etats-Unis dans le monde. Un peu comme aujourd’hui l’élection de Sadiq Khan à Londres. Mais le nouveau maire pourra-t-il aller très loin. On nous présente ces élections comme des exemples de tolérance des sociétés américaines ou britanniques. Et en creux, cela souligne le retard de notre pays. Mais est-ce si vrai ?  Les sociétés anglo-saxonnes sont-elles vraiment plus tolérantes que la nôtre.  Le modèle communautaire par opposition à notre modèle « républicain » assimilationniste, est-il vraiment plus tolérant ?  Chacun chez soi, chaque communauté entre elle, est-ce l’idéal ?
Il nous est dit par exemple que le port du voile ne pose pas de problème à Londres. Mais la question du voile est-elle seulement une question de tolérance religieuse, culturelle, un peu comme le port du Loden à Munich ou du kilt à Édimbourg ? Dans le monde musulman et chez les femmes musulmanes, il y a une discussion sur la signification de l’extension du port, non pas du fichu que portaient et portent encore beaucoup de grand-mères dans les campagnes du Maghreb, mais de ce voile intégrale, de la burqa, de ces tenues venues d’Arabie saoudite ou d’Afghanistan, et qui ont plus à voir avec le machisme des hommes qu’avec le respect de Dieu ;
Accepter comme c’est souvent le cas à Londres les dérives intégristes de certains musulmans, au nom de la tolérance, fermer les yeux sur les activités de certains groupes djihadistes basés en Grande-Bretagne, est-ce préparer l’avenir et l’acceptation de l’autre ? Modèle d’intégration la Grande-Bretagne ? C’est oublier les attentats épouvantables commis en 2005, ou en 2013, le soldat égorgé à la machette en plein jour dans une rue de la capitale … C’est oublier que la religion anglicane est toujours liée à la monarchie, et que Tony Blair a dû attendre de ne plus être Premier Ministre pour pouvoir se convertir à la religion catholique !  C’est oublier ces dernières semaines la campagne raciste d’une violence antimusulmane impensable chez nous menée par le candidat conservateur opposé à Sadiq Khan. «  Allez-vous vraiment élire des gens qui pensent que les terroristes sont leurs amis ? ». Même le FN n’aurait pas osé !
En France, nous n’avons pas attendu un Barack Obama aux Etats-Unis ou un Sadiq Khan à Londres, pour qu’un noir et/ ou musulman accède aux plus hautes fonctions. Il y a plus de soixante ans, à une époque où les parents de Michelle Obama n’avaient pas le droit de s’asseoir à côté de blancs dans les bus, et où à Londres, le père de Sadiq Khan ne pouvait que rêver de les conduire, les bus, un noir, petit-fils d’esclave, Gaston Monnerville était élu Sénateur et Président du conseil général du Lot, et Président du Sénat de 1958 à 1968. Président du Sénat ! Deuxième personnage de l’Etat.
Oui mais depuis, on est où ? Même les souvenirs de Gaston Monnerville ou de Félix Eboué se sont évanouis. Ils ne sont plus que des noms de places ou de rues, au lieu d’être des modèles inspirant les jeunes générations. En 50 ans avons-nous reculé ? Où sont les nouveaux Monnerville ?
Nous vivons une e-poque formidable.

Jour debout à Brasilia.

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Nuit debout, devant le Parlement de Brasilia: Là, il s’agit vraiment de démocratie…
Jusqu’à présent le Brésil, c’était foot et samba. Désormais, c’est aussi Lava jato, l’opération « mains propres » qui semble devoir emporter l’actuelle Présidente Dilma Rousseff.
Le Brésil n’est pas un pays anecdotique. Il ne joue d’ailleurs même plus dans la même catégorie que ses voisins latino-américains: 43 millions d’habitants en Argentine, longtemps le grand rival, 203 millions au Brésil. C’est le 5 ème pays le plus peuplé au monde, le 5 ème par la superficie. C’est la 7 ème puissance économique mondiale, et lorsqu’il aura surmonté la crise actuelle, car il la surmontera, il nous dépassera.
Ce qui s’y passe ces derniers mois est à la dimension de ce pays continent: Des dizaines de députés, de ministres, de haut fonctionnaires, de dirigeants de grandes entreprises poursuivis pour corruption et malversations diverses, mis en examen, voire en prison. Jusqu’à la Présidente donc, dont on voit mal comment elle va pouvoir éviter d’être destituée.
« Coup d’état », crie-t-elle pour se défendre. Un slogan repris par ses partisans, ils sont nombreux , mais pas les plus nombreux, un slogan répété jusqu’en France par tout ceux qui, par exemple, continuent à croire qu’au Venezuela, le Président Maduro, héritier de Hugo Chavez fait la révolution, alors qu’il ruine consciencieusement son pays. Les mêmes qui décidément cultivent ces vieux clichés exotiques sur l’Amérique Latine, de ces gauches tropicales, ces nostalgiques de la revolución arrosée au mojito, ou à la cachaça, pour la version « revolução » brésilienne. Des pays finalement incapables d’accéder durablement à la démocratie, à un fonctionnement durable d’institutions stables etc, etc…
Or c’est tout le contraire qui est en train de se passer, et c’est une bonne nouvelle malgré l’actuel chaos de Brasilia à São Paulo, en passant par Rio et Salvador.
Evidemment le sort réservé à Dilma Rousseff est un peu injuste, pour ce que l’on sait de son parcours personnel, politique, de son intégrité. Elle n’a pas empêché que les juges enquêtent,  poursuivent des ministres, plusieurs de ses collaborateurs, de ses amis et alliés politiques. Elle paie les erreurs commises par d’autres autour d’elle, avant elle. Par exemple, évidemment par son prédécesseur, son mentor, le charismatique, l’emblématique Lula. Il est décevant de se rendre compte que lui aussi, l’ancien ouvrier métallo, le syndicaliste courageux du temps de la dictature militaire, l’idole du petit peuple, que lui aussi en a « croqué ». Et là ce que révèlent les enquêtes du « petit juge » Sergio Moro, ce que publie la presse brésilienne, laisse peu de doutes, hélas !
Il est également inquiétant de se rendre compte que le « miracle des années Lula » avait été construit sur du sable mouvant, sur beaucoup de démagogie, sur des politiques « sociales » non financées sur le long terme et que paie aujourd’hui l’économie brésilienne, en pleine récession, en pleine inflation. Les premières victimes en sont ces fameuses classes moyennes devenues aujourd’hui majoritaires, grâce justement aux politiques de croissance, de « bourse familiale », de développement de l’éducation. Ce poids des classes moyennes est une première dans l’histoire du Brésil, un pays autrefois construit sur les inégalités et l’exploitation de l‘économie esclavagiste. Et il est certain, qu’une partie des classes privilégiées brésiliennes ne digère pas encore le fait de devoir partager leurs privilèges avec des classes moyennes qui ont envahi leurs plages ou leurs centres commerciaux. Ils voient dans les ennuis de Dilma Rousseff une occasion de prendre leur revanche. Mais expliquer ce qui se passe par un complot du grand capital contre un gouvernement des travailleurs, ne tient pas, tant Lula Président avait flatté les grands entrepreneurs brésiliens dans le sens du poil et de leurs intérêts.
Les centaines de milliers de brésiliens qui ces derniers jours partout dans le pays sont la nuit debout , et aussi le jour, le sont pour la démocratie. Ils suivent les débats au Parlement de Brasilia comme un match de foot sur des écrans géants installés au milieu des avenues. Apparemment, en majorité, ils souhaitent que la procédure de destitution de la Présidente, procédure inscrite dans la Constitution, aille à son terme. Ce ne sont pas seulement des blancs favorisés, mais en grande majorité ces nouvelles classes moyennes qui n’ont pas envie d’être déclassées. Elles ont envie et croient dans la démocratie, la transparence démocratique, une justice indépendante, et surtout, surtout, veulent en finir avec le vrai mal brésilien, le principal obstacle au développement économique et social, auquel Lula et son Parti des Travailleurs ne s’étaient pas attaqués: La corruption, qui fait perdre tellement d’argent au pays, dans les grands chantiers qui transforment le Brésil, y compris il y a 2 ans pour la Coupe du Monde de football, y compris pour les Jeux Olympiques dans quelques semaines. tant d’argent volé dans les grandes entreprises publiques, comme Petrobras le géant du pétrole brésilien, ou dans tous les rouages de la vie quotidienne.
Contrairement à cette phrase prêtée à Georges Clémenceau – et qui est une tarte à la crème que l’on ressort à tout bout de champ : le Brésil est un pays d’avenir et le restera longtemps -, les brésiliens veulent le changement maintenant.
Et ça, c’est une vraie bonne nouvelle pour le monde entier, même si les mois qui viennent, risquent d’être plus compliqués qu’un 100 mètres de Usain Bolt ou qu’un 50 mètres de Manaudou. Au fait, on se demande, s’il y aura encore un Président au Brésil pour l’ouverture des JO de Rio. 
Vivemos numa e-poca estupenda !

De #SergeAurier à #Nuitdebout, #Periscope la dernière mode.

Periscope: L’illusion du “Tous reporters”?

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Comme des poules devant un couteau, tous les medias s’extasient devant cette nouvelle invention, periscope. Toujours en retard d’une bataille, les journalistes « traditionnels », qui pensaient encore il y a quelques semaines que Periscope était un magazine d’actualités culturelles (pariscope) ou encore pour les anciens, qu’il s’agissait de marine de guerre, tous donc en sont maintenant « croque ». Periscope, c’est le parangon de la démocratie participative, les nouveaux canaux d’expression dont s’emparent les jeunes. ( A prononcer« jeuuuunes » comme à Lyon ou « Jèèèèène » comme à Marseille, ou « djeune’s » à Paris Blanc-Manteaux ou Oberkampf , pour faire branchouille). On prend le pari ? Vous allez voir que jeudi soir, par peur de se faire battre par le feuilleton « The missing », France 2 nous mettra un peu de Periscope, ou de webcamers dans sa sélection de prise de parole citoyenne. Mais pas sûr que ce soit suffisant pour que « François Hollande , Face aux Français » pendant 2 heures fasse « bander » l’audimat, ou inverse la courbe d’impopularité présidentielle.
A noter d’ailleurs que plus le ou la journaliste est vieux ou a peur de vieillir, plus il fantasme sur la révolte des jeunes : « Ca y est : Le grand mouvement révolutionnaire, 1789, les journées de juillet, le Front populaire, les indignés, ça y est c’est là, nous allons vivre un moment d’Histoire. » Et cette jeunesse qui nous désespérait un peu parce qu’elle se battait plus pour le dernier Iphone ou les derniers sneakers à la mode, elle va se battre pour trouver enfin le graal :  La troisième voie entre le communisme qui est mort sauf en Corée du Nord et le capitalisme qui est mort… enfin, qui devrait l’être sauf, que ni les Chinois, ni les Indiens, ni les Américains, ni les… , bref ni le monde entier, ne s’en est aperçu et continue à vouloir faire du business,de plus en plus de business. Sauf nous, bien sûr , Astérix qui résistons, nous debout Place de la République,
Non, vraiment, c’est formidable Periscope. Surtout pour les propriétaires de Twitter, qui ont racheté l’application. Curieux d’ailleurs, tous ces coups marketings qui se multiplient depuis un an: Après Justin Bieber et Lady Gaga, Serge Aurier ( poto ! le directeur de Twitter France te dit merci ) voilà Nuitdebout. Espérons que cela permettra pour la première fois au groupe amércain d’être rentable, et de ne plus licencier 8 % de ses employés comme en Octobre dernier.
Non, vraiment, c’est formidable Periscope, c’est un selfie mais qui bouge. Vous savez les selfies: C’est quand ce n’est pas le Taj Mahal derrière  vous qui est important, mais vous devant le Taj Mahal. Ce n’est pas la Joconde que vous êtes venus voir, ni un concert de Rihanna, mais vous devant le tableau ou devant l’artiste. Génération selfie – génération narcisse ?
Oui décidément, Periscope est la dernière mode. Mais comme toutes les modes, elle risque de passer aussi vite que les autres, peut-être même plus vite car sur le web, à l’ère d’internet c’est le trop d’infos et de fausses infos qui nous submergent. Plus que jamais une actu chasse l’autre.
Et des « nuits debout » Place de la République, il risque de ne rester que quelques selfies qui s’oublieront très vite au milieu des selfies de vacances. Un peu comme les traces de pas sur le sable effacés par la mer qui monte. Mais la disparition des traces de pas, ne veut pas dire que l’on n’avait pas marché…. `
Nous vivons une e-poque formidable !
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