
La charité chrétienne peut-elle être à géométrie variable ?
Déjà avec cette question, certains vont commencer à penser : Ça y est : Je vais avoir droit aux réflexions d’un bobo tiers-mondiste.
Pourtant, l’élan de solidarité parfaitement justifié à l’égard de ces millions d’Ukrainiens fuyant une guerre particulièrement épouvantable, ne peut être isolé de nos réactions à l’égard d’autres réfugiés fuyant d’autres guerres, tout aussi épouvantables.
Car l’on entend bien la petite musique qui monte, faisant dépendre notre générosité de la couleur des yeux et de la peau des réfugiés. Ou de la religion.
Il n’y a pas si longtemps, c’étaient des Syriens qui par centaines de milliers tentaient de fuir une guerre qui a détruit leur pays. Souvent des classes moyennes, médecins, ingénieurs, enseignants qui ne rêvaient pas d’AME ou d’allocations familiales, mais d’une seule chose : vivre chez eux.
Qu’a été à l’époque notre compassion ?
Un enfant syrien a-t-il moins de valeur qu’un enfant ukrainien ? Parce qu’ils sont en majorité arabes, musulmans ?
La Syrie n’est-elle pas, n’était-elle pas un pays de grande culture ? Un des cœurs de la civilisation et de la littérature arabes qui ont tant fasciné et influencé nos ancêtres européens ?
Il faut relire (ou lire) le roman de Maurice Barrès, un écrivain pas vraiment de gauche, « Un jardin sur l’Oronte »…où le chevalier Guillaume tombe amoureux de la belle princesse musulmane, Oriante. Certes, l’action se déroule au XIII ème siècle, mais apparemment ce n’est pas parce qu’ils étaient catholiques et européens que les chevaliers francs ne pouvaient pas être séduits par la finesse de la culture arabe.
Pensons, un peu plus près dans notre histoire, à ces millions de juifs allemands, autrichiens, centro-européens et d’opposants au régime nazi qui tentèrent désespérément de trouver un pays d’accueil pour fuir l’Allemagne. Ils trouvèrent trop souvent portes closes, y compris chez nous.
N’oublions pas non plus ces millions de réfugiés espagnols fuyant le dictateur Franco en 1938 et 1939 et qui furent parqués dans des camps sur les plages d’Argelès.
Nous ne pouvons pas accueillir tous les réfugiés du monde. Sans doute.
Mais il faut aller au mémorial d’Argelès ou au camp des Milles, pour mesurer à quel point nous n’avons pas toujours été à la hauteur de ces valeurs que nous sommes censés incarner depuis la révolution française : La France, patrie des Droits de l’Homme.
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