Le blog de Pierre M. Thivolet, journaliste

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Halloween vs Toussaint : Le grand remplacement de nos racines culturelles.

J’adore les citrouilles. Plus exactement, les potirons ou les giraumons. En soupe ou gratins, miam ! Mais en lanternes, vitrines, déguisements qui envahissent jusqu’aux chambres de nos enfants, beurk ! Cette indigestion orange est un triste révélateur du grand remplacement de nos racines culturelles. 

Nous sommes tous embarqués dans un grand méli-mélo d’une culture mondiale fabriquée, pour schématiser, par Hollywood. Et qui modèle nos imaginaires que l’on soit à Paris, Abidjan ou Séoul. Et qui évidemment s’exprime dans une novlangue, le « globish », le « global english » Il serait peut-être plus juste de dire « global american », ce mauvais anglais qui est devenu notre lange d’échange universelle.

Cela a commencé sans doute par les westerns qui nous ont plongés dans un univers, un environnement, une histoire, des mythologies qui nous sont complètement étrangères, et qui en plus transforment en épopée « Go west Young men », une colonisation brutale qui a éliminé la quasi-totalité des peuples premiers d’Amérique. 

Résultat : Depuis notre enfance, même sans jamais avoir vu le Grand Canyon ou Monument Valley, on pourrait les décrire mieux que les gorges du Verdon ou la chaîne des Puys. 

Nous savons dire burger avant d’être capable de dire pain. 

Et puis il y a eu Disney. Aujourd’hui on ne connaît plus les contes d’Andersen, Grimm ou Perrault, mais leurs resucées américaines. 

Plus grand monde n’a lu les textes de ces écrivains danois, allemands, français, mais tout le monde peut chantonner « un jour, mon Prince viendra ». Quant au château de la Belle au bois dormant, il a été dessiné en Californie ou en Floride. Je préfère, même si c’est kitsch, « Neuschwanstein » – C’est quoi, ça, Neuschwanstein ?

Même les afro-américains nous produisent des séries qui sont américaines avant tout. Oui, il y a eu « Roots » et « Kunta Kinté » , un des premiers héros noirs auxquels le monde, pas seulement les noirs pouvait s’identifier. Aujourd’hui, on a Wakanda, qui nous présente une Afrique totalement clichés et aseptisée. Mais finalement fabriquée de la même manière que toutes ces séries anglo-saxonnes, qui ont créé un imaginaire mondial qui s’est substitué à nos propres mythes et légendes. 

Et pourtant partout sur la terre, les différentes cultures et civilisations se sont organisées autour de grands mythes, d’épopées, de héros, de personnages hors normes, faisant passer les scénaristes de « Game of Thrones » pour des enfants de chœur. Du sexe, des tabous, des monstres, l’inceste, le meurtre du père, la violence, le racisme, la démocratie, la dictature, tout est déjà dans les contes et légendes des grecs anciens, dans leurs tragédies, leurs poésies, leurs mythes. 

Même le Seigneur des anneaux – que j’aime bien : les décors, la mise en scène etc…, j’adore les scènes avec Golum attiré par « le précieux » l’anneau magique et maléfique– Mais ça me fait penser à quelque chose : À l’anneau des Nibelungen ! Walkyrie et Walhalla, les grandes sagas germaniques, on en a même fait des opéras il y a 200 ans. 

Vous voulez de l’épopée ?  Prenez celle des vikings, qui sont allés jusqu’en Amérique, 500 ans avant Christophe Colomb.

Vous voulez de l’épopée ?  À quand une série sur l’incroyable aventure des polynésiens. Partis du sud-est asiatique, naviguant sur leurs Va’a , leurs pirogues doubles, à contre-courant, sans espoir de retour, sans savoir ce qu’ils allaient trouver, ils ont atterri sur des îles microscopiques et sont arrivés à coloniser l’ensemble du Pacifique depuis la Polynésie, jusqu’à Hawaï et la Nouvelle-Zélande.

Mieux que Game of Thrones, je préférerais binge-watcher  »L’Iliade »,« l’Odyssée », les « Perses », « Œdipe Roi», les « Nuées »…« je connais pas, c’est pas ma génération » . 

Excuse à la con, moi non plus je ne suis pas né à l’époque de Périclès (- 450 avant JC), et moi non plus, je n’ai pas pris le temps de me plonger dans l’apprentissage du grec et je n’ai pas lu ces textes dans leur version originale. 

Mais j’ai eu la chance de rencontrer une passeuse, une transmetteuse. Jacqueline de Romilly. 

Depuis l’âge de 14 ans, elle lisait, parlait, pensait en grec ancien. Elle a passé sa vie à nous relire, traduire, expliquer, faire découvrir ces textes où tout ce qui occupe et préoccupe les hommes d’aujourd’hui, se trouve déjà. 

Et à 90 ans passés, elle continuait à se rendre dans les lycées de la banlieue parisienne, où elle rencontrait un public qui au début la regardait en se demandant c’est qui cette yeuve qui va nous faire ièch ? Et puis à la fin de son cours, tous en ressortaient captivés, plus riches en fait… 

Je devais l’interviewer pour la grande interview du matin d’Europe 1,  où je remplaçais pour les vacances, Jean-Pierre Elkabbach. 

Elle m’a reçu chez elle. L’ascenseur montait directement dans son entrée. Elle était déjà presque aveugle, mais sa passion était toujours là. Et en plus de l’interview, l’entretien s’est prolongé deux heures, qui m’ont permis, un peu, de mettre mes pas dans les pas « des héros et des Dieux ». 

« Pourquoi la Grèce ? » a été un de ses derniers livres …

Ce n’est pas d’un grand remplacement venu d’Afrique ou d’ailleurs dont nous devrions avoir peur, mais bien de celui déjà opéré, qui nous a fait adopter comme toute la planète, une culture globish, global-english qui nous coupe progressivement de nos racines millénaires.

Une après-midi chez Pierre Soulages à Sète.

Pierre Soulages est mort. À 102 ans passés, il était le peintre français vivant le plus « côté ». Et il était connu pour ses noirs, ses tableaux entièrement noirs. 

De lui et de son œuvre je ne connaissais donc que quelques clichés. 

Mais j’ai eu la chance de le rencontrer et de passer une après-midi chez lui dans sa maison à Sète. C’était il y a quelques années dans les mois précédant l’ouverture du très beau musée qui lui est consacré dans sa ville natale de Rodez, un musée remarquablement développé par son directeur Benoît Decron.

Soulages c’est d’abord un physique impressionnant. Un très grand et bel homme – on ne pense même pas vieil homme – très digne, tout de noir vêtu, crinière blanche, visage allongé, buriné : la grande classe !

Soulages c’est aussi un accueil. Méditerranéen, chaleureux, disponible. À ses côtés, sa femme, aussi menue qu’il est immense, elle aussi accueillante et amicale. 

Soulages c’est cette maison, murs en béton, grandes baies vitrées, dessinée par lui-même, dans un cadre… comment dire, merveilleusement beau : Une pinède sur les pentes du Mont Saint-Clair avec une vue sur la Méditerranée à couper le souffle. 

La lumière baissait doucement avec le soleil couchant, et Soulages nous expliquait sa démarche, comment il avait compris que le noir dans ses épaisseurs et aspérités pouvait accrocher la lumière. 

Cette anecdote, il l’avait expliqué des milliers fois, mais pour nous, il nous la racontait comme si c’était la première fois. Soulages était un formidable conteur.

Et puis, il nous a emmené dans son atelier, où il travaillait sur une nouvelle toile. Et là, il nous a montré toutes les coulisses, la complexité du travail de préparation de cette toile immense. La toile tendue avec des câbles, le cadre, la préparation de ses outils, pinceaux, palettes, et de sa peinture, ce fameux noir. Et comment il se battait, physiquement, avec la matière.

Des moments rares. 

Et puis j’ai repensé aux vitraux de l’Abbaye de Conques non loin de Rodez. Cela paraissait complètement fou : Il était l’artiste du noir, et c’est à lui que l’on commandait des vitraux pour ce superbe bâtiment roman, monument historique, classé Unesco etc…

Et le résultat est génial. 

De l’extérieur, les vitraux paraissent opaques, gris, minéraux, se fondant dans les pierres du bâtiment. Mais à l’intérieur, c’est tout le contraire. Les vitraux sont composés de verres de textures, de compositions, d’épaisseurs différentes. Ils difractent la lumière différemment, certains plus rouges, d’autres plus bleus, d’autres plus jaunes, etc… 

C’est ce que nous avait raconté Soulages cet après-midi-là à Sète, expliquant sa recherche du bon verrier, testant les verres, tant d’échecs, tant de travail, jusqu’à, jusqu’à ce résultat, qui peut paraître abstrait, intellectuel, comme ça sur le papier, mais qui quand on est dedans, dans cette lumière, est au contraire un éblouissement très instinctif, physique. 

Noir à l’extérieur, lumineux à l’intérieur. Merci Pierre Soulages.

#KendrickLamar en tournée à Paris. « Il est nous tous ».

Kendrick Lamar était de passage à Paris. 

2 concerts exceptionnels à Bercy, pleins dès l’annonce de l’ouverture de la vente de places en mai dernier. 

Évidemment, car Kendrick Lamar est certainement le plus grand, en tout cas un des plus grands, rappeurs, hip-hopers, artistes américains du moment. Il se démarque notamment par la force et la qualité de ses textes, salués par l’attribution du Prix Pulitzer en 2018. Une première !

Par quoi commencer ? … par son show ? 

Là il y a méprise pour ceux qui s’attendaient à un show à la Prince, à la Kanye West/ Jay-Z, ou comme la dernière finale du Super Bowl, où Lamar partageait la scène avec Snoop Dog, Dr Dre, 50 Cent, Eminem, Mary J Blidge, du très lourd quoi !

Son dernier disque, dont il fait actuellement la promotion, Mr. Morale & The Big Steppers, est plus intimiste, plus sombre, plus révolté, l’atmosphère ne se prêtait donc pas à des délires pyrotechniques (même s’il y a eu les incontournables jets de flammes) .

Mais quand même : 

Pas de musiciens, pas de DJ et autres virtuoses de la musique électronique : ils avaient été confinés dans la fosse sur les bas côtés de la scène. 

La chorégraphie, la mise en scène ? Quelques danseur.euses habillés dans des combinaisons intégrales sorte de mix entre une tenue de pénitent de Séville et de décontamineur de centrale nucléaire, sautillaient autour du chanteur, donnant parfois l’impression d’une course en sac de pommes de terre. 

Et puis, deux grands écrans. 2….Non mais on est à Bercy ou quoi ! Et quand on est habitué à la créativité des vidéos qu’a produites Lamar, comme « Humble » ou alors « The heart Part 5 » avec son morphing transformant Lamar en Will Smith ou Kobe Bryant…on est un peu, beaucoup déçus…

Donc pas d’effet waou.

Ensuite il y a le public. 

Respect et admiration pour ces milliers, en tout cas une bonne moitié des quelques 20 000 spectateurs, qui semblaient connaitre par cœur les textes des chansons. 

On se dit : « mais qui prétend que les jeunes français parlent mal l’anglais ». Et puis comment font-ils pour mémoriser le « flow », le débit qui est tellement rapide, les « rimes » et le vocabulaire tellement riches ? En fait, les « jeunes » ont des mémoires d’éléphants.… On nous aurait menti et on nous parle de baisse de niveau scolaire !

On m’explique que c’est parce qu’ils écoutent ces musiques en boucle, et qu’avec internet, ils peuvent même traduire les paroles.  Mais là j’émets quelques doutes sur le niveau d’anglais et la compréhension des textes de Lamar par l’immense majorité de spectateurs qui chantaient avec lui. 

Parce que ce n’est pas une traduction mot pour mot qu’il faut, c’est une traduction d’une langue, d’une culture, même pas américaine, mais celle de Compton, un des ghettos noirs de Los Angeles. Avec des références, très très pointues. 

Qui est Paula dont il parle ici, que s’est-il passé à l’école en CE1, et la strophe “eat at Four Daughters, Brock wearin’ sandals”. J’avoue que je ne connaissais pas ce restaurant de Manhattan Beach en Californie, et que je ne connais pas non plus Brock…

Et dans une de ses chansons les plus récentes : Mother I sober, tous ceux qui à Bercy reprenait « Fuck you nigger » comprenait-il ce que Lamar chantait : Une dispute entre une femme épuisée et son compagnon violent, et ce fardeau dont il dit avoir mis 30 ans à se débarrasser. Un fardeau transmis de générations en générations, dans les familles noires pauvres : la maltraitance, la violence, la drogue, le viol, celui de sa mère sous ses yeux, alors qu’il avait 5 ans, et qu’il avait appris ensuite que sa grand-mère l’avait été aussi. Il rappe qu’il lui a fallu attendre l’âge adulte, son succès, son couple, pour qu’il puisse enfin se sentir libéré de ce sentiment de culpabilité, celui de ne pas avoir réagi à 5 ans, pour défendre sa mère…

Si ces milliers de personnes de Bercy sont aussi capés que ça en anglais-américain-de-Compton-Los-Angelès, alors respect, nos jeunes générations sont équipées pour affronter le monde.

Si non… alors cela veut dire qu’ils ne font pour la plupart que répéter des sons et des paroles qu’ils ne comprennent pas. Et que, c’est sans doute alors la même chose pour les paroles de Booba, Nekfeu ou PNL… 

Heureusement parce que quand on écoute bien les paroles de beaucoup de leurs chansons, comme DD de PNL :« je connais la route connais l’adresse, j’encule sur le continent d’Hadès, sales comme ta neuch, mèches courtes, fortes comme la ppe-f’ que j’écoule » ponctué en permanence par « j’men bats les couilles », on est un peu consternés. 

Sandrine Rousseau ferait peut-être bien de délaisser le barbecue, le machisme a encore de beaux jours devant lui !

Mais revenons à Kendrick Lamar, qui boxe lui dans une autre catégorie. Pas de super show, mais un artiste qui s’inscrit dans la lignée des plus grands. Dont les textes valent le détour, dont les clips méritent d’être vus et qui par son comportement et sa vie personnelle, détonne dans l’univers très « suck my cock » « blingbling » et « Famille Kardashian » des rappeurs américains. 

« Tu l’as fait, je suis fier de toi. Tu as brisé une malédiction générationnelle » conclue une de ses chansons : « I am. All of us » . « Je suis. Nous tous”.

#covid #ukraine #climat #inflation : Nous dansons sur un volcan.

Nous dansons sur un volcan, avait coutume de répéter une de mes grand-tantes, Claire.

Avait-elle été traumatisée par l’éruption de la montagne Pelée en 1902 : 30 000 morts, 1/3 de la population de la Martinique à l’époque, un exemple tragique de catastrophe naturelle, d’impréparation gouvernementale, de minables petits calculs politiques etc… 

Évidemment l’on peut prendre le « danser sur un volcan » au sens figuré. 

Si l’on suit l’actualité telle qu’elle nous est présentée sur les réseaux sociaux avec le tam tam des chaines infos, nous dansons sur des tas de volcans. Tout est historique et breaking news, une catastrophe chassant l’autre. 

Après le Covid, la variole du singe, la guerre en Ukraine, notre prochaine vitrification nucléaire, la canicule, la sécheresse, re-lecovid, la Chine qui veut avaler Taïwan …mais qui voudrait mourir pour Taiwan : « je peux pas , j’ai cardio ». 

Et puis notre système de santé qui fout le camp, la pollution, l’alimentation qui nous empoisonnent : Notre espérance de vie est de 25 ans plus longue que celle de nos aînés, mais ça aussi on l’oublie, puisque nous gardons le souvenir de la grande-tante , qui a vécu 90 ans, mais pas de celles et ceux qui étaient morts avant 65 ans, Pierre, Louise, Claudius, Eugenia, Paul … l’immense majorité. 

Et puis, allons-nous mourir de froid, cet hiver ?  Et puis, allons-nous manquer d’essence ? Et puis allons-nous nous éclairer à la bougie ? Et puis la vie chère, l’inflation qui explose … 

Nous n’avions jamais vécu ça. « Je n’avais jamais vu ça « . Enfin, si, mais personne ne s’en souvient :

Tiens, sous Giscard, Premier Ministre Raymond Barre, surnom : le meilleur économiste de France, il engueulait les journalistes en leur expliquant : jamais l’inflation n’atteindra les 2 chiffres, 6 mois plus tard, 12 – 15 % , des chiffres comme ceux que connaissent aujourd’hui les Pays-Bas, l’Espagne. Curieusement pas chez nous. Curieusement ?

Merci surtout au bouclier mis en place par le gouvernement. Mais qui ne sert à rien, puisque nous continuons tous à nous plaindre de ce « salaud de Macron, le Président des riches », et que cela plombe la dette que devront rembourser les futures générations. On s’en fout, les conseilleurs d’aujourd’hui ne seront pas les payeurs de demain, puisqu’ils seront morts.

Et puis il y a le changement climatique, et la part que les activités humaines, notamment et surtout celles des pays développés, Europe, États-Unis ont joué et jouent dans son accélération. « Nous allons tous griller » s’inquiète une dame plutôt âgée en achetant les dernières framboises, « depuis que je sais que les vaches pêtent, je ne mange plus de viande » s’insurge un autre qui se rabat sur des bananes(sic).

En matière de climat, il y a ce que nous pouvons et devons faire pour arriver à ne plus aggraver ces dérèglements, et ce qui est de l’ordre des évolutions « naturelles ». 

Mais même dans ce domaine, les “caprices de la nature”, il n’y a pas de fatalité. Il y a surtout de l’impréparation. 

Prenez les tremblements de terre.  Un choc sismique de 7,2 ou 7,4 a fait 300 000 morts en Haiti en 2011 ? un choc encore plus puissant n’en fait que 30 à Tokyo… Les pays les plus pauvres sont ceux qui paient le plus lourd tribut. Normes de construction, éducation de la population, corruption ? C’est le Bangladesh que menace la montée des océans, pas les Pays-Bas : eux, cela fait 10 siècles qu’ils vivent avec l’eau et pas contre l’eau. 

Et il en va de même avec les volcans.  

En 1883, l’explosion du Krakatau en Indonésie avait provoqué 10 ans d’hiver et de famines sur toute la planète jusqu’en Europe. 

En 1783, l’éruption du Laki en Islande avait recouvert l’Europe d’un nuage toxique provoquant morts et famines, hivers rigoureux, la Seine gelant même à Paris. Pour certains cela aurait été un des facteurs du déclenchement de la Révolution française.  

Et plus récemment, en 2010, l’éruption du volcan islandais, l’Eyjafjallajökull… avait désorganisé les liaisons téléphoniques et aériennes sur toute l’Europe de l’Ouest. ….

Sans même aller jusqu’en Islande ou en Indonésie, tout le monde sait que le Vésuve qui a enseveli Pompéi il y a 2000 ans, pourrait à nouveau se réactiver n’importe quand. Mais avec 3 millions d’habitants à ses pieds, Naples, Pouzzole, au lieu des 10 000 de Pompéi à l’époque, bonjour les dégâts… tout est-il vraiment prêt ? 

Depuis une semaine, au large de la Campanie et de la Sicile, le Stromboli crache et gronde de plus belle, l’Etna en Sicile également, des amis sur place m’indiquent que les habitants organisent des processions à la Santa Madonna. 

Cela ne peut pas faire de mal. Mais prévoir, anticiper, éduquer, serait encore mieux : face aux « caprices » de la nature, pas de fatalité.

Décidément, ma grand-tante Claire avait raison : nous dansons sur un volcan.

La reine est morte, vive le …vivement mardi !

Pas la peine d’être républicain convaincu – c’est mon cas – pour être consterné, gonflé, abasourdi devant l’hystérie collective qui semble s’être emparée de notre planète médiatique depuis le décès de la reine Élisabeth. 

Tout particulièrement chez nous en France. Il paraît que même les Anglais nous trouvent schizophrènes. 

D’un côté nous sommes : « mort aux riches », « ah ! ça, ça ira, les aristos on les pendra « 

Et de l’autre…c’est tsunami d’émissions spéciales, 24 h sur 24, même la nuit. 

C’est « priorité à l’info », dès que le cercueil de la défunte bouge d’un mètre, pardon de 3 pieds 28 – sur la base de grands pieds : taille 45 -. 

Et puis tous ces témoignages dégoulinants d’obséquiosités. Bientôt on va proposer la béatification d’Élisabeth – Ah ! non, elle n’était pas catholique, donc pas possible– : trop d’éloges tuent l’éloge. 

Bien sûr, il y a de quoi être ébloui par tout ce tralala, le décorum, carrosses dorés, couronne impériale, soldats, soldats, soldats … bonnets à poil et uniformes chamarrés… C’est fou d’ailleurs le nombre de médailles que les membres de la famille royale s’épinglent sur leurs vestes. Ils ont dû prendre exemple sur le Général Tapioca, le dictateur des BD de Tintin. À moins que ce ne soit l’inverse.

Quant à l’empreinte carbone de tout ce pataquès, il vaut mieux rallumer les BBQs.

Reconnaissons quand même un énorme mérite à la reine défunte :  Avoir été muette pendant 70 ans. 

Pour un bavard comme moi, c’est un exploit. D’un autre côté, si en échange, ce silence assure richesse et prospérité pour toute la famille, je signe. 

Admirables Windsor : Plus allemands qu’anglais – en fait avant la première guerre mondiale, ils s’appelaient Saxe-Cobourg-Gotha– ils sont arrivés à devenir le symbole de la permanence de l’Angleterre. 

Admirable Élisabeth ! Elle a attendu la fin du XXème siècle pour accepter de payer des impôts. Alors qu’elle était une des plus grosses fortunes du monde. Et que la monarchie britannique a largement profité de 4 siècles de colonialisme anglais.

Admirable Charles, tellement moderne, tellement green, tellement décontracté. Waou ! il a accepté qu’on lui fasse la bise, une fois !

On apprend quand même qu’il est chien avec le petit personnel : Il exigerait qu’on lui repasse ses lacets de chaussure, qu’on lui prépare deux centimètres de dentifrice sur sa brosse à dents. Et il ne voyagerait jamais sans elle : Sa lunette de WC et son propre papier Q !

Et puis y’en a marre de cette surutilisation du mot « historique ». 

70 ans à la tête d’un État, même sans aucun pouvoir, certes c’est historiquement long. Un record mais plus pour le Guinness Book. Car ça va être quoi son empreinte « historique » par rapport à celles laissées par un Churchill, un De Gaulle, un Gandhi ou un … Mandela ?

Saluer la mémoire du chef d’État d’un pays ami, est une chose, mais tomber dans les hommages genre Corée du Nord, nein danke ! – J’écris ça en allemand la langue maternelle de la famille Windsor comme d’ailleurs celle de feu le Prince Philip…ex Battenberg…-

Vivement mardi qu’on repasse aux choses sérieuses.

Pogba, chantage et maraboutage: Quelle affaire à 3 balles !

L’affaire Paul Pogba… du nom de l’excellent milieu de terrain de l’équipe de France de foot ?  

Elle fait la une … alors que c’est une histoire à 3 balles. 

Mais pas des balles de foot, non, des balles au sens de flouze, pèze, blé, thune, euros, et des euros par centaines de milliers. À la rigueur aussi peut-être de balles de kalashs.

Le pitch ? Je vais essayer, mais n’étant pas un actif follower des comptes Insta, Tiktok, Twitch ou Twitter des people du foot, et de leur famille, j’ai eu quelques difficultés à tout comprendre. 

Je résume : 

Paul (Pogba) a 2 frères aînés, jumeaux.

Les frères sont comme Paul, des footballeurs professionnels, avec des carrières qui contenteraient la plupart d’entre nous, mais qui sont moins glorieuses que celle du petit frère Paul. (1mètre 91 sous la toise, quand même !)

Jusque-là, tout semblait baigner dans cette famille de grands gaillards sportifs, entraînée vers la réussite par le succès assez exceptionnel de Paul. 

Jusqu’à ce qui ressemble fort à un pitoyable règlement de comptes familial. 

Avec des « révélations » dignes d’une cour de récréation primaire (très primaire) de Mathias, un des deux frères aînés : « Mon frère, il n’est pas si bien que ça », « attention, j’ai des révélations à faire. » 

« Il me piquait mes fraises tagada et mes choco BN… Il a refusé de me filer 2 euros pour que je puisse m’acheter une chocolatine à la récré. (ça c’est moi qui ajoute).

« Et puis surtout, c’est le chouchou de maman ». 

Paul aurait payé 100 000 euros à des maîtres chanteurs qui lui en réclameraient 13 millions pour sa protection.

Et puis ( là c’est Mathias qui ajoute) « Paul a payé un marabout pour ensorceler Kylian Mbappé »…

On a envie de rire… 

Les superstitions et jeteurs de sorts, c’est vieux comme l’humanité.  Dans le sport , on connaît le maillot fétiche de Pelé, le slip fétiche de Basile Boli, le sel jeté derrière les cages par Luis Fernandez, les manies de Rafael Nadal etc…Après tout, si c’est bon pour le mental.

Mais on ne rit plus, ou plutôt on rit jaune, quand on apprend le montant des sommes avancées par les uns et les autres. Et je te file 30 000 euros ici, 100 000 euros là, 13 millions là encore.

Les sportifs exceptionnels doivent être super bien rémunérés. Certes. Mais jusqu’à de tels montants ?  

Paul Pogba, le joueur le mieux payé en Angleterre ces 10 dernières années, gagne plus d’1 million par mois. Hors primes et contrats publicitaires.

Des sommes folles, gagnées si jeune et si vite qu’elles peuvent faire perdre le sens des réalités à certains sportifs et surtout à leurs entourages. 

Choquant, quand en ces temps de frugalité demandée, d’inflation constatée, de précarité aggravée, beaucoup sont à 5 euros près. 

Pourtant, les mêmes qui se scandalisent des jets privés des hommes d’affaires, qui réclament de super taxes sur les profits exceptionnels de Total ou de la CGM, qui s’indignent des dividendes versés aux actionnaires, les mêmes se montrent particulièrement coulants à l’égard de ces stars sportifs, artistes et autres. 

L’argent gagné dans le sport, la musique, l’art serait-il moins sale que celui réalisé par un entrepreneur ?

Avec l’affaire Pogba, on est dans le lavage de linge sale qui devrait rester en famille. On est dans le minable, qui ne devrait pas nous intéresser. 

À moins que ce ne soit qu’un coup de pub pour booster le documentaire sur Paul Pogba, sa vie, son œuvre ( à 29 ans !). Baptisé Pogmentary, il vient de sortir sur Prime. 

Pour l’instant, en dehors du penalty récemment raté, Mbappé n’a pas l’air de souffrir d’un maraboutage.

Mais, mine de rien, ça risque de foutre une mauvaise ambiance dans les vestiaires de l’équipe de France de foot… Or ce n’est pas le moment à trois mois du mondial… 

Ça sent mauvais pour une troisième étoile sur le maillot des bleus, Je ne suis pas superstitieux, mais touchons du bois ! 

Berlin-Est 1989 : Gorbi, Hilf uns! Gorbatchev aide-nous…

C’était en octobre 1989 à Berlin-Est, le 7 octobre. 

Ça craquait un peu partout dans le bloc de l’Est. 

Depuis qu’au printemps précédent, la Hongrie avait décidé de démanteler les barbelés qui la séparaient de l’Autriche, le rideau de fer commençait à avoir des trous.

Mais la RDA, la République Démocratique Allemande, avait prévu de fêter son 40 ème anniversaire.

Et l’État « des ouvriers et des paysans », dirigé d’une main de fer par Erich Honecker, un communiste tendance Staline, en tout cas pas du tout dans la ligne glasnost et pérestroïka, avait tout organisé « à l’ancienne » : défilé militaire, spectacles des FDJ, les jeunesses communistes, et la présence de tous les dirigeants des États « frères », et donc forcément celui du « grand frère » soviétique, en l’occurrence Gorbatchev. 

La presse et les médias de l’Ouest étaient les bienvenus pour diffuser des images du bonheur socialiste est-allemand, de cette Allemagne aux avant-postes de la lutte anticapitaliste, protégée par le mur, baptisé par le régime : « antifaschistischer Schutzwall » « Mur de protection antifasciste ». 

Envoyés spéciaux de TF1, nous nous préparions à n’être autorisés à filmer que les défilés, les discours officiels, les micro-trottoirs « spontanés » avec des spectateurs auxquels on avait bien appris la leçon. 

Tout avait été bien préparé. 

Tout, sauf l’attitude de Gorbatchev.

Par sa seule présence, le dirigeant soviétique faisait naître l’espoir d’un changement. 

Dans la foule pourtant triée sur le volet, parmi les slogans officiels, quelques pancartes insolites en russe : « J’aime Gorbatchev ». Quelques cris aussi : « Gorbi ! Gorbi ! Hilf uns ! Gorbi, aide-nous ». Et ces cris devinrent de plus en plus forts quand Gorbatchev décide, à la stupeur des organisateurs de prendre un bain de foule. 

Que faire ? on ne va pas empêcher le patron, le chef du Kremlin de faire ce qu’il veut. 

Gorbatchev discute alors avec la foule, qui lui crie « aide-nous ». 

Et un peu plus tard, Gorbatchev déclare aux dirigeants est-allemands tétanisés : « Celui qui est en retard sur l’histoire est puni par la vie ».

En fin d’après-midi, alors que la réception officielle bat son plein dans le Palais de la République, aujourd’hui détruit, et qui avait été construit sur les ruines de l’ancien palais royal de Berlin, des petits groupes de manifestants commencent à se masser sur la vaste place située sur l’arrière du bâtiment de l’autre côté de la rivière Spree. 

Ils appellent Gorbatchev, ils reprennent les slogans sur la liberté de voyager, sur « ouvrez le mur ». Certains officiels sortent sur les balcons pour voir ce spectacle totalement stupéfiant, la police intervient brutalement, la Stasi, la police politique, habillée en civil, mêlée aux manifestants est particulièrement brutale. 

Ce qui devait être la fête du bon élève du bloc de l’Est se termine dans les cris, les gaz lacrymogènes, les explosions, la confusion. 

15 jours plus tard, Erich Honecker était limogé. 

Un mois plus tard, le mur ouvrait. 

Un an plus tard, les deux Allemagnes s’unifiaient. 

Climat, sécheresse, catastrophes: Nous avons tous des mémoires de poisson.

« Historique ! du jamais vu ! »

« Cela fait 50 ans que j’habite ici, et je n’avais jamais vu ça. » 

Incroyable notre capacité à oublier les choses qui fâchent ! 

Pas par mensonge, juste par absence de mémoire. 

Il y a très, très longtemps – quelques milliers d’années quand même : c’est beaucoup pour un être humain, mais peu pour la planète – quand nos ancêtres ont colonisé l’Amazonie ou les Alpes par exemple, ils ont dû s’adapter à des environnements dont la puissance les dépassait totalement. 

Comment inscrire dans les mémoires collectives, transmettre de générations en générations le souvenir qu’ici les eaux en période de pluies peuvent monter 10 mètres au-dessus du niveau habituel ou que là sur cette pente, ce couloir bien exposé et à priori accueillant peut devenir une zone mortelle de coulées de neige et d’avalanches.

Qui se souvient, qui a – ou n’a pas – transmis le souvenir de 1970 ? L’hiver le plus meurtrier depuis des siècles dans les Alpes françaises. 

10 février 1970, une avalanche dévaste le centre UCPA de Val d’Isère en Savoie : 39 morts, essentiellement des enfants et des ado piégés. Deux mois plus tard, le 5 avril, la catastrophe du Plateau d’Assy, 71 personnes tuées dans une coulée de boue et de terre.

Il a fallu ces catastrophes pour provoquer une prise conscience, avec notamment une loi instaurant les plans d’exposition aux risques. 

Pourtant, ce n’était pas le réchauffement climatique qui était en cause mais bien les constructions et les aménagements anarchiques dans des milieux fragiles. 

Nous voulons tous vivre les pieds dans l’eau ou la tête avec vue. Cela nous a poussé à construire, à bétonner, à densifier partout et n’importe comment ; Sans intégrer l’expérience parfois millénaire de ceux qui nous ont précédé.

Avant d’accuser le changement climatique, une réalité pourtant, balayons aussi devant nos portes. Essayons d’avoir un peu plus de mémoire que les poissons, un tour de bocal et j’ai oublié le tour précédent. 

Et en matière de poissons, ce rappel photographique sorti des archives municipales de Lyon (merci Le Progrès !) : le Rhône à sec à Lyon à l’été 1894…

Pour paraphraser Aimé Césaire : « un peuple sans mémoire est un peuple sans avenir ».

Incendies, tornades, épidémies, guerre-s: L’impression que c’est la merde ! (Un peu, beaucoup ?)

Heureusement que l’ambiance est encore estivale, c’est-à-dire que nous sommes plutôt enclins à écouter le chant des cigales, le tintement des glaçons dans les verres, les rires et les voix des discussions qui se prolongent tard dans la nuit, tout cela enveloppé dans une odeur de fruits murs (xi,xi,xi , les cigales, gling, gling, les glaçons, hi, hi, hi pour les rires, houpf, houpf, pour les fruits). 

Mais attention au choc du retour quand vous allez vous prendre en pleine tronche le mille-feuilles indigeste des mauvaises nouvelles. 

Une petite liste à la Prévert (c’est le point culture ok boomer) de toutes les catastrophes : 

Les méga feux, les dômes de chaleur, les tornades, les inondations, les rodéos – mais pas ceux du Texas – les attentats, la/les guerre/s, l’Ukraine, allons-nous tous être vitrifiés par une explosion nucléaire ? Y-aura-t-il de la neige pour Noël (c’est un autre point culture ok boomer) ? Y-aura-t-il du gaz pour Noël ? l’extrême-droite va-t-elle gagner en Italie ? Et où va le Mali ? Trump va-t-il continuer à pourrir la démocratie américaine ? Lula ou Bolsonaro ? Notre endettement va-t-il nous péter à la gueule ? La Chine va-t-elle envahir Taïwan ? Et puis bien sûr, covid, le retour. 

Comme une info chasse l’autre à un rythme accéléré, il faut essayer de capter notre attention. Donc, chaque nouvelle « info » se doit d’être historique, et les questions posées sont forcément anxiogènes : c’est une des lois de la circulation de l’information : un chien qui mord un évêque ce n’est pas une info, mais un évêque qui mord un chien, c’est une info. 

Ce qui est nouveau, pourtant, ce qui est historique, vraiment, c’est qu’il y a encore 30-40 ans, il fallait des jours, parfois des mois, et parfois jamais, pour être mis au courant d’une catastrophe, d’un événement, d’un fait divers se passant dans des zones les plus reculées de notre pays ou de la planète. Aujourd’hui, le web est partout, je suis partout (autre point culture ok boomer) et instantanément. 

Une énorme bête qui attaque des enfants dans le Gévaudan (Lozère, Haute-Loire) ? sous Louis XV il fallait plusieurs années pour que ça remonte à Paris, aujourd’hui c’est tout de suite en direct sur les chaines infos ou sur Twitter, et Lille commence à avoir peur. 

Une agression au couteau à Nantes ? quelques minutes plus tard, c’est Strasbourg qui a peur. 

Le battement d’une aile de papillon à Hong Kong est connu immédiatement depuis Palavas-les-Flots jusqu’à Verkhoïansk,

C’est ce que Gérald Bronner appelle : « L’Apocalypse cognitive ».

Le déferlement d’informations a entraîné une concurrence généralisée de toutes les idées, une dérégulation du « marché cognitif » qui a une fâcheuse conséquence : capter, souvent pour le pire, le précieux trésor de notre attention.

Oui, le monde change, oui, il y a des catastrophes, des agressions, des meurtres, des dangers, mais tout va-t-il si mal ? Était-ce vraiment mieux avant ?

Avons-nous raison d’avoir l’impression que tout va mal et que nous vivons un jour de merde sans fin ?

Mais qui avait déjà lu les « versets sataniques » ?

Mais qui avait déjà lu les « versets sataniques » ?

Les mots manquent face à l’agression de l’écrivain Salman Rushdie, apparemment par un débile ? un fou ? un fanatique ? un fou de Dieu ?

En tout cas, un mec qui a (sans doute) voulu suivre la fatwa de l’ayatollah Khomeiny appelant à assassiner l’auteur des « versets sataniques ».

On hallucine quand on pense que l’agresseur n’a même pas l’âge de cet ordre assassin, qui remonte à plus de 30 ans.

L’objet du soi-disant scandale : Les « versets sataniques » : un livre que la plupart n’ont pas lu, dont beaucoup parlent sans même l’avoir ouvert. Et d’ailleurs personne n’a jamais été obligé de le lire.

Moi je l’ai lu, il y a déjà une vingtaine d’années. 

Était-ce un tissu d’injures, de grossièretés, de blasphèmes ?
Pas du tout. 

Les Versets sont un roman foisonnant, picaresque, plein des fantaisies. 

On y retrouve la plume, la langue, l’écriture, l’imagination, l’humour de Rushdie, dont j’avais notamment beaucoup aimé un autre roman « Les enfants de minuit » qui nous plongeait dans un Bombay-Mumbai, grouillant de vie, de mélanges mais aussi d’affrontements entre musulmans et hindouistes. 

Que des croyants puissent être choqués par des caricatures de leur religion, c’est leur droit.

Les chrétiens, les catholiques par exemple, ne sont pas épargnés par les caricatures. Qui souvent ne font pas dans la finesse. 

Ils protestent, manifestent éventuellement, saisissent la justice. En 1988, il y a même eu un attentat contre un cinéma projetant « La dernière tentation du Christ ». 

Mais la plupart du temps, tout cela en reste là, fort heureusement. Et aucun, à ma connaissance, n’a pris un couteau ou une kalash pour massacrer le premier mécréant venu, en tout cas chez nous. Mais quand on voit ce qui se passe sous d’autres cieux, où haine et intolérance font des milliers de victimes chaque année, on peut mesurer notre chance. 

En fait il ne s’agit pas de chance. 

Cette liberté, cette liberté d’expression qui est l’ADN de nos démocraties n’est pas tombée du ciel. Elle a été acquise de haute lutte. 

Pendant des siècles dans l’occident chrétien, on pouvait être excommunié, torturé, brulé pour moins que ça. Les chrétiens ont eu leur lot d’inquisition, de livres brulés, de guerres et de massacres commis au nom du « vrai Dieu ». Dans quelques jours, ce sera le 450 ème « anniversaire » des massacres de la Saint-Barthélemy. N’oublions pas.

Justement n’oublions pas. Et revenons aux Versets lus pendant mes trajets en train. Un livre touffu de près de 800 pages écrites tout petit. Honte sur moi : Je ne suis pas arrivé au bout. 

À l’époque, je sortais le livre de mon sac sans crainte. 

Aujourd’hui, je me pose la question. Quelqu’un pourrait-il me faire une remarque, voire m’agresser si je sortais ce livre ? 

Le fait même d’en arriver à me poser cette question, me consterne. 

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