Le blog de Pierre M. Thivolet, journaliste

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Concert de Marisa Monte, Chico Buarque et moi, moi, moi…L’angoisse du spectateur qui n’assume pas le fait de faire un selfie pendant un concert.

Marisa Monte à Paris mal filmée par mes soins
Le concert de Marisa Monte à Paris mal filmé par mes soins

Ma dernière tentative de selfie et de story m’a foutu la rchouma

C’était vendredi dernier pendant le concert, le seul à Paris, d’une des plus grandes chanteuses brésiliennes : Marisa Monte. 

Normalement, je me conduis en garçon bien élevé : Je respecte ce qui est demandé par l’artiste : ni photo, ni téléphone. 

Mais je devais bien être le seul, car autour de moi, tout le monde a passé le concert à faire des selfies, des lives etc…

D’un coup, j’ai mesuré à quel point un fossé me séparait de cette nouvelle génération – comment faut-il l’appeler après les générations X, Y, Z, Millenium ? Appelons-la « génération nombril ». 

Car, si j’ai bien compris, l’important n’est pas d’assister à un concert, mais de se filmer en train d’assister à un concert. 

L’important n’est pas d’admirer la Joconde au Louvre, mais de faire un selfie : moi et la Joconde. 

L’important n’est pas ce que j’ai dans mon assiette au restaurant, mais d’instagramer mon assiette, ensuite un petit coup de filtres, et ça devient : Tous photographes. Et on tague, et on hashtague, et on partage.

Notre vie aujourd’hui est épuisante, car nous devons nous mettre en spectacle en permanence et plus c’est personnel, plus c’est nombriliste, mieux c’est. 

Question de génération ? pas sûr, parce que je vois bien que même les vieux s’y mettent, à instagramer voire même à tiktoker. 

C’est peut-être plus une question d’éducation ou de valeurs. 

Prenez les journalistes aujourd’hui, les reporters. Je fais partie d’une école qui pensait que ce qui était important c’était le sujet, c’étaient les personnes que l’on rencontrait, que l’on interviewait. « Quelque part » il fallait rester en retrait derrière son reportage. 

Aujourd’hui – et bien sûr, je ne parle pas des formidables consoeurs/frères qui font preuve d’un courage qui force l’admiration pour essayer de continuer à couvrir l’actualité en Ukraine ou dans toutes les zones de conflits – non je parle du journaliste qui se fait filmer en train d’enquêter. Ce n’est plus le reportage qui est le sujet du reportage, mais le reporter en train de faire le reportage. 

Aujourd’hui c’est génération « Tintin reporter ». 

Pour revenir au concert de vendredi, je l’avoue j’ai un peu le seum. 

Car même si j’ai fini par rebrancher mon smartphone et que j’ai essayé de filmer quelques secondes du concert, j’avais tellement mauvaise conscience que le résultat est nul. 

Le comble est que le hasard m‘avait assis à côté de Chico Buarque… Vous vous rendez compte ?  Sans doute pas. 

Chico Buarque de Hollanda, un des plus grands chanteurs, compositeurs, auteurs brésiliens. Un des pères de la MPB (la nouvelle musique populaire brésilienne), l’auteur de “Pedro Pedreiro”, de “construção”, emprisonné par la dictature militaire en 1968, exilé en Europe d’où cette chanson nostalgique, le « Samba de Orly » … 

C’était comme si j’avais été assis à côté de Ray Charles, Celia Cruz, Jacques Brel, tout ça réunis. Je me suis comporté comme le pire des groupies, incapable de lui dire 2 mots intelligibles, incapable de faire un seul selfie « moi avec Chico Buarque », juste une photo volée…

Ça m’en a gâché le plaisir de ce concert qui était absolument topissime.  Quand la musique brésilienne atteint ces sommets-là, ça vous booste et ça vous rend optimiste. 

A l’image de Marisa Monte qui dans une interview au Monde répondait : « Le Brésil, on s’en fait souvent l’idée d’un pays très joyeux mais il a vécu énormément de drames. La période que nous traversons actuellement est difficile. Nous allons récupérer cette joie. J’espère que nous arriverons bientôt à la fin d’un cycle, à une période lumineuse et d’humanisme. Nous devons y parvenir même si ce n’est pas encore gagné. ». 

Au Brésil les prochaines élections se dérouleront en octobre prochain…

Jubilé Elisabeth : Ah! ça ira, ça ira… Et merde pour le roi d’Angleterre qui nous a déclaré la guerre.

Nous devons tout.e.s être schizophrènes. Nous françaises, français.

D’un côté nous passons notre temps chez nous à vouloir couper toutes les têtes qui dépassent, à tenter de déchouker tout ce qui rappelle l’autorité, à râler contre notre système présidentiel, à critiquer les présidents « monarques républicains », à nous dire insoumis, indignés, à mettre nos pas dans ceux de nos nombreuses révolutions, liberté égalité fraternité, et de l’autre, qu’est-ce qu’on apprend ? 

Que des millions d’entre nous se pâment devant le jubilé d’Elisabeth. 

Que nos télés diffusent en direct et en boucle les émissions spéciales Elisabeth-II-une-vie-un-règne.

Certes ça nous change de la guerre, de la pandémie, de notre vie politique qui ne fait rêver personne, mais sur le fond…

D’abord, la reine n’est pas Élisabeth 2 pour tout le monde. 

Notamment pour une partie des écossais nationalistes, qui rappellent qu’elle ne peut être qu’Elisabeth 1. Car à l’époque vers 1550, c’était Marie (de France) qui était reine d’Ecosse. La pauvre fût emprisonnée puis décapitée par sa cousine Elisabeth d’Angleterre. 

Le pire ce sont les commentaires, à longueur d’émissions avec force spécialistes, tous dégoulinants de niaiseries et componctions. « Je l’admire » « Quelle classe » « Quel courage ».

Elisabeth II en mère Courage ? 

Non mais on se pince. Courage de quoi ? d’être née avec une cuillère en argent et des rivières de diamants dans la bouche ? de ne pas pouvoir faire un pas sans qu’une ribambelle de domestiques, majordomes, cuisiniers n’anticipent ses moindres désirs. D’avoir tout au long de sa vie, vécue aux frais de la princesse, et en l’occurrence, aux frais de ses « sujets » ?

De n’avoir accepté que récemment de payer des impôts ? 

D’être à la tête d’une des plus grandes fortunes de Grande-Bretagne ? 

D’être la plus grande propriétaire foncière du royaume? 

De posséder une grande partie de Londres ? 

Ouh ! ça doit être dur …

En plus, politiquement, elle n’a rien à dire, rien à faire, elle n’est responsable de rien.

Franchement pour tout ça, je suis prêt à endurer 70 ans de réveil à la cornemuse. 

On nous vend également Elisabeth comme étant la descendante de 1000 ans de souverains. Oui, enfin, pas tout à fait en ligne directe, parce qu’elle n’est ni Plantagenêt, ni Tudor, ni Stuart. Les Windsor sont autant Windsor que vous ou moi. En fait, ils sont d’origine allemande : Saxe-Cobourg. 

Allemands comme le grand-père, Albert, comme le mari, le Prince Philip, plus danois, allemand ou grec qu’anglais. La royauté anglaise, c’est comme pour le foot : à la fin ce sont les allemands qui gagnent. 

 Et puis ne venez pas pleurnicher en regrettant que « nous » ayons coupé la tête de nos rois. Les anglais l’avaient bien fait, et à la hache, 150 ans avant notre révolution.

Ceci dit, chapeau bas quand même. Et en matière de chapeau, c’est vrai que le ringardisme d’Elisabeth a fini par devenir un dress-code. Chapeau bas, parce que les fêtes liées à la royauté en Grande-Bretagne, c’est mieux que Disney, les JO, et le bicentenaire de 1789, réunis : Une stratégie de communication mondiale inégalée, une pompe à fric touristique formidable. Avec tellement de produits dérivés, de mugs, de T-Shirts, que même notre (superbe) 14 juillet ne peut égaler. 

Ceci était un article sans-culotte. Cependant…J’admets quand même que Macron devant la pyramide du Louvre ou au Champ de Mars, ça fait moins rêver que « trooping the colour », bonnets à poils compris.

#Foot #Homophobie Cachez ce sexe que je ne saurais voir.

C’est ouf ce scandale, cette polémique à propos d’un joueur du PSG, Idrissa Gueye qui s’était fait porter pâle il y a 2 semaines pour ne pas revêtir un maillot aux couleurs arc-en-ciel adopté par son équipe à l’occasion de la journée du foot français contre l’homophobie.

L’intéressé n’a rien dit ou presque et d’ailleurs ce n’est pas plus mal.

Car l’affaire a pris des proportions dingues au Sénégal son pays d’origine, jusqu’au Président Mack Sall qui réaffirme comme beaucoup de dirigeants ou d’intellectuels sénégalais : L’homosexualité n’est pas une pratique « africaine ». Ce sont des valeurs importées, imposées par le colonisateur. 

Cela fait penser, il y a quelques années, au Sida en Afrique du Sud, présentée comme « une maladie de blancs », avec les conséquences catastrophiques que l’on sait. 

Au Sénégal même, l’homosexualité est interdite, punie par des peines de prison. En Afrique, 12 pays seulement, dont la Côte d’Ivoire ou le Mali, l’ont dépénalisée. Peine de mort en Mauritanie ou au Soudan. Seule l’Afrique du Sud est allée jusqu’au mariage pour tous. 

Quelle tartufferie ! Sur toute la planète, dans toutes les sociétés, quelques soient les cultures, partout, on – et derrière ce « on », il faut comprendre des centaines d’études, d’enquêtes worldwide –  on sait qu’entre 10 et 15 % de la population sont homosexuels, c’est-à-dire attirés par des personnes du même sexe. Et cela comprend les homosexuels « cachés » ou « refoulés ». Pas plus, contrairement aux fantasmes de certains, mais pas moins non plus. Et c’est universel et vieux comme … l’humanité. 

Ce qui est navrant et inquiétant, ce n’est pas seulement que les chefs religieux, toutes religions confondues, appellent à des croisades contre les homosexuels, c’est que ces messages soient relayés par des gouvernements et des responsables politiques. 

Il est facile de comprendre que plus les réactions contre les homosexuels sont violentes, plus cela révèle une fragilité chez ceux qui s’expriment ainsi. Quand on n’est pas bien sûr de sa virilité, de sa sexualité, on en vient à « casser du pédé ».  

On peut se rassurer en pensant que bien souvent c’est le fait de sociétés où la sexualité est bridée, où hommes et femmes ne peuvent avoir de relations sexuelles avant le mariage, en théorie. C’est ce que raconte un des livres de Leila Slimani, Prix Goncourt 1996, « Sexe et mensonges » la sexualité au Maroc.

C’est aussi le sujet de l’avant-dernier roman de l’écrivain sénégalais Mohamed Mbougar Sarr. 

« De purs hommes » traite de l’homosexualité au Sénégal et raconte l’histoire d’un homme dont le cadavre est déterré puis traîné par une foule hors du cimetière. 

Il y a quelques mois, l’écrivain était récompensé par le Prix Goncourt pour son dernier roman. Mais après des premières réactions de fierté au Sénégal, une cabale très violente était organisée par les conservateurs et les chefs religieux.

L’écrivain a refusé d’entrer dans ces polémiques, répondant simplement : 

« Tout ce qu’on peut proclamer sur moi comme fantasme et caractérisation est dérisoire …Dans nos sociétés traditionnelles, il y a toujours eu des traditions, des rituels, des configurations qui privilégiaient des formes de tolérance. Comment les cadres qui permettaient une forme de tolérance ont été détruits ».

Est-ce blanc ? Est-ce noir ? Est-ce occidental ? Est-ce africain ?

C’est surtout obscurantiste. Et universel. Et cela commence chez nous. Car comment expliquer que malgré les lois, les campagnes d’information, malgré les mouvements de défense des droits des gays, des lesbiennes, des queer, des transgenre etc…, les préjugés ont la vie dure et on les retrouve à chaque génération.

Il suffit de tendre l’oreille, d’écouter des « jeunes » qui discutent. « Oh ! t’es un pédé, toi » ?

Les insultes ?  toujours autour du même objet : « Les suceurs de bites ». 

Ou chez les rappeurs américains les « cocksucker ». Et puis bien sûr il y a les « va te faire enculer » complété par « fils de pute » ; Tout cela doublé par un machisme bien bourrin où toutes les femmes (sauf ma mère et mes sœurs) sont des « bitchs », des taspés », des pétasses.

Donc chez nous il y a du boulot. Et pas (seulement) aux Molières, Césars et autres lieux de concentration de tellement d’intelligences, de talents, de modernités, qu’on s’en sent exclu. 

Non le combat pour… la tolérance, il est là, dans les familles, dans les collèges, dans les lycées où les garçons par exemple sont terrifiés à l’idée qu’on puisse les prendre pour des « pédés ». 

Libéré.e.s, délivré.e.s, il y a encore du taff…

Kendrick Lamar, deep fake, et démocratie.

Le nouveau clip de Kendrick Lamar, “The Heart Part 5“, fait le buzz. Comme d’ailleurs tout l’album, véritable événement 5 ans après « Dawn ». 

Vous ne vous sentez pas concernés ? Vous avez tort. Lamar est un artiste complet qui crève l’écran non seulement du hip-hop, du rap, de la musique, de l’industrie musicale américaine, mais aussi un poète, un artiste de la langue anglo-américaine, Prix Pulitzer en 2018.

Un auteur engagé dont les textes tranchent par rapport au flow de beaucoup de rappeurs, notamment français, qui le plus souvent ne dépassent pas les  « suce ma bite » et « toutes des taspé sauf ma rome ». 

Pour ce dernier clip, le chanteur a utilisé ces nouvelles technologies de traitement de l’image dites de « deep fake » pour transformer son visage en ceux de Kanye West, Will Smith, Kobe Bryant…

C’est très bien fait. Pour autant ce n’est pas une première. Gardons-nous de l’impression qu’avant nous il n’y avait rien, qu’avant nous personne n’y aurait pensé. 

Bien sûr, il est compréhensible que pour se vendre, il faut arriver avec un discours du style : « Coco, je te propose un concept totalement new, qui va révolutionner la télé. Il y aura un avant et un après ».

Mais remontons d’une vingtaine d’années, 25 ans, et re-visionnons par exemple « The hunter », «Le chasseur », le clip de Björk, la chanteuse islandaise totalement azimutée. 

Filmée comme Kendrick Lamar aujourd’hui, en plan serré, Björk, crâne rasé, tête blafarde sur fond blanc, chante en grimaçant, et en secouant la tête qui se transforme en ours polaire, qui à son tour redevient Björk, et ainsi de suite. Bluffant. Surtout, comme on dit, avec les techniques de l’époque. 

Ne pas avoir conscience que nous ne sommes que la dernière couche d’une succession de couches apportées par celles et ceux qui nous ont précédé est une erreur qui certes est commune de siècles en siècles à toutes les nouvelles générations, mais qui est particulièrement forte à notre époque. Et c’est un peu le talon d’Achille de notre société du tout image, de l’information instantanée, être partout tout le temps et en continu. Une immédiateté chasse l’autre, un événement remplace un autre événement, tout est important, tout est « breaking news ». Nous ne sédimentons pas. Nous ne prenons pas de recul. Nous surfons sur l’actualité sans jamais nous arrêter. 

Avec son très beau clip, Kendrick Lamar veut une nouvelle fois parler de la condition des noirs aux Etats-Unis. Mais il veut aussi attirer notre attention sur les dangers que nous font courir ces nouvelles techniques de traitement des images. Le « deep fake » est largement utilisé en politique pour discréditer des opposants. Comme lorsque les Russes diffusent une vidéo du Président ukrainien Zélinski en lui faisant dire le contraire de ce qu’il dit. 

L’on voit bien ici le revers de la médaille de la formidable révolution que connaît notre monde où la circulation de l’information est devenue centrale. Nous sommes submergés par le flot d’informations. Nous sommes menacés par « L’apocalyspe cognitive » comme l’explique l’excellent ouvrage de Gérard Bronner : « Jamais, dans l’histoire de l’humanité, nous n’avons disposé d’autant d’informations et jamais nous n’avons eu autant de temps libre pour y puiser loisir et connaissance du monde. Mais ce rêve risque désormais de tourner au cauchemar. Le déferlement d’informations a entraîné une concurrence généralisée de toutes les idées, une dérégulation du « marché cognitif » qui a une fâcheuse conséquence : capter, souvent pour le pire, le précieux trésor de notre attention. Nos esprits subissent l’envoûtement des écrans et s’abandonnent aux mille visages de la déraison». 

Pour vérifier, sourcer, remettre en perspective, prendre du recul, il nous faut plus que jamais des professionnels de la communication : des journalistes.

Plus que jamais indispensables pour le bon fonctionnement de nos démocraties.

Que va-t-il rester du port du masque et des gestes barrières ?

Ça y est ! À la poubelle les masques ! 

Même pour un ministre (belge), le port du masque n’est pas si facile que ça le masque.

Il était temps. Parce que le port du masque, c’était devenu n’importe quoi. Car il y a port du masque et port du masque. En fait, il faudrait écrire : porc du masque. Sale, crade. (Désolé, les cochons à la queue en tire-bouchon, je sais que quand vous gambadez sous les chênes à vous nourrir de glands, vous êtes tout sauf sales). 

Dans les transports, tout le monde ou presque portent/aient le masque, mais plus par peur de l’amende que par peur du covid. Et franchement, à quoi servaient encore tous ces masques fatigués, pliés, dépliés, sortis et remis dans la poche des dizaines de fois, portés comme des caches barbes, comme des bandanas ou en durags ? Si ce n’est d’être autant de nids à microbes ou à virus ; ou à cacher ses vrais sentiments, ceux qui au-delà des mots sont révélés par les expressions du visage.

Tant mieux donc si les masques trouvent le chemin des poubelles. 

On a dit poubelle, pas par terre, pas jetés n’importe où. Les masques : une pollution plus invasive encore que les – bientôt- feu sacs plastiques. Et puis si le masque ça marche, ou en tout cas, ça aide contre la transmission de virus, c’est à condition d’en respecter le mode d’emploi : ne pas toucher le masque avec les doigts, bien le positionner, le jeter au bout de 4 heures et le mieux, porter des masques FFP2, vous savez ces masques en bec de canard qui coutent un bras. Le port du masque fonctionne bien dans les hôpitaux, par les professionnels de santé, mais dans notre vie de tous les jours… 

Mais si les masques tombent, il est dommage que nous jetions le bébé avec l’eau du bain, que nous abandonnions ces autres gestes : aérer nos appartements ou nos bureaux et se laver les mains. On appelle ça …l’hygiène. 

Or l’hygiène continue à ne pas être notre point fort à nous français. Et le covid n’y aura rien changé. Comme le disent nos amis allemands, pas étonnant que les Français aient choisi le coq comme symbole national, c’est le seul animal qui chante tout en ayant les pieds dans la merde. 

Zemmour à Saint-Tropez. Cruchot est sauvé!

Soirée blanche ? non, Zemmour en nouveau chevalier blanc face au danger qui vient du sud.

Eric Zemmour a donc décidé que sa croisade – pardon sa reconquête – passerait par Saint-Tropez.

Un choix qui pourrait surprendre de la part de celui qui se présente comme le porte-voix des sans voix, le défenseur de la France périphérique, le pourfendeur du relâchement des mœurs conséquence de la libération des femmes.

Il aurait pu sauter sur Saint-Affrique, Saint-Denis, ou le Ch’nord. 

Que nenni ! Zemmour n’est ni chti ni Tuche. Il est méditerranéen (?!), comme Mélenchon, comme Rachida Dati, comme Djamel Debbouze. Il est seulement moins drôle. 

Saint-Tropez, ça fait donc sens.

Et puis Saint-Tropez, ça évoque tout de suite… la France périphérique, les fins de mois difficiles. Saint-Tropez, ça permet de se rendre compte qu’on n’est pas riche. Mais ce qui est extraordinaire c’est qu’à Saint-Tropez les pauvres n’en veulent même pas aux riches. Les gilets jaunes laissent leurs gilets aux ronds-points extérieurs. Quand on déambule devant Sénéquier pour admirer des yachts dont un seul paierait nos retraites pour plusieurs vies, on brandit le smartphone pour s’instagramer, pas des panneaux avec : «Mon ennemi, c’est la Finance ».

Saint-Tropez, ça évoque aussi BB, Brigitte Bardot, la Madrague, coquillages et crustacées. C’est la libération des mœurs, les seins nus, « Bonjour tristesse », les soirées Blanche, les nuits au VIP-room. Bref, des écuries d’Augias, stupre et décadence. 

Zemmour arrivera-t-il à faire un grand ménage ?

Peut-être, car – hélas, comme on le sait – Brigitte Bardot ne se contente pas de défendre les animaux, elle se laisse parfois aller à des dérapages idéologiques que même Zemmour n’ose pas, en public. Nul doute que le candidat arrivera donc à trouver quelques oreilles compréhensives et quelques votes. Mais peut-être moins que les autres candidats, notamment ceux du RN.

Saint-Tropez, ça évoque aussi bien sûr… les gendarmes. Et Truchot, le maréchal des logis-chef, immortalisé par Louis de Funès. 

Truchot qui aurait bien eu besoin à l’époque du renfort d’un Zemmour pour lutter contre les seins nus et le relâchement des mœurs. Et d’ailleurs quel symbole ! La gendarmerie de Saint-Tropez n’a pas eu le temps d’être classée au patrimoine national de l’UNESCO, elle a été fermée, son bâtiment transformé en musée. Belle démonstration du recul de l’État dans les territoires. Il faut sauver le maréchal des Logis Truchot. Un beau combat pour notre chevalier blanc.

Et puis on l’oublie trop souvent, Saint-Tropez est située en plein sur le front, sur les rives de cette mer Méditerranée qui n’est plus la nôtre depuis au moins 1962, et de l’autre côté de laquelle se tapit l’envahisseur prêt à nous sauter dessus : les arabes qui après nous avoir chassé d’Algérie veulent nous envahir. Depuis Saint-Tropez, Zemmour sera en première ligne pour guetter l’invasion.

Enfin, Saint-Tropez, Antibes, Juan-Les-Pins, en 1944, c’est là que débarquèrent les Forces Françaises Libres, c’est de là que partirent la reconquête et la libération de notre beau pays occupé par les nazis. Merci à ces valeureux soldats (dont mon oncle Jo) qui nous libérèrent, à la tête d’unités dont la plupart des soldats étaient des arabes et des noirs, leurs frères d’armes pourtant. 

À l’époque on ne leur avait pas trop demandé leurs papiers, et en dehors des nazis, personne ne songeait à les renvoyer chez eux. 

Mais il est vrai qu’à l’époque beaucoup de français s’en étaient remis à Pétain, plutôt qu’à De Gaulle. 

Oui, Saint-Tropez, ça fait sens. 

Vague de chaleur pour les Saints de glace: y’a plus de saisons?

Comme chaque année, les Saints de Glace sont de retour les 11, 12 et 13 mai.

Saints de Glace à ne pas confondre avec Seins de glace. Ce n’est pas une allusion machiste, mais le titre d’un film avec Mireille Darc, Delon, Brasseur, qui n’a sans doute pas marqué l’histoire du 7ème art, mais dont l’affiche, elle, avait à l’époque retenu l’attention : Une Mireille Darc en pied et à poil sur fond de barillet de revolver. 

Un polar pas si nul que ça où l’héroïne tue son mari à coup de pic à glace. Quand on y pense, les pics à glace ne sont pas des objets à laisser trainer dans tous les foyers, 20 ans après, c’est Sharon Stone qui en jouait dans « Basic Instinct ».

Les Saints de Glace donc, sont 3 jours redoutés par les jardiniers car ils seraient synonymes de derniers risques de gel. Paraît-il car quand on habite au 4ème sans balcon, on ne peut pas vraiment vérifier.

« Glace », on comprend donc mais pourquoi les Saints ? 

Parce que (merci qui ? merci wiki !) ce sont les 3 jours où sont célébrés Saint-Mamert, Saint-Pancrace et Saint-Servais, à ne pas confondre avec Saint-Gervais station de ski branchée. 

Mais cette année, les Saints de Glace ont pris un coup de chaud. 

On annonce une vague de chaleur à 30 ° C. 

Encore un signe du réchauffement climatique ? 

Que nenni ! En matière de météo, nous sommes comme les poissons rouges, nous n’avons pas de mémoire. 

En fait depuis … 1886, les relevés montrent que ces 3 jours ne sont pas forcément les plus froids. Et que même, nous avons connu « pire » en matière de chaleur :  

En 2015, 32,7°C à Clermont-Ferrand. 

En 1969, 29°C à Paris, 33°C en Aquitaine 

et en 1912, 33°C à Paris, 34°C à Toulouse et 36°C à Clermont-Ferrand ! (je n’étais pas là, c’est ce que disent les relevés). Donc pas de panique avec des saints chauds. 

Contrairement aux hivers trop doux, aux précipitations trop faibles ou mal réparties, aux événements météorologiques violents trop fréquents qui sont les signes d’alarmants d’un réchauffement du climat.

En réalité, nos ancêtres n’avaient pas tout faux : ces dates ont été retenues comme un repère temporel au-delà duquel le risque de gel en plaine devient très faible.

Cette histoire se termine mal pour nos trois saints : ils ont été expulsés du calendrier catholique depuis le concile de Vatican II, et remplacés par … Estelle, Achille et Rolande, les trois prénoms que l’on trouve désormais aux dates des 11, 12 et 13 mai. 

Dommage, ils étaient une belle alternative à Kevin ou Jordane …

Élections présidentielles : la bandaison, ça ne se commande pas.…

« Alors heureuse ? « … demande souvent- dit-on- l’amant macho, persuadé qu’il a fait grimper au plafond sa partenaire …

Mais l’on sait que souvent la partenaire a simulé…

Il ne suffit pas seulement d’avoir envie

C’est peu de dire que ces élections n’ont pas provoqué d’orgasme. 

Désintérêt, désamour, pour continuer nos comparaisons sexuelles : Même le vainqueur bande mou.

Comme le chantait Brassens, Georges : 

Quand j’pense à Léonor 

Mon dieu je bande encore 

Mais quand j’pense à Lulu 

Là je ne bande plus 

La bandaison papa 

Ça n’se commande pas.

Alors comment faire pour rallumer la flamme ? 

Avons-nous besoin de viagra ? Où sont les Fernandes, les Léonors qu’évoquaient Brassens ? Qu’est-ce que c’est que susciter l’envie, d’adhésion ? 

Faut-il être sexy en politique ? 

Prenez Emmanuel Macron. Il est plutôt bogosse – ce n’est pas mon genre mais quand même – sa jeunesse, son regard bleu acier, son intelligence, et pourtant, le moins que l’on puisse dire et malgré sa réélection, c’est qu’il souffre de désamour. 

Et même : Macron : pourquoi tant de haines ?

Il a beau argumenter et plutôt bien, face à des adversaires, ses explications rationnelles n’impriment pas. 

Au contraire.

Jeune technocrate brillant mais agressif : voilà l’image que beaucoup de français ont d’Emmanuel Macron, et même en 5 ans, il n’arrivera sans doute pas à la changer.

Comme il n’arrivera pas à faire changer d’avis cette majorité de français qui pense que notre système de protection sociale ne protège pas assez, que notre système de santé ne protège pas assez, que les aides aux entreprises, restaurants, hôtels, commerces, pendant la pandémie, ne protègent pas assez, et que nos frontières ne sont pas gardées, qu’on entre en France comme dans un moulin. 

Il y a une certaine arrogance chez nous français à croire que nous allons éclairer le monde en découvrant une troisième voie, en montrant à tous ces peuples qui se trompent que nous français, nous allons mettre au pas la mondialisation.

Plus modestement, avant de nous mettre sur la piste du grand soir, nous pourrions regarder autour de nous, chez nos voisins, et nous inspirer de ce qui marche mieux ailleurs pour améliorer encore notre système politique, économique, sociale, qui n’est pas aussi affreux que ce que nous nous complaisons à croire.

Car à force de jouer aux gaulois réfractaires, ne risquons-nous pas de nous retrouver sur la touche d’un monde qui n’est déjà plus centré sur l’Europe ?

Brassens avait peut-être une solution. Faire de sa chanson « Fernande » sus-nommée, notre nouvel hymne national. 

Élections: Pas si piège à cons que ça!

Tiens, un Parlement qui brûle!

Démocratie : J’ai eu la chance comme correspondant de TF1 à Berlin de parcourir l’Allemagne de fond en comble, jusqu’à l’Autriche ( ?) et même jusque dans l’ancienne Prusse orientale, aujourd’hui la province russe de Kaliningrad, autrefois Königsberg, l’ancienne capitale du royaume de Prusse.

J’ai eu la chance de réaliser plusieurs reportages et documentaires sur le passé nazi et la manière dont Allemagne, l’Autriche se sont « confrontées » à leur histoire, selon cette expression allemande « Vergangenheitsbewältigung ». 

Disons qu’en Autriche, ce travail sur le passé n’a pas été fait ou presque pas fait, contrairement à l’Allemagne où c’est une préoccupation permanente qui structure la vie démocratique de de pays. 

À la décharge des autrichiens, il faut rappeler qu’en 1945 par peur du communisme, les alliés occidentaux ont rapidement « blanchi » l’Autriche, devenue la « première victime » du nazisme, victime de l’Anschluss, ce rattachement par la force à l’Allemagne. 

Passée sous silence, l’attitude pour le moins très collaborative pour ne pas dire enthousiaste, d’une immense majorité d’autrichiens. 

Et cela a conduit à des situations incompréhensibles vues de l’étranger, par exemple lorsque le chancelier Bruno Kreisky, social-démocrate, juif, composait son gouvernement avec le parti dit « libéral » le FPÖ, aujourd’hui clairement d’extrême-droite et qui déjà à l’époque servait de blanchisserie et d’usine de recyclage pour d’anciens nazis. Il s’était même brouillé avec un de ses amis, le chasseur de nazis Simon Wiesenthal qu’il qualifia de « fasciste juif »…ce qui lui valut un procès qu’il perdit.

Parlant plutôt bien l’allemand, habillé en loden, équipé d’un micro HF, j’ai pu recueillir les confidences d’autrichiens de tout âge, de toutes conditions à Vienne, comme dans les Länder. 

Ici, un homme qui regarde les panneaux installés par la mairie dans les rues du centre de Vienne, pour rappeler les 50 ans de l’Anschluss, et ses conséquences, notamment l’extermination des juifs autrichiens. Il me glisse à l’oreille : « Quel gaspillage cette expo ! tout ça c’est de la propagande américaine. Tout le monde sait bien que les chambres à gaz n’existaient pas, qu’elles ont été mises en scène par les britanniques après la défaite ».

Ou alors encore à Braunau la ville natale – autrichienne – d’Hitler. Ce retraité qui me confie : « Hitler ce n’était pas bien, mais… il a surtout eu tort de faire la guerre. 

Au début, il a remis l’Allemagne au travail, il a construit des autoroutes, il a relancé l’économie. Jusqu’en 1939, l’Allemagne allait bien. » 

Et les déportations de juifs, des opposants, la dictature, une économie fondée sur la préparation de la guerre ? Silence gêné.

En Allemagne en 1933, 1/3 des électeurs pensaient que « on a tout essayé, alors pourquoi pas lui ?». 3 mois après, la démocratie était liquidée. 

En politique, on n’essaie pas un gouvernement comme s’il s’agissait d’une machine à laver ou d’une télévision avec SAV et satisfait ou remboursé dans le mois qui suit.

Les leçons du naufrage allemand sous le nazisme, et son cortège de crimes contre l’humanité, ne devraient pas être seulement tirées par les Allemands. Mais par nous tous. 

Tout peut arriver, partout, n’importe quand, y compris dans les pays qui se croient démocratiques et civilisés. 

Personne n’est à l’abri.

Débat présidentiel: Non, je ne vais pas regarder.

Non je ne vais pas regarder. 

Alors, tu as regardé ? Alors, t’en penses quoi ? 

Non, moi ce soir j’ai piscine !

Plus sérieusement, pourquoi regarder ce débat présidentiel ?

En dehors des chaînes de télé et les commentateurs et experts politique française qui matraquent à tout va en tentant de nous vendre l’émission comme une finale de Coupe du monde, qui réellement, pense que cela va changer le résultat du vote de dimanche ? Allons-nous découvrir en deux heures quelques choses que nous aurions ignoré depuis 30 ans pour l’une, depuis 5 à 7 ans pour l’autre ? 

Ce débat peut-il renverser la table ? comme le titre telle chaîne info ? 

Nous savons bien toutes et tous que non.

90 % d’entre nous semblent être déjà sûrs de leur vote de dimanche. 

Alors il faut créer un suspens. 

On verra bien combien d’entre nous regarderons et tant mieux pour l’économie des chaînes qui organisent ce débat, si nous sommes nombreux. 

Mais ce sera sans moi. 

Car je n’ai aucun goût pour la traque aux « petites phrases ». Je n’aime pas le voyeurisme qui attend que le sang coule, la caméra qui va chercher la petite larme au coin de l’œil.

De toute façon, nous serons abreuvés demain et après-demain, d’extraits, de replays, de commentaires et d’exégèses plus savantes les unes que les autres. 

Et tout cela se terminera par la seule vraie vérité : les chiffres des résultats, dimanche soir.

L’inconnue reste la participation. 

Elle pourrait être à peu près, peut-être moins qu’il y a 5 ans. Est-ce grave ? Si nous nous comparons aux autres démocraties, notamment chez nos voisins européens, nous n’avons pas à rougir. Et là aussi arrêtons de nous flageller en voyant le verre de notre pays toujours à moitié vide. Ce n’est pas parce que les français se défient des politiques qu’ils se désintéressent de la politique. Ce n’est pas parce que nous ne sommes pas emballés par la classe politique actuelle, que nous ne comprenons pas l’importance de choisir.

C’est une chance extraordinaire et rare, tellement rare, d’être citoyen d’un pays où l’on peut faire librement le choix de ceux qui nous gouvernent et auxquels nous déléguons notre souveraineté pour 5 ans.

Moi je savoure cette chance, et ce n’est pas parce que je ne regarderai pas le débat, que je zapperai mon devoir de citoyen.

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