Le blog de Pierre M. Thivolet, journaliste

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Réfugiés, Ukraine…et charité chrétienne.

La charité chrétienne peut-elle être à géométrie variable ?

Déjà avec cette question, certains vont commencer à penser : Ça y est : Je vais avoir droit aux réflexions d’un bobo tiers-mondiste. 

Pourtant, l’élan de solidarité parfaitement justifié à l’égard de ces millions d’Ukrainiens fuyant une guerre particulièrement épouvantable, ne peut être isolé de nos réactions à l’égard d’autres réfugiés fuyant d’autres guerres, tout aussi épouvantables.

Car l’on entend bien la petite musique qui monte, faisant dépendre notre générosité de la couleur des yeux et de la peau des réfugiés. Ou de la religion. 

Il n’y a pas si longtemps, c’étaient des Syriens qui par centaines de milliers tentaient de fuir une guerre qui a détruit leur pays. Souvent des classes moyennes, médecins, ingénieurs, enseignants qui ne rêvaient pas d’AME ou d’allocations familiales, mais d’une seule chose : vivre chez eux.

Qu’a été à l’époque notre compassion ?

Un enfant syrien a-t-il moins de valeur qu’un enfant ukrainien ? Parce qu’ils sont en majorité arabes, musulmans ?

La Syrie n’est-elle pas, n’était-elle pas un pays de grande culture ? Un des cœurs de la civilisation et de la littérature arabes qui ont tant fasciné et influencé nos ancêtres européens ? 

Il faut relire (ou lire) le roman de Maurice Barrès, un écrivain pas vraiment de gauche, « Un jardin sur l’Oronte »…où le chevalier Guillaume tombe amoureux de la belle princesse musulmane, Oriante. Certes, l’action se déroule au XIII ème siècle, mais apparemment ce n’est pas parce qu’ils étaient catholiques et européens que les chevaliers francs ne pouvaient pas être séduits par la finesse de la culture arabe.

Pensons, un peu plus près dans notre histoire, à ces millions de juifs allemands, autrichiens, centro-européens et d’opposants au régime nazi qui tentèrent désespérément de trouver un pays d’accueil pour fuir l’Allemagne. Ils trouvèrent trop souvent portes closes, y compris chez nous. 

N’oublions pas non plus ces millions de réfugiés espagnols fuyant le dictateur Franco en 1938 et 1939 et qui furent parqués dans des camps sur les plages d’Argelès. 

Nous ne pouvons pas accueillir tous les réfugiés du monde. Sans doute.

Mais il faut aller au mémorial d’Argelès ou au camp des Milles, pour mesurer à quel point nous n’avons pas toujours été à la hauteur de ces valeurs que nous sommes censés incarner depuis la révolution française : La France, patrie des Droits de l’Homme.

Amazon, coquillettes et hotline.:

500gr de farfalles au lieu d’un objectif photo.

Que celle ou celui qui n’a jamais péché en se faisant livrer par Amazon, me jette la première pierre (virtuelle, svp ).

Donc, la semaine dernière, je commande un nouvel objectif pour une des caméras de notre bureau. 

C’est un peu comme les chaussures pour certains, ou une console pour d’autres, mais du nouveau matos… on a envie que ce soit tout et tout de suite. Livraison en 24-48 h, c’est parfait.

Ensuite il y a l’attente – insupportable – On n’ose pas sortir ne serait-ce que 10 mn, au cas où le livreur passerait sans crier gare. 

Finalement, le voilà !

Petit flottement en ce qui concerne l’adresse, le 8 confondu avec le 18, mais tout s’arrange. Pas de signature, colis remis en mains propres. Vite : le déballer, et là au milieu des papiers et bulles de néoprène, surprise : au lieu d’un objectif à plusieurs centaines de boules, un paquet de pâtes, d’une grande marque connue, 500 gr de farfalles, prix dans le commerce : 0,95 euros… quand même. 

Là, c’est le choc, on pense à une erreur : Mais qui pourrait se faire livrer un seul paquet de pâtes à moins d’1 euro. Vite aller sur le site de notre GAFA, et chercher un onglet : se faire rappeler, à quel numéro, tout de suite. 

10 secondes plus tard, le téléphone sonne, c’est la hotline. J’explique la situation. Très vite on me propose la réexpédition sous 24 h du matériel commandé et tant attendu, ainsi que le renvoi par mes soins du paquet de pâtes. Puis : « gardez les pâtes ». Ben oui, renvoyer un produit de moins d’1 euro, n’aurait pas été très économique. Et le lendemain, l’objectif nous était livré et aujourd’hui il fait le bonheur de ses parents.

Les leçons de cette histoire :

1 : J’ai gagné un paquet de pâtes : Par les temps qui courent (et notre regard porte vers l’Ukraine) ce n’est pas négligeable.

2 : C’est fou quand même, il y a des personnes dans ligne logistique de cette livraison, qui ont sous le coude des paquets de nouilles, prêts à être mis dans des colis piratés. En retournant le carton, on voyait en effet que le scotch avait été coupé puis remplacé. Il faut être rapide et organisé, non ?

3 : Oui, je sais, Amazon est un des symboles de ces monstres sortis du numérique américain, tout ce qu’on déteste, et qui tuent le petit commerce … Oui je sais. 

Mais…

Personne n’était en mesure de nous livrer ou de nous vendre aussi rapidement ce matériel. 

Et puis surtout, double pouces pour le service client, la hotline. 

Contrairement à la plupart des grands réseaux français qui aujourd’hui ne vous proposent que des assistants/es virtuel/les. – Bonjour, je suis Laura, comment puis-je vous aider ? je ne comprends pas votre question « Paquet de nouilles » Je ne comprends pas votre question « Paquet de nouilles » Je ne comprends pas votre question, consultez notre FAQ. – en quelques secondes vous êtes mis en relation avec un opérateur/trice (dans ce cas-là appelant depuis l’Egypte) qui mieux que l’assistant virtuel, résout votre problème, avec en plus une avalanche d’excuses. 

No comment, comme on dit à San Francisco.

Guerre en Ukraine : Toute la planète contre Poutine. Toute, vraiment ?

Unanimité ?

Ça se passe dans le métro. 

Deux personnes regardent une vidéo dans laquelle deux grands démocrates – Xi Jiping et Poutine – sont en train de dialoguer. 

Je l’avoue, je sais, ce n’est pas bien, mais je regardais par-dessus leurs épaules. 

Pour ma défense, aujourd’hui dans les transports, dans la rue, tout le monde regarde son écran et non pas le monde qui l’entoure. Super la convivialité de notre e-monde. 

Chacun regarde son programme, son fil, ses stories, ses watchs, des infos et des vidéos qui correspondent à ses centres d’intérêts, à ses convictions, à son groupe: Super les cookies. 

Bref, ces deux voyageurs étaient captivés par les longs développements du Président russe expliquant que les occidentaux étaient les pires colonisateurs qui soient. Alors que la Russie, elle, était un pays multiculturel : « Je suis Tchéchène, je suis Tatar, je suis ukrainien » etc.. ajoutait Poutine. Qui ironisait : On parle des oligarques russes, mais et les Pinault ? les Arnault ? Les Bolloré : Ne sont-ce pas des oligarques français ? 

La vidéo semblait avoir son petit effet…

Tout le monde déteste Poutine. Vraiment ? 

Regardez la carte des pays qui n’ont pas condamné l’agression contre l’Ukraine.

Mettons de côté les Corée du nord, Érythrée et autres dictatures épouvantables. 

Mettons de côté le Duc de Boulogne aka B20 aka Booba qui depuis Miami, terre de gauche et d’égalité bien connue ( !), a lancé un scud rageur suite à la décision de l’équipementier Puma de se retirer de Russie. Vous rompez je romps. Si vous faites de la politique nous devons en faire aussi. Mais sachez qu’en cas d’agression…. la riposte….. sera là….. 🏴‍☠️

Ouh ! La riposte de Booba…qu’est-ce que Puma a peur… 

Il n’en reste pas moins qu’une bonne partie des pays sud-américains, africains, indiens ne participent pas à notre « unanimité ». 

Il ne faudrait pas que le conflit devienne : Les occidentaux d’un côté, le reste du monde de l’autre.

Il ne faudrait pas qu’au sein même de nos pays, de notre société, la fracture ne s’élargisse entre une majorité, notamment les media, unanimes contre l’invasion russe, et une minorité ( ?) silencieuse mais qui n’en pense pas moins… 

Ceux-là apprécient Poutine, l’homme fort qui fait ce qu’il dit. 

N’entendez-vous pas dans nos campagnes mugir ces féroces petites phrases ? : Un despote éclairé, ce ne serait pas mal pour quelques années. Tenez, prenez l’Afrique, les pays qui « marchent » , le Rwanda, par exemple. Certes le Président Kagamé est un peu, beaucoup, dictateur, mais en 20 ans, quel bond en avant ! La démocratie, les droits de l’homme, c’est comme la monogamie, des concepts de blancs, d’européens… 

Nous avons beau péter plus haut que notre cul, surtout en période électorale, en répétant : La France, La France, La France « en sautant sur sa chaise comme un cabri »  (ça, c’est du De Gaulle), au bout du bout, nous sommes bien peu de choses, nous, petits français.

Car, au bout du bout, ce qui fera sans doute la différence, c’est ce que va faire la Chine. 

Or, la Chine n’a pas d’amis, elle n’a que des intérêts. 

Espérons que ses intérêts la conduiront à freiner Poutine. 

Guerre en Ukraine : Et pendant ce temps-là…

Il est toujours intéressant de s’intéresser à ce qui se passe ailleurs qu’au centre d’intérêt de l’actualité. 

Or depuis une semaine, au centre de nos préoccupations il y a la guerre en Ukraine, et bien sûr cette question : Serons-nous tous vitrifiés, Poutine compris, dans quelques jours ? 

C’est bien sûr très grave et très dramatique, et je vous épargnerai donc mon humour un peu douteux, genre : « moi aussi je suis solidaire des Ukrainiens. Désormais je boycotte le caviar. Et pour la vodka, j’exigerai de la polonaise ». 

Ou alors, une blague qui remonte à l’époque où les soviétiques conseillaient l’armée égyptienne face aux forces israéliennes qui fonçaient à travers le Sinaï. « Appliquez vieille tactique millénaire russe : Laissez pénétrer l’ennemi et attendez l’hiver. »

Pour ceux qui n’auraient pas compris, je conseille la lecture de « Guerre et Paix » ou le film « Stalingrad ».

L’heure n’est donc pas à l’humour potache. Mais pendant que tous nos regards et nos media sont tournés vers l’Ukraine, pendant ce temps- là, comment réagit le reste du monde ? 

L’Afrique ? Pas grand-chose.

Des réactions juste ce qu’il faut, entre d’un côté ceux qui pensent sans doute : « c’est une affaire de blancs, pour une fois qu’ils ne se battent pas entre eux chez nous… » Et ceux un peu gênés, qui remettent leur sort entre les mains de Wagner. Wagner qui rappelons-le n’est pas un compositeur d’opéras, mais une milice qui n’a pas froid aux yeux. 

Ce ne serait d’ailleurs pas surprenant que profitant du fait que nous regardons ailleurs, ces miliciens qui servent les intérêts de Moscou, ne nous fassent un enfant dans le dos, au Mali ou en Centrafrique. 

Et la Turquie ? Elle condamne mais tout en discrétion…

Membre de l’OTAN, la Turquie est également la gardienne du Bosphore, de la circulation des bateaux vers la mer Noire. Et puis en matière de non-respect des droits de l’Homme, Erdogan n’a pas grand-chose à envier à Poutine. 

Mais montrer un peu de solidarité avec l’Ukraine, un peu, juste ce qu’il faut, permettrait de redorer son blason vis-à-vis des Occidentaux. D’ailleurs les turcs ont plus d’affinités avec l’Ukraine et les tatars de Crimée qu’avec l’Empire russe…

Et l’Iran ? Là-aussi les ayatollahs se font discrets … Il faut dire que l’accord sur le nucléaire iranien est sur le point d’être relancé. Et si l’on boycotte le gaz et le pétrole russes, c’est bon pour l’Iran, si elle se peut recommencer à exporter librement… 

Reste la Chine … 

Pour l’instant, elle est devenue le meilleur allié de Poutine. 

Mais sur le long terme ? Irkoutsk ou Vladivostok sont beaucoup plus près de Pékin que de Moscou. Et face au milliard de chinois que pèseront les quelques 30 ou 35 millions de russes de Sibérie ? 

Pour souper avec le diable – dit-on – il faut une longue cuillère. 

Et pendant ce temps-là, les JO…

moi quand je serai grand , je ferai du curling

Les nouvelles sont mauvaises d’où qu’elles viennent, et quand on veut déjeuner en paix, on peut zapper, tiens par hasard, sur France 3.

Et à la mi-journée France 3 (suivi de France 2) retransmet les JO d’hiver en direct de Pékin.

Et à la mi-journée, ce sont les épreuves de curling. Et là on est loin, très loin de l’actualité malheureuse. 

Le curling… avant, j’en avais une idée très vague… et je l’avoue quelque peu méprisante. 

Un sport, ça ? des femmes ou hommes qui lancent une sorte soupière sur de la glace, elle glisse forcément, et devant, deux personnes qui frottent la glace de manière hystérique avec des sortes de balais-brosses.

Et là on se demande : Mais comment devient-on curlinger ? Et qui a pu avoir l’idée de ce sport ? Et est-ce vraiment un sport ? Que faut-il pour développer les qualités physiques pour devenir un champion de cette discipline ? Faut-il être le gagnant d’une sorte de Top chef version technicien de surface ? Faut-il s’entrainer au lancée de soupière ? 

Eh ! bien tout ceci n’est que médisance. 

Et je l’ai appris en regardant l’épreuve de curling où s’affrontaient Suisses et Canadiens. 

Est-ce la réalisation, avec des images par le haut, et différents angles qui rendaient haletant le suivi de la progression de la pierre (oui, ce sont des pierres pas de soupières que l’on fait glisser), ou bien les plans montrant l’effort des balayeurs, ou encore les commentaires qui expliquaient les stratégies du lanceur, le coup de la « pêche », le sens des efforts des balayeurs, et les enjeux de la partie ? 

Toujours est-il que l’on découvre que le curling est un beau sport, un jeu d’équipe alliant force, précision et stratégie. Et l’on apprend que ce peut être dangereux, un des champions présents s’était même fait, il y a quelques années, un traumatisme crânien en chutant sur la glace. Et qu’il y a 500 000 pratiquants de curling au Canada, où c’est le deuxième sport derrière le hockey.

Et l’on en ressort moins bête.

Et ça, ça détend. 

D’autant que ce sont les Suisses qui ont gagné. Et ça, ça donne envie de yodler : yo-hol-di-o-u-ri-a! Je dis ça, mais j’aurais été tout aussi content si ça avait été les canadiens… ou les allemands ou les jamaïcains.

Et l’on oublie quelques instants, la Chine, les Ouigours, le climat, la pandémie, la campagne pour les Présidentielles, etc, etc…

Et ça détend.

Ministre de l’éducation et éducation à la communication: La tentation d’Ibiza

C’est vrai que ça la fout mal. 

Envoyer les consignes pour la rentrée scolaire depuis Ibiza, c’était plus qu’un peu une erreur. C’est une faute, stupide. 

Sur le fond, que le ministre soit à Ibiza ou à Saint-Germain-des-Prés, aucune importance, si ce n’est l’image, le symbole. Or le symbole, ce n’est pas sans importance.

Évidemment nous avons toujours tendance à penser qu’en France nos dirigeants sont les pires et qu’ailleurs ce serait mieux. 

Mais prenez nos « amis » anglais (c’est comme pour les Allemands, toujours mettre le mot amis entre parenthèses quand on parle des Anglais … C’est de l’humour, je blague, j’adore les Anglais, surtout quand ils sont … écossais), le premier Ministre Boris Johnson semble être complètement en roue libre. Au moment où tous les sujets de sa Gracieuse Majesté, jusqu’à sa gracieuse elle-même, étaient confinés, c’était garden partyet soirée mousse. J’exagère encore : ni Guetta ni Kunz n’ont mixé au 10 Downing street. 

Boris Johnson a beau présenter ses excuses, il pourrait bien être victime d’un coup de Jarnac. 

Rien à voir avec l’ancien président François Mitterrand qui est enterré dans cette riche petite ville charentaise, mais, en anglais dans le texte, de treachery ou bretrayal. Bref de traitrise, d’un coup venu de son propre camp conservateur. Gardez-moi de mes amis…

Mais revenons à notre ministre, on se dit : N’y-a-t-il personne au ministère de l’éducation pour émettre des warnings ? Des conseils genre : Non, Jean-Michel, pas d’annonces ministérielles depuis les soirées bitch. Moi, ce conseil, je le donne gratos. 

D’autant plus qu’il y a chez nous un précédent : Celui du ministre de la Santé Jean-François Mattei au moment de la canicule de 2003, qui donna, bronzé, en chemisette, une interview, depuis le jardin de sa maison sur la côte d’Azur. 

Ce scientifique respecté ne survécut pas à l’image désastreuse envoyée à cette occasion.

En matière de communication, les conseillers préfèrent s’abriter derrière des algorithmes plutôt que derrière le bon sens. Or le bon sens indiquait clairement qu’alors que Jean-Michel Blanquer s’apprêtait à annoncer des protocoles d’ouverture et de fermeture des écoles aussi simples qu’une usine à gaz, il fallait envoyer une image de travail, d’empathie. Il fallait communiquer depuis son ministère. Et tant pis si pour cela, il fallait écourter les vacances. 

Il aurait fallu résister à la tentation d’Ibiza.

Covid19-media : la complaisance au catastrophisme.

Comme au temps due Roger Gicquel, COVID19 : la France a peur.

C’est vieux comme le premier cours dans une école de journalisme : On ne s’intéresse qu’aux trains qui n’arrivent pas à l’heure. 

Ou bien encore : « Un chien qui mord un évêque, ce n’est pas une info. Mais un évêque qui mord, ça c’est une info ». 

Cette règle s’applique évidemment aujourd’hui à la pandémie. La peur fait vendre. 

Là aussi – école de journalisme – Roger Gicquel en février 1976 ouvrait le journal télévisé de TF1 avec cette phrase « la France a peur ». En fait il voulait dire le contraire, c’est-à-dire : la peur d’un assassin d’enfant pouvait conduire à des actes et des peurs irrationnels. 

Mais aujourd’hui c’est au premier degré que nos médias choisissent leur vocabulaire anxiogène. 

Le choix des mots (maux ?) est très important ; dans les titres, dans les bandeaux qui accompagnent et donnent le ton des innombrables émissions de débats, de gloses qui ont progressivement pris la place des émissions d’information. 

Pour Omicron, on parle de déferlante, de tsunami pour rester dans le vocabulaire des catastrophes naturelles. Pour les ministres du gouvernement qui sont « cas contact » ou « positif », on parle d’hécatombe

Pour rendre compte des chiffres des tests positifs, on va parler de record historique, telle chaine info va titrer « 1 million de contaminés : un pic jamais atteint ». Etc…

Et puis il est bluffant, de voir, d’entendre tel ou telle confrère-sœur spécialiste jusque-là d’économie, de défense, de politique européenne etc. …devenir épidémiologiste, virologue ou réanimateur. C’en est fini de la prudence. La place est rarement au doute, il faut que ça saigne. 

Certes il existe quelques éclaircies dans ce paysage assez sombre. 

Par exemple, quand le philosophe et physicien Etienne Klein, est interrogé par David Pujadas, à l’occasion de la sortie de son livre « Le goût du vrai » : 

« Les chercheurs cherchent, et ils ne connaissent pas les réponses aux questions qui se posent (sinon, ils ne chercheraient pas !). Mais on les interroge. 

S’ils disent « je ne sais pas », ce qui serait honnête, ils seraient médiatiquement débordés par des gens en sachant moins qu’eux mais plus sûrs d’eux. (…) 

Les gens parlent au-delà de ce qu’ils savent avec une assurance qui est proportionnelle à leur incompétence. 

Or pour savoir qu’on est incompétent, il faut être compétent. »

Peut-être manque-t-il à nos media, à nos confrères l’expérience de terrain, la confrontation avec la réalité celle de la misère, des guerres, des souffrances et des vrais drames, qui avec le temps, rend plus humble, moins péremptoire.

« La tentation la plus grande c’est la tristesse. La complaisance à la tristesse, c’est le mal moral » écrivait le philosophe Paul Ricœur. 

Un mal sans doute plus grave que la pandémie qui – aussi sérieuse et mortelle soit-elle- n’est pas, rappelons-le, la nouvelle grande peste noire.

Présidentielles 2022 : Après le variant Omicron, l’invariant Macron ?

Vous n’allez pas me dire que ce n’est pas un coup monté ? 

A peine la course à l’Élysée s’ouvre-t-elle, à peine les candidats commencent-ils à s’aligner sur la ligne de départ ; les primaires succèdent aux conventions ; les débats succèdent aux meetings ; les vraies questions sont enfin abordées ( ? ). Et puis, vlan, ping, bang, plouf (je ne sais pas quelle onomatopée choisir, mais vous avez compris l’idée) voilà que se pointe un nouveau variant. 

L’heure est à la panique, au re-confinement, aux re-fermetures des frontières, histoire de montrer à son peuple que derrière nos lignes Maginot, il peut dormir tranquille. Et qu’importe, si les premières études montrent qu’Omicron ne serait pas très grave…

C’est reparti pour les mêmes points presse des très gothiques Véran et Salomon, aussi gais qu’un show de Mylène Farmer ou de la famille Adams, qui égrènent le décompte des contaminations et des décès. 

Et nos chroniqueurs ne savent plus où donner de la tête, entre la politique ou la covid. Un spécialiste de la V° République fait-il un bon épidémiologiste ? Ou l’inverse ? Ce n’est pas sûr, mais cela ne les arrête pas. 

Toujours est-il que le nouveau variant « casse » un peu les annonces de celles et ceux qui croyaient leur heure politique arrivée. 

Un signe, une preuve : ce nom : omicron, habile déformation de Oh ! Macron

Parce qu’en fait ce variant qu’est-ce qu’il est ? Il est sud-africain. 

Mais comme il n’est plus politiquement correct de stigmatiser le virus chinois, le variant anglais, le variant indien, le big pharma utilise des noms qui paraissent neutres. Qui paraissent…

Car, chaque fois que l’on parle du nouveau variant, omicron, nous entendons Macron, et de manière subliminale, nous nous conditionnons à voter (re-voter ?) pour lui. Habile, le big pharma. 

Regrettons peut-être que nous n’ayons pas été capables de produire un variant français, on aurait pu l’appeler le napolé-on. Remarquez entre Pasteur et Sanofi, nous n’avons pas non plus été capables de produire un vaccin.

À défaut, réjouissons-nous : la production de Doliprane va être relocalisée chez nous ! Cocorico : La reconquête est en marche. 

11 novembre, Mont-Valérien, affiche rouge : Le souvenir de ces étrangers dont à prononcer le nom est difficile.

Les 11 novembre font partie de ces moments de commémoration où est ravivée la mémoire de celles et ceux qui sont morts pour la France. 

Morts pour la France, cela sonne un peu désuet, un peu pompeux. 

Pourtant, cela signifie morts pour notre liberté, pour nous permettre d’être ce que nous sommes aujourd’hui : Un pays certes imparfait, déprimé nous dit-on, insatisfait – l’herbe serait plus verte ailleurs – où les inégalités sont encore criantes, et pourtant, un pays libre, une démocratie où il fait plutôt bon vivre, une exception dans ce monde de brutes.

Ce 11 novembre a une connotation particulière avec l’inhumation du dernier compagnon de la libération Hubert Germain au Mont Valérien. 

Cette colline qui surplombe l’ouest de Paris avait été choisie pendant la première guerre mondiale pour y implanter la première batterie de défense anti-aérienne. C’est le colonel Camille Mortenol qui en avait été chargé. Mortenol, fils d’esclaves guadeloupéens, brillantissime mathématicien, est le premier noir à intégrer l’école Polytechnique en en 1880.

Après la seconde guerre mondiale, c’est le Mont Valérien qui est choisi pour accueillir le mémorial de la France combattante. Dans la crypte, une inscription qui se termine par ces mots : « Pour que le France vive ».

Hubert Germain était le dernier compagnon de l’ordre de la Libération, créé par le général de Gaulle. Un ordre qui ne compte que 1 061 compagnons.

Le guyanais Félix Éboué en fût l’un des premiers parce qu’il avait été l’un des premiers à rallier le général De Gaulle, faisant basculer le Tchad, dont il était gouverneur, puis l’Afrique équatoriale française du côté de la France libre. Il donnait ainsi au Général De Gaulle de la crédibilité et des troupes en recrutant des soldats africains. Mort en 1944, Félix Éboué fut inhumé en 1949 au Panthéon, premier noir à rejoindre ainsi « Aux grands hommes la Patrie reconnaissante ».

Le Mont Valérien fût aussi le lieu d’exécution de nombreux résistants arrêtés par les allemands. 

Parmi eux, 23 membres des Francs-Tireurs et Partisans – Main-d’Œuvre Immigrée (FTP-MOI), exécutés en février 1944. 

Pour les présenter comme « une armée du crime » de « terroristes juifs ou étrangers », la propagande allemande avait placardé des affiches rouges avec leurs noms, aux consonances étrangères. 

En leur mémoire Louis Aragon a écrit « Les strophes pour se souvenir », un poème superbement mis ensuite en musique et chanté par Léo Ferré.

« Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes 

Noirs de barbe et de nuits hirsutes menaçants 

L’affiche qui semblait une tache de sang 

Parce qu’à prononcer vos noms sont difficiles 

Y cherchait un effet de peur sur les passants

Nul ne semblait vous voir français de préférence.

(…)

Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent 

Vingt et trois qui donnaient leur coeur avant le temps 

Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant 

Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir 

Vingt et trois qui criaient la France en s’abattant ».

De tous ces étrangers et nos frères pourtant, nous sommes redevables. 

Quelque soient nos peurs dans ce monde incertain, ne l’oublions jamais.

9 novembre 1989: Il y a des jours comme ça où il ne se passe rien et où pourtant tout arrive.

Il y a des matins comme ça, qui n’ont rien de spéciaux. 

La journée ne sera ni belle, ni moche, l’hiver est là, mais le froid n’est pas encore mordant. C’est plutôt brouillasseux.

Écouter les infos, faire le point des interviews à organiser, du reportage à tourner ; Appeler la rédaction pour proposer un sujet. 

Tiens, une invitation : une conférence de presse à laquelle nous sommes conviés. Encore une conférence officielle, soporifique, où on va s’emm… grave. Au moins, on croisera des confrères, cela permettra d’échanger. 
La ville est encore enveloppée d’un brouillard jaunâtre peu engageant, dans la rue des passants passent. 

Il y a des matins comme ça où rien n’est annoncé, et où rien ne s’annonce.

Départ pour notre premier rendez-vous : un sujet sur les travailleurs immigrés employés sur un chantier du centre de la capitale. 

Puis d’autres rendez-vous.

Jusqu’au déjeuner, dans un restaurant d’un grand hôtel avec notre guide interprète. Au menu ce qui est présenté comme le top de la gastronomie locale : Des « vols au vent » (sic !), et du mousseux.

Puis encore un tournage sur un chantier : Le gouvernement a mis les bouchées doubles pour reconstruire cette église emblématique de la capitale. 

Sur le chemin du retour à l’hôtel où nous avons installé nos moyens de montage, confortablement assis dans notre grosse Benz capitaliste, nous écoutons les hits du moment : Udo Lindenberg : Horizont,  Nina Hagen.

J’adore Nina Hagen. Je l’ai croisée quelque fois à l’aéroport, elle était toujours stupéfiante, traversant la foule comme une déesse, perchée sur des talons de 30 cm, les cheveux rouges en pétard, précédée de ses deux petits chiens en laisse. Une artiste inclassable dans une société plutôt conformiste et conventionnelle. 

Oui parce qu’on est à Berlin. Le 9 novembre 1989. 

Et rien ne semble devoir arriver.

Il est près de 17 heures. Il faut aller à la conférence de presse. Le centre de Presse internationale IPZ est à 2 pas de l’hôtel, à quelques mètres du mur, côté est. Pardon ! côté DDR: République démocratique allemande. Ici on ne parle pas de rideau de fer mais de « mur de protection antifasciste ». 

Les passants, souvent des fonctionnaires, hâtent le pas pour rentrer chez eux, souvent loin en banlieue. Le centre de Berlin-Est, l’ancien cœur de Berlin, très détruit par la guerre, très mal reconstruit ensuite, sert de vitrine au régime communiste. Il y a installé les principaux symboles de son pouvoir. Le soir, en dehors de quelques théâtres et de l’Opéra, c’est mort.

Il est 18 heures. Gunter Schabovski, porte-parole du comité central du parti, lit un texte. Rien de très de nouveau.  

Certes, depuis plusieurs semaines, il y a bien eu quelques changements ; Mais dans la continuité. 

Gorbatschov était venu en septembre à Berlin-Est pour le 40 ème anniversaire de la RDA. Il y avait été accueilli en rock star par la population. Ce n’était ni prévu, ni organisé. 

Pourtant, c’est bien lui qui fait souffler sur tous les pays de l’Est, URSS en tête, le vent du changement, de l’ouverture. Et après avoir embrassé sur la bouche, comme c’était la tradition entre partis frères, le vieux Erich Honecker, il fait bien comprendre qu’il serait temps de le mettre au placard. 

2 jours après c’était fait. 

Bien sûr, depuis des mois déjà, les allemands de l’est tentaient par milliers de passer à l’ouest. 

Bien sûr, tous les Lundis, des manifestations réclamant la liberté de voyager se déroulaient autour de l’église Saint-Nicolas à Leipzig, à 200 kilomètres de Berlin-Est. 

Bien sûr…

Mais de là à imaginer…

« L’Allemagne n’intéresse plus personne » m’avait prévenu un des dirigeants de ma rédaction, faisant écho à un « L’Allemagne est un pays has been », assené par un directeur du Trésor français, quelques mois auparavant. Des hommes clairvoyants !

Il est 18 h 30, la conférence de presse s’achève. 

Schabowski s’est levé et là, un confrère italien lui pose la question : « Et pour la liberté de voyager, allez-vous l’assouplir ? ». Schabowski cherche dans ses papiers, hésite, et puis laisse tomber quelque chose comme : « Oui on va autoriser les citoyens à voyager ». A partir de quand ? ce soir ? Minuit ? 

C’est confus, on se demande entre confrères : Tu as compris quoi ? Ils vont organiser ça comment ? 

A la télé officielle rien, pas d’annonce. Les rares passants dans la rue ne sont pas au courant, et nous prennent même pour des provocateurs. 

Il faut attendre que la télévision ouest-allemande très suivie à l’Est, annonce : « Le mur devrait ouvrir cette nuit. »

Les berlinois de l’Est commencent à se dire : Si ARD ou ZDF l’annoncent, c’est que c’est peut-être vrai. 

Tout va aller ensuite très vite. Par petits groupes, les berlinois s’approchent des check-points – il y en 4 : 4 passages entre les 2 parties de la ville. 

Les gardes et les militaires sont inquiets, nerveux, ils téléphonent et puis. ..

Et puis, ils commencent à laisser passer, mais toujours en contrôlant.

Et puis les petits groupes deviennent une foule immense, 

Et puis, plus de contrôle: C’est une foule compacte, le métro aux heures de pointe, qui circule maintenant entre Est et Ouest. 

Et puis.

Et puis les cloches de Berlin Ouest se mettent à sonner, les bars rouvrent et offrent des tournées gratuites.

Et puis on s’embrasse, on pleure, on offre des fleurs ou une bière aux gardes-frontières. Pas une once de violence, de nationalisme. Simplement, la joie de sentir ce que peut être la liberté, le sentiment de découvrir brusquement, que cette partie  de l’Europe de l’autre côté du mur était une partie de nous-mêmes, qui nous était si proche, et pourtant pratiquement inaccessible pendant 40 ans. 

Dans une vie de reporter, il y a des moments glauques : les escadrons de la mort et les dictatures en Amérique latine, les tueries en Haïti, le siège de Sarajevo et la guerre civile en Yougoslavie

Mais il y a parfois des moments, rares, de grande joie : La chute de Duvalier en Haïti, la révolution de velours en Tchécoslovaquie. 

Et puis donc, le mur de Berlin. 

Ces moments de grâce ne durent pas hélas. 

Mais chaque 9 novembre, je ne peux m’empêcher de penser avec beaucoup d’émotion à cette nuit à Berlin. 

Pas seulement le sentiment d’avoir vécu un moment « historique ». Mais surtout d’avoir pu ressentir physiquement ce qu’était la Liberté. Et ce cadeau rare et fragile de vivre dans un pays libre. 

Et puis ce regret : N’avoir pas su transmettre ce souvenir aux générations actuelles. 

Le rideau de fer : Certains aujourd’hui pensent que c’était une plaisanterie et qu’il y en avait toujours qui arrivait à passer. 

La dictature : Certains pensent qu’un petit coup de régime autoritaire, cela ne nous ferait pas de mal. 

La liberté de circulation ? L’heure est à la construction. demeures partout ...Vous avez vu ces hordes qui se préparent à nous envahir ? Triste ironie de l’Histoire: La Hongrie qui avait été la première à démanteler le mur qui la séparait de l’Autriche, est l’une des premières à reconstruire des murs avec ses voisins du Sud et de l’Est.

N’avons-nous donc rien appris ? 

Le 9 novembre 1989 est un souvenir heureux, mais qui fait remonter également le souvenir de la division de l’Allemagne, de la dictature communiste à l’Est , et de la guerre voulue et déclenchée par les nazis. 

Le 9 novembre est aussi un autre anniversaire. Celui des pogroms anti-juifs, de la nuit de cristal en 1938. La plongée de tout un pays dans l’abomination.

Les allemands se confrontent en permanence avec l’Histoire. 

Cette « Vergangenheitsbewältigung » , cette confrontation avec l’Histoire structure leur vie politique, leur Justice, leur éducation, leur société. Elle leur donne une certaine prudence à l’égard des bonimenteurs et des démagos. 

Nous devrions en prendre de la graine. 

« Rien ne vaut Rien Il ne se passe rien Et cependant tout arrive, Et c’est indifférent » écrivait Frédéric Nietzsche,

une phrase mise en exergue d’un de ses livres par le général De Gaulle.

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