Le blog de Pierre M. Thivolet, journaliste

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Et pendant ce temps-là, les JO…

moi quand je serai grand , je ferai du curling

Les nouvelles sont mauvaises d’où qu’elles viennent, et quand on veut déjeuner en paix, on peut zapper, tiens par hasard, sur France 3.

Et à la mi-journée France 3 (suivi de France 2) retransmet les JO d’hiver en direct de Pékin.

Et à la mi-journée, ce sont les épreuves de curling. Et là on est loin, très loin de l’actualité malheureuse. 

Le curling… avant, j’en avais une idée très vague… et je l’avoue quelque peu méprisante. 

Un sport, ça ? des femmes ou hommes qui lancent une sorte soupière sur de la glace, elle glisse forcément, et devant, deux personnes qui frottent la glace de manière hystérique avec des sortes de balais-brosses.

Et là on se demande : Mais comment devient-on curlinger ? Et qui a pu avoir l’idée de ce sport ? Et est-ce vraiment un sport ? Que faut-il pour développer les qualités physiques pour devenir un champion de cette discipline ? Faut-il être le gagnant d’une sorte de Top chef version technicien de surface ? Faut-il s’entrainer au lancée de soupière ? 

Eh ! bien tout ceci n’est que médisance. 

Et je l’ai appris en regardant l’épreuve de curling où s’affrontaient Suisses et Canadiens. 

Est-ce la réalisation, avec des images par le haut, et différents angles qui rendaient haletant le suivi de la progression de la pierre (oui, ce sont des pierres pas de soupières que l’on fait glisser), ou bien les plans montrant l’effort des balayeurs, ou encore les commentaires qui expliquaient les stratégies du lanceur, le coup de la « pêche », le sens des efforts des balayeurs, et les enjeux de la partie ? 

Toujours est-il que l’on découvre que le curling est un beau sport, un jeu d’équipe alliant force, précision et stratégie. Et l’on apprend que ce peut être dangereux, un des champions présents s’était même fait, il y a quelques années, un traumatisme crânien en chutant sur la glace. Et qu’il y a 500 000 pratiquants de curling au Canada, où c’est le deuxième sport derrière le hockey.

Et l’on en ressort moins bête.

Et ça, ça détend. 

D’autant que ce sont les Suisses qui ont gagné. Et ça, ça donne envie de yodler : yo-hol-di-o-u-ri-a! Je dis ça, mais j’aurais été tout aussi content si ça avait été les canadiens… ou les allemands ou les jamaïcains.

Et l’on oublie quelques instants, la Chine, les Ouigours, le climat, la pandémie, la campagne pour les Présidentielles, etc, etc…

Et ça détend.

Ministre de l’éducation et éducation à la communication: La tentation d’Ibiza

C’est vrai que ça la fout mal. 

Envoyer les consignes pour la rentrée scolaire depuis Ibiza, c’était plus qu’un peu une erreur. C’est une faute, stupide. 

Sur le fond, que le ministre soit à Ibiza ou à Saint-Germain-des-Prés, aucune importance, si ce n’est l’image, le symbole. Or le symbole, ce n’est pas sans importance.

Évidemment nous avons toujours tendance à penser qu’en France nos dirigeants sont les pires et qu’ailleurs ce serait mieux. 

Mais prenez nos « amis » anglais (c’est comme pour les Allemands, toujours mettre le mot amis entre parenthèses quand on parle des Anglais … C’est de l’humour, je blague, j’adore les Anglais, surtout quand ils sont … écossais), le premier Ministre Boris Johnson semble être complètement en roue libre. Au moment où tous les sujets de sa Gracieuse Majesté, jusqu’à sa gracieuse elle-même, étaient confinés, c’était garden partyet soirée mousse. J’exagère encore : ni Guetta ni Kunz n’ont mixé au 10 Downing street. 

Boris Johnson a beau présenter ses excuses, il pourrait bien être victime d’un coup de Jarnac. 

Rien à voir avec l’ancien président François Mitterrand qui est enterré dans cette riche petite ville charentaise, mais, en anglais dans le texte, de treachery ou bretrayal. Bref de traitrise, d’un coup venu de son propre camp conservateur. Gardez-moi de mes amis…

Mais revenons à notre ministre, on se dit : N’y-a-t-il personne au ministère de l’éducation pour émettre des warnings ? Des conseils genre : Non, Jean-Michel, pas d’annonces ministérielles depuis les soirées bitch. Moi, ce conseil, je le donne gratos. 

D’autant plus qu’il y a chez nous un précédent : Celui du ministre de la Santé Jean-François Mattei au moment de la canicule de 2003, qui donna, bronzé, en chemisette, une interview, depuis le jardin de sa maison sur la côte d’Azur. 

Ce scientifique respecté ne survécut pas à l’image désastreuse envoyée à cette occasion.

En matière de communication, les conseillers préfèrent s’abriter derrière des algorithmes plutôt que derrière le bon sens. Or le bon sens indiquait clairement qu’alors que Jean-Michel Blanquer s’apprêtait à annoncer des protocoles d’ouverture et de fermeture des écoles aussi simples qu’une usine à gaz, il fallait envoyer une image de travail, d’empathie. Il fallait communiquer depuis son ministère. Et tant pis si pour cela, il fallait écourter les vacances. 

Il aurait fallu résister à la tentation d’Ibiza.

Covid19-media : la complaisance au catastrophisme.

Comme au temps due Roger Gicquel, COVID19 : la France a peur.

C’est vieux comme le premier cours dans une école de journalisme : On ne s’intéresse qu’aux trains qui n’arrivent pas à l’heure. 

Ou bien encore : « Un chien qui mord un évêque, ce n’est pas une info. Mais un évêque qui mord, ça c’est une info ». 

Cette règle s’applique évidemment aujourd’hui à la pandémie. La peur fait vendre. 

Là aussi – école de journalisme – Roger Gicquel en février 1976 ouvrait le journal télévisé de TF1 avec cette phrase « la France a peur ». En fait il voulait dire le contraire, c’est-à-dire : la peur d’un assassin d’enfant pouvait conduire à des actes et des peurs irrationnels. 

Mais aujourd’hui c’est au premier degré que nos médias choisissent leur vocabulaire anxiogène. 

Le choix des mots (maux ?) est très important ; dans les titres, dans les bandeaux qui accompagnent et donnent le ton des innombrables émissions de débats, de gloses qui ont progressivement pris la place des émissions d’information. 

Pour Omicron, on parle de déferlante, de tsunami pour rester dans le vocabulaire des catastrophes naturelles. Pour les ministres du gouvernement qui sont « cas contact » ou « positif », on parle d’hécatombe

Pour rendre compte des chiffres des tests positifs, on va parler de record historique, telle chaine info va titrer « 1 million de contaminés : un pic jamais atteint ». Etc…

Et puis il est bluffant, de voir, d’entendre tel ou telle confrère-sœur spécialiste jusque-là d’économie, de défense, de politique européenne etc. …devenir épidémiologiste, virologue ou réanimateur. C’en est fini de la prudence. La place est rarement au doute, il faut que ça saigne. 

Certes il existe quelques éclaircies dans ce paysage assez sombre. 

Par exemple, quand le philosophe et physicien Etienne Klein, est interrogé par David Pujadas, à l’occasion de la sortie de son livre « Le goût du vrai » : 

« Les chercheurs cherchent, et ils ne connaissent pas les réponses aux questions qui se posent (sinon, ils ne chercheraient pas !). Mais on les interroge. 

S’ils disent « je ne sais pas », ce qui serait honnête, ils seraient médiatiquement débordés par des gens en sachant moins qu’eux mais plus sûrs d’eux. (…) 

Les gens parlent au-delà de ce qu’ils savent avec une assurance qui est proportionnelle à leur incompétence. 

Or pour savoir qu’on est incompétent, il faut être compétent. »

Peut-être manque-t-il à nos media, à nos confrères l’expérience de terrain, la confrontation avec la réalité celle de la misère, des guerres, des souffrances et des vrais drames, qui avec le temps, rend plus humble, moins péremptoire.

« La tentation la plus grande c’est la tristesse. La complaisance à la tristesse, c’est le mal moral » écrivait le philosophe Paul Ricœur. 

Un mal sans doute plus grave que la pandémie qui – aussi sérieuse et mortelle soit-elle- n’est pas, rappelons-le, la nouvelle grande peste noire.

Présidentielles 2022 : Après le variant Omicron, l’invariant Macron ?

Vous n’allez pas me dire que ce n’est pas un coup monté ? 

A peine la course à l’Élysée s’ouvre-t-elle, à peine les candidats commencent-ils à s’aligner sur la ligne de départ ; les primaires succèdent aux conventions ; les débats succèdent aux meetings ; les vraies questions sont enfin abordées ( ? ). Et puis, vlan, ping, bang, plouf (je ne sais pas quelle onomatopée choisir, mais vous avez compris l’idée) voilà que se pointe un nouveau variant. 

L’heure est à la panique, au re-confinement, aux re-fermetures des frontières, histoire de montrer à son peuple que derrière nos lignes Maginot, il peut dormir tranquille. Et qu’importe, si les premières études montrent qu’Omicron ne serait pas très grave…

C’est reparti pour les mêmes points presse des très gothiques Véran et Salomon, aussi gais qu’un show de Mylène Farmer ou de la famille Adams, qui égrènent le décompte des contaminations et des décès. 

Et nos chroniqueurs ne savent plus où donner de la tête, entre la politique ou la covid. Un spécialiste de la V° République fait-il un bon épidémiologiste ? Ou l’inverse ? Ce n’est pas sûr, mais cela ne les arrête pas. 

Toujours est-il que le nouveau variant « casse » un peu les annonces de celles et ceux qui croyaient leur heure politique arrivée. 

Un signe, une preuve : ce nom : omicron, habile déformation de Oh ! Macron

Parce qu’en fait ce variant qu’est-ce qu’il est ? Il est sud-africain. 

Mais comme il n’est plus politiquement correct de stigmatiser le virus chinois, le variant anglais, le variant indien, le big pharma utilise des noms qui paraissent neutres. Qui paraissent…

Car, chaque fois que l’on parle du nouveau variant, omicron, nous entendons Macron, et de manière subliminale, nous nous conditionnons à voter (re-voter ?) pour lui. Habile, le big pharma. 

Regrettons peut-être que nous n’ayons pas été capables de produire un variant français, on aurait pu l’appeler le napolé-on. Remarquez entre Pasteur et Sanofi, nous n’avons pas non plus été capables de produire un vaccin.

À défaut, réjouissons-nous : la production de Doliprane va être relocalisée chez nous ! Cocorico : La reconquête est en marche. 

11 novembre, Mont-Valérien, affiche rouge : Le souvenir de ces étrangers dont à prononcer le nom est difficile.

Les 11 novembre font partie de ces moments de commémoration où est ravivée la mémoire de celles et ceux qui sont morts pour la France. 

Morts pour la France, cela sonne un peu désuet, un peu pompeux. 

Pourtant, cela signifie morts pour notre liberté, pour nous permettre d’être ce que nous sommes aujourd’hui : Un pays certes imparfait, déprimé nous dit-on, insatisfait – l’herbe serait plus verte ailleurs – où les inégalités sont encore criantes, et pourtant, un pays libre, une démocratie où il fait plutôt bon vivre, une exception dans ce monde de brutes.

Ce 11 novembre a une connotation particulière avec l’inhumation du dernier compagnon de la libération Hubert Germain au Mont Valérien. 

Cette colline qui surplombe l’ouest de Paris avait été choisie pendant la première guerre mondiale pour y implanter la première batterie de défense anti-aérienne. C’est le colonel Camille Mortenol qui en avait été chargé. Mortenol, fils d’esclaves guadeloupéens, brillantissime mathématicien, est le premier noir à intégrer l’école Polytechnique en en 1880.

Après la seconde guerre mondiale, c’est le Mont Valérien qui est choisi pour accueillir le mémorial de la France combattante. Dans la crypte, une inscription qui se termine par ces mots : « Pour que le France vive ».

Hubert Germain était le dernier compagnon de l’ordre de la Libération, créé par le général de Gaulle. Un ordre qui ne compte que 1 061 compagnons.

Le guyanais Félix Éboué en fût l’un des premiers parce qu’il avait été l’un des premiers à rallier le général De Gaulle, faisant basculer le Tchad, dont il était gouverneur, puis l’Afrique équatoriale française du côté de la France libre. Il donnait ainsi au Général De Gaulle de la crédibilité et des troupes en recrutant des soldats africains. Mort en 1944, Félix Éboué fut inhumé en 1949 au Panthéon, premier noir à rejoindre ainsi « Aux grands hommes la Patrie reconnaissante ».

Le Mont Valérien fût aussi le lieu d’exécution de nombreux résistants arrêtés par les allemands. 

Parmi eux, 23 membres des Francs-Tireurs et Partisans – Main-d’Œuvre Immigrée (FTP-MOI), exécutés en février 1944. 

Pour les présenter comme « une armée du crime » de « terroristes juifs ou étrangers », la propagande allemande avait placardé des affiches rouges avec leurs noms, aux consonances étrangères. 

En leur mémoire Louis Aragon a écrit « Les strophes pour se souvenir », un poème superbement mis ensuite en musique et chanté par Léo Ferré.

« Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes 

Noirs de barbe et de nuits hirsutes menaçants 

L’affiche qui semblait une tache de sang 

Parce qu’à prononcer vos noms sont difficiles 

Y cherchait un effet de peur sur les passants

Nul ne semblait vous voir français de préférence.

(…)

Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent 

Vingt et trois qui donnaient leur coeur avant le temps 

Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant 

Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir 

Vingt et trois qui criaient la France en s’abattant ».

De tous ces étrangers et nos frères pourtant, nous sommes redevables. 

Quelque soient nos peurs dans ce monde incertain, ne l’oublions jamais.

9 novembre 1989: Il y a des jours comme ça où il ne se passe rien et où pourtant tout arrive.

Il y a des matins comme ça, qui n’ont rien de spéciaux. 

La journée ne sera ni belle, ni moche, l’hiver est là, mais le froid n’est pas encore mordant. C’est plutôt brouillasseux.

Écouter les infos, faire le point des interviews à organiser, du reportage à tourner ; Appeler la rédaction pour proposer un sujet. 

Tiens, une invitation : une conférence de presse à laquelle nous sommes conviés. Encore une conférence officielle, soporifique, où on va s’emm… grave. Au moins, on croisera des confrères, cela permettra d’échanger. 
La ville est encore enveloppée d’un brouillard jaunâtre peu engageant, dans la rue des passants passent. 

Il y a des matins comme ça où rien n’est annoncé, et où rien ne s’annonce.

Départ pour notre premier rendez-vous : un sujet sur les travailleurs immigrés employés sur un chantier du centre de la capitale. 

Puis d’autres rendez-vous.

Jusqu’au déjeuner, dans un restaurant d’un grand hôtel avec notre guide interprète. Au menu ce qui est présenté comme le top de la gastronomie locale : Des « vols au vent » (sic !), et du mousseux.

Puis encore un tournage sur un chantier : Le gouvernement a mis les bouchées doubles pour reconstruire cette église emblématique de la capitale. 

Sur le chemin du retour à l’hôtel où nous avons installé nos moyens de montage, confortablement assis dans notre grosse Benz capitaliste, nous écoutons les hits du moment : Udo Lindenberg : Horizont,  Nina Hagen.

J’adore Nina Hagen. Je l’ai croisée quelque fois à l’aéroport, elle était toujours stupéfiante, traversant la foule comme une déesse, perchée sur des talons de 30 cm, les cheveux rouges en pétard, précédée de ses deux petits chiens en laisse. Une artiste inclassable dans une société plutôt conformiste et conventionnelle. 

Oui parce qu’on est à Berlin. Le 9 novembre 1989. 

Et rien ne semble devoir arriver.

Il est près de 17 heures. Il faut aller à la conférence de presse. Le centre de Presse internationale IPZ est à 2 pas de l’hôtel, à quelques mètres du mur, côté est. Pardon ! côté DDR: République démocratique allemande. Ici on ne parle pas de rideau de fer mais de « mur de protection antifasciste ». 

Les passants, souvent des fonctionnaires, hâtent le pas pour rentrer chez eux, souvent loin en banlieue. Le centre de Berlin-Est, l’ancien cœur de Berlin, très détruit par la guerre, très mal reconstruit ensuite, sert de vitrine au régime communiste. Il y a installé les principaux symboles de son pouvoir. Le soir, en dehors de quelques théâtres et de l’Opéra, c’est mort.

Il est 18 heures. Gunter Schabovski, porte-parole du comité central du parti, lit un texte. Rien de très de nouveau.  

Certes, depuis plusieurs semaines, il y a bien eu quelques changements ; Mais dans la continuité. 

Gorbatschov était venu en septembre à Berlin-Est pour le 40 ème anniversaire de la RDA. Il y avait été accueilli en rock star par la population. Ce n’était ni prévu, ni organisé. 

Pourtant, c’est bien lui qui fait souffler sur tous les pays de l’Est, URSS en tête, le vent du changement, de l’ouverture. Et après avoir embrassé sur la bouche, comme c’était la tradition entre partis frères, le vieux Erich Honecker, il fait bien comprendre qu’il serait temps de le mettre au placard. 

2 jours après c’était fait. 

Bien sûr, depuis des mois déjà, les allemands de l’est tentaient par milliers de passer à l’ouest. 

Bien sûr, tous les Lundis, des manifestations réclamant la liberté de voyager se déroulaient autour de l’église Saint-Nicolas à Leipzig, à 200 kilomètres de Berlin-Est. 

Bien sûr…

Mais de là à imaginer…

« L’Allemagne n’intéresse plus personne » m’avait prévenu un des dirigeants de ma rédaction, faisant écho à un « L’Allemagne est un pays has been », assené par un directeur du Trésor français, quelques mois auparavant. Des hommes clairvoyants !

Il est 18 h 30, la conférence de presse s’achève. 

Schabowski s’est levé et là, un confrère italien lui pose la question : « Et pour la liberté de voyager, allez-vous l’assouplir ? ». Schabowski cherche dans ses papiers, hésite, et puis laisse tomber quelque chose comme : « Oui on va autoriser les citoyens à voyager ». A partir de quand ? ce soir ? Minuit ? 

C’est confus, on se demande entre confrères : Tu as compris quoi ? Ils vont organiser ça comment ? 

A la télé officielle rien, pas d’annonce. Les rares passants dans la rue ne sont pas au courant, et nous prennent même pour des provocateurs. 

Il faut attendre que la télévision ouest-allemande très suivie à l’Est, annonce : « Le mur devrait ouvrir cette nuit. »

Les berlinois de l’Est commencent à se dire : Si ARD ou ZDF l’annoncent, c’est que c’est peut-être vrai. 

Tout va aller ensuite très vite. Par petits groupes, les berlinois s’approchent des check-points – il y en 4 : 4 passages entre les 2 parties de la ville. 

Les gardes et les militaires sont inquiets, nerveux, ils téléphonent et puis. ..

Et puis, ils commencent à laisser passer, mais toujours en contrôlant.

Et puis les petits groupes deviennent une foule immense, 

Et puis, plus de contrôle: C’est une foule compacte, le métro aux heures de pointe, qui circule maintenant entre Est et Ouest. 

Et puis.

Et puis les cloches de Berlin Ouest se mettent à sonner, les bars rouvrent et offrent des tournées gratuites.

Et puis on s’embrasse, on pleure, on offre des fleurs ou une bière aux gardes-frontières. Pas une once de violence, de nationalisme. Simplement, la joie de sentir ce que peut être la liberté, le sentiment de découvrir brusquement, que cette partie  de l’Europe de l’autre côté du mur était une partie de nous-mêmes, qui nous était si proche, et pourtant pratiquement inaccessible pendant 40 ans. 

Dans une vie de reporter, il y a des moments glauques : les escadrons de la mort et les dictatures en Amérique latine, les tueries en Haïti, le siège de Sarajevo et la guerre civile en Yougoslavie

Mais il y a parfois des moments, rares, de grande joie : La chute de Duvalier en Haïti, la révolution de velours en Tchécoslovaquie. 

Et puis donc, le mur de Berlin. 

Ces moments de grâce ne durent pas hélas. 

Mais chaque 9 novembre, je ne peux m’empêcher de penser avec beaucoup d’émotion à cette nuit à Berlin. 

Pas seulement le sentiment d’avoir vécu un moment « historique ». Mais surtout d’avoir pu ressentir physiquement ce qu’était la Liberté. Et ce cadeau rare et fragile de vivre dans un pays libre. 

Et puis ce regret : N’avoir pas su transmettre ce souvenir aux générations actuelles. 

Le rideau de fer : Certains aujourd’hui pensent que c’était une plaisanterie et qu’il y en avait toujours qui arrivait à passer. 

La dictature : Certains pensent qu’un petit coup de régime autoritaire, cela ne nous ferait pas de mal. 

La liberté de circulation ? L’heure est à la construction. demeures partout ...Vous avez vu ces hordes qui se préparent à nous envahir ? Triste ironie de l’Histoire: La Hongrie qui avait été la première à démanteler le mur qui la séparait de l’Autriche, est l’une des premières à reconstruire des murs avec ses voisins du Sud et de l’Est.

N’avons-nous donc rien appris ? 

Le 9 novembre 1989 est un souvenir heureux, mais qui fait remonter également le souvenir de la division de l’Allemagne, de la dictature communiste à l’Est , et de la guerre voulue et déclenchée par les nazis. 

Le 9 novembre est aussi un autre anniversaire. Celui des pogroms anti-juifs, de la nuit de cristal en 1938. La plongée de tout un pays dans l’abomination.

Les allemands se confrontent en permanence avec l’Histoire. 

Cette « Vergangenheitsbewältigung » , cette confrontation avec l’Histoire structure leur vie politique, leur Justice, leur éducation, leur société. Elle leur donne une certaine prudence à l’égard des bonimenteurs et des démagos. 

Nous devrions en prendre de la graine. 

« Rien ne vaut Rien Il ne se passe rien Et cependant tout arrive, Et c’est indifférent » écrivait Frédéric Nietzsche,

une phrase mise en exergue d’un de ses livres par le général De Gaulle.

Fermez les yeux c’est affreux c’est Lyon. Le naufrage de la gare de la Part-Dieu.

« Fermez les yeux c’est affreux c’est Lyon », c’était le cri d’Alphonse Daudet à ses enfants quand sur la route de la Provence, ils arrivaient à Lyon en chemin de fer. 

C’était un peu injuste. 

Mais aujourd’hui, rien n’a changé. Et c’est même pire. 

Arriver en gare de Lyon Part-Dieu est une expérience sans équivalent en France. 

Des passagers qui débarquent par TGV entiers, obligés de se croiser sur des quais non protégés ouverts à tous les vents ou toutes les chaleurs (oui, c’est vrai que dans la vallée du Rhône, il n’y a pas de vents -LOL-), pour s’engouffrer dans des boyaux d’escaliers ou d’escalators trop étroits, tentant ensuite de trouver leur voie ou la sortie dans des sous-sols oppressants. Mais qui a pu con-cevoir un tel instrument de torture ? 

Il ne s’agit que de la gare de la seconde ville – pardon : de la seconde métropole – de France, du point de rencontre et de croisement nord-sud et est-ouest le plus important d’Europe. 

Tout y a été pensé trop petit, trop étriqué. Ah ! c’est sûr, on se rend tout de suite compte qu’on n’est pas à Paris, qu’on est en province : on a fait à l’économie. Mais une économie qui coûte et coûtera chère, in fine. 

Car il faut sans cesse essayer d’agrandir, de moderniser. Ce sont les chantiers actuels. On détruit ce qui a été construit il y a 30 ans, on reconstruit mais tout en rajoutant une tour de 100 mètres collée à la gare, une tour qui ne ressemble à… à rien. 

Et ce n’est pas en rajoutant 2 quais de plus que le problème sera résolu, puisque le problème est la conception d’origine de la gare, sous-dimensionnée, dépassée. 

C’est d’autant plus écœurant, que la Part-Dieu était une chance unique. Construite à partir de rien, sur un terrain vierge, une caserne désaffectée située à la charnière entre Lyon et Villeurbanne. L’implantation était idéale, l’espace était là. Ensuite ?

Ensuite, désastre, parlez-moi du désastre, parlez-m’en.

Les édiles lyonnais et régionaux, les administrations, les équipes de la SNCF, sont entrés en jeu. Et non seulement ils ont décidé d’un projet sous-dimensionné, mais en plus, d’un bâtiment affreux, moche, sans aucun geste architectural.

Construire une belle gare, ou un bel édifice public, ne relève pas du caprice ou du luxe. On construit pour 100 ans, voire plus. Une grande gare doit non seulement être pratique avec des espaces généreux, mais parce qu’elle est la porte d’entrée, la première impression de tous les visiteurs, elle doit être « belle ». Elle doit concilier ingénierie, urbanisme et architecture. 

À la Part-Dieu rien de tout ça. La gare donne surtout envie… de repartir vite.

D’aller à Turin par exemple, où l’extension de la gare ancienne est une réussite, ou bien à Strasbourg qui a fait la même opération. Ou à Nantes où le nouvel espace de la gare signé Rudy Ricciotti offre transparence et vues spectaculaires sur la ville. 

Et puis cherchez l’erreur : à 20 kilomètres de la Part-Dieu, la gare TGV de l’aéroport de Lyon, est l’œuvre de l’architecte Santiago Calatrava, qui a signé là un de ses plus beaux bâtiments. Posé comme un papillon avec un toit en forme d’ailes, le bâtiment annonce la Ciutat de les arts de Valence ou l’Oculus, la spectaculaire gare du World Trade Center de New York. 

On nous promet que dans quelques années, abracadabra, les travaux actuels vont tout changer. Avec des espaces qui vont réinventer les traboules lyonnaises (?) et puis surtout collée à la gare, la tour To-Lyon, 170 mètres, la plus haute de la ville et qui ressemble à … un monolithe noir. 

Ça va être d’une gaieté folle et tout à fait raccord avec la tradition architecturale lyonnaise, qui empreinte le rose, l’ocre, le terre de Sienne, à l’Italie voisine.

Le pire c’est que finalement à Lyon, personne ne s’insurge. Comme si c’était une fatalité. Parce qu’on est en province ( ?)

Et l’on a envie de s’écrier avec Alphonse Daudet : Fermez les yeux, c’est affreux, c’est, non pas Lyon qui est une fort belle ville, mais Lyon Part-Dieu.

Bas les masques …

Je ne vais pas vous mentir : je déteste les masques. 

Attention, pas tous les masques ; pas les masques de carnaval par exemple. Participer à un « vidé » dans un carnaval guyanais, déguisé en touloulou Sousouri ou Zonbibaréyo est assez jouissif. Défiler dans les rues sans être reconnu, travestir sa voix, s’affranchir du regard des autres, une fois par an.

Non, je veux parler de ces masques anti-covid dont le port obligatoire recule progressivement. Certes, j’en approuve et j’en comprends la nécessité sanitaire mais le prix à payer a été lourd.

Impossible de voir les expressions du visage. Votre interlocuteur est-il fâché ? A-t-il compris que vous plaisantiez ? Si les yeux sont, dit-on, le miroir de l’âme, la bouche, l’ensemble du visage traduisent les émotions. Si les sourds et malentendants arrivent à lire sur les lèvres, c’est bien parce que nos lèvres « parlent » tout autant que nos cordes vocales.

Et puis, il y a la bise. Certains n’aiment pas cette coutume, covid ou pas. 

J’appartiens à ceux qui pratiquent cette forme de salutations. Entre membres d’une même famille, entre amis, c’est un signe de reconnaissance, d’appartenance. Deux, trois, voire quatre, « claquer la bise » fait partie de notre culture, comme pour le monde hispanique, l’ »abrazo », l’accolade.

Et puis franchement, le masque même customisé, même à fleurs, c’est moche. Cela nous fait des têtes de souris, des groins de porc. Nos paroles sont étouffées. Le masqué a-t-il quelque chose à cacher ? 

Les masques tombent et c’est tant mieux. 

Sauf que tout ce que nous redécouvrons n’est pas forcément joli, joli.

D’abord la crise sanitaire n’a pas révélé, sauf exception, une propension à la solidarité. Derrière les masques, nous nous sommes repliés sur notre petit moi. La peur du covid s’est transformée en peur des autres, plus que jamais, l’enfer c’est les autres.

Et puis quand on voit de certaines bouches sortir certains propos, on se demande si le port du masque n’avait pas quelque chose de bon.

L’Allemagne, cette inconnue.

Il y a bien longtemps que j’ai abandonné l’espoir d’expliquer l’Allemagne et encore plus de faire aimer l’Allemagne, les Allemands et l’allemand à nous français. 

Cela commence par la langue, la langue de Goethe comme on dit. Évidemment, plus personne en France n’a lu un vers, une ligne de ce poète qui est à la culture allemande ce que Shakespeare est à l’anglais ou Racine+Corneille+Chateaubriand sont au français. 

Ah ! Oui, peut-être pour certains : Wer reitet so spät durch Nacht und Wind …. Etc, etc… le début du « Roi des Aulnes », sur lequel beaucoup de lycéens français ont souffert, en maudissant des parents qui voulaient qu’ils fassent « allemand seconde langue », parce que ça permettait d’être dans les meilleures classes. 

Et puis, l’allemand serait une langue rauque. Alors qu’elle avait été pendant des siècles la langue des opéras, de la musique, de la musique classique.

Sa structure, sa logique même, nous sont très étrangères. Cette manière de construire les phrases, les mots à l’envers… De dire un et vingt, au lieu de vingt et un … Ou d’accoler des racines de mots pour former de nouveaux mots à rallonge. 

Comme ce mot le plus long, qui concerne la loi sur l’étiquetage de la viande bovine : “Rindfleischetikettierungsueberwachungsaufgabenuebertragungsgesetz”, qui d’ailleurs a été supprimé, les plaisanteries les plus courtes étant les meilleures. 

La langue et la culture allemandes ne sont que des exemples d’une ignorance beaucoup plus crasse : L’Allemagne est notre premier partenaire, jamais nos deux pays n’ont été autant liés, et pourtant…Jamais les allemands ne nous ont été aussi inconnus. 

Pas de haine, pire : pas d‘amour, ni d’intérêt.

Ce n’est pas vrai dans l’autre sens. 

Même si les allemands ont tendance à nous folkloriser, style béret basque et baguette sous le bras, beaucoup aiment notre pays, notre langue, notre mode de vie. Dans les affaires, ils admirent notre sens de l’improvisation, à défaut d’avoir comme eux le sens de la concertation et de l’organisation. 

Et ils sont souvent consternés lorsque sans crier gare on leur renvoie à la figure Hitler et les nazis. 

Les allemands aujourd’hui sont, dans leur immense majorité, très au courant et très conscients de ce qu’a été la faute de leur pays qui a commis sous Hitler les pires crimes que notre continent ait pu produire. 

Ils sont très conscients du danger du populisme, des dérives du nationalisme, de la fragilité de la démocratie.

C’est pour cela que les extrêmes n’y font pas de vieux os. 

On verra ce qui sortira des urnes, mais apparemment la poussée de l’extrême-droite a fait long feu. Dépassera-t-elle 10 % ? Quand on compare avec les scores du RN et autres chez nous, nous n’avons pas de leçon de démocratie à donner aux allemands. 

C’est même le contraire. 

Mais pour cela il faudrait que nos confrères et nos hommes politiques qui vont se répandre pour commenter les élections allemandes, prennent le temps de connaître l’Allemagne et de ne pas ressortir les mêmes clichés : Bismarck, Hitler, une Europe sous domination allemande…

Par exemple en apprenant le poème de l’enfance de Peter Handke : « Als das Kind Kind wahr, wusste es nicht, das es Kind war. ».

Où il est question d’innocence, de l’innocence de l’enfance que l’on perd en grandissant.

Non, je n’ai pas regardé !

Non, hier soir, je n’ai pas regardé.

Bien sûr, l’affiche était alléchante.

Vous vous rendez-compte : Réunis pour le dernier débat télévisé avant les élections allemandes : Olaf Scholz, Armin Laschet, Annalena Baerbock, Christian Lindner, Alice Weidel,Janine Wissler et Markus Söder. : Waou ! Du lourd, du lourd, du lourd ! 

Ces élections vont choisir la successeuseuse/eur de la chancelière Angela Merkel, et auront donc des conséquences aussi pour nous : qui sera notre colocataire européen pour les 5 ans qui viennent ?  

Pourtant, je n’ai pas regardé parce qu’un tel débat animé, non, pardon « modéré » comme on dit en allemand par Tina Hassel et Théo Koll, d’ARD et ZDF, s’annonçait aussi fun qu’un épisode de « Derrick » ou de « Un cas pour deux ».

Je plaisante. En fait, je n’ai pas regardé parce que je n’en attendais pas grand-chose : « Quand tout le monde parle, personne ne dit rien », résume l’hebdomadaire Der Spiegel. 

On ne sait toujours pas qui va gagner. Sans doute encore une fois, une coalition, peut-être même à 3. Une seule chose est sûre : Les extrêmes n’en feront pas partie et semblent même en baisse. 

Je n’ai pas non plus regardé le débat vert-vert. Jadot-Rousseau, Rousseau-Jadot. J’ai l’impression que les jeux sont déjà faits et que le gagnant sera …une gagnante. C’est ce qu’on dit en tout cas.

Je n’ai pas non plus regardé la très alléchante affiche proposée par France 2 : 2 heures avec Valérie Pécresse, à un moment, opposée à Gérald Darmanin. Du lourd, du lourd, du lourd. De quoi avoir envie de zapper sur ARD ou ZDF… 

Mais on me dit qu’il y a eu un autre débat. Sur une chaîne d’info. 

Je ne l’ai pas regardé non plus. J’ai résisté à la tentation du voyeurisme. Vous savez cette inclinaison qui nous pousse à ralentir sur l’autoroute quand il y a un accident. Tout en s’écriant « Oh ! c’est affreux, je ne veux pas regarder », on se délecte du sang qui coule ou des blessures ouvertes. 

Ce voyeurisme existe aussi en politique. Tout en disant : « Non, non, je ne veux pas regarder », la perspective de clashs sanglants nous fait lécher nos babines. Or, nul n’était besoin de regarder le show, plus que le débat, entre un histrion et un bateleur qui n’ont aucune chance d’être élus Président de la République. Le résultat en était connu d’avance. 

Chacun a convaincu ceux qui étaient déjà convaincus. 

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