Les 11 novembre font partie de ces moments de commémoration où est ravivée la mémoire de celles et ceux qui sont morts pour la France. 

Morts pour la France, cela sonne un peu désuet, un peu pompeux. 

Pourtant, cela signifie morts pour notre liberté, pour nous permettre d’être ce que nous sommes aujourd’hui : Un pays certes imparfait, déprimé nous dit-on, insatisfait – l’herbe serait plus verte ailleurs – où les inégalités sont encore criantes, et pourtant, un pays libre, une démocratie où il fait plutôt bon vivre, une exception dans ce monde de brutes.

Ce 11 novembre a une connotation particulière avec l’inhumation du dernier compagnon de la libération Hubert Germain au Mont Valérien. 

Cette colline qui surplombe l’ouest de Paris avait été choisie pendant la première guerre mondiale pour y implanter la première batterie de défense anti-aérienne. C’est le colonel Camille Mortenol qui en avait été chargé. Mortenol, fils d’esclaves guadeloupéens, brillantissime mathématicien, est le premier noir à intégrer l’école Polytechnique en en 1880.

Après la seconde guerre mondiale, c’est le Mont Valérien qui est choisi pour accueillir le mémorial de la France combattante. Dans la crypte, une inscription qui se termine par ces mots : « Pour que le France vive ».

Hubert Germain était le dernier compagnon de l’ordre de la Libération, créé par le général de Gaulle. Un ordre qui ne compte que 1 061 compagnons.

Le guyanais Félix Éboué en fût l’un des premiers parce qu’il avait été l’un des premiers à rallier le général De Gaulle, faisant basculer le Tchad, dont il était gouverneur, puis l’Afrique équatoriale française du côté de la France libre. Il donnait ainsi au Général De Gaulle de la crédibilité et des troupes en recrutant des soldats africains. Mort en 1944, Félix Éboué fut inhumé en 1949 au Panthéon, premier noir à rejoindre ainsi « Aux grands hommes la Patrie reconnaissante ».

Le Mont Valérien fût aussi le lieu d’exécution de nombreux résistants arrêtés par les allemands. 

Parmi eux, 23 membres des Francs-Tireurs et Partisans – Main-d’Œuvre Immigrée (FTP-MOI), exécutés en février 1944. 

Pour les présenter comme « une armée du crime » de « terroristes juifs ou étrangers », la propagande allemande avait placardé des affiches rouges avec leurs noms, aux consonances étrangères. 

En leur mémoire Louis Aragon a écrit « Les strophes pour se souvenir », un poème superbement mis ensuite en musique et chanté par Léo Ferré.

« Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes 

Noirs de barbe et de nuits hirsutes menaçants 

L’affiche qui semblait une tache de sang 

Parce qu’à prononcer vos noms sont difficiles 

Y cherchait un effet de peur sur les passants

Nul ne semblait vous voir français de préférence.

(…)

Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent 

Vingt et trois qui donnaient leur coeur avant le temps 

Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant 

Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir 

Vingt et trois qui criaient la France en s’abattant ».

De tous ces étrangers et nos frères pourtant, nous sommes redevables. 

Quelque soient nos peurs dans ce monde incertain, ne l’oublions jamais.