BLOGODO

Le blog de Pierre M. Thivolet, journaliste

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Pourquoi Aya Nakamura n’est pas Rosalia ? Sans doute, parce que l’espagnol est une langue mondiale, contrairement au français.

Rosalia – Aya Nakamura.

Voilà deux chanteuses qui explosent sur la scène mondiale. 

Même génération, même mises en scènes vidéo, même goût pour piocher dans les rythmes dansants, salsa, reggaeton pour l’une, zouk, afro trap pour l’autre, et rap pour les 2. 

Et puis même actualité. 

Rosalia vient de terminer une tournée mondiale triomphale où les plus grandes stars américaines se sont bousculées pour des duos avec elle. Et elle vient de mettre le feu au dernier défilé Louis Vuitton à Paris. 

Aya Nakamura vient tout juste de sortir son dernier album DNK, qui s’annonce comme un énorme succès. La presse française applaudit déjà les centaines de millions d’écoute à venir. Et s’extasie quand, il y a quelques mois, en tournée à Paris, l’excellente Alicia Keyes invite Aya sur scène pour interpréter ensemble son tube Djadja.  

Mais la comparaison s’arrête là. 

D’abord parce que Rosalia danse, chante. Et elle a une vraie voix. 

C’est sans doute la même chose chez Aya, sauf que dans son dernier album DNK, il est difficile de s’en rendre compte

En effet, elle y use et abuse du vocoder et de l’autotune, qui sont un peu à la vraie voix, ce qu’un godemichet est à un vrai sexe. Il masque le manque de souffle, pallie les défauts, mais manque totalement de sensibilité.

Petit point culture technique :

Le vocodeur est un instrument inventé il y a un demi-siècle, pour réduire le « poids » des transmissions téléphoniques. C’est lui qui donne ces voix de robots que nous entendons partout. 

L’autotune est un logiciel informatique censé corriger les fausses notes. Mais détourné de son usage, il permet, j’exagère à peine, d’avoir la voix de Pavarotti ou de Whitney Houston (enfin presque).

De Booba à PNL, de nombreux artistes ne peuvent plus s’en passer. Ça donne ces voix métalliques, aseptisées, se ressemblant toutes.

Pas de ça ou presque chez Rosalia (prononcez Ro-sa-li-a). 

26 ans, un talent fou, elle est à la fois très espagnole et totalement latine. 

Après des études de musique en Catalogne, où elle est née, elle est allée apprendre le flamenco à Séville, puis a absorbé tous les rythmes venus de l’Amérique hispanophone, Cuba, Colombie, Porto-Rico. Elle passe d’un univers à l’autre avec une incroyable facilité, mais sans jamais abandonner son hispanité. Ses clips vidéo ne la mettent pas en scène, gros nichons et gros bonda gonflés par des prothèses, twerkant pour des machos bodybuildés, chaînes en or et bagouzes aux doigts qui lui susurrent « you’re my bitch ». 

Non, Rosalia se met en scène dans une station essence d’une banlieue espagnole, ou sur une plage avec des vacanciers Monsieur tout le monde.

Bien sûr elle peut-être aussi femme fatale (comme dans La fama) ou totalement déjantée comme dans le show Louis Vuitton avec Saoko ou quand elle interprète des bulerias(typiquement flamencas) tout en cuir, minijupe et bottes montantes.

Elle a percé dans toute l’Amérique Latine. Mais aussi, aux États-Unis. 

Et c’est ce qui fait la différence entre les artistes hispanophones et francophones. Ils sont chez eux aux États-Unis où l’espagnol est devenu la seconde langue. L’île de Porto-Rico leur sert souvent de porte d’entrée, et d’accès aux majors américaines. 

Cela se vérifie dans de nombreux domaines. Ainsi Penelope Cruz ou Antonio Banderas font des carrières américaines qu’aucune actrice française, même Marion Cotillard, ou français, même le formidable Omar Sy, ne font. 

Revenons à Aya Nakamura « l’artiste française la plus écoutée » dans le monde. La plupart de ses chansons sont en fait des histoires d’amour qui finissent mal en général ; On est loin des Rita Mitsouko. Tout est très fleur bleue, très mièvre. 

Ce qui est rassurant finalement : Les générations passent mais les ados d’aujourd’hui sont comme ceux d’hier, ils rêvent d’amour.

Côté rimes, avec des refrains comme dans « J’ai mal » : « Mon cœur crie à l’aide, c’est pour ça que je t’appelle / Offre-moi ta main, elle me servira d’attelle », on est loin de MC Solaar. 

Côté fond, on est loin de Rosalia qui dans « La Fama » chante : « La célébrité est un mauvais amant et elle ne t’aimera pas vraiment.

C’est trop traître et comme elle vient, elle s’en va ».

Avec Aya, pas de prise de tête.

Et au moment où, entre autres horreurs, l’on tire sur une synagogue en plein shabbat, et où aux États-Unis, un noir se fait battre à mort par des policiers alors qu’il appelle sa mère à l’aide et hurle « mother, mother », ce n’est peut-être pas plus mal.

Toutes les retraites ne sont pas de Russie…

Retraite, retraites. 

En français, déjà, le mot sonne mal. 

En allemand, « Rentner » évoque plutôt le « rentier », comme celui des romans de Balzac ; vivre de ses rentes, c’était plutôt flatteur, on pouvait même être un « beau parti ». La comparaison s’arrête là, en Allemagne, l’âge de la retraite est fixé à 67 ans, et les retraités allemands pour beaucoup ne roulent pas sur l’or…

En espagnol, « jubilado », évoque mais – attention aux faux amis- le jubilé, comme l’on dit (disait) : le « jubilé de la reine d’Angleterre », pompe et circonstances, ou encore la joie, la jubilation d’être payé à ne rien faire. En effet, le mot viendrait du latin « jubilar », qui signifie « pousser des cris de joie ». 

Est-ce pour cette raison – pousser des cris de joie – que le jour de la manif contre la réforme, Emmanuel Macron a effectué une visite officielle en Espagne chez le socialiste Pedro Sanchez ? 

Peut-être, car en Espagne, l’âge de départ à la retraite, 65 ans aujourd’hui, sera repoussé à 67 ans en 2027. 

L’Espagne voit sa population vieillir et même diminuer, comme le Japon, comme l’Italie, comme la Chine, La solution adoptée est donc de reculer l’âge de départ à la retraite. 

Mais attention, n’en tirez aucune conclusion sur ce que je peux penser de la réforme des retraites : eux, c’est eux, nous c’est nous. Leurs ancêtres n’ont pas pris la Bastille et n’ont pas écrit la Déclaration des Droits de l’Homme, non mais ! Et si ces peuples acceptent sans broncher la casse sociale, nous, non !

Et puis retraite, chez nous, ça n’évoque pas forcément des pages glorieuses de notre histoire… A commencer par celle de Russie ; la retraite. 

221 ans après, on en a froid, même en plein été, en pensant à tous ces pauvres malheureux soldats que la folie de Napoléon avait envoyés jusqu’à Moscou pour mourir gelé sur les bords de la Bérézina. On parle de plus d’1 million de soldats français morts, alors que la France avait deux fois moins d’habitants qu’aujourd’hui… Ça a ratiboisé les populations des villages de l’Auvergne jusqu’en Bretagne, et durablement freiné la démographie française, puisqu’il n’y eut ensuite presque plus d’hommes en âge de procréer. On dit merci qui ? 

Notons d’ailleurs qu’après avoir connu après les années 1950, 40 à 50 années glorieuses, la France prend également la voie du déclin démographique puisque le taux de natalité qui faisait la fierté de nos démographes est en train de s’effondrer. 

Tant mieux diront certaines et certains, qui pensent qu’avec le réchauffement climatique, la crise énergétique, les conflits en tout genre, no future, pourquoi faire des enfants ? 

Finalement, ils comptent sur les autres pour que les enfants des autres paient leurs retraites.

Alors faut-il reculer l’âge de départ ? Ou bien y-a-t-il d’autres solutions pour continuer à financer notre système de retraites. 

Et la pénibilité ? Prise en compte dit le gouvernement, injustices, disent les opposants. 

On comprend bien que le travail de caissière ou de maçon est physiquement plus éprouvant que celui de banquier ou de journaliste.

Mais dans 30 ans y-aura-t-il encore des caissières ? Et quel sera la pénibilité du travail d’un maçon ou d’un conducteur de métro ?  Y aura-t-il d’ailleurs encore des conducteurs de métro ? 

Chacun y va de son argument, balance des chiffres de casse sociale, d’autres de sauvetage du système.

Toutes les retraites n’étant pas de Russie, gouvernement ou/et oppositions doivent-ils battre en retraite pour que l’on arrive à un compromis ?

Évidemment, on est plus tenté par ceux qui ne souhaitent rien changer – parce que au moins on sait ce qu’on a – que par ceux qui nous demandent de nous projeter à 30 ans. 

Si dans 30 ans, on s’aperçoit qu’il n’y plus suffisamment d’actifs pour payer les pensions d’un nombre toujours plus importants de retraités, la plupart de celles et ceux qui nous disent que la solution c’est ceci ou au contraire cela, eh ! bien ils ne seront plus là, même si évidemment on leur souhaite de vivre centenaires et au-delà. 

Et alors nos enfants ou petits-enfants n’auront plus que leurs yeux pour pleurer. 

Ce qui est sûr c’est qu’en matière de retraite, les conseilleurs ne seront pas les payeurs. 

Argentine: quand je te reverrai, il n’y aura plus ni chagrin ni oubli.

Il est de bon ton, il est fairplay de se réjouir de la victoire de l’Argentine au mondial, de fêter le talent et le parcours sportif de Lionel Messi. La liesse populaire qui embrase Buenos Aires pour célébrer la 3 ème étoile de « l’albiceleste », l’équipe argentine nous emballe tous.

Nous nous réjouissons d’autant plus volontiers qu’il n’y a aucun contentieux ou presque entre l’Argentine et la France. 

Et même cocorico ! l’incarnation de l’âme argentine, ou plus exactement de l’âme « porteña », c’est-à-dire de Buenos Aires, est un français, ou presque, Charles Romuald Gardès. 

Né à Toulouse en 1890, il émigra à l’âge de deux ans en Argentine, emmené par sa mère, blanchisseuse. Il devint Carlos Gardel, au moins aussi cher au cœur des Argentins que Maradona ! 

Il est l’incarnation du tango, cette musique, cette danse, à la fois populaire et sophistiquée, sensuelle et nostalgique qui expriment tellement l’âme de ce pays d’immigrants.  

Son œuvre et sa voix sont classées Mémoire du monde de l’UNESCO depuis 2003. 

70 ans après sa mort dans un accident d’avion en Colombie, sa statue sur sa tombe au cimetière de la Chacarita est toujours honorée par des admirateurs qui viennent tous les jours renouveler et allumer la cigarette qu’il serre entre ses doigts.

Une fois qu’on a dit ça, il ne faudrait pas non plus qu’on soit gaga. 

Parce que l’Argentine fait partie de ces pays où le foot est vraiment l’opium du peuple, pour la plus grande tranquillité des élites, dont beaucoup ont le cœur certes en Argentine, mais avec un pied à Londres ( ou à Paris) et l’autre dans des banques américaines. 

Car depuis l’époque de Gardel justement, depuis les gouvernements populistes de Juan Perón, et de son épouse Évita, l’Argentine va de crise en crise.

En 2001, le pays a même fait faillite comme une vulgaire entreprise reprise par un investisseur prédateur, avec défaut de paiement de sa dette extérieure, blocage de tous les comptes bancaires. Les Argentins ne pouvaient plus retirer d’argent, ils n’étaient plus payés, avec une inflation à 3 chiffres et la non-convertibilité de la monnaie nationale. 

Cette faillite argentine devrait d’ailleurs être une leçon pour tous les pays qui se croient au-dessus des questions de remboursement de dettes : Oui, un grand pays peut faire faillite et ce sont alors les plus pauvres qui paient les pots cassés. 

Et aujourd’hui ? L’inflation est à plus de 100 % (7 – 8 % chez nous), il est quasi impossible d’acheter une monnaie étrangère (le dollar s’échange donc au marché noir pour le double de son cours officiel), et surtout l’explosion de la pauvreté : À Buenos Aires, les bidonvilles s’étendent maintenant à perte de vue, 1/3 des Argentins vivent en-dessous du seuil de pauvreté. 

Et puis, sans vouloir gâcher la fête, et sans vouloir généraliser, les Argentins sont, comment dire…, plutôt racistes ! 

Cela a commencé il y a 150 ans avec le massacre consciencieux de tous les indiens ; Cela a continué avec la peur de devenir noir, comme le Brésil dont les Argentins moquent souvent le métissage. 

Les propos et les chants racistes, notamment à l’égard des Bleus sont légion, et repris jusque dans les rangs de l’« Albiceleste » : “Ils jouent en France mais sont tous d’Angola !“. Sans qu’il n’y ait aucune protestation des instances officielles argentines.

Et puis arrêtons d’être paternalistes, avec des réflexions du genre : « Leur pays est au bord du gouffre économique et social, voire même déjà au fond du trou, mais c’est formidable cette passion football, ce sens de la fête ». 

C’est du même acabit que «la pauvreté est plus douce au soleil ! ». 

On peut comprendre que les Argentins cherchent à profiter de cette parenthèse enchantée. Car dans quelques jours, la fête sera finie et tout le monde se retrouvera face aux réalités : L’Argentine, qui a pourtant tellement d’atouts naturels, parviendra-t-elle un jour à rompre le cycle infernal des crises de surendettement et d’hyperinflation ?

Il faudrait une main de Dieu à la Maradona pour sauver le pays, mais ça, ça n’existe pas dans la vie économique. 

Alors on peut réécouter « Mi Buenos Aires querido ». 

Carlos Gardel chante : « cuando yo te vuelva a ver…no habra más penas ni olvido… quand je te reverrai… il n’y aura plus ni chagrin ni oubli »

Et là on a envie de tout plaquer et de partir immédiatement pour Buenos Aires, qui même au bord du gouffre, reste une métropole unique, bouillonnante, fascinante, schizophrène… on dit que c’est la ville au monde où il y a le plus de psychiatres ! 

#Qatar2022 #FRAMAR Le match de tous les dangers ?

Aie : 2 joueurs de l’Equipe de France ont pris froid au Qatar. Il faut dire qu’en hiver, il n’y fait pas 50 °C et que oui, c’est compliqué d’ouvrir les fenêtres dans un pays où on ne fonctionne qu’à la clim’. (LOL!)

Aie, Aie, le Président fait le déplacement au Qatar et assistera au match. Je ne voudrais pas être un oiseau de malheur, d’autant plus que je ne suis ABSOLUMENT pas superstitieux , mais touchons du bois, croisons les doigts, jetons du rhum ou du sel par-dessus notre épaule. 

Car tous les déplacements présidentiels ne portent pas forcément chance. 

D’abord, et ce n’est pas une critique à l’égard d’Emmanuel Macron, mais quelque soit son charisme, sa force de persuasion, sa présence même dans les vestiaires seront-elles vraiment le petit plus qui boostera les bleus ?  Même les promesses d’un « quoiqu’il en coûte » à destination de l’Equipe de France, risquent de ne pas être très efficaces, sur des joueurs qui en un mois gagnent plus que la plupart d’entre nous en 2 ans… 

Et puis il y a des précédents: en septembre 1985, François Mitterrand était arrivé en Concorde à Kourou pour assister au lancement d’Ariane, et …boum… l’explosion… la dernière d’ailleurs pour le lanceur européen depuis plus de 35 ans, et c’est tant mieux pour les finances d’Arianespace . 

François Mitterrand avait été furieux, quittant lèvres pincées la salle de contrôle. Et puis, ses conseillers lui conseillant de saluer, il était revenu pour dire quelques mots aux équipes d’Ariane qui étaient effondrées. 

Si, d’aventure, les bleus ce soir se ramassaient, eh! bien Manu récolterait la réputation d’être un chat noir, un mistigri … Et s’il m’avait demandé mon avis, je lui aurais dit : « N’y va pas, prétexte la vague de froid, les avions empêchés de décoller, contente de toi de la finale, si finale il y a…

Mais il ne m’a pas demandé conseil. 

Alors, – là encore touchons du bois de … Guyane, ( angélique, bois serpent, moutouchi ?)- 

Pour le reste sur ce mondial qui devient passionnant même quand on préfère le basket ou l’ovalie, lire mon blog précédent. (Je peux pas, j’ai piscine )

Vous faîtes quoi ce soir à 20 heures ? 

Coupe du monde de foot Qatar2022. Mercredi : Je peux pas, j’ai piscine.

Non, je ne voulais pas regarder la Coupe du monde au Qatar, parce que … parce que Qatar !

Dois-je m’étendre sur les innombrables raisons qui nous poussent à boycotter cet émirat pourri de gaz et de flouze et qui vient jusque dans nos parlements corrompre nos député(e)s ?

Non, je ne mange pas de ce pain-là.

Mais l’autre soir, je tombe sur la chaîne l’Equipe, qui diffusait Brésil – Croatie ou bien était-ce Espagne-Maroc … Attention, la chaîne qui n’a pas les droits de diffusion, diffusait en fait le jeu fascinant de son journaliste qui commente devant la caméra un match qu’il voit mais qu’on ne voit pas…Excellent Yoann Riou, qui doit perdre au moins 5 kilos à chaque match, et qui par la seule force de son verbe et de sa gestuelle, nous fait plus que vivre le match, il est comme un casque de réalité virtuelle, avec lui on est au cœur du match. Bravo l’artiste !

Et puis ? quoi ? après l’Allemagne, le Brésil, l’Espagne éliminés ?… Surprenante Coupe du monde. 

Et puis ? quoi ? le Maroc ou la Croatie qui pourraient remporter la Coupe ? Comme quoi, dans notre vaste monde qui semble être dominée par les super-puissances, la taille et l’argent ne font pas tout…

Et puis ? quoi ? L’Équipe de France, qui malgré les blessés et les forfaits arrive en quart de finale… Je voudrais pas dire , mais plutôt péniblement quand même. Ces penalties face aux anglais… ça ne sent pas très bon… Mercredi, pas sûr que… mais chut… Je ne voudrais pas porter la scoumoune.

Donc, mercredi, je pourrai pas parce que… je serai occupé à regarder LE match…

Comme apparemment des centaines de millions de spectateurs de part le monde, voir même au-delà du milliard, car les succès du Maroc ont un écho formidable dans tout le monde arabe. Et dans le monde entier. Comme quoi cette Coupe est en train de devenir vraiment mondiale. Comme quoi, ce n’était pas si stupide d’organiser cette compétition ailleurs qu’en Europe ou en Amérique. 

Quantitativement, démographiquement, l’avenir du foot passe sans doute par l’Afrique et l’Asie. 

Et puis, finalement, on n’a jamais autant parlé du scandale des travailleurs étrangers traités comme des esclaves sur les chantiers de l’Émirat, de l’obscurantisme de son régime, des droits de l’Homme bafoués, etc…

Il en restera forcément quelque chose.

Guyane, Amazonie, forêt vierge, expéditions survie : La route de l’enfer (vert) est pavée de mauvaises intentions.

Ce lundi 5 décembre, vingt hommes et femmes sont partis pour une expédition de 40 jours dans la forêt équatoriale guyanaise. Baptisée, « Deep climate », son objectif est de mesurer l’adaptation du corps humain à des conditions climatiques extrêmes. Sic…

Voilà c’est dit et vu d’ici, vu de la France « métropolitaine », on a tout de suite des images : La Guyane avec son immense forêt impénétrable, hostile, la forêt vierge, on imagine qu’à chaque pas nous sommes les premiers êtres humains (civilisés) à se frayer un chemin entre les lianes, avec les mygales, les serpents et les fourmis rouges prêtes à nous bondir dessus. 

Cette vision de l’enfer vert a été confortée par 500 ans de malentendus. 

Pourtant, tout avait bien commencé : 

Colomb et ses envahisseurs espagnols ont d’abord été séduits par la douceur du climat « aussi doux qu’un printemps en Andalousie » écrit Christophe Colomb dans son journal. 

Il faut dire qu’en Guyane par exemple, la température n’est jamais extrême, entre 21 et 31 °C toute l’année, nuit et jour…Il n’y a jamais de canicule, jamais de vague de froid.

Ensuite, ça s’est vite gâté. 

Car tenter d’explorer la Guyane en habit de chevalier, avec armure et chaussures qui pourrissent, ce n’était pas forcément une bonne idée. 

Vouloir y pratiquer une agriculture comme en Castille ou en Normandie, c’était forcément une mauvaise idée. 

Chaque siècle a apporté sa couche de tentatives catastrophiques de « colonisation » par les européens. Le désastre de Kourou, le bagne, à chaque fois des projets conçus en Europe sans tenir compte de ce qu’est la Guyane, de son environnement, puissant.

Et puis le pompon, ce sont ces expéditions survie, aventure, un peu comme si on allait faire l’Himalaya. Il y a eu la tragique expédition en solitaire de Raymond Maufrais, disparu en forêt et dont on ne retrouva que le journal. Publiées dans les années 1950, « les  Aventures en Guyane » ont excité l’imagination de nombreux baroudeurs de tous bords.

Justement la comparaison est intéressante. Il ne viendrait à personne l’idée (sauf malheureusement chaque année à quelques touristes inconscients), de se lancer à l’assaut du Mont-Blanc (ou de l’Himalaya) en tongs, bermuda et sans guide.

Pour la forêt équatoriale, c’est la même chose. Au lieu d’y aller comme si on était les premiers, peut-être faudrait-il demander aux personnes qui y habitent depuis des milliers d’années.

Car on découvre aujourd’hui que l’Amazonie et les Guyanes ont été beaucoup plus peuplées qu’on ne le croyait, avec des civilisations brillantes, des villes, une agriculture efficace, capable d’abonder des sols qui sous la canopée sont en fait pauvres, des sociétés qui n’ont pas été développées contre leur environnement, comme cela a été le cas avec la colonisation européenne, mais avec. 

C’est ce que prouvent aujourd’hui les travaux et les fouilles menées depuis une vingtaine d’années, par Stephen Rostain, directeur de recherches au CNRS, un des premiers archéologues français à s’être spécialisé sur l’Amazonie.

On redécouvre aussi que les tribus qui n’auraient jamais vu de blancs sont en fait des tribus qui ont fuit les blancs. 

Parce que ce n’est pas le climat, la forêt, les bêtes qui ont fait disparaître les amérindiens, c’est nous, nous avec nos maladies, nos virus. 

En quelques années, la grippe, la variole ont décimé les populations d’Amazonie, comme d’ailleurs celles des Andes ou d’Amérique centrale. Aujourd’hui, on estime qu’en Amazonie, elles sont passées de 10 millions d’habitants à quelques dizaines de milliers. 

Et lorsque les Français, Hollandais, Anglais colonisent les Guyanes, – Cayenne fondée en 1643 – un siècle après les Portugais et les Espagnols, ils découvrent des forêts presque vides, après l’une plus grandes catastrophes sanitaires que le monde ait connue.

Ce n’est pas en Guyane qu’il faudrait faire des expériences survie, mais plutôt dans ces immenses mégalopoles où se concentrent de plus en plus le gros de la population mondiale.

40 jours d’immersion dans les bidonvilles de Lagos, Kinshasa ou Manille, comment y survivre ?  Ça, ça serait un vrai défi pour nos aventuriers européens.

Et ce n’est pas d’expériences survie dont ont besoin les Guyanais d’aujourd’hui, mais de véritables perspectives de développement : C’est quoi le projet pour la Guyane dans les 30 ans qui viennent ? Ça c’est le vrai défi qui intéresse les Guyanais.

Vols dans les TGV : mais que fait la SNCF ?

Vols dans les TGV, que fait la SNCF ? rien. 

D’ailleurs, la compagnie le précise bien, elle n’est pas responsable des vols perpétrés dans ses trains. 

Pas responsable ? 

Mais qui impose aux voyageurs des compartiments où ils sont OBLIGÉS de laisser leurs bagages encombrants à l’entrée, voir même dans le sas entre deux compartiments ? La SNCF.

Ok, il y a 40 ans, ça pouvait sembler être une bonne idée. Voyager en TGV, ça devait être un peu comme prendre l’avion. Donc les bagages à mains et les vêtements dans l’étroite étagère placée au-dessus des têtes. Quant aux valises encombrantes, non pas en soute, mais à l’entrée.

Mais aujourd’hui ? Pourquoi toujours la même conception de compartiment, alors que l’on sait que des petits malins, non pardon des bandes de malfrats ont bien compris que dans la conception même des rames TGV, il y avait des failles faciles à exploiter. 

Ça a été d’abord le coup du vol au moment du départ. 

Dès le quai vous êtes repérés : une valise qui paraît bien chargée, un sac qui a l’air de marque, etc…

Vous montez, vous cherchez une place pour vos bagages, il n’y en a pas, sauf…sauf à l’entrée. Mais vous, vous êtes assis de l’autre côté du wagon et de plus vous tournez le dos à l’entrée. 

Juste au moment du départ, le voleur prend votre valise, descend sur le quai, la remet à un complice, qui ensuite la remet à un autre complice. Et même si vous vous en apercevez 5 mn plus tard, trop tard, les portes sont closes, et le TGV fonce déjà vers les 300 km/h…

La police a fini par gêner ces bandes, et puis, aujourd’hui, les billets sont souvent contrôlés avant d’entrer sur les quais de départ. 

Les voleurs ont donc « amélioré » leurs techniques. Et vous allez voir comment les préjugés peuvent être utilisés. 

D’abord le look : on choisit un petit vieux, ou quelqu’un grimé en petit vieux. Une petite vieille, ça marche aussi. Un djeun’ casquette et sneakers, ce serait plus voyant. 

Le petit vieux achète un billet, en 1ère. Par exemple sur Paris-Marseille, sans arrêt. 

Là vous vous dîtes : pas d’arrêt, en première, ça paraît plutôt sûr. 

Erreur.

Si par hasard pendant les 3 heures du voyage, vous voyez le petit vieux fouiller dans vos bagages, l’individu va jouer au con un peu sénile : Oh ! pardon, je vois mal, j’ai confondu mon bagage. 

Si vous ne remarquez rien, de toute façon, à l’arrivée, en quelques secondes, il prend le sac qui l’intéresse et se dirige vers la descente. Mais 30 personnes se lèvent en même temps, cherchent leur manteau, leur sac, prennent leur valise. Et dès que vous constatez le vol, entre le voleur et vous, il y a la foule des voyageurs.

Non, je ne suis pas parano, et ceci n’est pas un fake. 

En septembre dernier, la police a d’ailleurs fini par démanteler une de ces bandes de voleurs. Et le butin présenté à la presse est impressionnant. Des dizaines de milliers d’euros, des bijoux, des ordinateurs, des appareils photos, des caméras, y compris des caméras professionnels (les nôtres peut-être…). 

Bravo la police ! Elle a même mis en place un contact mail, pour celles et ceux qui auraient été volés, et qui, on ne sait jamais, pourraient ainsi récupérer leurs biens. 

Mais que fait la SNCF ? 

Rien, et les nouvelles rames TGV mises en service sont peut-être plus « green », plus connectées, mais elles n’en sont pas plus sûres. Comme si ces « expériences » voyageurs n’étaient jamais remontées au sommet. 

Et pourtant, il y aurait bien des solutions, faire comme les Italiens (et d’autres d’ailleurs) .

Sur Trenitalia, les voyageurs prennent leurs bagages avec eux dans le compartiment, et suffisamment de place a été prévue pour qu’ils ne soient pas obligés de les laisser à l’entrée, au risque de se les faire voler. 

Vérité au-delà des Alpes, erreur en-deça… 

Trottinettes : La bataille est engagée, mais la guerre est déjà perdue.

On appelle ça la mobilité douce : Marche, vélo, trottinette… 

Douce, elle l’était avant qu’on y rajoute « électrique ». 

Et ça change tout.

Nous ne sommes pas plus incivils qu’avant, nous le sommes de manière motorisée. 

Avant, on nous avait appris à traverser les rues. Tu regardes à gauche puis à droite, tu attends le vert piéton et tu traverses. 

Aujourd’hui, il faut regarder à droite, à gauche, puis à droite, puis à gauche, puis devant tout en surveillant l’arrière, et le vert piéton ne signifie plus rien. 

Avant la trottinette électrique, il y avait la trottinette simple : On pouvait les compter sur les doigts d’une main, celles et ceux qui s’élançaient cheveux au vent le long de nos rues, mus par la seule force de leurs mollets. 

Aujourd’hui, tout le monde s’y est mis, en quelques mois.

Comme le vélo électrique, autre danger auquel les piétons doivent se confronter, la trottinette électrique est tout sauf sportive, c’est même le contraire, c’est la mobilité sans effort à la portée de tous. Et c’est la liberté, même par rapport au vélo. Est-on piéton ? est-on cycliste ? Un peu comme dans la fable de la Fontaine, Je suis Oiseau : voyez mes ailes ;(…) Je suis Souris : vivent les Rats. 

Et je prends ma trottinette dans le train, le bus ou métro, et N…ta mère, si je vous gêne. Et le casque ? Je m’en bats les c… et la piste cyclable ? c’est pour les teubé ! Et je passe aux feux ? Rouge ? Nique le feu, et je t’emmerde. 

A travers le flot de voiture, je suis libre. Jusqu’au choc pas très chic qui va vous envoyer à l’hôpital, et le conducteur du véhicule qui vous aurait heurté… devant les juges. Eh ! oui…vélo, trottinette, c’est aux autres à faire attention. 

Et je sens venir vos préjugés. Ne croyez pas que cette trottinettemania soit l’apanage des ptits jeunes des quartiers… les petits bourges et même les vieux bobos se la jouent « free », comme cette grande blonde, cheveux au vent (donc pas de casque) vue il y a quelques jours, slalomant au milieu des embouteillages pour traverser Place de Clichy à Paris, à contre sens et au feu rouge…

Les mobilités douces sont un révélateur de notre manque d’éducation. Quelque soit notre niveau d’éducation, ou de fortune. Elles révèlent la part sombre de notre incivisme.

Elles mettent également cruellement en évidence le manque d’anticipation et de réactivité de nos édiles… Hello ! la mairie, on réagit ? on organise ? On légifère ? On prend exemple sur New York ? Barcelone ? Valence ? où les flottes privées ont été interdites. 

#Francophonie. #SommetDjerba2022 Le français, langue mondiale : Tu parles !

Les Français, encore aujourd’hui, grandissent avec l’idée que leur langue, notre langue est un trésor que le monde entier nous envie. 

« De l’universalité de la langue française » ça, c’était il y a 3 siècles. 

A l’époque, cette universalité s’étendait surtout à l’Europe, car pour les européens en ces temps-là, l’Europe c’était le monde. 

Alors oui, Frédéric II de Prusse parlait mieux français qu’allemand, langue qu’il réservait surtout pour commander ses soldats et ses chevaux. Et oui la couronne anglaise gardait de ses origines normandes des devises en français : « Dieu et mon Droit » ou « Honni soit qui mal y pense ».

Ensuite il y a eu la colonisation, l’invasion du Maghreb, du Sahara, de l’Afrique, de la Cochinchine. Sur une carte, ça avait de la gueule : des taches roses sur la mappemonde : « Français : Voici ton empire ! »

Aujourd’hui, nous faisons la même chose. Pour estimer le nombre de personnes parlant le français, nous additionnons les populations de tous les pays qui ont plus ou moins à voir avec la langue française. Et le résultat est très impressionnant : Des centaines de millions de francophones, juste derrière l’anglais, le chinois, l’hindi, l’espagnol, l’arabe ou le Bengali. 

Flatteur, mais faux. 

Qu’y a-t-il de commun, entre le Brésil parlant portugais, le Mexique, espagnol, et le Congo Kinshasa parlant français : Rien. 

Dans la rue à Mexico ou Guadalajara, tout le monde parle espagnol. A Rio ou Manaus, tout le monde parle portugais, même si les langues des populations premières n’ont pas complétement disparu. Mais qui parle vraiment français au Congo ? Tendez l’oreille à Kinshasa, à Goma. Vous entendrez du lingala, du kikongo ou du swahili. 

Même à Dakar, capitale du Sénégal, dont les élites, les écrivains comme récemment Mohamed Mbougar Sarr, Prix Goncourt en 2021, contribuent toujours autant à la qualité de notre littérature, dans la rue, dans les campagnes, on entend le wolof pas le français. 

L’avenir de notre langue n’est plus à Paris, mais à Kinshasa : Le Congo est aujourd’hui par sa population, le premier pays francophone du monde. Presque 100 millions d’habitants aujourd’hui : 200 à 250 millions en 2050 (la France ne dépassera pas les 70 millions ). Mais si le français y est bien la langue officielle, elle n’est pas la langue populaire.

Or sommes-nous sûrs que les Congolais continueront à choisir le français comme langue d’échange entre les différentes langues nationales de ses populations, et comme langue d’échanges internationaux un peu comme l’Anglais aujourd’hui en Inde ? 

S’ils suivent l’exemple du Rwanda, eh ! bien adieu la francophonie !

Autrefois francophone, l’anglais est depuis 2003 l’une des trois langues officielles du Rwanda et a remplacé en 2010 le français dans son rôle de langue de scolarisation. Et la présence du Président Kagame au sommet de la francophonie à Djerba n’y change pas grand-chose.

Quel intérêt les Congolais auraient-ils d’ailleurs à conserver le français ? Auront-ils la volonté de ne pas se couper d’un héritage qui n’est pas celui du colonisateur, mais le leur : Deux cents ans de productions intellectuelles, littéraires, artistiques, politiques de leurs aînés qui se sont servis du français pour transmettre leurs messages. 

Comme pouvoir relire ou réécouter le discours – en français – de Patrice Lumumba, le 30 juin 1960, pour la proclamation de l’indépendance du Congo, devant un roi des Belges consterné d’entendre le leader charismatique, sauvagement assassiné quelques mois plus tard, dire leurs quatre vérités aux anciens colonisateurs :« nous avons connu les ironies, les insultes, les coups que nous devions subir, matin midi et soir, parce que nous étions des nègres…Qui oubliera qu’à un noir on disait « tu », mais parce que le « vous » honorable était réservé aux seuls blancs »? .

Auront-ils le désir de continuer à lire Senghor, Césaire, Damas, Jacques Stephen-Alexis, Alain Mabanckou, ou encore Montaigne, Dumas, Rimbaud ou Virginie Despentes dans leur langue d’origine ? 

Tout cela ne pèsera pas lourd face au côté pratique de l’anglais, langue réellement universelle. Y compris en Afrique où quand ils se rencontrent les africains de langues maternelles tellement diverses choisissent l’anglais pour échanger. Comme d’ailleurs les européens entre eux, même après la sortie des Anglais de l’Union européenne…

D’autant plus qu’au même moment, nous nous replions sur nous-mêmes. Et c’est le paradoxe. Et c’est là où nous sommes très … cons. 

Il est en effet con-sternant de con-stater que par peur d’être envahis, par peur d’un grand remplacement, nous fermons nos frontières, nos universités aux jeunes venant de pays « francophones ». 

Un diplômé marocain ou sénégalais se voit « barrés » chez nous alors que le vaste monde anglophone lui ouvre les bras. Si ce ne sont pas les États-Unis ou l’Angleterre, alors le Canada, l’Australie ou même les universités chinoises ou indiennes. 

Même nos plus grandes écoles basculent dans l’anglais. Pour attirer le chaland, elles proposent des masters, des cursus où il n’est plus besoin de parler français. 

Tant pis pour notre orgueil de coqs gaulois, mais nous devons nous préparer au français, langue microscopique sur la planète. Ou alors il faudrait que nous changions, et que le point de vue sur la langue française ne soit pas encore toujours celui de Paris. Peu de chances, hélas, que ça arrive.

C’est dommage, mais après tout ce n’est pas la taille, ni le nombre de locuteurs qui font la vitalité d’une langue. 

L’islandais n’est parlé que par 300 000 personnes, ce qui n’empêchent pas les Islandais d’être parmi les plus grands lecteurs du monde. 

Écrire en yiddish, langue aujourd’hui pratiquement disparue, n’a pas empêcher Isaac Bashevic Singer d’être reconnu par le Prix Nobel.

Que peut-il donc bien ressortir de ce 18 ème sommet de la francophonie qui vient de se tenir à Djerba en Tunisie ?

Le Président du Congo RDC n’a pas voulu venir, et les congolais n’ont pas voulu figurer sur la photo officielle aux côtés des rwandais.

Comment on dit en français ? Cause toujours, tu m’intéresses pas…

Chaines info: Apprendre à tourner sa langue 7 fois dans sa bouche

Vieille sagesse toujours valable à l’heure du breaking news, du tout info, de la communication digitale, certains/es devraient apprendre à tourner leur langue 7 fois dans leur bouche. 

Prenez n’importe quel soir, n’importe quel jour : vous zappez, vous scrollez, et vous tombez sur …allez pas de nom… sur LCI, sur Cnews, sur BFM, qui vous annoncent : « avoir pris un coup de poing dans la poitrine », c’est « historique », « les russes ont bombardé la Pologne ». Là on se dit : « M….. J’aurais dû acheter plus de rouleaux de papier WC, et plus de coquillettes ». 

On suit alors avec angoisse les commentaires d’experts, que l’on avait vus la veille nous expliquer l’Iran, et 2 jours avant, la politique américaine et une semaine avant encore, la crise de l’énergie, et avant, le Mali, et avant, le Brésil… 

C’est fou le nombre d’experts capables d’expertiser sur tout. Ils sont les « Pic de la Mirandole » de nos sociétés de l’information. ( Pic, quoi ? : point culture, vite wiki !)

Et voilà qu’au réveil, on apprend que finalement non, la Russie n’a pas (encore ?) attaqué la Pologne, donc l’OTAN, donc nous. 

On s’attend à des rétropédalages, des excuses, ou en tout cas, des commentaires plus pondérés… eh ! bien non, une « info » chasse l’autre, ou plus exactement un « clash », une headline qui claque, le # hashtag de la mort, rien ne doit arrêter la noria des « breaking news ». 

Pas de mémoire, ou alors celle de poissons rouges, un tour de bocal et on recommence tout. 

Pas de recul, pas de doutes : imagine-t-on l’envoyé spécial, l’envoyé sur place qui doit alimenter des directs toutes les ½ heures accepter de dire qu’il ne sait pas grand-chose, qu’on ne sait pas grand-chose. Car il est vrai que sur place souvent on ne voit qu’une toute partie du tout. Mais c’est cela le reportage : rapporter ce que l’on voit, ce dont on est témoin. En toute subjectivité : Vous étiez là et telle chose advint. Mais sur le terrain, les événements ne se révèlent pas dans leur totalité, dans leur complexité. Et c’est bien normal. 

C’est alors le rôle du media, des rédactions en chef, de combiner tous ces reportages, de les mettre en perspective, les compléter, les combiner. 

Visiblement le travail obscur mais essentiel des rédacteurs en chef, est aujourd’hui éclipsé par l’appel des lumières du « plateau », l’animateur supplante le journaliste. Ma mère m’a vu à la télé, waou !

Il n’y a plus de place pour le doute : À l’heure du numérique, pardon du digital, on nous demande d’être binaire 1-0.

Il y a une semaine on nous annonçait « la vague rouge » de Trump aux États-Unis, aujourd’hui, elle est où la vague rouge ? 

Il y a un mois, on expliquait que la reprise de Kherson en Ukraine prendrait du temps. Bon, ben aujourd’hui c’est fait ;

Et puis, après Covid saison 8, il y a la variole du singe, la bronchiolite, la vitrification par les bombes atomiques russes, les bombes sales de on ne sait plus qui, l’hiver en doudoune et en col roulé, le prix de l’essence plus cher que le beaujolais nouveau. Bref pas d’infos sans catastrophe. 

Finalement, on en revient à une vieille loi de la circulation de l’information : « un chien qui mord un évêque, ce n’est pas une info, mais un évêque qui mord un chien, ça, c’est une info ». 

A force de courir derrière les « breaking news », et de blablater sur tous les sujets, on en arrive à dire des bêtises. Pas étonnant alors, que notre crédibilité, à nous les journalistes, soit tombée si bas…Apprendre à tourner sa langue 7 fois dans sa bouche…

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