BLOGODO

Le blog de Pierre M. Thivolet, journaliste

Le Moulin-Rouge a perdu ses ailes : Stop à l’immigration ! (MDR!)

Évidemment ce titre est provocateur. Faut clasher pour être vu, non ?

Mais dans l’ambiance actuelle, ce raccourci stupide est souvent utilisé quand on aborde beaucoup des problèmes qui nous assaillent : Les immigrés seraient la source de tous nos maux; ou presque. 

Pour en revenir à cette info – un des phares de l’attraction touristique de Paris est défiguré – continuons à clasher sans peur des “fake news”:

  • Il y a les obsessionnels : L’attaque contre le Moulin-rouge est le fait des islamistes : C’est un lieu de débauche où l’alcool coule à flot et où des femmes seins nus lèvent la jambe en dansant le french cancan. Le Moulin n’a pas sa place dans le futur khalifa européen.
  • Ou alors les complotistes : Il faut y voir la main de Poutine et de ses sbires. Tout est bon pour saper l’économie des occidentaux, et sans ses ailes, Paris va voir sa fréquentation touristique chuter. Il paraît que des publicités commencent à être diffusées sur Telegram : « Mieux que le Moulin-Rouge, visitez la Place Rouge ».
  • Ou encore : c’est un coup des activistes wokistes. Après avoir déboulonné les statues, il.elle.s veulent dénoncer 2000 ans d’exploitation du corps des femmes. 
  • D’autres réactions encore : Cnews lance un appel à souscription. Vous avez sauvé Notre-Dame, mobilisons-nous pour redonner des ailes au Moulin. Et Cyril Hanouna ouvre le débat : Le Moulin-Rouge sans aile : la faute à Hidalgo ?

Du coup, j’ai demandé à Chat GPT et voici sa réponse : « Le Moulin Rouge est un célèbre cabaret parisien et un symbole de la culture française, surtout connu pour son moulin rouge vif sur le toit. Dire que “le Moulin Rouge a perdu ses ailes” pourrait évoquer une époque révolue ou un changement significatif dans l’histoire ou la culture associée à cet endroit. C’est triste, mais cela peut aussi être le point de départ d’une nouvelle histoire ou d’une nouvelle ère. »

Heureusement que l’IA est là.

Colère : Je ne suis pas raciste mais…

Évidemment, les lieux, les noms, de ce qui suit … bla-bla-bla bla-bla-bla ont été changés.

Mais je suis tellement choqué que je suis obligé d’expulser ma colère en la passant sur … sur un blog par exemple.

Je plante le décor : 

Il y a quelques jours, avec mon associé co-fondateur de notre société, appelons-le Vladimir, nous nous rendons à un déjeuner de travail avec un client.

Nous sommes rejoints par une amie de notre client. Bourgeoise. Beaucoup de bagues, apparemment friquée, 70 ans ? Ce n’était pas prévu. Mais bon, c’est comme ça. 

Présentations d’usage : « Pierre ». Bon, pas de commentaire. Puis : » Vladimir ». « Ah ! »demande la dame « de quel pays venez-vous » ? 

J’ai oublié de préciser que mon associé est noir. 

Je réponds à sa place, car nous sommes habitués à ce genre de réactions : « Il est lyonnais ». Mais la dame ne tilte pas et insiste : « Quel est votre pays d’origine ? » Vladimir répond : « Nous sommes français. Je suis né à Lyon mais ma famille est d’origine congolaise ». « Vous êtes du Congo ! Formidable. On parle peu du Congo. Vous avez un Président ? » demande la dame. J’étais sur le point de dire :« Emmanuel Macron », mais Vladimir, poliment, répond : « oui, Sassou-Nguesso, depuis 25 ans ». Mais la dame continue dans son trip : « Vous parlez très bien français, où l’avez-vous appris ? « « Mais je suis né à Lyon, ma famille y vit, j’y ai fait toutes mes études » . 

Là, j’hallucine. Je commence à bouillir. J’essaie de maîtriser mes mots, et j’arrive à dire à la dame que je suis choqué par ses questions racistes. Et que par exemple, à moi, elle ne me demande pas d’où je viens, qui sont les ancêtres de ma famille, etc.. 

« Mais je ne suis pas raciste, je suis guinéenne ». Répond-elle tout sourire. 

Silence. Surprise. Car sans tomber dans le jugement au faciès, disons que quand on la regarde, si elle, elle est guinéenne, moi je suis japonais.

Je m’étonne donc.

Elle explique : « Mes parents ont vécu 2 ans en Guinée jusqu’en 1961. J’étais bébé, mais depuis, je me sens guinéenne. Mon père dirigeait une grande exploitation forestière. Ils ont adoré ». « Mais c’était au moment de la rupture avec la France qui s’est mal passée ? »« Ah ! Ça ? Mes parents m’ont raconté qu’ils dormaient avec un revolver sous l’oreiller. Mais ils en gardent des souvenirs merveilleux ». 

On se dit qu’on a touché le fond. En 2023 ! On a envie de citer Audiard : « Les cons ça osent tout, c’est même à ça qu’on les reconnaît ! ».

Cette manière de cataloguer les gens avant même qu’ils aient ouvert la bouche, de ne pas s’intéresser à ce qu’ils ont dans la tête ou le cœur, de supposer que parce que leur peau est comme ceci et leur gueule comme ça, ils sont forcément plus « Compagnie Créole et Zouk » que « Bach, Léo Ferré ou Tupac » ; cette manière de s’attendre à ce qu’ils ne soient pas forcément fiables, ni ponctuels, mais on leur pardonne parce qu’ils sont « tellement artistes et tellement joyeux ». Et qu’ils ont « le rythme dans le sang » ! Tout cela est certes différent des contrôles au faciès et pourtant, cela dit la même chose : À Vladimir, cette dame du déjeuner ne s’intéressait pas. La couleur de peau de mon associé était pour elle comme des œillères. 

J’ai honte.

Tunnel Lyon-Turin : Depuis Hannibal et ses éléphants, rien n’aurait-il changé pour franchir les Alpes ?

J’ai toujours entendu parler du Lyon-Turin. 

Une idée qui ne me semblait pas con du tout. Construire un tunnel sous les Alpes pour relier la France et l’Italie. Lyon-Turin en 2 heures, et pas en avion. J’en rêve.

J’ai toujours entendu dire que le « ferroutage » était une bonne solution, écolo et tout et tout, pour verdir les transports et réduire l’impact du transport des marchandises par la route. 

Et depuis 30 ans, j’ai toujours entendu annoncer au gré des sommets franco-italiens : « ça y est : feu vert pour le Lyon-Turin ». Mais en fait à chaque fois, il ne s’agissait que de faux départs. On creuse 2 ou 3 kilomètres de temps en temps et puis… et puis, plus rien. Car il a toujours manqué l’essentiel : un vrai engagement de Paris avec le nerf de la guerre, le financement. Une nouvelle illustration de la centralisation : l’aménagement du territoire continue envers et contre tout à être pensé par et depuis Paris.

Et le dossier risque de se compliquer encore avec l’arrivée des militants écologistes et particulièrement ceux, plus radicaux, du « soulèvement de la Terre ». 

J’entends Sandrine Rousseau qui affirme qu’il suffirait de moderniser les routes et voies ferrées existantes. 

J’entends les maires de Lyon ou de Grenoble, écologistes eux-aussi et eux-aussi opposés au projet qu’ils jugent anachronique, productiviste et dispendieux. Et ce ne sont pas des imbéciles puisqu’ils sont maires. 

Et c’est vrai que le Lyon-Turin coûte cher. Car il ne s’agit pas seulement de construire un tunnel, mais également, côté français, les voies d’accès à travers les pré-Alpes entre Chambéry et Lyon.  À l’est de Lyon devrait être construit un futur hub. Les camions venus du nord, du sud, seraient obligés de monter sur les navettes payantes qui leur permettront de traverser les Alpes, moyennant finances, évidemment. Comme dans le tunnel sous la Manche.

Ça coûte cher ? oui, mais ça sera fait pour au moins 100 ans.

Et puis je regarde les chiffres qui indiquent qu’un tiers des 150 Mt échangés avec l’Italie sur tout l’arc alpin passe par le France. Et que 93 % de ce trafic se fait par camion. Soit 3 millions de camions par an. Qui, venus de toute l’Europe, empruntent nos routes et autoroutes. Un trafic polluant qui dégrade notre réseau routier et dont l’entretien et la réfection sont payés par … nous contribuables français.  

Et puis chaque année je vois nos vallées alpines s’asphyxier un peu plus. 

Dans la vallée de Chamonix, dans la Maurienne, la montée au Fréjus, la pollution atmosphérique a tellement augmenté que les bronchites, allergies et autres maladies respiratoires sont de 15 à 20 % plus élevées qu’ailleurs en France. 

Dans la vallée de la Romanche entre Grenoble et l’Italie, certains jours, ce sont des colonnes de camions qui montent pare choc contre pare choc, frôlant souvent à quelques centimètres les maisons des villages traversés.  

Il y a 3 ans, les Suisses, qui avaient démarré leur projet après la France, ont inauguré le tunnel du Saint-Gothard, qui met Milan à 2 heures de Zurich. Et tous les camions qui passaient auparavant par le Saint-Gothard, par un col à 2100 mètres d’altitude, sont contraints aujourd’hui d’emprunter la navette ferroviaire. C’est tout bénèf pour le contribuable helvète. Et pour les marmottes et les bouquetins.

Les Autrichiens font de même avec le tunnel du Brenner, qui sera le plus long du monde – 64 kilomètres – et devrait être ouvert en 2030. L’Europe contribue à ces travaux pharaoniques, pour 11 milliards d’euros. Car de la Finlande à Malte ces aménagements sont salués comme étant plus économiques, et surtout plus « verts », plus respectueux de l’environnement alpin. 

Sauf chez nous en France. 

Car nous français, on est forcément plus malins, plus intelligents que les Suisses et les Autrichiens. Et les défenseurs de la Terre français sont évidemment plus éco-responsables que leurs homologues outre-alpins… 

Depuis Hannibal – pas l’abominable cannibale du « silence des agneaux » mais le le puissant chef des tribus puniques qui régnait sur la Tunisie et rivalisait avec les romains – on sait que la traversée des Alpes est difficile. 

À l’époque le conquérant venu de Carthage avait utilisé des éléphants d’Afrique pour gravir l’obstacle et surprendre les romains qui ne l’attendaient pas de ce côté-là. Mais à l’époque ils n’avaient pas ni GPS, ni ferroutage.

2000 ans plus tard, plus personne ne propose d’utiliser les éléphants. 

Même avec le réchauffement climatique, il vaut mieux les laisser chez eux en Afrique ou en Asie. 

Mais l’on peut peut-être essayer une technique de notre temps : pas le transport par route, mais le ferroutage.

Vérité au-delà des Alpes, erreur en deçà. Ou l’inverse. 

Mon village à l’heure des barbares.

Attaquer des bébés à coup de couteau… C’est innommable, barbare. Tellement barbare qu’il nous paraît impossible que l’auteur de cette barbarie puisse être un « bon » français, un « français 4 quartiers de francitude », un bon « gaulois ».

L’auteur de l’attaque d’Annecy est syrien. Et d’aucun de nous expliquer que les attaques au couteau sont des pratiques préconisées par les djihadistes. Il est suggéré : syrien donc terroriste islamiste.

Puis l’on apprend qu’il n’est pas musulman, mais chrétien. 

L’explication par le complot islamiste tombe, mais pas le fait qu’il soit arabe…autant dire donc déjà à moitié coupable. 

De plus il est réfugié. Réfugié, donc sans papier, donc illégal.

Qu’importe qu’il ait obtenu le statut de réfugié en Suède, qu’importe qu’il ait épousé une Suédoise. Qu’importe donc qu’il ne soit ni un sans papier, ni un clandestin. 

Ce qui reste au bout du compte, c’est qu’un étranger a commis un acte barbare chez nous. 

Le barbare est forcément quelqu’un qui d’une manière ou d’une autre nous est étranger. D’ailleurs, chez les Grecs et les Romains, barbare signifiait étranger. 

Virons les étrangers et nous nous débarrasserons de la délinquance. CQFD.

Le lendemain de l’attaque d’Annecy, dans un petit village breton, une enfant de 12 ans est tuée à coups de fusil dans son jardin. L’auteur : un voisin… un retraité néerlandais. 

Quelles conclusions ? faut-il se méfier des Hollandais ? Ou bien des retraités ? 

Ou des 2 à la fois. 

Samedi à Brassac (Tarn), un jeune est pris d’un « coup de folie ». Sous l’effet de l’alcool, il s’enfuit au volant d’une voiture volée. Et pour tenter d’échapper à une patrouille de gendarmerie, il fonce au milieu d’une fête d’anniversaire avec 300 personnes. 

Faut-il se méfier des jeunes tarnais ? 

Et qu’est-ce que tout cela a à voir avec nos frontières qui ne seraient pas gardées ? 

Face à l’innommable, nous cherchons des explications. 

C’est bien normal, mais méfions de ces petits glissements progressifs qui nous ont conduit dans un passé pas si ancien que ça à nous comporter en barbare.

À la fin du XIX ème siècle, pour expliquer les violences et les crimes plus sanglants qu’aujourd’hui, on rejetait la faute sur la « vermine étrangère ». Les Italiens notamment étaient accusés de venir manger le pain des Français, et d’être in-intégrables dans la République en raison de leur culture trop marquée par la religion catholique. 

En 1881 à Marseille, en 1894 à Aigues-Mortes, des pogroms anti-italiens font plusieurs dizaines de morts. 

En 1891, à Lyon, l’assassinat du président Sadi Carnot par Caserio, un anarchiste italien, provoque plusieurs jours d’émeutes. 

En Allemagne, il y a moins de 80 ans, pour expliquer les malheurs du peuple allemand, les nazis avaient une réponse : les juifs. « Die Juden sind unser Unglück ». Et ça a marché… 

Tellement bien que ça a conduit aux chambres à gaz. 

L’attaque d’Annecy est innommable, c’est-à-dire qu’il n’y a plus rien à nommer, plus rien à ajouter. Aucun mot. Il faudrait se taire pour respecter la douleur des parents et des proches. 

Et pourtant nous faisons tout l’inverse. 

Poussés par l’angoisse d’être dépassés par les tweets et autres reels, nos media – les chaînes d’infos – glosent et meublent même quand ils n’ont rien à dire. Nous faisons la même chose avec nos réactions « à chaud ». Nous ne prenons pas le temps de la réflexion, ce qui nous permettrait bien souvent de ne pas dire de bêtises. 

Et pourtant, la sagesse populaire nous met en garde : « Il faut savoir tourner sa langue sept fois dans sa bouche ». Aujourd’hui à l’heure d’internet, nous devrions apprendre à réfléchir avant de cliquer. Clic, crac, boum, hue !

Mon village à l’heure des ponts.

Quel mois de mai, non mais, quel mois de mai !  

Ce n’est plus : « en mai fais ce qu’il te plaît », c’est devenu : en mai, mets tout entre guillemets », ou alors, « en mai, fais la semaine des 4 jour-nèes »(  je sais : pas terrible, la rime : à chacun son talent, moi les rimes riches genre rappeur avec des « j’men bats les couilles, j’en ai plein les fouilles » … je n’y arrive pas ! ).

Bref, de jours fériés en jours chômés, entre les ponts et les RTT, beaucoup ont pu pratiquer la semaine des 4 jours. Les sociologues et spécialistes du travail en rêvaient. En mai les Français l’ont fait. (Waouh, ; que de rimes riches, vite : avec force auto tune et voice coder, je démarre une carrière)

Et comme en plus, la météo s’est mise de la partie… avec en mai, et en ce début juin, un beau temps de juillet mais sans les nuits caniculaires, tous les Français – en tout cas tous ceux qui le peuvent – ont eu la tête ailleurs. 

À en juger sur la fréquentation des gares, routes, aéroports, je ne veux pas faire de mauvais esprit, mais c’est à se demander où est la crise…

Bref, après un mois d’avril particulièrement dégueulasse, suivi par un début mai, gris, maussade, pluvieux, frais, nous n’avions qu’une seule envie, partir, sortir, terrasses et soleil. 

Ou aller au restau par exemple et profiter de ces soirées à rallonge. 

Dans mon village, qui a été particulièrement gâté par la géographie, l’histoire et … l’économie, il y a 3 restaurants / cafés. Et avec les beaux jours, j’avais envie d’en profiter. 

Le premier un peu plus chic, un peu plus « gastro », ne sert plus après 21h. Le chef et les cuisines s’arrêtent à 20h30. 

Le deuxième un peu plus « roots », cochon et cochonnailles, idem, la cuisine s’arrête à 20h30-20h45.

Le troisième, un café restaurant genre bobo mais bobo Paris 9ème, télétravail, et voitures électriques, il est fermé le week-end. 

Même en élargissant le périmètre des recherches, même causes, mêmes effets. 

La guinguette bord de l’eau n’a plus de poissons après 20h30. 

Et le restau de cet hôtel ne sert plus à manger après 21h. 

Mourir de faim un soir de mai ou de juin ? 

En revenant sur la place du village, une lueur d’espoir cependant… Un nouveau spot qui vient d’ouvrir, et que l’on remarque de loin avec ses lanternes rouges : un sushi shop nippo-sino-vietnamien. Eux à 11 heures du soir, ils servent et livrent encore… Mais comment font-ils ? 

Sans tomber dans les clichés, ce n’est pas qu’« ils » travaillent plus que leurs homologues installés depuis longtemps. C’est peut-être que leur organisation du travail est un peu différente, pour le dire de manière diplomatique. 

Car tous les restaurateurs vous l’expliqueront : si l’on veut respecter les lois – tout à fait légitimes- sur la durée du travail, les horaires , si l’on veut répondre aux nouvelles aspirations pour beaucoup de ne pas sacrifier les soirées , les week-ends, eh! Bien, ils ne trouvent plus personne. Parce que la vie d’un chef, c’est se lever aux aurores et terminer tard le soir.  Prolonger le service d’une heure ou de deux, cela supposerait un cuisinier ou un serveur supplémentaire et ça, la plupart des restaurateurs ne peuvent se le permettre. On appelle ça des métiers « en tension » ?

Adapter les législations qui encadrent le nombre d’heures de travail, les rythmes de travail, de repos, l’allègement des charges sociales pour permettre l’augmentation des rémunérations etc…les pistes pour permettre aux cuisiniers et à leurs équipes de vivre de leur travail ne manquent pas. 

Mais en tout cas, il faudrait faire quelque chose pour qu’il n’y ait pas de fossé entre d’un côté « Top chef » et tous ces jeunes qui « donnent tout » avec une maturité, un talent, une passion et un engagement qui forcent l’admiration ;

et de l’autre la réalité économique de milliers d’établissements.

Pour qu’à 22 heures par une belle soirée d’été on puisse encore être servi dans les restaus de mon village.

Couronnement de Charles III : La France est-elle plus royaliste que le roi ?

C’est dingue, c’est fou, c’est crazy : Depuis quelques jours, il n’y en a plus que pour lui, pour eux : Pour Charles et son couronnement. 

En France, tous les media rivalisent d’obséquiosités (en clair, ce sont de gros lèche-cul).

Ils multiplient les « spéciales » pour nous vendre les heurts et malheurs des Windsor and Co. Pauvre petit garçon riche; Oh ! qu’il est dur d’être un Prince; Oh ! qu’il est difficile d’être le plus grand propriétaire terrien d’Angleterre, sans avoir dû lever le moindre petit doigt, comme ça par la seule naissance. Oh ! c’est terrible, ces divorces, etc., etc… 

Normalement, c’est la presse spécialisée, Gala, Point de vue, qui informent sur l’actualité heureuse, et ça depuis des générations, avec des lectrices et lecteurs passionnés jusqu’en Guadeloupe ou Martinique (si, si, j’en connais !). 

Mais depuis quelques jours, ils s’y sont tous mis, de BFM à LCI, et les « experts » qui expertisaient à longueur d’antenne sur le Covid, l’Ukraine, la sécheresse, se sont transformés en correspondants à Buckingham. Et tous, d’enfiler les clichés et les poncifs, dont notamment celui-ci : les Français seraient fascinés par la monarchie, les Français se sentiraient orphelins de la royauté depuis qu’ils ont coupé la tête de Louis XVI ! 

Quelle foutaise ! 

Ce n’est pas parce qu’on regarde « la famille Kardashian » qu’on a envie de se faire faire des implants fessiers ou des prothèses mammaires. Ce n’est pas parce qu’on jette un coup d’œil à la villa des Marseillais, qu’on a envie d’être aussi vulgaires. 

Toute la France serait conquise par la folie royale. Toute ? non. Comme Astérix, nous sommes quelques-uns à résister. 

Rappelons d’abord que ce sont les Anglais qui ont commencé à couper la tête de leur roi. Et Charles, le premier du nom, s’en souvient douloureusement, lui qui fût décapité, à la hache (c’est classe !) en 1649. Avant que ne soit instaurée une République, en fait une dictature, avant la restauration de la monarchie, 20 ans après. 

Arrêtons de nous extasier devant l’arbre généalogique des Windsor, « descendants de 1000 ans de souverains anglais ». 

Foutaises : les Windsor sont plus allemands qu’anglais. Leur arrière-grand-père, Georges III était en fait roi de Hanovre, en Allemagne ; sa femme était allemande ; leur fille la reine Victoria épousa Albert, Prince de Saxe- Cobourg et Gotha, allemand. 

Et c’est leur fils George V qui décida de prendre le doux nom de Windsor, pendant la première guerre mondiale, parce que ça la foutait mal d’être famille avec l’ennemi.

Il y a une chose en revanche, dont les Windsor ont bien hérité, c’est de la fortune, des terrains, et d’une position qui les met par naissance au sommet de la pyramide sociale. 

Car c’est ce qu’exprime la royauté : La permanence en 2023 d’un système féodal, d’un système de castes, où le rang est établi par la naissance, pas par le mérite. 

Même sans beaucoup de pouvoir, la chambre des Lords en est l’expression, comme la formation des élites dans les « public schools », ou bien la transmission de père à fils aîné, de domaines et de châteaux à la « Downtown Abbey ». 

On sait par exemple, que le « crown estate », le domaine royal, est le plus grand propriétaire foncier du royaume. Une bonne partie des terrains du centre de Londres, comme Picadilly circus ou Regent street lui appartient.

Alors, bien sûr on se réjouit pour nos amis britanniques. 

Si pour eux, ça leur permet de se retrouver autour des valeurs et des traditions de leur pays, tant mieux. Et on fait la fête avec eux. 

Mais surtout, on leur tire notre chapeau pour avoir fait de ces traditions une arme de soft power formidable. 1 milliard de téléspectateurs pour l’événement, mieux sans doute que les prochains JO Paris 2024.

Mais PLZ, please, ne soyons pas des gogos.

Et même si aujourd’hui – la peine de mort étant abolie – Louis XVI ne serait plus guillotiné, même si il faut bien reconnaître que la Révolution française 1ère mouture, s’est terminé en eau de boudin et en bain de sang, les valeurs de la République, Liberté – Égalité, Fraternité – sont des principes qui nous honorent et qui demeurent des objectifs à atteindre toujours actuels, même s’ils restent souvent des vœux pieux.

Alors soyons cabotins, et reprenons cette vieille chanson de corsaires : « Le 31 du mois d’août », dans laquelle, face à une frégate anglaise, les marins français lancent : « Et merde pour le roi d’Angleterre qui nous a déclaré la guerre… ! »

Tout cela avec beaucoup d’amitié pour nos amis anglais, et leur quiche -royale- aux épinards. 

Rihanna Super bowl : une femme enceinte n’est pas une femme malade

Vous êtes fan de football américain. Ou pas.

Vous êtes fan de Rihanna, la très belle barbadienne aux yeux verts, la chanteuse qui twerke comme vous, vous respirez, la plus riche de toutes les riches chanteuses (mais pas pour ses chansons, pour sa marque de produits de beauté), ou pas.

Vous êtes fan des shows à l’américaine, ou pas. 

Quoiqu’il en soit, il est toujours intéressant de jeter un coup d’œil sur ce qui est le plus grand événement sportivo-artistique des États-Unis, le super bowl half time show, la mi-temps de la finale des championnats de football américain. 115 millions de téléspectateurs, 15 mn de spectacle animé par la ou les plus grandes stars du moment.

Cette année – il y a 2 nuits – c’est donc Rihanna, RiRi pour les intimes et pour les fans (dont je suis… intime hélas, non !  mais fan, yes we can !), était cette année LA star qui ambiançait la mi-temps. Elle en a profité pour annoncer sa seconde grossesse. 

Remarquez, elle n’aurait rien dit, on l’aurait remarqué : son ventre joliment arrondi était moulé dans un body rouge, le tout emmitouflé dans un sorte combinaison intégrale de ski (elle n’avait peut-être pas eu le temps de se changer entre 2 descentes), qui lui donnait la grâce d’un hippopotame, mais rouge. 

Idem pour la centaine de danseurs/seuses, mais eux en blanc avec lunettes de ski, dansant sur des plateformes qui montaient et descendaient dans les airs. 

Au premier coup d’œil je me suis dit : Tiens, les combinaisons babygros sont devenues tendance. 

Ou alors : c’est de la pub déguisée pour le bibendum Michelin (Clermont-Ferrand est dans la place !).

Ou bien : elle est restée coincée dans un airbag, 

Ou encore : c’est la dernière tendance sur les pistes de ski entre Folie douce et Tomorrowland. 

Mais après, je me suis renseigné et attention ! la star était habillée par Loewe, Alaïa, et Maison Margiela. Avec une montre aux 350 diamants au poignet.

Sa combinaison était un hommage, et ça j’avoue que ça m’avait échappé, à un de ses amis récemment décédés, le journaliste de mode André Talley.

Une fois qu’on a dit ça, 15 minutes de twerke, est-ce forcément la meilleure des gymnastiques prénatales… certaines postures, jambes écartées, pelvis en avant, faisaient craindre qu’elle ne perde les eaux ou n’accouche en direct live.

Et finalement non, aux dernières nouvelles le superbowl n’aura pas déclenché l’accouchement, mais aura confirmé qu’une femme enceinte n’était pas une femme malade.

A nuancer quand même parce que la pénibilité du travail n’est sans doute pas la même entre le show du super bowl et la caisse d’un hyper marché.

Pourquoi Aya Nakamura n’est pas Rosalia ? Sans doute, parce que l’espagnol est une langue mondiale, contrairement au français.

Rosalia – Aya Nakamura.

Voilà deux chanteuses qui explosent sur la scène mondiale. 

Même génération, même mises en scènes vidéo, même goût pour piocher dans les rythmes dansants, salsa, reggaeton pour l’une, zouk, afro trap pour l’autre, et rap pour les 2. 

Et puis même actualité. 

Rosalia vient de terminer une tournée mondiale triomphale où les plus grandes stars américaines se sont bousculées pour des duos avec elle. Et elle vient de mettre le feu au dernier défilé Louis Vuitton à Paris. 

Aya Nakamura vient tout juste de sortir son dernier album DNK, qui s’annonce comme un énorme succès. La presse française applaudit déjà les centaines de millions d’écoute à venir. Et s’extasie quand, il y a quelques mois, en tournée à Paris, l’excellente Alicia Keyes invite Aya sur scène pour interpréter ensemble son tube Djadja.  

Mais la comparaison s’arrête là. 

D’abord parce que Rosalia danse, chante. Et elle a une vraie voix. 

C’est sans doute la même chose chez Aya, sauf que dans son dernier album DNK, il est difficile de s’en rendre compte

En effet, elle y use et abuse du vocoder et de l’autotune, qui sont un peu à la vraie voix, ce qu’un godemichet est à un vrai sexe. Il masque le manque de souffle, pallie les défauts, mais manque totalement de sensibilité.

Petit point culture technique :

Le vocodeur est un instrument inventé il y a un demi-siècle, pour réduire le « poids » des transmissions téléphoniques. C’est lui qui donne ces voix de robots que nous entendons partout. 

L’autotune est un logiciel informatique censé corriger les fausses notes. Mais détourné de son usage, il permet, j’exagère à peine, d’avoir la voix de Pavarotti ou de Whitney Houston (enfin presque).

De Booba à PNL, de nombreux artistes ne peuvent plus s’en passer. Ça donne ces voix métalliques, aseptisées, se ressemblant toutes.

Pas de ça ou presque chez Rosalia (prononcez Ro-sa-li-a). 

26 ans, un talent fou, elle est à la fois très espagnole et totalement latine. 

Après des études de musique en Catalogne, où elle est née, elle est allée apprendre le flamenco à Séville, puis a absorbé tous les rythmes venus de l’Amérique hispanophone, Cuba, Colombie, Porto-Rico. Elle passe d’un univers à l’autre avec une incroyable facilité, mais sans jamais abandonner son hispanité. Ses clips vidéo ne la mettent pas en scène, gros nichons et gros bonda gonflés par des prothèses, twerkant pour des machos bodybuildés, chaînes en or et bagouzes aux doigts qui lui susurrent « you’re my bitch ». 

Non, Rosalia se met en scène dans une station essence d’une banlieue espagnole, ou sur une plage avec des vacanciers Monsieur tout le monde.

Bien sûr elle peut-être aussi femme fatale (comme dans La fama) ou totalement déjantée comme dans le show Louis Vuitton avec Saoko ou quand elle interprète des bulerias(typiquement flamencas) tout en cuir, minijupe et bottes montantes.

Elle a percé dans toute l’Amérique Latine. Mais aussi, aux États-Unis. 

Et c’est ce qui fait la différence entre les artistes hispanophones et francophones. Ils sont chez eux aux États-Unis où l’espagnol est devenu la seconde langue. L’île de Porto-Rico leur sert souvent de porte d’entrée, et d’accès aux majors américaines. 

Cela se vérifie dans de nombreux domaines. Ainsi Penelope Cruz ou Antonio Banderas font des carrières américaines qu’aucune actrice française, même Marion Cotillard, ou français, même le formidable Omar Sy, ne font. 

Revenons à Aya Nakamura « l’artiste française la plus écoutée » dans le monde. La plupart de ses chansons sont en fait des histoires d’amour qui finissent mal en général ; On est loin des Rita Mitsouko. Tout est très fleur bleue, très mièvre. 

Ce qui est rassurant finalement : Les générations passent mais les ados d’aujourd’hui sont comme ceux d’hier, ils rêvent d’amour.

Côté rimes, avec des refrains comme dans « J’ai mal » : « Mon cœur crie à l’aide, c’est pour ça que je t’appelle / Offre-moi ta main, elle me servira d’attelle », on est loin de MC Solaar. 

Côté fond, on est loin de Rosalia qui dans « La Fama » chante : « La célébrité est un mauvais amant et elle ne t’aimera pas vraiment.

C’est trop traître et comme elle vient, elle s’en va ».

Avec Aya, pas de prise de tête.

Et au moment où, entre autres horreurs, l’on tire sur une synagogue en plein shabbat, et où aux États-Unis, un noir se fait battre à mort par des policiers alors qu’il appelle sa mère à l’aide et hurle « mother, mother », ce n’est peut-être pas plus mal.

Toutes les retraites ne sont pas de Russie…

Retraite, retraites. 

En français, déjà, le mot sonne mal. 

En allemand, « Rentner » évoque plutôt le « rentier », comme celui des romans de Balzac ; vivre de ses rentes, c’était plutôt flatteur, on pouvait même être un « beau parti ». La comparaison s’arrête là, en Allemagne, l’âge de la retraite est fixé à 67 ans, et les retraités allemands pour beaucoup ne roulent pas sur l’or…

En espagnol, « jubilado », évoque mais – attention aux faux amis- le jubilé, comme l’on dit (disait) : le « jubilé de la reine d’Angleterre », pompe et circonstances, ou encore la joie, la jubilation d’être payé à ne rien faire. En effet, le mot viendrait du latin « jubilar », qui signifie « pousser des cris de joie ». 

Est-ce pour cette raison – pousser des cris de joie – que le jour de la manif contre la réforme, Emmanuel Macron a effectué une visite officielle en Espagne chez le socialiste Pedro Sanchez ? 

Peut-être, car en Espagne, l’âge de départ à la retraite, 65 ans aujourd’hui, sera repoussé à 67 ans en 2027. 

L’Espagne voit sa population vieillir et même diminuer, comme le Japon, comme l’Italie, comme la Chine, La solution adoptée est donc de reculer l’âge de départ à la retraite. 

Mais attention, n’en tirez aucune conclusion sur ce que je peux penser de la réforme des retraites : eux, c’est eux, nous c’est nous. Leurs ancêtres n’ont pas pris la Bastille et n’ont pas écrit la Déclaration des Droits de l’Homme, non mais ! Et si ces peuples acceptent sans broncher la casse sociale, nous, non !

Et puis retraite, chez nous, ça n’évoque pas forcément des pages glorieuses de notre histoire… A commencer par celle de Russie ; la retraite. 

221 ans après, on en a froid, même en plein été, en pensant à tous ces pauvres malheureux soldats que la folie de Napoléon avait envoyés jusqu’à Moscou pour mourir gelé sur les bords de la Bérézina. On parle de plus d’1 million de soldats français morts, alors que la France avait deux fois moins d’habitants qu’aujourd’hui… Ça a ratiboisé les populations des villages de l’Auvergne jusqu’en Bretagne, et durablement freiné la démographie française, puisqu’il n’y eut ensuite presque plus d’hommes en âge de procréer. On dit merci qui ? 

Notons d’ailleurs qu’après avoir connu après les années 1950, 40 à 50 années glorieuses, la France prend également la voie du déclin démographique puisque le taux de natalité qui faisait la fierté de nos démographes est en train de s’effondrer. 

Tant mieux diront certaines et certains, qui pensent qu’avec le réchauffement climatique, la crise énergétique, les conflits en tout genre, no future, pourquoi faire des enfants ? 

Finalement, ils comptent sur les autres pour que les enfants des autres paient leurs retraites.

Alors faut-il reculer l’âge de départ ? Ou bien y-a-t-il d’autres solutions pour continuer à financer notre système de retraites. 

Et la pénibilité ? Prise en compte dit le gouvernement, injustices, disent les opposants. 

On comprend bien que le travail de caissière ou de maçon est physiquement plus éprouvant que celui de banquier ou de journaliste.

Mais dans 30 ans y-aura-t-il encore des caissières ? Et quel sera la pénibilité du travail d’un maçon ou d’un conducteur de métro ?  Y aura-t-il d’ailleurs encore des conducteurs de métro ? 

Chacun y va de son argument, balance des chiffres de casse sociale, d’autres de sauvetage du système.

Toutes les retraites n’étant pas de Russie, gouvernement ou/et oppositions doivent-ils battre en retraite pour que l’on arrive à un compromis ?

Évidemment, on est plus tenté par ceux qui ne souhaitent rien changer – parce que au moins on sait ce qu’on a – que par ceux qui nous demandent de nous projeter à 30 ans. 

Si dans 30 ans, on s’aperçoit qu’il n’y plus suffisamment d’actifs pour payer les pensions d’un nombre toujours plus importants de retraités, la plupart de celles et ceux qui nous disent que la solution c’est ceci ou au contraire cela, eh ! bien ils ne seront plus là, même si évidemment on leur souhaite de vivre centenaires et au-delà. 

Et alors nos enfants ou petits-enfants n’auront plus que leurs yeux pour pleurer. 

Ce qui est sûr c’est qu’en matière de retraite, les conseilleurs ne seront pas les payeurs. 

Argentine: quand je te reverrai, il n’y aura plus ni chagrin ni oubli.

Il est de bon ton, il est fairplay de se réjouir de la victoire de l’Argentine au mondial, de fêter le talent et le parcours sportif de Lionel Messi. La liesse populaire qui embrase Buenos Aires pour célébrer la 3 ème étoile de « l’albiceleste », l’équipe argentine nous emballe tous.

Nous nous réjouissons d’autant plus volontiers qu’il n’y a aucun contentieux ou presque entre l’Argentine et la France. 

Et même cocorico ! l’incarnation de l’âme argentine, ou plus exactement de l’âme « porteña », c’est-à-dire de Buenos Aires, est un français, ou presque, Charles Romuald Gardès. 

Né à Toulouse en 1890, il émigra à l’âge de deux ans en Argentine, emmené par sa mère, blanchisseuse. Il devint Carlos Gardel, au moins aussi cher au cœur des Argentins que Maradona ! 

Il est l’incarnation du tango, cette musique, cette danse, à la fois populaire et sophistiquée, sensuelle et nostalgique qui expriment tellement l’âme de ce pays d’immigrants.  

Son œuvre et sa voix sont classées Mémoire du monde de l’UNESCO depuis 2003. 

70 ans après sa mort dans un accident d’avion en Colombie, sa statue sur sa tombe au cimetière de la Chacarita est toujours honorée par des admirateurs qui viennent tous les jours renouveler et allumer la cigarette qu’il serre entre ses doigts.

Une fois qu’on a dit ça, il ne faudrait pas non plus qu’on soit gaga. 

Parce que l’Argentine fait partie de ces pays où le foot est vraiment l’opium du peuple, pour la plus grande tranquillité des élites, dont beaucoup ont le cœur certes en Argentine, mais avec un pied à Londres ( ou à Paris) et l’autre dans des banques américaines. 

Car depuis l’époque de Gardel justement, depuis les gouvernements populistes de Juan Perón, et de son épouse Évita, l’Argentine va de crise en crise.

En 2001, le pays a même fait faillite comme une vulgaire entreprise reprise par un investisseur prédateur, avec défaut de paiement de sa dette extérieure, blocage de tous les comptes bancaires. Les Argentins ne pouvaient plus retirer d’argent, ils n’étaient plus payés, avec une inflation à 3 chiffres et la non-convertibilité de la monnaie nationale. 

Cette faillite argentine devrait d’ailleurs être une leçon pour tous les pays qui se croient au-dessus des questions de remboursement de dettes : Oui, un grand pays peut faire faillite et ce sont alors les plus pauvres qui paient les pots cassés. 

Et aujourd’hui ? L’inflation est à plus de 100 % (7 – 8 % chez nous), il est quasi impossible d’acheter une monnaie étrangère (le dollar s’échange donc au marché noir pour le double de son cours officiel), et surtout l’explosion de la pauvreté : À Buenos Aires, les bidonvilles s’étendent maintenant à perte de vue, 1/3 des Argentins vivent en-dessous du seuil de pauvreté. 

Et puis, sans vouloir gâcher la fête, et sans vouloir généraliser, les Argentins sont, comment dire…, plutôt racistes ! 

Cela a commencé il y a 150 ans avec le massacre consciencieux de tous les indiens ; Cela a continué avec la peur de devenir noir, comme le Brésil dont les Argentins moquent souvent le métissage. 

Les propos et les chants racistes, notamment à l’égard des Bleus sont légion, et repris jusque dans les rangs de l’« Albiceleste » : “Ils jouent en France mais sont tous d’Angola !“. Sans qu’il n’y ait aucune protestation des instances officielles argentines.

Et puis arrêtons d’être paternalistes, avec des réflexions du genre : « Leur pays est au bord du gouffre économique et social, voire même déjà au fond du trou, mais c’est formidable cette passion football, ce sens de la fête ». 

C’est du même acabit que «la pauvreté est plus douce au soleil ! ». 

On peut comprendre que les Argentins cherchent à profiter de cette parenthèse enchantée. Car dans quelques jours, la fête sera finie et tout le monde se retrouvera face aux réalités : L’Argentine, qui a pourtant tellement d’atouts naturels, parviendra-t-elle un jour à rompre le cycle infernal des crises de surendettement et d’hyperinflation ?

Il faudrait une main de Dieu à la Maradona pour sauver le pays, mais ça, ça n’existe pas dans la vie économique. 

Alors on peut réécouter « Mi Buenos Aires querido ». 

Carlos Gardel chante : « cuando yo te vuelva a ver…no habra más penas ni olvido… quand je te reverrai… il n’y aura plus ni chagrin ni oubli »

Et là on a envie de tout plaquer et de partir immédiatement pour Buenos Aires, qui même au bord du gouffre, reste une métropole unique, bouillonnante, fascinante, schizophrène… on dit que c’est la ville au monde où il y a le plus de psychiatres ! 

#Qatar2022 #FRAMAR Le match de tous les dangers ?

Aie : 2 joueurs de l’Equipe de France ont pris froid au Qatar. Il faut dire qu’en hiver, il n’y fait pas 50 °C et que oui, c’est compliqué d’ouvrir les fenêtres dans un pays où on ne fonctionne qu’à la clim’. (LOL!)

Aie, Aie, le Président fait le déplacement au Qatar et assistera au match. Je ne voudrais pas être un oiseau de malheur, d’autant plus que je ne suis ABSOLUMENT pas superstitieux , mais touchons du bois, croisons les doigts, jetons du rhum ou du sel par-dessus notre épaule. 

Car tous les déplacements présidentiels ne portent pas forcément chance. 

D’abord, et ce n’est pas une critique à l’égard d’Emmanuel Macron, mais quelque soit son charisme, sa force de persuasion, sa présence même dans les vestiaires seront-elles vraiment le petit plus qui boostera les bleus ?  Même les promesses d’un « quoiqu’il en coûte » à destination de l’Equipe de France, risquent de ne pas être très efficaces, sur des joueurs qui en un mois gagnent plus que la plupart d’entre nous en 2 ans… 

Et puis il y a des précédents: en septembre 1985, François Mitterrand était arrivé en Concorde à Kourou pour assister au lancement d’Ariane, et …boum… l’explosion… la dernière d’ailleurs pour le lanceur européen depuis plus de 35 ans, et c’est tant mieux pour les finances d’Arianespace . 

François Mitterrand avait été furieux, quittant lèvres pincées la salle de contrôle. Et puis, ses conseillers lui conseillant de saluer, il était revenu pour dire quelques mots aux équipes d’Ariane qui étaient effondrées. 

Si, d’aventure, les bleus ce soir se ramassaient, eh! bien Manu récolterait la réputation d’être un chat noir, un mistigri … Et s’il m’avait demandé mon avis, je lui aurais dit : « N’y va pas, prétexte la vague de froid, les avions empêchés de décoller, contente de toi de la finale, si finale il y a…

Mais il ne m’a pas demandé conseil. 

Alors, – là encore touchons du bois de … Guyane, ( angélique, bois serpent, moutouchi ?)- 

Pour le reste sur ce mondial qui devient passionnant même quand on préfère le basket ou l’ovalie, lire mon blog précédent. (Je peux pas, j’ai piscine )

Vous faîtes quoi ce soir à 20 heures ? 

Coupe du monde de foot Qatar2022. Mercredi : Je peux pas, j’ai piscine.

Non, je ne voulais pas regarder la Coupe du monde au Qatar, parce que … parce que Qatar !

Dois-je m’étendre sur les innombrables raisons qui nous poussent à boycotter cet émirat pourri de gaz et de flouze et qui vient jusque dans nos parlements corrompre nos député(e)s ?

Non, je ne mange pas de ce pain-là.

Mais l’autre soir, je tombe sur la chaîne l’Equipe, qui diffusait Brésil – Croatie ou bien était-ce Espagne-Maroc … Attention, la chaîne qui n’a pas les droits de diffusion, diffusait en fait le jeu fascinant de son journaliste qui commente devant la caméra un match qu’il voit mais qu’on ne voit pas…Excellent Yoann Riou, qui doit perdre au moins 5 kilos à chaque match, et qui par la seule force de son verbe et de sa gestuelle, nous fait plus que vivre le match, il est comme un casque de réalité virtuelle, avec lui on est au cœur du match. Bravo l’artiste !

Et puis ? quoi ? après l’Allemagne, le Brésil, l’Espagne éliminés ?… Surprenante Coupe du monde. 

Et puis ? quoi ? le Maroc ou la Croatie qui pourraient remporter la Coupe ? Comme quoi, dans notre vaste monde qui semble être dominée par les super-puissances, la taille et l’argent ne font pas tout…

Et puis ? quoi ? L’Équipe de France, qui malgré les blessés et les forfaits arrive en quart de finale… Je voudrais pas dire , mais plutôt péniblement quand même. Ces penalties face aux anglais… ça ne sent pas très bon… Mercredi, pas sûr que… mais chut… Je ne voudrais pas porter la scoumoune.

Donc, mercredi, je pourrai pas parce que… je serai occupé à regarder LE match…

Comme apparemment des centaines de millions de spectateurs de part le monde, voir même au-delà du milliard, car les succès du Maroc ont un écho formidable dans tout le monde arabe. Et dans le monde entier. Comme quoi cette Coupe est en train de devenir vraiment mondiale. Comme quoi, ce n’était pas si stupide d’organiser cette compétition ailleurs qu’en Europe ou en Amérique. 

Quantitativement, démographiquement, l’avenir du foot passe sans doute par l’Afrique et l’Asie. 

Et puis, finalement, on n’a jamais autant parlé du scandale des travailleurs étrangers traités comme des esclaves sur les chantiers de l’Émirat, de l’obscurantisme de son régime, des droits de l’Homme bafoués, etc…

Il en restera forcément quelque chose.

Guyane, Amazonie, forêt vierge, expéditions survie : La route de l’enfer (vert) est pavée de mauvaises intentions.

Ce lundi 5 décembre, vingt hommes et femmes sont partis pour une expédition de 40 jours dans la forêt équatoriale guyanaise. Baptisée, « Deep climate », son objectif est de mesurer l’adaptation du corps humain à des conditions climatiques extrêmes. Sic…

Voilà c’est dit et vu d’ici, vu de la France « métropolitaine », on a tout de suite des images : La Guyane avec son immense forêt impénétrable, hostile, la forêt vierge, on imagine qu’à chaque pas nous sommes les premiers êtres humains (civilisés) à se frayer un chemin entre les lianes, avec les mygales, les serpents et les fourmis rouges prêtes à nous bondir dessus. 

Cette vision de l’enfer vert a été confortée par 500 ans de malentendus. 

Pourtant, tout avait bien commencé : 

Colomb et ses envahisseurs espagnols ont d’abord été séduits par la douceur du climat « aussi doux qu’un printemps en Andalousie » écrit Christophe Colomb dans son journal. 

Il faut dire qu’en Guyane par exemple, la température n’est jamais extrême, entre 21 et 31 °C toute l’année, nuit et jour…Il n’y a jamais de canicule, jamais de vague de froid.

Ensuite, ça s’est vite gâté. 

Car tenter d’explorer la Guyane en habit de chevalier, avec armure et chaussures qui pourrissent, ce n’était pas forcément une bonne idée. 

Vouloir y pratiquer une agriculture comme en Castille ou en Normandie, c’était forcément une mauvaise idée. 

Chaque siècle a apporté sa couche de tentatives catastrophiques de « colonisation » par les européens. Le désastre de Kourou, le bagne, à chaque fois des projets conçus en Europe sans tenir compte de ce qu’est la Guyane, de son environnement, puissant.

Et puis le pompon, ce sont ces expéditions survie, aventure, un peu comme si on allait faire l’Himalaya. Il y a eu la tragique expédition en solitaire de Raymond Maufrais, disparu en forêt et dont on ne retrouva que le journal. Publiées dans les années 1950, « les  Aventures en Guyane » ont excité l’imagination de nombreux baroudeurs de tous bords.

Justement la comparaison est intéressante. Il ne viendrait à personne l’idée (sauf malheureusement chaque année à quelques touristes inconscients), de se lancer à l’assaut du Mont-Blanc (ou de l’Himalaya) en tongs, bermuda et sans guide.

Pour la forêt équatoriale, c’est la même chose. Au lieu d’y aller comme si on était les premiers, peut-être faudrait-il demander aux personnes qui y habitent depuis des milliers d’années.

Car on découvre aujourd’hui que l’Amazonie et les Guyanes ont été beaucoup plus peuplées qu’on ne le croyait, avec des civilisations brillantes, des villes, une agriculture efficace, capable d’abonder des sols qui sous la canopée sont en fait pauvres, des sociétés qui n’ont pas été développées contre leur environnement, comme cela a été le cas avec la colonisation européenne, mais avec. 

C’est ce que prouvent aujourd’hui les travaux et les fouilles menées depuis une vingtaine d’années, par Stephen Rostain, directeur de recherches au CNRS, un des premiers archéologues français à s’être spécialisé sur l’Amazonie.

On redécouvre aussi que les tribus qui n’auraient jamais vu de blancs sont en fait des tribus qui ont fuit les blancs. 

Parce que ce n’est pas le climat, la forêt, les bêtes qui ont fait disparaître les amérindiens, c’est nous, nous avec nos maladies, nos virus. 

En quelques années, la grippe, la variole ont décimé les populations d’Amazonie, comme d’ailleurs celles des Andes ou d’Amérique centrale. Aujourd’hui, on estime qu’en Amazonie, elles sont passées de 10 millions d’habitants à quelques dizaines de milliers. 

Et lorsque les Français, Hollandais, Anglais colonisent les Guyanes, – Cayenne fondée en 1643 – un siècle après les Portugais et les Espagnols, ils découvrent des forêts presque vides, après l’une plus grandes catastrophes sanitaires que le monde ait connue.

Ce n’est pas en Guyane qu’il faudrait faire des expériences survie, mais plutôt dans ces immenses mégalopoles où se concentrent de plus en plus le gros de la population mondiale.

40 jours d’immersion dans les bidonvilles de Lagos, Kinshasa ou Manille, comment y survivre ?  Ça, ça serait un vrai défi pour nos aventuriers européens.

Et ce n’est pas d’expériences survie dont ont besoin les Guyanais d’aujourd’hui, mais de véritables perspectives de développement : C’est quoi le projet pour la Guyane dans les 30 ans qui viennent ? Ça c’est le vrai défi qui intéresse les Guyanais.

Vols dans les TGV : mais que fait la SNCF ?

Vols dans les TGV, que fait la SNCF ? rien. 

D’ailleurs, la compagnie le précise bien, elle n’est pas responsable des vols perpétrés dans ses trains. 

Pas responsable ? 

Mais qui impose aux voyageurs des compartiments où ils sont OBLIGÉS de laisser leurs bagages encombrants à l’entrée, voir même dans le sas entre deux compartiments ? La SNCF.

Ok, il y a 40 ans, ça pouvait sembler être une bonne idée. Voyager en TGV, ça devait être un peu comme prendre l’avion. Donc les bagages à mains et les vêtements dans l’étroite étagère placée au-dessus des têtes. Quant aux valises encombrantes, non pas en soute, mais à l’entrée.

Mais aujourd’hui ? Pourquoi toujours la même conception de compartiment, alors que l’on sait que des petits malins, non pardon des bandes de malfrats ont bien compris que dans la conception même des rames TGV, il y avait des failles faciles à exploiter. 

Ça a été d’abord le coup du vol au moment du départ. 

Dès le quai vous êtes repérés : une valise qui paraît bien chargée, un sac qui a l’air de marque, etc…

Vous montez, vous cherchez une place pour vos bagages, il n’y en a pas, sauf…sauf à l’entrée. Mais vous, vous êtes assis de l’autre côté du wagon et de plus vous tournez le dos à l’entrée. 

Juste au moment du départ, le voleur prend votre valise, descend sur le quai, la remet à un complice, qui ensuite la remet à un autre complice. Et même si vous vous en apercevez 5 mn plus tard, trop tard, les portes sont closes, et le TGV fonce déjà vers les 300 km/h…

La police a fini par gêner ces bandes, et puis, aujourd’hui, les billets sont souvent contrôlés avant d’entrer sur les quais de départ. 

Les voleurs ont donc « amélioré » leurs techniques. Et vous allez voir comment les préjugés peuvent être utilisés. 

D’abord le look : on choisit un petit vieux, ou quelqu’un grimé en petit vieux. Une petite vieille, ça marche aussi. Un djeun’ casquette et sneakers, ce serait plus voyant. 

Le petit vieux achète un billet, en 1ère. Par exemple sur Paris-Marseille, sans arrêt. 

Là vous vous dîtes : pas d’arrêt, en première, ça paraît plutôt sûr. 

Erreur.

Si par hasard pendant les 3 heures du voyage, vous voyez le petit vieux fouiller dans vos bagages, l’individu va jouer au con un peu sénile : Oh ! pardon, je vois mal, j’ai confondu mon bagage. 

Si vous ne remarquez rien, de toute façon, à l’arrivée, en quelques secondes, il prend le sac qui l’intéresse et se dirige vers la descente. Mais 30 personnes se lèvent en même temps, cherchent leur manteau, leur sac, prennent leur valise. Et dès que vous constatez le vol, entre le voleur et vous, il y a la foule des voyageurs.

Non, je ne suis pas parano, et ceci n’est pas un fake. 

En septembre dernier, la police a d’ailleurs fini par démanteler une de ces bandes de voleurs. Et le butin présenté à la presse est impressionnant. Des dizaines de milliers d’euros, des bijoux, des ordinateurs, des appareils photos, des caméras, y compris des caméras professionnels (les nôtres peut-être…). 

Bravo la police ! Elle a même mis en place un contact mail, pour celles et ceux qui auraient été volés, et qui, on ne sait jamais, pourraient ainsi récupérer leurs biens. 

Mais que fait la SNCF ? 

Rien, et les nouvelles rames TGV mises en service sont peut-être plus « green », plus connectées, mais elles n’en sont pas plus sûres. Comme si ces « expériences » voyageurs n’étaient jamais remontées au sommet. 

Et pourtant, il y aurait bien des solutions, faire comme les Italiens (et d’autres d’ailleurs) .

Sur Trenitalia, les voyageurs prennent leurs bagages avec eux dans le compartiment, et suffisamment de place a été prévue pour qu’ils ne soient pas obligés de les laisser à l’entrée, au risque de se les faire voler. 

Vérité au-delà des Alpes, erreur en-deça… 

Trottinettes : La bataille est engagée, mais la guerre est déjà perdue.

On appelle ça la mobilité douce : Marche, vélo, trottinette… 

Douce, elle l’était avant qu’on y rajoute « électrique ». 

Et ça change tout.

Nous ne sommes pas plus incivils qu’avant, nous le sommes de manière motorisée. 

Avant, on nous avait appris à traverser les rues. Tu regardes à gauche puis à droite, tu attends le vert piéton et tu traverses. 

Aujourd’hui, il faut regarder à droite, à gauche, puis à droite, puis à gauche, puis devant tout en surveillant l’arrière, et le vert piéton ne signifie plus rien. 

Avant la trottinette électrique, il y avait la trottinette simple : On pouvait les compter sur les doigts d’une main, celles et ceux qui s’élançaient cheveux au vent le long de nos rues, mus par la seule force de leurs mollets. 

Aujourd’hui, tout le monde s’y est mis, en quelques mois.

Comme le vélo électrique, autre danger auquel les piétons doivent se confronter, la trottinette électrique est tout sauf sportive, c’est même le contraire, c’est la mobilité sans effort à la portée de tous. Et c’est la liberté, même par rapport au vélo. Est-on piéton ? est-on cycliste ? Un peu comme dans la fable de la Fontaine, Je suis Oiseau : voyez mes ailes ;(…) Je suis Souris : vivent les Rats. 

Et je prends ma trottinette dans le train, le bus ou métro, et N…ta mère, si je vous gêne. Et le casque ? Je m’en bats les c… et la piste cyclable ? c’est pour les teubé ! Et je passe aux feux ? Rouge ? Nique le feu, et je t’emmerde. 

A travers le flot de voiture, je suis libre. Jusqu’au choc pas très chic qui va vous envoyer à l’hôpital, et le conducteur du véhicule qui vous aurait heurté… devant les juges. Eh ! oui…vélo, trottinette, c’est aux autres à faire attention. 

Et je sens venir vos préjugés. Ne croyez pas que cette trottinettemania soit l’apanage des ptits jeunes des quartiers… les petits bourges et même les vieux bobos se la jouent « free », comme cette grande blonde, cheveux au vent (donc pas de casque) vue il y a quelques jours, slalomant au milieu des embouteillages pour traverser Place de Clichy à Paris, à contre sens et au feu rouge…

Les mobilités douces sont un révélateur de notre manque d’éducation. Quelque soit notre niveau d’éducation, ou de fortune. Elles révèlent la part sombre de notre incivisme.

Elles mettent également cruellement en évidence le manque d’anticipation et de réactivité de nos édiles… Hello ! la mairie, on réagit ? on organise ? On légifère ? On prend exemple sur New York ? Barcelone ? Valence ? où les flottes privées ont été interdites. 

#Francophonie. #SommetDjerba2022 Le français, langue mondiale : Tu parles !

Les Français, encore aujourd’hui, grandissent avec l’idée que leur langue, notre langue est un trésor que le monde entier nous envie. 

« De l’universalité de la langue française » ça, c’était il y a 3 siècles. 

A l’époque, cette universalité s’étendait surtout à l’Europe, car pour les européens en ces temps-là, l’Europe c’était le monde. 

Alors oui, Frédéric II de Prusse parlait mieux français qu’allemand, langue qu’il réservait surtout pour commander ses soldats et ses chevaux. Et oui la couronne anglaise gardait de ses origines normandes des devises en français : « Dieu et mon Droit » ou « Honni soit qui mal y pense ».

Ensuite il y a eu la colonisation, l’invasion du Maghreb, du Sahara, de l’Afrique, de la Cochinchine. Sur une carte, ça avait de la gueule : des taches roses sur la mappemonde : « Français : Voici ton empire ! »

Aujourd’hui, nous faisons la même chose. Pour estimer le nombre de personnes parlant le français, nous additionnons les populations de tous les pays qui ont plus ou moins à voir avec la langue française. Et le résultat est très impressionnant : Des centaines de millions de francophones, juste derrière l’anglais, le chinois, l’hindi, l’espagnol, l’arabe ou le Bengali. 

Flatteur, mais faux. 

Qu’y a-t-il de commun, entre le Brésil parlant portugais, le Mexique, espagnol, et le Congo Kinshasa parlant français : Rien. 

Dans la rue à Mexico ou Guadalajara, tout le monde parle espagnol. A Rio ou Manaus, tout le monde parle portugais, même si les langues des populations premières n’ont pas complétement disparu. Mais qui parle vraiment français au Congo ? Tendez l’oreille à Kinshasa, à Goma. Vous entendrez du lingala, du kikongo ou du swahili. 

Même à Dakar, capitale du Sénégal, dont les élites, les écrivains comme récemment Mohamed Mbougar Sarr, Prix Goncourt en 2021, contribuent toujours autant à la qualité de notre littérature, dans la rue, dans les campagnes, on entend le wolof pas le français. 

L’avenir de notre langue n’est plus à Paris, mais à Kinshasa : Le Congo est aujourd’hui par sa population, le premier pays francophone du monde. Presque 100 millions d’habitants aujourd’hui : 200 à 250 millions en 2050 (la France ne dépassera pas les 70 millions ). Mais si le français y est bien la langue officielle, elle n’est pas la langue populaire.

Or sommes-nous sûrs que les Congolais continueront à choisir le français comme langue d’échange entre les différentes langues nationales de ses populations, et comme langue d’échanges internationaux un peu comme l’Anglais aujourd’hui en Inde ? 

S’ils suivent l’exemple du Rwanda, eh ! bien adieu la francophonie !

Autrefois francophone, l’anglais est depuis 2003 l’une des trois langues officielles du Rwanda et a remplacé en 2010 le français dans son rôle de langue de scolarisation. Et la présence du Président Kagame au sommet de la francophonie à Djerba n’y change pas grand-chose.

Quel intérêt les Congolais auraient-ils d’ailleurs à conserver le français ? Auront-ils la volonté de ne pas se couper d’un héritage qui n’est pas celui du colonisateur, mais le leur : Deux cents ans de productions intellectuelles, littéraires, artistiques, politiques de leurs aînés qui se sont servis du français pour transmettre leurs messages. 

Comme pouvoir relire ou réécouter le discours – en français – de Patrice Lumumba, le 30 juin 1960, pour la proclamation de l’indépendance du Congo, devant un roi des Belges consterné d’entendre le leader charismatique, sauvagement assassiné quelques mois plus tard, dire leurs quatre vérités aux anciens colonisateurs :« nous avons connu les ironies, les insultes, les coups que nous devions subir, matin midi et soir, parce que nous étions des nègres…Qui oubliera qu’à un noir on disait « tu », mais parce que le « vous » honorable était réservé aux seuls blancs »? .

Auront-ils le désir de continuer à lire Senghor, Césaire, Damas, Jacques Stephen-Alexis, Alain Mabanckou, ou encore Montaigne, Dumas, Rimbaud ou Virginie Despentes dans leur langue d’origine ? 

Tout cela ne pèsera pas lourd face au côté pratique de l’anglais, langue réellement universelle. Y compris en Afrique où quand ils se rencontrent les africains de langues maternelles tellement diverses choisissent l’anglais pour échanger. Comme d’ailleurs les européens entre eux, même après la sortie des Anglais de l’Union européenne…

D’autant plus qu’au même moment, nous nous replions sur nous-mêmes. Et c’est le paradoxe. Et c’est là où nous sommes très … cons. 

Il est en effet con-sternant de con-stater que par peur d’être envahis, par peur d’un grand remplacement, nous fermons nos frontières, nos universités aux jeunes venant de pays « francophones ». 

Un diplômé marocain ou sénégalais se voit « barrés » chez nous alors que le vaste monde anglophone lui ouvre les bras. Si ce ne sont pas les États-Unis ou l’Angleterre, alors le Canada, l’Australie ou même les universités chinoises ou indiennes. 

Même nos plus grandes écoles basculent dans l’anglais. Pour attirer le chaland, elles proposent des masters, des cursus où il n’est plus besoin de parler français. 

Tant pis pour notre orgueil de coqs gaulois, mais nous devons nous préparer au français, langue microscopique sur la planète. Ou alors il faudrait que nous changions, et que le point de vue sur la langue française ne soit pas encore toujours celui de Paris. Peu de chances, hélas, que ça arrive.

C’est dommage, mais après tout ce n’est pas la taille, ni le nombre de locuteurs qui font la vitalité d’une langue. 

L’islandais n’est parlé que par 300 000 personnes, ce qui n’empêchent pas les Islandais d’être parmi les plus grands lecteurs du monde. 

Écrire en yiddish, langue aujourd’hui pratiquement disparue, n’a pas empêcher Isaac Bashevic Singer d’être reconnu par le Prix Nobel.

Que peut-il donc bien ressortir de ce 18 ème sommet de la francophonie qui vient de se tenir à Djerba en Tunisie ?

Le Président du Congo RDC n’a pas voulu venir, et les congolais n’ont pas voulu figurer sur la photo officielle aux côtés des rwandais.

Comment on dit en français ? Cause toujours, tu m’intéresses pas…

Chaines info: Apprendre à tourner sa langue 7 fois dans sa bouche

Vieille sagesse toujours valable à l’heure du breaking news, du tout info, de la communication digitale, certains/es devraient apprendre à tourner leur langue 7 fois dans leur bouche. 

Prenez n’importe quel soir, n’importe quel jour : vous zappez, vous scrollez, et vous tombez sur …allez pas de nom… sur LCI, sur Cnews, sur BFM, qui vous annoncent : « avoir pris un coup de poing dans la poitrine », c’est « historique », « les russes ont bombardé la Pologne ». Là on se dit : « M….. J’aurais dû acheter plus de rouleaux de papier WC, et plus de coquillettes ». 

On suit alors avec angoisse les commentaires d’experts, que l’on avait vus la veille nous expliquer l’Iran, et 2 jours avant, la politique américaine et une semaine avant encore, la crise de l’énergie, et avant, le Mali, et avant, le Brésil… 

C’est fou le nombre d’experts capables d’expertiser sur tout. Ils sont les « Pic de la Mirandole » de nos sociétés de l’information. ( Pic, quoi ? : point culture, vite wiki !)

Et voilà qu’au réveil, on apprend que finalement non, la Russie n’a pas (encore ?) attaqué la Pologne, donc l’OTAN, donc nous. 

On s’attend à des rétropédalages, des excuses, ou en tout cas, des commentaires plus pondérés… eh ! bien non, une « info » chasse l’autre, ou plus exactement un « clash », une headline qui claque, le # hashtag de la mort, rien ne doit arrêter la noria des « breaking news ». 

Pas de mémoire, ou alors celle de poissons rouges, un tour de bocal et on recommence tout. 

Pas de recul, pas de doutes : imagine-t-on l’envoyé spécial, l’envoyé sur place qui doit alimenter des directs toutes les ½ heures accepter de dire qu’il ne sait pas grand-chose, qu’on ne sait pas grand-chose. Car il est vrai que sur place souvent on ne voit qu’une toute partie du tout. Mais c’est cela le reportage : rapporter ce que l’on voit, ce dont on est témoin. En toute subjectivité : Vous étiez là et telle chose advint. Mais sur le terrain, les événements ne se révèlent pas dans leur totalité, dans leur complexité. Et c’est bien normal. 

C’est alors le rôle du media, des rédactions en chef, de combiner tous ces reportages, de les mettre en perspective, les compléter, les combiner. 

Visiblement le travail obscur mais essentiel des rédacteurs en chef, est aujourd’hui éclipsé par l’appel des lumières du « plateau », l’animateur supplante le journaliste. Ma mère m’a vu à la télé, waou !

Il n’y a plus de place pour le doute : À l’heure du numérique, pardon du digital, on nous demande d’être binaire 1-0.

Il y a une semaine on nous annonçait « la vague rouge » de Trump aux États-Unis, aujourd’hui, elle est où la vague rouge ? 

Il y a un mois, on expliquait que la reprise de Kherson en Ukraine prendrait du temps. Bon, ben aujourd’hui c’est fait ;

Et puis, après Covid saison 8, il y a la variole du singe, la bronchiolite, la vitrification par les bombes atomiques russes, les bombes sales de on ne sait plus qui, l’hiver en doudoune et en col roulé, le prix de l’essence plus cher que le beaujolais nouveau. Bref pas d’infos sans catastrophe. 

Finalement, on en revient à une vieille loi de la circulation de l’information : « un chien qui mord un évêque, ce n’est pas une info, mais un évêque qui mord un chien, ça, c’est une info ». 

A force de courir derrière les « breaking news », et de blablater sur tous les sujets, on en arrive à dire des bêtises. Pas étonnant alors, que notre crédibilité, à nous les journalistes, soit tombée si bas…Apprendre à tourner sa langue 7 fois dans sa bouche…

Tartuffes : Cachez ce Qatar que je ne saurais voir. #mondial #foot #Qatar

A quelques jours du mondial de football au Qatar, certains appellent à boycotter l’événement. Pour des tas de raisons, et de très bonnes raisons. Et l’on demande aux sportifs de prendre position, de ne pas aller au Qatar etc…

Quelle hypocrisie : toutes les atteintes aux droits de l’Homme, des femmes, des immigrés etc… sont connues et étaient déjà connues il y a 12 ans lorsque le mondial a été attribué au Qatar. 

Le foot est un sport mondial : Qu’il puisse étendre les mondiaux à d’autres que l’Europe ou l’Amérique, ce n’est pas idiot, c’est même indispensable.

Que ce soit au Qatar pose sans doute problème. Le pays n’a pas une longue tradition footballistique – c’est le moins qu’on puisse dire – Il n’a pratiquement pas d’équipes, ne serait-ce que parce qu’il n’y a que très peu de Qatari, 300 000 sur les 2 millions et demi d’habitants, le reste étant des immigrés. 

Mais le Qatar est aujourd’hui une plaque tournante, une vitrine entre Asie et Europe, qui cherche à se développer dans d’autres domaines que ses ressources gazières qui ne sont pas illimitées. 

  • Culture. Par exemple en contribuant à la restauration superbe de l’Hôtel de la Marine, Place de la Concorde à Paris, où un étage présente somptueusement quelques trésors de la collection du sultan Al Thaini. 
  • Sport bien sûr, en investissant dans de grandes équipes de foot et Paris (le PSG) peut-il s’en plaindre ? Mais aussi dans la F1. Alors pourquoi ne demande-t-on pas aux fabricants et coureurs automobiles de boycotter les Grands Prix du Qatar, d’Abu Dhabi, d’Arabie saoudite ? 

Et en quoi ce Soft Power que veulent développer les Qatari est-il plus questionnable que celui des américains, des chinois ou du notre d’ailleurs. Parce qu’ils auraient des liens ambiguës avec les islamistes ? Avec les frères musulmans ? Y’a pas qu’eux… suivez mon regard qui va jusqu’à beaucoup de capitales de pays de la région. Et puis, que nos services compétents enquêtent, traquent, démontent, et démantèlent ces réseaux. C’est leur boulot. 

On critique le scandale climatique de compétitions organisées dans des stades climatisés. C’est vrai, mais d’abord en novembre il fait moins chaud au Qatar, qu’au Brésil par exemple. Et dans les pays du Nord, en hiver on chauffe les stades, ce qui n’est guère mieux que les stades climatisés.

Il y a bien sûr, le régime qui s’appuie sur des « traditions » qui sont loin d’être démocratiques, structure pyramidale du pouvoir avec au sommet les chefs de tribus, des sociétés bédouines conservatrices, patriarcales et misogynes , la charia pour code pénal, etc…

Mais si l’on ne réserve les événements mondiaux qu’aux pays démocratiques, alors les mondiaux ou les JO ne seront réservés qu’à une quarantaine de pays dans le monde .

Aujourd’hui c’est le bal des tartuffes, qui se réveillent brusquement pour surfer sur une vague démagogique…

Demander à des footballeurs de ruiner des années d’entraînement pour pallier les ambiguïtés de nos politiques et de nos sociétés à l’égard de pays comme le Qatar est assez dégueulasse. Quelle hypocrisie !

Halloween vs Toussaint : Le grand remplacement de nos racines culturelles.

J’adore les citrouilles. Plus exactement, les potirons ou les giraumons. En soupe ou gratins, miam ! Mais en lanternes, vitrines, déguisements qui envahissent jusqu’aux chambres de nos enfants, beurk ! Cette indigestion orange est un triste révélateur du grand remplacement de nos racines culturelles. 

Nous sommes tous embarqués dans un grand méli-mélo d’une culture mondiale fabriquée, pour schématiser, par Hollywood. Et qui modèle nos imaginaires que l’on soit à Paris, Abidjan ou Séoul. Et qui évidemment s’exprime dans une novlangue, le « globish », le « global english » Il serait peut-être plus juste de dire « global american », ce mauvais anglais qui est devenu notre lange d’échange universelle.

Cela a commencé sans doute par les westerns qui nous ont plongés dans un univers, un environnement, une histoire, des mythologies qui nous sont complètement étrangères, et qui en plus transforment en épopée « Go west Young men », une colonisation brutale qui a éliminé la quasi-totalité des peuples premiers d’Amérique. 

Résultat : Depuis notre enfance, même sans jamais avoir vu le Grand Canyon ou Monument Valley, on pourrait les décrire mieux que les gorges du Verdon ou la chaîne des Puys. 

Nous savons dire burger avant d’être capable de dire pain. 

Et puis il y a eu Disney. Aujourd’hui on ne connaît plus les contes d’Andersen, Grimm ou Perrault, mais leurs resucées américaines. 

Plus grand monde n’a lu les textes de ces écrivains danois, allemands, français, mais tout le monde peut chantonner « un jour, mon Prince viendra ». Quant au château de la Belle au bois dormant, il a été dessiné en Californie ou en Floride. Je préfère, même si c’est kitsch, « Neuschwanstein » – C’est quoi, ça, Neuschwanstein ?

Même les afro-américains nous produisent des séries qui sont américaines avant tout. Oui, il y a eu « Roots » et « Kunta Kinté » , un des premiers héros noirs auxquels le monde, pas seulement les noirs pouvait s’identifier. Aujourd’hui, on a Wakanda, qui nous présente une Afrique totalement clichés et aseptisée. Mais finalement fabriquée de la même manière que toutes ces séries anglo-saxonnes, qui ont créé un imaginaire mondial qui s’est substitué à nos propres mythes et légendes. 

Et pourtant partout sur la terre, les différentes cultures et civilisations se sont organisées autour de grands mythes, d’épopées, de héros, de personnages hors normes, faisant passer les scénaristes de « Game of Thrones » pour des enfants de chœur. Du sexe, des tabous, des monstres, l’inceste, le meurtre du père, la violence, le racisme, la démocratie, la dictature, tout est déjà dans les contes et légendes des grecs anciens, dans leurs tragédies, leurs poésies, leurs mythes. 

Même le Seigneur des anneaux – que j’aime bien : les décors, la mise en scène etc…, j’adore les scènes avec Golum attiré par « le précieux » l’anneau magique et maléfique– Mais ça me fait penser à quelque chose : À l’anneau des Nibelungen ! Walkyrie et Walhalla, les grandes sagas germaniques, on en a même fait des opéras il y a 200 ans. 

Vous voulez de l’épopée ?  Prenez celle des vikings, qui sont allés jusqu’en Amérique, 500 ans avant Christophe Colomb.

Vous voulez de l’épopée ?  À quand une série sur l’incroyable aventure des polynésiens. Partis du sud-est asiatique, naviguant sur leurs Va’a , leurs pirogues doubles, à contre-courant, sans espoir de retour, sans savoir ce qu’ils allaient trouver, ils ont atterri sur des îles microscopiques et sont arrivés à coloniser l’ensemble du Pacifique depuis la Polynésie, jusqu’à Hawaï et la Nouvelle-Zélande.

Mieux que Game of Thrones, je préférerais binge-watcher  »L’Iliade »,« l’Odyssée », les « Perses », « Œdipe Roi», les « Nuées »…« je connais pas, c’est pas ma génération » . 

Excuse à la con, moi non plus je ne suis pas né à l’époque de Périclès (- 450 avant JC), et moi non plus, je n’ai pas pris le temps de me plonger dans l’apprentissage du grec et je n’ai pas lu ces textes dans leur version originale. 

Mais j’ai eu la chance de rencontrer une passeuse, une transmetteuse. Jacqueline de Romilly. 

Depuis l’âge de 14 ans, elle lisait, parlait, pensait en grec ancien. Elle a passé sa vie à nous relire, traduire, expliquer, faire découvrir ces textes où tout ce qui occupe et préoccupe les hommes d’aujourd’hui, se trouve déjà. 

Et à 90 ans passés, elle continuait à se rendre dans les lycées de la banlieue parisienne, où elle rencontrait un public qui au début la regardait en se demandant c’est qui cette yeuve qui va nous faire ièch ? Et puis à la fin de son cours, tous en ressortaient captivés, plus riches en fait… 

Je devais l’interviewer pour la grande interview du matin d’Europe 1,  où je remplaçais pour les vacances, Jean-Pierre Elkabbach. 

Elle m’a reçu chez elle. L’ascenseur montait directement dans son entrée. Elle était déjà presque aveugle, mais sa passion était toujours là. Et en plus de l’interview, l’entretien s’est prolongé deux heures, qui m’ont permis, un peu, de mettre mes pas dans les pas « des héros et des Dieux ». 

« Pourquoi la Grèce ? » a été un de ses derniers livres …

Ce n’est pas d’un grand remplacement venu d’Afrique ou d’ailleurs dont nous devrions avoir peur, mais bien de celui déjà opéré, qui nous a fait adopter comme toute la planète, une culture globish, global-english qui nous coupe progressivement de nos racines millénaires.

Élections présidentielles au Brésil : Rio ne répond plus…

J’avais fait le pari que Bolsanaro, Président sortant du Brésil, ne serait pas réélu. Sans être sûr qu’il puisse être battu dès le premier tour le 3 octobre dernier par son adversaire l’ancien Président Lula. C’est ce qu’annonçaient la plupart des sondages. Et ce n’a pas été le cas. Certes Lula arrive en tête, mais Bolsonaro a fait beaucoup mieux que prévu.

Un second tour a donc lieu dimanche. 

Et une nouvelle fois, Lula est en tête dans les sondages. J’espère donc avoir finalement raison en pronostiquant sa victoire, non seulement pour mon ego de journaliste mais surtout pour le Brésil, un pays qui mérite vraiment d’être bien gouverné, en tout cas de manière moins caricaturale que par Bolsonaro.

Mais ça va être ric-rac au mieux.

Et au pire…

Donc ce dimanche, plus de 150 millions d’électeurs brésiliens élisent leur Président. Mais aussi comme au premier tour, sénateurs, députés fédéraux, gouverneurs, députés des États, des centaines d’élus. Éclatés façon puzzle, les partis politiques rendent l’ensemble – Chambre des députés, Sénat fédéral, plus parlements des 26 +1 États – assez ingouvernable, avec cependant une tendance, le glissement vers la droite et l’extrême-droite. Même si Lula est élu dimanche, cela va être compliqué. 

Le Brésil est une démocratie, une des plus « grandes » d’ailleurs après l’Inde et les États-Unis. On y vote – près de 75 % de participation au premier tour – il y a un État qui fonctionne -plus ou moins bien – une Cour Suprême, une justice, avec au Brésil aussi des « petits juges » inflexibles dans leur traque à la corruption. 

Comme Sergio Moro, juge d’instruction du sud du Brésil qui en 2014, lance une opération « mains propres », en portugais « lavage express » « lava jeito ». Dans la foulée des scandales de détournements gigantesques liées aux JO et au Mondial, il démonte beaucoup d’affaires, liées aux pots-de vin versés par la compagnie Pétrobras ou le géant du BTP, Oldebrecht. 

En utilisant une disposition, permettant moyennant aveux, de réduire sa peine de prison, le dirigeant et les cadres de l’entreprise, acceptent de dénoncer les bénéficiaires de pots-de-vin.

Résultat : 1 450 mandats d’arrêt délivrés, 533 mises en accusation déposées et 174 personnes condamnées. Pas moins de douze chefs ou ex-chefs d’Etat brésiliens, péruviens, salvadoriens et panaméens ont été mis en cause. Et d’autres personnalités aux Etats-Unis, en France. Même l’ancien président Lula se retrouve éclaboussé et est emprisonné en 2018. Et ne peut donc se présenter aux élections de 2019.

Bolsonaro est élu, l’extrême-droite se présente comme des « Monsieur propre ». Le « petit » juge Sergio Moro est nommé ministre de la Justice. 

Mais un an plus tard, retournement de situation. 

On découvre que les procédures ont été irrégulières, manipulées. 

Le ministère public fédéral met fin à « Lava Jato ». La Cour suprême ordonne la levée des charges portées contre Lula, et statue que le juge Moro a été « partial » lors de son instruction. 

Lula est libéré le 8 novembre 2019, mais trop tard pour les élections. Puis il sera totalement innocenté.

Le petit juge démissionne en 2020, et part à Washington, embauché par un cabinet d’avocats spécialisé en conseil et contentieux des affaires, et situé pratiquement en face du siège du Trésor américain…

Même s’il a été blanchi, l’image de Lula reste sérieusement abîmée auprès des Brésiliens, notamment dans les classes populaires. D’autant plus que Bolsonaro use et abuse de la rengaine Lula = corruption. En plus de : “c’est un communiste, c’est un satan, c’est Sodome et Gomorrhe“. Tout étant « fake » évidemment.

Car le président sortant se rêve en Donald Trump tropical. 

Comme Trump, il multiplie les fake news contre Lula, son compte twitter est suivi par 46 millions de personnes.

Comme Trump, il ne cesse de dénoncer à l’avance une supposée fraude massive, des élections truquées par ses adversaires. 

Comme Trump, il chauffe ses partisans, qui ont constitué un peu partout des milices armées. Une des premières mesures de Bolsonaro Président avait été justement d’instaurer la vente libre des armes au prétexte que chaque brésilien devait pouvoir se défendre lui-même contre les malfaiteurs. Le Brésil est un des pays les plus violents du monde, avec des taux de criminalité et d’homicides parmi les plus élevés.

Beaucoup craigne un scénario genre assaut du Capitole à Washington en janvier 2021. 

Mais au Brésil, les institutions, les élus, l’armée, n’ont pas le même ancrage démocratique qu’aux Etats-Unis – la dictature militaire n’a pris fin qu’en 1985. Un éventuel assaut par les partisans de Bolsonaro de la Place des Trois Pouvoirs à Brasilia pourrait alors tourner à l’avantage de ceux-ci. Des affrontements dans les villes pourraient également se produire. 

De mémoire de brésilien, jamais la tension n’avait été aussi forte, jamais les adversaires ne s’étaient autant menacés, insultés. Et tout le monde se demande ce que feront les militaires.

Bolsonaro, ancien militaire, n’a cessé de leur faire des appels du pied. Et certains généraux n’oublient pas que Lula avait tenté de mettre en place une Commission Vérité sur les crimes de la dictature… Contrairement à d’autres pays, il n’y a jamais eu au Brésil de procès contre des responsables de violations des droits de l’homme. Une loi d’amnistie votée en 1979, donc avant le rétablissement de la démocratie, garantit toujours l’absence de poursuites contre des policiers ou des militaires tortionnaires.

« La tristesse n’a pas de fin. Le bonheur, si » dit la bossa “A Felicidade” composée par Antonio Carlos Jobim et Vinicius de Moraes en 1959 pour le film “Orfeu negro“, Palme d’or à Cannes, Oscar à Hollywood.

La chanson raconte que la joie du peuple est la grande illusion du carnaval, un moment de rêve, mais tout se termine le mercredi, dernier jour du carnaval.

Une après-midi chez Pierre Soulages à Sète.

Pierre Soulages est mort. À 102 ans passés, il était le peintre français vivant le plus « côté ». Et il était connu pour ses noirs, ses tableaux entièrement noirs. 

De lui et de son œuvre je ne connaissais donc que quelques clichés. 

Mais j’ai eu la chance de le rencontrer et de passer une après-midi chez lui dans sa maison à Sète. C’était il y a quelques années dans les mois précédant l’ouverture du très beau musée qui lui est consacré dans sa ville natale de Rodez, un musée remarquablement développé par son directeur Benoît Decron.

Soulages c’est d’abord un physique impressionnant. Un très grand et bel homme – on ne pense même pas vieil homme – très digne, tout de noir vêtu, crinière blanche, visage allongé, buriné : la grande classe !

Soulages c’est aussi un accueil. Méditerranéen, chaleureux, disponible. À ses côtés, sa femme, aussi menue qu’il est immense, elle aussi accueillante et amicale. 

Soulages c’est cette maison, murs en béton, grandes baies vitrées, dessinée par lui-même, dans un cadre… comment dire, merveilleusement beau : Une pinède sur les pentes du Mont Saint-Clair avec une vue sur la Méditerranée à couper le souffle. 

La lumière baissait doucement avec le soleil couchant, et Soulages nous expliquait sa démarche, comment il avait compris que le noir dans ses épaisseurs et aspérités pouvait accrocher la lumière. 

Cette anecdote, il l’avait expliqué des milliers fois, mais pour nous, il nous la racontait comme si c’était la première fois. Soulages était un formidable conteur.

Et puis, il nous a emmené dans son atelier, où il travaillait sur une nouvelle toile. Et là, il nous a montré toutes les coulisses, la complexité du travail de préparation de cette toile immense. La toile tendue avec des câbles, le cadre, la préparation de ses outils, pinceaux, palettes, et de sa peinture, ce fameux noir. Et comment il se battait, physiquement, avec la matière.

Des moments rares. 

Et puis j’ai repensé aux vitraux de l’Abbaye de Conques non loin de Rodez. Cela paraissait complètement fou : Il était l’artiste du noir, et c’est à lui que l’on commandait des vitraux pour ce superbe bâtiment roman, monument historique, classé Unesco etc…

Et le résultat est génial. 

De l’extérieur, les vitraux paraissent opaques, gris, minéraux, se fondant dans les pierres du bâtiment. Mais à l’intérieur, c’est tout le contraire. Les vitraux sont composés de verres de textures, de compositions, d’épaisseurs différentes. Ils difractent la lumière différemment, certains plus rouges, d’autres plus bleus, d’autres plus jaunes, etc… 

C’est ce que nous avait raconté Soulages cet après-midi-là à Sète, expliquant sa recherche du bon verrier, testant les verres, tant d’échecs, tant de travail, jusqu’à, jusqu’à ce résultat, qui peut paraître abstrait, intellectuel, comme ça sur le papier, mais qui quand on est dedans, dans cette lumière, est au contraire un éblouissement très instinctif, physique. 

Noir à l’extérieur, lumineux à l’intérieur. Merci Pierre Soulages.

#KendrickLamar en tournée à Paris. « Il est nous tous ».

Kendrick Lamar était de passage à Paris. 

2 concerts exceptionnels à Bercy, pleins dès l’annonce de l’ouverture de la vente de places en mai dernier. 

Évidemment, car Kendrick Lamar est certainement le plus grand, en tout cas un des plus grands, rappeurs, hip-hopers, artistes américains du moment. Il se démarque notamment par la force et la qualité de ses textes, salués par l’attribution du Prix Pulitzer en 2018. Une première !

Par quoi commencer ? … par son show ? 

Là il y a méprise pour ceux qui s’attendaient à un show à la Prince, à la Kanye West/ Jay-Z, ou comme la dernière finale du Super Bowl, où Lamar partageait la scène avec Snoop Dog, Dr Dre, 50 Cent, Eminem, Mary J Blidge, du très lourd quoi !

Son dernier disque, dont il fait actuellement la promotion, Mr. Morale & The Big Steppers, est plus intimiste, plus sombre, plus révolté, l’atmosphère ne se prêtait donc pas à des délires pyrotechniques (même s’il y a eu les incontournables jets de flammes) .

Mais quand même : 

Pas de musiciens, pas de DJ et autres virtuoses de la musique électronique : ils avaient été confinés dans la fosse sur les bas côtés de la scène. 

La chorégraphie, la mise en scène ? Quelques danseur.euses habillés dans des combinaisons intégrales sorte de mix entre une tenue de pénitent de Séville et de décontamineur de centrale nucléaire, sautillaient autour du chanteur, donnant parfois l’impression d’une course en sac de pommes de terre. 

Et puis, deux grands écrans. 2….Non mais on est à Bercy ou quoi ! Et quand on est habitué à la créativité des vidéos qu’a produites Lamar, comme « Humble » ou alors « The heart Part 5 » avec son morphing transformant Lamar en Will Smith ou Kobe Bryant…on est un peu, beaucoup déçus…

Donc pas d’effet waou.

Ensuite il y a le public. 

Respect et admiration pour ces milliers, en tout cas une bonne moitié des quelques 20 000 spectateurs, qui semblaient connaitre par cœur les textes des chansons. 

On se dit : « mais qui prétend que les jeunes français parlent mal l’anglais ». Et puis comment font-ils pour mémoriser le « flow », le débit qui est tellement rapide, les « rimes » et le vocabulaire tellement riches ? En fait, les « jeunes » ont des mémoires d’éléphants.… On nous aurait menti et on nous parle de baisse de niveau scolaire !

On m’explique que c’est parce qu’ils écoutent ces musiques en boucle, et qu’avec internet, ils peuvent même traduire les paroles.  Mais là j’émets quelques doutes sur le niveau d’anglais et la compréhension des textes de Lamar par l’immense majorité de spectateurs qui chantaient avec lui. 

Parce que ce n’est pas une traduction mot pour mot qu’il faut, c’est une traduction d’une langue, d’une culture, même pas américaine, mais celle de Compton, un des ghettos noirs de Los Angeles. Avec des références, très très pointues. 

Qui est Paula dont il parle ici, que s’est-il passé à l’école en CE1, et la strophe “eat at Four Daughters, Brock wearin’ sandals”. J’avoue que je ne connaissais pas ce restaurant de Manhattan Beach en Californie, et que je ne connais pas non plus Brock…

Et dans une de ses chansons les plus récentes : Mother I sober, tous ceux qui à Bercy reprenait « Fuck you nigger » comprenait-il ce que Lamar chantait : Une dispute entre une femme épuisée et son compagnon violent, et ce fardeau dont il dit avoir mis 30 ans à se débarrasser. Un fardeau transmis de générations en générations, dans les familles noires pauvres : la maltraitance, la violence, la drogue, le viol, celui de sa mère sous ses yeux, alors qu’il avait 5 ans, et qu’il avait appris ensuite que sa grand-mère l’avait été aussi. Il rappe qu’il lui a fallu attendre l’âge adulte, son succès, son couple, pour qu’il puisse enfin se sentir libéré de ce sentiment de culpabilité, celui de ne pas avoir réagi à 5 ans, pour défendre sa mère…

Si ces milliers de personnes de Bercy sont aussi capés que ça en anglais-américain-de-Compton-Los-Angelès, alors respect, nos jeunes générations sont équipées pour affronter le monde.

Si non… alors cela veut dire qu’ils ne font pour la plupart que répéter des sons et des paroles qu’ils ne comprennent pas. Et que, c’est sans doute alors la même chose pour les paroles de Booba, Nekfeu ou PNL… 

Heureusement parce que quand on écoute bien les paroles de beaucoup de leurs chansons, comme DD de PNL :« je connais la route connais l’adresse, j’encule sur le continent d’Hadès, sales comme ta neuch, mèches courtes, fortes comme la ppe-f’ que j’écoule » ponctué en permanence par « j’men bats les couilles », on est un peu consternés. 

Sandrine Rousseau ferait peut-être bien de délaisser le barbecue, le machisme a encore de beaux jours devant lui !

Mais revenons à Kendrick Lamar, qui boxe lui dans une autre catégorie. Pas de super show, mais un artiste qui s’inscrit dans la lignée des plus grands. Dont les textes valent le détour, dont les clips méritent d’être vus et qui par son comportement et sa vie personnelle, détonne dans l’univers très « suck my cock » « blingbling » et « Famille Kardashian » des rappeurs américains. 

« Tu l’as fait, je suis fier de toi. Tu as brisé une malédiction générationnelle » conclue une de ses chansons : « I am. All of us » . « Je suis. Nous tous”.

#benzema #KB9 C’est ce soir : Karim Benzema, ballon d’or ! Tous les gones vont faire la teuf ! (Sinon, le Rhône va déborder de larmes)

On ne va pas se mentir : Je ne suis ni spécialement spécialiste de foot, ni particulièrement chauvin lyonnais « Tout le monde peuvent pas être de Lyon. Il en faut ben d’un peu partout » dit la plaisante sagesse lyonnaise. 

Et je ne suis pas particulièrement fan de Benzema. 

Mais bon, il faut toujours faire plaisir à sa mère et ma mère  – 96 ans – adore Karim. 

Pour elle, il reste le petit « gone », dont elle suit même à distance la prodigieuse carrière. 

Entré dès 10 ans au centre de formation de l’Olympique Lyonnais, puis 5 années fabuleuses, avec l’OL, qui à l’époque remportait Coupe, Championnat, Trophée des Champions, tout sauf …l’Europe, où l’OL n’est jamais arrivé à se hisser au niveau des plus grands. 

Remarquons qu’à l’époque, l’OL était une équipe qui comptait, du moins en France. 

Aujourd’hui, elle se traîne, sauf d’un point de vue …comptable. 

Avec OL Land, le nouveau stade implanté loin du mythique Gerland – mais c’est quoi cette obsession de vouloir construire des stades à 15 kilomètres des centre villes , comme à Lyon donc ou à Bordeaux . Alors qu’à Barcelone, à Madrid, et à Marseille, les stades sont au cœur des villes, et donc le cœur des villes bat avec leur stade – , avec tout l’écosystème sportivo-commercial installé tout autour du stade et en partie financé grâce aux aides publiques régionales ou municipales, la fortune des anciens dirigeants et propriétaires du club est assurée. On est content pour eux. 

Pour atteindre les étoiles européennes, Benzema a donc rejoint le Real Madrid. Suivant ainsi l’exemple d’un autre génie du ballon rond, Zidane, bien sûr. 

Et il a eu bien raison. 

Il est maintenant KB9, El nueve, le numéro 9, l’avant-centre d’une des plus grandes équipes de la planète, dans une des villes qui, quand on est une star du foot, qu’on a de l’argent, est une des plus agréables à vivre.

Donc, quelques soient les faux-pas qu’il ait pu faire, Karim reste pour les lyonnais un gone. « Tâche moyen de pas lâcher de bêtises, parce que t’auras beau courir après, t’auras de peine à les rattraper »… 

Encore une plaisante sagesse lyonnaise que Karim aura sans doute méditée, avec l’âge, et avec l’environnement madrilène …

Ce soir entre Rhône et Saône, personne ne doute qu’il décrochera enfin le ballon d’or. 

« Le tout c’est pas d’y faire, c’est d’y penser ; mais le difficile, c’est pas d’y penser, c’est d’y faire »

Et il va le faire, il l’a fait, sans nul doute !

#covid #ukraine #climat #inflation : Nous dansons sur un volcan.

Nous dansons sur un volcan, avait coutume de répéter une de mes grand-tantes, Claire.

Avait-elle été traumatisée par l’éruption de la montagne Pelée en 1902 : 30 000 morts, 1/3 de la population de la Martinique à l’époque, un exemple tragique de catastrophe naturelle, d’impréparation gouvernementale, de minables petits calculs politiques etc… 

Évidemment l’on peut prendre le « danser sur un volcan » au sens figuré. 

Si l’on suit l’actualité telle qu’elle nous est présentée sur les réseaux sociaux avec le tam tam des chaines infos, nous dansons sur des tas de volcans. Tout est historique et breaking news, une catastrophe chassant l’autre. 

Après le Covid, la variole du singe, la guerre en Ukraine, notre prochaine vitrification nucléaire, la canicule, la sécheresse, re-lecovid, la Chine qui veut avaler Taïwan …mais qui voudrait mourir pour Taiwan : « je peux pas , j’ai cardio ». 

Et puis notre système de santé qui fout le camp, la pollution, l’alimentation qui nous empoisonnent : Notre espérance de vie est de 25 ans plus longue que celle de nos aînés, mais ça aussi on l’oublie, puisque nous gardons le souvenir de la grande-tante , qui a vécu 90 ans, mais pas de celles et ceux qui étaient morts avant 65 ans, Pierre, Louise, Claudius, Eugenia, Paul … l’immense majorité. 

Et puis, allons-nous mourir de froid, cet hiver ?  Et puis, allons-nous manquer d’essence ? Et puis allons-nous nous éclairer à la bougie ? Et puis la vie chère, l’inflation qui explose … 

Nous n’avions jamais vécu ça. « Je n’avais jamais vu ça « . Enfin, si, mais personne ne s’en souvient :

Tiens, sous Giscard, Premier Ministre Raymond Barre, surnom : le meilleur économiste de France, il engueulait les journalistes en leur expliquant : jamais l’inflation n’atteindra les 2 chiffres, 6 mois plus tard, 12 – 15 % , des chiffres comme ceux que connaissent aujourd’hui les Pays-Bas, l’Espagne. Curieusement pas chez nous. Curieusement ?

Merci surtout au bouclier mis en place par le gouvernement. Mais qui ne sert à rien, puisque nous continuons tous à nous plaindre de ce « salaud de Macron, le Président des riches », et que cela plombe la dette que devront rembourser les futures générations. On s’en fout, les conseilleurs d’aujourd’hui ne seront pas les payeurs de demain, puisqu’ils seront morts.

Et puis il y a le changement climatique, et la part que les activités humaines, notamment et surtout celles des pays développés, Europe, États-Unis ont joué et jouent dans son accélération. « Nous allons tous griller » s’inquiète une dame plutôt âgée en achetant les dernières framboises, « depuis que je sais que les vaches pêtent, je ne mange plus de viande » s’insurge un autre qui se rabat sur des bananes(sic).

En matière de climat, il y a ce que nous pouvons et devons faire pour arriver à ne plus aggraver ces dérèglements, et ce qui est de l’ordre des évolutions « naturelles ». 

Mais même dans ce domaine, les “caprices de la nature”, il n’y a pas de fatalité. Il y a surtout de l’impréparation. 

Prenez les tremblements de terre.  Un choc sismique de 7,2 ou 7,4 a fait 300 000 morts en Haiti en 2011 ? un choc encore plus puissant n’en fait que 30 à Tokyo… Les pays les plus pauvres sont ceux qui paient le plus lourd tribut. Normes de construction, éducation de la population, corruption ? C’est le Bangladesh que menace la montée des océans, pas les Pays-Bas : eux, cela fait 10 siècles qu’ils vivent avec l’eau et pas contre l’eau. 

Et il en va de même avec les volcans.  

En 1883, l’explosion du Krakatau en Indonésie avait provoqué 10 ans d’hiver et de famines sur toute la planète jusqu’en Europe. 

En 1783, l’éruption du Laki en Islande avait recouvert l’Europe d’un nuage toxique provoquant morts et famines, hivers rigoureux, la Seine gelant même à Paris. Pour certains cela aurait été un des facteurs du déclenchement de la Révolution française.  

Et plus récemment, en 2010, l’éruption du volcan islandais, l’Eyjafjallajökull… avait désorganisé les liaisons téléphoniques et aériennes sur toute l’Europe de l’Ouest. ….

Sans même aller jusqu’en Islande ou en Indonésie, tout le monde sait que le Vésuve qui a enseveli Pompéi il y a 2000 ans, pourrait à nouveau se réactiver n’importe quand. Mais avec 3 millions d’habitants à ses pieds, Naples, Pouzzole, au lieu des 10 000 de Pompéi à l’époque, bonjour les dégâts… tout est-il vraiment prêt ? 

Depuis une semaine, au large de la Campanie et de la Sicile, le Stromboli crache et gronde de plus belle, l’Etna en Sicile également, des amis sur place m’indiquent que les habitants organisent des processions à la Santa Madonna. 

Cela ne peut pas faire de mal. Mais prévoir, anticiper, éduquer, serait encore mieux : face aux « caprices » de la nature, pas de fatalité.

Décidément, ma grand-tante Claire avait raison : nous dansons sur un volcan.

La reine est morte, vive le …vivement mardi !

Pas la peine d’être républicain convaincu – c’est mon cas – pour être consterné, gonflé, abasourdi devant l’hystérie collective qui semble s’être emparée de notre planète médiatique depuis le décès de la reine Élisabeth. 

Tout particulièrement chez nous en France. Il paraît que même les Anglais nous trouvent schizophrènes. 

D’un côté nous sommes : « mort aux riches », « ah ! ça, ça ira, les aristos on les pendra « 

Et de l’autre…c’est tsunami d’émissions spéciales, 24 h sur 24, même la nuit. 

C’est « priorité à l’info », dès que le cercueil de la défunte bouge d’un mètre, pardon de 3 pieds 28 – sur la base de grands pieds : taille 45 -. 

Et puis tous ces témoignages dégoulinants d’obséquiosités. Bientôt on va proposer la béatification d’Élisabeth – Ah ! non, elle n’était pas catholique, donc pas possible– : trop d’éloges tuent l’éloge. 

Bien sûr, il y a de quoi être ébloui par tout ce tralala, le décorum, carrosses dorés, couronne impériale, soldats, soldats, soldats … bonnets à poil et uniformes chamarrés… C’est fou d’ailleurs le nombre de médailles que les membres de la famille royale s’épinglent sur leurs vestes. Ils ont dû prendre exemple sur le Général Tapioca, le dictateur des BD de Tintin. À moins que ce ne soit l’inverse.

Quant à l’empreinte carbone de tout ce pataquès, il vaut mieux rallumer les BBQs.

Reconnaissons quand même un énorme mérite à la reine défunte :  Avoir été muette pendant 70 ans. 

Pour un bavard comme moi, c’est un exploit. D’un autre côté, si en échange, ce silence assure richesse et prospérité pour toute la famille, je signe. 

Admirables Windsor : Plus allemands qu’anglais – en fait avant la première guerre mondiale, ils s’appelaient Saxe-Cobourg-Gotha– ils sont arrivés à devenir le symbole de la permanence de l’Angleterre. 

Admirable Élisabeth ! Elle a attendu la fin du XXème siècle pour accepter de payer des impôts. Alors qu’elle était une des plus grosses fortunes du monde. Et que la monarchie britannique a largement profité de 4 siècles de colonialisme anglais.

Admirable Charles, tellement moderne, tellement green, tellement décontracté. Waou ! il a accepté qu’on lui fasse la bise, une fois !

On apprend quand même qu’il est chien avec le petit personnel : Il exigerait qu’on lui repasse ses lacets de chaussure, qu’on lui prépare deux centimètres de dentifrice sur sa brosse à dents. Et il ne voyagerait jamais sans elle : Sa lunette de WC et son propre papier Q !

Et puis y’en a marre de cette surutilisation du mot « historique ». 

70 ans à la tête d’un État, même sans aucun pouvoir, certes c’est historiquement long. Un record mais plus pour le Guinness Book. Car ça va être quoi son empreinte « historique » par rapport à celles laissées par un Churchill, un De Gaulle, un Gandhi ou un … Mandela ?

Saluer la mémoire du chef d’État d’un pays ami, est une chose, mais tomber dans les hommages genre Corée du Nord, nein danke ! – J’écris ça en allemand la langue maternelle de la famille Windsor comme d’ailleurs celle de feu le Prince Philip…ex Battenberg…-

Vivement mardi qu’on repasse aux choses sérieuses.

Berlin-Est 1989 : Gorbi, Hilf uns! Gorbatchev aide-nous…

C’était en octobre 1989 à Berlin-Est, le 7 octobre. 

Ça craquait un peu partout dans le bloc de l’Est. 

Depuis qu’au printemps précédent, la Hongrie avait décidé de démanteler les barbelés qui la séparaient de l’Autriche, le rideau de fer commençait à avoir des trous.

Mais la RDA, la République Démocratique Allemande, avait prévu de fêter son 40 ème anniversaire.

Et l’État « des ouvriers et des paysans », dirigé d’une main de fer par Erich Honecker, un communiste tendance Staline, en tout cas pas du tout dans la ligne glasnost et pérestroïka, avait tout organisé « à l’ancienne » : défilé militaire, spectacles des FDJ, les jeunesses communistes, et la présence de tous les dirigeants des États « frères », et donc forcément celui du « grand frère » soviétique, en l’occurrence Gorbatchev. 

La presse et les médias de l’Ouest étaient les bienvenus pour diffuser des images du bonheur socialiste est-allemand, de cette Allemagne aux avant-postes de la lutte anticapitaliste, protégée par le mur, baptisé par le régime : « antifaschistischer Schutzwall » « Mur de protection antifasciste ». 

Envoyés spéciaux de TF1, nous nous préparions à n’être autorisés à filmer que les défilés, les discours officiels, les micro-trottoirs « spontanés » avec des spectateurs auxquels on avait bien appris la leçon. 

Tout avait été bien préparé. 

Tout, sauf l’attitude de Gorbatchev.

Par sa seule présence, le dirigeant soviétique faisait naître l’espoir d’un changement. 

Dans la foule pourtant triée sur le volet, parmi les slogans officiels, quelques pancartes insolites en russe : « J’aime Gorbatchev ». Quelques cris aussi : « Gorbi ! Gorbi ! Hilf uns ! Gorbi, aide-nous ». Et ces cris devinrent de plus en plus forts quand Gorbatchev décide, à la stupeur des organisateurs de prendre un bain de foule. 

Que faire ? on ne va pas empêcher le patron, le chef du Kremlin de faire ce qu’il veut. 

Gorbatchev discute alors avec la foule, qui lui crie « aide-nous ». 

Et un peu plus tard, Gorbatchev déclare aux dirigeants est-allemands tétanisés : « Celui qui est en retard sur l’histoire est puni par la vie ».

En fin d’après-midi, alors que la réception officielle bat son plein dans le Palais de la République, aujourd’hui détruit, et qui avait été construit sur les ruines de l’ancien palais royal de Berlin, des petits groupes de manifestants commencent à se masser sur la vaste place située sur l’arrière du bâtiment de l’autre côté de la rivière Spree. 

Ils appellent Gorbatchev, ils reprennent les slogans sur la liberté de voyager, sur « ouvrez le mur ». Certains officiels sortent sur les balcons pour voir ce spectacle totalement stupéfiant, la police intervient brutalement, la Stasi, la police politique, habillée en civil, mêlée aux manifestants est particulièrement brutale. 

Ce qui devait être la fête du bon élève du bloc de l’Est se termine dans les cris, les gaz lacrymogènes, les explosions, la confusion. 

15 jours plus tard, Erich Honecker était limogé. 

Un mois plus tard, le mur ouvrait. 

Un an plus tard, les deux Allemagnes s’unifiaient. 

Mais qui avait déjà lu les « versets sataniques » ?

Mais qui avait déjà lu les « versets sataniques » ?

Les mots manquent face à l’agression de l’écrivain Salman Rushdie, apparemment par un débile ? un fou ? un fanatique ? un fou de Dieu ?

En tout cas, un mec qui a (sans doute) voulu suivre la fatwa de l’ayatollah Khomeiny appelant à assassiner l’auteur des « versets sataniques ».

On hallucine quand on pense que l’agresseur n’a même pas l’âge de cet ordre assassin, qui remonte à plus de 30 ans.

L’objet du soi-disant scandale : Les « versets sataniques » : un livre que la plupart n’ont pas lu, dont beaucoup parlent sans même l’avoir ouvert. Et d’ailleurs personne n’a jamais été obligé de le lire.

Moi je l’ai lu, il y a déjà une vingtaine d’années. 

Était-ce un tissu d’injures, de grossièretés, de blasphèmes ?
Pas du tout. 

Les Versets sont un roman foisonnant, picaresque, plein des fantaisies. 

On y retrouve la plume, la langue, l’écriture, l’imagination, l’humour de Rushdie, dont j’avais notamment beaucoup aimé un autre roman « Les enfants de minuit » qui nous plongeait dans un Bombay-Mumbai, grouillant de vie, de mélanges mais aussi d’affrontements entre musulmans et hindouistes. 

Que des croyants puissent être choqués par des caricatures de leur religion, c’est leur droit.

Les chrétiens, les catholiques par exemple, ne sont pas épargnés par les caricatures. Qui souvent ne font pas dans la finesse. 

Ils protestent, manifestent éventuellement, saisissent la justice. En 1988, il y a même eu un attentat contre un cinéma projetant « La dernière tentation du Christ ». 

Mais la plupart du temps, tout cela en reste là, fort heureusement. Et aucun, à ma connaissance, n’a pris un couteau ou une kalash pour massacrer le premier mécréant venu, en tout cas chez nous. Mais quand on voit ce qui se passe sous d’autres cieux, où haine et intolérance font des milliers de victimes chaque année, on peut mesurer notre chance. 

En fait il ne s’agit pas de chance. 

Cette liberté, cette liberté d’expression qui est l’ADN de nos démocraties n’est pas tombée du ciel. Elle a été acquise de haute lutte. 

Pendant des siècles dans l’occident chrétien, on pouvait être excommunié, torturé, brulé pour moins que ça. Les chrétiens ont eu leur lot d’inquisition, de livres brulés, de guerres et de massacres commis au nom du « vrai Dieu ». Dans quelques jours, ce sera le 450 ème « anniversaire » des massacres de la Saint-Barthélemy. N’oublions pas.

Justement n’oublions pas. Et revenons aux Versets lus pendant mes trajets en train. Un livre touffu de près de 800 pages écrites tout petit. Honte sur moi : Je ne suis pas arrivé au bout. 

À l’époque, je sortais le livre de mon sac sans crainte. 

Aujourd’hui, je me pose la question. Quelqu’un pourrait-il me faire une remarque, voire m’agresser si je sortais ce livre ? 

Le fait même d’en arriver à me poser cette question, me consterne. 

Jubilé Elisabeth : Ah! ça ira, ça ira… Et merde pour le roi d’Angleterre qui nous a déclaré la guerre.

Nous devons tout.e.s être schizophrènes. Nous françaises, français.

D’un côté nous passons notre temps chez nous à vouloir couper toutes les têtes qui dépassent, à tenter de déchouker tout ce qui rappelle l’autorité, à râler contre notre système présidentiel, à critiquer les présidents « monarques républicains », à nous dire insoumis, indignés, à mettre nos pas dans ceux de nos nombreuses révolutions, liberté égalité fraternité, et de l’autre, qu’est-ce qu’on apprend ? 

Que des millions d’entre nous se pâment devant le jubilé d’Elisabeth. 

Que nos télés diffusent en direct et en boucle les émissions spéciales Elisabeth-II-une-vie-un-règne.

Certes ça nous change de la guerre, de la pandémie, de notre vie politique qui ne fait rêver personne, mais sur le fond…

D’abord, la reine n’est pas Élisabeth 2 pour tout le monde. 

Notamment pour une partie des écossais nationalistes, qui rappellent qu’elle ne peut être qu’Elisabeth 1. Car à l’époque vers 1550, c’était Marie (de France) qui était reine d’Ecosse. La pauvre fût emprisonnée puis décapitée par sa cousine Elisabeth d’Angleterre. 

Le pire ce sont les commentaires, à longueur d’émissions avec force spécialistes, tous dégoulinants de niaiseries et componctions. « Je l’admire » « Quelle classe » « Quel courage ».

Elisabeth II en mère Courage ? 

Non mais on se pince. Courage de quoi ? d’être née avec une cuillère en argent et des rivières de diamants dans la bouche ? de ne pas pouvoir faire un pas sans qu’une ribambelle de domestiques, majordomes, cuisiniers n’anticipent ses moindres désirs. D’avoir tout au long de sa vie, vécue aux frais de la princesse, et en l’occurrence, aux frais de ses « sujets » ?

De n’avoir accepté que récemment de payer des impôts ? 

D’être à la tête d’une des plus grandes fortunes de Grande-Bretagne ? 

D’être la plus grande propriétaire foncière du royaume? 

De posséder une grande partie de Londres ? 

Ouh ! ça doit être dur …

En plus, politiquement, elle n’a rien à dire, rien à faire, elle n’est responsable de rien.

Franchement pour tout ça, je suis prêt à endurer 70 ans de réveil à la cornemuse. 

On nous vend également Elisabeth comme étant la descendante de 1000 ans de souverains. Oui, enfin, pas tout à fait en ligne directe, parce qu’elle n’est ni Plantagenêt, ni Tudor, ni Stuart. Les Windsor sont autant Windsor que vous ou moi. En fait, ils sont d’origine allemande : Saxe-Cobourg. 

Allemands comme le grand-père, Albert, comme le mari, le Prince Philip, plus danois, allemand ou grec qu’anglais. La royauté anglaise, c’est comme pour le foot : à la fin ce sont les allemands qui gagnent. 

 Et puis ne venez pas pleurnicher en regrettant que « nous » ayons coupé la tête de nos rois. Les anglais l’avaient bien fait, et à la hache, 150 ans avant notre révolution.

Ceci dit, chapeau bas quand même. Et en matière de chapeau, c’est vrai que le ringardisme d’Elisabeth a fini par devenir un dress-code. Chapeau bas, parce que les fêtes liées à la royauté en Grande-Bretagne, c’est mieux que Disney, les JO, et le bicentenaire de 1789, réunis : Une stratégie de communication mondiale inégalée, une pompe à fric touristique formidable. Avec tellement de produits dérivés, de mugs, de T-Shirts, que même notre (superbe) 14 juillet ne peut égaler. 

Ceci était un article sans-culotte. Cependant…J’admets quand même que Macron devant la pyramide du Louvre ou au Champ de Mars, ça fait moins rêver que « trooping the colour », bonnets à poils compris.

Zemmour à Saint-Tropez. Cruchot est sauvé!

Soirée blanche ? non, Zemmour en nouveau chevalier blanc face au danger qui vient du sud.

Eric Zemmour a donc décidé que sa croisade – pardon sa reconquête – passerait par Saint-Tropez.

Un choix qui pourrait surprendre de la part de celui qui se présente comme le porte-voix des sans voix, le défenseur de la France périphérique, le pourfendeur du relâchement des mœurs conséquence de la libération des femmes.

Il aurait pu sauter sur Saint-Affrique, Saint-Denis, ou le Ch’nord. 

Que nenni ! Zemmour n’est ni chti ni Tuche. Il est méditerranéen (?!), comme Mélenchon, comme Rachida Dati, comme Djamel Debbouze. Il est seulement moins drôle. 

Saint-Tropez, ça fait donc sens.

Et puis Saint-Tropez, ça évoque tout de suite… la France périphérique, les fins de mois difficiles. Saint-Tropez, ça permet de se rendre compte qu’on n’est pas riche. Mais ce qui est extraordinaire c’est qu’à Saint-Tropez les pauvres n’en veulent même pas aux riches. Les gilets jaunes laissent leurs gilets aux ronds-points extérieurs. Quand on déambule devant Sénéquier pour admirer des yachts dont un seul paierait nos retraites pour plusieurs vies, on brandit le smartphone pour s’instagramer, pas des panneaux avec : «Mon ennemi, c’est la Finance ».

Saint-Tropez, ça évoque aussi BB, Brigitte Bardot, la Madrague, coquillages et crustacées. C’est la libération des mœurs, les seins nus, « Bonjour tristesse », les soirées Blanche, les nuits au VIP-room. Bref, des écuries d’Augias, stupre et décadence. 

Zemmour arrivera-t-il à faire un grand ménage ?

Peut-être, car – hélas, comme on le sait – Brigitte Bardot ne se contente pas de défendre les animaux, elle se laisse parfois aller à des dérapages idéologiques que même Zemmour n’ose pas, en public. Nul doute que le candidat arrivera donc à trouver quelques oreilles compréhensives et quelques votes. Mais peut-être moins que les autres candidats, notamment ceux du RN.

Saint-Tropez, ça évoque aussi bien sûr… les gendarmes. Et Truchot, le maréchal des logis-chef, immortalisé par Louis de Funès. 

Truchot qui aurait bien eu besoin à l’époque du renfort d’un Zemmour pour lutter contre les seins nus et le relâchement des mœurs. Et d’ailleurs quel symbole ! La gendarmerie de Saint-Tropez n’a pas eu le temps d’être classée au patrimoine national de l’UNESCO, elle a été fermée, son bâtiment transformé en musée. Belle démonstration du recul de l’État dans les territoires. Il faut sauver le maréchal des Logis Truchot. Un beau combat pour notre chevalier blanc.

Et puis on l’oublie trop souvent, Saint-Tropez est située en plein sur le front, sur les rives de cette mer Méditerranée qui n’est plus la nôtre depuis au moins 1962, et de l’autre côté de laquelle se tapit l’envahisseur prêt à nous sauter dessus : les arabes qui après nous avoir chassé d’Algérie veulent nous envahir. Depuis Saint-Tropez, Zemmour sera en première ligne pour guetter l’invasion.

Enfin, Saint-Tropez, Antibes, Juan-Les-Pins, en 1944, c’est là que débarquèrent les Forces Françaises Libres, c’est de là que partirent la reconquête et la libération de notre beau pays occupé par les nazis. Merci à ces valeureux soldats (dont mon oncle Jo) qui nous libérèrent, à la tête d’unités dont la plupart des soldats étaient des arabes et des noirs, leurs frères d’armes pourtant. 

À l’époque on ne leur avait pas trop demandé leurs papiers, et en dehors des nazis, personne ne songeait à les renvoyer chez eux. 

Mais il est vrai qu’à l’époque beaucoup de français s’en étaient remis à Pétain, plutôt qu’à De Gaulle. 

Oui, Saint-Tropez, ça fait sens. 

Renaissance ? Renaissance ? pourquoi pas libellule ou papillon…

Emmanuel Macron en François 1er . Par PMT d’après Clouet.

Renaissance : Je ne sais pas qui a trouvé le nouveau nom de la République en Marche, mais j’espère que ce parti ? ce mouvement ?  n’a pas payé trop cher les conseillers en com’ qui ont accouché de ce nom. Parce que franchement, là on est dans le degré zéro du brain storming, du remue-méninges. 

Renaissance…

Au début j’ai cru que l’on parlait du mouvement du chroniqueur télé Eric Zemmour, re, re , re , re-conquête… ? 

Est-ce à dire que les créateurs de Renaissance veulent nous indiquer de manière sub-liminale qu’ils veulent siphonner les voix de Reconquête ? comme si il y avait des voix à siphonner de ce côté-là…

Renaissance ça fait aussi : 

« rebirth »  ce mouvement qui préconise de lâcher prise jusqu’à arriver à pousser le cri primal, celui que pousse le bébé quand il respire pour la première fois. 

Cela fait aussi « reborn », comme les bébés reborn, qui font le succès des marchands de jouets, des bébés tellement réalistes que l’on peut croire que ce sont des vrais, sauf ce que ce sont des faux…

Et puis pourquoi changer de nom ? 

Il s’agit là d’un travers bien français. Croire qu’en changeant de nom, on change le fond. Ou plus exactement, faire croire qu’on va changer le fond. 

Prenez nos républiques. Nous en sommes à la cinquième, certains militent même pour la 6 ème, alors que les Etats-Unis par exemple, en sont toujours à la Constitution de 1787… Largement réformée depuis bien sûr – ce sont les fameux amendements.

La Grande-Bretagne n’a pas de Constitution écrite. Mais un ensemble de règles les « rules of law » qui valent Constitution. Et cela depuis … allez en exagérant : 700 ans.

L’Allemagne a la même Constitution depuis plus de 70 ans. Et cela alors qu’elle a connu des bouleversements considérables, ne serait-ce que la chute du mur de Berlin, l’unification, l’intégration de 5 nouveaux « Länder » etc…

En France quand n’a pas d’idées ou d’idéologie, on change de nom. 

Derrière cette obsession du nom, on sent également la « patte » des créatifs pub des 30 dernières années. 

Les voitures ne s’appellent plus Peugeot 607 ou R16 mais Mégane ou Twingo.

Les grandes sociétés ne s’appellent plus Peugeot mais Stellantis, Pinault-Printemps-Redoute est devenu Kering. Même Facebook est devenu meta (metaverse) ; 

Bref avec Renaissance, on est dans le mood, la tendance. 

D’ailleurs cela fait déjà bien longtemps que les politiques vendent leurs programmes comme on vend de la lessive. Déjà en 1981, l’élection de François Mitterrand a beaucoup dû aux conseils des publicitaires Jacques Séguéla ou Jacques Pilhan, qui conseilla aussi Jacques Chirac.

Renaissance ça peut évoquer aussi, 1515 Marignan, une des seules dates que retiennent tous les écoliers de France et de Navarre, voire même d’Outre-Mer, malgré – dit-on – la baisse du niveau scolaire, Léonard de Vinci, les Médicis, mais tout cela se terminant par les guerres de religion et les massacres de protestants.  

La référence à Renaissance est-elle donc si judicieuse que ça ? 

Pour conclure la Renaissance c’est évidemment François 1er

François 1er : Sera-ce le nouveau visage de Jupiter ? Vous avez l’image ? (voir la peinture plus haut)

Guerre en Ukraine : Et pendant ce temps-là…

Il est toujours intéressant de s’intéresser à ce qui se passe ailleurs qu’au centre d’intérêt de l’actualité. 

Or depuis une semaine, au centre de nos préoccupations il y a la guerre en Ukraine, et bien sûr cette question : Serons-nous tous vitrifiés, Poutine compris, dans quelques jours ? 

C’est bien sûr très grave et très dramatique, et je vous épargnerai donc mon humour un peu douteux, genre : « moi aussi je suis solidaire des Ukrainiens. Désormais je boycotte le caviar. Et pour la vodka, j’exigerai de la polonaise ». 

Ou alors, une blague qui remonte à l’époque où les soviétiques conseillaient l’armée égyptienne face aux forces israéliennes qui fonçaient à travers le Sinaï. « Appliquez vieille tactique millénaire russe : Laissez pénétrer l’ennemi et attendez l’hiver. »

Pour ceux qui n’auraient pas compris, je conseille la lecture de « Guerre et Paix » ou le film « Stalingrad ».

L’heure n’est donc pas à l’humour potache. Mais pendant que tous nos regards et nos media sont tournés vers l’Ukraine, pendant ce temps- là, comment réagit le reste du monde ? 

L’Afrique ? Pas grand-chose.

Des réactions juste ce qu’il faut, entre d’un côté ceux qui pensent sans doute : « c’est une affaire de blancs, pour une fois qu’ils ne se battent pas entre eux chez nous… » Et ceux un peu gênés, qui remettent leur sort entre les mains de Wagner. Wagner qui rappelons-le n’est pas un compositeur d’opéras, mais une milice qui n’a pas froid aux yeux. 

Ce ne serait d’ailleurs pas surprenant que profitant du fait que nous regardons ailleurs, ces miliciens qui servent les intérêts de Moscou, ne nous fassent un enfant dans le dos, au Mali ou en Centrafrique. 

Et la Turquie ? Elle condamne mais tout en discrétion…

Membre de l’OTAN, la Turquie est également la gardienne du Bosphore, de la circulation des bateaux vers la mer Noire. Et puis en matière de non-respect des droits de l’Homme, Erdogan n’a pas grand-chose à envier à Poutine. 

Mais montrer un peu de solidarité avec l’Ukraine, un peu, juste ce qu’il faut, permettrait de redorer son blason vis-à-vis des Occidentaux. D’ailleurs les turcs ont plus d’affinités avec l’Ukraine et les tatars de Crimée qu’avec l’Empire russe…

Et l’Iran ? Là-aussi les ayatollahs se font discrets … Il faut dire que l’accord sur le nucléaire iranien est sur le point d’être relancé. Et si l’on boycotte le gaz et le pétrole russes, c’est bon pour l’Iran, si elle se peut recommencer à exporter librement… 

Reste la Chine … 

Pour l’instant, elle est devenue le meilleur allié de Poutine. 

Mais sur le long terme ? Irkoutsk ou Vladivostok sont beaucoup plus près de Pékin que de Moscou. Et face au milliard de chinois que pèseront les quelques 30 ou 35 millions de russes de Sibérie ? 

Pour souper avec le diable – dit-on – il faut une longue cuillère. 

Et pendant ce temps-là, les JO…

moi quand je serai grand , je ferai du curling

Les nouvelles sont mauvaises d’où qu’elles viennent, et quand on veut déjeuner en paix, on peut zapper, tiens par hasard, sur France 3.

Et à la mi-journée France 3 (suivi de France 2) retransmet les JO d’hiver en direct de Pékin.

Et à la mi-journée, ce sont les épreuves de curling. Et là on est loin, très loin de l’actualité malheureuse. 

Le curling… avant, j’en avais une idée très vague… et je l’avoue quelque peu méprisante. 

Un sport, ça ? des femmes ou hommes qui lancent une sorte soupière sur de la glace, elle glisse forcément, et devant, deux personnes qui frottent la glace de manière hystérique avec des sortes de balais-brosses.

Et là on se demande : Mais comment devient-on curlinger ? Et qui a pu avoir l’idée de ce sport ? Et est-ce vraiment un sport ? Que faut-il pour développer les qualités physiques pour devenir un champion de cette discipline ? Faut-il être le gagnant d’une sorte de Top chef version technicien de surface ? Faut-il s’entrainer au lancée de soupière ? 

Eh ! bien tout ceci n’est que médisance. 

Et je l’ai appris en regardant l’épreuve de curling où s’affrontaient Suisses et Canadiens. 

Est-ce la réalisation, avec des images par le haut, et différents angles qui rendaient haletant le suivi de la progression de la pierre (oui, ce sont des pierres pas de soupières que l’on fait glisser), ou bien les plans montrant l’effort des balayeurs, ou encore les commentaires qui expliquaient les stratégies du lanceur, le coup de la « pêche », le sens des efforts des balayeurs, et les enjeux de la partie ? 

Toujours est-il que l’on découvre que le curling est un beau sport, un jeu d’équipe alliant force, précision et stratégie. Et l’on apprend que ce peut être dangereux, un des champions présents s’était même fait, il y a quelques années, un traumatisme crânien en chutant sur la glace. Et qu’il y a 500 000 pratiquants de curling au Canada, où c’est le deuxième sport derrière le hockey.

Et l’on en ressort moins bête.

Et ça, ça détend. 

D’autant que ce sont les Suisses qui ont gagné. Et ça, ça donne envie de yodler : yo-hol-di-o-u-ri-a! Je dis ça, mais j’aurais été tout aussi content si ça avait été les canadiens… ou les allemands ou les jamaïcains.

Et l’on oublie quelques instants, la Chine, les Ouigours, le climat, la pandémie, la campagne pour les Présidentielles, etc, etc…

Et ça détend.

Covid19-media : la complaisance au catastrophisme.

Comme au temps due Roger Gicquel, COVID19 : la France a peur.

C’est vieux comme le premier cours dans une école de journalisme : On ne s’intéresse qu’aux trains qui n’arrivent pas à l’heure. 

Ou bien encore : « Un chien qui mord un évêque, ce n’est pas une info. Mais un évêque qui mord, ça c’est une info ». 

Cette règle s’applique évidemment aujourd’hui à la pandémie. La peur fait vendre. 

Là aussi – école de journalisme – Roger Gicquel en février 1976 ouvrait le journal télévisé de TF1 avec cette phrase « la France a peur ». En fait il voulait dire le contraire, c’est-à-dire : la peur d’un assassin d’enfant pouvait conduire à des actes et des peurs irrationnels. 

Mais aujourd’hui c’est au premier degré que nos médias choisissent leur vocabulaire anxiogène. 

Le choix des mots (maux ?) est très important ; dans les titres, dans les bandeaux qui accompagnent et donnent le ton des innombrables émissions de débats, de gloses qui ont progressivement pris la place des émissions d’information. 

Pour Omicron, on parle de déferlante, de tsunami pour rester dans le vocabulaire des catastrophes naturelles. Pour les ministres du gouvernement qui sont « cas contact » ou « positif », on parle d’hécatombe

Pour rendre compte des chiffres des tests positifs, on va parler de record historique, telle chaine info va titrer « 1 million de contaminés : un pic jamais atteint ». Etc…

Et puis il est bluffant, de voir, d’entendre tel ou telle confrère-sœur spécialiste jusque-là d’économie, de défense, de politique européenne etc. …devenir épidémiologiste, virologue ou réanimateur. C’en est fini de la prudence. La place est rarement au doute, il faut que ça saigne. 

Certes il existe quelques éclaircies dans ce paysage assez sombre. 

Par exemple, quand le philosophe et physicien Etienne Klein, est interrogé par David Pujadas, à l’occasion de la sortie de son livre « Le goût du vrai » : 

« Les chercheurs cherchent, et ils ne connaissent pas les réponses aux questions qui se posent (sinon, ils ne chercheraient pas !). Mais on les interroge. 

S’ils disent « je ne sais pas », ce qui serait honnête, ils seraient médiatiquement débordés par des gens en sachant moins qu’eux mais plus sûrs d’eux. (…) 

Les gens parlent au-delà de ce qu’ils savent avec une assurance qui est proportionnelle à leur incompétence. 

Or pour savoir qu’on est incompétent, il faut être compétent. »

Peut-être manque-t-il à nos media, à nos confrères l’expérience de terrain, la confrontation avec la réalité celle de la misère, des guerres, des souffrances et des vrais drames, qui avec le temps, rend plus humble, moins péremptoire.

« La tentation la plus grande c’est la tristesse. La complaisance à la tristesse, c’est le mal moral » écrivait le philosophe Paul Ricœur. 

Un mal sans doute plus grave que la pandémie qui – aussi sérieuse et mortelle soit-elle- n’est pas, rappelons-le, la nouvelle grande peste noire.

9 novembre 1989: Il y a des jours comme ça où il ne se passe rien et où pourtant tout arrive.

Il y a des matins comme ça, qui n’ont rien de spéciaux. 

La journée ne sera ni belle, ni moche, l’hiver est là, mais le froid n’est pas encore mordant. C’est plutôt brouillasseux.

Écouter les infos, faire le point des interviews à organiser, du reportage à tourner ; Appeler la rédaction pour proposer un sujet. 

Tiens, une invitation : une conférence de presse à laquelle nous sommes conviés. Encore une conférence officielle, soporifique, où on va s’emm… grave. Au moins, on croisera des confrères, cela permettra d’échanger. 
La ville est encore enveloppée d’un brouillard jaunâtre peu engageant, dans la rue des passants passent. 

Il y a des matins comme ça où rien n’est annoncé, et où rien ne s’annonce.

Départ pour notre premier rendez-vous : un sujet sur les travailleurs immigrés employés sur un chantier du centre de la capitale. 

Puis d’autres rendez-vous.

Jusqu’au déjeuner, dans un restaurant d’un grand hôtel avec notre guide interprète. Au menu ce qui est présenté comme le top de la gastronomie locale : Des « vols au vent » (sic !), et du mousseux.

Puis encore un tournage sur un chantier : Le gouvernement a mis les bouchées doubles pour reconstruire cette église emblématique de la capitale. 

Sur le chemin du retour à l’hôtel où nous avons installé nos moyens de montage, confortablement assis dans notre grosse Benz capitaliste, nous écoutons les hits du moment : Udo Lindenberg : Horizont,  Nina Hagen.

J’adore Nina Hagen. Je l’ai croisée quelque fois à l’aéroport, elle était toujours stupéfiante, traversant la foule comme une déesse, perchée sur des talons de 30 cm, les cheveux rouges en pétard, précédée de ses deux petits chiens en laisse. Une artiste inclassable dans une société plutôt conformiste et conventionnelle. 

Oui parce qu’on est à Berlin. Le 9 novembre 1989. 

Et rien ne semble devoir arriver.

Il est près de 17 heures. Il faut aller à la conférence de presse. Le centre de Presse internationale IPZ est à 2 pas de l’hôtel, à quelques mètres du mur, côté est. Pardon ! côté DDR: République démocratique allemande. Ici on ne parle pas de rideau de fer mais de « mur de protection antifasciste ». 

Les passants, souvent des fonctionnaires, hâtent le pas pour rentrer chez eux, souvent loin en banlieue. Le centre de Berlin-Est, l’ancien cœur de Berlin, très détruit par la guerre, très mal reconstruit ensuite, sert de vitrine au régime communiste. Il y a installé les principaux symboles de son pouvoir. Le soir, en dehors de quelques théâtres et de l’Opéra, c’est mort.

Il est 18 heures. Gunter Schabovski, porte-parole du comité central du parti, lit un texte. Rien de très de nouveau.  

Certes, depuis plusieurs semaines, il y a bien eu quelques changements ; Mais dans la continuité. 

Gorbatschov était venu en septembre à Berlin-Est pour le 40 ème anniversaire de la RDA. Il y avait été accueilli en rock star par la population. Ce n’était ni prévu, ni organisé. 

Pourtant, c’est bien lui qui fait souffler sur tous les pays de l’Est, URSS en tête, le vent du changement, de l’ouverture. Et après avoir embrassé sur la bouche, comme c’était la tradition entre partis frères, le vieux Erich Honecker, il fait bien comprendre qu’il serait temps de le mettre au placard. 

2 jours après c’était fait. 

Bien sûr, depuis des mois déjà, les allemands de l’est tentaient par milliers de passer à l’ouest. 

Bien sûr, tous les Lundis, des manifestations réclamant la liberté de voyager se déroulaient autour de l’église Saint-Nicolas à Leipzig, à 200 kilomètres de Berlin-Est. 

Bien sûr…

Mais de là à imaginer…

« L’Allemagne n’intéresse plus personne » m’avait prévenu un des dirigeants de ma rédaction, faisant écho à un « L’Allemagne est un pays has been », assené par un directeur du Trésor français, quelques mois auparavant. Des hommes clairvoyants !

Il est 18 h 30, la conférence de presse s’achève. 

Schabowski s’est levé et là, un confrère italien lui pose la question : « Et pour la liberté de voyager, allez-vous l’assouplir ? ». Schabowski cherche dans ses papiers, hésite, et puis laisse tomber quelque chose comme : « Oui on va autoriser les citoyens à voyager ». A partir de quand ? ce soir ? Minuit ? 

C’est confus, on se demande entre confrères : Tu as compris quoi ? Ils vont organiser ça comment ? 

A la télé officielle rien, pas d’annonce. Les rares passants dans la rue ne sont pas au courant, et nous prennent même pour des provocateurs. 

Il faut attendre que la télévision ouest-allemande très suivie à l’Est, annonce : « Le mur devrait ouvrir cette nuit. »

Les berlinois de l’Est commencent à se dire : Si ARD ou ZDF l’annoncent, c’est que c’est peut-être vrai. 

Tout va aller ensuite très vite. Par petits groupes, les berlinois s’approchent des check-points – il y en 4 : 4 passages entre les 2 parties de la ville. 

Les gardes et les militaires sont inquiets, nerveux, ils téléphonent et puis. ..

Et puis, ils commencent à laisser passer, mais toujours en contrôlant.

Et puis les petits groupes deviennent une foule immense, 

Et puis, plus de contrôle: C’est une foule compacte, le métro aux heures de pointe, qui circule maintenant entre Est et Ouest. 

Et puis.

Et puis les cloches de Berlin Ouest se mettent à sonner, les bars rouvrent et offrent des tournées gratuites.

Et puis on s’embrasse, on pleure, on offre des fleurs ou une bière aux gardes-frontières. Pas une once de violence, de nationalisme. Simplement, la joie de sentir ce que peut être la liberté, le sentiment de découvrir brusquement, que cette partie  de l’Europe de l’autre côté du mur était une partie de nous-mêmes, qui nous était si proche, et pourtant pratiquement inaccessible pendant 40 ans. 

Dans une vie de reporter, il y a des moments glauques : les escadrons de la mort et les dictatures en Amérique latine, les tueries en Haïti, le siège de Sarajevo et la guerre civile en Yougoslavie

Mais il y a parfois des moments, rares, de grande joie : La chute de Duvalier en Haïti, la révolution de velours en Tchécoslovaquie. 

Et puis donc, le mur de Berlin. 

Ces moments de grâce ne durent pas hélas. 

Mais chaque 9 novembre, je ne peux m’empêcher de penser avec beaucoup d’émotion à cette nuit à Berlin. 

Pas seulement le sentiment d’avoir vécu un moment « historique ». Mais surtout d’avoir pu ressentir physiquement ce qu’était la Liberté. Et ce cadeau rare et fragile de vivre dans un pays libre. 

Et puis ce regret : N’avoir pas su transmettre ce souvenir aux générations actuelles. 

Le rideau de fer : Certains aujourd’hui pensent que c’était une plaisanterie et qu’il y en avait toujours qui arrivait à passer. 

La dictature : Certains pensent qu’un petit coup de régime autoritaire, cela ne nous ferait pas de mal. 

La liberté de circulation ? L’heure est à la construction. demeures partout ...Vous avez vu ces hordes qui se préparent à nous envahir ? Triste ironie de l’Histoire: La Hongrie qui avait été la première à démanteler le mur qui la séparait de l’Autriche, est l’une des premières à reconstruire des murs avec ses voisins du Sud et de l’Est.

N’avons-nous donc rien appris ? 

Le 9 novembre 1989 est un souvenir heureux, mais qui fait remonter également le souvenir de la division de l’Allemagne, de la dictature communiste à l’Est , et de la guerre voulue et déclenchée par les nazis. 

Le 9 novembre est aussi un autre anniversaire. Celui des pogroms anti-juifs, de la nuit de cristal en 1938. La plongée de tout un pays dans l’abomination.

Les allemands se confrontent en permanence avec l’Histoire. 

Cette « Vergangenheitsbewältigung » , cette confrontation avec l’Histoire structure leur vie politique, leur Justice, leur éducation, leur société. Elle leur donne une certaine prudence à l’égard des bonimenteurs et des démagos. 

Nous devrions en prendre de la graine. 

« Rien ne vaut Rien Il ne se passe rien Et cependant tout arrive, Et c’est indifférent » écrivait Frédéric Nietzsche,

une phrase mise en exergue d’un de ses livres par le général De Gaulle.

Blogodo! Le blog de Pierre Thivolet

Tout sur rien et rien sur tout !

Le blog de Pierre Thivolet, journaliste.

Des petits papiers sur l’actualité en France et dans le monde, des histoires, des éditos, des commentaires. Parfois des podcasts ou des vidéos.

Blogodo ? Parce que blogodo c’est le bruit d’une chute en créole. Et du bruit c’est ce que font beaucoup de journalistes…

Froid ? Vite on écoute Gou.

« Quel temps de chien ! il pleut, il neige ;
Les cochers, transis sur leur siège, Ont le nez bleu
. »

C’est ce qu’écrivait il y a 150 ans Théophile Gautier (oui, c’est un poète français, aujourd’hui il serait un slammeur).

Pour se réchauffer, quoi de plus facile que d’écouter sur Deezer ou mieux, pour voir la vidéo, sur Youtube : « Gou » du groupe Lu City. 

C’est du Dancehall qui nous vient de Sainte-Lucie, l’île voisine au sud de la Martinique. Lu city est constitué de Ryie et de Jean Atem, d’origine syrienne. 

Ils chantent dans un créole aux sonorités anglaises, normal : Sainte-Lucie est une ancienne colonie britannique. 

Ils ont invité en « featuring » la talentueuse chanteuse martiniquaise Maurane Voyer. 

La musique est entraînante, les paroles sympas, et le clip superbe. On est loin du « doudouisme » genre Compagnie créole. 

Et ça fait du bien, de se réchauffer certes, mais aussi de découvrir (?) à quel point l’espace créolophone, au-delà des barrières institutionnelles, est vivant et créatif. 

Bref, de vrais rayons de soleil.

Et puis, pour accompagner le tout et se réchauffer, on peut aussi déguster un gratin de cardons à la moelle (?: celui qui ne saute pas n’est pas lyonnais).

C’est le bon moment car, comme tout le monde (?) sait, avec les premières gelées, c’est le bon moment pour récolter les cardons… 

Mais tout cela n’a pas grand-chose avec le créole. Quoique… 

Tout est questions de gou, de bon goût.

Le lien vers le clip : https://shorturl.at/gnpD9

Les rats sont entrés dans Paris

Ces poubelles qui débordent; ou qui brulent. 

Ces détritus qui s’amoncellent dans les rues de Paris-n’est-plus-magique.

Et ces rats qui nous envahiraient jusque dans les berceaux de nos bébés, déjà qu’ils sont de moins en moins nombreux (les bébés) … Quelles images ! Et quelle image la France présente aux potentiels touristes.

Ajoutez à ça, le périphérique qui est bloqué tout comme les dépôts d’essence, les grèves qui prennent les usagers en otage, l’eau qui commence à manquer, les vaches qui continuent de péter, et bien sûr, la loi sur les retraites qui bat en retraite.

Bref, nous sommes foutus, la France est foutue. 

On comprend bien la nécessité vitale pour les chaines tout info d’aller de breaking news en breaking news. Surtout ne jamais sortir du hot news, et tant pis s’il faut pour cela chauffer des news pas très chaudes.

On comprend bien que le net a besoin d’alimenter le fil continu des news qui doivent accrocher notre regard au fil de nos scrolls. Ce que l’on cherche c’est du volume et tant pis s’il faut pour cela tout diffuser sur un même pied d’égalité, le faux comme le vrai.

Tout est historique, tout est dramatique, tout est catastrophique. Déprimant…

Et puis on regarde au-delà de la Manche, du Quiévrain, du Rhin, des Alpes, des Pyrénées. 

Et on voit qu’en Allemagne les grèves se multiplient pour réclamer des hausses de salaire de 10 %. Dans certaines villes, les poubelles s’amoncellent, hôpitaux, transports et trafic aérien sont perturbés.

Aux Pays-Bas, un parti inconnu il y a 10 ans vient de remporter les élections régionales. Son programme : mettre un terme à la politique « verte » de l’actuel gouvernement. En gros, laissez nos belles frisonnes (les vaches) péter en paix.

Et puis de la Grèce qui ne se remet toujours pas de la terrible catastrophe ferroviaire d’il y a un mois, à l’Italie, à l’Espagne jusqu’au Portugal, les taux des emprunts sont variables. Avec la brusque remontée des taux d’intérêt, les ménages sont étranglés par le remboursement de leurs emprunts, notamment immobiliers.

Idem mais en pire en Suède et au Royaume-Uni, qui de toute façon est déjà si mal en point que ce ne sont pas les fastes du prochain couronnement de Charles III qui pourront changer grand-chose.

Alors ?

Alors, informer ce n’est pas forcément débiter une succession de nouvelles présentées comme une suite de catastrophes. Avant l’on avait coutume dire : le battement de l’aile d’un papillon pourrait faire chuter la bourse à New York. Aujourd’hui ce n’est plus un papillon, mais Twitter and Co qui gazouille en permanence. Et ça en devient soûlant. Much ado about nothing, comme écrivait le grand William S.

Sortir de nos nombrils, prendre un peu de hauteur, mettre en perspective, relativiser, se garder des jugements définitifs, ferait beaucoup de bien à nos médias, nous ferait beaucoup de bien. 

Parce que la France n’est pas le pays le plus épouvantable de la planète. Peut-être même qu’au contraire et malgré tout, c’est une chance de vivre en France. 

Mais bien sûr, ce n’est pas très vendeur.

Mali, Burkina, Centre Afrique, Wakanda : Ils voient des Poutine partout !

Non, en ce triste jour anniversaire de l’invasion de l’Ukraine par Poutine, je ne suis pas naïf.

Poutine n’est pas un enfant de chœur.

Poutine est un dictateur cynique, il est sans foi ni loi, je ne lui donne pas le paradis sans confession et pour dîner avec lui, si cela arrivait un jour, il faudrait comme pour le diable, avoir une très très très longue cuillère. 

Mais il est commode de voir la main de Poutine partout. Poutine : l’excuse facile pour ne pas balayer devant notre porte. Les Russes : responsables de tous nos déboires ; notamment en Afrique. 

Centrafrique, Mali, Burkina, partout l’armée française a dû se retirer. Les rumeurs les plus abracadabrantesques accusent la France de tous les maux, les gouvernements dictatoriaux utilisent les vieux arguments de la Françafrique, du néo colonialisme, d’ingérence dans les affaires intérieures, pour masquer leurs turpitudes et rester au pouvoir. Même Marvel surfe sur la tendance, le dernier Black Panther: Wakanda Forever met scène des soldats français attaquant le Mali pour s’approprier des ressources en vibranium. 

Mais ce ressentiment ne date pas de la guerre en Ukraine, ni même du règne de Poutine. 

Il remonte à la colonisation et surtout à la décolonisation que nous avons un peu, beaucoup, ratée. 

Nous avons donné le sentiment d’avoir un double discours, démocratie, droits de l’homme, transparence pour nous et de l’autre soutien à des régimes dictatoriaux, corrompus et indéfendables, mais que nous avons défendus et que nous continuons à défendre parce qu’ils se présentent comme les amis de la France.

Les Russes auraient tort de ne pas en profiter. 

Bien sûr, les punchlines africaines du ministre russe des Affaires étrangères : « libérez-vous de la tutelle de vos anciens colonisateurs ». « Russie-Afrique, même combat contre l’Occident ! » auraient de quoi faire hurler de rire de la part du seul pays européen qui a réussi à conserver tout ou partie de son empire jusqu’à aujourd’hui ! S’il n’y avait en jeu la vie et l’avenir de millions de personnes. 

Gageons que les milices Wagner passeront dont on sait que les hommes torturent, violent et tuent sans scrupule, avant de piller et de détourner à leur profit diamants ou or. Mais au bout de combien de victimes – civils – en Afrique ?  Les gouvernants eux s’en sortiront toujours.

Restera en revanche cette petite musique russe (on est loin de Tchaikovsky) que partagent beaucoup de pays africains, américains, asiatiques et même européens contre la « civilisation occidentale décadente ». L’homosexualité ? une maladie amenée par les blancs. Le droit des femmes ? Le droit à l’avortement ? des valeurs de blancs. …

Les vieilles sociétés machistes repointent le bout de leur nez, sans complexe, et l’on retrouve cela jusqu’aux États-Unis, jusque chez nous, jusque dans des pays considérés comme stables et démocratiques comme le Sénégal. 

A nous de faire des efforts pour démontrer que liberté, égalité, fraternité, ne sont pas des valeurs réservées aux seuls français ou aux seuls « occidentaux ». 

C’est un vieux combat, aussi vieux que l’indépendance d’Haïti en 1804. Car c’est au nom de ces idéaux-là que les esclaves de Saint-Domingue s’étaient révoltés, et qu’à Paris, l’assemblée constituante avait aboli l’esclavage une première fois en 1794 ; « tous les hommes naissent libres et égaux en droit ». Tous.

Trahis par la France impériale, les anciens esclaves avaient alors bouté les soldats de Napoléon hors d’Haïti. 

Apparemment nous n’avons pas encore suffisamment appris de notre Histoire.

« Older posts

© 2024 BLOGODO

Theme by Anders NorenUp ↑